j'me déteste comme cette phrase qui dit : "C'était trop beau pour être vrai" - Leyla

leyla & elijah  

Elijah il avait pas tort, c'était comme de la magie ce qui se passait entre nous. Je l'avais dit à Maddie, j'savais pas si c'était ça un coup de foudre, mais si oui c'était vachement bien. J'avais l'impression d'être sur un nuage, que chaque rire d'Elijah c'était la meilleure chose que j'avais entendu, que chaque sourire me faisait rater un battement. J'avais l'impression que ça allait forcément redescendre un jour toute cette excitation, on resterait pas en admiration devant l'autre pour toujours non plus, mais j'allais en profiter le temps que ça durait parce que j'sentais tout le positif que ça m'apportait. Pour la première fois depuis mon arrivée en Australie, la première chose à laquelle je pensais en me réveillant le matin, c'était pas mes parents, c'était Elijah. Et juste ça, ça commençait bien ma journée. J'me réveillais avec un sourire plutôt qu'avec un poids sur les épaules, qu'avec un sentiment de tristesse. Après autant de temps, c'était rafraichissant. C'était exactement ce qu'il était dans ma vie Elijah, une bouffée d'air frais. Il semblait même pas s'en rendre compte, comme s'il comprenait vraiment pas l'effet qu'il me faisait. « Ahhhh si, tu sais exactement ce que t'as fait. » lui répondis-je avec un sourire. C'était difficile pour moi de croire qu'il n'essayait pas de me faire rougir avec ses mots. Et pourtant, peut-être, j'dis bien peut-être qu'il s'en rendait pas compte. Ses doigts entrelacés aux miens, c'était plutôt agréable mais j'crois que j'avais envie d'un peu plus. Mes yeux déviaient sur ses lèvres, comme si ça me chicotait tellement que j'arrivais pas à penser à autre chose. Je déplaçai donc ma chaise pour m'approcher davantage de lui, créant un premier contact physique entre son genou et le mien. Ça ne resta pas longtemps le premier puisque je ne tardais pas à venir déposer doucement mes lèvres sur les siennes. Fallait que je vérifie si ça me faisait autant d'effet que la dernière fois. Et en sentant sa main sur ma peau et ses doigts dans mes cheveux, je peux vous confirmer que oui, ça me faisait toujours autant de frissons. Je me séparai plutôt rapidement de lui parce que la pudeur, c'est important même si c'est pas donné à tout le monde. Elijah, il semblait totalement en accord avec mon geste même si j'lui avais pas demandé la permission. Oups. « Oui ça va mieux. Mais faudra recommencer régulièrement, histoire de vérifier que la magie elle est encore là tu vois. » dis-je en riant. J'sais pas trop d'où cette Leyla sortait, j'avais l'impression de me découvrir un p'tit côté charmeuse là. Ça me venait naturellement avec lui. J'crois que c'était bon signe quand tout venait aussi facilement. J'me laisse attirer à lui parce que clairement, moi non plus j'en ai jamais assez de nos p'tits contacts physiques. Je souris à ces mots, ça me fait du bien de l'entendre les prononcer parce qu'ils sont totalement réciproque. « C'est la même chose pour moi. Un peu comme si j'attendais que ça de te rencontrer pour que tout ait du sens. » dis-je doucement avant de me trouver un peu ridicule en fait. « Enfin, j'sais pas si c'est logique ce que je dis là. » dis-je en me reprenant un peu. J'voulais pas avoir l'air psycho non plus. Je me redressai légèrement à la question d'Elijah, ayant besoin de réfléchir à ce que j'allais lui dire. J'sentais que je pouvais lui faire confiance avec les informations délicates, mais je trouvais ça lourd comme sujet pour le type d'endroit où on était. « Hum. Je joue au soccer dans l'équipe de la fac depuis que j'suis arrivée. Mais je joue depuis quelques années déjà. » dis-je en souriant. Ça restait en surface quand même, mais c'était une petite portion de ma vie. « Y'a pas mal de trucs en fait que tu dois savoir de moi. » dis-je soupirant légèrement. « C'est lourd un peu, j'voudrais pas que ça brime l'image que t'as de moi. » avouai-je avec une petite moue. J'aimais bien le fait qu'il me voit comme une fille simple, légère, de bonne humeur. Je fis mine de réfléchir. « Toi commence? On peut finir nos verres tranquilles puis on peut aller se poser sur le sable et je t'en parlerai? » proposai-je finalement. J'serais plus à l'aise je pense si on était pas entouré de monde. J'avais quand même envie de lui en parler parce que ça faisait partie de moi. Je lui fis un léger sourire. « Alors, dis-moi tes secrets Elijah Bishop. » dis-je en posant un baiser sur le dessus de sa main qui reposait sur mon épaule.

J'avais pas connu beaucoup de filles dans ma vie. Mais ce dont je pouvais être certain, c'est que ce que je vivais là, avec Leyla, c'était unique. Jamais je ne m'étais senti aussi bien, aussi sincère, aussi moi. Tout simplement. J'avais l'impression qu'elle mettait en lumière la plus belle partie de ce que j'étais. C'était pas des faux-semblants, j'me cachais pas derrière des conneries, j'me sentais entier. Et à peine on s'était mis à discuter ensemble, ce truc un peu magique entre nous s'mettait à opérer, presque automatiquement. J'cherchais pas trop à comprendre, à analyser, j'me laissais juste porter par le moment, charmé par Leyla. Et j'me rendais compte qu'elle n'avait pas tellement quitté mes pensées depuis notre rencontre. Et quand j'pensais à elle, c'était comme si j'sentais mon coeur se réchauffer. J'avais envie d'passer mon temps avec elle. J'avais envie d'la protéger, d'la prendre dans mes bras. Elle était tout ce dont j'avais besoin. J'avais pris sa main dans la mienne, j'avais pas su m'en empêcher. J'avais besoin d'la sentir, j'avais besoin d'son contact. Nos yeux ne se quittaient plus et Leyla, elle semblait troublée par tout ça. J'lui avais promis que j'faisais rien de particulier et sa réponse m'arracha un rire. Je secouais la tête, comme pour lui montrer que je n'avais absolument pas conscience de c'que j'pouvais bien lui faire à cet instant. Moi, tout ce que je voyais, c'était son sourire et peut-être que j'me montrais pas autant qu'elle, mais elle m'faisait beaucoup aussi. Quand elle s'approcha de moi, j'étais heureux. Heureux d'savoir qu'on allait être moins loin, que j'pourrais la prendre dans mes bras, sentir son parfum, sentir chacun de ses mouvements. Mais à la place, elle avait posé ses lèvres sur les miennes. C'était encore mieux que tout ce que j'avais imaginé. Ce baiser là, il dura pas longtemps mais j'peux vous assurer que j'avais profité de chaque micro-seconde. D'sentir ses lèvres contre les miennes, ça m'avait plongé dans un état de bien-être et j'étais tout à fait certain que j'pourrais jamais me lasser de ça. Le contact cessa, et je riais à ses mots tout en hochant la tête; "Tout à fait d'accord, faudra aussi tester un peu tous les jours, juste pour être sur." Est-ce que c'était une invitation pour qu'on se revoit, encore et encore ? Oui, très clairement. C'était bien rare que j'me projette comme ça. Mais je savais dors et déjà que j'aurais envie de la revoir. J'l'avais attiré vers moi en passant ma main autour de ses épaules. J'pouvais pas me retenir et j'sentais bien qu'elle se laissait faire, tout aussi satisfaite que moi de ce rapprochement. Je l'écoutais, toujours le sourire aux lèvres. C'était beau ce qu'elle disait là. C'était tellement agréable de sentir que tout ce qu'on ressentait l'un pour l'autre était réciproque. "Ca fait sens. Il suffit d'une rencontre pour que tout change, tu vois. J'y croyais pas forcément, avant qu'tu viennes me défier l'autre jour au skate park." J'souris. J'crois que j'aurais toujours cette image d'elle, me lançant un regard rempli de témérité. Cet instant là, il était gravé dans ma mémoire. J'avais envie d'en savoir plus sur elle. Durant notre première rencontre, j'avais bien senti qu'il y avait des éléments assez délicats, j'm'y était pas attardé sur le moment. Ca faisait trop peu de temps qu'on se connaissait. Mais là, j'étais en confiance avec elle et j'sentais que elle aussi. J'l'écoutais me parler de sa pratique du soccer. Puis, elle glissa vers une pente qui semblait plus délicate. Je l'écoutais avec attention, comprenant que c'était certainement encore plus difficile que je l'imaginais. Elle soupira même un peu, m'avouant qu'elle avait peur que l'image que j'ai d'elle se fane suite à ses révélations. J'voulais surtout pas la mettre dans l'inconfort, mais j'lui souris, tendrement. "On a tous notre passé, c'est pas ça qui te définit tu sais. C'qui compte, c'est toi maintenant. Alors, peut-importe ce que tu as vécu, l'image que j'ai de toi, elle bougera pas." Mais elle proposa un plan qui me paraissait tout à fait acceptable. Ca semblait quand même super lourd ce qu'elle avait à me dire, et je comprenais qu'elle voulait en parler, plus loin, quand il n'y aura que juste elle et moi. Je hochais la tête. "Si t'es ok avec ça, alors j'le suis aussi." C'était ça le plus important, qu'elle se sente bien et surtout qu'elle soit bien, dans de bonnes conditions. Elle porta son attention sur moi et sur mes secrets. J'inspirais un grand coup. Même si j'me doutais bien au fond, que ses secrets devaient être plus compliqués que les miens, je n'avais pas eu une enfance très facile non plus. Le petit baiser qu'elle déposa sur ma main, il m'rassura. Je prenais le temps de réfléchir, par quoi commencer? Le plus simple, dans ces moments là, c'est de ne pas se poser de questions et d'parler. J'avais envie que Leyla connaisse tout de moi. La sincérité, avant tout. Comme depuis le début de notre histoire. "J'suis né ici, j'ai un grand frère et une petite soeur. C'était vraiment cool jusqu'à mes dix ans. Et puis.." J'marquais une pause, c'était pas souvent que j'formulais ça à voix haute. En fait, cette partie de ma vie, j'la passais sous silence, juste pour qu'elle ne soit pas trop réelle. "..et puis, mon père a décidé de quitter ma mère, il est parti vivre genre super loin, il nous a un peu .. abandonné." Ce mot là, il m'faisait un peu grimacer. Mais c'était la réalité. "Alors, du coup, ça a pas été super facile pour ma mère. Elle s'retrouvait avec nous tu vois, on était encore gamin. Mais elle a fait tout ce qu'elle a pu pour nous. J'parle pas souvent de ça, mais j'crois que c'est important que tu le saches." Je souris un peu et je rajoutais "Tu sais, mon oncle un peu bizarre qui commente tes postes insta et qui m'fout la honte ? Bah lui, c'est le frère de mon père et il a été là pour nous, c'est mon père de substitution, en quelque sorte." J'posais mon regard sur Leyla. Bizarrement, ça faisait vraiment du bien de sortir tout ça, de mettre des mots sur mon passé. J'm'étais jamais considéré comme un pauvre enfant abandonné, mais j'devais me rendre à l'évidence, l'abandon de mon père m'affectait plus que je ne voulais bien le penser. Je caressais un peu l'épaule de Leyla du bout des doigts. Sa présence m'apaisait. Vraiment.

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J'acquiesçai à la proposition d'Elijah, du moins je pense que c'était une proposition. Celle de tester à tous les jours ce baiser, voir si c'était toujours aussi magique avec le temps. Je doutais qu'on se voit tous les jours, mais ça voulait probablement juste dire ''souvent'' et ça, j'en avais bien envie. Ça me faisait plaisir qu'il ait envie de me revoir en tout cas. Je sortis quelques mots un peu ringards qui me vinrent en tête juste à le regarder. J'avais l'impression de me transformer en petit roman à l'eau de rose parfois, mais vraiment c'était sincère ce que je disais. J'avais peur d'être trop intense et qu'Elijah prenne la fuite, mais au contraire il faisait qu'être d'accord avec moi. Ça faisait du bien de savoir que c'était réciproque tout ça, ce genre de coup de foudre. Il ramena sur le sujet le défi que je lui avais lancé et ça me fit rire. « Ça t'a impressionné hein. » fis-je remarquer avec un petit sourire. J'étais pas peu fière finalement de l'avoir fait! Ça m'avait demandé du courage quand même, j'étais pas trop le genre de fille à aborder les mecs comme ça. J'm'étais sentie poussé des ailes ce jour là ou peut-être juste que mon instinct m'avait laissé savoir qu'avec Elijah, je pouvais me laisser aller, déjà sans même le connaître. En tout cas, j'étais contente de lui avoir parlé parce que ça avait donné de belles choses jusqu'à maintenant et j'étais impatiente d'en découvrir plus sur lui. C'était exactement ce qu'il voulait faire d'ailleurs en m'demandant ce qu'il devait savoir sur moi. On avait déjà effleuré des sujets difficiles la semaine dernière. J'avais pas dit de détails, mais Elijah il savait un peu les questions qui m'avaient fait hésiter. C'était encore un peu le cas d'ailleurs, j'avais peur qu'il me prenne en pitié en lui dévoilant toutes ces infos bien pesantes sur ma vie, mon passé, ce qui m'avait amené en Australie. Mais en même temps, Elijah il pouvait pas me connaître s'il ne savait pas ces parties qui composaient mon histoire. Ça avait fait qui j'étais aujourd'hui, même s'il n'avait pas eu plusieurs aspects de ma personnalité, il le verrait forcément un jour si cette relation se continuait. J'étais pas que la Leyla joyeuse et souriante. J'étais aussi la Leyla anxieuse, effrayée, dépaysée, endeuillée. Cette Leyla là, elle n'était pas le rayon de soleil qu'il voyait. Donc ouais, tout ça, ça me rendait un peu réticente à tout partager. Surtout ici, entourée de pleins de gens. Elijah trouva quand même le moyen de me rassurer, de m'apaiser avec son sourire et ses mots. J'lui souris en retour, caressant délicatement sa main et j'lui proposai un petit plan de match plutôt. Lui d'abord, puis je lui confierais mes secrets un peu plus tard, une fois seule avec lui. « Ouais, j'suis ok. » dis-je en hochant la tête. En vrai, c'était impossible de pas me sentir ok en sa présence alors, j'sentais que je pouvais lui faire confiance et lui dévoiler cette partie de moi. J'voulais qu'il ressente la même chose d'ailleurs. Je lui fis un petit baiser sur la main, attendant son histoire à lui. Je l'écoutai attentivement, mes yeux rivés sur lui. À sa petite pause, je remarquai que j'étais probablement pas la seule à avoir des trucs difficiles à formuler. J'voulais qu'il sente que ses émotions étaient toutes valides et qu'il pouvait les ressentir avec moi. Et surtout, qu'il sache que j'allais respecter ses limites. J'lui donnai donc le temps, restant attentive alors que je m'étais positionnée face à lui. Je pris doucement sa main dans la mienne, flattant ses doigts avec les miens. Juste pour montrer que j'étais là, que j'étais à son écoute. « Je suis contente que tu me partages ça. Je suis vraiment désolée que ton père soit parti. Il sait pas ce qu'il a raté. » lui dis-je avec un petit sourire, mettant une petite pression sur sa main. J'osais même pas imaginer sa douleur ni ce qu'il avait pu se dire dans sa tête. « Elle a été hyper forte ta maman. » ajoutai-je en plongeant mon regard dans le sien. Elle avait fait preuve de résilience, c'était impressionnant. Elijah mentionna aussi son oncle, je ne le connaissais pas, mais il avait commenté des photos sur mon instagram et j'avais flippé sur le coup. « Ne l'appelons plus l'oncle bizarre alors » dis-je en riant. « Père de substitution. J'aime bien ce terme. » commentai-je en souriant. « Il a fait un bon travail avec toi. Lui et ta maman. J'trouve le résultat fabuleux. » dis-je en lui souriant. C'était 100% sincère, mais il avait clairement sa propre part de mérite aussi. Je pris une gorgée de mon verre sur la table et le reposai. « Tu m'as parlé que t'as été champion en skate aussi. Pourquoi t'as pas continué ça ? » lui demandai-je curieuse.

Je sentais bien que j'allais très vite avoir envie d'la revoir très régulièrement. Et elle acquiesça quand j'lui proposais qu'il fallait qu'on s'embrasse un peu tous les jours pour être certain que la magie était pas partie. Cela dit, j'étais à peu près certain que cette magie là, cette petite étincelle entre nous, c'était pas quelque chose qui s'éteindrait comme ça du jour au lendemain. A moins que j'merde totalement, comme ce que j'avais failli faire quelques minutes auparavant. Mais, finalement, ce moment affreux de nos retrouvailles ratées, il était loin dernière nous. J'y pensais même plus. Absorbé par les yeux de Leyla, charmé par son sourire et sa douceur. Elle était tellement mignonne, avec son air là, que j'avais envie de l'embrasser à chaque seconde. J'avais instauré un premier contact en caressant sa main mais elle avait voulu plus et on s'était retrouvé là, tout à côté, pour échanger un baiser. C'était doux, c'était délicieux. On pouvait pas faire durer le plaisir, comme dans l'océan, parce qu'on était pas seul, alors pour ne pas rompre totalement ce contact, j'l'avais pris dans mes bras. Je riais à sa remarque. Ouais, bien sur qu'elle m'avait impressionné quand elle m'avait défié au haut d'la rampe. Personne osait jamais me défier comme ça habituellement et même si j'avais fini par l'emporter, j'crois que la plus belle victoire de ce jour là, c'était de l'avoir rencontré et qu'elle soit entrée dans ma vie. Et ça, bah fallait le reconnaître, c'était grâce à elle et à son culot. Je hochais la tête. "Ouais, t'as vraiment bien fait d'faire ça." J'souris. C'était une façon d'la remercier. Parce que depuis la semaine dernière, j'me sentais beaucoup plus léger, l'esprit un peu embrumé par les petites vapeurs de tendresse et de délicatesse de Leyla. Finalement, on lança un sujet un peu plus délicat. Celui de nos passés. C'était moi qui l'avait lancé, parce que j'avais envie d'en apprendre plus sur elle. J'avais bien senti la semaine dernière que c'était un peu glissant comme sujet, mais j'me sentais tellement en confiance avec elle que j'voulais qu'elle ressente la même chose avec moi. On s'mit d'accord, je commençais. Très certainement que ce que j'avais à lui révéler était un peu moins difficile à raconter. Et puis on irait un peu plus loin, sur la plage, seuls, pour qu'elle me raconte à son tour ces secrets. J'savais pas trop à quoi m'attendre, même si je me doutais bien que ça n'allait pas être d'une grande joie. Leyla avait plus ou moins évoqué que son père n'était plus en vie, en parlant de lui au passé. Après avoir senti les lèvres de Leyla contre le haut de ma main, ça m'avait donné le courage de parler de mon père et de ce que j'avais vécu. Elle m'écouta, en silence. Sans porter aucun jugement, j'sentais juste ses yeux bienveillants sur moi. J'lui avais révélé quelque chose que je ne formulais jamais. L'abandon. C'était clairement ce que mon père m'avait fait subir, et je n'avais aucune nouvelle depuis. Un psy pourrait très clairement faire beaucoup de parallèle entre ma personnalité aujourd'hui et cet évènement dans ma vie. Mais j'préférais me dire que c'que j'étais devenu, j'l'avais construit seul, entouré de ma mère et de Jonathan. Quand Leyla reprit la parole, je revenais un peu à la réalité. Cette réalité si réconfortante que j'avais avec elle. Je souris à ses mots. "Il a jamais essayé d'nous recontacter, j'pense qu'il s'en fout un peu d'savoir ce que je suis devenu. Mais, c'qui compte, c'est les gens qui sont là, aujourd'hui." J'crois que j'avais jamais vraiment fait le deuil de ce père disparu, volatilisé. J'le ferais jamais je pense. Je hochais la tête à ce que disait Leyla en souriant un peu. "Ouais, et c'était pas facile crois moi. J'étais un vrai chiant quand j'étais petit. Elle a été courageuse." J'étais toujours chiant aujourd'hui d'ailleurs, sauf que c'était davantage Alexis et mes potes proches qui en faisaient les frais. La suite de ces mots me donnèrent à nouveau le sourire. J'me sentais bien d'lui avoir raconter tout ça, d'lui avoir montré mes failles et qu'elle réagisse aussi bien. J'étais FABULEUX. C'est elle qui l'avait dit. "Ah oui tu trouves? C'est vrai que j'suis fabuleux" Je riais un peu, la rapprochant un peu de moi pour venir lui déposer un baiser sur la tempe. C'était ma façon d'la remercier de m'avoir écouter et d'avoir accueilli tout ça avec autant de douceur. Elle me demanda ensuite pourquoi j'avais pas continué le skate. Je pris une gorgée de mon verre à mon tour, le temps de mettre en ordre les idées dans ma tête. "Ah, ça, c'est une bonne question Leyla. En fait, je skate depuis super longtemps. J'ai été repéré par une équipe, quand j'devais avoir 12 ans. J'me suis entraîné super fort avec eux, j'progressais bien. J'ai fini par enchaîner les compétitions, jusqu'à mon fameux titre. Et puis, peu après, j'ai fais une mauvaise chute. J'me suis éclaté le genou. Opération et tout. Et après, j'voulais plus faire d'la compétition. Etre engagé dans une équipe, tout ça, la pression des rencontres, j'ai fais un peu le lâche et j'ai tout abandonné." Je grimaçais. C'était pas très glorieux. Je souris. "Du coup, j'suis vachement moins fabuleux tout d'un coup." Je ris un peu. Mais la lâcheté, malheureusement, faisait partie intégrante de ma personne. J'essayais juste au maximum de refouler cette partie de moi, dont j'étais pas très fier. Mais au moins, j'l'avais formulé devant Leyla. Pas sûr qu'elle me trouve toujours aussi cool. Un p'tit gars lâche abandonné par son père, ça sonnait tout de suite moins impressionnant. Je plongeais mon regard dans celui de Leyla, j'me sentais vraiment léger d'avoir partagé tout ça avec elle. J'lui déposais un baiser rapide mais assez insistant sur ses lèvres. "Il y a encore plein d'trucs à savoir sur moi, mais ça suffira pour aujourd'hui, j'voudrais pas te faire fuir." Je souris. Nos verres étaient quasiment terminés. Je faisais signe au serveur pour qu'il vienne régler nos consommations. J'lui tendais ma carte bancaire et une fois le tout payé, je tendais la main à Leyla, un sourire bienveillant sur les lèvres. "On bouge?"

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Dire qu'Elijah et moi, on ne se serait jamais parlés si ce n'était que de mon moment soudain de courage au skate parc. Tout ce qui en avait découlé depuis était vraiment spécial. J'avais l'impression d'être dans un autre monde en sa compagnie et même si ça pouvait me déstabiliser un peu à certains moments, c'était aussi assez incroyable de vivre ça. Même si je n'en doutais pas spécialement, vu le sourire qu'il avait constamment en ma présence, ça avait quelque chose de rassurant de savoir qu'Elijah était content que je l'ai défié ce jour-là. Sauf que c'était bien beau se sourire, se faire des beaux yeux et vivent des trucs digne d'un conte de fées, mais pour évoluer et bâtir une relation, fallait apprendre à se connaitre. Et ça, ça ne voulait pas juste dire qu'on devait apprendre les trucs joyeux, ça impliquait aussi les trucs qui l'étaient un peu moins. Elijah et moi, on avait un passé, on avait vécu des trucs avant de se connaitre et ces trucs-là, et bien ils faisaient partie intégrante de qui on était aujourd'hui. Ça nous avait forgé et savoir tout ça, c'était ça apprendre à connaitre quelqu'un réellement en fait. Savoir se montrer vulnérable faisait parti du jeu et Elijah réussissait bien mieux que moi à ce niveau pour l'instant. J'écoutai son histoire attentivement, j'voulais rien manquer. Savoir d'où il venait, ça signifiait beaucoup pour moi et savoir qu'il avait vécu quelque chose de difficile, ça venait me chercher un peu. Je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir de l'empathie, de le trouver résilient et d'être un peu admirative des épingles qu'il avait réussi à tirer du jeu malgré tout ça. Il était un vrai rayon de soleil Elijah, on s'imaginait mal au premier regard qu'il avait vécu un abandon pareil. « Oui tu as raison. Je te trouve très bon d'être capable de te ramener à ça toi-même. » lui dis-je avec un sourire sincère. C'était facile de partir en vrille sur les gens qui n'étaient plus là, mais Elijah il se concentrait sur les gens présents. C'était la bonne façon de faire. D'ailleurs, je l'imaginais très mal être chiant. Turbulent peut-être, mais chiant? C'était pas trop l'imagine que je me faisais de lui. « On dirait que je t'imagine mal lui faire la misère. » déclarai-je en riant. Quoi qu'il voulait peut-être juste dire qu'il avait eu de l'énergie à revendre et qu'il avait fait quelques conneries. Ça, c'était plus plausible. J'lui mentionnai tout de même que le Elijah de 2023 était FABULEUX (ouais ouais) son entourage - et lui-même- avait fait un excellent travail. « Oui oui. Faut bien souligner les bons coups, mais ça sonne mieux quand c'est moi qui le dit. » lui dis-je en riant pour le taquiner. Les gens humbles, c'est charmant aussi hein. J'étais contente qu'Elijah ait réussi à s'ouvrir sur ce sujet, ça m'donnait confiance de le faire par la suite moi aussi. C'était jamais évident de dévoiler ces trucs plus sensibles, ça nous mettait dans des positions vulnérable, mais de savoir qu'on était pas seul là-dedans c'était précieux. J'voulais surtout qu'Elijah sente qu'il pouvait me dire n'importe quoi, je ne prendrais pas la fuite. Son baiser sur ma tempe m'indiqua qu'il le ressentait peut-être un peu. J'lui posai également une question sur un sujet qu'on avait brièvement abordé lors de notre première rencontre. C'était un champion en skate et ce sujet, il m'intriguait. Il m'expliqua son parcours, son cheminement, sa blessure et son abandon. J'trouvais pas ça lâche comme il le décrivait et surtout, j'le trouvais pas moins fabuleux. J'arrivais à bien me mettre à sa place et à comprendre pourquoi il avait décidé d'arrêter tout ça. « Bah c'est beaucoup de pression sur un ado tout ça. Je comprends que t'aies eu envie d'arrêter après ta blessure. » dis-je en haussant les épaules. C'était pas fait pour tout le monde ce genre de pression. « Je te trouve tout aussi fabuleux. À refaire à l'âge que t'as là, ce serait peut-être différent, mais t'as pris la meilleure décision pour toi à ce moment-là j'imagine. » lui dis-je avec un sourire. Et puis, s'il avait été skater pro, on ne se serait peut-être jamais rencontré alors vraiment, j'étais pas déçue. Il déposa un baiser sur mes lèvres, baiser que j'accueillis avec grand plaisir après ses confidences. « J'sais pas ce qui pourrait me faire fuir venant de toi. » dis-je en faisant mine de réfléchir. Je doutais qu'il soit un tueur en série ou bien un vendeur d'héroïne alors je pense que peu importe quoi, j'étais équipée pour tout entendre ce qu'il y avait à entendre sur sa personne. Je terminai mon verre en une gorgée tandis qu'Elijah régla la facture. J'hochai la tête à son invitation à bouger, je descendis de ma chaise et lui pris la main pour quitter le bar et marcher jusqu'à la plage. La soleil commençait sa descente et on avait droit au golden hour, c'était beau. On marcha un petit moment pour s'éloigner de la population et on posa nos fesses sur le sable un peu frais, plus loin. « Je pourrai jamais en avoir marre de cette vue. » déclarai-je avec un sourire. J'avais gardé la main d'Elijah dans la mienne, j'y déposai un baiser avant de la lâcher doucement pour prendre mon autre main et jouer nerveusement avec mes doigts. Elijah il m'avait un peu ouvert son coeur et c'était à mon tour cette fois. « Bon. » commençai-je sans vraiment savoir par où commencer. Je tournai un peu la tête vers Elijah, riant nerveusement. « Avant d'aller dans le sujet lourd, sache que je... Enfin, je fais beaucoup d'anxiété. On m'a diagnostiqué de l'anxiété généralisée et c'est vraiment pas évident pour moi de parler de ce que j'ai vécu ou même de ce que je ressens en général. » dis-je en rapportant mon attention sur l'océan. « Enfin, avec toi ça semble facile, ça fait du bien. » dis-je avec un petit sourire. Je voulais surtout qu'il sache dans quoi il s'embarquait, être avec une personne anxieuse, c'était pas facile pour l'autre non plus. Ça impliquait beaucoup de patience. Ce que je m'apprêtais à lui dire en impliquait aussi parce que même si là, on était sur un petit nuage, j'avais de moins bonnes journées et il allait forcément en vivre avec moi.

Ca ferait peut-être un peu cliché de dire que ma vie avait changé depuis que nos regards s'était croisé du haut d'la rampe de skate. Ca fait un peu mauvais début de comédie romantique, ou tout est beau, rose, délicat. Mais, fallait bien reconnaître que notre début d'histoire, elle était belle. Cette journée qu'on avait vécu, elle m'était resté bien gravée dans la mémoire et jusqu'à ce que je la retrouve aujourd'hui, Leyla n'avait pas tellement quitté mes pensées. J'me sentais bien d'savoir qu'elle était entrée dans mon cercle, et j'avais pas du tout envie d'la laisser en sortir. Au contraire, j'la voulais toujours plus proche. Et forcément, on pouvait pas s'contenter d'se sourire un peu niaisement constamment. Il fallait qu'on apprenne à se découvrir, qu'on connaisse un peu le passé de l'autre, histoire de pouvoir encore mieux s'appréhender. J'avais vraiment envie que Leyla sache qui j'étais. Même si à bien des égards, j'espérais ne pas être trop souvent ce mec un peu con et lâche. J'savais de quoi j'pouvais être capable parfois, mais j'essayais d'me convaincre qu'avec elle c'était différent. J'avais envie d'y croire. Parce que c'que ressentait pour elle, c'était pas la même chose qu'avec les autres. Et ça, j'me le représentais bien. Il suffisait d'voir avec quelle facilité je m'étais confié, sur mon père et sur mon passé. Leyla, elle avait tout accueilli avec beaucoup de douceur et de bienveillance. Elle était définitivement une safe-place dont je ne pourrais plus me passer. J'lui avais confié que j'étais un gamin très chiant et que ma mère en avait un peu bavé avec moi. Je riais avec elle. J'étais assez calme quand Leyla était dans mon cercle vital mais j'pense que j'finirais pas me révéler au grand jour. J'étais plus tellement le gamin chiant que j'avais pu être, aujourd'hui ça se traduisait surtout par une énergie constamment en ébullition et une envie irréfutable de raconter des conneries. Ca pouvait être fatiguant pour mon entourage. J'espérais juste que Leyla ait la patience nécessaire pour encaisser mon côté immature qui ne tarderait pas à faire surface. "J'étais surtout inarrêtable, j'avais un certain don pour emmerder le monde autour de moi, mais ça c'est un peu calmé depuis, heureusement." Ma mère avait été plus d'une fois épuisée par mon comportement, mais j'avais ce côté un peu attachant qui contrebalançait le tout. Leyla avait souligné que j'étais FABULEUX. Sa réplique me fit rire. "Ouais, c'est vrai, j'ai encore une marge de progrès sur la modestie!" Mais j'aimais bien moi, l'idée que Leyla elle me trouve fabuleux. Ca sonnait très bien dans sa bouche. Après avoir lâché très probablement la partie la plus difficile de ma vie, Leyla me questionna sur mon passé de skateur. C'était plus léger, quoi que pas très glorieux. J'avais toujours cette sensation d'avoir baisser les bras trop vite et de ne pas avoir persévéré. Leyla, elle m'écouta encore, et ses réponses me faisaient me sentir bien. Elle trouvait pas ça choquant que j'ai tout abandonné. C'était assez rassurant et j'me rendais compte que d'se livrer comme ça, avec la bonne personne, c'était super libérateur. Ca me permettait à moi même prendre du recul sur ce que j'avais fais, sur mon parcours, et Leyla, elle dédramatisait beaucoup. Je hochais la tête en écoutant ses mots. "C'est vrai que du coup, quand j'étais dans le rush, j'avais vraiment l'impression d'faire plus que ça. J'avais presque perdu ce p'tit truc agréable de faire du skate." C'était terriblement gênant à l'époque, quand j'allais aux entraînements presque en trainant des pieds. Après toute ses révélations, j'lui avais donné un petit baiser, comme pour la remercier de m'avoir écouter. Je réfléchis un peu aussi à ce qui pourrait la faire fuir. C'était peut-être tout simplement ce que j'étais au fond qui pourrait la faire partir, un mec plutôt lâche, un peu gamin .. l'estime que j'avais de moi n'était pas des plus hautes mais j'aimais bien me voir à travers les yeux de Leyla. Elle me faisait me sentir un type bien. Et c'était vraiment très agréable. Nos verres étant terminés, je réglais l'addition et je pris la main que Leyla me tendait, entrelaçant nos doigts. J'étais bien marcher comme ça, avec la main de Leyla dans la mienne. J'me sentais étrangement entier. On arriva sur la plage, qui n'était pas très loin. Le soleil commençait lentement sa descente sur l'horizon, c'était sublime. On s'assit, un peu à l'écart du brouhaha de la ville. On était l'un à côté de l'autre, face à l'océan. Je souris en écoutant les mots de Leyla. J'plantais mon regard dans le sien. Elle avait parlé de la vue de l'océan, de ce coucher de soleil. "Moi non plus, j'm'en lasserais pas." Mais ce à quoi je pensais à ce moment là, c'était plutôt à Leyla. Mon p'tit sourire en coin pouvait témoigner de la véracité d'mes propos. J'crois que j'pourrais jamais me lasser de regarder Leyla. Elle déposa un baiser sur ma main, ce qui me fit sourire encore davantage. J'la regardais, ses mouvements, j'sentais qu'elle était un peu nerveuse. Elle porta son regard dans le mien et j'l'écoutais attentivement. L'anxiété, c'était quelque chose qui m'était totalement inconnu. Mais j'étais bien décidé à tenter au maximum de la comprendre et de l'accompagner. Ces derniers mots me firent chaud au coeur. "Surtout Leyla, si t'as besoin de plus de temps, j'veux pas que tu te sentes obliger de quoi que ce soit." J'voulais surtout pas qu'elle s'imagine que parce que j'lui avais parlé de mon passé, cela impliquait qu'elle doive obligatoirement parler du sien. On avait tout le temps, on aurait d'autres jours.. des dizaines d'autres, des centaines... "J'veux juste que tu te sentes bien avec moi. C'est ce qui m'importe. Peut-être qu'ensemble, on peut la faire taire un peu, cette anxiété." J'lui souris, tendrement. J'voulais qu'elle ressente que j'la soutenais, dans tout ce qu'elle était. J'me sentais prêt à affronter ça avec elle. Parce que je ne m'imaginais absolument pas tout abandonné comme ça. Pas cette fois. Elle m'apparaissait soudainement fragile, comme si j'ressentais en moi une envie incompressible de la protéger, de prendre soin d'elle. Chaque jour.

leyla & elijah  

Je trouvais ça magnifique la capacité qu'avait Elijah à s'ouvrir à moi et à me laisser le découvrir. Il le faisait avec beaucoup d'humilité et un certain laisser aller que j'admirais. Ça me montrait qu'il s'embarquait dans cette aventure, cette relation à 100% et qu'il me portait une certaine confiance aussi. Parce que ce qu'il me dévoilait là, ça ne semblait pas facile à dire pour lui. Je sentais qu'il y avait de l'émotion derrière ces mots, son langage physique trahissant parfois ses sentiments. Et pourtant, il me racontait tout ça avec beaucoup d'abandon et un brin de quiétude. Je ne pouvais pas faire autrement que d'accueillir toutes ses confidences et toutes ses émotions avec de l'ouverture, de la compassion et de la bienveillance. Elijah, c'était important pour moi qu'il sache que jamais il ne serait jugé avec moi et jamais j'lui ferais sentir que ce qu'il ressentait, c'était pas valide. Parce que ce l'était. Et je trouvais important qu'il se sente confortable de vivre ses émotions quand bon lui semblait. C'était mon but, tout ça parce que je ressentais beaucoup de respect pour lui. J'voulais pas dire de l'amour, mais je l'appréciais beaucoup et c'était ce que je faisais avec les gens que j'appréciais. Elijah, il semblait se perdre dans mes compliments parce qu'il cru pendant un instant que c'était cool de se qualifier soi-même de personne fabuleuse (coucou ici bibi) . La modestie, c'était un truc à travailler disons, mais j'étais bien prête à vivre avec ce petit défaut. Je me mis à rire à sa remarque, ne jugeant pas que c'était nécessaire d'en ajouter. Il le savait, c'était l'important. On aborda ensuite le sujet de son passé de skater, son ''abandon'' et tout. J'avais un pied de recul, c'était certain puisque je l'avais pas vécu. Le mieux que je pouvais faire, c'était de le rassurer sur le fait que cette décision, elle changeait pas ma vision de lui. « Et maintenant, tu l'as retrouvé, non? Ça sert à rien de faire un truc au point où on oublie pourquoi on le faisait je trouve. » dis-je simplement. On termina la discussion là-dessus alors qu'Elijah régla la facture et qu'on prit la direction de la plage. On s'éloigna rapidement du brouhaha du bar pour rejoindre la tranquillité de la plage. Le soleil descendait doucement, le vent s'installait, mais on était bien. On se posa sur le sable un peu plus loin et j'avais à nouveau l'impression d'être un peu seule au monde avec Elijah. J'regardai la vue, je trouvais ça si beau. Au Chili, c'était pas spécialement sécuritaire d'aller à la plage passé une certaine heure, alors j'avais pas trop eu l'occasion d'assister au coucher du soleil comme ça, directement dans le sable. Depuis que j'étais en Australie, c'était un truc que j'aimais beaucoup faire et non, j'men lasserais pas. Je le fis remarquer à voix haute à Elijah, mais tournai la tête lorsqu'il me répondit et lui, il me fixait. Ça me fit sourire, mais ça me fit rougir aussi. J'sais pas si je pouvais être prête à 100% à me dévoiler, mais j'avais envie de le faire, j'voulais faire ce pas dans sa direction, lui rendre la confiance qu'il m'accordait. Je pense que ça me ferait du bien aussi, mais j'étais pas complètement certaine d'où j'arriverais à me rendre dans l'histoire. J'lui fis une petite introduction en parlant de mon anxiété, ça donnait une petite idée de ma personne quand même et ça lui donnait un aperçu de la suite. Elijah, il semblait accueillir tout ça avec beaucoup de douceur. Je lui rendis son sourire, sa réponse me faisait que l'apprécier davantage. « J'me sens bien avec toi. » lui confirmai-je en caressant doucement sa joue. « C'est bon, je pense, j'me sens pas forcée. » lui dis-je pour le rassurer. Je pris un petit moment de silence pour organiser mes pensées. Je plantai mon regard sur les vagues, me sentant pas spécialement à l'aise de le regarder dans les yeux en lui racontant tout ça. « J'suis arrivée ici, à Bowen, à l'automne dernier parce que j'ai dû fuir mon pays. » commençai-je doucement. Je fermai les yeux et pris une grande inspiration. « Mes parents... Ils étaient mêlés à des trucs pas nets avec un cartel là-bas, on leur devait de l'argent. Un soir, alors que je dormais, mon frère m'a réveillé et m'a dit de m'enfuir, que je devais sortir de là et contacter notre oncle, qui lui habite ici depuis quelques années. Il m'a aidé à sortir de la maison et... » Je m'arrêtai tandis que la vision claire de Diego qui me pousse par la fenêtre avec mon sac contenant l'essentiel me revient en tête. Je pouvais entendre les coups de feu à répétition dans ma tête tandis que mes mains tremblaient un peu. Je les serrai ensemble et fermai mes genoux contre mes mains pour me calmer. Aucune larme dans mes yeux, comme s'ils étaient à sec. Je respirai pour me détendre et je tournai finalement la tête vers Elijah. « J'étais là, juste à côté de la maison quand j'ai entendu les coups de feu et les cris de mes parents. J'étais là et j'ai pas bougé. Après, j'ai juste... Fuis. » dis-je presque en murmurant. « Et quelques jours plus tard, j'étais ici, toute seule. J'ai pas eu de nouvelles de mon frère depuis. » conclus-je finalement. J'avais pas envie qu'Elijah me prenne en pitié. Il y avait des risques qu'il trouve ça vraiment très lourd finalement et qu'il décide de changer d'idées et... Je comprenais ça. J'voulais pas qu'il décide de continuer parce que la pauvre Leyla, elle avait plus sa famille et c'était si tragique. J'lui fis un sourire triste, ne sachant pas trop quoi dire, quoi faire d'autre.

Ca faisait un bien fou de pouvoir se livrer comme ça, aussi simplement avec Leyla. De toute façon, c'était pas compliqué, absolument tout ce qu'on vivait ensemble depuis qu'on s'était rencontré, ça coulait, c'était smooth, c'était doux. J'lui avais raconté mon enfance un peu chamboulée avec le départ de mon père. Elle avait tout écouté, attentivement, et c'qu'elle m'avait renvoyé de tout ça, c'était juste de la bienveillance et de la compréhension. Elle m'avait pas jugé non plus quand j'lui avais décris la lâcheté avec laquelle j'avais abandonné le skate. Non, il n'y avait absolument que du positif à lui avoir raconté une partie de ma vie. C'était libérateur. J'me rendais compte, qu'avant d'la rencontrer, j'étais surtout un mec en surface. Assez évasif sur ses failles, ses ressentis. J'renvoyais une image d'un mec assez sûr de lui, qui raconte des conneries et qui semble au dessus de beaucoup de choses. Mais la vérité, elle était différente. J'étais plutôt un gars sensible. Mais cette sensibilité, j'l'avais un peu fait taire, par peur probablement. Mais j'avais pas tellement envie d'me cacher avec Leyla. J'savais que j'pouvais avoir une sorte de p'tit démon sur mon épaule et qu'il pouvait me pousser à faire des trucs pas très cools. Comme envoyer une relation de plus de quatre ans aux oubliettes. Ca, j'en étais pas fier, c'est certain. Mais j'avais agit en connaissance de cause, parce que j'avais juste écouté mon instinct. Comme j'l'avais fais pour le skate. J'étais un putain de paradoxe à moi seul, et j'crois que j'me posais plus trop de question. J'me laissais juste guidé par mes sentiments, mes envies. Et là, depuis que mes yeux s'étaient posés dans ceux de Leyla, j'suivais le moov' dans lequel mes pensées me plongeaient. Et elles me disaient très clairement un truc du genre "vas y fonce, cette fille est une perle." On avait quitté le bar, prenant la direction de la plage. Main dans la main, face au soleil couchant. C'était beau. Elle avait ce p'tit don, Leyla, pour que tout avec elle, soit sublime. On s'était assis dans le sable, et elle avait commencé par me confier ses peurs. Enfin surtout, son anxiété. J'avais tenté d'la rassurer comme j'avais pu. C'était un peu inconnu ce concept d'anxiété. Mais à nous deux, on arriverait sans doute à trouver l'équilibre. Entre son anxiété à elle, et mon côté je-m'en-foustiste à moi. Elle me caresse tendrement la joue, m'assurant qu'elle est bien avec moi. J'lui rend son sourire, j'passe ma main sur sa main, juste le temps d'une caresse, comme pour lui donner encore un peu de réconfort. J'sens que c'qu'elle a me livrer, ça lui pèse beaucoup. J'reste silencieux, lui laissant le temps nécessaire pour trouver les mots. Ca m'fait un p'tit pincement au coeur d'la voir nerveuse comme ça. J'voudrais la prendre dans mes bras, la rassurer encore et encore. Mais elle prend un grand inspiration et se lance. Elle ne me regarde plus vraiment, comme si elle cherchait du courage en le puisant à l'horizon. Moi j'reste rivé sur elle. Sur sa bouche, ses yeux, ses expressions. Et je l'écoute me livrer son histoire. C'qu'elle me raconte là, c'est violent. C'est rude. C'est beaucoup trop à supporter pour les épaules d'un humain. Personne devrait avoir à vivre une telle chose. Elle me parle de ses parents, de leur situation au Chili et de cette terrible nuit. Elle a pris son temps pour trouver les mots, durant sa pause, j'suis resté silencieux, parce que j'voulais juste la laisser prendre son temps. J'voyais bien qu'elle était assez touchée par ce qu'elle me racontait. Qui ne l'aurait pas été après tout. Elle finit son récit, et j'la quitte pas des yeux. Leyla, elle m'adresse un sourire un peu triste. Elle m'touche aussi, au plus haut point, avec son histoire. Pas évident de trouver les bons mots après de telles révélations. Il y a tout un tas de pensées qui me traversaient. Elle avait tout abandonné, en une fraction de seconde, laissant la vie de ses parents entre les griffes des membres d'un cartel. Elle avait fuis, seule dans la nuit, probablement perdue. Même si c'était impossible de me mettre réellement à sa place, j'essayais au maximum de comprendre tout ce qui pouvait la chambouler aujourd'hui. "J'suis vraiment désolé que t'aies vécu ça Leyla. Personne devrait jamais avoir à fuir comme ça, mais ton frère, il t'a sauvé la vie." J'imaginais à quel point elle devait se sentir seule, loin de son Chili natal, sans avoir pu réellement faire le deuil de ses parents. "Est-ce que t'as des moyens d'le recontacter?" Son frère, et son oncle ici, c'était tout ce qui lui restait. Ca m'donnait encore plus envie d'la protéger, d'la prendre dans mes bras et lui promettre que tout irait bien. "Est-ce que tu te sens en sécurité, ici à Bowen?" J'imaginais bien que ce type de cartel était du genre persécuteur. J'la quittais pas des yeux, c'qu'elle m'avait livré là, c'était fort. Elle avait eu un tel courage pour quitter le Chili, se reconstruire du mieux qu'elle pouvait ici, et de tout me raconter aujourd'hui. "T'as été super courageuse, Leyla" J'passais un bras autour de ses épaules et j'me penchais pour lui déposé un baiser sur la tempe. Ce genre de baiser qui veut dire "j'suis là pour toi.". Elle m'apparaissait fragile, frêle, tout à coup. Forcément, ça me faisait d'la peine d'apprendre que la vie avait été si dure avec elle. Ca m'donnait envie d'la couvrir de tendresse et d'attention. J'desserrais un peu mon étreinte pour pouvoir la regarder à nouveau. J'étais pas le mec le plus doué de l'univers pour réconforter, pour trouver les bons mots. Y en avaient-ils vraiment pour ce genre de situation? Mais j'avais envie que Leyla, elle sente que ça me touchait vraiment qu'elle ait eu suffisamment de confiance en moi pour me raconter ça. "J'sais que ça changera pas grand chose, mais sache que j'lui là pour toi, ok?" J'pourrais jamais combler la douleur qu'elle devait ressentir à chaque instant, mais si j'pouvais faire rien qu'un peu pour atténuer tout ça, alors, j'le ferais. Sans hésiter.

leyla & elijah  

Elijah, il sait pas à quel point il est spécial. Il a ce p'tit donc de me faire sentir calme et en sécurité, comme si le monde autour était beau et doux. Ou plutôt, comme si le monde autour était sur pause ou bien qu'il n'existait pas. C'est comme ça que je me sens depuis sa rencontre en tout cas. Comme s'il arrivait à mettre toutes ces petites pensées intrusives qui me causaient de l'anxiété sur silence. Il arrivait à faire taire le chaos, la peine, le deuil. C'était précieux ça, surtout qu'il le faisait sans savoir quoi que ce soit. C'est un peu ce qui me donna la force de me confier à lui. S'il était aussi bon pour moi dans l'ignorance, j'imagine qu'il le serait encore plus en toute connaissance de cause. C'était surtout une supposition, disons que je n'avais pas d'attentes précises. Je ne voulais pas qu'il se force à être présent s'il trouvait ça lourd, je comprendrais certainement le besoin de se distancer de ce genre de choses. J'avais longuement réfléchi à si j'arriverais ou pas à me confier à Elijah, à si c'était quelque chose que je souhaitais faire ou si, au contraire, je plongerais dans mes bonnes vieilles habitudes de tout garder pour moi. Malgré la confiance que je lui accordais, j'devais aussi me faire confiance. Fallait aussi que je trouve la force de raconter, d'm'y replonger. C'est main dans la main, sur la plage, face à ce paysage bien féérique que ma petite voix intérieur me souffla un oui, vas-y. Comme si tout était bien en place et qu'enfin, j'me sentais prête. Comme si le couché du soleil me donnait la force nécessaire, me poussait juste assez. J'commençais donc par la première étape : avertir Elijah et lui parler de mon anxiété. Juste ça, c'était un énorme pas vers l'avant. Quelques personnes étaient au courant de ce que j'avais vécu ici, je pensais à Lewis et à Maddie surtout, mais l'anxiété, j'en parlais pas. J'la vivais à l'intérieur, je la laissais me déchirer sans rien dire, accumulant les crises de panique jusqu'à ne plus pouvoir respirer. C'était mon combat à moi et jusqu'ici, je pensais bien gérer. Sauf que ça m'affectait dans mon quotidien et espérer un futur avec Elijah, c'était d'admettre que ça pourrait avoir une influence sur lui aussi, éventuellement. Il accueillit ces informations à l'image de sa personne, avec beaucoup de douceur, de bienveillance et de positivisme. Ça me mettait en confiance pour la suite. Ses petits gestes comme sa main sur ma joue aussi. Alors je me lançai. Avec beaucoup de franchise, de sincérité et de vulnérabilité. J'évitai quelques détails, je ne voulais pas m'éterniser ni accabler Elijah d'informations. J'y aillai avec le plus important, le nécessaire, mais j'en mentionnai assez pour qu'il se fasse une bonne idée. Oncle León m'avait bien dit de ne pas minimiser ce qui m'était arrivé et j'essayai d'éviter ça. Je terminai donc de façon un peu awkward, je ne savais pas trop quoi dire après tout ça, mais c'était qu'une question de secondes avant qu'Elijah ne prenne la parole. J'le sentais remué un peu, p'tête à court de mots aussi. Mais il les trouva rapidement et juste le timbre de sa voix me faisait du bien. Il mentionna que mon frère m'avait sauvé la vie, c'était vrai. J'lui devais tout et qu'est-ce que j'aimerais pouvoir le remercier. J'haussai les épaules tristement à la question d'Elijah. « On a pas eu de nouvelles depuis, pas moyen de le rejoindre. On suppose qu'il travaille pour le cartel ou bien que... » dis-je sans être capable de continuer ma phrase. L'autre alternative à ce stade-ci était qu'il soit mort. Ça faisait des mois après tout, s'il se cachait, on aurait déjà eu de ses nouvelles maintenant. Sa question suivante me fit réfléchir. J'étais pas certaine qu'on me l'avait déjà posé. « Oui. » finis-je par dire d'un air définitif. J'me sentais en sécurité en Australie, j'étais loin de tout ça. J'avais encore du mal à dormir, on m'avait parlé de syndrome post traumatique et souvent, ça se manifestait en terreur nocturne. J'me sentais bien plus vulnérable la nuit, mais en général je me sentais safe. « Je pense pas que j'aie à m'inquiéter de tout ça ici. » dis-je en tentant de rassurer Elijah sur ce sujet. J'me laissai aller à son contact, fermant les yeux lorsqu'il déposa un baiser sur ma tempe. J'me sentais un peu soulagée que cette partie de moi soit dévoilée maintenant. « Merci de m'avoir écouté. Ça signifie beaucoup. » lui dis-je en le regardant tendrement. J'étais pas certaine d'avoir été si brave que ça. Après tout, j'avais même pas essayé d'empêcher l'événement, j'avais juste fui. Je plongeai mon regard dans celui d'Elijah alors qu'il mentionnait qu'il allait être là pour moi. J'hochai la tête, j'espérais arriver à le laisser être là pour moi. Je déposai ma tête contre la sienne, ma tempe au niveau de sa joue, juste pour sentir sa peau un peu, pour le sentir près de moi. Je fermai les yeux pour bien en profiter. « C'est comme ça que tu t'es senti toi aussi? Un peu libéré? » demandai-je doucement. Se confier à la bonne personne, c'était terrifiant au début, mais ça faisait du bien au final. Je tournai doucement mon visage vers le sien pour déposer mes lèvres sur les siennes avec toute la douceur et la tendresse possible.

Depuis que Leyla était dans mes pensées, j'avais l'impression que le monde était plus léger. Comme si, le simple fait qu'elle soit entrée dans ma vie, avec sa douceur, sa sensibilité, ses beaux yeux en amandes et son sourire, tout ce qui pouvait me peser avant, tout ça, ça c'était envolé. J'pensais très très très souvent à elle. Et quand j'me surprenais à parler d'elle, j'avais toujours ce p'tit sourire accroché aux lèvres. Leyla, elle représentait beaucoup pour moi. Et pourtant, on venait à peine de se rencontrer. Mais tout ce qu'on vivait ensemble, ça avait beaucoup de sens. C'était comme une espèce d'évidence. Sur un petit nuage, voilà où j'me trouvais depuis que nos routes s'étaient croisées. Et toute la semaine, lorsqu'on échangeait des p'tits messages, j'avais une sensation de plénitude. J'étais bien. Tout simplement bien. Et j'voulais vraiment que tout ça, ça continue. Que j'continue à apprendre à la connaître, qu'on se voit, de plus en plus régulièrement. J'sais pas si c'était ça un coup de foudre. J'sais pas si c'était d'l'amour, j'cherchais pas trop à mettre des mots sur ce que je ressentais. J'me posais pas de questions en fait. J'me laissais porter. Et c'était parfait comme ça. Notre rendez-vous là, il s'passait à merveille. Malgré un faux départ, on avait vite retrouver une vraie complicité, baignée de confiance et de bienveillance. Suffisamment pour qu'on se confie. J'avais pas envie d'avoir de secret pour elle. J'voulais qu'elle me voit telle que j'étais. Parce qu'à travers ses yeux, j'avais vraiment la sensation d'être une bonne personne. J'en doutais parfois, intérieurement, mais c'était la plus belle face de moi qui ressortait avec elle. J'me sentais sincère, détendu. Et après lui avoir révéler quelques passages de ma vie, on s'était retrouvé sur la plage. Et c'était elle qui avait ouvert les portes de son passé. C'était douloureux. C'était rude. Et elle m'avait raconté tout ça, avec un peu de nervosité. C'était pas très rigolo ce qu'elle avait vécu. C'était même un gros traumatisme. J'pouvais comprendre l'anxiété après avoir vécu quelque chose de tel. J'avais tout écouté, avec attention, lui laissant l'espace nécessaire, les silences rassurants aussi. J'étais pas un champion quand il s'agissait de trouver les mots. J'étais plutôt maladroit. Mais généralement, mes expressions, mon regard, ils en disaient plus. J'lui avais demandé si elle avait essayé de joindre son frère. A ce stade, c'était la seule personne de sa famille proche qui était susceptible d'être encore au Chili. Sa réponse me déchira le coeur. Sa voix s'était comme évanouie, à la triste penser que son frère avait pu être lui aussi tué par ces types. J'me contentais de prendre sa main dans la sienne et d'la serrer. Aucun mot n'était suffisamment puissant pour atténuer ce genre d'inquiétude. Ce qui m'importait beaucoup aussi, là, à ce moment, c'était de savoir si Leyla, elle était en sécurité. L'idée qu'elle puisse vivre avec la peur au ventre, ça m'en fichait une aussi, de peur. Elle était tellement précieuse à mes yeux, Leyla, elle m'importait tellement, que j'voulais pas imaginer que quelqu'un puisse lui vouloir du mal. Elle m'assura qu'elle se sentait en sécurité et qu'elle n'avait pas de raison de s'inquiéter ici. Ca me rassura un peu. "C'est déjà beaucoup." Quand il s'agit d'trouver des mots, j'suis vraiment une catastrophe ambulante, j'avais la sensation d'avoir été d'aucun soutien pour Leyla. J'essayais d'me rassurer en me disant que ma simple présence était déjà une preuve de soutien. J'aurais voulu être celui qui lui enlève toutes les inquiétudes et les peurs .. si seulement c'était possible. C'qu'elle avait vécue, on s'en remettait pas en un claquement de doigts. Mais j'étais bien décidé à être présent, dans chaque instant. Qu'elle se livre comme ça, à moi, sur un sujet aussi délicat, c'était une preuve de plus qu'elle me donnait. Une preuve de confiance. J'lui avais déposé un baiser sur la tempe, et elle m'avait remercier. J'avais souris un peu, fermant les yeux, respirant son parfum. "Tout ce que tu m'as dit là, ça signifie beaucoup aussi pour moi. J'me sens vraiment en confiance avec toi Leyla." C'était ça le mot. La confiance. Tout ce qui nous entourait là, c'était juste d'la douceur, des p'tites étoiles pleines de promesses et de tendresses. Et j'les aimais beaucoup ces étoiles. Leyla posa sa tempe contre ma joue, et de ma main autour de son épaule, j'lui caressais tendrement le haut du bras. J'écoutais sa voix. Et je souris tendrement. "Oui, libéré et un peu plus léger aussi. C'était pas forcément facile pour nous deux, mais ça fait du bien. J'me sens beaucoup moins seul. Beaucoup plus .. ensemble." Leyla tourna la tête vers moi pour venir poser ses lèvres sur les miennes. J'accueillais ce baiser, tout tendre, fermant les yeux, ma main libre venant se poser sur sa joue. J'me laissais pas de l'embrasser. C'était définitivement une activité très agréable. Comme on s'trouvait sur la plage, sans personne autour, notre baiser, il dura un peu plus longtemps que tout à l'heure. Avec beaucoup de tendresse, nos langues se mélangèrent un peu, lentement. Puis, on quittait ce baiser et je rouvrais les yeux, plongeant mes yeux bleus dans les siens, d'un noir profond.  J'm'y perdrais à chaque fois. J'souris tendrement, avant de l'envelopper de mes deux bras, avec un peu plus de fougue, plus de dynamisme, l'attirant vers moi et la serrant fort sans l'écraser - bien évidemment. "Maintenant que j't'ai trouvé, j'te préviens, je te lâche plus!" Oh ça non. Maintenant qu'elle était entrée dans ma vie, après tout ce qu'on s'était dit, par les mots et les regards, après tout ça, je mettais un point d'honneur à ce qu'elle prenne une place importante dans ma vie.  On avait encore beaucoup à découvrir l'un de l'autre, mais j'avais hâte justement, de tout connaître d'elle. J'étais définitivement tomber sous son charme. C'était ça, l'effet Leyla Alvarez.

leyla & elijah  

C'était beau ce qu'on faisait là Elijah et moi. Pas nécessairement ce qu'on disait, mais le fait qu'on arrive à se confier, à se laisser aller et à se faire confiance. Ouais, ça c'était beau. On laissait une petite partie de nous mêmes sur cette plage et au bar, une partie de nous qui s'retrouverait en l'autre d'ailleurs. Parce que même si ça ne fonctionnait pas nous deux, et bien on aurait toujours ces informations là, on aurait toujours ce qu'on avait ressenti pendant notre moment aujourd'hui et ça, c'était précieux. Mais j'disais si ça ne fonctionnait pas, ce n'était qu'hypothétique. Pour l'instant, tout fonctionnait, tout était parfait et tout chez Elijah me donnait envie de plus. J'avais répondu honnêtement à sa question, j'me sentais en sécurité à Bowen. Rien ne m'avait fait croire que je ne l'étais pas, mais être avec lui, c'était un petit plus. Comme si réellement, rien ne pouvait m'arriver en sa présence. Ça me réchauffait pas mal le coeur de savoir ça. Une fois toutes ces confidences faites, j'me rendais compte à quel point d'avoir des gens qui t'écoutent c'était important. J'étais plutôt choyée ici avec mon entourage. Elijah, il rejoignait les rangs de ceux qui avaient gagné ma confiance et ça me faisait très plaisir. Ça me fit sourire de savoir que c'était totalement réciproque. '' Moi aussi, je me sens en confiance avec toi. '' lui confirmai-je. Être dans ses bras, c'était la meilleure sensation du monde, probablement là où j'voudrais me réfugier à tout moment, n'importe quand. Je me blottis un peu contre Elijah, ma tête contre la sienne afin de prendre tous les contacts avec lui que je pouvais avoir. J'étais si bien, comme s'il n'y avait que nous sur cette plage face au couché du soleil. On avait un don pour se mettre au bon endroit au bon moment il faut croire ou bien c'était juste notre truc à nous les moments magiques et irréels. Dans tous les cas, j'me sentais plus légère même si les mots prononcés avaient été difficiles. Le chemin pour me rendre à aujourd'hui l'avait été tout autant, si ce n'est plus. J'étais pas en paix, loin de là, j'étais même pas certaine que le processus de deuil avait été entamé. Mais là, j'avais Elijah et il semblait plus léger lui aussi, alors j'me disais qu'ensemble, on arrivait à bien naviguer à travers tout ça. Ses traumas comme les miens. Du moins, j'espérais. Ça me briserait le coeur que ça vienne se mettre en travers de notre route et que ça devienne plutôt un obstacle qui nous sépare. J'avais pas envie de laisser ça arriver, j'allais pas laisser ça arriver. J'lui souris à ses mots, un sourire tendre, un sourire sincère, puis je posai mes lèvres sur les siennes. Clairement ma nouvelle activité favorite, elles étaient réconfortantes, envoutantes. On pouvait se permettre d'être un peu plus démonstratif comme c'était calme autour, les gens étaient en mouvement et on ne dérangerait clairement personne. La main d'Elijah sur ma joue me fit frissonner tandis que la mienne se glissa sur sa nuque. La douceur de sa langue contre la mienne me transporta complètement ailleurs pendant un court instant, jusqu'à ce que l'on se sépare. L'effet qu'Elijah me faisait, il était indéniable.  Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire rien qu'à le regarder. Ses yeux beaux, son sourire adorable, la façon qu'il avait de me regarder, de caresser ma peau. Tout chez lui me plaisait. Mon coeur se serrait rien qu'à penser à nos moments ensemble et moi, j'voulais juste en vivre plus. Toujours plus. Comme si sa présence rendait tout mille fois mieux. Ses bras se resserrèrent autour de moi et j'me laissai aller à ce contact avec grand plaisir. '' Ça tombe bien, ce plan me va à merveille. J'ai pas envie de te lâcher non plus Elijah Bishop. '' lui dis-je en souriant. J'aimais bien dire son nom au complet, comme la première fois qu'on s'est rencontré et qu'on s'était déjà embrassé sans même que je sache cette info. Ça me ramenait toujours un peu à ce moment dans l'eau et ça me remplissait de bonheur. Ça m'donnait envie de penser aux prochaines étapes, de me projeter un peu. Et ça me fit penser à un truc. '' Oh. Ça me fait penser... Tant qu'à être dans les confidences... '' dis-je en me relevant légèrement et en le regardant. '' Je vis chez ma tante ici, j'essaie de ramasser de l'argent pour me permettre un appart. '' dis-je en grimaçant. C'était pas l'idéal, surtout à son âge. '' Ça fait un peu gamine loser, t'es tellement ailleurs. '' rajoutai-je avec une petite moue. Bonjour l'intimité avec la tante et la cousine en arrière. C'était la première fois que je fréquentais - je peux me permettre de dire ça non? Fréquenter? - un mec plus âgé, j'savais pas trop comment gérer cette info, le fait que j'aie jamais eu de chez moi à moi.

Ca représentait beaucoup ce qu'on avait vécu avec Leyla. En fait, chaque instant qu'on passait ensemble, ça ne faisait que nous rapprocher. Il y avait eu ce truc si magique la première fois et j'me rends compte que cet espèce de p'tit truc entre nous, il s'était pas du tout évanoui. Au contraire, j'trouvais qu'il avait grandit encore aujourd'hui. On s'était ouvert l'un à l'autre. C'était assez difficile d'qualifier notre relation là tout de suite. Parce qu'on en était encore qu'au début, c'était seulement la deuxième fois qu'on se voyait et pourtant, j'avais la sensation qu'on avait déjà entamé beaucoup de choses. Qu'il y avait beaucoup de sentiments entre nous, très positifs au passage. Ca m'faisait me sentir confiant pour la suite. J'voulais qu'il y en ait une, de suite. J'voyais pas comment ça pourrait être autrement. Dans l'instant, j'y pensais pas, parce que tant qu'elle était avec moi, je profitais. J'manquais pas une seule seconde, totalement conscient qu'on avait cette chance là d's'être trouvé. J'échangerais ma place pour rien au monde. J'étais très heureux d'être Elijah Bishop depuis qu'elle était entrée dans ma vie. J'me sentais bien, serein, entouré de tout l'aura de douceur qu'elle dégageait. J'm'y sentais bien, tout près d'elle. Et j'manquais pas de la prendre dans mes bras quand j'pouvais. C'était très réconfortant de l'avoir contre mon corps. Et puis, quand on s'embrassait, c'était encore mieux. J'pouvais pas me lasser de la sensation de ses lèvres contre les miennes. D'sentir sa main glisser dans ma nuque, ça me fit un peu frissonner. Mais un frisson de bien-être, un frisson qu'on a envie de sentir inlassablement. Quand j'étais avec elle, j'avais toujours la sensation d'être seul au monde. Il faut dire qu'on trouvait toujours le moyen pour que le cadre qui nous entoure soit presque féérique. Ce p'tit coucher de soleil, ce ciel qui tirait un peu vers le rose-orangé, la petite brise tout juste fraiche, le bruit de l'océan. C'était vraiment parfait. On s'était bien trouvé. J'l'avais attiré vers moi, lui offrant un câlin un peu plus dynamique, qui débordait de tendresse, dans un élan d'un mélange de tout un tas de sentiments. J'la lâcherais plus et j'avais bien l'impression qu'elle était d'accord avec moi sur ce point. Je souris en entendant ses mots. J'aimais bien quand elle prononçait mon nom en entier. Ca sonnait tellement bien dans sa bouche. "On s'est bien trouvé alors." Très clairement, là, on débordait d'un truc un peu niais, enveloppé de plein de sentiments, mais j'm'y sentais bien dans cette zone de confort qu'on venait d'se créer avec Leyla. J'avais envie d'la voir encore et encore, j'avais envie aussi qu'elle rencontre mes proches, à commencer par Alexis. Mais aussi Beckham, Elmo, et tous les autres. Elle finirait de toute façon par découvrir mon côté un peu gamin, immature et j'espérais juste qu'elle me trouve pas trop con. Cela dit, j'avais pas spécialement peur d'lui montrer ça. Même si, depuis qu'on s'était rencontré, j'avais un espèce de tempérament plutôt calme. Mais il suffisait d'avoir quelques protagonistes avec qui j'étais à l'aise, et j'pouvais facilement faire ressortir mon côté débile. Elle le verrait bien assez tôt. Leyla reprit la parole et me confia qu'elle vivait chez sa tante. Notre différence d'âge, on l'avait rapidement abordé par message, juste en s'donnant nos âges respectifs, mais on avait pas tellement échangé là dessus. J'sais pas trop dans quel mesure ça pouvait poser un problème. Mais Leyla, elle fit une moue en se qualifiant de gamine. Je secouais la tête. "Tu viens d'arriver, Leyla, faut te laisser le temps. Si c'est un objectif d'avoir un appart, alors tu vas y arriver. " Surtout que les conditions de sa venue à Bowen étaient tout de même bien particulières. J'la trouvais pas gamine du tout Leyla, au contraire. "J'suis ailleurs? Genre un pied dans la vieillesse ? C'est ça que t'essaie de me dire?" que j'lui répliquais avec un rire pour accompagner le tout. J'reprenais un peu mon sérieux. "Tu sais j'suis en coloc, c'est pas tellement mieux. Mais tu es la bienvenue, quand tu veux." On était clairement pas les mieux lotis en terme d'intimité. Cela dit, je pouvais me débrouiller pour envoyer Alexis ailleurs, de temps en temps. J'lui souris et j'repensais à cette différence d'âge. J'plongeais mon regard dans le sien. "Est-ce que c'est un problème pour toi que j'sois .. vieux ?" J'grimaçais un peu sur le terme vieux, j'étais pas si vieux que ça, mais Leyla était plus jeune c'est sûr. Toutes ces conversations là, elles étaient nécessaires, pour qu'on parte sur de bonnes bases. Plus on serait sincère l'un avec l'autre, plus ça serait sain par la suite. J'la regardais toujours. J'hésitais à aborder le sujet sensible des relations passées, parce que d'mon côté, j'étais pas hyper fière de ce qui s'était passé avec mon ex, mais encore une fois, si on voulait que tout soit clean, fallait être transparent. "Et t'as déjà eu, genre, des relations sérieuses?" C'était histoire de savoir comment elle se positionnait par rapport à ça, le couple, l'amour, toutes ses notions un peu vagues pour moi mais que j'avais définitivement envie de découvrir avec elle.

leyla & elijah  

Ouais, on s'était bien trouvé. C'était même plutôt fascinant à quel point tout semblait facile quand tu tombais sur la bonne personne. Là, sur cette plage, j'avais l'impression qu'Elijah et moi, on ferait un bon bout de chemin ensemble et que ce serait vraiment bien, vraiment à la hauteur.C'était peut-être naïf de ma part de croire ça, surtout après que deux rencontres, mais c'était sincèrement ce que je ressentais là maintenant. J'avais hâte de voir Elijah dans son quotidien, avec ses proches, quand il se laissait plus aller. Il me semblait si doux, si calme, avec les informations qu'il m'avait donné, je me doutais qu'il y avait plus à sa personnalité. Quelque chose de plus agité, de plus enfantin. J'étais impatiente de le découvrir. Par contre, j'avoue que ça me stressait un peu aussi. Mes amies, elles étaient plus jeunes que moi. Ensemble, on découvrait la vie, on faisait des expériences, on s'amusait. J'avais pas honte de rien, elles étaient parfaites mes copines, mais la différence d'âge n'était pas petite entre Maddie qui avait 20 ans et Elijah 28. Peut-être qu'il trouverait nul de trainer avec nous. Et moi, j'avais pas envie d'être le genre de fille qui voyait plus ses copines pour tout le temps être avec son petit-ami. Lorsqu'il aurait ce titre, of course. Je voulais tout combiner, avoir le meilleur des deux mondes. Ça allait demander de l'adaptation. Avec la différence d'âge venait aussi la réalité de nos logements. J'avais toujours vécu avec mes parents et là, j'étais chez ma tante. Loin de la fille indépendante que j'aurais voulu être. Ça indiquait aussi que l'intimité où je vivais, c'était pas trop ça. Ça aussi ça me rendait nerveuse, j'ressentais le besoin d'en parler avec Elijah parce que mine de rien, ça aurait un impact éventuellement c'était certain. Évidemment, sa réponse me rassura immédiatement. Il comprenait, il était logique, il était rempli de bienveillance. '' DEUX pieds dans la vieillesse même. '' rectifiai-je en joignant mon rire au sien. Je le taquinais seulement, mais je ne le trouvais pas bien avancé en terme de vieillesse, surtout vu l'énergie qu'il dégageait. Ça me faisait tout de même bien plaisir qu'il me dise que j'étais la bienvenue chez lui. Ça me semblait d'ailleurs être la meilleure option pour les prochaines fois où on voudrait se voir et avoir plus d'intimité. Même s'il avait une coloc. '' C'est gentil. J'ai hâte de la rencontrer ta coloc. Elle est sympa? '' demandai-je avec un sourire sincère. Je ne sais pas si ça aurait dû me faire tiquer qu'il soit en coloc avec une fille. Ce n'était pas le cas pour l'instant, mais ça changerait peut-être en la rencontrant et en voyant leur dynamique. Je me rendis vite compte que je m'étais avancée sur une possible rencontre sans vraiment savoir son état d'esprit là-dessus. '' Oh. Enfin.. Si tu veux me la présenter un jour, hein. '' corrigeai-je rapidement. Je ne voulais pas lui imposer ça non plus ou aller trop vite. J'me doutais pas que l'âge pouvait être un sujet sensible pour Elijah, moi je le trouvais parfait comme ça. Et puis, ce n'est pas comme si j'étais mineure ou comme s'il avait la quarantaine non plus. Notre écart était signifiant, mais correct. Pourtant, ce que j'en pensais semblait l'inquiéter un peu. '' Tu dis ça comme si t'étais au bord de la retraite. '' dis-je d'abord en riant. Je repris vite mon sérieux, sentant que c'était important pour lui de me poser cette question. '' Absolument pas. J'ai pas l'impression de ressentir cet écart quand on discute. '' déclarai-je avec un sourire. '' Ça peut être un problème si t'es marié et que t'as des enfants par contre. '' ajoutai-je sur un faux ton sévère. Parce que ça, j'étais loin d'être rendu là. Je me mis tout de même à rire afin d'apporter un brin de légèreté au sujet. '' Tu sais, si ça me posais problème, j'serais pas ici aujourd'hui. Et j'en déduis la même chose pour toi. '' ajoutai-je avec un doux sourire pour conclure ce sujet. Elijah, il aborda un autre sujet périlleux. Celui de l'amour, des relations. C'était difficile de bien répondre à ça, mais l'honnêteté c'était important. Je grimaçai un peu. '' Pas vraiment... '' commençai-je. Je fis mine de réfléchir, comment aborder le sujet. '' Des p'tits trucs le temps de quelques semaines, disons. '' précisai-je. J'hésitai un peu à tout dire, mais face à son regard si doux, j'pouvais pas mentir non plus. Je soupirai donc avant de me lancer. '' J'ai eu une ''relation'' avec un mec du cartel, au Chili. C'était pas de l'amour, pas pour moi, c'était juste pour garder la paix, faire plaisir... Mais bon, c'est la plus longue que j'ai eue, quelques mois. '' dis-je avec une petite moue. Le Chili et l'Australie devaient lui sembler bien différents là, mais c'était surtout le monde des cartels qui étaient complètement fucked up. Je tournai ma tête vers lui, plongeant à nouveau mes yeux dans les siens. '' Et toi? T'as eu des relations sérieuses? T'as déjà été amoureux? '' demandai-je en plus. Je me doutais que oui, vu son âge justement, ça me semblait logique.  

Avec Leyla, on était qu'au début de notre histoire. Mais j'aimais déjà beaucoup c'qui se dessinait entre nous. De la confiance, pour commencer et j'sentais qu'on démarrait avec une base bien solide. On avait ouvert nos coeurs, on s'était écouté, on apprenait à se découvrir et j'en voulais toujours plus d'elle. Jusqu'à présent, on arrivait à transformer n'importe quel moment en quelque chose de magique, de beau. Et Leyla, elle m'apportait ce p'tit truc en plus, qui m'faisait me sentir vraiment bien. Notre différence d'âge, on en avait pas encore parlé jusqu'à présent. Ca m'faisait pas spécialement peur. J'me considérais pas tellement comme un presque trentenaire responsable. Loin de là. Alors la jeunesse de Leyla, elle était plutôt salvatrice. J'savais pas tellement jusqu'où notre histoire irait, quelle forme elle prendrait, mais j'avais surtout envie d'me laisser bercer par l'instant. Mon entourage, il était beaucoup à mon image. On s'laissait tous un peu porter par la vie, sans se poser trop de questions. Jusqu'à présent, Leyla et moi, on s'était toujours vu que tous les deux. On n'était pas encore au stade de passer des soirées avec nos potes respectifs, et j'espérais juste qu'elle me trouve pas trop immature avec mes potes. Leyla, elle avait surtout vu mon côté calme et ma p'tite tendance romantique avec elle, et parfois, ça pouvait trancher avec c'que je pouvais être en compagnie de Beck ou d'Elmo. Mais j'essayais de pas trop y penser et j'me convainquais qu'elle aimerait ça aussi de moi. Leyla, elle avait bien fait d'aborder ce sujet, ça nous permettait aussi d'nous mettre en confiance dans ce domaine. Sa réponse redoubla mes rires et j'lui donnais un petit coup d'épaule dans la sienne. Comme pour lui dire "bien joué!". J'étais en coloc avec Alexis, il n'y avait absolument rien d'amoureux entre nous. Ca non. Leyla, elle pouvait être sereine par rapport à ma relation avec ma meilleure amie. Je hochais la tête à sa question et je n'eu pas le temps de répondre avant qu'elle rectifie ses propres. Je souris. "Elle est géniale, Alexis. C'est un p'tit soleil, c'est ma meilleure amie depuis .. plus de dix ans maintenant. J'suis sûre que vous vous entendrez bien." Je marquais une courte pause. "Et bien sûre que j'veux que tu la rencontre. J'compte bien te faire venir à l'appart', vous vous croiserez sûrement." Et j'ferais bien évidement en sorte qu'Alexis soit de sortie pour profiter d'un moment avec Leyla, juste nous deux. Dans l'inimité.

Mon âge, c'était un peu un sujet sensible, dans le sens où j'arrivais pas tellement à assumer d'avoir presque la trentaine. Mais les réponses de Leyla me rassurait. J'souriais en l'écoutant. C'est vrai que j'pouvais être assez sévère envers mon âge mais je ne peux m'empêcher de rire devant son faux air autoritaire. "Promis, pas d'femme ni d'enfants à déclarer!" J'reprenais un peu mon sérieux en rebondissant sur ce qu'elle avait dit auparavant. "J'ressens pas l'écart non plus quand j'suis avec toi. Ou tu es très mature, ou j'suis très immature, ou c'est un subtil équilibre des deux." J'optais probablement pour la dernière option, bien que je ne sois pas réputé à Bowen pour être d'une maturité légendaire. Tout ce que je retenais, c'est qu'avec Leyla, c'était simple et ne sentait aucun fossé se creuser entre nous. Je hochais la tête à sa conclusion, notre différence d'âge ne posait aucun problème, ni pour elle ni pour moi. "On est bien ensemble, c'est tout ce qu'il faut retenir." Quitte à être dans les confidences et les sujets un peu sensible, j'avais abordé celui des histoires passées. Même s'il fallait davantage regarder vers le futur, c'était important aussi d'savoir ce que l'autre avait vécu. Leyla, elle commença par me dire qu'elle avait eu des p'tites histoires et puis, son air avait un peu changé. Elle avait soupiré, comme si elle se préparé à me livrer quelque chose de plus important. Et ça n'avait pas loupé. Elle me parlait d'une relation qui ressemblait à quelque chose d'arrangé. J'me rendais compte que le monde des cartels et la manière dont ça fonctionnait était vraiment particulière. C'était très loin d'mon monde à moi. Ca ressemblait presque à un film. "Je vois. J'espère qu'il était respectueux avec toi.." C'était la première chose à laquelle j'avais pensé. J'avais du mal à concevoir qu'on puisse omettre de cette manière les sentiments amoureux. Leyla, elle semblait avoir connue beaucoup de violence et d'anxiété en évoluant dans ce milieu, et j'espérais juste, du plus profond d'moi, qu'elle n'avait jamais à mettre son consentement de côté. Leyla me retourna la question et face à la sincérité avec laquelle elle m'avait répondu, j'pouvais pas lui cacher quoi que ce soit de mon passé. "J'ai eu une seule et longue relation. Elle a duré quatre ans. On s'est séparé il y a deux ans. Enfin, je l'ai quittée plutôt, pour être honnête. J'ai un peu flippé de la tournure sérieuse que prenait les choses." Je grimaçais un peu, bien conscient de dévoiler une partie pas très chouette de ma personnalité. "J'ai eu peur d'l'engagement. Elle avait commencé à parler d'emménager ensemble, d'avoir des enfants, et j'ai préféré m'éloigner, parce que j'étais pas prêt à ça." Je regardais un peu devant moi, portant mon regard sur l'océan. Leyla, elle était tellement spéciale pour moi, j'me rendais bien compte de ça. Et j'voulais qu'elle le sache. "Depuis deux ans, t'es la première avec qui j'ai pas peur d'penser à une suite." Je souris un peu et reporta mon attention vers elle, plongeant mes yeux dans les siens. J'crois qu'elle pouvait voir à mon regard doux et tendre que j'ressentais beaucoup de chose pour elle. Et c'était très agréable de ressentir ça, depuis longtemps.

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Avec Elijah, on commençait déjà à se projeter un peu en parlant de futur, de passé, d'amour. C'était important d'aborder ce genre de sujets tôt dans la relation. Ça nous permettait de bien mieux apprendre à nous connaitre, mais aussi d'établir un peu nos attentes et nos limites. On avait une belle communication je crois. Tout était fait et dit dans la bienveillance, dans le désir de mettre l'autre à l'aise et de le comprendre. Ça me plaisait beaucoup, j'imagine que c'était un avantage d'un mec plus vieux, c'était plus mature comme type de relation même si Elijah ne semblait pas se qualifier d'homme très mature. Même que selon lui, être en coloc c'était pas très mature et tout, mais moi je retenais surtout qu'il voulait que je vienne chez lui et que je rencontre sa fameuse Alexis. Ça me faisait très plaisir en fait, j'me sentais la bienvenue dans son monde. Bon y'avait toujours la possibilité qu'Alexis soit pas sympa ou hyper possessive avec Elijah, mais selon la description qu'il m'en faisait, je sentais qu'elle et moi on pourrait bien s'entendre. Elijah aussi semblait de cet avis. « J'ai hâte alors. J'ai aussi hâte voir où tu habites, ton environnement et tout ça. » dis-je avec un sourire. Ça en disait long sur la personnalité des gens, leur environnement. Mine de rien, un truc qui semblait vraiment inquiéter Elijah, c'est son âge plus avancé que moi. Il quittait bientôt la vingtaine et j'étais pas certaine qu'il le vive bien. Moi par contre, ça ne me posait pas problème tant qu'on semblait sur la même longueur d'onde. « Ouais je pense que c'est un équilibre. » approuvai-je en riant. J'sais pas si je me considérais très mature. Ce que j'avais vécu, ça m'avait certainement forcé à vieillir un peu plus vite, c'était certain. Puis, j'avais un tempérament assez calme, mais j'savais pas si c'était considéré être mature. L'énergie d'Elijah matchait bien avec la mienne, j'étais pas prête à le qualifier d'immature pour ça. Faudrait que j'en vois plus. Et j'avais hâte d'en voir plus. Je fis un sourire à la conclusion d'Elijah sur ce sujet et le laissai diriger la conversation vers nos histoires passées. La mienne lui montrerait certainement un autre côté de ma vie, différent de ce qu'il avait pu voir jusqu'à présent. C'était un monde difficile les cartels, c'était loin d'être joli, loin d'être près de la vie australienne. J'avais certainement vu beaucoup trop de trucs pour mon âge, mais j'en avais vécu pas mal aussi que j'aurais préféré éviter. C'est d'une certaine relation que je finis par parler à Elijah. Au Chili, avant tout le drame entourant la mort de mes parents, j'étais plus tout à fait maitre de mes décisions, Les tensions étaient grandes et il fallait les apaiser, se protéger. Pour éviter d'être pris dans les répercussions, l'une des parties du deal était que j'serais la petite amie d'un des membres. Lui, il était content, il m'aimait bien, mais y'avait rien de réciproque là-dedans. J'le faisais pas par choix mais bien par nécessité. Le genre de truc auquel j'aimais pas trop penser, mais j'sentais que je devais au moins le mentionner à Elijah. Son commentaire eut beaucoup d'impact parce que je ne m'étais jamais posé la question. Cette relation, je l'avais mise dans un coin de ma tête et j'essayai de ne pas l'analyser, de ne pas y penser parce que c'était pas un truc dont j'étais fière ni qui me laissait de bons souvenirs. Il s'était passé pas mal de trucs pendant ces quelques mois et je n'avais jamais voulu y repenser. Je serrai un peu la main d'Elijah, lui faisant un petit sourire en guise de réponse, puis je lui relançai la question. Il mentionna qu'il avait eu peur de l'engagement, des trucs plus sérieux comme emménager ensemble, avoir des enfants. Sa réaction me paraissait tout à fait plausible puisque moi non plus, je n'étais pas rendu là. Par contre, après quatre ans de relation, c'était probablement signe qu'ils n'étaient pas faits pour être ensemble plus longtemps. « Ça a dû être difficile de t'éloigner pour cette raison. » commentai-je. Parce que ce n'était pas par manque d'amour. « Ça t'arrives de regretter? C'était y'a deux ans, t'étais pas prêt à ce moment mais... Au stade où t'en est aujourd'hui, ça t'arrives? » demandai-je curieuse. C'était pas une question piège, vraiment juste de la curiosité, une façon de voir il en était où dans son cheminement face à cette chose qu'on appelle l'engagement, mais aussi aux deux sujets énoncés. Elijah finit par me regarder, me sortant des mots qui vinrent m'atteindre droit au coeur. Il savait toujours quoi dire. Probablement que mes joues devinrent un peu rouge à la suite de ce commentaire, mais un sourire se glissa sur mon visage. « Ça me fait très plaisir d'entendre ça. Surtout que j'imagine bien une suite avec toi aussi. Une très belle suite. » rajoutai-je en déposant un baiser sur sa joue. J'avais envie que cette histoire elle dure. J'avais envie qu'Elijah il soit ma première vraie histoire en fait.