#06 - blood dries on the sparkling lead paint (gabriela)

C'était un après-midi tranquille, au café. L'automne était aux portes de l'Australie, pourtant, dans quelques semaines la saison changerait et les températures préparaient déjà les habitants. C'était généralement la haute saison pour les cafés à toute heure de la journée. Bon, ce n'est pas Elmo qui s'en plaindrait, il aimait bien pouvoir s'asseoir sur son tabouret derrière le comptoir, et littéralement ne rien foutre. Là, il s'était inventé un petit jeu, il comptait le nombre de feuilles dans la plante suspendue à l'autre bout de la pièce. Palpitant. Comme il n'y avait pas grand monde, il était tout seul, alors forcément il commençait à manquer un peu d'imagination, après deux heures à attendre. Enfin, la porte s'ouvrit, et même s'il aimait bien ne pas bosser, il ne pouvait nier que ça lui ferait du bien de parler avec un autre être humain, ne serait-ce que pour deux minutes. Quelle ne fut pas sa surprise, cependant, lorsqu’il tourna la tête vers la porte d'entrée et découvrit Bella Garcia, son ex, qui s'avançait vers lui - enfin, il pensait qu’il s’agissait de Bella. « Mais qu’est-ce que tu fais ici ? » Avait-il lâché sur le coup de la surprise et de la colère, de la colère parce qu’il avait enfin réussi à passer à autre chose. Il avait enfin réussi à passer par-dessus la rupture, par-dessus son coeur brisé, et à se remettre à fréquenter des filles. Bella, elle l’avait brisé, et elle n’avait pas le droit de revenir le hanter en personne. Elle l’avait assez hanté en pensées comme ça, dans la dernière année. Cependant, en prenant bien le temps de scruter la jeune femme qui se tenait devant lui, l’italien réalisa qu’il ne s’agissait pas de Bella. C’en était presque le portrait tout craché, mais non. Comment aurait-il pu réagir autrement, toutefois, en pensant que c’était son ex qui frappait à sa porte après tout ce temps, après avoir fichu le camp à l’autre bout du Queensland ? À noter qu'Elmo ne connaissait pas Jules, il y a sept ans, alors il n’avait jamais pu rencontrer son ex. Et disons que Jules ne passait pas sa vie non plus à parler de ses anciennes relations. Elmo n’avait jamais vu de photographie, jamais eu de description de sa personne. Il ne connaissait que vaguement son prénom pour avoir entendu Jules en parler à certaines occasions lorsqu’il racontait des anecdotes, mais sans plus. Même pas assez pour qu’Elmo s’en souvienne par lui-même, de ce prénom. Mais ce visage. Ce visage il aurait juré que c’était celui de son ex à lui. Elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à Bella, il n’y avait que certains traits qui pouvaient le convaincre que ce n’était pas elle qui se tenait maintenant devant le comptoir, un peu déboussolée évidemment, face à la réaction peu acceuillante du barista.