in all the good times, i find myself longing for change and in the bad times, i fear myself (elijah)

Quand ce n’est pas Elias qui passe la nuit chez toi, c’est toi qui vient souvent squatter à la coloc où il habite. Toi qui est plutôt timide, tu as mis du temps avant de te sentir à l’aise dans cet endroit. Heureusement, l’un de deux colocataires de ton copain ne t’est pas inconnu puisque vous jouez dans le même groupe de musique, ce qui t’a bien aidé au début, n’ayant au final qu’une personne à rencontrer. Ce matin Elias est parti tôt et toi tu as traîné un peu plus longtemps au lit. Tu n’as pas vraiment d’horaires du moment que tu fais ton boulot et que tu es là à l’heure aux quelques cours que tu dois donner à l’université. Tu as donné ton premier cours il y a quelques jours et ça a été une expérience pas mal stressante pour toi mais ça s’est bien passé. Tu ne sais pas si les autres sont déjà partis ou encore dans leur chambre, mais tu n’as croisé personne tandis que tu sors de quoi prendre ton petit-déjeuner. Tu ne te fais pas de festin car tu as toujours un peu l’impression de déranger, même si tu achètes régulièrement des trucs à manger à la coloc pour ne pas passer pour un invité indigne qui vient juste squatter. Tu sors sur le plan de travail du thé, des toasts, des œufs et une pomme, de quoi te préparer un petit-déjeuner équilibré et qui va te tenir au ventre toute la matinée. Une fois les œufs cuits tu vas t’asseoir, tes feuilles de cours à côté de toi, histoire de te mettre en tête ce que tu devras dire plus tard dans l’après-midi aux étudiants que tu encadreras. Quand tu vois la porte s’ouvrir sans signe annonciateur, tu relèves la tête, une tartine d’œufs brouillés dans la main, le regard perplexe. Elijah vient de débarquer et tu supposes qu’il ne s’attendait pas à tomber sur toi. « Sa...lut. » bafouilles-tu à moitié, pris de cours.

Comme bien souvent le matin, c'est un peu dur. J'dois toujours trouver une énergie au fin fond de mon ventre pour m'extirper du lit. D'ailleurs, j'traîne souvent en caleçon chez moi, j'ère à la recherche de l'éveil et de la motivation. J'suis pas trop petit-déjeuner. Ma vie est un déséquilibre absolu. Aujourd'hui, je ne travaille pas et souvent, quand je m'ennuie, je me mets des idées en tête et il est impossible de me les retirer. Là, ce matin, par exemple, j'ai décidé que je traînerais Elias au cinéma, parce que j'ai bien envie d'aller voir le dernier film de Damien Chazelle. Et Elias, il sait. Il sait que j'suis inarrêtable. Parfois, il prend même plus la peine de se battre et en vrai, soyons honnêtes, s'faire une petite séance de ciné avec son pote, c'est vachement cool. Tandis que j'attrape un t-shirt, un jean et un hoodie, j'file sous la douche et j'envoie un vocal à Elias. "Mec, j'passe te prendre, on va s'faire Babylone au ciné, il passe à 11h. Atouuuute". J'raccroche. Je sais parfaitement qu'il y a de fortes chances qu'il refuse, mais au moins, ça m'donne une motivation et avec un peu de chance, il me suivra. Sur le chemin de son appartement, j'passe à la superette et j'achète des confiseries pour le film. J'monte quatre à quatre les marches de l'immeuble. Elias ne m'a pas répondu mais c'est pas grave, j'vais lui apprendre en direct son programme de la journée. Je suis un mec épuisant, faut pas chercher. J'déboule dans l'appartement, j'frappe pas à la porte et avant d'arriver dans la cuisine, j'me mets à parler hyper fort "héé mec, j'espère que t'es prêt à mater le boule de Brad Pi..." Je m'arrête net. Mon regard tombe sur Manny en train d'se faire un petit déjeuner tranquille et qui me salut l'air un peu interloqué. Lui et moi c'est pas la grande amitié, on est un peu trop différent pour bien s'entendre mais bon, j'lui souris quand même. On a Elias en commun dans nos vies, on se supporte mais on s'retrouve très très rarement l'un et l'autre tout seul. "Hé salut.. eh bah, bon appétit.. Elias.. il est pas là?" J'étais tellement dans mon délire que j'ai omis l'hypothèse selon laquelle Elias ne serait pas à la coloc. Tant pis.

Ton petit-déjeuner tranquille dans le calme de l’appartement vide ou assoupi tourne court. Tant pis pour la relecture de cours, tu vas devoir te farcir Elijah visiblement. Avant de le voir, tu l’entends parler de mater un boule sans entendre la suite puisqu’il s’arrête en voyant et ton esprit ne peut s’empêcher de penser à toutes les choses que ta jalousie fait ressortir. Est-ce qu’Elias et lui se font des séances où ils matent des mecs dans la rue ? Sur BBT ? Est-ce qu’en fait Elias te trompe ? Ton esprit ne peut s’empêcher d’imaginer toutes ces hypothèses qui te font souffrir mais que tu as l’impression de ne pas contrôler. Tu te demandes si Elijah a suivi votre histoire depuis le début, est-ce qu’il était là quand vous vous êtes bow down ? Est-ce qu’il a lu votre conversation ? Vous n’en avez jamais parlé avec Elias et d’un coup tu te poses un million de questions juste à cause d’un morceau de phrase entendu. Déjà perdu dans tes pensées tu n’entends que la fin de la phrase de l’intrus. De base la concentration c’est compliqué pour toi alors le matin, alors que tu t’attends à être seul, il ne faut pas trop t’en demander. « Euh...non, il est parti bosser. » réponds-tu simplement, ne comprenant pas vraiment pourquoi il a débarqué de nulle part, sans vraiment chercher à savoir si ton petit-ami était dispo ou pas. Tu ne le connais pas vraiment mais au final du peu de ce que tu sais sur lui, ça ne t’étonne pas beaucoup d’avoir un comportement...chaotique. « Je sais plus à quelle heure il finit mais il sera peut-être disponible plus tard pour...votre truc. » dis-tu en haussant les épaules. En général tous les deux vous ne planifiez pas forcément les moments où vous vous voyez, c’est très souvent c’est certain mais comme Bowen est assez rapide à traverser, vous pouvez décider de vous voir et être là moins de trente minutes plus tard. Au final même les soirs où vous avez des choses de prévues chacun de votre côté, vous finissez souvent par vous rejoindre pour la nuit, sauf s’il est trois heures du mat’, même si tu sais qu’Elias a tendance à avoir un sommeil compliqué et peut débarquer chez toi au milieu de la nuit si tu es encore debout.

Je connais Elias depuis mes .. je sais même pas, 6 ans peut-être. Autant dire que je le considère comme un frère et qu'il n'existe entre nous aucune gêne. Alors, c'est tout naturellement que je déboule à la coloc'. J'frappe même pas. J'ai pas beaucoup de tact et j'pense pas une seconde qu'Elias ne se trouve pas là. Et puis, j'ai une idée en tête et quand c'est comme ça je suis innarêtable. Finalement, je tombe sur Manny. Son petit copain. J'suis pas très à l'aise avec lui. On a rien en commun, hormis Elias. Et il est beaucoup plus calme, plus posé que moi. C'est la caution sagesse d'Elias. J'ai rien contre lui, et j'suis très content de savoir qu'ils forment un couple. C'est juste que, j'pense que je ne pourrais jamais être vraiment pote avec lui. Alors que j'étais entré en trombe dans l'appartement proposant à Elias d'aller mater le boule de Brad Pitt au cinéma, j'm'étais arrêté dans ma lancer sans me douter que ce que j'avais dit aurait pu faire naître des doutes dans l'esprit de Manny. Alors j'reste planté, un peu déçu d'apprendre qu'Elias est au travail. C'est vrai qu'il travaille lui. Moi aussi j'devrais être à la station service, mais j'ai pris la mauvaise habitude de n'y aller que quelques jours par semaine. "Ah merde, ok" Je voyais mes espoirs de séance cinéma s'évanouir. Et je ne savais pas trop quoi dire face à Manny. Puis, il souligne qu'il sera disponible plus tard pour notre truc. J'fronce un peu des sourcils. Est-ce qu'il est jaloux de moi et d'Elias? Pourtant, il n'a aucun soucis à se faire. "Notre truc?" J'marque une pause. "J'voulais juste lui proposer d'se faire un ciné." J'me radoucie un peu, j'ai pas envie d'me mettre à dos Manny. Mais j'peux comprendre que mon côté intrusif puisse le crisper un peu. "J'voulais pas te déranger. Désolé d'être arrivé aussi .. soudainement." J'lui adresse un petit sourire, j'suis pas méchant hein, j'suis juste un imbécile qui prend rarement des gants. Et qui met généralement les pieds dans le plat. Purée, j'sais plus où me mettre. J'fourre mes mains dans les poches de mon jean et je hausse les épaules. "Bon, j'vais pas rester plus longtemps je pense." Le malaise est bien palpable.

Avec Elias vous êtes pas mal différents, vous avez clairement pas le même caractère, pas forcément les mêmes passions, mais ça marche entre vous parce qu’il y a l’amour et que vous partagez quand même quelques trucs en commun. C’est un bon équilibre, même s’il peut arriver que l’équilibre se perde par moments, tu es heureux d’être tombé sur lui et qu’il veuille de toi, même si tu as presque chaque jour peur qu’il te lâche pour un mec un peu moins comme toi. Comme tu ne lui ressembles pas vraiment, tu ne ressembles pas non plus vraiment à ses potes. Enfin, ça dépend lesquels mais pour la plupart, tu es beaucoup moins expansif qu’eux, plus discret. Tu as pas mal fréquenté des gens dans leur genre au final, que ce soit dans ton adolescence puis ensuite à l’université. T’étais le gars qui suit, celui qui fait ce que les autres ont envie que tu fasses pour être apprécié, celui qui parle pas beaucoup non plus. Alors forcément, quand tu te retrouves avec Elijah, on ne peut pas dire que vous soyez trop sur la même longueur d’onde tous les deux. Quand il y a du monde avec vous, ça va, surtout toi qui se fonde dans la masse, mais dès que vous vous retrouvez tous les deux même pour cinq minutes, tu sens bien le décalage. En plus de ça il débarque en parlant de mater des fesses, ce qui n’arrange pas vraiment ta jalousie que tu tentes toujours de contenir tant bien que mal. Il doit bien capter à ton ton que tu te demandes de quoi il parle, il t’éclaircit en te disant qu’ils voulaient juste qu’ils aillent au ciné. « Ok. » réponds-tu simplement, n’ayant aucune idée de si tu dois vraiment le croire ou non. Si Elias te trompait, c’est sûrement à Elijah qu’il en parlerait, tu imagines. Non faut arrêter de se faire des scénarios. Tu reviens à l’instant présent et à l’ami de ton copain qui s’excuse pour son entrée précipitée, il veut même partir du coup. Vu qu’Elias n’est pas là, ça te semble logique qu’il n’ait pas envie de rester, surtout avec toi. « Non t’inquiète, ‘fin, j’suis pas plus chez moi ici que toi. » Tu ne le fous pas à la porte. Et même s’il avait débarqué chez toi, tu ne l’aurais pas mis dehors, parce que t’as pas le caractère pour ça. « Désolé, j’dois donner un cours tout à l’heure et ça me stress un peu du coup j’suis un peu à l’ouest. » ajoutes-tu, sans trop savoir pourquoi. T’es toujours un peu à l’ouest de toute façon.

Quand j'avais rencontré Manny pour la première fois, j'avais pas eu spécialement d'avis sur lui. J'étais juste content de savoir qu'Elias pouvait être heureux. Mais c'est vrai qu'ils étaient différents. Elias était plus .. exubérant. Manny, plus réservé. Il manquait beaucoup de confiance en lui et j'avais l'impression qu'il me considérait un peu comme une menace. Comme si mon côté immature pouvait faire pencher la balance. Mais Elias, il était quand même assez droit et j'cherchais pas à l'influencer. J'étais pas du genre à lui présenter des potentiels mecs qui pourraient lui plaire. Je ne voyais absolument pas l'intérêt et si j'pouvais, j'rassurerais Manny avec ça. Mais j'le connais pas assez pour lui dire ce genre de truc. Alors, j'lui dis juste que le plan que j'avais c'était un cinéma, rien de plus. J'sais pas s'il me croit.

Alors que j'lui dis que j'vais pas traîner pour ne pas le déranger, il souligne qu'il n'est pas chez lui. Il a pas tord, j'avais surtout dis ça parce que je voulais pas m'imposer à lui. Surtout qu'il avait l'air peinard en train de déjeuner. Tout le monde n'a pas envie d'avoir un Bishop aussi surexcité sur moi pendant ce moment calme. J'crois d'ailleurs qu'il n'y avait bien qu'Alexis qui avait les nerfs assez solides pour me supporter au quotidien. Il m'parle de son programme de la journée et ça semble le stresser. J'souris, gentiment. "C'est un cours de quoi que tu dois donner? T'as déjà fait ça ou c'est la première fois?" J'm'avance un peu vers lui et j'décide m'assoir face à lui. J'plante mon regard dans le sien. "T'as devant toi le gars parfait pour t'exercer, j'ai de très loin le pire profil d'élève, alors si t'arrives avec moi, t'arrivera avec les autres!" Je souris. Si j'peux rendre service. Mais pas sûr que Manny est très envie de faire ça. Au moins, j'aurais tenté.

T’as toujours un peu envié ces gars comme Elias ou Elijah qui arrivent à s’imposer, qui sont le centre de l’attention, ou moins une partie du temps, les gens qu’on suit et pas les suiveurs. Tu aurais bien aimé être comme eux, avoir leur assurance et pouvoir exprimer toutes les choses que tu gardes à l’intérieur, toutes les choses que tu aimes sans trop en parler, calquant trop souvent tes goûts sur ceux des autres pour être dans la masse. Tu as bien la musique qui te libère beaucoup, qui laisse ce vrai toi ressortir, laissant de côté ta timidité lorsque tu joues, prenant confiance en toi en oubliant ceux autour. Quand on te voit sur scène et au quotidien, on pourrait croire que ce sont deux personnes différentes. D’un côté le gars qui se donne à fond et qui semble né pour monter sur scène, ne doutant pas de lui, donnant une impression de pleine confiance en lui et de l’autre le gars timide, pas trop confiant, qui se noie dans la foule, qui suit les autres et parle peu. Tu es un peu moins ce gars maintenant, tu arrives plus facilement à dire les choses, à faire ce dont tu as envie et pas ce dont les autres ont envie pour toi, ça c’est pas mal grâce à Elias. Parce qu’il te donne confiance, même si ça fonctionne moins bien qu’il aimerait et parce qu’avoir quelqu’un qui partage ta vie, c’est un vrai coup de boost pour toi. En présence d’Elijah ta confiance se fane un peu mais tu n’es plus ce type qui bafouillait et stressait dès qu’il devait parler à quelqu’un. Ça t’arrive encore mais plus occasionnellement. Tu expliques que tu donnes un cours dans la journée, ce qui explique ton état un peu ailleurs et pas franchement concentré sur sa présence ou votre conversation. C’est un peu une excuse parce que t’es toujours comme ça, la tête dans les nuages. Elijah, plutôt sympa, te questionne sur tes cours. Tu lui souris légèrement avant de répondre à sa question. « C’est mon deuxième. J’encadre des travaux pratiques en microbiologie, j’pense pas que les détails t’intéresse. » Tu sais que pour pas mal de monde ce que tu fais est assez obscur alors tu vois pas forcément l’intérêt de détailler plus. Quand il te dit qu’il n’était pas du genre bon élève, ça me t’étonne pas vraiment. Oui tu as peut-être des préjugés mais tu as du mal à l’imaginer comme le gars sérieux en cours, plutôt comme ton inverse, à bavarder, à jouer les mecs cools au fond de la classe. Toi t’as toujours été bon élève, tes parents ne t’auraient pas vraiment permis de te planter de toute façon, mais tu voulais pas être catégorisé comme l’intello alors tu te mettais pas devant et tu tentais de traîner avec les gens populaires pour te faire une place. « C’est gentil mais les élèves à l’université sont plutôt sérieux, enfin, en TP ils ont pas trop le choix parce que ça compte pas mal dans leurs notes au final. » Ce n’est pas comme les cours classiques où certains ne viennent pas et d’autres n’écoutent pas, en TP ils sont obligés d’être là et de bosser. « Tu veux un truc à manger ? » demandes-tu tandis que tu finis tes œufs, te sentant pas franchement à l’aise devant ton petit-déjeuner tandis que lui n’a rien.

Généralement, j'essayais de m'entourer majoritairement de personnes avec la même énergie que moi. Déjà parce que j'étais un éternel gamin et qu'il fallait être un peu dans le même mood que moi pour me suivre et puis parce que, pour les autres, plus calmes, j'pouvais clairement être épuisant. Cela dit, depuis mes dix ans, j'avais Abigail dans mon cercle d'entourage mais était totalement aux antipodes de ma personnalité. Beaucoup plus calme, réservée, et qui ne supportait pas ni le bruit ni l'agitation. C'était toujours un défi pour moi d'être dans son cercle vital, mais j'avais appris, avec le temps, à me canaliser avec elle. C'était une aubaine d'être amie avec elle, parce que ça me permettait d'être capable de m'adapter en présence de personnes différentes de moi. J'étais pas non plus un gros bourrin qui regarde pas plus loin que l'bout de son nez. Et je savais que Manny n'était pas dans cette énergie débordante dont je faisais preuve au quotidien. Après mon entrée fracassante, dont j'avais le secret, je m'étais un peu calmé, me mouvant dans la vibe de Manny. C'était le matin en plus, il prenait son petit-déjeuné tranquillement, j'pouvais lui imposer la tempête qui bouillait constamment en moi. Manny, il devait donner des cours et c'est probablement ça qui le maintenait dans cet état, un peu .. ailleurs. C'était du moins son explication. J'm'y intéressais un peu et je souris à sa réponse. Wahou. Manny était clairement un intellectuel, ce genre de mots "micro-biologique" et "travaux pratiques" c'était très loin de mon monde. "C'est pas tant que ça m'intéresse pas, c'est plutôt que c'est .. incompréhensible pour moi tu vois?" Je ris un peu. J'avais vraiment pas peur de passer pour un con. J'en étais un, alors autant être lucide sur sa propre personne. J'lui avais proposé, surtout en rigolant, de s'exercer sur moi. Capter mon attention plus de trois minutes, c'était clairement un exploit. Mais visiblement, les élèves de Manny était bien plus disciplinés que moi. Cela me réconfortait dans l'idée que j'avais bien fait de ne pas faire d'études supérieures. Je n'avais pas le profil scolaire. J'avais toujours été le clown, du fond d'la classe, qui ne fait aucun effort et qui s'en sort toujours sur le fil. Après le lycée, je n'avais absolument pas tenter d'aller plus loin. J'en avais clairement eu ma dose. La vie active, c'était beaucoup plus adapté pour moi. Qui plus est dans une station service, les efforts cognitifs étaient plus restreints. "Tant mieux alors, ça devrait bien se passer, j'en suis sûr." Manny me propose un truc à manger. Il est vraiment gentil comme gars. J'lui souris et je hausse peu les épaules. "J'veux pas te déranger Manny, mais si t'as un café, j'suis preneur." J'étais assis face à lui. Quitte à rester un peu , autant lancer une discussion. J'étais pas toujours hyper à l'aise, mais c'était toujours mieux qu'au début. "Ca se passe toujours bien avec Elias?" que je demandais sincèrement. Leur histoire, j'm'y intéressais, premier degré. Le bonheur d'Elias m'importait énormément et je savais que Manny y contribuait fortement.

A parler de tes futurs cours face à Elijah, ça te donne l'impression de devenir l'intello que tu as toujours évité au maximum de devenir. Tu pouvais pas cacher tes bonnes notes et d’être dans le groupe de ceux qui ont les meilleures moyennes, mais tu essayais de ne pas laisser transparaître le reste aux yeux des autres. Tu ne voulais surtout pas être répertorié comme un intello, parce que tu ne voulais pas être rejeté. C'est bien connu, les premiers de la classe n'ont pas d'amis et se font harceler, non ? Avec tes a priori et ton envie de te fondre dans la masse, tu as probablement loupé quelques belles amitiés avec des gens bien plus proches de toi et avec lesquels tu n'aurais pas eu à faire semblant d'être quelqu'un d'autre. Des types comme Elijah, c'est clairement le genre avec lequel tu voulais être amis ou du moins dans le cercle d'amis, de gens avec qui traîner, histoire de pouvoir profiter de leur coolitude pour qu'elle te retombe aussi un peu dessus. « C'est pas compréhensible pour pas mal de monde. Quand t'es dedans ça te paraît simple mais à expliquer aux autres ça devient plus compliqué. » Expliques-tu en espérant tout de même bien expliquer les choses à tes étudiants. Heureusement les tps sont bien plus concrets et plus simples, à tes yeux, à faire comprendre plutôt que d'expliquer des notions théoriques complexes. Car si les étudiants sont dans le domaine, ils ne sont pas aussi spécialisés que toi et n'ont pas encore ton niveau. Tu souris lorsqu'Elijah te rassure en disant que ça va aller. Tu espères qu'il a raison et que ce groupe là sera aussi simple à gérer que le précédent. Tu lui proposes de manger ou boire un truc, il te demande un café. Tu hausses un sourcil en répondant, toujours ce petit sourire aux lèvres « T'es sûr que t'en as besoin ? » Tu ne dis pas ça méchamment mais c'est ta manière de faire de l'humour, parce que de ce que tu peux voir de lui, ce n'est pas vraiment l'énergie qui lui manque, alors tu n'imagines pas avec un café en plus. Mais tu te lèves quand même pour lui faire un café, tandis qu'il te pose une question qui te fige un instant. Heureusement que tu es tourné pour ne pas qu'il voit ta tête parce qu'il se moquerait de toi c'est sûr. Tu paniques, oui juste parce qu'il te demande si ça va avec Elias. Alors que ça n'a rien d'extraordinaire puisqu'Elias c'est la seule chose que vous avez en commun globalement. Mais tu ne peux pas t'empêcher de te dire que s'il demande ça c'est parce qu'il sait des trucs, parce qu'Elias compte te larguer et qu'il ne l'a pas encore fait. Surtout que tous les deux, vous n'êtes pas vraiment au top dans votre relation. Avec les nouvelles études de ton copain, ses soirées et toi ta nouvelle activité de drag dont tu ne lui as pas parlé, vous ne faites presque plus que passer vos nuits ensemble et ça te pèse pas mal, d'autant plus que tu meurs de jalousie de savoir qu'il passe ses soirées avec tout un tas d'autres gens, de mecs pas hétéro bien mieux que toi notamment, et d'inquiétude qu'il puisse foirer ses études au passage avec ses sorties. « Oui…enfin je crois. » Finis-tu par répondre, te demandant intérieurement si Elijah sait des trucs que tu ignores. « Pourquoi ? Tu sais des trucs ? » Tu n'as pas fait que le penser finalement.

Manny et moi, on était le jour et la nuit. Il avait ce truc que je n'avais pas. Appelées l'intelligence, la culture, l'éducation. Cela dit, ça ne m'avait jamais dérangé de côtoyer des gens avec un niveau d'étude supérieure au mien. J'faisais bizarrement aucun complexe d'infériorité. J'me sentais juste un peu con des fois. Mais c'était pas exclusivement en rapport avec les études. C'était surtout mon côté immature, un peu gamin, qui ressortait souvent, et ça m'arrivait souvent d'me taper un peu la honte, de passer pour un idiot. Comme la fois où j'étais entré en trombe chez Lewis et que j'avais parlé bien fort de ma partie sur Animal Crossing et que mes yeux s'était posés sur ceux de Leyla. Ou comme aujourd'hui, quand j'étais encore entré comme une bombe chez Elias lui parlant du fessier de Brad Pitt et que j'étais tombé sur Manny. Définitivement, il fallait que j'arrêter d'entrer comme ça chez les gens, sans prendre la peine de savoir qui était à l'intérieur. Mais j'avais toujours fais ça. Et j'crois que le plaisir que ça me procurait valait bien la petite gênance qui suivait. De toute façon, j'étais comme ça, les autres devaient faire avec. Cela dit, Manny avait raison, une fois qu'on était expert dans un domaine, ça semblait toujours compliqué de l'expliqué aux autres. Alors que pour soi, ça paraissait évident. Je hochais la tête. "Ca parait évident. Il y a tellement de trucs spécifiques. C'est pour ça qu'il faut que des gens comme toi donnent des cours." J'lui souris. Il en fallait bien des gens pédagogues. Encore une chose dont je serais absolument incapable. Ma patience était très très limitée. Quand quelque chose me saoulait, j'avais tendance à tout balancer dans un coin et passer à autre chose. J'étais définitivement pas un exemple à suivre. Manny me proposait de l'accompagner pour son petit déjeuner. J'acceptais un café. J'ris à sa réflexion. "J'te promets que j'vais me tenir. J'fais déjà beaucoup d'effort là, t'as pas idée." J'souris puis j'le vois se lever. J'en profite pour lui demande si ça se passe bien avec Elias. C'est pas un truc dont on parle beaucoup avec lui. Enfin, si, on aborde le sujet, c'est pas tabou, mais on s'voit pas tant que ça. Notre amitié, elle est solide, ça c'est certain. Mais on s'contente de suivre les histoires de coeur de l'autre avec un peu de distance. Alors, à ce moment là, j'sais pas tellement ce qui se trame entre eux. C'était surtout dans une espèce de politesse que j'lui avais demandé ça. Parce que le truc qu'on avait en commun, c'était lui. J'attends sa réponse. Il a pas l'air convaincu. Merde. J'ai peut-être mis les pieds dans le plat. C'était pas volontaire d'le mettre mal à l'aise. Finalement, il me demande si je sais des trucs. J'ouvre grand les yeux en secouant la tête. "Bah, non, enfin rien que toi tu sais pas." Merde, c'est quoi là? Un piège? J'crois que Manny ne me fait pas confiance et ne se fait pas confiance non plus. "On parle pas souvent d'votre relation en détails tu vois. J'sais juste que vous êtes ensemble, j'demandais juste ça comme ça." J'espérais pas qu'il était en train de penser que Elias me confiait des trucs secrets et que j'en savais plus que j'aurais du. J'étais pas du genre à faire des ragots. Moi, c'qui m'importait, c'est qu'mon pote soit bien, heureux. Tant qu'il ne venait pas me trouver et me dire par lui même des choses, j'étais pas du genre à vouloir tout savoir. En fait, j'étais une fouine qu'avec les histoires d'Alexis. Parce que, elle, avec mes histoires, elle était pire.

T’as jamais eu pour ambition d’être prof. Parler devant des gens, ça a toujours été une grande source d’angoisse pour toi alors tu as choisi des études où tu pourrais être tranquillement dans ton laboratoire avec deux trois collègues mais sans plus. Parfois tu assistes à des conférences mais tu n’as jamais eu à en faire une ou à présenter quelque chose devant du monde. C’est aussi une des raisons pour lesquelles tu n’as pas poursuivi vers un doctorat, parce qu’il aurait fallu que tu fasses des présentations, parles à des gens du monde entier et finisse par un grand oral qui déterminera l’avenir de trois ans de travail. Pour certaines personnes ça peut sembler très cool, mais pour toi c’était plus une source d’angoisse qu’autre chose. Finalement ton travail à mi-temps à l’université a débouché vers une proposition d’emploi à temps complet avec l’ajout dans tes missions de dispenser quelques tps à des étudiants en biologie et microbiologie. Tu as accepté la proposition même si l’appréhension à l’idée de se retrouver devant des étudiants et devoir les aider, leur poser des questions et qu’ils t’en posent, était présente et l’est toujours puisque tu n’es qu’à ta deuxième séance. « Il faut que des gens plus compétents que moi donnent des cours. » le corriges-tu, n’estimant pas être toi-même suffisamment doué dans ton domaine et suffisamment pédagogue pour être compétent pour donner des cours avancés. Tu vas ensuite lui préparer un café, lâchant une petite blague au passage, Elijah te répondant qu’il fait déjà beaucoup d’efforts pour se tenir. Tu n’en doutes pas, vous avez tous les deux de l’hyperactivité en vous mais qui ne s’exprime pas du tout de la même manière, lui il bouge dans tous les sens et parle à tout va alors que toi tu as plus tendance à te perdre dans tes pensées, à tout oublier et vouloir faire mille choses en même temps. Tu aimerais bien lui ressembler un peu, pouvoir débarquer quelque part et être tout de suite à l’aise, parler aux gens et que les gens t’apprécient. Tu aimerais avoir sa confiance. « J’imagine, on verra si t’arrives encore à te contenir avec un café alors. » dis-tu avec un sourire avant de te retourner vers la machine à café. La discussion dérive ensuite vers l’une des seules choses que vous avez en commun, à votre connaissance, Elias. Toi tu ne peux t’empêcher de tout interpréter de travers, persuadé que votre histoire arrive à sa fin et qu’il va te larguer du jour au lendemain. Elijah te rassure à moitié, il te dit ne pas savoir de trucs en plus - mais bon il pourrait mentir et en même temps il te dit qu’avec Elias ils ne parlent pas vraiment de toi et de vous. Du coup tu ne peux t’empêcher si ton copain a honte d’être avec toi, oui c’est un cercle sans fin (un cercle quoi). « Ah d’accord…bah du coup non y’a rien de spécial, j’imagine. » Avec ton enthousiasme débordant du moment on pourrait croire que tu n’es pas vraiment heureux d’être avec Elias alors que depuis que tu le connais, tu as jamais été aussi épanoui et aussi stressé, parce qu’il y a toujours ces petites phrases qui reviennent dans ta tête et qui te font douter de tout, qui te font te dire que ton petit moment de bonheur arrive à sa fin, qu’Elias sort plus le soir pour éviter de passer du temps ennuyeux avec toi, alors qu’il ne t’a jamais rien dit de tel. 

Manny, il avait ce don pour se dévaloriser. J'levais un peu les yeux au ciel quand il corrigeait ce que je venais de dire. Je secouais alors la tête un peu. "Si on t'a donné cette responsabilité, c'est que t'es à la hauteur, alors ne doute pas de toi!" J'étais peut-être pas le mec le plus intelligent du monde (sans aucun doute d'ailleurs) mais je débordais d'une confiance en moi. C'était peut-être assez paradoxal, puisque d'une manière tout à fait objective, je n'avais pas tellement de quoi être confiant. Je n'avais pas de niveau d'étude, j'avais un petit boulot qui n'était pas très gratifiant, la plupart du temps, j'me tapais la honte auprès des gens que j'voulais impressionner et c'était à peu près tout. C'était peut-être de mon insouciance que j'puisais ma confiance. J'saurais pas trop dire. J'me posais pas trop de questions, j'me laissais porter par la vie. L'anxiété, les remises en question, les pensées qui ruminent, ça m'était totalement inconnu. J'avais juste une énergie débordante, incontrôlable, qui me poussait à être souriant, gesticulant et donc par extension: sociable et sympathique au premier abord. Ca me suffisait. J'accrochais avec pas mal de monde différent et j'dois dire que c'était pas désagréable de parler avec Manny. Il me faisait penser à Abi, ma voisine, qui était d'un tempérament très calme et avec qui j'avais appris à me canaliser un peu. En parlant de mon énergie, Manny avait voulu s'assurer si je voulais vraiment un café. Ca m'avait fait rire. Je hochais la tête à sa phrase. "C'est promis Manny." On était toujours le matin, c'était toujours le petit déjeuner, fallait que j'respecte ça. Même si, c'était dur de ne pas bouger dans tous les sens. Cela dit, le simple fait que Manny soit lui, calme et tranquille, ça m'aidait beaucoup. J'lui avais posé une question par rapport à Elias. Ca l'avait un peu figé. J'm'en voulais de l'avoir mis dans l'inconfort comme ça. C'était vraiment pas mon but. J'pensais juste prendre des nouvelles de leur couple. Mais j'crois que la moindre de mes prises de paroles au sujet d'Elias faisait s'activer tout un tas de pensée dans son esprit. Je hochais la tête à sa réponse. Manny ne débordait pas d'expressions, c'était difficile de le comprendre. Moi qui était plutôt très expressif. Encore une fois, on était vraiment le jour et la nuit. J'le regardais, un brin amusé quand il revint vers moi avec le café. "T'es un sacré mystère pour moi, Manny, tu sais ça?" C'était pas méchant, loin de là. C'était juste la vérité. Et quitte à être avec lui, autant être sincère, tenter de briser la glace.

Même s’il te connaissait pas tant que ça, Elijah essayait de te rassurer et tu trouvais ça sympa de sa part. Quand tu as pris ce nouveau boulot, on t’a dit que plus tard tu pourrais peut-être donner des vrais cours, en plus d’encadrer des tps. Toi tu t’étais dit que ça n’arriverait pas parce que tu n’as pas le niveau mais si tu y regardais deux minutes avec un peu plus d’objectivité, tu verrais que tu as tout à fait le niveau nécessaire pour ça. Les personnes qui t’ont engagé te connaissent bien, ça faisait déjà un moment que tu bossais au labo à mi-temps avant qu’on te propose un temps complet. Elles savent que tu es compétent, même si tu peux être maladroit et tête en l’air, t’es loin d’être nul ou débile, mais bon ça, ça a du mal à rentrer dans ta petite tête. Tu vois seulement les reproches qu’on peut te faire parfois et pas tous les compliments à côté, quand on te remercie d’un rapport que tu as bien construit, que tu as des résultats précis ou une bonne idée pour faire avancer le projet. Tu hoches simplement la tête au compliment d’Elijah, ne sachant jamais comment les accueillir. Au moins tu ne le contredis pas, c’est un progrès par rapport à quelques années en arrière. Tandis que tu lui fais un café, le jeune homme t’assura qu’il arrivera à se tenir une fois qu’il l’aura bu. Tu attends de voir. Enfin de toute façon, d’ici à ce qu’il fasse effet, tu seras probablement parti alors il pourra sauter au plafond, tu ne verras rien. Quand le sujet d’Elias arrive sur la table, tu te crispes un peu et tu es bien content d’être retourné pour ne pas qu’il puisse lire en toi toutes les émotions qui te traversent. Si tu n’es pas très bavard, tu es plutôt expressif et il n’est pas compliqué de voir ce que tu ressens. Tu es le genre qui montre ses émotions, même si c’est malgré toi. Quand tu reviens avec le café, que tu lui donnes et te rassois à ta place, Elijah te dit que pour t’es un mystère. Tu te demandes pourquoi il dit ça, toi tu n’as pas l’impression d’être spécialement mystérieux. La seule chose qui te vient en tête c’est que c’est un mystère pour tout le monde de pourquoi Elias est avec toi alors qu’il pourrait clairement avoir mieux, oui encore une fois tu t’imagines des choses très positives ! « Pourquoi ? » demandes-tu honnêtement. « Je suis pas très mystérieux. » ajoutes-tu en haussant les épaules.

Plus le temps avançait et plus j'me sentais à l'aise avec Manny. Même si, par le passé, sa présence avait pu me refroidir un peu, j'me rendais compte que c'était vraiment quelqu'un de sympa. Il avait probablement beaucoup d'anxiété, ça c'était indéniable, mais ça n'en restait pas moins quelqu'un de vraiment gentil. Ce n'était pas pour rien qu'Elias était tombé amoureux de lui. Et ce petit moment qu'on avait ce matin là, à partager un café, bah ça m'apprenait à le connaître un peu mieux. J'me sentais plus à l'aise avec lui et j'crois qu'on était tellement différent qu'il fallait probablement du temps pour qu'on s'apprivoise tous les deux et j'me sente détendu avec lui. Quand j'étais en présence de personnes trop calmes, ça me foutait comme des barrières, comme si j'me sentais en trop, envahissant, et j'aimais pas spécialement renvoyer ce genre d'image de moi. Alors j'me calmais, mais du coup, j'étais plus tellement moi même. Manny avait finit par me rejoindre à la table accompagné d'un café. J'en avais profité pour lui dire qu'il était un mystère pour moi, avec un sourire aux lèvres. C'était pas méchant, c'était pas provocateur, c'était juste sorti tout seul, parce que c'est ce que je pensais. J'prends la tasse de café entre mes mains et j'regarde Manny qui s'interroge suite à ma prise de parole. Je souris. "C'est pas méchant hein." J'marque une pause et je le regarde. "T'es mystérieux dans l'sens où j'arrive pas tellement à savoir ce que tu penses tu vois." J'tentais de trouver les mots, pour traduire au mieux ce que j'avais dans la tête. "On s'connait pas trop toi et moi, et parfois, bah j'ai juste l'impression que tu me prends pour un idiot. Et t'as pas tord, j'dis pas le contraire." Voilà, c'était sorti. En fait, avec Manny, j'avais l'impression d'être l'idiot de service, parce qu'il semblait tellement plus cérébral Manny. Il faisait les choses avec réflexion, il parlait pas pour rien dire. Et moi, j'me sentais parfaitement l'opposé de ça. C'était en ça qu'il était un mystère Manny. Parce qu'en fait, j'avais pas l'habitude de côtoyer des gens comme lui. (J'dis pas que mes potes sont des idiots, mais bon, Beck et Elmo, c'était pas les plus cérébrales de Bowen quoi.)

Le fait d'être mystérieux, tu n'imagines pas que ce soit quelque chose qui te caractérise. Pour toi les gens mystérieux sont plutôt stylés, ont du succès et sont un peu inaccessibles et du coup tout le monde veut être avec eux. Toi tu as l'impression d'être tout le contraire de ça, tu te vois comme un gars banal qui n'a pas vraiment de choses à raconter et qui cache pas de grandes choses derrière une carapace. Alors forcément quand Elijah te qualifie de mystère, tu es étonné et imagine forcément quelque chose de négatif. Il te rassure tout de suite en te disant que ce n'est pas méchant, si ça l'était, est-ce qu'il te le dirait ? Il continue à t'expliquer un peu plus sa réflexion et ton étonnement est toujours là. Tu gardes beaucoup de choses pour toi, tu n'es pas très bavard et tu te perds souvent dans tes pensées. Peut être que les gens te trouvent un peu mystérieux parce que dans les conversations de groupe tu ne dis pas grand chose alors qu'en fait les trois quarts du temps tu n'écoutes pas et tu es la tête dans les nuages. Tu laisses Elijah poursuivre et c'est alors qu'il t'avoue qu'il a l'impression que tu le prends pour un idiot. « Oh ! » lâches-tu, étonné et un peu triste qu'il puisse penser ça. Tu ne t'imagines pas être un gars très intelligent, tu as fait des études, tu es sérieux mais tu ne te sens pas au-dessus des autres pour autant. Mais des fois tu te montres peut-être hautain sans le vouloir, sans avoir l'intention de rabaisser les autres. Tu as un humour un peu particulier qui ne passe pas forcément avec tout le monde et tu gardes tes blagues pour toi la majorité du temps. « Non, je pense pas ça…je…je sais juste pas trop comment faire avec les gens je pense. Je suis pas aussi à l'aise que toi alors…je sais pas, j'essaie peut-être de rire mais c'est juste méchant en fait. » Tu n'essaies pas de te dédouaner, juste de comprendre pourquoi il peut ressentir ça alors que toi tu ne penses pas qu'il soit idiot. Il n'est peut-être pas le meilleur à l'école mais pour toi l'intelligence ne se résume pas à ça. Certes tu sais plein de trucs complexes sur les bactéries mais tu as toujours du mal à maintenir une conversation correcte avec des gens que tu connais pas trop, être bon à l'école ne fait pas tout. « Désolé, c'était pas mon intention que tu penses ça. »