Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: Re: You'll never walk alone (Joséphine) Sam 1 Juil 2023 - 9:52
"- Tu es un très bon cuisinier, ils ont de la chance de t'avoir."
Je connaissais évidemment les talents de cuisinier de mon ancien mari. C'était lui qui faisait les petits plats à la maison. En même temps, il était préférable pour tout le monde que je ne cuisine pas. Contrairement à Tommy, je suis une piètre cuisinière et cela n'a pas franchement changé depuis que je vis seule. Je préfère commander quand j'ai faim. En dehors de cela, je saute les repas. Depuis le décès d'Amelia, je ne sens plus vraiment la sensation de faim. Je me nourris car mon corps a besoin de carburant mais je n'y prends plus de plaisir comme avant. Tommy avait été témoin de cela et de ma perte de poids après coup. Aujourd'hui, j'ai repris du poil de la bête mais l'alimentation reste un problème sur lequel je travaille encore.
Savoir que le traumatisme de mon accident l'empêchait de réaliser son rêve me fit un peu culpabiliser. Evidemment, je n'étais pas à l'origine de l'accident, j'en étais la victime ainsi que notre fille. Seulement, je me sentais en partie responsable. Je n'avais pas su éviter la voiture en face. Cette responsabilité, je la porterais avec moi à vie. Alors savoir que Tommy ne parvenait plus à travailler à cause de cette intervention qui a marqué notre vie, je le prenais un peu personnellement. Tout comme lui, je baissais les yeux et observais mon assiette de sushis qui me donnait beaucoup moins envie à présent. Je savais Tommy fort et je savais qu'il pourrait reprendre un jour s'il le souhaitait. D'ailleurs, à aucun moment je ne pensais qu'il avait arrêté sa carrière de pompier. Je savais qu'il l'avait mis en pause après l'accident mais le traumatisme était encore frais. Je pensais qu'il avait repris depuis notre rupture. D'une voix un peu penaude, je lui dis :
"- Je suis désolée pour toi Tommy. Peut-être que tu pourras reprendre un jour. Enfin si tu le souhaites bien sûr."
Tommy évoqua ensuite a bonne recette. On l'avait tous les deux cherchait. Lui dans la boisson et moi dans le travail. Le problème, c'était qu'on l'avait cherché séparément et non ensemble. Nos chemins étaient trop éloignés à ce moment là et nous n'arrivions pas à nous retrouver. Alors les choses ont dérapées et les réflexions ont fusées de part et d'autres. Avec le recul, je n'aurai évidemment pas fait les choses ainsi et Tommy non plus, j'en étais certaine. A le voir tout penaud devant moi à me présenter des excuses, j'eus un petit sourire attendri. D'instinct, je tendis le bras vers son visage et le força à me faire face, à me regarder. Le contact de sa peau contre la mienne me lança une petite décharge au fond de moi. Je ne le connaissais que trop bien.
"- Je ne peux pas te donner tous les tords Tommy. Nous étions deux dans l'équation et j'ai également eu des mots qui ont dépassé ma pensée. J'en suis désolée aussi."
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Sujet: Re: You'll never walk alone (Joséphine) Dim 2 Juil 2023 - 20:06
Joséphine & Tommy
La cuisine, c’était quelque chose de naturel chez Tommy. C’est une partie de lui, mais aussi de son éducation. Une passion qu’il avait héritée de sa mère et de sa grand-mère. S’il ne pouvait plus exercer son métier de pompier, ça lui paraissait tout naturel d’être dans une cuisine. Un sourire sincère s’esquissa sur son visage lorsque Joséphine le complimenta sur sa cuisine. Elle était peut-être la mieux placée, en plus de ses parents, pour connaître les talents du brun. Après tout, il en avait fait des repas pour eux, toujours avec le sourire et l’envie de faire plaisir à sa femme. Professionnellement, il avait encore beaucoup à apprendre, c’est certain. Mais, il se donnait à cent pour cent dans son travail et franchement ça lui faisait du bien. S’améliorer et prendre en compétence, c’était devenu comme son phare. Un guide dans la nuit noire de ses tourments. Parce qu’aujourd’hui, il n’avait plus grand-chose à quoi se raccrocher et ce boulot lui était nécessaire. Il avait une raison de se lever le matin sans être paniqué constamment. Joséphine avait la gentillesse de lui dire qu’il pourrait peut-être reprendre un jour, mais il en doutait grandement. Il esquissait donc un petit sourire triste, repensant à cette carrière qui était maintenant loin derrière lui. “Honnêtement, je ne suis pas certain d’en être capable ou même d’en ressentir l’envie un jour.” Il n’en avait encore parlé avec personne de ça. Elle était la première à qui il était capable de formuler ses mots. Peut-être parce que jusque-là, il avait peut-être encore l’espoir en lui de redevenir l’homme qu’il était. Mais la réalité, c’est qu’un drame comme celui qu’ils ont vécu tous les deux, ça vous change à vie. Une partie de lui s'était envolée avec sa fille. Son cœur s’était brisé ce jour-là, dans le camion qui les avait conduits à l'hôpital. Il ne serait plus capable de remonter dans un de ces véhicules sans repenser à la main de sa fille sans vie dans la sienne. Il ne pourrait jamais redevenir celui qu’il était. C’est certain. Tout ce qu’il pouvait essayer de faire maintenant, c’est avancer et découvrir qui il pourrait être dans le futur. Cette quête commençait d’abord par revenir sur ses erreurs passées. S’il pouvait corriger quelques méfaits, peut-être qu’il arriverait à faire un peu la paix avec lui-même. Sentir la main de Joséphine contre son visage lui procura un frisson. Il ne s’attendait pas à ce genre de geste de sa part à cet instant, comme s’il avait oublié qu’ils étaient capables de tendresse l’un envers l’autre. Son regard légèrement embrumé se posait donc sur celui de son ex femme. “On était deux, mais j’aurais dû être plus compréhensif. J’aurais dû être plus à ton écoute.” Murmura-t-il, sentant ses muscles se tendre peu à peu. Il perdait totalement le contrôle de lui-même, submergé par les remords. Ces dernières années, il n’avait pas eu le courage de faire face à tout ça, il n’avait pas eu le courage d’en parler à quiconque, c’était presque logique qu’il craque devant elle. “Je crois que j’ai tellement pris sur moi quand t’étais à l'hôpital que j’ai vraiment perdu pied par la suite. Je suis désolé de ne pas avoir été assez fort pour nous.” Compléta-t-il en régurgitant légèrement.
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Sujet: Re: You'll never walk alone (Joséphine) Jeu 13 Juil 2023 - 4:58
L'élan de tendresse que je venais d'avoir envers Tommy me surpris moi même. Ces derniers mois, c'était plutôt la colère qui m'animait quand je pensais à lui. D'ailleurs, il en avait été témoin il y a quelques semaines de cela au pied même de la tombe d'Amélia. J'avais essayé de me contenir à l'époque mais j'avais besoin de lui exprimer ma colère qui n'était pourtant pas uniquement dirigée contre lui. Aujourd'hui, je me sentais plus apaisée. Le voir dans une autre circonstance que l'anniversaire de mort de notre fille aidait naturellement. Néanmoins, je savais que j'avais moins de colère envers lui, j'avais réadressé correctement cette dernière. Aujourd'hui, j'étais prête à avancer et à accepter pleinement notre divorce tout en restant le plus cordiale possible. Après tout, j'avais aimé cet homme et je savais qu'une part de moi l'aimerait toujours. Cet élan de tendresse était donc tout naturel.
Voir Tommy ainsi me chamboulait énormément. Je l'avais toujours vu comme un homme fort, sûr de lui. Je le savais briser mais le constater m'était toujours aussi pénible à supporter. Tommy était pour moi la définition même de cet homme fort. Depuis ma jeunesse, je l'ai toujours admiré pour ça. Je l'ai longtemps reluquer physiquement alors que j'étais en train de papoter avec sa soeur, Ella. En grandissant et en mûrissant, je l'ai admiré aussi pour son caractère, son mental et sa force de caractère. D'ailleurs, c'est cela qui m'a fait complètement tomber amoureuse de lui.
Cet homme a supporté bien trop de choses. Depuis l'accident, je n'ose imaginer le sentiment d'impuissance qu'il a dû ressentir en constatant le corps sans vie de notre petite fille, quand il a dû l'accompagner dans ces derniers instants. Cette pensée me donne la nausée tant les émotions sont puissantes en moi à cet instant. Je détourne le regard de Tommy quelques instants pour me reprendre. En plus de tout cela, Tommy a dû attendre mon réveil, qui n'était pas certain, et je me rappellerais toujours cette annonce terrible qui a suivi mon réveil. Le regard vide qu'il m'a adressé en m'annonçant que notre fille était morte alors que je ne cessais de vouloir prendre de ces nouvelles auprès de l'équipe médical. Tommy a dû supporter tout cela et de savoir qu'il ne se rend pas compte de la force qu'il a fallu pour le faire me fend le coeur. Repenser à ces instants me fait également monter les larmes aux yeux mais je ne souhaite pas qu'elles coulent. Je veux rester digne alors j'avale avec difficultés ma salive tout en clignant plusieurs fois des yeux. D'une petite voix, je fais part à Tommy de mon ressenti pour la première fois depuis l'accident.
"- Tu as été bien plus fort que tu ne le penses Tommy. Tu as été le plus fort de nous deux et tu l'es encore. N'en doute pas s'il te plait."
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Sujet: Re: You'll never walk alone (Joséphine) Dim 23 Juil 2023 - 14:36
Joséphine & Tommy
Tout ce temps loin de l’autre, c’était presque étrange. Tous les deux s’étaient aimés, ils s’étaient déchirés aussi, mais ils n'avaient jamais été comme deux inconnus, jamais. Pourtant, là, c’était presque l’impression que ça donnait. Encore si proche, mais si loin à la fois. Ils connaissaient tellement de choses l’un sur l’autre et en même temps, des détails majeurs manquaient, mettant en lumière le fossé qui s’était créé entre eux ces dernières années. Pourtant, pour une fois depuis longtemps, ils arrivaient à s’ouvrir à l'autre. Ça n’était plus arrivé depuis longtemps, la sincérité ayant laissé place pendant trop longtemps aux engueulades. Il faut croire qu'ils étaient enfin arrivés à une étape de leur vie où ils pouvaient recommencer à se parler sans se prendre la tête. Tommy, poussé par une certaine culpabilité, mais surtout par une prise de conscience de lui-même, en arrivait même au stade où il était enfin prêt à s’excuser. Certes, ils avaient tous les deux des torts dans cette relation, mais il avait besoin de lui présenter ses excuses. Dans sa tête, il savait à présent qu’il aurait pu et qu’il aurait dû être plus fort, qu’il aurait dû être là pour elle sans se braquer. Le deuil d’un enfant, on ne le fait jamais vraiment, cette épreuve, elle vous brise à vie. Et ça n’avait servi à rien de reprocher à Joséphine sa façon de gérer ce deuil. Ils avaient simplement pris deux méthodes différentes, s’éloignant au passage, il est clair qu’il aurait dû respecter ça. Alors forcément, il afficha une grimace quand elle lui dit qu’il avait été le plus fort d’eux deux. Il ne le verrait jamais de la sorte Tommy, c’était plus fort que lui. Il régurgita un peu, ne souhaitant pas vraiment commenter là-dessus. Ça ne leur apporterait rien de débattre sur qui avait été le plus fort des deux depuis l’accident. Ça ne leur rendra jamais leur fille et ça n'enlèvera jamais leur peine commune. Comme à son habitude, Socks, qui sentait la détresse monter chez son maître, posa sa tête sur ses genoux. Un faible sourire fendait les lèvres de l’australien qui le regardait avec tendresse. Il le récompensa de quelques caresses avant de relever le regard sur ses sushis. “Je ne suis pas sûr d’avoir très faim finalement.” Dit-il doucement, légèrement épuisé émotionnellement par la discussion qu’ils venaient d’avoir. Il relevait ensuite le regard un peu plus pour le poser sur Joséphine. “J’ai plus envie de grand-chose en ce moment de toute façon.” Avoua-t-il, curieux de savoir si c’était la même chose pour elle.
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Sujet: Re: You'll never walk alone (Joséphine) Lun 31 Juil 2023 - 10:17
Je fus attendrie de voir Socks, le chien qui m'a accompagné le temps de ma cohabitation avec Tommy, se blottir contre son propriétaire. Cette vision me rappelait mes nombreuses séances de larmes, avachie dans le canapé, après le décès de notre petite fille. Socks venait toujours vers moi, posant sa petite tête sur mes genoux, pour essayer de m'apporter du réconfort. J'appréciais énormément ce geste. Il me manquait encore aujourd'hui d'ailleurs. Sa chaleur contre mes jambes, ses regards attendrissants, sa présence près de notre lit parental, tout cela me manquait cruellement et je m'en rendais compte en le voyant contre Tommy.
Voir Tommy repoussait de la nourriture me fendit un peu plus le coeur. Lui qui a toujours été un bon vivant, celui qui pouvait être gourmand en ma compagnie, repoussait aujourd'hui ce repas. Je constatais combien il était détruit intérieurement. Fatalement, je constatais ce que je n'avais pas voulu voir au moment de la mort d'Amelia. A l'époque, je m'étais focalisée sur ma propre peine en laissant de côté celle de mon mari. Je refusais de la voir et elle m'explosait aujourd'hui violemment à la figure. J'encaissais sa peine en plus de la mienne. Cela me coupait aussi l'appétit comme bien souvent quand les émotions prenaient le dessus. Je repoussais également d'une main le plateau de sushis à peine entamé.
J'écoutais les paroles de Tommy et je compris qu'il attendait une réponse de ma part. J'hésitais une fraction de secondes. Nous n'avions pas eu de conversations à coeur ouvert depuis le décès de notre fille. A chaque fois que l'un de nous la commençait, l'autre aboyait ou fuyait. Notre relation se résumait à cela en son terme. Avais-je envie de m'ouvrir enfin à lui ? Alors que j'ancrais mon regard dans le sien, j'avouais une vérité glaçante que je refusais encore de m'avouer jusqu'alors.
"- Moi non plus Tommy. Je me demande encore comment mettre un pied devant l'autre."
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Sujet: Re: You'll never walk alone (Joséphine) Mar 8 Aoû 2023 - 19:14
Joséphine & Tommy
Voilà bien des mois et des mois qu’il traînait ce mal-être avec lui l’ancien pompier. Il tombait un peu plus chaque jour, incapable de se relever. Pourtant, il devait s’accrocher. Pour leur fille, pour sa mémoire, il se devait d’être fort et de réussir à reprendre du poil de la bête. C’était impératif s’il ne voulait pas passer sa vie malheureux durant chaque seconde qui s’écoule. Il en avait conscience, mais sa solution à Tommy, elle était simple : s'enfouir sous les effluves d’alcool pour camoufler la douleur. Alors cette nourriture qu’il avait face à lui, il n’avait plus goût à la manger, comme il n’avait plus goût à grand chose ces temps-ci. Tout lui paraissait insipide, vide de sens. Parfois, il avait même du mal à savoir pourquoi il continuait sa vie parce que la perte de son enfant, ça lui avait enlevé tout son sens. Sans elle, une partie de lui manquait alors que l’autre était totalement brisée. Tel une coquille vide, il traînait sa carcasse de chez lui au travail et inversement, portant de temps en temps le masque du mec qui s’en sort. Prétendre, toujours prétendre. Pour ne pas que les autres s'inquiètent, pour ne pas qu’on lui pose les questions qui fâchent, mais surtout pour ne pas faire face à ses démons. Aujourd’hui, face à Joséphine, c’est bien la première fois qu’il arrivait à l’admettre à voix haute. Sa femme, enfin son ex femme maintenant, c’était bien la seule personne capable de le comprendre dans ses paroles et il en avait encore une fois la confirmation. Il relevait le regard vers elle, bien désolé. Un soupir s’échappa ensuite de ses lèvres. Comment avancer après tout ce qu’ils avaient vécu ? Comment mettre un pied devant l’autre comme elle le disait si bien ? Il n’était même pas sûr de réussir à le faire un jour. Il baissait donc les yeux, laissant le silence s’installer. La gêne prenait le dessus après ce moment de vérité. Il se doutait bien que de s’excuser et parler de ce genre de sujet avec elle ça allait prendre sur son énergie, mais il était loin de s’imaginer à quel point. Il sentait toute sa peine monter en lui, le submerger, incapable de savoir quoi faire ou dire. La solution logique dans sa tête aurait été la fuite, mais après une telle discussion, le silence lui paraissait la meilleure option.
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Sujet: Re: You'll never walk alone (Joséphine) Ven 11 Aoû 2023 - 6:18
J'aurai aimé que Tommy prenne le devant de la conversation, qu'il ne laisse pas ce silence gênant s'installer. Le silence, c'était mon pire démon. Je ne le supportais plus. Chez moi, je préférais mettre un mauvais programme à la télévision, une chaine de radio de jazz ou encore de la musique classique plutôt que d'être dans ce silence. Il amenait inévitablement à penser, à se souvenir et ça faisait si mal. Tout faisait mal comme je venais de le dire à Tommy. Pourtant, il fallait continuer. Je m'étais souvent poser la question : à quoi bon ? Que m'offre la vie si ce n'est de la peine ? Dans ces moments là, je repense à mes clients, à mon entourage bien présent à un moment de ma vie à qui j'ai demandé de me laisser de l'air. Alors, je prends une grande inspiration et j'essaie d'avancer, un pied après l'autre, parfois bancal mais peu m'importe.
Cette conversation entre nous était essentielle. Elle était latente depuis de nombreux mois mais nous étions plus focalisés sur le fait de passer nos nerfs, notre peine sur l'autre. Aujourd'hui, cette conversation avait été possible car nous avions avancé, difficilement certes, mais nous l'avions fait chacun à notre manière. Une infime partie de moi se sentait apaisée d'avoir pu le faire dans les meilleures conditions possibles. De ne pas avoir été préparé avait rendu la conversation plus sereine aussi, plus spontanée. J'étais également contente d'avoir pu voir Socks, ce chien m'avait manqué plus que je ne le pensais.
Mon regard se perdit quelques secondes dans la contemplation des sushis restants. Je n'avais définitivement plus faim et je n'avais plus de force non plus. Chacune de nos conversations, qu'importe le contenu, me lessivait toujours car voir Tommy me rappelait notre fille. Je relevais finalement les yeux vers Tommy et imprimer ses traits dans mon esprit. Ses traits si tristes, si las qui me cisaillaient le coeur. J'étais vide de force et je sentais qu'il était temps de rentrer chez moi, chez nous fut un temps. J'avais besoin de me retrouver seule, encore et toujours ce refuge de la solitude. Je fis donc savoir à Tommy que ma balade allait se terminer et que j'allais rentrer de cette voix fatiguée peu caractéristique de ma personnalité.
"- Je ferais mieux de finir ma balade..."
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Sujet: Re: You'll never walk alone (Joséphine) Lun 21 Aoû 2023 - 20:40
Joséphine & Tommy
Tommy ne savait plus vraiment où se mettre. Cette situation, cette conversation, tout était nécessaire pour eux, mais ça n'enlève rien à la douleur que ça pouvait réveiller en eux. Il y a quelques mois, ils n’auraient pas été capables de discuter aussi ouvertement. S’écouter était déjà un bon pas en avant plutôt que d’aboyer à la moindre remarque. Sans en avoir l’impression, ils avaient déjà parcouru un petit bout de chemin. Malgré les non-dits, les émotions étouffantes, les mots de l’un et l'autre résonnaient totalement. Une conversation teintée d'un mélange de tristesse et de désarroi, comme si chaque syllabe était enveloppée de l'écho de ce qu'ils ont perdu. Forcément, au bout d’un certain temps, les mots venaient à manquer, la douleur prenant le dessus sur toute autre chose. C’était au tour du silence de prendre le dessus. Le temps semble suspendu. L’ancien pompier relève un regard trahissant sa profonde tristesse sur elle, comme si ces regards furtifs pouvaient parler plus que les mots. C’est finalement Joséphine qui brisait le silence, annonçant son départ imminent. “Oh… Oui… Pardon, je ne veux pas te retenir.” La voix mi surprise, mi fatiguée de l’Australien démontrait une certaine déconnexion de sa part. Chaque fois qu’il se laissait aller à ressentir toutes ces émotions, il perdait totalement le fil des événements et du contexte. Il se leva de la table avant de s’approcher d’elle pour la prendre dans ses bras. Une étreinte maladroite, un mélange d'affection et de douleur, significative de son état d’esprit actuel. Face à cette femme avec qui il avait partagé tant de choses et tant d’affection, il se retrouvait aujourd’hui totalement déboussolé. “Je crois que je vais marcher un peu avec lui, mais... hum… Rentre bien.” Dit-il timidement en se raclant la gorge. Cette réunion impromptue, chargée de souvenirs, de regrets et de douleurs exprimées, l’avait clairement chamboulée plus qu’il n’aurait cru. Il ne se sentait pas le courage de redescendre tout de suite, mais dans un sens, il ne se sentait pas non plus de rester parmi la foule.