Just a walk (w/Ava)

Pénélope était partie chez ses grands parents pour quelques jours et je me retrouvais avec beaucoup de temps sur les bras. Elle me manquait, mais je n'étais pas le seul à qui sa présence était indispensable... Dodger n'arrêtait pas de la chercher. Il tournait en rond à la maison, et avec le déménagement, les cartons il était à deux doigts de tout retourner. Alors tous les jours je nous trouvais une balade à faire et aujourd'hui j'allais l'emmener longer le bord de la rivière de Bowen. J'avais enfilé un short et un tee shirt, mis le harnais de canicross à Dodger et nous avions pris le chemin vers la rivière. Il était tout excité et j'avais du mal à le contenir.

Il m'avait fait courir à tel point que j'avais eu du mal à le suivre et après une heure de course sous le soleil australien, je finis par le faire arrêter au bord d'une belle crique. J'avais besoin de me mettre à l'eau pour me refroidir et mon chien ne se fit par prier pour me suivre dans l'eau. C'est tout habillé que je plongeais, ressentant immédiatement un énorme bien être grâce à la fraicheur. Mes yeux se fermèrent une seconde, appréciant le moment de grâce et quand je les rouvrit, mon chien n'était plus avec moi. Dodger ? Dodger !! La panique s'installa immédiatement en moi et je sortis de l'eau à une vitesse folle à la recherche de mon chien. Il n'était pas en vue et je me mis à courir dans tous les sens à sa recherche avant de le repérer dans les jambes de quelqu'un. Dodger ! Viens ici ! Je suis désolé, il a filé en une seconde...

De ma carrière écourtée de joueuse de tennis, il me restait inlassablement ce besoin de me défouler. Dans mon état actuel, ce n'était évidemment pas envisageable et j'en étais la première peinée. Depuis plus jeune, le sport avait été une bouée de sauvetage pour moi lorsque j'avais un trop plein d'émotions. C'était exactement ce qu'il se passait actuellement. J'étais rentrée quelques jours chez mes parents pour les festivités de Noël. Je leur avais, par la même occasion, dévoiler ma grossesse. Leur réaction plutôt perplexe m'a fortement peinée. Pourtant, je m'y attendais, c'était pour cette raison que j'avais attendu autant de temps avant de leur annoncer. De retour à Bowen, je peinais avec mes émotions et les hormones de grossesse ne m'aidaient clairement pas à gérer mes émotions. Très simplement, je passais du rire aux larmes en une fraction de secondes, c'était particulièrement pénible.

Alors avachie sur mon canapé en train de pleurer devant un film à l'eau de rose, je me ressaisis et me dis qu'aller prendre l'air, marcher serait probablement une bonne idée à défaut de pouvoir courir. Je revêtis rapidement une tenue plus adaptée soit un legging ainsi qu'un t-shirt de sport, à l'effigie de mon ancien club de tennis de Melbourne, en souvenir d'un temps passé. La nostalgie me frappe de plus en plus régulièrement, à bas les hormones pensais-je. Après avoir posé ma voiture à proximité d'une crique, je commençais doucement ma balade. J'avais volontairement laissé mon téléphone dans ma voiture et, équipée de ma casquette, j'avais commencé ma balade sous le soleil australien. La chaleur avait assez rapidement eu raison de moi et je me rendais après une bonne demi heure de marche, à la crique que je connaissais. Dans mes pensées, je ne vis pas le chien arrivait vers moi et fit un petit mouvement de recul par la surprise. Finalement, je l'observais et tendis la main vers lui, attendant de voir s'il acceptait les caresses. Il répondit immédiatement de manière positive et je m'accroupis afin de le caresser tendrement, j'adorais les chiens. Une voix me parvint alors et je me relevais en apercevant celui que j'identifiais comme le propriétaire du chien. Je lui souris et fronçais finalement les sourcils, j'avais déjà vu cette personne quelque part mais impossible de remettre un nom dessus. Je lui répondis à ces excuses, inutiles en mon sens car son chien était plutôt adorable, et ne put m'empêcher d'assouvir ma curiosité :

"- Il n'y a pas de souci, il est très beau comme chien. Hum...Désolée pour cette question probablement bizarre mais j'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part...C'est le cas ?"

Dodger avait disparu et j'avais immédiatement paniqué en ne le voyant plus. C'était un bon chien, il ne s'était jamais échappé et je m'étais mis à m'imaginer le pire. En mode panique, je m'étais mis à le chercher, d'abord dans l'eau, puis dans la forêt avoisinante. Je n'étais pas loin de l'hystérie, mon cœur battait fort dans mon thorax... Je finis par l'apercevoir au pied d'une jeune femme et je passa par toutes les émotions : le soulagement, la joie, la colère, l'incompréhension. Bref, je ne savais plus trop où j'en étais et il me fallut une longue minute pour réaliser que la femme devait moi ne m'était pas inconnue. Je m'excusais en cherchant dans les tréfonds de mon esprit où j'avais bien pu la rencontrer. Ça me revient lorsque mon regard se posa sur ses mains. Des mains fines, délicates, qui s'étaient occupées de Pénélope lorsqu'elle s'était cassée le bras il y a quelques mois de ça.

Vous vous êtes occupée de ma fille aux urgences. Petite blonde, haute comme ça, les yeux bleus. Elle s'était cassée le bras. Je sortis mon téléphone de ma poche pour lui montrer une photo de Pento. J'avais déjà presque séché tellement il faisait chaud. Je lui montrais plusieurs photos avant de me stopper en me rendant compte que j'étais complètement gaga de ma petite et que la belle blonde n'en avait probablement rien à faire. Je n'étais pas sortable...

Dodger semblait être comme moi aujourd'hui, car il tirait sur sa laisse - ce qui ne lui ressemblait pas du tout - pour retourner vers la jeune femme. Il reniflait son ventre avec grand intérêt et ce n'est que là que je vis qu'elle n'était plus tout à fait seule. Félicitation ! Dis-je en ayant un grand sourire sur le visage. Mon chien continuait d'être intrigué et je comprenais mieux son comportement, il n'avait jamais été face à face avec une femme enceinte. Fin si, Mercy avait été enceinte et c'est vrai que son comportement avait un peu changé, mais ça n'avait été qu'une période très courte de notre vie. Peut être qu'il sentait que quelque chose était différent chez la belle blonde. Dodger. Dis-je d'une voie grave pour le rappeler à l'ordre. Il ne savait plus se tenir et je ne voulais pas qu'elle se sente prise au piège. Il est beaucoup plus sage que ça d'habitude.

Les souvenirs affluèrent au moment où l'homme me rappela où je les avais croisé, aux urgences où j'exerçais encore à l'époque. Je ne pouvais évidemment que me rappeler le passage aux urgences de cette petite fille. Je pensais initialement qu'il était le père de la fillette. J'avais été gênée en me trompant, il était le tuteur de cette dernière. Elle avait été très courageuse au moment de passer les examens médicaux et de lui poser le plâtre. Je me rappelais également qu'ils étaient revenus quelques heures après, les mains pleines de victuailles pour l'équipe. On avait pu passer un bon moment en équipe autour de sucreries en tout genre qui remontent inévitablement le moral. Je fis donc part à l'homme que je le remettais, ne manquant pas de m'enquérir de la santé de la charmante fillette en même temps.

"- Mais oui, je m'en souviens maintenant ! La petite Pénélope c'est bien ça ? Comment va son bras ? Elle s'est bien remise de ses péripéties ?"

Je souris tendrement au chien en le voyant renifler mon ventre. On disait que les chiens ont de véritables instincts, protecteurs notamment, envers les adultes. On pouvait clairement le confirmer ici alors que Dodger, de son nom, reniflait avec intérêt mon ventre qui se devinait de plus en plus, notamment dans ces vêtements d'une époque un peu lointaine maintenant. Je posais la main sur mon ventre, de manière machinale. Je me moquais souvent de mes anciennes collègues lorsqu'elles le faisaient, ne comprenant pas ce besoin de sentir son ventre. Aujourd'hui, je me surprends à le faire également régulièrement, pour sentir ce petit être, comprenant ce besoin viscéral de le protéger contre toute potentiel agression extérieure. Pourtant, ce chien me semblait bien dressé et assez inoffensif envers moi. D'ailleurs, je continuais de lui prodiguer quelques caresses bien placées sur le sommet de son crâne.

L'homme venait de me féliciter et je répondis un merci timide. Je n'étais pas encore habituée à ces félicitations, me demandant parfois encore pourquoi on me félicitait. Je relevais ensuite la tête du chien, répondant à l'homme en face de moi avec bien plus d'entrain que pour le "merci" précédent :


"-Oh ne vous inquiétez pas, j'adore les chiens. Il a un bon instinct en plus."

Son bras va très bien, on lui a retiré son plâtre et dans l'heure elle recommençait déjà à grimper partout. Dis-je en souriant. Sur le moment, ma petite tête blonde m'avait fait très peur, car elle avait littéralement recommencer à grimper partout sans peur de se refaire mal. C'était surement à cause d'elle que je devais prendre tous ces traitements pour le cœur - ça et le fait que j'avais fait un infarctus l'année passée -.

Dodger monopolisait maintenant notre attention, car il avait décidé de poser sa truffe à hauteur du ventre rebondi d'Ava. Il sentait qu'il se passait quelque chose, sans savoir exactement quoi, mais ça l'intriguait grandement. Il reniflait en battant de la queue, et alors que je lui ordonnais de revenir vers moi, la jolie blonde lui caressa la tête pour qu'il reste près d'elle. Si elle se mettait à lui faire des papouilles entre les oreilles, je ne le récupèrerais plus jamais, il adorait ça. Ça se vit tout de suite d'ailleurs, car sa langue se mit à prendre de sa gueule et ses yeux partirent au ciel. Il ne va plus vouloir partir à ce rythme là. Il avait droit à son lot de câlins à la maison, mais Dodger était un chien très affectif et il adorait que l'on s'occupe de lui. Parfois un peu trop. Il en profitait en ce moment. Pénélope et lui s'entendent à merveille, elle passe son temps à le caresser. Quand elle était petite, je les retrouvais tout le temps endormis dans son panier. C'est un gros pépère remplit d'amour.

Est ce que voir Dodger à côté d'un ventre rond me faisait remonter des souvenirs douloureux ? Oui. Est ce que j'avais envie d'avoir un bébé avec Mercedes ? Oui. La question était plutôt, quand ? Nous n'étions pas prêts, nous nous remettions tout juste de nos multiples séparations. La blonde qui partageait ma vie était la bonne, mais nous avions besoin de prendre notre temps.

Il va être super le jour ou j'aurais un petit être en plus à la maison.

J'étais contente d'apprendre que la petite allait mieux et qu'elle avait repris ses activités habituelles. Je ne manquais pas de noter l'air inquiet qu'il avait pris en parlant des nouvelles acrobaties de la petite dès le retrait de son plâtre. La notion de risque était encore abstraite à cet âge là et c'était souvent une source d'angoisse pour les parents.

"- Tant mieux. Ils sont tellement rafraîchissants à cet âge là."

Je n'avais plus d'animal de compagnie avec moi à Bowen. Nous avions un chien avec Oliver, mon ancien compagnon, mais il est décédé de vieillesse il y a deux ans. Nous l'avions recueilli déjà âgé mais j'avais eu un coup de foudre pour lui au chenil malgré son vieil âge. Oliver avait essayé de m'en dissuader, me disant que la séparation serait trop proche et douloureuse. Il avait eu raison sur ses deux points évidemment. Aujourd'hui, je n'étais pas encore capable d'adopter un nouveau chien, de peur de souffrir au moment de la séparation. De plus, j'avais encore le chien de mes parents qui était toujours de ce monde. A l'occasion des fêtes de fin d'année, j'avais d'ailleurs pu le voir. Tofu, un teckel à long poils, ne m'avait pas quitté de tout mon séjour. Il m'avait suivi jusque dans mon lit malgré mes plusieurs tentatives pour m'en déloger. Il s'était logé contre le creux de mon ventre et grogné au moment où j'essayais de bouger, tel un instinct de protection.

"- Il est très attachant et je doute qu'il ne fasse du mal à ceux auxquels il tient effectivement."

Pour confirmer mes propos, le chien venait de se coucher sur le dos, me laissant l'accès à son ventre. Je continuais donc mes caresses, pour le plus grand bonheur du chien, tout en écoutant les paroles de l'homme. Il me partageait sa volonté d'être père, biologique cette fois-ci. En ayant vu la manière dont il s'était inquiété et occupé de Pénélope, je ne doutais pas qu'il ferait un excellent père. Je lui fis part de ma pensée, d'une voix tendre :

"- J'espère pour vous que ça viendra vite."

Dodger m'avait volé la vedette et la belle blonde ne s'occupait plus que de lui. Elle le caressait tout en étant dans ses pensées. Je les laissais donc tranquille en allant m'assoir sur le sol à quelques mètres de là. Mon chien avait les quatre pattes en l'air et se faisait grattouiller le ventre, il était aux anges. Tant mieux, ça me faisait plaisir de le voir heureux et de savoir qu'il transmettait toutes ces bonnes ondes à la future maman.

Wow, ça ne risque pas. Dis-je lorsqu'elle me souhaita que j'ai rapidement des enfants. J'avais Pénélope et c'était déjà beaucoup. Et même si je souhaitais construire une famille avec Mercedes, nous devions reconstruire notre relation avant ça. Nos retrouvailles étaient récentes, et j'avais envie de faire les choses dans l'ordre : la maison, la demande en mariage et ensuite peut être un enfant. Que de beaux projets... J'aurais du m'y prendre à 25 ans et non à 41 ans, car tout semblait beaucoup plus pressant à présent. Dans quelques années peut être. Entre maintenant et le moment ou j'aurais besoin d'un déambulateur. Plaisantais-je en jouant avec la terre du bout de mes doigts. Ça m'angoissait un peu d'être un "vieux" papa, de toutes les choses que je ne pourrais pas faire, que j'allais manquer... Mais il n'y avait pas de meilleur temps que le présent et j'allais devoir faire avec.

Tout en continuant d'écouter mon interlocuteur, je poursuivais mes caresses prodiguées au chien. Dès l'instant où je m'arrêtais, il me faisait rapidement comprendre que je devais reprendre mes soins. J'avais un grand sourire aux lèvres.

"- Vous avez déjà Pénélope pour vous occuper, ça doit être pas bien prenant non?"

En prononçant cette question, je m'imaginais avec mon futur enfant dans quelques années, à l'âge qu'avait la petite fille actuellement. Il allait me prendre de l'énergie et du temps surtout s'il faisait de l'escalade comme la petite. Je ne pouvais m'imaginer la panique lors des premières chutes. Je savais par avance que je n'aurais pas franchement de sang-froid quand ça concernerait mon enfant. J'avais beau être soignante, cet enfant aurait mon sang et je paniquais avant même son arrivée. J'étais presque contente d'être encore jeune, la trentaine passée seulement, car j'allais avoir besoin de toute mon énergie. Seulement, j'étais au courant de la difficulté que serait d'élever seule cet enfant. Je fronçais alors les sourcils, curieuse de savoir comment ça se passer pour mon interlocuteur. Après avoir rencontré la petite fille, je pensais franchement qu'elle était bien élevée. J'étais curieuse de savoir s'il avait dû affronter seul son éducation comme je devrais le faire dans quelques mois voir années. Je me redressais donc et pris un air un peu gênée avant de me lancer, d'une voix un peu penaude.

"- Je peux être indiscrète ? Vous n'êtes absolument pas obligé de répondre bien sûr mais comment vous élevez seul Pénélope ?"

Elle me prends beaucoup de temps oui... Mais je pense aussi que c'est moi qui ai besoin d'autant l'avoir auprès de moi. Elle est toute ma vie.

J'avais toujours des étoiles dans les yeux quand je parlais de Pénélope. Lorsqu'elle était née, j'étais tombé sous son charme, mais jamais je n'aurais pensé qu'elle viendrait vivre avec moi un jour. Elle était ma nièce, du moins sur le papier, car à présent elle était ma fille. Celle que j'élevais, celle que j'aimais, celle qui m’appelait "papa".

Je... Sa question était pertinente. Il y avait de quoi  parler, mais ce n'était pas simple car je ne me sentais pas légitime. J'avais fait beaucoup d'erreurs avec la petite fille. Il n'y a rien de plus difficile que d'élever un enfant seul. Quand je l'ai ramené à la maison pour la première fois, je ne m'attendais pas du tout à ce qui allait m'arriver. Je n'avais jamais donné de biberons ou changer de couches... J'ai probablement passé plus d'heures qu'elle à pleurer. J'étais dépassé par les événements et j'ai fini par réaliser que je pourrais jamais être parfait pour elle. Je crois que ça m'a beaucoup aidé de réaliser ça. C'était à partir de ce moment là que notre vie avait changé. J'avais commencé à l'amener avec moi sur les circuits de F1 et nous avions petit à petit trouver notre équilibre. Après, je... J'ai pas mal merdé avec elle. Je m'en suis pas trop mal sorti avec son éducation, mais je n'ai pas su lui apporter une vie équilibrée. Je pensais que je m'en sortais pas trop mal, mais j'avais tort. C'est son au pair qui me l'a fait remarquer. Mercedes avait apporté une nouvelle lumière sur ce que je faisais avec Pento. J'ai arrêté ma carrière pour elle, pour me consacrer entièrement à sa petite bouille... Et je ne le regrette pas. Je suis un peu paumé sur ce que je vais faire de mes dix doigts, mais je sais qu'elle est plus heureuse que tout. Cette année avait été bouleversante sur pas mal de points, je m'étais remis en question, pour au final faire la paix avec mes décisions aussi drastiques qu'elles étaient.

Tout en écoutant les premières paroles de mon interlocuteur, je plaçais inconsciemment une main sur mon ventre. Je commençais doucement à comprendre ce qu'il disait concernant son besoin d'avoir la petite avec lui. Depuis quelques jours, j'avais besoin de sentir mon bébé bouger, de savoir qu'il était toujours avec moi.

Je compris rapidement que ma question n'était pas aussi simple que je l'avais pensé initialement. J'écoutais ses paroles avec beaucoup d'attention et d'admiration aussi pour cet homme qui a littéralement tout abandonné pour cet enfant qui n'est biologiquement pas le sien. Je comprends tout à fait ce qui le motivait mais j'avais conscience que ce n'était pas donné à tout le monde une telle dévotion. J'admirais vraiment et cela devait probablement se lire sur mon visage. J'hochais plusieurs fois la tête pendant sa tirade, comprenant certaines choses, et finit par sourire. Sa conclusion était belle, il avait tout fait pour cette petite fille, tout abandonner pour son bonheur à elle.

"- Je pense que vous avez fait un joli travail concernant son éducation. Cette petite a l'air heureuse...Même avec un bras cassé alors c'est peu dire!"

Finalement, sa tirade ne majora pas mon inquiète concernant l'avenir de mon enfant mais confirma celles que j'avais déjà en moi. Elever un enfant seule allait être une épreuve, probablement la plus grande, la plus difficile mais aussi la plus belle de ma vie. Je savais aujourd'hui que j'étais prête également à bien des choses pour cet enfant et j'avais la nette impression que cela allait augmenter pendant les années à venir. Je remerciais alors mon interlocuteur pour avoir être aussi franc dans sa réponse qui confirmait finalement juste mes pensées, j'avais besoin d'entendre ça je pense.

"- Merci pour votre réponse et pour votre franchise en tout cas."

Après, pour être tout à fait honnête, je ne l'éduque plus seul depuis quelques temps. J'ai rencontré quelqu'un de fantastique, qui l'aime autant que moi, et ça a changé beaucoup de chose pour nous. Avouais-je. L'arrivée de Mercedes dans nos vies nous avait permis de trouver un nouvel équilibre. J'étais tombée amoureux et Pento avait trouvé la figure maternelle qui lui manquait tant. Il nous avait fallu un petit temps d’adaptation, beaucoup de haut et de bas, mais à présent nous étions une belle petite famille. C'était son au pair. Ma nouvelle compagne, c'était son au pair. Clarifiais-je. Ces deux là étaient destinées à me faire tourner la tête.

Dodger s'étira avant de faire un tour sur lui même et venir poser sa tête sur les jambes d'Ava. Ni vu ni connu. Il cherchait les grattouilles et l'attention, et il avait trouvé une personne qui s'en chargeait avec plaisir. Il était malin, et en même temps il était parti de loin. Quand je l'avais adopté, il avait déjà deux ans et son histoire était assez mystérieuse, mais clairement marqué par l'abandon et la violence. J'avais mis du temps à gagner sa confiance... Je ne le regrettais pas, car c'était le meilleur chien à présent. Il donnait tellement, sa bouille... j'étais gaga. C'était mon premier bébé.

Revenant au sujet de base, je regarda dans les yeux la belle blonde. Je suis certain que tout va bien se passer pour vous. Je vous ai vu avec Pénélope, il n'y a pas de raison pour que ça capote avec votre bébé. Vous l'aimez déjà. Ça se voit. Vous vous touchez le ventre depuis tout à l'heure avec une douceur qui en dit long sur le genre de maman que vous allez être.

A l’écoute des paroles de mon interlocuteur, j’étais contente d’apprendre qu’il n’était plus seul à présent. Je ne souhaitais à cet homme que de bonnes choses, lui qui avait à charge une petite qui n’était pas sa fille, lui qui avait abandonné une partie de sa vie pour elle. Il méritait le retour de bâtons et d’être heureux à présent.

« - Me voilà contente de l’apprendre alors. J’espère que ça se passe bien pour vous. Cette petite mérite d’être heureuse tout autant que vous. Elles vont vous faire tourner la tête un long moment, j’en ai bien peur. »

Je ne manquais pas la tendresse de Dodger qui avait, à présent, la tête posée sur les jambes. Je lui caressais le sommet de son crâne, pour son plus grand bonheur apparemment, délaissant mon ventre à son profit. J’en profitai notamment pour baisser la tête suite aux propos de Knox, essayant de dissimuler mon visage le temps de reprendre contenance. J’étais touchée par ce qu’il venait de dire. J’espérais, comme tout futur parent j’imagine, que j’allais élever correctement mon enfant, que je ne ferais pas trop d’erreur et qu’il serait heureux, épanoui et ne manquerait de rien. Je sentais les larmes pointer au creux de mes yeux et essayais de les chasser en battant des cils. Je finis par relever la tête vers l’homme en face de moi avant de prendre la parole, espérant masquer cette émotivité qui venait de me prendre, une nouvelle fois. Mes hormones jouaient beaucoup dans ma gestion de mes émotions depuis le début de ma grossesse, ce qui m’avait d’ailleurs mis la puce à l’oreille concernant cette dernière. Je passais du rire aux larmes en un claquement de doigts. A l’époque où mes anciennes collègues étaient enceintes, je me moquais souvent d’elles à ce propos mais je comprenais à présent.

« - Merci. C’est très gentil à vous. Vos mots me touchent vraiment. J’espère que je ferai aussi bien que vous avec Pénélope en tout cas. »

Sans le vouloir, j'avais déclencher une avalanches d'émotions en Ava. La jeune femme avait été touché par ce que je lui avais dit, ces quelques mots encourageants que j'avais prononcé de manière honnête. Je n'ai aucun doutes là dessus. Pénélope vous a adoré, et maintenant Dodger vous adopte... Ça en dit long sur la personne que vous êtes. J'étais persuadé que ma petite et mon chien avait ce don pour repérer les bonnes personnes. Ils ne s'étaient jamais trompés, sauf peut être pour Manwë, mais ce dernier faisait peur à Pento. En pensant à cela, je me mis à sourire. J'étais guidé dans la vie par deux êtres très importants à mes yeux.

Je ne sais pas où vous en étiez dans votre balade, mais peut être devrions nous redescendre vers le parking, il commence à se faire tard. Dis-je un peu à contre cœur. Je ne voulais pas mettre un terme à ce moment agréable et en même temps je ne me voyais pas tout redescendre dans le noir avec une femme enceinte à mes côtés. Je préférais être safe. Surtout pour elle.

Dodger comprit vite le message et se mit en route sans trop poser de questions et j'offris ma main à la belle blonde pour qu'elle ne glisse pas dans les parties les plus escarpées. Monter me paraissait toujours plus simple que de descendre lors des randonnées. Dodg', pas trop loin mon chien. Le guidais-je en emmenant la jeune femme vers un chemin moins raide. Je n'avais pas l'impression que c'était aussi pentu à l'aller. Ni même que c'était ce chemin là et pourtant il ne semblait y avoir qu'un unique chemin pour redescendre. Vous êtes passé par là tout à l'heure ?

Il était vrai que le soleil commençait doucement à descendre, nous présentant un paysage très beau à regarder. Néanmoins, il fallait être prudent et cette descente indiquait qu'il était temps de rejoindre nos voitures respectives et d'aller se reposer pour mon cas. On se mit donc en route, Dodger devant nous.

"- Oui...Mais étonnamment la descente était beaucoup plus facile que la montée surtout avec quelques kilos supplémentaires. On peut faire une petite pause ?"

J'émis un petit rire en me rendant compte que ma condition physique était vraiment déplorable depuis le début de ma grossesse. Moi qui était sportive, je peinais à monter quelques mètres de dénivelé, mon ancien entraineur aurait de quoi rire. D'ailleurs, je pouvais encore l'entendre d'ici, entendre ses mots motivants et bien que parfois tranchants sachant que ces derniers me donnaient toujours une motivation supplémentaire pour me surpasser.

Alors que les mètres passaient, mon souffle était de plus en plus courts et je peinais un peu à le reprendre. Je m'arrêtais quelques secondes, une main au niveau des reins, afin de prendre de retrouver mon souffle. J'avais l'habitude de faire des exercices de méditation et ça m'aidait beaucoup depuis le début de ma grossesse. Cela me permettait de retrouver plus rapidement un rythme cardiaque régulier et ainsi de retrouver une respiration plus calme. Ma sage femme me conseillait de le faire dès que je marchais un peu trop. La situation s'y prêtait donc parfaitement. Je fermais les yeux, pris plusieurs grandes inspirations et expirations avant de sourire à Knox. Je me sentais déjà bien mieux mais je devais avouer que j'avais hâte de retrouver mon canapé et de m'y échouer. Néanmoins, je gardais le sourire comme toujours. Je repris alors la marche, devançant le grand blond de quelques mètres avant de le charrier un peu de ma voix taquine :

"-Prêt à repartir ?"

La jeune femme avait besoin de faire des pauses et je n'allais pas lui refuser cela. Son ventre arrondi lui donnait un passe droit pour beaucoup de choses, notamment celui de réclamer des arrêts lorsqu'elle était à bout de souffle. Je ne la connaissais quasiment pas, mais j'avais l'impression que je devais la protéger elle et son bébé, au moins jusqu'à atteindre la sécurité du parking.

Hey ! Y a pas à s'enfuir de cette manière ! Dis-je en trottinant pour la rattraper après qu'elle ai redémarré avant moi. Est ce que je craignais de la voir tomber ? Oui, à 300%. Est ce que je le montrais ? Pas du tout. Je gardais un œil sur le chemin devant elle, repérant les cailloux, les trous, les branches, et quand j'en voyais, je la guidais pour les éviter. Seulement en arrivant au bout du chemin, devant un dénivelé énorme, nous retrouvions à l'arrêt. Je pouvais aisément sauter sur le chemin en contrebas, il devait y avoir un peu plus d'un mètre, mais pour elle ça allait être plus compliqué. Je fis le grand saut, suivi assez rapidement par un Dodger cascadeur, avant de tendre les bras vers Ava. Je n'ai pas les meilleures jambes du coin, mais promis mes bras tiennent la route. Plaisantais-je en lui tendant les bras.