bougeons ensemble ! (Theodore)

Theodore s’efforçait de donner l’illusion d’avoir la situation bien en main, néanmoins, ce n’était pas le cas… Finalement, son entreprise était bien plus facile à gérer quand il était au fond de son lit d’hopital. Il avait passé la saison dernière loin de son complexe de jeux et tout avait reposé sur sa mère et son frère ainé qui lui avait déjà un bar à gérer. Il s’en voulait, bien qu’ils s’étaient portés volontaires sans le consulter, il faut dire que dans le coma, il n’avait pas pu donner son avis. Riley aussi, avait fait un travail admirable pour garder le lieu vivant et agréable pour les clients. C’était peut-être ça, un petit frère…

Il avait également pu compter sur une jeune femme avec laquelle il avait échangé sur Instagram, il lui avait demandé d’occuper un poste temporaire de community manager, ce qui avait grandement soulager sa mère et Thomas qui n’avaient que très peu de connaissances en la matière. De son lit d’hopital, c’était tout ce qu’il avait pu faire. Ça, et essayer d’aller mieux. Physiquement, cela demandait du temps. Le coma avait atrophié ses muscles malgré les séances de kinésithérapie passives et ses fractures avaient endommagés la solidité de son squelette encore en reconstruction. Le traumatisme avait, pour sa part, altéré sa confiance en lui. Il se craignait beaucoup, lorsqu’il se levait il avait peur de ne pas arriver jusqu’à son objectif. Pourtant, par orgueil, il ne voulait que peu utiliser sa canne, bien qu’il était paradoxalement obligé d’accepter le fauteuil roulant pour tenir une journée hors du lit. La marche n’était pas ce qui préoccupait principalement le magicien, les troubles neurologiques qui provoquait des tremblement de ses mains l’inquiétait au plus haut point dans la liste phénoménale de ses problèmes. Un magicien qui a la tremblotte… Non… Ce n’était définitivement pas envisageable.

Le brun se plongeait dans le travail pour ne plus y penser, son rendez-vous avec Nora tombait à pic. Il adorait les mathématiques, mais toute cette comptabilité méritait une petite pause plus créative. La tornade colorée ne tarda pas à faire son entrée, il était assis à l’une des table devant son ordinateur, dans une chaise du bar parce qu’il n’avait pas envie d’être vu en fauteuil, alors que c’était tellement plus confortable…

“ Salut Nora ! “ Elle débordait d’enthousiasme, il espérait qu’elle pourrait ainsi éclipser la déprime qu’il tente de cacher depuis la seconde où il avait ouvert les yeux et sorti du coma. Il n’eut pas besoin de détourner l’écran, il n’avait pas recommencé à jouer sur son ordinateur, pourtant, bien qu’il ait été tabassé pour ça… Une partie de poker, ça lui manquait bien… Un sourire s’étire sur ses lèvres tandis qu’elle ne cesse de parler, il l’écoute, les idées sont bonnes. Il est assez enchanté de faire une journée et soirée à thème, il avait prévu d’en faire plusieurs cet été, mais… Bref.

“ C’est une bonne idée, tu sais quoi ? J’avais envie de me lancer dans la création d’un jeu de société avant… Tout ça. “ Une brève lueur douloureuse hante son regard mais il s’empresse d’enchainer avant que l’on ne s’apitoie sur son sort.  “ Ça pourrait devenir le jeu officiel du complexe, on aurait même des boites de jeux à la vente si les clients aiment et veulent jouer chez eux. On verserait les bénéfices à une association gouvernementale ? Ce pourrait être un jeu coopératif, où les joueurs doivent établir une stratégie mondiale pour sauver des espèces et combattre des institutions polluantes… Ou un jeu pour bâtir la meilleure réserve, ils ont bien fait un jeux Jurrasic Park où le but c’est d’avoir le meilleur parc de dinosaures… Même si idéalement, il faudrait mélanger magie et environnement, c’est un peu le thème de la maison. “ Le brun lui adresse un sourire avant de dire avec une pointe d’espièglerie “ Tu disais que tu parlais de trop ? Par ailleurs... Tu veux peut-être boire quelque chose ?“ Theodore n’a pas l’habitude de créer à plusieurs, mais ça a l’air d’un processus plutôt plaisant.

Il allait se lever poru aller chercher des cafés, mais en posant ses mains sur les accoudoirs de son fauteuil, c’était comme s’il venait de reprendre conscience de son corps, de l’état dans lequel il se trouve. Il faut dire que lorsqu’il se perdait dans les méandes de ses pensées, il parvenait plus ou moins à deconnecter de cette lourde et dérangeante réalité. Il esquissait un sourire un poil géné avant de faire signe à l’un de ses employés qui arriva sans trop tarder en leur direction “ Deux cafés s’il te plait. “ C’était fou comme le simple fait d’aller se servir une boisson chaude pouvait lui manquer. Autonome depuis son jeune âge, la mort de son père alors qu’il n’avait que sept ans l’avait beaucoup responsabilisé, devenu la bouée de sauvetage de sa mère, se raccrochant à son petit dernier pour ne pas penser à sa peine… Il s’était beaucoup comporté comme l’enfant roi, avec du recul il savait qu’il l’avait fait par instinct de survie.

En attendant les cafés, Theodore se recalle dans son fauteuil sous les flatteries de son interlocutrice, il a toujours aimé ça… Puis il écoute les propositions de la jeune femme concernant le jeu de société qu’ils pourraient créer ensemble, il se trouvait qu’il connaissait quelqu’un pour les aider à faire des maquettes, tester le jeu et l’améliorer jusqu’à satisfaction. “ J’aime beaucoup ton idée. Pourquoi pas baser le jeu sur un système de points à pour acheter des talents de magie : téléportation, passe murail, cadenas d’Houdini et j’en passe… Chaque industriel polluant demande une certaine serie de talents pour faire un casse, quand l’on possède les talents necessaire ont defausse les cartes necessaire et transforme l’industriel polluant en une industrie écologique. Par exemple, le petrolier deviendrait une usine de depollution des oceans, celui qui a le plus d’industries écologique à la fin du jeu sera le grand sauveur de cette planète ? Possible de jouer un contre un ou en equipe. Le jeu se termine quand il n’y a plus d’industrie à convertir. “ La trame se dessinait et c’était très plaisant d’envisager le jeu ainsi. “ Pour les points, on peut faire simple avec un jet de dés. Un talent vaut tel score au dé. Le joueur qui le pioche tente le score, s’il l’obtent il gagne le talent. Les autres joueurs parient sur le score différent que va obtenir le joueur, si l’un des joueurs a raison il remporte le talent. Si personne n’a le score, on passe au joueur suivant avec une nouvelle carte. “ Ça ne serait pas un jeu de Theodore Kelly s’il n’y avait pas un peu de pari là dedans, n’est-ce pas ?  “ Il y aura des cartes talents, mais aussi des cartes pièges où si le score est atteint le joueur doit défausser un talent gagné. Et des cartes où un joueur peut defausser le talent gagné d’un autre joueur. Des partes bouclier à gagner justement pour se protéger de ces cartes pièges. Ça mettrait un peu de piment au jeu. “ Un système simple mais efficace !

“ Merci. “ dit-il a son employé venu deposer deux cafés dans des mugs fantasistes typique de ce lieu ainsi qu’une petite assiette avec des muffins. Une douce attention qu’il prenait à tort comme une obligation de manger parce qu’il avait bien trop maigri…

Elle continuait de le flatter et bêtement, ça l’encourageait à continuer d’imaginer. Il faut dire que ces derniers temps, il n’avait pas vraiment eut l’occasion de s’évader loin de son corps douloureux et de la pression de son entourage. Ils s’investissaient tous beaucoup trop dans son processus de guérison, à tel point qu’il se sentait qu’à peine acteur de sa santé…

Les idées ne manquaient pas au fil de leurs échanges, le jeu prenait vie dans son mental du moins, grâce à la jeune femme, il pourra être bien plus précis, peut-être un peu complexe, mais pas trop non plus. Il aimait ce qui ressortait de cette conversation. “ Effectivement, on pourrait partir sur le calcul final pour savoir qui a gagné, celui qui a le meilleur bilan carbone, c’est ça que l’on dit ? Remporte le jeu. “ Il n’était pas aussi expert que la jeune femme concernant le climat, elle lui ouvrait un nouvel horizon. Il avait quelque peu envie de rendre son complexe beaucoup plus écologique. Fini la vaisselle jetable et un respect renforcé du tri sélectif avec la mise en place d’un composteur, c’était déjà un chouette progrès. Theodore avait toujours gaspillé les ressources, quand l’on examine bien, le monde du spectacle et du divertissement est particulièrement pollueur, mais il avait toujours considéré que l’art méritait une place à part.

Ils validèrent le système de dé, les talents, le bilan carbone, les pièges. Cela commençait à prendre forme. “ On pourrait écrire deux mode de jeu, c’est assez fréquent. Le un contre un, ou en coopératif avec un objectif d’équipe. “ Certaines personnes préfèrent les jeux coopératif, surtout les mauvais perdants ! Ainsi, tout le monde pourra trouver son bonheur avec ce jeu. “ Désigner le jeu ? Non pas tout de suite, désolé. On doit écrire les règles, faire une maquette simplifiée. Ensuite l’on doit jouer pour voir si c’est faisable et noter des améliorations, refaire une maquette améliorée… Jouer, faire tester à un groupe ou deux de personnes, améliorer. Ensuite, on pourra designer, produire une première version. Jouer. Et après, je pense que ça sera bon… “ Il espérait ne pas décourager la jeune femme, lui avait l’habitude d’expérimenter, d’essayer, de rater, de chercher des solutions, d’améliorer sans cesse. “ Ça va prendre un peu de temps, mais j’avoue que j’ai également hâte de voir le résultat final. “ Il avait la sensation de ne pas avoir été enthousiaste de la sorte depuis bien longtemps.

Sur ces mots, il prit également sa boisson chaude pour la gouter, ce n’était sans doute pas le meilleur de Bowen, ça n’était pas la vocation de cet endroit, mais il trouvait que c’était néanmoins qu’une qualité satisfaisante. “ J’suis content de faire ça avec toi et… Globalement d’avoir un nouveau projet. “ Il en avait marre de ne penser qu’à sa rééducation, aux médicaments, aux rendez-vous médicaux. Ses yeux bruns se relèvent vers sa collaboratrice, elle ne se rendait probablement pas compte de la bouffée d’oxygène qu’elle lui procurait. “ Je sais que toi, tu croule sous les projets, t’es sur plusieurs front. Si tu veux, je me chargerai d’écrire les règles avec nos idées, je t’enverrai ça par mail ? “ Il n’avait jamais eut le sentiment d’encombrer avant, jamais. Il n’était clairement pas fan de cette sensation étrange. Il force un sourire, parce qu’il devait toujours avoir l’air heureux, toujours, il n’y a que comme ça que les gens ne le prendront pas en pitié.

“ Oui le système de piège serait réservé aux partie un contre un, et pour le jeu en équipe il sera plus difficile de remporter les paris puisque chacun jettera un dé, bien qu’il pourraient décider combien de dé, ils lancent et qui lance, pour les cartes demandant un score inférieur à six par exemple. “ Il imaginait déjà le brouhaha autour de cette table de jeu durant les négociations entre joueur ! “ L’on pourrait envisager des dés spéciaux pour le mode coopératif, avec des chiffres qui reviennent plusieurs fois sur certaines faces, par exemple pas de cinq mais deux avec la face trois. Ainsi, il faudra vraiment bien réfléchir à qui lance son dé et aurait plus de chance de faire gagner l’équipe. Ça rendrait le hasard un peu plus maitrisable, du moins… En illusion.  “ Il est bien placé pour savoir que même si proportionnellement le joueur a plus de chance de faire un trois, il peut tout à obtenir un quatre. Teddy ne manquait pas d’idée quand il était question de créer, de complexifier surtout, il lui fallait parfois des limites, notamment dans les énigmes de ses escapes parfois très ardues à résoudre et qui demandent régulièrement l’usage d’indices.

Ce jeu prenait une forme tout à fait convenable, Theodore qui était habitué ici à toute sorte de plateau, savait que leur idée ne plagiat aucune autre mais exploitait des systèmes de jeu plutôt bien rodés qui permettait aux joueurs de ne pas avoir à trop réfléchir aux règles. Il n’y avait rien de plus agaçant pour les participants que de passer plus d’une demi-heure à essayer de comprendre le fonctionnement avant même de pouvoir se divertir. Ne restait qu’à rédiger ça de manière claire, une partie un peu moins amusante à laquelle il pensait devoir se charger. Pourquoi ? Probablement parce qu’il estimait que désormais tout ce qui était barbant était réservé à l’infirme de service qui, de toutes manières, ne pouvait pas faire les choses plus intéressantes sans aide. Il se dénigrait bien plus qu’il ne laissait voir en surface. Il tenait bien son rôle de type qui prenait la situation avec philosophie et qui état patient de son état en l’attente d’une possible amélioration ou non…

Il expliquait à la jeune femme aux cheveux colorés les rouages de la fabrication, il sourit amusé lorsqu’elle admis vouloir aller plus vite que la musique ! “ Non jamais de jeu, mais j’ai crée des escapes game, c’est un peu dans le même délire concernant les scenarii, les énigmes qu’il faut tester et voir si ça n’est pas trop ambitieux comme contenu pour une heure de jeu. “ Il avait été très rapide pour créer cet endroit, moins d’une année à l’instant où il s’était décidé à le faire, mais il avait déjà tout en tête depuis très longtemps. “ Pour la magie, c’était différent, j’ai dû longtemps apprendre tout ce qui était basique dans le domaine pour le maitriser et ensuite pouvoir imaginer d’autres manières de les utiliser. “ Une fois que l’on a les base et de l’imaginaire, l’on peut tout faire selon lui. La magie était un domaine très difficile d’accès, les secret ne se divulguent pas facilement, il avait dû intégrer des troupes européens pour apprendre des meilleurs, mériter leur confiance et travailler sans cesse, bien que pour lui, ce fut un métier récréatif, comme celui qu’il faisait actuellement. “ Si je devrais sans doute me pencher prochainement sur l’écriture de nouveaux scenarii et d’énigmes, un escape au sud de la Californie aimerait me racheter le concept de la salle la plus difficile. “ Il fallait dire que là-bas, il était encore très connu. Il avait du mal avec l’idée de devoir vendre ses idées de la sorte, mais ça permettrait de financer la perte de gain qu’avait causé son absence… “ Je n’ai pas vraiment eut le temps de m’en occuper avec… Tout ça. “ Il désigne d’une vague geste de la main son corps en terminant par ses jambes beaucoup trop faibles et qui, décidément, ne progressaient pas beaucoup ces derniers temps.

Il était du genre assez focus lorsqu’il travaillait, mais pour une fois, il voulait bien se laisser distraire par Nora. “ Ok ! On trouvera peut-être un nom pour ce jeu en prenant l’air. “ Excuse pitoyable pour dire qu’il était partant pour sortir, parce qu’il en avait assez d’être prisonnier là. Il ne se sentait plus libre d’aller où il voulait, sur un coup de tête, alors autant en profiter. Il avait bien décidé de profiter de la moindre possibilité d’évasion. Il acheva son café à peine tiède avant de refermer son ordinateur sur lequel il avait tapé leurs idées au fil de leurs mots. “ Tu pensais à quelque chose en particulier ? “ Il se savait encombrant, il se voyait plus encombrant qu’il n’était… Le brun sourit à la jeune femme, embarquant le petit gâteau, au cas où il ferait une hypoglycémie, parce que ça aussi, c’était une de ses nouvelles contraintes de vie. “ Tu veux emmener quelque chose aussi pour la route ? “ Qu’il demande avec un sourire, afin de se sentir un peu moins seul avec son paquetage. “ Tu peux aller choisir ce que tu veux. “

Le magicien avait perdu l’habitude qu’on le regarde ainsi, avec une admiration non dissimulée. Ces derniers mois, il avait surtout écopé de regards compatissants, voire de pitié, de tristesse, ça beaucoup. Lui, essayait de ne pas s'apitoyer. De ne pas poser un regard morose sur sa vie, de trouver de la motivation où il peut encore en trouver. Reprendre le travail avait été important pour lui sortir la tête hors de l’eau et ce nouveau projet tombait pour ainsi dire au bon moment. Nora était une curieuse petite fée multicouleurs, elle répandait sa joie de vivre et irradiait par sa présence naturellement bienveillante. Elle ne forçait rien, elle ne faisait pas semblant d’être gentille parce que : le pauvre, en fauteuil roulant. Ça changeait tellement de choses dans leurs conversations, parlant comme des égaux, tout simplement.

“ Si… Le hasard peut se contrôler, enfin… Un peu. C’est… Une histoire de statistiques… Une histoire barbante avec des chiffres. “ Lui, ça le passionne les chiffres, parce qu’il était une calculatrice ambulante. C’était bien à cause de ça, qu’il avait sombré dans cette bête addiction des jeux d’argent. Une histoire bête qui lui avait coûté ses jambes. Le magicien ignorait s’il arriverait un jour à se pardonner lui-même sa bêtise. Si brillant et tellement idiot à la fois, juste un homme dira-t-on. Ce fut d’abord pour tuer l’ennui, se disant qu’il était trop malin pour tomber dans l’engrenage. “ Et puis, c’est pas plus mal au final… De laisser faire le hasard. “ Ouais, il n’avait pas retouché aux jeux depuis, même si une part de lui ressentait un certain manque à ce sujet. Les gens n’ont pas idées de ce que c’est, de passer des heures le soir à réfléchir à des équations, à calculer des choses futiles pour ‘occuper, par besoin tout simplement, par intuition, c’était comme avoir plein de nombres qui se bousculent dans sa petite tête. Alors le jeu, ça avait seulement rendu ça plus ludique, moins vide de sens. Il ne s’attend néanmoins pas à ce que l’on comprenne un jour.

Le brun explique à la jeune femme les étapes du process de création. “ On se lance comme deux novices dans l’aventure ! “ dit-il avec un sourire, il était franchement enthousiaste de continuer à travailler avec elle. “ J’en sais rien, j’y réfléchis, mais je me dis que ça ne me sert pas à grand chose si je ne l’utilise plus, si ? “ La santé, ça demandait beaucoup d’argent, il n’en manquait pas, mais il pensait aussi à l’avenir de sa fille. “ Je dois encore y réfléchir. “ Il était fort pour se creuser le citron.

Ils décident de stopper les réflexions au profit d’une promenade ensemble, ça lui ferait du bien de prendre l’air. Véritablement. Ils firent malgré tout quelques provisions pour la route, histoire d’éviter qu’il ne s’épuise de trop même si ne pensait pas que Nora l'emmenait faire des folies ! “ Je ne crois pas être en capacité de monter en haut de la montagne tu sais… J’ai bien peur de m’embourber dans le sable de la plage, à moins de rester sur la promenade. Le yoga serait parfaitement ridicule, mais ça serait l’occasion de rigoler un peu. “ Commentait-il amusé en empruntant le chemin de la sortie. Ouais, il était enthousiaste, mais rattrapé par la réalité : incapable, embourbé dans sa situation et ridicule. “ J’imagine que je pourrais te regarder, je suis persuadé que tu es très douée pour faire le héron ou le coyote… Ce ne sont probablement pas des postures de yoga, n’est-ce pas ? “ Il pourrait être surpris du contraire ! Sur le trottoir, il se dirige maladroitement pour suivre la jeune femme, il sait qu’il peut vite fatiguer et que les cookies ne seront sans doute pas de trop. Mais ça lui faisait du bien d’être dehors, de sortir tout simplement, avec personne qui le surprotège.

hrp : désolé pour le retard également, je ris un peu à l'idée qu'ils aillent faire du Yoga, j'aime toujours autant tes réponses tu sais

Ils étaient faits pour travailler ensemble, pour bien s’entendre. Aucun des deux n’aimait rester campé sur leur positions, ils avaient la curiosité d’apprendre de nouvelles choses, de découvrir de nouveau monde, de chercher des réponses à ce qui ne peut être résolu. Lui en mathématiques, elle, dans les problèmes qui font que le monde ne tourne pas rond. Il y avait quelque chose de noble dans le combat de Nora, quelque chose qui intriguait l’homme en fauteuil roulant. Il avait envie d’apprendre avec elle, de découvrir de quelle manière chaque chose pouvait avoir son impact au-delà de sa petite vie, de son petit confort personnel. L’Australie n’est pas un pays particulièrement connu pour ses désirs de respect de l’écologie, un peu comme les USA. En soit, Theodore n’avait vécu que dans des pays capitalistes à souhait, qui ne se remettent que très peu en question. La sensibilité de Nora pour la nature, ça l’avait touché bien plus que prévu.

“ Dans certains jeux il y a toujours une part de hasard. Mais même dans un jeu hasardeux comme la loterie, il s’avère qu’il y a 70% de chance de voir sortir des nombres comme : 25, 13, 46, 4, 30 ou 22. Aucune garantie de gagner si tu les joues, mais statistiquement… Ils sortent plus souvent qu’un 42 ou un 31 qui sortent moins de 10% du temps. “ Barbant il avait dit… Quand on joue à la loterie, il parait que c’est pour le plaisir du hasard. Le brun évoque le jeu le plus hasardeux qui existe, mais il y a bien des jeux comme le black jack ou le Poker où il est possible de maîtriser le jeu à condition de savoir compter les cartes. Une méthode de triche strictement interdite, sauf que le magicien lui, le faisait bien souvent par mécanisme et c’était bien pour ça qu’il était aujourd’hui assis dans cette chaise roulante. Ouais… Il n’avait aucune envie de se vanter de ça. “ Les gens préfèrent en référer au hasard, parfois ça paye. “ Il ne sait pas si la plupart des grands gagnants ont choisi des numéros au pif ou s’ils ont mûrement réfléchi… ET le voici parti à compter à voix haute une autre stratégie : “ Sachant qu’il y a une chance sur 1 906 884 de choisir les 5 bons numéros, qu’il y a un tirage toutes les semaines… 54 semaines par an donc. Si tu estimes que tu vis jusqu’à 80 ans et que tu commences à jouer à l’âge de 18 ans toujours la même combinaison, soit 3348 semaines à condition de jouer chaque semaine. Même si plus tu joues, plus tu te rapproches de ta probabilité de gagner un jour, la vie n’est pas assez longue… Doublement un pari fou, car statistiquement tes chances ne sont pas augmentées à chaque tirage. “ Il adresse à la jeune femme un sourire un peu gêné, il était vraiment parti beaucoup trop loin dans ses pensées, faut dire qu’il y avait pensé un paquet de fois à cette chance sur 1 906 884. Il avait calculé la probabilité de gagner en jouant les nombres 25, 13, 46, 4 et 30 durant 3348 semaines d’une vie, la probabilité est plutôt décevante une fois encore.

Le hasard donc, il n’y avait que ça.

La conversation dérive heureusement sur d’autres choses, sur ce qu’il pourrait faire de ses projets abandonnés ou de ceux en cours qu’il allait probablement remplacer pour la prochaine saison. Il décidait d’y réfléchir un peu plus face aux arguments de sa comparse.

Il lâche un léger rire lorsqu’elle opte véritablement pour du yoga, il avait plutôt répondu cela pour la plaisanterie, mais le voilà qui se faisait embarquer dans une bien drôle d’aventure. Il apprécia qu’elle mentionne du Yoga adapté pour tout le monde en n’employa pas le terme d’handicapé à son égard. C’était peu de chose, mais ça faisait un bien fou. Assez pour qu’il se laisse embarquer, le coeur plus léger vers cette activité un peu folle.

“ Méfies toi tout de même des tutos sur internet. “ dit-il avec humeur, gardant de bien mauvais souvenirs de tutoriels foireux sur la magie lorsqu’il était jeune. “ Le coyote ? C’est très connu pourtant, j’te montrerai. “ Ça promettait d’être un coyote franchement éclaté.

Ils arrivent dans le parc, il y avait peu de monde à cette heure-ci et ça l’arrangeait bien. Quelques joggeurs de la dernière heure, des filles qui faisaient du pilates en groupes, des parents qui observent leurs enfants se défouler sur leurs trottinettes et quelques personnes faisaient du street workout. Le brun appréciait sincèrement ce bol d’air. Leur destination sous les arbres était difficile d’accès pour lui, pas encore vraiment habitué à rouler dans l’herbe “ Tu peux… M’y conduire ? “ Une fois à l’ombre il lui adresse un sourire poli, prenant sur lui pour ne pas être trop gêné par la situation, il doit bien s’y habituer. “ Je sais pas comment j’vais m’y prendre, mais j’veux absolument me mettre aussi dans l’herbe. “ Ouais, il vient de réaliser qu’il n’a pas fait ça depuis septembre 2022 et que c’était le genre de plaisir simple de la vie qu’il voulait absolument accomplir et il s’en fichait pas mal de tomber ou de se faire mal. Il allait sortir de ce fauteuil. Il se penche donc pour retirer les cales pieds de son fauteuil et entreprend une descente plus ou moins périlleuse. La douleur fut bien sûr au rendez-vous, mais en s’allongeant dans l’herbe… Il ressentait tellement de choses, c’était puissant, ce sentiment… La mélancolie de son enfance, de la simplicité. Il se sentait drôlement bien à ce moment là. Il ouvre les yeux, soupirant de confort. Il oubliait, à ce moment là, tant de ses tracas. Un retour à la nature, à la mère Terre. Voila bien quelque chose qu’il n’aurait jamais songé faire avant. “ Il faudrait vraiment que je sorte plus souvent de ce fauteuil… “ soupirait-il. Oh, il faudrait vraiment qu’il en sorte définitivement.