#13 -“Hier et demain sont la même journée, la boucle est bouclée. ” - ELIAS

16h00. Aujourd'hui, c'est mon jour de repos. Qu'est ce que j'aime ne rien faire, ne penser à rien et me laisser vivre. Si l'oisiveté était rémunérée, je serais millionaire bordel. Mais non, j'traîne dans la ville, mon skate sous le bras. J'ai plusieurs choses à faire, le genre de truc qui me gonfle. J'ai perdu mon passeport depuis des semaines et je dois repasser à l'administration pour les démarches. Je n'y suis pas encore allé, à chaque fois, j'me dis "Elijah, déconne pas, tu le fais et après tu seras débarrassé." Autant vous dire que ce genre d'argument ne prend pas sur moi. Alors, je me retrouve dans une supérette et j'déambule dans les rayons. J'ai besoin de rien mais j'ai soif. Et un peu faim aussi. Mais j'ai pas un rond sur moi. J'regarde autours de moi, et hop, les snikers dans la poche. Rooh, je vous voir venir là, avec vos gros sabots de la moralité, mais c'est bon, je sais à quel prix ils les vendent et je sais aussi la marge qu'ils se font dessus. J'travaille dans une station service alors la mise en rayon et les commandes, je connais et on me la fera pas à moi! Je sais au fond que ce n'est pas du tout suffisant comme argument mais j'ai une fâcheuse tendance à me croire au dessus des lois.

J'quitte la supérette furtivement, et j'prends la direction de l'appartement d'Elias. C'était prévu qu'on passe la fin d'après-midi ensemble et je ne pouvais pas arriver les mains vides. (Encore un argument qui ne tient pas!). J'roule sur mon skate jusqu'à l'immeuble d'Elias et je sonne. Il ne tarde pas à ouvrir, je monte les marches quatre à quatre et je déboule dans son appartement, très à l'aise. Elias, je le connais depuis toujours. Vous voyez les perroquets qu'on appelle les inséparables? Et bah c'est nous depuis le premier jour de l'école primaire. Je sais tout ce qu'Elias a traversé ces dernières semaines, et je me dois de lui remonter le moral et quoi de mieux que des barres chocolatées? J'entre dans l'appartement, "Yo mec, ça va?" Je pose ma planche de skate contre le mur dans l'entrée et je sors la demi-douzaine de snikers que j'étale sur le plan de travail de la cuisine. "J'suis pas venu les mains vides, six délicieux snikers offerts par la supérette du coin! Me remercie pas bro!" Je suis tout sourire, j'ai avoué à demi mot les avoir dérober, pas sûr que ça passe avec Elias. Il sait que je suis intenable, il me supporte depuis plus de vingt ans maintenant, quel courage!

Depuis plusieurs semaines, j’avais la sensation que ma vie n’était que paperasse et retardement, mais si je devais être honnête, ces préoccupations, sommes toute banales et parfaitement surmontables, m’arrangeaient. Ca m’occupait l’esprit, ça m’empêchait de penser et c’était exactement ce dont j’avais besoin. Les démarches qui occupaient tout mon temps, en ce moment, concernaient ma reconversion professionnelle. J’avais sauté le pas. J’avais enfin pris mon courage à deux mains, attrapé mon téléphone et appelé Allan Burnett. Ma mère avait eu très à coeur que je fasse cet apprentissage et que je reprenne mes études, mais ce n’était pas uniquement pour son souvenir que je me lançai aujourd’hui. Je réalisai combien j’avais besoin de changement, combien ce travail qu’on me proposait d’apprendre était une chance que j’avais plus que tout envie de saisir. Et étrangement, la peur que j’avais pu ressentir au départ, avait aujourd’hui disparue, de même que les doutes. C’était comme si perdre ma mère avait mis en exergue ce que je tentais de refouler depuis que j’avais arrêté mes études, des années plus tôt. J’avais soif d’apprendre, soif d’entreprendre autre chose. J’étais en train de remplir un document administratif quand la porte de l’appartement s’ouvrit sur mon meilleur ami. Sa présence me surprit d’abord, si bien que je restai bocuhe-bée jusqu’à ce qu’il dépose ses snickers volés sur le plan de la cuisine. Fronçant les sourcils, je levai les yeux vers lui. « Mais t’es con ? » je lançai tout de go. « Sérieux, on n’a plus treize ans. » Ca n’était pas franchement acceptable de piquer des sucreries à treize piges mais disons qu’à presque trente, ça l’était encore moins.

Je ne saurais plus dire depuis combien de temps je connais Elias. Ca doit remonter à une rentrée scolaire. On s'est trouvé et on ne s'est plus quitté. J'me souviens qu'il était à côté de moi en classe. On passait notre temps à rigoler. On essayait de le faire discrètement. Mais notre maîtresse n'était pas une idiote. Bien souvent, on se faisait reprendre. On se redressait sur nos chaises, l'air sérieux. Et on recommençait quelques instants plus tard. Ca finissait toujours de la même manière. On se retrouvait séparé. Alors on était tout triste, on s'tenait à carreaux jusqu'à qu'elle accepte de nous remettre côte à côte. C'était juste ça notre but ultime à l'école: partager le même pupitre et pouvoir rigoler.

Les années avaient passés. Elias était plus sage que moi. Sur bien des points. Il était plus mature, plus sérieux. En même temps, ce n'était pas très compliqué de faire mieux que moi. Et puis, la perte de sa mère l'avait bouleversé. Profondément. Impossible de lui en vouloir et j'me devais d'être là pour lui. Alors j'avais cru bien faire en lui apportant des snikers. Mais bien sûr, je ne faisais jamais les choses correctement et je les avais volé. Aussitôt, Elias m'avait fusillé du regard et m'avait traité de con. Je souris. J'étais insupportable en même temps. Elias devrait avoir un trophée pour avoir la patience d'être mon meilleur ami. Je haussais les sourcils. "Quoi, t'aime pas les snikers?!" Il me faisait la leçon et j'm'asseyais sur une chaise prêt de lui en déchirant le papier autour de la barre chocolatée. "En vrai, pour le prix qu'ils les achètent et vu à celui qu'ils le revendent, ça va pas les tuer hein." Je mordais dedans et basculais ma tête en arrière, pour jouer l'extase. "Mmmh, bordel, ça déchire. Manges-en un, tu vas voir, ça remonte le moral." Je souris à mon pote, je ne savais pas s'il allait tenter de me tenir tête où s'il allait lâcher l'affaire. Perso, j'aurais trop la flemme d'aller rendre les snikers, elle est beaucoup trop loin cette superette.

Il y avait une certaine candeur chez Elijah qui parvenait toujours à me faire sourire. C’était comme s’il était resté coincé à l’âge de seize ans, et cela le rendait attachant quelque part. Du moins, selon mon point de vue. Sa nonchalance finit par me dérider, j’écoute ses arguments, qui suivent une certaine logique tout de même, je dois bien l’avouer, même si elle est bancale par certains aspects. Puis, je ris en le voyant déguster sa barre chocolatée comme si c’était le met le plus fin qu’il ait jamais goûté. Je me laisse gagner par son détachement et sa joie simple, presque enfantine, avant de tendre le bras pour attraper, à mon tour, l’un des snickers qu’il a ramené pour - à la base - me remonter le moral. Je déballe la sucrerie et croque un gros morceau. Ouais, bon, ok…le type qui a réuni du chocolat, du caramel et des cacahuètes dans une seule est même bouché est purement et simplement un génie. « Tu crois que ces snickers peuvent remplir cette putain de paperasse à ma place ou bien le miracle se limite à un simple orgasme culinaire ? » Je termine ma barre chocolatée avant d'en reprendre une aussi sec. « Tu bossais pas aujourd'hui ? »

Elias était plus calme que moi. Pas plus sage hein, faut pas déconner. Mais il n'avait pas cette fougue et cette immaturité qui me caractérisaient si bien. Je ne pouvais m'empêcher de faire des conneries, de provoquer et de jouer avec le feu. Bon, là, en l'occurence, je n'avais pas été très malin, dérober des barres chocolatés dans l'épicerie du coin, c'était pas l'idée la plus géniale du monde mais il faut dire qu'elles étaient encore meilleures comme ça. J'finis par réussir à arracher à sourire à Elias. J'crois qu'il ne peut pas batailler contre ma connerie et il décide de lâcher les armes. Il a raison. Finalement, il en prend une à son tour et c'est là que je sais que j'ai gagné. Finalement, il rapporte son attention sur les papiers qu'il doit remplir. L'administratif, ça n'a jamais été mon truc. Tout ce qui se rapporte de près ou de loin à quelque chose de responsabilisant, ça me fout des sueurs froides. Je secoue la tête à sa question. "Nan mon pote, ça, ça existe pas. L'administratif c'est l'essence même de l'enfer. Mais peut-être que la moitié d'mon cerveau qui n'est pas complètement flingué peut t'aider!" J'suis pas sûr que ce soit une bonne idée de lui proposer mon aide. J'suis du genre à buter sur les premières questions, mais j'suis de bonne volonté, c'est déjà pas mal. J'me penche vers lui et son papier. "C'est quoi au juste qu'tu dois remplir?" Tandis que mes yeux se baladent sur les mots sans chercher à les comprendre, je secoue la tête à sa question. "Techniquement, j'devrais être au boulot, mais j'ai senti qu'mon bro avait besoin d'moi!" J'lui fais un grand sourire. Si la flemme était personnifiable, j'crois qu'elle prendrait automatiquement possession de mon corps.

La paperasse, ça a de quoi me rendre dingue. J’essaie d’être patient, d’autant que j’ai eu à m’occuper de choses bien plus compliqué dans ma vie et encore plus dernièrement avec le décès de ma mère, mais j’ai littéralement envie de m’arracher les yeux aujourd’hui. Si un snicker magique pouvait m’aider à tout remplir et à faire en sorte que rien ne soit perdu par l’adminstration de l’université surtout, je crois que j’en prendrais au moins trois pour être sûr de mettre toutes les chances de mon côté. Hélas, comme le souligne mon ami d’enfance, ce genre de chose n’existe pas, à la place, il nous faut endurer l’enfer sur terre que représente, aux yeux d’Elijah, les tâches administratives. « C’est pour ma demande d’inscription à la fac, tu sais…j’t’ai dis qu’Alan Burnett voulait me prendre comme apprentis et en vrai, c’est une chance, je le sais, mais c’est juste le parcours du combattant pour faire validé tout ça »  Je finis par réunir les papiers devant moi, décidant que ça peut attendre à plus tard. « T’es au courant que tu vas finir par te faire virer un jour » je ricane lorsqu’Elijah m’avoue qu’il sèche le boulot en ce moment-même. Je contourne le bar de la cuisine, ouvre le frigo, me penche pour attraper deux canettes de Doc Pepper et en tend une à mon meilleur ami. « Oh fait, en parlant de Burnett, t’étais assez…proche de Prim à la soirée, l’autre fois…non ? »

Alors que j'me suis penché vers la bouillie administrative posée devant Elias, ce dernier m'explique ce qu'il essaye de faire. J'imagine à quel point ça doit être bien chiant et compliqué de faire valider ce genre de demande. A l'entendre prononcer le nom de Burnett, mon coeur commence à s'emballer. Dubitatif, je ne tarde pas à faire le lien avec Prim'. Visiblement, le père des soeurs Burnett offrait une chance à Elias. "Ca serait cool pour toi en vrai. J'suis sur que ça finir par se faire." Finalement, Elias ramassait tout ça, ma présence l'avait probablement découragé, quoi de plus important que son meilleur pote d'enfance? Je hochais la tête à la question d'Elias concernant mon job. "Ouaip, c'est pour ça que j'y vais deux jour sur trois. En vrai, mon patron a pas tellement besoin d'mon aide, j'crois qu'il m'embauche plutôt par pitié." J'avais une chance certaine d'être tombé sur lui. Elias me tend une canette qu'il est allé récupérer dans le frigo, je l'empoigne et la pose devant moi pour l'ouvrir. Elias lâche alors ce que je redoutais le plus. J'arrête mon mouvement, le temps d'une seconde, avant de porter mes yeux sur mon meilleur pote. Comment lui mentir? "Mais quel fin observateur fais-tu!" Je me moquais gentiment, il était assez difficile de passer à côté de notre rapprochement à la dernière soirée. On s'était littéralement emballé sur la piste de danse. Je reprenais mon sérieux. "Ouais, on a bien craqué cette soirée là. Surtout que j'l'ai ramené chez moi après." Elias connaissait notre passé entre Primrose et moi. On était resté quatre ans ensemble avant que je décide, subitement, de mettre fin à notre histoire, par peur de l'engagement. Je ne savais pas trop comment Elias allait prendre la nouvelle. Je buvais un peu de ma canette, attendant sa réaction.

J’ai conscience de la chance qui m’est offerte. Cette opportunité, de reprendre mes études, d’avoir un métier dont je rêvais secrètement depuis que j’étais gosse, c’est assez fou en réalité. Ce le fout quand même une petite précieux cela dit, comme si je n’avais pas le droit à l’erreur, pas le droit de flancher. « Ouais, ça va le faire, mais en vrai…faut le vouloir. Parce que l’administratif, ça rend chèvre. Surtout quand tu fais tout bien dès le départ et qu’on te fait tourner en rond. » Je l’ai appris à me dépend que ces délais là peuvent être long, pire encore qu’il est possible de perdre un dossier aussi facilement qu’une aiguille dans une meule de foin. Je n’ai pas envie de m’étendre davantage sur la paperasse, elle me bouffe déjà suffisamment le moral comme ça, je préfère profiter de mon meilleur ami à la place. On passe sur des sujets comme le boulot d’Elijah, qui ne semble pas le passionner non plus, puis je mets le sujet de Primrose sur le tapis. Je les ai vu ensemble à la dernière soirée, et cela a suffit à attiser ma curiosité. « Ouais, j’étais lynx dans une autre vie » je le charrie en retour, avant d’écouter sa version de la soirée. Mes yeux s’écarquillent. « T’as remis ça avec Prim ? Sérieux, Ja, ça sent mauvais cette histoire… »

Elias, il a toujours eu ce petit côté "je m'accroche et je lâche rien". J'étais admiratif de ça. Très clairement, moi j'étais pas dans ce délire là. Quand c'est trop compliqué, je préfère pas m'y frotter, comme ça, j'économie de l'énergie et j'la met dans l'élaboration de conneries. C'est pas rentable, mais ça me fait rire. Mon oncle Jonathan m'avait plusieurs fois fait sous-entendre que j'devrais prendre d'la graine d'Elias. J'le savais aussi au fond, mais j'arrivais pas à m'lancer. La flemme. Après avoir balayé le sujet de l'administratif, Elias, il tarde pas à me parler de la soirée qui s'était déroulée chez lui et durant laquelle j'avais replongé avec Primrose. J'ris à sa remarque, c'est sûr que c'était pas difficile de nous louper. J'lui avoue qu'on est rentré chez moi après, j'sais que c'est une connerie et Elias, il tarde pas à le souligner. Je hoche la tête en entendant ses paroles. "Ouaip. C'était pas un mouv' de fou. J'suis paumé en fait. On s'est pas reparlé depuis. J'sais de quoi j'suis capable, et j'veux pas la faire souffrir encore tu vois." Dans le fond, j'étais pas un connard, j'tenais à elle. Mais me lancer à nouveau dans une relation, ça pouvait pas aller très loin. J'étais pas un gars très fiable. Quitte à parler de relation, j'prenais des nouvelles d'Elias dans ce domaine. "Et toi, avec Manny, ça roule?"

Primrose et Elijah, c’est une histoire digne d’une série tv. Il y avait tellement de saisons qu’on ne les comptais plus. Et pour leur bien à tous les deux, je n’étais pas certain que ce soit une bonne chose qu’ils se fréquentent à nouveau. Ils s’étaient déjà suffisamment fait souffrir. J’adore mon meilleur pote, mais je sais aussi reconnaitre ses tords. Il avait merdé avec Primrose, il avait du mal avec les engagements. C’était un gamin encore dans sa tête, ce qui constituait sa plus grande qualité, comme son plus grand défaut. Moi je l’adore pour ça, mais ça n’est pas forcement compatible avec une vie de couple saine comme l’attendait Prim. Seulement, je sais aussi que cette nana, il l’a dans la peau et qu’il est difficile de gérer ça, surtout si elle se trouve dans la même pièce que lui. « C’est bien que t’en ai conscience déjà. Tu sais ce que tu veux pas, c’est un bon point. Mais…ouais, ça serait bien que tu en discutes avec elle, histoire d’être sûr qu’elle est ok. » Elijah change de discussion, je comprends qu’il est mal à l’aise de parler de Prim, ce que je peux comprendre. Aussi, je n’insiste pas. « Manny ? Bah ça va. Il est à fond depuis que je lui ai dis que je reprenais mes études. » je ris doucement. « J’sais pas, ça doit lui faire plaisir. Et euh… » Je me mords la langue tout en cherchant mes mots. « J’ai parlé, vite fait, d’aménager avec lui. Rien de…rien de sérieux, pour le moment, mais… » je hausse les épaules. « C’est sorti dans la conversation l’autre jour, et je crois que ça l’a fait paniquer. »

Elias, il était, avec Alexis, probablement, la personne avec qui j'avais le moins de mal à me confier vis à vis de mon histoire avec Primrose. On avait formé un couple pendant quatre ans, c'était beau notre histoire. Et puis, j'avais tout envoyé valsé, par peur de l'engagement. Elias, il n'avait jamais porté de jugement négatif vis à vis de mon comportement. Il me connaissait, il savait comment j'étais. Mais j'savais aussi qu'il ne me mentirait jamais. Et j'sentais bien qu'il m'encourageait à en discuter avec la première intéressée. "Ouais, la communication avec elle, c'est pas mon fort, tu sais bien." Je marquais une pause, souriant un peu. "J'me demande surtout si on pourra à nouveau avoir d'la confiance l'un pour l'autre." C'était ça, qui me faisait le plus flipper. Redémarrer une relation sur une base pas très saine, ça n'annonçait rien de bon. J'avais porté mon attention sur autre chose, tout en restant dans le domaine des relations amoureuses. Elias me racontait un peu son histoire avec Manny. Je souris en l'écoutant. "Oh, c'est bien qu'il t'encourage là dedans!" Manny, il était bien plus cérébral que moi, la reprise d'étude me semblait vertigineuse, mais si Manny pouvait être l'impulsion dont Elias avait besoin, alors c'était l'idéal. La suite me fit écarquiller un peu les yeux. Puis je grimaçais en apprenant que Manny avait un peu paniqué à cette idée. "Tu penses que ça va trop vite pour lui?" Emménager avec sa moitié, c'est vrai que c'était une grande étape. C'est un peu ça qui m'avait fait flipper lorsque j'avais quitté Primrose. Trouver l'équilibre dans une relation, entre les besoins de deux protagonistes, c'était toujours un sacré bordel.