How many chance do we have to meet like this ? | Alex

Tu savais qu’il y avait un entretien d’embauche aujourd’hui. Mais tu ne connaissais pas la personne qui venait postuler. Le directeur de l’établissement t’avait juste dit qu’un commis allait être embauché mais qu’il voulait ton accord avant tout puisque tu étais le chef de la brigade. Mais cette fois, tu étais arrivé en retard. Tu avais vu au loin un homme blond entrer dans le restaurant, après avoir fumé une cigarette mais tu n’avais pas vraiment fait attention. Tu finissais la tienne que tu jetais dans le cendrier en sortant de ta voiture et tu partais en direction de tes cuisines. Mais avant tout, tu passais dans la salle, tu te faisais un café et tu parlais gentiment avec le barman qui te disait que la personne que tu devais rencontré était arrivé. Il était installé sur la terrasse du restaurant. Alors une fois que ton café était coulé, tu allais en direction du jeune homme blond qui était dos à toi. « Bonjour, vous devez être… » dis-tu avec un sourire en voyant le jeune homme. Mais à la vue de son visage, tu en faisais tomber ta tasse de café par terre. Non, impossible, c’était impossible que ça arrive aujourd’hui. De loin, tu n’avais rien vu, mais là, tu savais très bien qui c’était. Un des enfants de ton père. Oui, oui ! Ton visage changeait à la vision du sien. « Qu’est-ce que tu… » dis-tu sans finir ta phrase tellement la colère était entrain de monter en toi. Il ne devait surement pas savoir qui tu étais, mais tu voulais qu’il comprenne qu’il n’était pas le bienvenue par ici. « Tu… Detlev Shröder, t’es le fils de cette allemande là » demandas-tu en serrant les dents. Tu ne voulais pas avoir affaire à une autre progéniture de ton vieux père affreux. Mais pourtant il était là, devant toi. Heureusement qu’il ne lui ressemblait pas tant que ça. Tu avais hérité le plus, entre Stacy et toi, de ses traits du visage. « C’est un cauchemar » dis-tu simplement, comme à toi-même.

Cette matinée ne s’annonçait pas comme tu le pensais. A vrai dire, tu étais un peu fatigué et tu n’avais pas envie de faire grand chose. Mais ce matin, c’était révélation. Il était là, devant toi. Il débarquait dans ta vie à un moment où tu ne voulais pas le voir, où tu ne pouvais pas encaisser une nouvelle telle que celle-ci. La première chose qui te venait à l’esprit, c’était Stacy. Comment tu allais lui annoncer la nouvelle ? Tu avais été le seul au courant de toute cette histoire, seul toi connaissait l’existence de Detlev. Ta tasse brulante de café tombait par terre, tu en avais eu un peu sur la main et ça t’avait bien amoché mais tu étais trop en colère pour quoi que ce soit. « Une surprise ? T’es con ou tu le fais exprès ? » demandas-tu sur un ton des plus fort. Tu attrapais une serviette sur une table à côté de toi pour enrouler ta main à l’intérieur. Tu soufflais, prenant une cigarette dans le paquet dans ta poche et tu venais t’assoir en face de lui. Avec tout ton dédain, tu allumais cette dernière et tu te faisais un mini bandage avec la serviette. « Pourquoi t’es là ? » demandas-tu simplement en jetant un bref regard sur lui avant de reprendre ton activité. Tu ne savais pas vraiment ce qu’il voulait. Si c’était noué avec sa famille, c’était raté. Du moins, avec toi en tout cas. Si tu pouvais éliminer toute trace de ton paternel, tu le ferai. Mais avec lui maintenant en ville, ça risque d’être compliqué.

Mon but premier en venant en Australie, à Bowen plus exactement, c’était de trouver mon frère et ma sœur (ou demi vu qu’on a pas la même mère quand même ! ) Je voulais quand même prendre le temps de m’installer un peu en ville avant d’entamer les recherches sur ces personnes qui partagent en partie le même héritage génétique que moi, je ne pensais pas que l’une de ces personnes me tomberait dessus littéralement. A sa réaction, je comprends tout de suite qu’il sait qui je suis, il ne semble pas en être ravi. Il est plutôt de mauvaise humeur et je me demande comment je réagirais. « Là c’était fait exprès ! » Que je lance sans même essayer de masquer mon ton ironique. Je reprends la place que j’avais et j’allume une clope aussi. Pas pour faire comme lui, mais juste parce que je sens que j’en ai besoin pour pas éclater au moindre mot de travers. Je lève les yeux au ciel, après il me demande si je joue au con. J’ai l’air de faire quoi dans ce putain de resto, dater le chef de la brigade ? Je plante mes yeux dans les siens. « Là, maintenant je me cherche un emploi. J’étais pas à ta recherche ou à la recherche de Stacy. Je suis pas un creep qui vous espionne pour vous faire chier. » Je tire une longue taffe de ma clope et me laisse tomber sur le dossier de la chaise. Je laisse filer la fumée d’entre mes lèvres, avant d’expulser un soupir de ma bouche. «Ma présence te fait peut-être pas plaisir, je peux comprendre. Je m’en fou que tu m’aimes pas. J’ai besoin d’un job et t’as besoin de quelqu’un. Je suis peut-être son fils aussi, mais je ne suis pas lui ! » Il est pas obligé de m'apprécier je m'en bats les couilles. Je sais une chose, c’est que je suis le meilleur candidat pour ce poste !

Le voir ici, c’était comme un cauchemar éveillé. Quand ta mère l’avait mentionné, tu n’aurai jamais pensé le voir pour de vrai, vu qu’il vivait en Allemagne. Tu savais qu’il venait à Bowen de temps en temps, tu savais qu’il venait pour voir votre père. Mais tu avais toujours fait en sorte de ne jamais le croiser ne serait-ce que dans la ville. Tu étais assis, entrain de bander ta main avec ta cigarette dans le coin de la bouche. De temps à autre, tu portais un regard vers lui sans trop t’attarder. Tu laissais échapper un rire jaune, un rire énervé, celui dont on veut pas entendre de ta part. Mais tu ne te contrôlais pas. Tu pensais à une boutade, une blague que te faisait l’univers. « Comment tu veux que je te crois alors que tu débarques dans mon restaurant ? » demandas-tu d’un air un peu supérieur. Ta brigade, c’est super important pour toi. Et l’avoir à tes côtés, c’était pas ta plus grande envie. Mais tu ne pouvais pas recaler le gars parce qu’il est ton frère. Ou du moins ton demi-frère. Il a raison, dans un sens. Il n’est pas ton géniteur, il n’est pas lui. Et tu ne peux pas lui refuser quelqu’un, tu as besoin de bras dans ta brigade. « Fais voir ton CV » demandas-tu en enlevant ta clope de la bouche et en mettant la cendre dans le cendrier. Tu attrapais la feuille qu’il te tendait et tu examinais ce dernier.

Sans l’avoir cherché, je me trouvais devant ce frère, celui qu’on avait gardé secret durant toute ma vie. J’aurais pu ne jamais le savoir, ne jamais me poser plus de questions sur mon père et ça aurait été aussi bien ainsi. Ce n’est pas comme si mon père avait déjà montré un réel intérêt en ma personne, je pense qu’il me voyait parce qu’il n’avait pas le choix. En vrai, je ne suis pas surpris qu’il ait mené une double vie, donc mes grands-parents avaient raison, je n’étais qu’un bâtard, un fils qui n’était pas voulu, mais ce n’est pas ça qui m’empêche de vivre et de faire mon propre chemin. J’ai appris à laisser les autres parler de mon cas sans écouter. Canaliser ma colère en frappant dans un sac de sable. Je regarde les gestes machinaux d’Alex qui bande sa main blessée. “Je ne savais même pas que tu faisais le même métier que moi. Comment je pouvais savoir que tu avais un restaurant alors ?” Il y a une grande animosité entre nous deux, je sens que ce ne sera pas facile de se faire accepter par lui. Sauf que je ne viens pas pour me faire aimer, je ne viens même pas pour que l’on parle de notre lien, je viens dans le but de me faire engager. J’ai pas peur de travailler sous pression ou même s’il ne m’aime pas. Je sais que je pars avec des points en moins. Je sors mon C.V, et le lui donne. J’ai de bonnes références, je travaillais dans un restaurant réputé à Berlin. Je tire sur ma clope, observant Alex, je ne sais pas du tout ce qu’il pense en ce moment. Je tapote la cendre dans le cendrier et pose une main sur ma jambe qui s’est mise à trembler. “Si tu n’es pas convaincu tu peux me laisser faire un essai et tu jugera par toi-même de mes capacités. Tu sais aussi bien que moi qu’un bout de papier ne veut pas dire grand chose quand le coup de feu est donné. ” Comme ça il pourra dire si c’est possible pour nous de travailler ensemble.

D’un côté, tu ne pouvais pas lui en vouloir, tu savais que ce n’était pas voulu qu’il postule ici et que toi aussi tu bosses ici. Mais tu espérais quand même qu’il n’ai pas fait tout ce chemin pour vous rencontrer avec Stacy. Tu trouverai ça vraiment creepy pour le coup. « Ouais, t’as gagné » dis-tu simplement en crachant la fumée de ta clope. Tu prenais son CV et tu regardais son expérience. Il avait de sacré référence puisque tu connaissais quelques noms de chef, de réputation. Et puis, vous n’êtes pas non plus un restaurant étoilé, plutôt un bistronomique mais c’est quand même pas mal déjà ! Tu étais chef depuis quelques années maintenant et tu avais réussi à faire de cet endroit un très bon restaurant, sans trop te jeter des fleurs, hein. Mais tu t’en étais bien sorti. Il avait encore raison quand il te disait que le mieux c’était l’expérience plutôt que le papier qui primait, surtout dans ce métier. « Hm hm » marmonnais-tu dans ta barbe avant de jeter ta cigarette dans le cendrier. Tu posais le bout de papier sur la table et tu te remettais correctement sur ta chaise. « T’es libre ce soir ? » demandas-tu en fronçant les sourcils.

Un peu sur les nerfs, je ne sais plus vraiment comment agir. J’ai tendance à ne pas avoir beaucoup de patience, mais là, j’ai besoin d’un boulot et au plus vite. Je ne veux pas recommencer à arpenter la ville en long et en large, ce resto me plait bien même si Alex n’est pas très heureux de ma présence ici. C’est bien malheureux de commencer de cette manière, sachant que nous avons plus en commun que ce que nous aimerions avoir, c'est-à-dire un père lamentable. Je suis venu pour retrouver ma famille oui, mais pas que pour ça, je veux aussi repartir à zéro, j’aurais pu aller n’importe où ailleurs dans le monde certe, mais c’est ici que j’ai de la famille. Il semble se calmer un peu et prend mon CV. Je ne dis rien et lui laisse le temps de voir mes références. Ma clope à le temps de se consumer le temps qu’il consulte le bout de papier et je l’écrase dans le cendrier tentant de contrôler le tremblement de mes jambes. J’attend le verdict final, d’un sens, s’il me laisse une chance je vais pouvoir apprendre à connaître mon frère, même si pour l’instant je ne sais pas vraiment ce qu’on a en commun sauf l’adn ! « Ce soir ? Euh oui, oui je suis disponible ! » Même si ça n’avait pas été le cas, j’aurais trouvé le moyen de me rendre disponible ! Si j’ai le boulot, je vais pouvoir entreprendre des démarches pour un logement et tout ce qu’il faut ! «Je suis toujours prêt ! » Wouah, j’ai un stress qui est parti mais un autre qui embarque direct.