Les Sportifs du Dimanche {feat. Ella}

Toi et le sport, ça n’a jamais été ça. Depuis petite, tu ne te contentes que des cours de sport qui sont obligatoires à l’école. Tu n’as jamais demandé à tes parents de t’inscrire à une activité sportive, laissant à ton frère, Tommy, ce type d’occupation. Pourtant, ton kinésithérapeute te conseille de plus en plus de faire des efforts car à force d’être penchée pour dessiner ou pour jouer du piano, tu as développé un mal de dos, et un peu d’entraînement et de souplesse ne te ferait pas de mal. Ainsi, tu te limites à quelques étirements de temps en temps par semaine lorsque la douleur dorsale revient, mais tu n’en fais pas plus.

Cependant, ce dimanche, tes colocataires peuvent te voir enfiler des baskets, une tenue de sport et t’attacher les cheveux. Et pour cause, aujourd’hui, tu allais faire du sport, du vrai sport.  Il y a maintenant une semaine, tu avais rencontré un jeune garçon sportif que tu dessinais sur la plage grâce à ta feuille qui avait pris son envol jusqu’à ses pieds. Tu avais peur, tu étais gênée. Mais tu ne t’attendais pas à rencontrer un jeune homme aussi doux et gentil que Blue qui s’est montré déstabilisé de se voir représenter. C’était une agréable surprise, et finalement tu ne maudis plus le vent de ce mauvais tour, tu le remercies. L’échange entre vous était devenu facile et tu lui avais avoué que tu n’étais pas une grande athlète. Quel malheur de lui avoir dit ça, voilà qu’il t’avait naturellement proposé de le suivre pour sa prochaine séance en échange de voir ses réalisations de web-designer, les magiciens d’Internet selon toi. Appréciant néanmoins le défis et trouvant le jeune très agréable, tu avais accepté : peut-être qu’il te fera aimer le sport après tout ? Avant de partir, tu n’oublies pas de prendre ta peinture. Blue avait posé pour toi en Hercules, tu l’avais pris en photo, lui promettant de lui faire un dessin. Il a essayé de savoir ce que tu en avais bien pu faire mais tu as refusé de lui dire, tu voulais lui faire la surprise ! Comme vous avez ri de la position, tu as décidé de continuer la petite plaisanterie en peignant quelque chose de très minimaliste à la manière des vases antiques, en noir, or, marron et blanc comme s’il était le vrai Hercules.

Tu pars donc sur la plage rejoindre ton nouveau coach sportif qui est déjà présent. Il te fait des signes de la main, tu lui réponds et arrives en courant pour montrer ta détermination. « Salut ! J’essaye de paraître en forme, j’ai bien dormi la veille et bien mangé pour éviter un malaise. Et toi ? » Oui, cette histoire de reprendre le sport t’avais fait un peu peur, tu l’avoues, et tu as tout fait pour être bien pour cette séance, refusant de sortir ou discuter jusqu’à tard avec tes colocataires la veille. « Jamais aussi prête mais à condition que je vois bien tes réalisation de web-designer après ! » réponds-tu à ses questions avec un petit rire également. Mais avant tout, tu ouvres ton petit sac à dos pour lui donner le fameux dessin. « Tiens, avant qu’il s’abîme dans mon sac, je pense qu’il sera en sécurité avec toi ! J’espère qu’il te plaira...» .. et qu’il te fera rire, mais ça tu n’as pas osé lui dire, tu préfères attendre sa réaction en rougissant.

Tu es quand même heureuse d’être en ce dimanche en tenue de sport sur la plage en compagnie de Blue. Tu as, certes, peur de souffrir, et de ne plus pouvoir faire un quelconque mouvement les trois prochaines semaines qui vont suivre à cause des futures courbatures beaucoup trop importantes. Mais tu te dis que c’est pour ton bien, et puis tu es sûre que ton coach sportif sera gentil. Enfin, tu l’espères : après tout, il a été adorable lorsqu’il a découvert que tu le peignais, il y a une semaine, sans que tu lui demandes l’autorisation. Il a même été agréablement surpris, ce qui t’a rassuré sur son caractère et comportement en général. Cependant, qui sait ? Il peut s’avérer être plus sévère quand on parle de sports : c’est un grand sportif à tes yeux. C’est pour cela que tu as décidé de suivre ses conseils à la lettre lorsqu’il s’agissait de la préparation de cette séance, tu ne voulais absolument pas finir aux urgences. « Je suis une bonne élève, ce n’est pas mon but de mourir aussi aujourd’hui ! Et bien sûr, tu es toujours en forme quand il s’agit de sport. » C’était évident, tu l’avais rencontré, il faisait déjà du sport, et il t’avait détaillé sa pratique : il attend sûrement chaque nouvel entraînement avec impatience. Mais toi aussi, tu attendais ce jour avec impatience puisque tu t’infliges ces douleurs pour pouvoir voir ses créations artistiques, ses sites Internet. « J’ai alors hâte que la séance se termine, pas pour mon corps, mais pour tes créations » lui réponds-tu étant rassurée qu’il tiendra sa promesse. Tu as également tenu ta parole : tu l'avais dessiné dans sa position d’Hercules. Pour la garantie du dessin, tu lui avais donné avant de débuter. Tu avais un peu peur qu’il ne l’aime pas et ne le trouve pas drôle, mais la sincérité de son rire permet à ton appréhension de s’évaporer. Il est vraiment adorable, Blue. Il propose même de le poster sur Instagram, comme le précédent. Cela te rend heureuse, tu aimes voir le sourire des personnes suite à un cadeau. « Oh, tu es trop gentil ! Je suis vraiment heureuse qu’il te plaise ! Peut-être que si tu me montres bien tes sites, le prochain ça sera toi entrain de coder ! » répliques-tu en riant pour bien insister que tu es vraiment curieuse de voir son côté artistique. Mais avant tu t’es engagée à une séance sportive, et maintenant que tu y es, tu ne peux plus échapper. Ton coach te propose justement de commencer à vous échauffer en trottinant sur place et en étirant les bras. Tu essayes d’imiter ses gestes et tu sens déjà des picotements dans tes jambes et tes épaules. « Ah oui, je sens bien que ça fait longtemps que j’ai pas fait de sport » lui avoues-tu honnêtement avec un léger sourire.

Peut-être que la reprise du sport n’est pas une si mauvaise idée finalement. Même si tu as peur de trop transpirer, tu te sens bien. C’est sûrement la présence de Blue qui te fait cet effet, cela a toujours été le cas de toute façon, même quand tu le dessinais. Il n’ait que dans la vingtaine, mais tu es certaine qu’il deviendra quelqu’un de bien. Il a toujours ce petit mot qui rassure et cette grande modestie dont il te fait preuve, encore une fois, en disant qu’il n’est pas toujours en forme. Certes, son activité sportive est beaucoup moins importante que d’habitude, mais ce n’est que partie remise, elle sera encore plus belle la semaine prochaine. « Il s’est passé quelque chose cette semaine ? Ça n’allait pas ? » préfères-tu demander tout de même dans le doute. Tu ne connais pas assez bien le jeune homme, il est alors impossible pour toi de discerner si quelque chose le tracassait. Et si jamais il a envie de se confier, tu es là pour écouter, même si cela t’étonnerait qu’il parle ainsi à une inconnue. « Ou c’est parce que tu voulais être en forme car tu avais peur que je sois meilleure que toi ? »  rajoutes-tu en riant pour lui décrocher encore une fois un sourire. Blue aussi arrive à te faire rire très souvent, c’est justement en riant à une de ses blagues lorsque tu l’as rencontré que tu as été plus détendue face à la situation gênante.  Le jeune homme sourit quand il te promet que la séance sera débutante et que tu ne verras même pas la fin de celle-ci. Sceptique, tu lui tends ta main attendant qu’il te la serre, comme si vous signez un contrat professionnel. « Si cet accord est respecté, je peux peut-être m’avancer une prochaine séance. »  conclus-tu avant de lui évoquer ton envie de le représenter entrain de coder. Pourcela, il fallait que tu ailles chez lui, tu trouves ça curieux. « Tu ne codes jamais dehors ? Tu es tout le temps dans ta chambre ? » cela expliquerait pourquoi il fait autant de sport, et pourquoi toi tu ne pourrais jamais faire ce métier : tu trouves énormément l’inspiration artistique quand tu sors de chez toi. Mais tu n’as plus le temps de discuter, ton coach s’élance déjà sur le chemin à suivre pour votre exercice. Il te promet que tu pourras parler pendant la course et tu en doutes fortement. Tu le suis machinalement en essayant d’imiter son rythme et sa respiration. Cependant, pour toi, ce n’est pas suffisant, tu sens déjà tes poumons te brûler légèrement, tu sens que ce n’est pas la bonne technique respiratoire. Ne sachant pas comment trouver une solution, tu préfères te tourner vers le jeune homme. « Tu conseilles de respirer comment ? À chaque pas ? Tous les deux pas ? » lui demandes-tu sans lui avouer ta difficulté et en sachant que la question est sûrement idiote pour un sportif comme lui.

Tu as été surprise d’entendre que ton jeune coach n’ait pas beaucoup pratiqué durant cette semaine. Cela ne lui ressemblait pas, enfin, du moins de ce qu’il t’avait dit lors de votre première rencontre. Tu espères que rien de gave ne lui est arrivé, et c’est ainsi qu’il te répond qu’il a eu majoritairement beaucoup de travail, qu’il a vu son cousin et… Il ne t’en dit pas plus. Tu te doutes donc que quelque chose le tracasse, que tout ne va pas si bien comme il essaye de paraître. Cependant, tu comprends qu’il ne veuille pas t’en parler, il est souvent difficile d’aborder des sujets qui blessent, de s’ouvrir librement et de révéler ce qu’on a sur le cœur. « Ne te sens pas obligé de m’en parler, Blue, ne t’inquiète pas. » lui dis-tu pour le rassurer, tu ne veux pas qu’il se sente mal à l’aise de te devoir tout t’évoquer. « Mais si jamais tu as besoin d’une oreille ou de quoique ce soit, je peux être là. » dis-tu préférant qu’il vienne à toi naturellement sans le forcer. Cependant, vous changez vite de sujet pour  que ce soit un moment de détente. Tu es heureuse de l’entendre rire à ta blague, il n’a pas non plus perdu le sourire. Il reste le Blue que tu as rencontré sur la plage, et cela te rassure. Néanmoins, tu reprends vite tes esprits avec cette poignée de main sur un pari d’une deuxième séance de sport. Tu viens peut-être de signer ton arrêt de mort. Le sourire de ton coach que tu appréciais tant est sûrement ton pire cauchemar aujourd’hui. Pourtant, tu continues à croire à la bonté de ce dernier, que tes poumons ne souffriront pas autant que tu le penses. Mais lorsque vous vous élancez, la réalité n’est pas la même. Tu sens des picotements dans tes bronches alors que tu essayes de suivre tant bien que mal le sportif. Heureusement, ce dernier t’apporte des conseils que tu essayes d’appliquer. Première méthode, tu inspires par le nez, tu souffles par la bouche, tu inspires par le nez, tu souffles par la bouche, tu inspires pas le nez etc. Tu tentes ce cycle quelques fois mais rien n’y change. Tu décides alors de tester la deuxième technique. Tu inspires par le nez, tu attends quelques pas, et tu expires par la bouche sur le même nombre de pas. Après quelques répétitions de ce mouvement, tu sens une amélioration, plus de fluidité dans ta respiration. Tu l’annonces donc fièrement à ton coach « Oh je crois avoir trouvé la bonne recette ! » accompagné d’un sourire. Vous continuez sur le chemin à un rythme que tu arrives, pour l’instant, à suivre. Justement, c’est le pour l’instant qui t’inquiète, tu ne sais pas encore combien de temps tu devras tenir. Tu préfères alors lui demander : « Tu as prévu un long entraînement ? » discrètement, tu croises les doigts pour que la réponse soit non.

Finalement, tu te rends compte que le sport et l’art ont un point en commun qui est très important : être un remède aux maux. C’est ce que tu remarques suite aux échanges avec Blue, le sport l’aide à penser à autre chose, et tu ne peux que le comprendre. Toi, c'est l’art qui te fait du bien, qui te permet d’exprimer tes émotions. Ainsi, dans ce dynamisme, vous vous êtes mis à courir, et tu as vite manqué de souffle. Heureusement, ton coach du jour t'a apporté de bons conseils, à tel point que tes poumons peuvent même trouver un certain confort. Blue te félicite en te taquinant et ça te fait rire. T’appeler une sportive parce que tu as su trouver ton souffle, c’est flatteur mais tu n’es pas sûre de recommencer l’expérience sans lui. « C’est grâce à toi ça ! Sans toi, je n’aurais pas pu mériter ce titre. » rajoutes-tu avec un petit clin d’œil. Cette phrase est pourtant bien vrai, sans votre rencontre, on ne t’aurait jamais vu en tenue de sport à courir au bord de la plage, les passants sont plus habitués à ton carnet et tes crayons. Le jeune homme continue à te présenter son plan d’entraînement. Il te semble bien long. Tu n’es pas certaine d’y arriver mais tu ne veux pas lui montrer, et surtout, tu ne veux pas baisser les bras maintenant. « Je vais essayer de tenir le rythme ! » lui dis-tu. Après tout, tu as déjà quasiment réalisé la moitié du parcours. Mais  le plus dur est devant toi : la montée des marches. Tu t’y lances, c’est vrai que ça fait monter le cardio. Tu t’accroches, tu donnes ce que tu peux, tu tentes de respecter le rythme respiratoire que tu as trouvé… Et finalement tu arrives à être en haut, bien fatiguée par ton effort physique, et cela doit s’entendre puisque tu respires désormais très fort. Tu ralentis lors du chemin retour, laissant Blue un peu devant toi. Tu te bats pour le rattraper mais tu ressens le besoin de bien réduire la vitesse. « Les.. esca..liers… m’ont bien… tuées... » lui avoues-tu avec une grande inspiration entre chaque voyelle, tu sembles un peu ridicule à essayer de parler dans cette situation.