en apesanteur - leewana

Spoiler:

Je ne pensais pas avoir des talents de comédienne, mais il semblerait que je ne me débrouille pas trop mal. Merci à mon imagination débordante, je suis hilare, faire semblant d’accoucher c’est un art et ça me rappelle mon propre accouchement. Dieu que ce n’était pas comme ça par contre, je me souviens encore de la douleur fulgurante, la déchirure et ensuite le bonheur de tenir ma fille dans mes bras. Elle était magnifique et elle est devenue une femme époustouflante. Je souris au jeune homme qui partage cette aventure avec moi. “Merci… ” Dis-je les joues rougissantes sous le compliment. Je me laisse tomber sur le sol et il vient me rejoindre, prenant garde de ne pas se poser dans l’eau. Rendu ou j’en suis, même si je fini trempé ça ne me dérange plus vraiment. “Au moins, on aura essayé quelque chose, mais d’après moi on aura pas besoin d’attendre aussi longtemps. Je me demande juste la réaction qu’ils vont avoir quand ils vont comprendre qu’on les a menés en bateau.” J’appuie ma tête contre le mur avant de tourner le regard vers lui. Je hoche doucement la tête. “J’ai une grande fille, mais on oublie jamais un accouchement, même quand ils sont rendu à vingt ans.” C’est quelque chose qui nous reste gravé en dedans, impossible d’oublier une douleur comme celle-là, ni la joie de serrer notre petit dans nos bras. “Je l’ai eu beaucoup trop jeune, j’imagine déjà le questionnement, t’en fais pas je sais que c’est surprenant. Toi tu es père aussi ? ” Il me paraît tout jeune encore, mais je ne suis plus surprise de rien, après tout j’ai eu ma fille à quinze ans, il n’y a rien d’impossible.

Sur le coup, tout ça me semblait être une bonne idée pour faire bouger les choses rapidement. Juste ensuite, j’ai un sentiment de culpabilité qui arrive, me demandant ce qu’ils vont faire lorsqu’ils s'apercevront de la supercherie. “Heureusement que je ne porte pas de talon haut aujourd’hui. Alors on se tient près à courir pour notre vie ! ” Je repasserai une autre fois et je ne prendrais plus jamais cet ascenseur de malheur. Bon, j’aurais pu tomber sur un partenaire de mésaventure plus désagréable ou quelqu’un qui ignore l’usage du déodorant. Je dois avouer que Ari est plutôt sympathique et qu’il est agréable de lui parler, c’est simplement dommage que notre rencontre se fasse de cette façon. Nous parlons d’enfant rapidement, sujet commun que tous les parents trouvent ensemble, rien de plus normal. Je lui avoue que j’ai une grande fille de vingt ans, lui faisant comprendre d’office que j’ai eu ma fille à un trop jeune âge. « Je pense qu’on est jamais prêt, ça arrive sans même qu’on s’en rende compte ! » Je lui souris et je serre sa main doucement avant de la poser sur mes jambes étendues devant moi. « Rassure toi, même si le temps défile à une vitesse folle, tu as encore le temps et les choses se font progressivement. Six ans, c’est un bien bel âge encore ! J’ai adoré ces années avec la mienne. Comment s’appelle ta fille ? » Au moins en parlant ainsi, le temps nous parait un peu moins long. Je soupire et sort mon portable de mon sac à main pour voir si je n’ai pas reçu de message entre-temps. « Je me demande qu’est-ce qu’ils font pour que ce soit aussi long ! »

Oh merde, je n’avais pas pensé à ça…. Si tout le monde nous attend à la porte de l’ascenseur parce que j’ai eu la brillante idée de simuler un accouchement. Je pose ma main devant ma bouche, me sentant un peu coupable maintenant d’avoir fait ça… “J’espère que non, je vais me sentir vraiment idiote si c’est le cas.” C’était drôle sur le coup, c’était même la première idée qui m'était venue en tête pour nous faire sortir d’ici plus rapidement. Bon, on pourrait croire que ça n’a pas changé l’ordre de priorité d’appel pour le moment. Je savais exactement la sensation qu’un accouchement pouvait faire en ayant déjà passé par là plus jeune, trop jeune même quand on y pense à quinze ans on est pas prêt à vivre ça. Puis le sujet dérive automatiquement vers nos enfants. “Elle s’appelle Maddie. Ma petite précieuse…” Ma fille est mon plus beau joyaux, il m’est arrivé de passer des heures à la regarder dormir, tellement je la trouvais parfaite, sans comprendre comment j’avais pu faire une si belle enfant et une si merveilleuse personne. Je tente de rassurer le jeune homme et je hoche la tête pour lui confirmer que le tout va progressivement. Je pose une main sur son bras pour le réconforter. “Tu sais, on est jamais prêt à devenir parent, même quand on a neuf mois pour se préparer. Tu vas t’en sortir ne t’inquiète pas, l’important c’est l’amour et ta fille va comprendre. On ne peut pas être parfait, on commet tous des erreurs, c’est pas grave tu sais. ” Je ris doucement et je secoue la tête. “T’en fais pas ça ne me dérange pas et si ça peut te rassurer, ma fille a grandi sans père. Un seul parent est suffisant, t’en fais pas, je peux ressentir l’amour que tu as pour ta fille, ça se ressent. Tout va bien aller pour toi.” Je lui fais un petit sourire, bien sûr que j’ai fait de nombreuses erreurs avec ma fille. Aujourd’hui, on est plus proche que jamais (que je pense parce que je ne suis pas encore au courant de ses secrets). “Aucune idée, je ne sais même pas on est bloqué à quel niveau… Ça commence à faire long.” Je grimace… Je ne suis pas claustrophobe, mais je ne suis pas à mon aise ici.