Study night | Stacy

 La bibliothèque était ton repère, tu t’y sentais plus chez toi que chez toi. T’avais besoin de te concentrer, c’était ici que t’étais. T’avais souvent tout ton matériel : ton ordinateur, tes livres et d’autres trucs incluant du café, de l’eau et des snacks. Certains sont santé, d’autres clairement moins… Mais ce soir, c’est plein dans les meilleurs endroits. Ta place, tu l’as depuis assez tôt aujourd’hui, t’avais besoin d’être productive et de ne pas penser à ces âneries avec Beckham. Et à la bibliothèque, tu oubliais tout ce qui était en dehors. Tu retires tes écouteurs lorsqu’on te tape sur l’épaule. « Hey, ça va et toi, Lewis? » Que tu lui demandes avec un sourire. Tu hoches la tête. « Mais je t’en prie, installe-toi. J’te sers du café? » Que tu lui demandes avec un sourire, tu lui tends aussi une bouteille d’eau neuve. « Non, j’suis pas vraiment sortie aujourd’hui si tu te posais la question… » Que tu avoues finalement en riant doucement.

Tu ne tardais pas à lui offrir du café alors qu’il se surprend de ton offre pour la moins… indécente dans une bibliothèque! Il en a bien besoin lui aussi et tu te mets à rire doucement. « Arrête, j’suis dans une période avec beaucoup de labos et de conclusions à tirer. » que tu lui confies. « Et je travaille encore sur ma thèse, tu sais… » Tu le décrocherais ce diplôme! Tu te le promettais. « J’me concentre davantage quand je ne sors pas. » Que tu expliques à voix basse. À sa question, tu rougis vivement. « Tout va bien, j’vais pas t’embêter avec ça. » Que tu lui confesses. De toute façon, qu’est-ce que t’as à confesser? Que t’as couché avec ton meilleur ami puis que t’as des sentiments qui ressortent de nulle part? Vaut mieux que tu gardes tout ça pour toi… Puis y’avait ton frère qui agissait de façon vachement louche et ça non plus, t’étais pas trop prête à en parler. « Mais toi, ça va? » Que tu lui demandes gentiment avec le sourire.  

Mais quelle indécence, du café à la bibliothèque. J’ai presque envie de rire en ayant cette pensée, on est grave sérieux Stacy et moi pour trouver ça indécent alors que la plupart des gens nous prennent pour des cinglés de passer autant de temps dans un endroit aussi austère que la bibliothèque. “T’inquiète pas, je suis dans la même situation et la fin de mon doctorat arrive beaucoup plus vite que je ne le pense. ” C’est vrai, pour certain un an et demi c’est encore long, mais pas quand on est étudiant en médecine, il y a tellement de matière à voir, tellement de connaissances qui sont encore à apprendre. Parfois je me demande ce qui m’a pris de vouloir faire de la recherche en médecine. La blonde et moi on est pas mal dans la même situation. “Après une longue période d’études j’ai besoin de bouger, j’ai découvert que courir après une longue session d’étude m’aidait à bien enregistrer ce que je venais de voir, tu devrais peut-être essayer. ” Je me renseigne sur elle, être sûr que tout vas bien pour la jeune femme, vu qu’elle passe pas mal de temps ici dernièrement, on ne peut pas tout mettre sur le dos des études non ? “Si je te le demande c’est que ça ne m'embête pas tu sais… ” Je prends le café et en bois une gorgée. “Aye ! Ça va… rien de bien grave à signaler aux dernières nouvelles. ” Je hausse les épaules. Tentant de me concentrer sur l’écran de mon ordinateur, j’ai l’impression de lire sans vraiment comprendre ce que je lis. “En vrai, j’ai l’impression de passer à côté de ma vie ces temps-ci quand je vois comment tout le monde avance et que moi je suis encore aux études, ça te fais ça parfois ? ” Que je demande à voix basse, je ne veux pas non plus déranger la jeune femme dans ses études.

Tu hoches la tête positivement. « Et ça se passe comment pour toi? » Que tu lui demandes, un peu curieuse quand même. Il ne tarde pas à se confesser qu’il avait besoin de bouger et qu’après une longue période, c’était l’idéal pour bien enregistrer. « Je sais pas, j’suis pas particulièrement douée en sports… » Que tu admets, un peu penaude. T’avais pas deux pieds gauches, mais ça ne devait pas être bien loin. « En fait, j’ai adoré faire de l’équitation plus jeune, mais j’ai dû arrêter. » Que tu lui dis. Est-ce que l’équitation compte comme un sport : « Est-ce que ça compte comme un sport? » Que tu lui demandes. Tu esquisses un petit sourire alors qu’il te confie que ça ne l’embête pas. Tu joues un peu avec ton crayon. « J’crois que j’ai des sentiments qui se dessinent pour quelqu’un… » Que tu commences, un peu maladroitement. Puis, vous avancez un peu vos travaux respectifs. Et il t’explique qu’il a l’impression de passer à côté de sa vie, tu hoches la tête positivement. « Ouais, souvent. Surtout que j’passe pas beaucoup de temps dans les bars à l’exception du travail… J’me disais que ça aiderait, mais j’suis pas certaine si ça aide vraiment. » Que tu confesses à voix haute. « Il y a des trucs précis qui te donnent cette impression? » T’es curieuse, tu veux savoir.

”Je pense que je m’en sors bien pour le moment, mais ça me stress de fou, j’ai l’impression que je ne ferais jamais assez bien… ” J’ai toujours peur de ne pas être à la hauteur, je suis dans les tops des étudiants et je ne voudrais pas perdre ma place pour une connerie. Je travaille probablement trop, mais j’essaye aussi de faire du sport, ce qui m’aide à bien enregistrer, je donne l’idée à Stacy, peut-être que ça pourrait lui donner un coup de main. Je souris quand elle dit qu’elle n’est pas douée. “Alors déjà, oui de l’équitation c’est un sport. Puis tu n’as pas besoin d’être particulièrement douée pour que ça te fasse du bien. Si tu veux, je pourrais t’aider à trouver quelque chose qui te convient ou tu peux venir faire un peu de soccer, ça libère parfois de frapper dans un ballon.” Quand je ne supporte plus rien c’est ce que je fais et en règle générale ça fonctionne bien pour moi. Je lui fais comprendre aussi que ça me fait plaisir de l’écouter si jamais elle a besoin, je trouve qu’elle a un air préoccupé. “Tu crois ? Penses-tu que ça pourrait être réciproque ? Ou c’est plus compliqué que ça ?” C’est jamais évident le sujet de l’amour, assez hasardeux aussi, souvent on est déçu. Je me repenche sur mes cahiers puis une question me vient en tête, je me questionne sur ce sujet depuis quelque temps et je ne sais pas si c’est juste moi qui est fou. “En fait, ce sont les gens autour de moi, ils me disent tous que je devrais me lâcher un peu, ne pas juste étudier. Ils me poussent à me rencontrer et sortir, mais je ne sais pas si c’est une bonne chose. J’ai pas envie de rater mes études pour quelques nuits. Je me demande juste si c’est moi qui est trop intense dans mes études ou si je suis normal. ” Je me mordille la lèvre en levant les yeux vers la blonde.

« Arrête, je suis sûre que tu t’en sors plus que bien. » mais tu pouvais ressentir cette pression de ne jamais être à la hauteur. Puis, oui, il ajoute que l’équitation c’est un sport. Tu te dis que tu pourrais sans doute reprendre éventuellement. Mais il t’offre de trouver quelque chose qui te convient. « On peut essayer, mais tu promets de ne pas rire si je tape à côté du ballon? » que tu lui demandes avec un sourire presque naïf. Il t’écoute et te questionne. Tu laisses ta tête tomber dans ton livre et tu soupires. « Avec moi, il n’y a jamais rien de simple, jamais. » que tu lui avoues finalement, les joues rosies par la gêne. Tu l’écoutes attentivement et tu soupires sans trop savoir si tu es la bonne personne pour répondre à ces questionnements internes. « Ils ne se rendent pas compte de ce que c’est rendu à notre niveau et à quel point il faut s’investir pour pouvoir réussir à avoir ce que peu de gens ont. » Que tu avoues. « Est-ce qu’on est normal? Je crois que dans notre anormalité, on l’est. » Tu ris doucement. « Est-ce que toi t’as envie de sortir, de te lâcher, de faire autre chose? » Que tu lui demandes finalement. Tu ne lui parles pas du Elm Street, mais ça ne saurait trop tarder.

J’ai envie de croire Stacy, mais malgré ce qu’elle me dit, j’ai toujours ce doute au fond de moi. Je suis exigeant envers les autres en général, mais encore plus envers moi-même. Je sais que plus tard je vais avoir la vie d’être humain entre mes mains, que mon travail pourra leur donner des chances de survie si je suis capable de trouver des solutions… Chercheur médical… quelle idée j’avais quand je me suis inscrit dans cette branche ? “J’aimerais pouvoir te croire… ” Je fais un petit sourire pour qu’elle comprenne que je la taquine, je vais toujours faire de mon mieux. Puis je lui offre de l’aider à trouver quelque chose qui pourrait l’aider à se détendre en dehors des études, un sport qui pourrait la faire décompresser et l’aider par le fait même. “Ce n’est pas mon genre de rire des gens qui essaie. Ce n’est pas parce que j’entraîne les filles de l’équipe de l’Université que je ne suis pas capable de faire la différence avec quelqu’un qui débute. ” C’est toujours mieux que quelqu’un qui n'essaye pas du tout et qui se complait dans son malheur. Nous continuons d’étudier avant de reprendre la conversation. Je l’écoute et j’observe son manège un petit sourire aux lèvres. “Qu’est-ce qui rend le tout compliqué ? ” Curieux de savoir, Stacy est une fille très mignonne, intelligente et que je suis certain qu’elle a beaucoup à offrir, je pense sincèrement que n’importe quel gars pourrait se compter chanceux d’avoir une fille comme elle. Je lui fais part de mes propres questionnements. “Ça me soulage tellement de t’entendre dire ça en vrai ! Je commençais à croire que j’en faisais trop ! ” Non ce n’est pas facile les études à notre niveau, combien lâche avant même de terminer ? Je ris avec elle, soulagé de ne pas être le seul dans la même situation. « Honnêtement ? Je n’en ai aucune idée, d’où mon questionnement. Parfois oui, j’aurais envie de me fondre dans la masse, mais après j’aurais peur de ne plus être capable de revenir à là normal… de trop aimer ça de fêter et me vider la tête… je ne peux pas me permettre de tout oublier… » Je sais qu’une fois de temps en temps ne me tuerais pas… mais j’ai peur quand même !