i don't wanna lose control, tryin' every day when I hold my breath, spinnin' out in space pressing on my chest (hugo)

leyla & hugo  

Breathe in, breathe out. J'essaie fort, j'essaie de respirer, mais je sens que ma poitrine se contracte. Je sens que ma vision se trouble un peu, mes yeux se remplissent de larmes. J'ai le souffle court, je me sens complètement perdre le contrôle de mon corps. What the fuck is happening to me? Est-ce que je fais une crise de coeur?

J'étais à l'entrainement de soccer, je faisais des passes avec une autre joueuse. Tout allait bien. C'était une belle journée, on avait du plaisir, on riait même. Je ne sais pas à quel moment ça a basculé. J'ai entendu un bruit sourd, vraiment intense. Comme un coup de feu. C'était clairement pas ça sinon je n'aurais pas été la seule en panique. Ma coéquipière avec qui je faisais des passes s'était inquiété de me voir comme ça et m'avait amené de force dans sa voiture pour aller à l'hôpital après que je lui aie dit douze fois sin ambulancia, sin ambulancia! Le message était clair, mais elle tenait à ce que je vois un médecin parce que selon elle ''j'avais l'air un peu en train de faire une crise cardiaque''. Rien pour améliorer mon état. Dans la voiture, j'ai les yeux fermées. Je me concentre sur la douleur dans mon thorax, on dirait presque que je suis paralysée. On arrive à l'hôpital un peu en trombe et elle accroche le premier médecin qu'elle voit passer. « Estoy muriendo » dis-je en lui agrippant le bras. « Por favor. » rajoutai-je les yeux pleins d'eau. « Euhhhh, on pense qu'elle meurt. D'une crise cardiaque, genre. » lui lança ma coéquipière pour traduire. J'hochai de la tête, fermant mes yeux à nouveau alors que je cherchais toujours mon souffle.

Tu te promenais dans le couloir quand on t’arrêtait presque brutalement alors que t’allais simplement porter un dossier à une secrétaire médicale pour une histoire d’assurances. Tu l’entends dire qu’elle était en train de mourir en espagnol et elle t’implorait. Son amie te regarde et pense à une crise cardiaque. Mais à quel point les gens ne sont pas éduqués? Silencieusement exaspéré, tu prenais une chaise roulante non loin et tu amenais Leyla dans une salle d’examen. Tu t’abaissais à son niveau pour lui parler « Como te llamas? » que tu lui demandes dans un premier temps. Tu suspectes déjà la fameuse crise de panique et tu lui rappelles simplement : « Inhalas, exhalas conmigo. » Tu la fais inspirer et expirer avec un signe de main doucement. « Si, esta bien. Otra vez conmigo, Leyla. » que tu dis en connaissant maintenant son prénom. Une fois que tu la trouves plus calme, moins en panique. « ¿ Qué pasó? » Tu lui demandes avec tes grands yeux, plein d’empathie à la recherche des siens.

leyla & hugo  

C'était la première fois que j'expérimentais une sensation du genre. J'avais développé de l'anxiété au fil des ans et oui, ça s'était empiré depuis que j'avais quitté le Chili, mais jamais un truc du genre. C'était vraiment comme si j'allais mourir. J'étais hyper reconnaissante à ma coéquipière de m'avoir pris en charge comme ça. Je ne m'étais pas fait beaucoup d'amies encore dans l'équipe, seulement des connaissances, mais c'était bien de savoir que je pouvais compter sur elles. Dès mon arrivé à l'hôpital, elle accrocha un médecin qui semblait sur son air d'aller pour une pause p'tête. Dans tous les cas, il me prit vite en charge avec aucune once de panique dans sa voix. Il devait en avoir vu d'autres. Il me mit dans une chaise roulante et m'amena dans une salle d'examen. « Leyla. » lui répondis-je, surprise par le fait qu'il parle espagnol. Je suis son lead et inspire, expire avec lui comme il me dit. Je sens mon rythme cardiaque descendre un peu, je me sens même un peu plus calme. Ma respiration revient tranquillement à la normale et j'essuyai une petite larme qui roulait le long de ma joue. Je sens qu'il me regarde, mais moi je me sens un peu embarrassée de tout ça. « No se... Je... Je sais pas. J'me sens mieux. » dis-je de façon précipitée tout en évitant son regard. « Merci Docteur....? » demandai-je en cherchant son nom.

Elle s’appelait Leyla. Tu avais ponctué tes paroles de son nom et tu la sens redevenir calme. Tu vois ses larmes rouler sur ses joues et tu prends un mouchoir que tu lui tends bien gentiment avec un petit sourire bienveillant. Elle t’expliquait qu’elle ne savait pas, mais qu’elle se sentait mieux. Tu hochais la tête positivement. « Patridge, Hugo. » Que tu lui dis calmement. « J’aimerais toutefois faire un examen de routine, juste pour m’assurer qu’on ne passe pas à côté de quelque chose de majeur… » que tu lui dis en plaçant ton stéthoscope dans tes oreilles pour aller vérifier ses respirations via sa poitrine et via son dos. Rien d’alarmant à première vue. « Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu aies cette réaction? » que tu lui demandes avec douceur. Tu lui fais passer quelques tests de routine faciles et rapides en même temps.

leyla & hugo  

N'étant plus au précipice de la mort, je n'avais plus envie d'être à l'hôpital. Tout ce qui pouvait être fait pour moi avait été fait et maintenant, je souhaitais rentrer chez Selma. Le médecin me tendit un mouchoir que je pris entre mes doigts avant d'essuyer les quelques larmes qui coulaient. Il mentionna son nom de famille, puis son prénom. Je n'étais pas certaine de comment l'appeler. Hugo? Docteur Hugo? Docteur Patridge? « Merci docteur Hugo Patridge. » c'est finalement ce qui sorti de ma bouche. Ça faisait plutôt officiel hein. Il voulait faire un examen de routine. Ça me stressait un peu, je n'étais pas allée chez le docteur depuis un bon moment. « Euh... Okay. » dis-je en hochant la tête. Je sens son outil de travail un peu froid dans mon oreille, puis dans mon dos alors qu'il me posait une question. « J'étais à ma pratique de soccer et j'ai... J'ai entendu un bruit. Comme un coup de feu. » dis-je un peu hésitante. Je frottai mon visage avec mes deux mains en soupirant. « C'était pas ça, je le sais maintenant. » dis-je finalement, me sentant un peu bête. « J'imagine donc que je n'étais pas en train de mourir... Comment ça s'appelle? » demandai-je en relevant les yeux vers lui. Le nom en anglais m'échappait.

Elle te remerciait avec ton nom complet et tu te mettais à rire de bon cœur. « Me voilà heureux de ne pas vous avoir donné mon patronyme complet! » Hugo Estefan de la Cruz Patridge. Ouais, c’était ça sur les documents officiels. Heureusement, y’en avait pas des tonnes et tu pouvais aisément menacer quiconque t’embêtait un peu trop avec ça. Tu observes ses yeux puis chaque partie du corps à mesure qu’elle avance dans ses explications. Tu regardes ses réflexes et tu te sauves d’un bon réflexe bien aiguisé. « On dirait que tout va bien ici… » Que tu dis en riant. Elle avait entendu un coup de feu. Tu la regardais dans les yeux. « C’est quelque chose que tu as déjà entendu, des coups de feu? » que tu lui demandes directement en fonction de ce qu’elle te disait. « À première vue, je dirais une crise de panique ou une crise d’angoisse… » Tu prenais ton pad de prescriptions, prêt à lui en faire une sur-le-champ. « Tu as déjà consulté des professionnels de santé mentale? Un psychologue par exemple…? » Tu te doutais que de trouver un professionnel qui parle espagnol allait se révéler ne pas être simple, mais elle avait besoin d’aide. Clairement.

leyla & hugo  

Le docteur arriva à me faire rire. C'est vrai que de l'appeler par son nom complet, c'était bête un peu, mais j'avais l'impression que de l'appeler seulement ''docteur'' c'était hyper impersonnel. Genre, n'importe qui pouvait répondre à ce nom dans l'hôpital. Puis juste Hugo? Un peu irrespectueux pour son titre, non? Donc ouais, tout son nom c'est ce qui était sorti de ma bouche. Il observait mes réflexes après avoir observé tout le reste. Je savais que je n'avais pas de problème avec ça, tout mes sens étaient entièrement en alerte tout le temps, comme si j'me préparais constamment au pire. Au pire comme ce que j'avais vécu au Chili, dans ma propre maison. Juste d'y penser, je sentais mon corps réagir alors que je mentionnais ce que je pensais avoir entendu au terrain de soccer. Immédiatement, le docteur eut une réaction et me regarda dans les yeux. J'hochai lentement de la tête. « Oui... Dans mon pays, pas ici. » Je ressentis le besoin de le préciser quand même. Bowen, c'était une ville sécuritaire, pas comme Valparaíso. Il m'indiqua que j'avais fait une crise de panique ou d'angoisse et je le regardai sortir son pad. Je n'étais pas certaine que je voulais des médicaments pour ça, il s'agissait d'un événement isolé. Je secouai la tête à sa question. « Oh. Non, no es necesario. » répondis-je avec un léger sourire. J'allais bien en général, je gérais par moi-même. C'était qu'un débordement. « Pas de pilules non plus, j'en suis pas fan. » dis-je en faisant allusion à son pad. Je me tenais bien loin de tout ça. « Je suis juste rassurée de ne pas avoir fait une crise cardiaque. » dis-je finalement.

Elle avait entendu des coups de feu dans son pays et tu fronçais les sourcils, un peu intrigué. T’étais pas certain que t’étais la bonne personne pour aller creuser dans cette direction. Ce n’était pas nécessaire, elle n’en avait pas besoin qu’elle te disait. Pas de médication… Tu déposais tes papiers de côté et tu prenais le temps de t’asseoir en face d’elle. « Leyla, la chose avec l’anxiété, c’est que ça peut revenir. À tout moment. » Que tu lui disait ouvertement. « Si tu ne veux pas de médication, je ne t’en prescrirai pas. Par contre, l’idéal serait de consulter un professionnel. » T’es honnête avec elle. Puis, elle t’avoue être rassurée de ne pas avoir fait de crise cardiaque. « Je comprends, c’est moins dramatique. » C’était pas moins important par contre, c’était différent.

leyla & hugo  

L'anxiété. C'est de ça que le médecin me parlait. Je savais ce que c'était l'anxiété, on en parlait pas mal sur les réseaux sociaux, mais j'avais pas fait 1+1 que c'était ça qui m'arrivait. Et pourtant, ça avait du sens maintenant qu'on m'en parlait. Sauf que c'était un truc que j'étais capable de gérer toute seule, je le faisais depuis des mois maintenant. Le deuil de mes parents, mon adaptation ici, ce petit poids sur mes épaules qui parfois rendait le fait de respirer difficile... Je gérais. Le médecin m'indiqua que ça pouvait revenir à tout moment et donc, j'imagine que ces crises de panique aussi. Par contre, j'insistais sur le fait de ne pas avoir de médication. « Tu es un professionnel... Ça ne compte pas? » demandai-je avec un petit sourire. J'voulais pas avoir l'air d'être de mauvaise foi, mais je trouvais ça plutôt petit comme problème pour aller déranger un autre professionnel de la santé. Déjà là j'avais l'impression de lui faire perdre son temps. « Est-ce que tu as des trucs si jamais ça revient? » lui demandai-je ensuite. Déjà là, je serais mieux équipée. « Je me sens un peu mal d'aller déranger quelqu'un d'autre alors que.. Je te dérange déjà toi pour un truc aussi petit. » lui avouai-je finalement en baissant le regard. D'où je venais, on allait pas à l'hôpital pour des trucs aussi futiles.