Ceci est un interrogatoire, Georgia & Kaz

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Les Mularkey

C'est bien un grand cahier à la main, armé également d'un ordinateur portable et avec un air sérieux que Kaz Mularkey a été vu arpentant la boutique de jouets Happy Dolly en plein cœur de Bowen ce jour-là. Inconcevable, mais véridique. Pas de blondinet décoiffé et passablement endormi à son comptoir. Pas de bruits de marteau au de scie s'échappant de l'arrière boutique. Le gérant se tient bien là, au milieu du bazar qui, s'il n'était pas indécent pourrait être assurément la marque de fabrique de la boutique. Et cela fait bien plus de deux heures que cela dure. Un sursaut de maturité dû à une comptabilité plutôt mauvaise... Les chiffres de la boutique ne sont pas là. Et pour parler poliment, il serait temps que Kaz se bouge les fesses ! Les mois ont filé. Encore quelques semaines plus tôt, il nettoyait des voitures et tondait des pelouses pour s'assurer un plus. Mais le fait est que le risque de perdre son précieux bijou, cette ruine commerçante, a peut-être suffi comme déclic : s'il perd la boutique, il perd la large liberté que cela lui confère, et surtout la possibilité de passer une grande partie de son temps à travailler le bois, inventer des mécanismes. Le tout pour fabriquer des jouets.

Ce matin-là, c'est brave qu'il a poussé la porte. Mais la résolution tombe petit à petit. Il dresse un inventaire, certes rigoureux, mais particulièrement ennuyeux. Il tient bon ! Tout du moins, il essaye. Une amie a proposé de l'aider en lui faisant un bilan comptable. Le minimum est qu'il lui apporte quelque chose de propre sur lequel travailler. Maintenant, les rayons d'un soleil doux et chaleureux percent à travers les carreaux poussiéreux de la boutique. A l'intérieur, ça sent un mélange de caramel et de lessive pour bébé. Kaz a récemment fait un bon nettoyage de toutes les peluches. Éléments qu'il ne confectionne pas lui-même mais qui se vendent parmi les mieux. Le caramel, c'est parce qu'il a fait les boiseries la veille. En fait, c'est le bazar, mais ce n'est jamais trop sale. Curieusement. Par contre, il y a effectivement tout un tas d'objets qui s'entassent du sol ou plafond et le risque en entrant est de mourir enseveli si l'une des piles venait à s'effondrer. Et puis, Kaz a une manière très personnelle d'organiser par catégorie, de ranger. Quelle manière ? En fait... Il n'en a pas.

Du bruit lui parvient depuis la rue. Un rien qui suffirait à le distraire habituellement. Il n'y prête pas attention, il est perché sur un tabouret et compte un ensemble de petits cubes en bois. Bientôt, c'est une douce effluve de café qui s'élève. Il en a préparé un peu plus tôt. Quand il n'aura pas la flemme de bouger, il ira sûrement s'en faire une tasse. La matinée est bien avancée. Il n'y a pas eu un seul client. Il ne s'attend pas à voir arriver quelqu'un de sitôt. A la limite peut-être sa mère pour le disputer tout en furetant. Le temps, lui, passe affreusement lentement. Il comprend d'ailleurs mieux pourquoi il a autant repoussé l'échéance inévitable d'un inventaire. Il a hâte d'avoir fini. Ses pensées volètent ailleurs par moment. Il pense à Noah, à ses nièces et neveux. Il pourrait penser à sa sœur Georgia aussi, se dire qu'ils ne se sont pas vus depuis un petit moment et qu'elle lui manque. Mais s'il commence à penser à sa sœur, il sait qu'il perdra le fil de ce qu'il est entrain de faire. Qu'il voudra se saisir de son téléphone pour l'appeler et l'enquiquiner un peu. Or, à ce jeu, il est capable d'y perdre une bonne journée de productivité.

Finalement, une cliente finit par entrer. Ce n'est pas n'importe laquelle, ceci dit. Une vieille dame qui passe toutes les semaines, qui achètent rarement quelque chose et qui parle toujours de l'ancien propriétaire avec regret. Kaz l'imagine bien présidente d'un comité de quartier, guettant ses voisins cachée derrière ses rideaux. Ce jour-là, elle déambule un bon moment entre les rayons avant de se décider à partir. Quand elle le fait, que la porte claque dans son dos et que le silence retombe, Kaz pousse un soupire exaspéré. Il ne lui en faut pas plus ! Il pose ordinateur et cahier de comptes au sommet d'une pile, bondit et atterrit au sol puis se propulse sur quelques mètres pour se remplir une tasse de café. Loin de se douter de la tempête qui s'annonce et de la personne que vient de croiser la vieille dame dans la rue et qui se dirige vers la boutique, il savoure finalement le breuvage sombre assis sur le comptoir, le regard voguant aux quatre coins de la boutique.

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L’ébauche d’une bonne journée commence par le bruit des vagues lorsque les premiers rayons de soleil apparaissent timidement au loin. Seulement quelques kilomètres entre la maison et l’océan qui ne cesse de l’appeler de le rejoindre, mais l’époque où Georgia était libre d’avancer sans se soucier de ce qu’elle laisse derrière est révolue. Fini le temps où se réveiller à 4 heures du matin, de prendre sa planche et de nager…Nager jusqu’à attraper la vague parfaite, mais elle ne l’était jamais, car Georgia cherche toujours plus grand pour sa dose d’adrénaline. Aujourd’hui, la blonde avait deux enfants, James âgé de sept ans et Lily, un an seulement avaient besoin de la présence de leur mère au matin. Un jour, lorsque sa plus jeune enfant sera suffisamment grande, ils iront ensemble admirer le levé du soleil sur un paddleboard, puisqu’il n’existe rien de mieux. Sourire aux lèvres, une image lui venait à l’esprit, vision agréable d’une vie plus douce, mais irréaliste à cet instant, Georgia laisse échapper un soupir, regarde le côté droit du lit encore vide de sa présence. Enfin presque vide, à la place de l’humain se trouve une photo qu’elle avait prise à la volée dans les rares moments où l’hostilité entre eux est inexistante, certainement au retour d’un énième déploiement du brun dans un pays autres que l’Australie lorsque le manque de sa présence manque, qu’elle n’a pas envie de lui jeter une assiette sur la tête. « Qu’est-ce que tu es beau, sale con !! » Le regard fixé sur la photo. L’alarme de son téléphone sonne, c’est l’heure de se préparer avant le réveil de ses enfants.

Plus que trois jours avant la rentrée de janvier des enfants. James ne parlait que d’une chose : retrouver ses amis et délaisser sa mère dans sa routine. Cet enfant ressemblait à son père, le fils à maman avait disparu au détriment de ses potes. Tristesse dans son cœur, Georgia pouvait encore compter sur la présence de Lily afin de réconforter le cœur meurtri d’une mère esseulé par son fils. Une tendance à exagérer la situation ? évidemment, sinon ce n’est pas Georgia. « Bonnnjourrrrr l’amour de ma vie que j’aime de tout mon cœur !!! » Tout est dans l’exagération lorsque James passe la porte de la salle à manger vêtu de son pyjama. « Aujourd’hui, on va rendre visite à ton parrain à la boutique, j’ai deux…trois choses à lui dire. » Une affirmation peu crédible lorsque l’on connaît le lien fusionnel que partage les plus jeunes enfants Mularkey.

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James fut le premier à rentrer dans la boutique de jouet, l’enthousiasme du garçonnet à pénétrer dans le temple du jouet donna le sourire à la jeune femme. En plus d’être l’oncle préféré d’une nouvelle génération de Mularkey grâce à sa boutique, Kaz est le parrain et celui que James admire après son père. « Salut parrain, si on me cherche, je suis dans l’arrière-boutique, si je casse encore quelque chose, tu rajoutes sur ma note, byyyeee. » Simple et précis, James s’était précipité derrière le comptoir pour finalement disparaître dans la caverne d’Ali baba pour enfant.

Lily dans les bras, Georgia salua la vieille dame qu’elle croise à l’entrée de la boutique. « Bonnnjourrrrr traitre à son sang !!! » Le ton sérieux et ironique à la fois, elle pose Lily dans les bras de son frère, lui volant sa tasse de café en même temps. « Toujours aussi loyal à l’idiot ? » Riant à cette question dont elle connaissait parfaitement la réponse, elle enchaîna avec un sujet plus futile… Pour le moment. « Et depuis quand James à une note ? Il doit te combien cet enfant ? »

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La petite tribu surgit dans la boutique avant même que Kaz ait eu le temps de terminer la phrase qu'il a commencée, croyant qu'il s'agissait de nouveaux clients en entendant la petite clochette suspendue au dessus de l'entrée tinter. "Bienvenue au paradis du j..." Pas le temps de fuir non plus, juste d'avaler son café de travers. Il tousse et tend la jambe trop tard depuis le comptoir sur lequel il est perché pour empêcher son neveu d'avancer plus. Petite terreur qui va encore tout mettre dans un état pire qu'il n'est déjà... Et avec un aplomb ! James est maître en ce lieu et il le sait très bien. Le suivant du regard, Kaz passe les salutations. Vraiment, quel exemple magnifique pour ces enfants... "Surtout, tu touches pas aux cartons qui sont sur la table ! C'est super précieux ce qu'il y a dedans." Il ferme un instant les yeux avec douleur. Mince, pourquoi il a dit ça. Maintenant, c'est sûr,, James va vouloir y toucher... Kaz s'enfonce alors plus dans son rôle de piètre tonton. "Si t'y touches, ça va exploser et tu finiras en purée !" Ouais, là on est pas loin d'un signalement à la protection de l'enfance... Les dits-cartons contiennent de charmantes boules à neige. Oui, des boules à neige à vendre en Australie. C'est assez débile. Mais Kaz est plutôt doué en termes de débilités... Il attrape la petite Lily qui est poussée de force dans ses bras et lève les yeux vers sa propre sœur. "C'est quoi cette mère indigne qui préfère un café même-pas-bon à son enfant ?" Pff. Il souffle avec amusement et TOUTE son attention est magiquement reportée sur la bouille potelée qu'il tient dans ses bras. Le monde autour de lui disparait. Il est gaga, oui complètement gaga de Lily. Elle est d'ailleurs la seule à recevoir un accueil à peu près décent depuis leur arrivée à tous les trois. "Coucou mon bébé ! Comment va l'être le plus adorable de la Terre ? Oh, que tu es belle mon petit bébé. Mouah. Mouah. Et ces joues toutes douces, je vais les manger. Oui, je vais te manger bébé !" Oui, Lily était toujours renommée "bébé" par Kaz. Il fallait espérer qu'il n'en serait plus de même à ses quinze ans...

Il est là à couvrir de baisers la petite Lily, sans se soucier du "traitre à son sang" que lui a réservé Georgia, et qui ne présage rien de bon... Il revient à la réalité quand elle l'interroge sur un certain idiot. Idiot dont Kaz connait parfaitement l'identité mais il feint de réfléchir un instant et jette un œil dans son dos pour vérifier que James est trop loin pour entendre. Il n'aime pas le savoir témoin des conflits entre ses parents. Ce doit être dur pour le petit garçon, si intelligent et en âge de comprendre ce qu'il se passe et d'en souffrir doublement. D'autres questions fusent et Kaz fronce les sourcils avant de serrer contre lui Lily en la berçant doucement et tout à fait inconsciemment. "Oh ! Doucement sur les questions, Gia !" Il se penche et dépose un rapide baiser sur sa joue. "Tu parles de l'idiot que tu as tellement dévoré des yeux que deux petits gnomes en sont nés ? Preuve aussi que tu n'as pas fait que le dévorer du regard... Enfin bref, ça, hum, je te laisse les détails." Il fait une moue dégoutée. C'est sa sœur et son meilleur ami quand même, le pire schéma possible. Mais son expression s'adoucit et il regarde Georgia plus sérieusement. "Qu'est-ce qu'il a fait cette fois pour mériter ce doux sobriquet ?" Le bruit d'un petit objet tombant au sol leur parvient soudain depuis l'arrière boutique et Kaz ferme un court instant les yeux. Voilà l'illustration parfaite pour répondre à Georgia. "Oui, ton fils a une note !" Kaz descend enfin de son perchoir, et toujours sa Lily dans ses bras, attrape un papier au hasard dans un tiroir. Il le tend à Georgia en jetant un regard derrière lui. Le dit papier est couvert de dessins. "Regarde, cette somme mONstrueuse." Georgia ne verra rien qui l'indique sur la feuille. Elle le prendra sûrement pour fou. Mais Kaz a parlé suffisamment fort pour que James l'entende. En fait, cette histoire de note est une invention. A chaque fois, Kaz se penche sur le premier papier qui lui tombe sur la main et barbouille n'importe quoi pour faire croire à James qu'il liste toutes ses catastrophes. En espérant que cela l'amène à faire plus attention. Malheureusement, cela fait longtemps qu'il a compris que l'autorité de son oncle en la matière est quasi nulle... Oncle qui élève la voix pour l'intéressé. "On a entendu ! Me fait pas croire que c'est pas toi, James ! Tu es tout seul dans la réserve... Ah si, il y a un vilain yeti. Horrriiiiible. Sors vite !" Pas sûr que cette technique là marche non plus...

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Une entrée digne des Mularkey, bordélique et bruyants. C’était la marque de fabrique des Mularkey. Après tout, ne dit-on pas que les meilleures familles sont celles qui font le plus de bruit ? Où c’était simplement un doux mensonge de leur père pour rendre la vie des M, plus rayonnantes que la réalité ? Sans doute que oui et cela rend l’idéal d’une éducation à la manière de ses parents exemplaire. Même si, Georgia avait entièrement raté cette partie de sa vie de famille. Au moins, elle pourra toujours embêter son frère et débarquer tout en fanfare dans sa boutique. « Tu sais que tu viens de te tirer une balle dans le pied ? » Sarcastique, sourire malicieux aux lèvres pendant qu’elle abandonna son propre bébé dans les bras de son frère, elle se délecte du café sans goût pour rendre la scène plus comique. « On ne pourra pas faire un meilleur café que celui-là... Sérieusement, tu devrais te lancer dans le café, c’est un véritable délice !!! » Ironique, elle pose la tasse sur le comptoir.

Au-delà des tourments qui rongent Georgia, il y a Kaz. Un frère… Un meilleur ami qui fait office de Suisse entre elle et Noah. Même si, la plus jeune et unique sœur aurait préféré qu’il prenne son parti, elle comprend aussi que c’est faire preuve de mesquinerie de l’obliger à faire ça. Aussi, se contente-t-elle de lancer des petites piques gentillets, mais rien de méchant, Kaz connaissait Georgia pour savoir que rien n’est sérieux. « C’est pas ma faute, il m’a voodoosifiééééé le crâne !!! » Moment de silence, l’arcade sourcilière gauche relevée, tout était dans l’exagération et dans l’intonation dramatique de la réponse. « Comment tu peux résister quand t’as un fraisier devant toi ? » L’art de passer d’idiot à un fraisier pour qualifier Noah par Georgia Ann Mularkey. « Et qui mieux que toi pour savoir que mon amour du fraisier est sacré et que résister est un sacrilège. » La tendance de la jeune femme à rendre les choses plus dramatiques qu’elles ne le sont réellement et comparer ça, à de la nourriture est effrayante, mais Kaz fait partie du comité restreint de la folie de Georgia… Pour ne pas dire le seul à en être membre. Après tout, il était celui dont elle se sentait le plus proche. Georgia ne craignait pas d’être jugée avec lui, pire que cela, il était parfois son binôme dans les idées farfelus de la jeune femme et vice-versa. « Il a… » Avait-elle commencé avant que l’on entend au fond de la réserve un objet caresser le sol avec violence. Légère grimace « Désolée, je vais payer ce qu’il a cassé !! » Elle murmure pour qu’il soit le seul à l’entendre. « WOOOUUUHHH c’est une note bien salé que nous avons là. » Partager entre le rire et la sérieuse face à une feuille gribouillée, Georgia devait tenir son rôle de complice. « Tu as une autorité vachement crédible, laisses faire la pro’ » Raclement de gorge. « JAMES CHARLESTON PARKER !!! » Il n'en fallait pas plus pour voir l’ainé de ses enfants montrer le bout de son nez. Les mains sur les hanches. « Oui, maman jolie que j’aime de tout mon cœur. » Le regard de chat poté, les mains jointes derrière le dos, la fourberie de cet enfant est sidérante, c’est bien le fils de Noah. « Il est temps que tu apprennes à être responsable. Kaz, tu as ma bénédiction pour exploiter cet enfant… » Elle attire son fils vers elle, d’un geste doux et ferme à la fois, Georgia pousse James vers son oncle. « Il n’est pas très encombrant, il suffit que tu lui donnes à manger et ça fera l’affaire. Il peut partager la chambre du Yeti dans l’arrière-boutique, un peu de compagnie lui fera du bien. » Les yeux ronds de fils, Georgia fut obliger de retenir son rire, le visage dépité de James était drôle. Elle en oublie presque la raison de sa venue.

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Kaz serrait son petit bébé adoré dans son bras. Bébé qui n’était pas à proprement parler SON bébé, mais quiconque chercherait à lui faire entendre raison sur ce point risquerait bien de retrouver le Kaz d’antan, celui qui se servait un peu trop souvent de ses poings quand il avait encore des boutons plein la face et un corps en pleine mutation qui lui donnait alors des airs d’omatikaya albinos désarticulé. Oui, son corps ayant poussé bien avant son visage, il tenait à l’époque davantage d’E.T ; que de la star de boys band. Il serrait donc Lily tout en observant sa sœur Georgia comme si elle parlait de quelque chose de relativement dégoutant. En accentuant la chose, bien évidemment, sinon ce n’est pas marrant. C’était qui le fraisier, Noah ! Kaz posa alors ses mains autour des petites oreilles adorables (n’était ce pas les plus belles, les plus parfaites, les plus choupinettes que la Terre, non l’Univers, ait jamais portées ? Oui ! Mais aussi les plus…. Ok, ok, il fallait vraiment qu’il arrête.) « Écoute pas, Lily-chou. Ta mère dit des cochonneries. » Il la fixe, ce dit que tout n’est pas perdu entre Noah et elle. C’est évident qu’ils s’aiment et qu’ils ne pourraient être vraiment eux avec personne d’autre. Mais c’est les montagnes russes. Ça va, ça vient. Ca se sauve, ça se déchire. Et toujours cette flamme qui aveugle jusqu’à la Lune. « C’est bon, j’ai compris. Tu veux pas nous faire un dessin aussi ? » Il écarquilla les yeux avec horreur, toujours dans le second degré. « Non, non ! Mauvaise idée. Pas de dessin, pitié. »

Ce fut au tour de la terreur junior de débarquer. Kaz frisonna tant la ressemblance était criante dans sa posture de petit ange innocent et parfait. La ressemblance avec qui ? Avec sa mère, bien sûr. Il l’observa amusé et accepta le pacte proposé par sa mère. Tenant toujours Lily dans ses bras, Kaz s’éloigna du bureau et revint rapidement avec un balai dans une main. Il le tendit à James. « Parfait. Il y a plein de choses à faire ici. » Mais avant que James puisse esquisser le moindre geste, son oncle ramena finalement le balai contre lui, semblant se raviser. « Hum… J’ai comme un doute. J’ai déjà un yéti vorace. Pas sûr qui ajouter un gnome furieux soit une bonne chose pour cette boutique. » Kaz ne voulait pas aller trop loin dans la moquerie non plus, au risque de blesser son petit neveu qui était encore bien jeune. Il poussa le balai dans un coin et revint pour, d’une main, ébouriffer affectueusement ses cheveux. Quoiqu’il le fit avec une telle énergie que James ressembla soudain à un minimoy, voire un chanteur punk. « Sans compter que si tu es comme ta mère, ce balai risque de provoquer une catastrophe. Il y a un kit de construction sur l’établi. Si tu le fais, je pourrai le mettre en vitrine pour donner envie aux gens. C’est une caserne de pompiers gigantesque ! Mais fait attention, d’accord ? T’es grand, je te fais confiance. » Il lui sourit puis se détourna pour faire face à Georgia, semblant parler pour lui-même. « Quelle erreur. Ne jamais faire confiance à un Mularkey ou à un Parker. Je devrais le savoir pourtant… » Le soleil brillait dehors. Un soleil envoutant. On était en pleine journée et Kaz fut pris d’une idée qui alla complètement à l’encontre de son commerce. « On sort ? On va manger une glace ? » Ce fut le moment choisi par un client pour entrer dans la boutique. Un habitué. Il ferait son petit tour tranquille. En revanche, il fallait oublier la glace. Lily semblait s’assoupir dans les bras de son oncle qui se tourna vers Georgia. « Bon, plus sérieusement. Comment tu vas, toi ? »

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