Bowen is a small town, too small (hugo)

Ari s'inquiétait. Depuis quelques jours Joy semblait trainer un espèce de virus avec des symptômes classiques, mal de gorge, nez bouché. Le jeune père ne s'était pas inquiété plus que ça au départ, après tout les enfants étaient constamment malades. Mais cette nuit Joy avait eu pas mal de fièvre et comme tout parent, Ari s'était mis à psychoter légèrement, à craindre quelque chose de plus grave qu'un rhume. La petite était la prunelle de ses yeux et bien qu'il avait parfois du mal à se sentir à la hauteur pour l'éduquer, le jeune homme donnait toujours son maximum pour faire le mieux. La voir mal lui déchirait le cœur. C'était donc décidé, aujourd'hui pas d'école pour Joy et il l'emmènerait chez le docteur, en espérant que ce dernier puisse calmer ses angoisses démesurées de parent. Une fois l'école terminée pour lui, il était rapidement parti récupérer Joy chez sa mère et cette dernière l'informa que la petite avait de nouveau eu de la fièvre en début d'après-midi. Sans plus attendre, ils avaient foncé à l'hôpital où Ari avait pu obtenir un rendez-vous avec un médecin en appelant dans la matinée. Le jeune homme était maintenant assis sur une chaise dans la salle d'attente, Joy à côté de lui. "Ça va petite tête ?" Lui demanda-t-il doucement. La petite fille le regarda, l'air fatigué. "Je suis fatiguée papa." Il lui caressa les cheveux et lui prit la main. "Je sais. On attend le docteur qui va nous donner de quoi faire partir ce méchant virus et après on rentre ok ?" Ari secouait son pied nerveusement. Il espérait que le rendez-vous serait pris à l'heure. Il avait hâte qu'on lui dise qu'il s'inquiétait juste pour un rhume.

@Hugo Patridge

Tu te retrouvais encore au cœur des urgences. C’était comme ça depuis plusieurs mois, il manquait de personnel comme partout ailleurs. Tu courrais d’un sens comme de l’autre. Prélèvement vaginal d’une vieille dame, catalyser les veines dans le nez d’un patient, une dépression avec de l’anxiété, un genou avec des douleurs… Et finalement, tu appelais le nom de la petite fille qui se retrouvait dans une salle d’examen. « Joy Coleman. » Un gros rhume qu’on t’avait dit, c’était aussi simple que ça semblerait-il, mais tu allais quand même ausculter l’enfant pour t’en assurer. Après tout, tu serais un bien mauvais médecin de la renvoyer sans rien. Tu regardes le dossier et tu vois le nom d’Ari Coleman comme parent. Ça te fige. Tu l’avais bien connu Ari à l’époque où il était avec Avery. Puis, tu te rappelles qu’Avery t’avait mentionné qu’il était de retour… Eh merde, t’étais soudainement plus certain d’être un médecin compétent. « Alors, qu’est-ce qu’on a ici? » En regardant la petite fille en évitant soigneusement le regard du paternel à qui t’avais envie de flanquer une claque, même sans raison... Enfin, presque.

"Joy Coleman" Ari fut soulagé lorsqu'il entendit le nom de sa fille. Il espérait que l'examen serait rapide et l'issue du type "vous vous inquiétez pour rien monsieur". Il fit d'abord à peine attention au médecin qui arrivait pour ausculter Joy et prit place debout à côté d'elle en lui adressant un petit sourire pour la rassurer. Le médecin s'avança vers Joy et c'est alors qu'Ari trouva qu'il avait un air relativement familier. Il n'avait pas réussi à croiser son regard puisqu'il semblait concentré sur l'enfant, ce que, à vrai dire, Ari appréciait au premier abord. Mais oui son visage lui disait vraiment quelque chose, sans réussir à se rappeler. Ari lui posa alors directement la question, loin de se douter de ce qu'il allait peut-être provoquer. "Excusez moi, on se connaitrait pas ?" Aussitôt sa question posée, les souvenirs d'Ari se remirent en place. Hugo. Soit un très bon ami d'Elias, le frère de... Avery. Putain mais ne pouvait-il pas aller à un seul endroit dans cette ville sans tomber sur quelqu'un susceptible de le détester ? Tu aurais mieux fait de te taire. Bon il y avait peut-être un espoir que le jeune médecin ne le reconnaisse pas, peut-être ? Ou bien qu'il ne soit que vaguement au courant de l'histoire entre lui et Avery. Ari n'arrivait plus à se rappeler si Hugo et Avery étaient très proches il y a quatre ans. Dans quoi est-ce qu'il s'était encore fourré ? Il tenta de se rattraper rapidement. "Ah oui, Hugo ! Désolé, je ne t'avais pas remis, ça fait un moment." Ari n'allait plus tarder à savoir s'il aurait vraiment mieux fait de se taire.

Ari était plus franc que toi tu ne l’aurais voulu ou que tu l’aurais été. T’aurais fait mine de rien, tout simplement parce que ça aurait été plus simple que ça. Tu remontes le regard vers lui et pour toute réponse, tu lui fais un gentil petit sourire. « Peut-être. » Que tu lui dis. Tu poses ton stéthoscope dans tes oreilles et tu auscultes l’enfant. « Respire bien fort pour moi, Joy. » C’est bien engorgé et tu l’entends. « Et dis-moi Joy, quand tu mouches ton nez ça sort de quelle couleur? » Tu écoutes attentivement sa réponse. « Bon, écoute la bonne nouvelle c’est que si ça sortait bleu, c’est que t’allais te transformer en schtroumpf! » Tu lui adresses un clin d’œil complice. « Mais tu vas rester une petite fille, donc c’est pas plus mal. » Tu regardes le dossier et avant d’émettre une prescription, tu vois qu’elle a pas mal de fièvre… « J’vais lui faire faire des Rayons X pour s’assurer que c’est qu’un vilain rhume. » Que tu dis finalement à Ari. « On se retrouve pour les résultats. » Que tu dis en ignorant son commentaire. Lorsque l’enfant passe la porte et que le père est derrière, tu lui glisses quand même pour information : « Pour info, Avery est avec moi maintenant. » Et tu quittes la salle par l’autre sortie.

Ari avait pensé qu'il ne pourrait pas vraiment être pris plus au dépourvu que lorsqu'il avait croisé Avery à la clinique vétérinaire. Il ne savait pas à quel point il allait bientôt avoir tort. Rassuré lorsque le médecin avait appelé le nom de Joy, Ari avait trouvé son visage familier. Et alors qu'il aurait mieux fait de tourner sept fois sa langue dans sa bouche, il avait demandé au jeune homme s'ils se connaissaient, avant de se rendre rapidement compte qu'il s'agissait de Hugo, un des meilleurs amis d'Elias. Lorsqu'il tourne son regard vers lui pour lui répondre un simple "peut-être", Ari sait définitivement qu'il s'agit de Hugo, ses souvenirs le remettent bien. Il essaya alors de se rattraper, indiquant qu'il se rappelle de lui. Mais le médecin ne réagit pas tout de suite, préférant s'adresser à Joy. Honnêtement, Ari préfère ça. Déjà, il est rassuré de voir que sa fille semble être entre de bonnes mains. Et Hugo ne semble pas spécialement intéressé par Ari alors que ce dernier avait peur de tomber sur une nouvelle personne hostile à son retour en ville. Peut-être que Hugo n'était que vaguement au courant de cette histoire, que lui et Avery ne se côtoyaient que peu. Peut-être aussi que le médecin était simplement professionnel devant ses patients. Ari sourit lorsqu'il écoute l'échange d'Hugo avec Joy. Le médecin lui indique alors qu'il préfère procéder à une radio pour vérifier qu'il ne s'agit que d'un rhume. Le jeune homme hoche la tête, satisfait qu'Hugo soit prudent. Toutefois, il note qu'il ne lui a toujours pas répondu. A-t-il rêvé ? Pourtant il lui semble bien qu'Hugo devrait le reconnaitre. Il lui indique qu'ils se retrouveront pour les résultats. Joy regarde Ari, qui lui indique d'un signe de la tête de passer la porte en direction. C'est alors que Hugo s'adresse à lui, de manière brève. Ari se fige. Le médecin sort de la salle. Son cœur rate un battement. Il sent le sang lui monter au visage. Aux oubliettes, le professionnalisme. Ari est déstabilisé mais il sent une colère noire monter en lui. Colère, douleur ? Difficile de faire la différence en cet instant. Beaucoup d'émotions se bousculent. Mais tout ce qu'il sait avec certitude c'est que ce commentaire le rend fou de rage. Sans Joy malade en train de le regarder d'un air interrogatif puisqu'il s'était brusquement figé, Ari aurait suivi Hugo pour le confronter sans ménagement. Mais il ne peut pas, il se contient, pour elle, pour Joy. Il adresse un sourire crispé à la petite fille, espérant qu'elle n'y voit que du feu et sort de la salle d'examen avec elle. Une personne arrive rapidement pour prendre en charge Joy et Ari et faire passer la radio à la petite fille. Le jeune homme entend la dame parler et hoche la tête mécaniquement. Il est incapable de se concentrer. Il bout, il fulmine, pour l'instant plus énervé par le comportement d'Hugo que par les implications qui découlaient de cette phrase qu'il lui avait adressé. Joy passe dans la salle de radiographie. "Papa, j'ai peur" Ces paroles sortent un peu Ari de sa colère. Il prend la main de sa fille et lui sourit, un sourire sincère cette fois-ci. "Ne t'inquiète pas petite tête, ça ne fait pas mal du tout. Après c'est fini et on rentre." Joy hoche la tête, un peu rassurée. Ari a besoin de souffler, de redescendre, de se calmer. "Je vais aller voir dans le couloir si je peux trouver un distributeur de bonbons, ça te dirait ? La gentille dame te fait passer la radio et je reviens tout de suite." Joy hoche la tête de nouveau, emballée par la perspective des bonbons. Ari quitte la salle et se retrouve dans le couloir. Il se passe la main dans les cheveux, le coeur toujours battant. Ses mains tremblent, la rage est toujours bien là, uniquement partiellement canalisée lorsque Joy est avec lui. Il fait quelques pas en fixant le sol, tentant d'expirer lentement. Et alors qu'il relève la tête, il voit Hugo, à quelques mètres de lui, le nez dans un dossier. Le sang d'Ari ne fait qu'un tour. Il s'avance vers le jeune docteur d'un pas vif. "C'est quoi ton problème en fait ?" lui demanda-t-il d'un ton agressif. A vrai dire, Ari se doutait un peu de ce qu'était le problème de Hugo. Mais il était absolument hors de lui qu'il puisse se permettre de genre ce commentaire pendant une consultation avec sa fille. Bien évidemment, ce que le commentaire en lui-même voulait dire n'était également pas très agréable à entendre. "On vous apprend à traiter vos patients comme ça en école de médecine ?" Ari bout. Il doit se calmer, il le sait. Mais plus facile à dire qu'à faire.

Tu l’ignores parce que t’es doué pour éviter les conflits. Tu soignes un deuxième patient assez rapido puis tu te retrouves au poste de garde à remplir un dossier pour celui-ci. Puis, l’homme arrive sous tes yeux en te demandant ce que c’est que ton problème. Tu fronces les sourcils. « Mon problème? » Que tu répètes calmement. Puis quand il attaque ton éthique de travail, là tu t’emballes toi aussi. « Mon problème c’est que t’es qu’un pauvre connard qui a laissé une femme exceptionnelle, ton ex-fiancée à l’autel le jour de ton mariage et que tu reviens et tu fais comme si t’avais rien fait. » Que tu lui dis rageusement. Puis, t’es soudainement pris de colère et tu pousses le jeu un peu plus loin… « Je suppose qu’actuellement, ma patiente est en radiologie. Son père indigne est ici avec moi, ce qui me dit que je devrais sans doute faire un signalement à la protection de la jeunesse pour qu’on te retire sa garde… » Que tu lui craches comme du venin. « Peut-être que j’devrais vraiment me battre pour te retirer la garde de ta fille pour lui épargner ton départ imminent, parce que c'est ce que tu fais, exact ? » Normalement, t’aurais tout fait pour calmer le jeu. T’étais pour la paix, le compromis, la conciliation. Mais pour Avery, tu ressentais cette colère, cette déception, ce traumatisme. Tu n’allais pas le laisser s’en tirer si facilement. Même si ça signifiait devoir lui flanquer quelques coups ou au contraire en recevoir. Il allait connaître le fond de ta pensée coûte que coûte.

La situation pouvait rapidement déraper. Ari avait choisi la confrontation directe, sur un ton agressif. Il était encore un peu sous le choc du commentaire qu'Hugo lui avait glissé avant de disparaitre. Sa colère dictait ses actes, incapable pour l'instant de se raisonner ou de se poser deux secondes pour réfléchir à la meilleure manière d'aborder la chose. La paternité avait beau avoir assagi Ari et l'avoir rendu plus mature, la situation était trop sensible pour qu'il se contrôle correctement. Hugo sembla le rejoindre dans sa colère, lui balançant à la gueule le fond de sa pensée sur l'abandon d'Avery. Sur les faits, il n'avait pas tort. Bien qu'Ari n'estimait pas être revenu en prétendant n'avoir rien fait, bien au contraire. Avant qu'il puisse répliquer quoique ce soit, le médecin enchaina sur des propos qui résonnèrent dans le crâne d'Ari. Le temps sembla se figer légèrement. Une rage bouillante l'envahit, il sentait le sang battre à ses tempes. Une réaction presque bestiale, primaire, déclenchée par tout l'instinct paternel que le jeune père possédait en lui. C'était probablement ce même instinct qui lui hurlait dans un coin de sa tête de ne pas perdre complètement le contrôle, de ne pas mettre son poing dans la figure de Hugo. Il ne pouvait pas se permettre de se faire sortir de l'hôpital par la sécurité pendant que sa fille passait une radio dans la salle à quelques mètres de lui. Il y a quelques années, la main d'Ari aurait déjà été en route pour rencontrer la joue d'Hugo, sans réfléchir plus que ça. La respiration courte, les mains tremblantes, les oreilles presque bourdonnantes, Ari se rapprocha d'Hugo, collant presque son front contre le sien et planta son regard dans les yeux du médecin. Il se retenait pour ne pas agripper la blouse du jeune homme, sentant que la moindre petite chose pourrait tout faire déraper. "Tu ne sais rien de ma fille. Tu ne sais rien de ma relation avec elle. Alors ferme là. Tu peux jouer au chevalier servant d'Avery tant que tu veux, mais laisse ma fille en dehors de ta petite guerre d'égo. Je te le dirai pas deux fois." Le ton d'Ari était bas, faussement calme. Aussi menaçant qu'un ciel sombre qu'un éclair ne tarderait pas à déchirer. Et l'orage s'annonçait gros.