#23 - now you know it, that I'm at an all time low (Alexis)

Alexis & Kay

J'aurais bien dû me douter que Kay il se refermerait éventuellement. Ça avait été presque un miracle que ce ne soit pas fait avant ça, avant les multiples provocations. J'avais du mal à bien gérer, à comprendre et à me mettre à sa place. Parce que je l'avais encore jamais été à sa place. Personne m'empêchait de prendre mes cachets quand j'en ressentais le besoin. Pas même Kay. Il me regardait faire sans un commentaire. Pour que la journée se passe bien, j'aurais aimé pouvoir faire de même. J'sais pas pourquoi je m'obstinais autant. J'étais qui dans sa vie pour prendre cette décision? Pour essayer de l'aider? Clairement pas assez importante, pas à ce stade alors qu'on commençait à s'ouvrir. Et pourtant, c'était le chemin que j'avais décidé de prendre. Le chemin risquer qui impliquait de la provocation et probablement, éventuellement, une engueulade. Le chemin qui pouvait très certainement tout détruire. Mais j'essayais de faire la bonne chose et d'être la petite main qui l'empêcherait de sombrer vers le fond. Je savais pas spécialement qu'il y était déjà Kay, je savais pas tout ce qu'il avait en tête et qui le tirait vers le bas non plus. Je savais juste qu'il était devant moi, défoncé comme jamais et qu'il devait bien me maudire dans a tête. C'était ce que me communiquait son regard, regard qui pouvait être parfois si doux et si tendre. C'était loin d'être le cas aujourd'hui. Et au cas où ses yeux n'en disaient pas suffisamment, s'ajoutait à tout ça des petites piques blessantes. C'était comme la compétition de ping pong du jour à savoir qui mettrait l'autre hors jeu avec ses mots. Ça m'épuisait, j'avais pas envie de vivre ça en ce moment. Je soupirai bruyamment, fermant les yeux pour assimiler tout ce qu'il me sortait. « J'essaie pas de te gérer... J'veux juste t'aider. » dis-je en me passant la main sur le front et en rouvrant les yeux pour le regarder à nouveau. Notre agacement mutuel l'un envers l'autre devait se sentir à des kilomètres. En tout cas, quand je demandai à savoir pourquoi il était venu me voir, j'le ressenti à travers sa réponse. Et ça m'atteignis bien plus que ça aurait dû. J'avais de la difficulté à faire la distinction entre Kay, sans filtre, trop défoncé et ce qu'il pensait réellement. C'était pas comme si j'avais eu un free pass à ses pensées en tant normal non plus, je pense que c'était normal de prendre certains trucs personnels. J'avais envie de lui dire de surtout pas se sentir obligé la prochaine fois, mais j'en étais encore à me demander si je préférais le voir dans cet état ou ne pas le voir du tout. Ouaip, c'était toujours un débat dans ma tête malgré cet incident. C'était triste quand même, non? Alors que je croyais qu'il allait quitter sans son sachet, Kay tourna les talons pour se rendre jusqu'à ma chambre. Évidemment, je le suivis, guettant s'il allait commencer à foutre le bordel pour trouver mon petit flacon d'oxy. Il en avait parlé plusieurs fois et j'avais pas ressenti un once d'inquiétude, mais de le voir marcher jusqu'à ma chambre comme ça, un petit stress se créa en moi. Stress qui disparu aussitôt qu'il reposa son regard sur moi. Il avait l'air si fatigué, complètement à bout. Je me sentais mal, comme si j'étais responsable de son état alors que j'avais rien à voir avec celui-ci. Mais je tenais tellement à Kay que de le voir comme ça, ça me faisait mal aussi. Je le regardais s'approcher de moi, ses yeux rougit dans les miens, m'implorer de lui rendre. Il s'agissait plus de seulement avoir son sachet sur lui, c'était d'en reprendre. J'aurais aimé être experte en la matière et savoir quoi faire. Je me doutais que la bonne décision était de ne pas lui donner, mais c'était aussi la plus difficile. « Je suis tellement désolée. » lui murmurai-je en le regardant. Je posai ma main sur sa joue en m'approchant un peu de lui à mon tour. « Mais si je te la redonne... On va revivre la même chose pour ta prochaine dose.. Jusqu'à ce que le sachet soit vide. » tentai d'expliquer. Tellement hypocrite de ma part, mais comme j'avais jamais vécu le manque comme ça... J'savais pas ce que c'était. « On fait le plus dur là et après ça ira mieux. » lui dis-je pour le rassurer. J'avais aucune idée que c'était le après qu'il tentait de fuir. Une partie de sa phrase m'avait quand même fait tiquer. « Pourquoi t'en as besoin aujourd'hui? » demandai-je en cherchant une quelconque réponse ou réaction dans son regard. J'avais l'impression qu'il me manquait une info pour bien le comprendre.

Alexis & Kay

Le regard que portait Kay sur Alexis à cet instant précis ne ressemblait en rien à tous les autres. Une noirceur emplissait ses yeux alors que l’énervement le prenait peu à peu. Elle avait beau essayer de l’aider, il arrivait à un point de non-retour le Britannique. Pas réceptif à l’aide proposée, il avait bien plus l’impression qu’elle était contre lui. “Si tu voulais vraiment m’aider, on aurait pas cette conversation.” Marmonna-t-il, convaincu que c’est en le privant de sa dose qu’elle lui faisait du mal. Il se retrouvait seul face à ses démons, sans cette porte de sortie que représentait la drogue. Le truc, c’est qu’en n'ayant pas toutes les pièces du puzzle, Alexis ne pouvait pas vraiment savoir ce qui était bon ou non pour lui. C’est aussi ce qui le braquait autant. En étant le seul à savoir tout ce qui se tramait dans sa tête, il s’entêtait dans l’idée d’être le seul capable de se gérer, le seul capable de faire un point objectif sur ses consommations. C’est ce qu’il se répétait sans cesse, guidé par la défonce. Son jugement était loin d’être le bon une fois sous l’emprise de stupéfiants, mais comme pour les mots qu’il avait prononcés, il se rendrait compte du côté néfaste plusieurs heures plus tard en faisant le point sur ses actions. Sa démarche jusqu’à la chambre d’Alexis, il aurait tout le temps de l’analyser plus tard. Et si au début, il était bien déterminé à trouver le fameux flacon d’oxy, c’est un mélange de fatigue et de remise en question qui s’abattait sur lui. Kay avait à peine inspecté les lieux du regard avant d’abandonner. Clairement, il n’avait plus la force de lutter. La descente le frappait déjà, jouant sur ses motivations. Au fond, il n’avait pas non plus envie de franchir un certain cap. Il avait beau être à un point compliqué dans sa vie, il n’avait pas envie de passer pour un fou en retournant la chambre de la brésilienne. Il était presque désespéré, suffisamment en tout cas pour l’implorer du regard et verbalement, mais pas au point de tout saccager sur son passage. À ce stade, le besoin de reprendre une dose était supérieur au besoin d’avoir raison. Son corps ne voulait plus lutter, il avait simplement besoin qu’elle aille dans son sens. Il soupira légèrement au contact de la main d’Alexis sur sa joue, fermant les yeux l’espace d’un instant. Ses émotions faisaient le yo-yo depuis qu’il avait passé la porte de cet appartement, alors se calmer au contact de la Brésilienne semblait presque totalement normal. “Je n'ai pas besoin d’en prendre tout de suite, je veux juste l’avoir à portée de main et être sûr que tu ne m’empêcheras de rien si j’en ai réellement besoin.”Il n’était pas certain de faire sens, Kay. La situation restait floue dans sa tête à lui aussi, il cherchait la meilleure des manières pour lui expliquer son ressenti. En fait, avec Alexis près de lui, en mettant toute sa concentration et son énergie sur elle, il restait persuadé d’être capable de se dérouter de ses autres pensées sans avoir nécessairement besoin de reprendre un rail. Pourtant, de façon contradictoire, il n’arrivait pas à se sortir le sachet de la tête tant qu’il ne serait pas en sa possession. Alexis pensait que le plus dur était fait, mais tout ce que cette phrase réussie à faire, c’est entraîner un froncement de sourcils chez le brun. “Non, ça va s’empirer.”Il n’était plus aussi sec qu’il avait pu l’être précédemment, juste résigné, parfaitement en conscience de son cheminement de penser. Une boucle infinie dans laquelle il était déjà tombé plusieurs fois et la question d’Alexis n’aidait pas à s’en sortir. En reparlant du problème, il revenait hanter les pensés du Britannique, entraînant par la même occasion tout ce qu’il essayait d’éviter depuis la veille. “Tu veux vraiment m’empêcher de prendre quoi que ce soit et en plus me remettre dans la face tout ce dont j’essaye de ne pas penser ?” Dit-il en fronçant un peu plus les sourcils. Sobre, il aurait bien compris que ce n’était pas le but d’Alexis, mais dans son état la question était prononcée avec un grand sérieux. Là, il avait l’impression qu’elle remuait le couteau dans la plaie alors qu’il était déjà bien à terre. “Si tu veux me torturer pour je ne sais quoi, tu fais un super job…” Murmura-t-il alors qu’il se penchait pour blottir son visage au creu du cou d’Alexis. Lasse de cette lutte qui durait un peu trop à son goût, son corps parlait pour lui, réclamant cette proximité qui lui faisait tant de bien habituellement. Les paroles et les pensées n’étant d’aucune aide, il se raccrochait à la seule chose qui pouvait vraiment lui faire du bien. “Je veux juste récupérer mon sachet et passer à autre chose.” Soupira-t-il comme un disque rayé.

Alexis & Kay

Kay, il avait l'impression que j'étais contre lui, que j'voulais contrôler ses consommations, le contrôler lui par la même occasion. J'savais plus comment lui dire que j'faisais ça pour son bien. On se parlait, se provoquait depuis tout à l'heure sans réellement entendre ce que l'autre disait et au final, on ne réglait rien. J'l'aidais pas, mais c'était pas par manque de volonté de ma part. Plutôt de la sienne. C'était pas de ça qu'il avait besoin, mais j'ignorais sincèrement comment faire mieux, comment l'aider à aller mieux. Il me dirait probablement que c'était en lui rendant sa coke, mais j'avais l'impression que ce serait pire et j'trouvais pas sa logique de lui rendre pour qu'il en prenne à nouveau. J'avais pas l'impression que je pouvais le croire s'il me disait qu'il n'en prendrait pas. Comme si c'était qu'une ruse. Alors que j'croyais qu'il quitterait, on se retrouva plutôt dans ma chambre. Kay semblait être à la recherche de tout et n'importe quoi pour combler son manque, c'est-à-dire mon poison à moi. Il abandonna l'idée plutôt vite, se retrouvant à m'implorer presque de pas le priver de ça aujourd'hui. J'pouvais pas m'empêcher de me poser des questions en l'entendant comme ça. Je restai tout de même sceptique à ses paroles, il avait l'air de quelqu'un qui en avait besoin tout de suite. C'était la seule chose sur laquelle il semblait capable de se concentrer depuis tout à l'heure. « J'vais t'aider, j'vais être là. » lui dis-je en passant doucement ma main dans ses cheveux. Le sentant un peu plus calme, je pris le risque de lui poser une question, pensant qu'il s'ouvrirait peut-être ou m'expliquerait un peu mieux. Mmh grosse erreur, j'sais pas à quoi je pensais. Ça m'indiqua tout de même qu'il y avait vraiment un soucis, un truc auquel il essayait de ne pas penser. J'avais aucune idée de ce que ça pouvait être, j'en étais à m'demander si quelqu'un était au courant, quelqu'un qui pourrait aider peut-être? Parce que ça m'indiquait bien que Kay, je ne le connaissais pas comme j'aimerais le connaître. J'étais même pas sûre que ce soit possible un jour. Mais j'savais, par contre, que si j'appelais l'un de ses frères, ça ne passerait pas, il m'ferait plus confiance. Et cette confiance, elle était déjà fragile, elle commençait à peine à s'bâtir alors... C'était à moi de gérer ça,  toute seule. En tentant de ne pas détruire ce qu'on avait mis aussi longtemps à construire. Si mon visage était marqué par de la confusion et de l'incompréhension à son premier reproche, il fut vite marqué par de la tristesse alors qu'il blottit son visage dans mon cou. Je passai mes bras autour de lui pour le serrer contre moi, ça me faisait mal au coeur de le voir comme ça. « J'veux pas te torturer Kay.. » lui dis-je doucement. Je fermai les yeux, sentant que j'allais peut-être regretter mon geste. J'étais à cours d'idée, je savais plus quoi faire. Je pris son visage entre mes mains et le forçai à me regarder. «Hey, regarde-moi. C'est bon. On passe à autre chose. » lui dis-je en murmurant. Je pris le sachet dans ma poche et le mis dans la sienne. « Mais si tu veux en prendre, tu m'donnes la moitié, ok? On fait tout ça ensemble. » lui indiquai-je comme deal. J'comptais sur le fait qu'il voudrait pas partager, mais aussi qu'il voudrait pas que j'touche à ça. C'était un long shot, mais j'comptais bien lui changer les idées le plus possible. De toute façon, c'était la seule idée qui m'venait en tête, sinon on continuerait à se battre à l'infini. J'voulais pas non plus le pousser à bout Kay. « Est-ce que tu te sens mieux? » me risquai-je à lui demander. Son visage m'indiquait que non, son corps aussi. Je me laissai tomber assise sur mon lit et l'attirai contre moi. « Est-ce que t'as besoin de quelque chose? De dormir? » demandai-je encore. J'avais besoin qu'il m'aide à l'aider.

Alexis & Kay

Tout s’enchaînait très vite cette après-midi. Et même s’ils devenaient coutumiers du fait, cette journée avait quelque chose de différent. Surtout pour Kay qui se retrouvait très vite à fleur de peau. Son humeur étant influencée par ses consommations des dernières heures, il avait du mal à faire face à ce flux d’émotions contradictoires. Un coup énergique, un coup joueur, un coup énervé, il faisait l’ascenseur émotionnel tout en embarquant Alexis avec lui dans ces montagnes russes. Elle devait comprendre l’ampleur de ses mots passé, la raison pour laquelle il ne voulait pas qu’elle le voit comme ça. Sans le vouloir, il était presque injuste envers elle, lui portant des intentions qui n’étaient pas les siennes. La pauvre essayait simplement de l’aider, mais tout ce qu’il arrivait à se dire, c’est qu’elle se positionnait contre lui. Heureusement pour eux, la fatigue réussissait à le calmer un instant, grandement aidée par les gestes de la brune. Il s’apaisait au contact de la main d’Alexis, comme il pouvait le faire régulièrement. Elle avait ce pouvoir sur lui, preuve qu’elle était sûrement la meilleure personne avec qui être dans ce genre de situation. Alexis, elle n’avait pas le rôle facile en devant le contenir, mais en même temps, la rage du Britannique aurait été bien plus grande si ça n’avait pas été elle face à lui. Elle clamait vouloir l’aider et peut-être pour la première fois de la journée, il arrivait à la croire. Il arrivait enfin à faire la part des choses sans se braquer. Cette accalmie contrastait avec tous les mots qu’il avait pu prononcer précédemment lorsqu’il était poussé par l’irritabilité et la paranoïa de sa descente. Les yeux plongés dans ceux d’Alexis, il essayait de l'implorer, clairement au bout de ses propres capacités. Il n’avait plus la force de lutter avec elle, tout ce qu’il voulait, c’est qu’elle le comprenne et qu’elle fasse un pas vers lui. Elle ce qu’elle voulait, c’est des informations. Une question légitime en soit, mais prise comme de la torture pour Kay. Lui remettre ses soucis dans la tête, c’était comme remuer le couteau dans une plaie béante. Une plaie qu’il avait tenté de masquer depuis un an et qui ne s’était jamais réellement refermée. En temps normal, il se serait braqué de nouveau, s’énervant pour ne pas avoir à répondre à tout ça. À la place, il sentait un besoin de proximité avec Alexis. La seule personne capable de lui faire du bien à cet instant précis. Une vague de soulagement parcourait son corps en sentant les bras de la brune l’entourer. S’il n’avait pas encore pris conscience de tout ce qu’il pouvait ressentir pour elle, la simple sensation de bien-être qui le parcourait durant cette étreinte lui ouvrait un peu plus les yeux. Il en arrivait presque à se dire qu’au lieu de consommer à foison la vieille, il aurait aussi bien fait de venir la voir directement. Quitte à être aussi efficace, ça s’avérait beaucoup plus sain. Et comme si tout ceci marquait la fin de leur joute verbale, Kay n'opposa aucune résistance lorsqu’elle guida son visage pour lui faire face. Elle était prête elle aussi à passer à autre chose, plaçant le petit sachet dans sa main. Une nouvelle vague d’apaisement parcourait le Britannique avec un soupir de soulagement. “Merci” Souffla-t-il, simplement, accompagnant ses mots d’un faible sourire. Elle ne fut pas longue avant de lui expliquer une condition à tout ça. Le sourire du Britannique s’étira un peu plus, conscient de la stratégie derrière tout ça. Bien qu’il lui ait proposé d’en prendre tous les deux un peu plus tôt, ces mots n’étaient que pure provocation. Elle se doutait qu’il ne voudrait pas l’exposer à ce poison. “Deal ! Tu veux faire ça maintenant ?” Dit-il finalement avec un petit rire. Il avait déjà replacé son précieux sachet dans sa poche, c’était peut-être un peu tôt pour blaguer là-dessus, mais ce ne serait pas la première fois que Kay fait des blagues à des moments inappropriés. Alexis s’inquiétait plutôt de savoir s’il allait mieux, il hochait positivement de la tête, instantanément plus serein avec ses stupéfiants sur lui. Son esprit restait fragile, son corps fatigué l’était d’autant plus, mais au moins, il ne s’inquiétait plus du manque qui pourrait le guetter. Il se laissait entraîner avec Alexis sur le lit, s’allongeant presque instantanément. Il la regardait avec un petit sourire au coin des lèvres, prêt à remettre toute son attention sur elle. “Juste de toi.” Répondit-il alors qu’elle lui demandait de quoi il avait besoin. À cet instant, ça lui paraissait clair. Dormir, manger, boire, tout lui paraissait dérisoire. Il attrapait sa main pour l’inciter à s’allonger contre lui. “Merci de me supporter.” Dit-il en portant sa main contre la joue de la Brésilienne. Il caressait tendrement son visage, focalisé totalement sur ce contact. Il en oubliait tout l’énervement qu’il avait pu ressentir quelques minutes auparavant. “Je sais que j’suis con parfois… Faut pas m’écouter.” Porté par le retour de là entre eux, il se laissait glisser, réfléchissant presque à voix haute. “Même si j’en viens à dire le contraire, t’es une des meilleures choses qui m’arrive depuis longtemps.” Parler de tout ça, ça l’apaisait. En ne pensant qu’à elle et ce qu’il pouvait ressentir, il s’empêchait de penser à quoi que ce soit d’autre. Les idées noires pourraient revenir plus tard, pour le moment, elle avait repris la place de numéro un dans son crâne.

Alexis & Kay

J'étais habituée à la confrontation avec Kay. Ça faisait parti de lui tout comme ça faisait parti de moi. C'était pire dans l'un des deux cas, c'était évident, surtout lorsqu'on ajoutait la consommation de certaines substances. Je m'étais toujours considérée comme têtue, celle qui lâchait pas le morceau et qui se battait jusqu'au bout. Mais voir Kay comme ça, devant moi, vulnérable, au bout de ses forces à m'demander de lui rendre son sachet... Je ne voyais pas dans quel monde je pouvais continuer de lui tenir tête. J'avais l'impression qu'il n'y avait pas de bonne voie à emprunter dans ce genre de situation. Chacune d'elles avaient des avantages et des inconvénients, mais tout se passait tellement vite depuis qu'il avait mis les pieds chez moi que j'avais pas le temps de peser les pour et les contre. J'pouvais juste faire ce que j'croyais le mieux sur le moment et ça impliquait de lui rendre sa petite poudre blanche. J'avais ma condition, en espérant qu'elle fonctionne. Ça pouvait facilement partir dans tous les sens avec Kay. Soit, il resterait cohérent avec ce qu'il m'avait déjà dit et ça le ferait tenir, soit il partagerait sans hésitation, se fichant des conséquences. La balle était dans son camp, mais le deal était là. À voir le soulagement dans son visage, je me doutais que ça avait été le bon move à faire. Il le remit dans sa poche, faisant une blague un peu inappropriée en même temps. C'était littéralement sa marque de commerce les blagues aux pires moments. Je lâchai un petit rire en guise de réponse, rassurée qu'il se montre un peu mieux maintenant. Mais tout de même pas totalement rassurée. Son état m'inquiétait, mais ce qui l'avait mis dans cet état aussi. Clairement, Kay, il n'était pas disposé à en parler. Pas maintenant et il ne l'avait pas été jusqu'à présent. Alors le bombarder de questions pendant un moment où il était aussi vulnérable n'était clairement pas la meilleure idée. Le mieux que je pouvais faire était d'être présente pour lui et d'être à l'écoute de ses besoins. Besoins qui semblaient se résumer à ma présence pour l'instant. Ça, je pouvais faire. C'était facile, ça me venait plus naturellement de simplement me laisser aller avec lui qu'à essayer de gérer sa descente. C'est fou parce qu'il y a quelques mois de cela, aucun des deux ne me serait venu naturellement. J'avais du mal à simplement m'avouer que j'avais une attirance pour lui, mais j'avais bien passé cette étape maintenant. Alors j'me laissai attirer contre lui en m'allongeant moi aussi. « T'es si peu demandant. » mentionnai-je avec un sourire. Cette remarque n'était qu'à propos de sa demande parce que c'était pas comme ça que j'aurais qualifié son attitude juste avant. Il était passé de 0 à 100 tellement rapidement et là, c'était totalement l'inverse. De vraies montagnes russes, probablement plus turbulentes que ce à quoi j'étais habituée, mais c'était tout de même rien de nouveau. Alors je m'ajustais au fur et à mesure, suivant son lead dans tout ça. C'était peut-être wrong de penser comme ça, mais chaque moment doux valait la peine pour moi. Chaque moment où mon rythme cardiaque s'accélérait à cause de la frustration, chaque fois où je sentais mon coeur basculer un peu à cause de ses paroles, chaque fois où j'étais dans l'incompréhension ou que j'sentais que j'devais répliquer. Toutes ces fois valaient la peine quand j'le regardais dans les yeux, qu'il caressait ma joue, que mes lèvres touchaient les siennes. J'étais prête à revivre ce type de moment encore et encore si ça voulait dire qu'on finissait comme ça. « J'mérite certainement une médaille ou un truc du genre. » dis-je doucement avec un petit rire. J'le supportais, mais en même temps c'était pas vraiment ça. C'était surtout que j'me voyais pas sans lui dans ma vie. Plus maintenant. « T'es très con ouais. » soufflai-je avec un petit rire en glissant ma main sur son bras. C'était rien de méchant, il l'avait admis en premier. Je relevai mes yeux sur lui après sa dernière phrase. Ces p'tits mots qui, encore une fois, me démontraient bien que ça valait la peine ces moments moins calmes. Ces mots qui me serraient le coeur de la meilleure des façons. Je lui fis un sourire et déposai un délicat baiser sur ses lèvres. C'était plus simple pour moi de m'exprimer comme ça, j'étais pas encore à l'étape de savoir bien dire comment je me sentais savoir avoir peur de dire une connerie. Mais c'était réciproque et j'espérais très fort ne jamais avoir à entendre le contraire venant de lui, mais ça risquait tout de même d'arriver. J'étais juste contente d'avoir entendu la version positive d'abord. Je me reculai légèrement et posai mes yeux dans les siens. « Tu sais que j'suis là pour toi hein? Si t'as besoin de quoi que ce soit : parler, te défouler, fixer le vide en silence. Tu peux toujours venir me voir. » lui dis-je doucement en caressant ses cheveux. J'ressentais en moi une grande inquiétude et un besoin de prendre soin de lui, surtout après l'avoir vu dans tous ces états aujourd'hui. « J'suis pas contre toi, j'serai jamais contre toi. » rajoutai-je presque en murmurant, collant mon front au sien. J'tenais beaucoup à Kay, bien plus que je serais capable de l'exprimer.    

Alexis & Kay

Kay n’était pas dans cet état pour n’importe quelle raison. Alexis devait s’en douter depuis un moment et il l’avait confirmé verbalement par la suite. Cette journée était particulière pour lui. Il oscillait entre des changements de mood produit par cette tristesse qu’il traînait en lui depuis un an et qui ne demandait qu’à être évacué. En discutant des faits avec ses anciens amis, Kay avait ressenti ce besoin de sortir, de s’entourer du plus de gens possible. À la fois submergé par le chagrin et cette sensation insoutenable de solitude. Il avait réussi à s’entourer à Bowen, il y avait ses frères dans un premier temps et les potes qu’il s’était fait sur le chemin. Pourtant, le manque de son binôme de toujours, de celui qui s’était hissé au rang de troisième frère à ses yeux, se faisait plus compliqué que prévu. Il avait laissé un trou béant dans son cœur, le laissant incapable de faire face à la situation sans partir en vrille. Une part de lui se laissait glisser dans ses vieux travers peut-être pour se rapprocher de son pote inconsciemment en pratiquant leur activité de prédilection : la fête à outrance. Pourtant, c’est aussi ce qui les avait séparés pour toujours. Quand bien même Kay prenait conscience du côté néfaste de tout ça, il ne pouvait pas s’empêcher de le faire, comme si c’était sa mission de profiter pour deux à présent. En quête de la bonne recette, celle qui l’emmènerait à l’équilibre, il se perdait facilement. Il se retrouvait à se prendre la tête avec Alexis, alors que, clairement, elle n’avait rien demandé de tout ça. Il ne voulait pas reposer sur elle tout son fardeau. Elle lui faisait du bien, plus qu’il ne l’aurait pensé, l’aidant à se sortir toutes ces histoires de la tête par sa simple présence, mais il se sentait tout de même coupable. Alexis, elle a d’autres choses à gérer pour elle avant de s’embêter avec lui et ses consommations. Il s’estimait donc chanceux que les choses se soient finalement arrangées avant qu’il ne foute en l’air tout ce qu’il avait mis du temps à construire jusque-là. Tout aurait pu voler en éclats très vite si elle n’avait pas fait preuve d’autant de patience à son égard.“Au moins ça oui. Je te laisse voir avec Gal qui prend la médaille d’or.” Dit-il avec un petit sourire joueur. Pas complètement idiot, Kay savait qu’il pouvait en faire voir des vertes et des pas mures à son entourage. Ce sont les personnes qu’il a le moins envie d’impliquer qui se retrouvaient toujours en ligne de mire devant son tempérament d'abrutis. Son frère pourrait très bien l’envoyer balader, mais la famille, c’est toujours plus compliqué à laisser derrière. Kay se sentait bien plus sur la sellette avec Alexis. Déjà, parce qu’il n’avait pas envie de la perdre et ce sentiment ne faisait que grandir au fil des mois. Plus ils avançaient ensemble, plus il apprenait à la connaître, plus il s’attachait à elle, plus l’idée de la perdre le terrorisait. Il s’attendait à deux options avec elle, soit qu’elle se lasse de lui, soit qu’il fasse tellement le con qu’elle finirait par se débarrasser de lui. L’option numéro un ne lui plaisait pas tant que ça, mais, à ses yeux, c’était la plus supportable. Parce que la lassitude, ça peut faire partie de la vie. La peur qu’il soit en faute, qu’il la pousse loin sans le faire exprès, c’était une peur beaucoup plus grande. Il pourrait se torturer bien longtemps avec cette possibilité et pourtant, dès qu’il se trouvait face à elle, dès qu’elle posait ses lèvres contre les siennes, toutes ces peurs s’envolaient. Ancré dans le moment présent, il n’avait pas d’autres choix que de profiter : le temps que ça dure. Un sourire s’étira légèrement sur le visage du Britannique alors qu’elle lui assurait être là si besoin. Des mots qui résonnaient en lui malgré cette contradiction en lui qui le poussait à la garder loin de ses problèmes. “J’ai pas envie de t’embêter avec ça, t’as d’autres choses à penser.” Répondit-il avec un petit sourire. Il aurait voulu qu’elle n’ait que les bons côtés de sa personnalité. Pour le Britannique, se laisser aller complètement face à quelqu’un s’avérait encore compliqué. Il ne l’avait jamais réellement fait dans ses relations passées, démontrant seulement la surface de qui il était, une image construite par lui-même de toute pièce. Les habitudes restaient, même s’il montrait de plus en plus de fêlures à Alexis. Il se freinait lui-même, cachant une peur bien plus profonde, celle qu’on puisse ne pas aimer ce qu’il y a sous la carapace. Toute sa confiance en lui s’était bâtie sur l’image qu’il voulait bien renvoyer aux gens, pas du tout sur la sincérité de qui il pouvait être réellement. C’était bien plus qu’une question d’être avec ou contre lui, même si ça le rassurait d’entendre Alexis parler de ça. Leur front l’un contre l’autre, il l’embrassa en guise de réponse. Un baiser empli de tendresse, à la hauteur de ce qu’il pouvait ressentir pour elle à cet instant précis. En s’écartant très légèrement d’elle, il replongeait son regard dans le sien. “On est une équipe maintenant” Murmura-t-il avec un sourire tout aussi tendre. Pour lui, tout ça scellait une étape. Plus encore que leur dernière discussion qui avait suivi une engueulade, celle-ci, elle cimentait un “nous” dans sa tête. Petit à petit, il créait les fondations de leur relation dans son esprit, faisant la paix avec l’idée que son cœur en prendrait un coup à un moment. Doucement, il replaça une mèche de cheveux d’Alexis, restant à la regarder quelques secondes, soudainement submergé par sa beauté. “Comment j’ai fait pour être aussi chanceux ? Ça restera un mystère pour moi.” Lâcha-t-il sans réellement réfléchir à ses mots. La cocaïne encore présente dans son système lui donnait envie de parler plus que nécessaire, il se contenait au maximum, mais les mots étaient susceptibles de sortir plus vite qu’il n’avait de temps pour les penser. C’est un peu comme s’il réfléchissait à voix haute à ce stade, mais tout en ayant conscience de lui-même. “Je pourrais parler pendant des heures-là, il faut que tu m’arrêtes.” Conclua-t-il en riant doucement. Pour braver la fatigue et toujours poussé par les stupéfiants, il serait capable de radoter en boucle jusqu’à épuisement.

Alexis & Kay

Je me doutais que les frères de Kay en avaient bien bavé. Pas mal plus que moi. On était encore dans la limite du raisonnable là. Son comportement était plus que ce à quoi j'avais été confronté auparavant, mais pas assez pour me faire fuir. En même temps, si ça avait été n'importe qui d'autre j'aurais pas supporté ça. J'me serais barrée, sans un regard vers l'arrière, sans regret. Mais c'était Kay alors j'comptais pas le faire, du moins c'était pas dans mes plans de le faire, mais j'avais l'option. Ses frères, eux ils avaient même pas l'option. C'était fort ce lien familial. Pas que j'en sache quoi que ce soit en étant fille unique, mais j'ressentais quelque chose de similaire avec mon père alors je pouvais comprendre. « J'vais lui laisser l'or je crois. » concédai-je. Clairement, il le méritait plus que moi, j'allais pas m'obstiner. J'savais pas ce serait quoi ma limite avec Kay. J'savais pas jusqu'où il pouvait pousser tout ça. J'lui laissais le bénéfice du doute, il faisait pas exprès, c'était ses mécanismes de défense, c'était son problème avec la drogue qui faisait ça. À un certain moment, p'tête que ces excuses-là ne fonctionneraient plus. P'tête qu'il irait vraiment trop loin. Et j'savais pas ce serait quoi le trop loin. Pour l'instant, par contre, j'me concentrais pas là-dessus. Son sourire charmeur suffisait encore à me faire oublier ses commentaires et son ton provocant. Il arrivait encore à me ramener dans notre bulle, à m'garder tout près. Et pourtant, il me gardait près tout en se gardant lui-même à une certaine distance. J'voulais qu'il sache que j'étais là pour lui, que je pouvais être la personne vers qui il se tournait en cas de besoin tout comme il l'avait été pour moi. Mais il voulait pas m'embêter Kay. Ça m'embêtait bien plus qu'il me garde dans l'ignorance de ses problèmes. Je fronçai les sourcils, montrant mon mécontentement avec ses mots. « Tu m'embêtes jamais Kay. » lui répondis-je. J'avais cette tendance là aussi à tout garder pour moi donc j'me sentais bien hypocrite de vouloir qu'il s'ouvre, mais bon j'allais pas lui dire non plus. Ce serait très contre-productif. Puis si on pensait toujours comme ça, qu'on dérangeait notre entourage avec nos problèmes, à quoi bon? Ça servait à ça bâtir et entretenir des relations, avoir des gens avec qui partager nos moments : les bons comme les mauvais. Puis moi, j'étais là pour lui pour les deux types, pour les entre-deux aussi. L'autre moitié de son équipe. Ça faisait plaisir à entendre entre deux baisers, même s'il n'était pas prêt à l'appliquer nécessairement. « Exactement, une équipe. » lui répondis-je avec un sourire, le regard perdu dans le sien. J'savais pas trop dans quel état d'esprit il était, si c'était comme la dernière fois où il disait plein de trucs dont il ne se rappellerait pas, s'il pensait tout ou si c'était sur le moment, mais je choisissais d'interpréter d'la meilleure façon possible et de juste profiter du moment de calme qui s'était installé. La main de Kay dans mes cheveux me transportait, comme d'habitude, oubliant tout ce qu'il y avait autour. J'souriais bêtement à ces mots, encore et encore. J'savais pas s'il disait ce que j'avais envie d'entendre, mais l'effet que ça me faisait restait le même. J'étais totalement sous son charme et heureusement pour moi que j'étais pas sous l'influence d'alcool parce que j'aurais pu lui ouvrir mon coeur sans retenu à ce moment bien précis. « C'est vrai que t'es chanceux. J'suis vraiment extraordinaire. » dis-je avec exagération en souriant. J'pouvais bien m'envoyer quelques fleurs après notre petite prise de tête hein. C'était aussi pour m'éviter de parler à coeur ouvert. Je glissai ma main sous son tee-shirt, juste pour la poser au niveau de sa hanche, pour sentir sa peau chaude sous mes doigts et je reposai mes yeux sur son visage en secouant doucement la tête. « Oh j'compte pas t'arrêter. » lui dis-je en souriant. Je lui donnai un léger coup sur son front avec le mien en penchant ma tête. « J'veux savoir tout ce qu'il y a là dedans. » complétai-je en relevant la tête. Je caressai doucement sa peau avec ma main avant de lui lancer un regard un peu plus sérieux. « Est-ce que t'es vraiment venu par obligation? » demandai-je. Il m'avait lancé ça un peu plus tôt, sous le coup de la colère. Mais le truc avec Kay, c'était que j'étais jamais sûre s'il disait réellement ce qu'il pensait lorsqu'il s'énervait ou lorsqu'il était plus doux, sous l'effet de substances.

Alexis & Kay

Ne sachant pas réellement faire le tri dans ses soucis, Kay aurait toujours un peu de mal à s’ouvrir à ce sujet. Sa technique de prédilection étant de tout mettre de côté en annihilant son cerveau, tout ce qu’il pouvait faire, c’est attendre que tout lui explose à la figure. La nuit précédente et cette journée étaient l’exemple parfait pour illustrer ce schéma. Au lieu de se reposer sur quelqu’un en se confiant sur la situation, il avait préféré paralyser son cerveau à coup de drogue et d’alcool. Une solution plus simple pour lui qui se voulait indépendant en toute circonstance. Kay, il avait sûrement un petit problème d’ego. Trop fier pour demander de l’aide, mais aussi trop fier pour admettre qu’il en avait réellement besoin. D’un côté, il ne voulait pas entacher l’image qu’il tentait de se donner, de l’autre, il n’avait pas besoin de devenir encore plus un boulet pour son entourage. Toutes ses frasques, elles suffisaient déjà à encombrer ses proches, il ne voudrait pas rajouter une autre couche. Alexis, elle avait déjà fait preuve d’une patience exceptionnelle cet après-midi, alors pour Kay c’était assez clair qu’il ne voudrait pas lui imposer plus. Elle ne semblait pas ravie par cette réponse et bien qu’elle balayait d’une phrase les propos du Britannique, ce dernier haussait les épaules, peu convaincu. “T’aurais pas dit ça il y a 10 minutes.” Rétorqua-t-il en plantant son regard dans le sien. La comparaison qu’il se faisait dans sa tête, elle ne partait pas du bon raisonnement, parce qu’au final, dire n’importe quoi sous l’effet de la colère et partager ses peines avec elle, ce sont bien deux choses complètement différentes. Doucement, il allait se faire à l’idée de s’ouvrir. Après tout, c’est la suite logique à ce qu’il était en train de construire tous les deux. S’ils voulaient continuer d’avancer ensemble et de former cette équipe, Kay, il allait devoir apprendre à se montrer vulnérable devant elle. Une étape pour lui qui restait empli de mécanisme de défense bien ancré. Faire tomber toutes ces vieilles habitudes, ça lui prendrait du temps, mais il lui suffisait de plonger son regard dans celui d’Alexis pour avoir envie de le faire. La confiance se bâtissait doucement, mais sûrement, sans qu’il ne sente plus une once de résistance à cet égard. Plus il l’observait, plus il l’écoutait, plus il passait de temps avec elle, moins il avait envie de la laisser à l’écart. C’était plus fort que lui depuis un bon moment déjà. Il se retrouvait à la regarder avec des yeux de merlan frit et un sourire niais sur le visage, incapable de détourner le regard ne serait ce que quelques secondes. Il se sentait un peu débile parfois, comme revenu à l’adolescence. Un sentiment accentué par son état actuel qui l’empêchait de fermer sa bouche trop longtemps. La réponse d’Alexis lui tira un petit rire alors qu’elle exagérait ses propos. “Tu ne vas plus passer les portes si on continue de parler de ça.” Dit-il en riant de nouveau. Il l’avait lancé sur le sujet, elle avait bien raison de jouer un peu, il aurait fait exactement la même chose à sa place. Il n’était pas à l'abri de recommencer en plus. Sous l’influence de la cocaïne, Kay devenait un moulin à paroles. Tout ce qui sortait de sa bouche n’avait même pas le temps d’être traité par son cerveau au préalable. Même s’il prenait assez vite conscience du problème que ça représentait pour lui, Alexis n’avait pas l’intention de le couper. À cette annonce, elle souriait tandis que Kay, lui, grimaçait. C’est le geste d’après qui lui fit retrouver son sourire amusé. “J'comprends pas tout ce qu’il y a là-dedans moi-même donc je te dis bon courage.” Répliqua-t-il sur un petit ton joueur. Elle aurait bien raison de creuser, profitant de son état pour le lancer dans des monologues interminables. Bon, elle marchait tout de même sur un fil avec lui, la tendance irritable de la descente n’étant jamais bien loin. Un rien pourrait le trigger de nouveau, mais l’avantage cette fois, c’est leur proximité. Complètement sous le charme de la jolie brune, il était pour le moment incapable de s’énerver, Kay. Le sujet choisi par Alexis provoqua chez lui un grand sourire avant qu’il ne bascule son corps pour se mettre au-dessus d’elle. “Une vraie corvée, tu ne peux pas savoir.” Répondit-il ironiquement entre deux baisers, bien décidé à lui répondre par les gestes plus que par les mots. Il retrouvait ses lèvres de façon plus joueuse avant de relever la tête pour la regarder dans les yeux. “J’espère que t’as un peu pitié du petit Anglais que je suis, contraint et forcé.” Continua-t-il en riant de plus belle. Il comptait sur le fait que ses gestes soient plus obvious que ses mots, perdu dans ses rires, il en oubliait presque qu'ils avaient parfois des petits problèmes de communication. Tout n’étant pas si clair pour Alexis que pour lui et inversement, il préférait tout de même tempérer ses propos au cas où. “Si ça peut te rassurer, je ne serais juste pas venu si ça avait été une obligation” Une façon peu claire de répondre non à sa question, mais elle devait être habituée à Alexis à force.

Alexis & Kay

Kay il était têtu. Têtu, compliqué, une vraie forteresse avec ses sentiments et ses émotions. J'crois qu'il était pire que moi et j'disais ça en sachant très bien comment je pouvais être. Et pourtant, quelque part along the way, on avait réussi à s'ouvrir suffisamment à l'autre pour s'attacher. Parce qu'on pouvait pas s'attacher à du vide ou à une surface. On avait réussi à faire un pas l'un vers l'autre, aussi petit qu'il pouvait être ce pas par moment. Y'avait désormais quelques fissures dans la forteresse de Kay qui me permettait de voir qui il était, bons et mauvais côtés compris. Y'en avait certains meilleurs que d'autres, obviously, mais moi j'allais prendre Kay avec l'entièreté de ce qu'il était. J'étais déjà complètement accro à sa personne et ça n'allait pas en s'arrangeant alors ouais j'étais prête à endurer pas mal. Par contre, quand il s'agissait de ses émotions, de parler lorsqu'il ne se sentait pas bien, pour moi il s'agissait pas là de l'endurer. C'était juste normal, logique d'être là pour lui. C'était ce qu'on faisait pour les gens auxquels on tenait. « C'est pas pareil. » insistai-je tout de même. J'me doutais bien que Kay il faisait sa tête de noeud par principe, par mauvaise foi, par envie de me repousser encore juste un p'tit peu, guidé par ses consommations, mais je tenais vraiment à ce que le message se rende : j'étais là pour lui, toujours. Vu comment son attitude changeait peu à peu à chaque fois qu'on se voyait, j'avais bon espoir qu'il se laisse un jour aller. J'étais pas certaine qu'aujourd'hui ça compte comme il était influencé par son état second. Alors même si j'appréciais beaucoup ses mots, c'était mieux pour moi de les prendre avec des pincettes. C'est pour ça que je me permis d'exagérer le tout aussi, c'était plus facile pour pas m'laisser chavirer encore plus. Ça faisait du bien aussi de rire après la tension qui avait montée plus tôt. Par contre, même si j'essayais de ne pas me laisser porter, j'aimais beaucoup l'idée de savoir tout ce qui se passait dans la tête de Kay. À commencer par un commentaire passé quelques minutes avant ce moment sur sa présence ici. Mes mains se glissèrent automatiquement dans son dos, caressant toujours sa peau douce alors qu'un rire sortait de ma bouche malgré les baisers qui l'entrecoupait. « Oh, j'ai pitié oui. T'es dans la pire position, c'est horrible. » lui répliquai-je de façon sarcastique. On pouvait quand même remercier son grand sourire qui atténuait ses paroles, j'me doutais qu'il blaguait, mais il s'agissait tout de même de mots qu'il aurait pu dire avec un air sérieux et un ton sec. Un sourire sincère fini tout de même par se dessiner sur mon visage avec ses derniers mots. Me faire répondre ce genre de trucs y'a quelques semaines ne m'aurait pas suffit, mais j'apprenais à me satisfaire des efforts qu'il faisait pour communiquer. C'était pas notre truc à tous les deux, les informations se rendaient souvent difficilement à l'autre, mais on était encore là à essayer donc on devait faire un truc de bien. Au moins un. L'une de mes mains remonta à sa nuque, la caressant au passage alors que mes yeux se posèrent dans les siens. « T'es toujours pas lassé de moi Kay? » lui demandai-je doucement, faisant écho à quelques conversations qu'on avait déjà eu. J'avais déjà dit que j'avais l'impression d'attendre ce moment. Mon pouce glissa le long de sa joue alors que j'allai déposer un énième baiser sur ses lèvres avant de replonger mon regard dans le sien. « J'espère que c'est pas parce que tu peux pas m'endurer sobre que t'as pris de la coke. J'serais insultée je pense. » ajoutai-je ensuite avec un léger rire. C'était une porte d'entrée vers le sujet, mais de façon plus subtile et délicate plutôt que de lui redemander directement. On savait jamais comment les infos passeraient avec Kay, mais un ton doux, un contact physique et quelques baisers, tout ça démontrait juste de bonnes intentions de ma part je pense.

Alexis & Kay

L’ego ou la fierté avaient toujours été une barrière pour Kay. Un obstacle qu’il n’essayait pas forcément de surmonter. L’envie n’étant pas là de base, il se contentait de garder ses souffrances pour lui, ne divulguant des infos qu’au compte-gouttes lorsqu’il estimait nécessaire de le faire. S’il ne le faisait pas pour lui, il avait cette tendance à parler dès que son expérience pouvait aider quelqu’un d’autre. Cette histoire avec Mickey, celle qui le mettait dans cet état présentement, il en avait discuté simplement avec Maddie. Il s’était confié, mais pas pour son propre bien, plutôt pour lui faire comprendre son parcours, pour qu’elle sache qu’elle n’était pas la seule à traverser des périodes compliquées avec la drogue. Kay, il aurait donc plus de facilité à en parler avec Alexis s’il sent que son discours apporte quelque chose à la discussion, jamais pour se libérer lui-même d’un poids. Il n’en était pas encore à ce stade, ni avec elle, ni avec les autres. La différence avec elle, c’est qu’il ressentait cette envie de faire un pas de l’avant, l’envie d’agir contre sa nature pour la laisser entrer un peu plus dans son monde. Plus ils avançaient tous les deux, plus il ressentait ce besoin de lui donner les clés de compréhension. Parce que cette relation, elle ne pouvait plus être simplement de surface. Mais pour l’heure, un sourire taquin s’étirait sur le visage du brun, frissonnant au contact des mains d’Alexis dans son dos. Son ton ironique, Alexis le comprenait de plus en plus, même s’il se gardait le sarcasme comme arme de défense, elle pouvait toujours trouver quelques réponses dans ses sourires et ses gestes. N’étant pas doué avec les mots, l’important pour lui, c’est qu’elle arrive à trouver le sous-texte caché sous ses différents sourires. Entre les baisers et les sourires, Kay marquait un réel contraste avec le ton plus dur qu’il avait pu avoir un peu plus tôt. Parfois, son sarcasme pouvait être accompagné d’une mine sérieuse pour plus d’impact, mais là, il prenait soin de sourire pour qu’elle puisse le comprendre totalement. Un sourire qui ne le quittait pas vraiment tandis qu’elle s’inquiétait encore du moment où il se lasserait. “Tu seras lassée avant moi Silveira, c’est certains.” Dit-il, tout de même avec un demi-sourire. Il n’avait pas envie de penser à ce moment et pourtant, une partie de lui s’effrayait à cette simple pensée. C’est qu’elle devenait de plus en plus importante dans sa vie et surtout dans son cœur pour qu’il s’imagine le moment où elle ne voudrait plus de lui. Au fond, ça le rassurerait sûrement de se dire qu’il en aurait marre en premier, mais ça n’avait pas l’air de se profiler de cette manière. L’avenir le leur dira bien assez vite. Pour le moment, il tentait toujours d’arrondir les angles au maximum. Les conneries qui pourraient la dégoûter, il commençait déjà à les faire avec son comportement de con. Il aimerait le faire différemment, malheureusement, c’est plus fort que lui. “Bien sûr que non.” Lâcha-t-il en soupirant lorsqu’elle fit une nouvelle remarque sur la cocaïne. Ce simple mot le replongeait dans cette consommation excessive des dernières heures. Son ton n’était plus sec, il était plutôt empli d’une certaine mélancolie. Cette petite phrase prononcée par Alexis, elle aurait dû lui donner le sourire et l’inciter à plaisanter à son tour. Pourtant, il ressentait de nouveau une vague de tristesse, repensant soudainement à ce qui l’avait poussé à prendre tout ça et qui n’était pas elle du tout.“Hum” Sentant son énergie baisser de minute en minute, l’envie de reprendre un rail pour profiter de ce moment avec Alexis grandissait. Pour combattre cela, il plongeait son visage contre le cou de la brune. “Toi, tu me fais du bien, j'veux pas t’assimiler à cette merde.” Les yeux fermés, il se laissait enivrer par son parfum quelques instants. La chaleur de son corps, sa peau douce sous les lèvres, son odeur, sa présence, sa voix, tout lui faisait un bien fou. Il soupira finalement, se laissant retomber à côté d’elle. Il n’avait plus la force de lutter seul contre le sommeil et son corps le lui faisait sentir. Kay cala tout de même sa tête près de celle d’Alexis. “Je ne vais pas tarder, je pense. Je sens que si je reste là, je vais m’endormir et tu n’arriveras plus à me déloger.”Avoua-t-il avec un petit rire. Il luttait contre le sommeil, n’importe qui pourrait le voir. Les cauchemars le guettaient et en pleine après-midi comme ça, il n’avait pas encore envie d’être le boulet qu’elle devrait se coltiner.

Alexis & Kay

En l'espace de quelques minutes seulement, l'ambiance avait été complètement renversée. C'était le jour et la nuit entre les deux façons de se comporter depuis que Kay était débarqué ici. Surtout pour lui, mais aussi pour moi. C'était rien de nouveau, on avait cette tendance à passer de 0 à 100 rapidement, à suivre un peu le mood de l'autre et à se concentrer sur autre chose rapidement. Au moins, ça indiquait qu'on ne restait jamais en colère bien longtemps. Ou qu'on manquait légèrement de stabilité, mais j'avais une préférence pour la première option. J'osais croire que cette capacité à se virer de côté rapidement gardait les choses intéressantes et nous éloignait de la monotonie qu'une relation régulière pourrait amener. J'avais quand même l'impression qu'avec Kay, rien ne serait jamais juste régulier. C'était pas comme le genre de relations ennuyantes que j'avais pu avoir où tout était excitant dans les premiers jours et après quelques semaines, j'avais envie de nouveau et je passais à autre chose. Déjà là, ça faisait plus que quelques semaines et j'avais envie de tout sauf d'autres choses. Je pouvais pas prédire comment j'allais me sentir dans quelques mois, on savait jamais après tout, mais j'étais plutôt confiante que ce que je ressentais là n'allait qu'augmenter. Par contre, je trouvais que ça ne servait pas à grand chose de le mentionner à nouveau à Kay. Je lui avais déjà dit, il le savait, mais des actions, c'était toujours plus cohérent et rassurant que des mots. Pas certaine que ces derniers feraient bien leur chemin dans son esprit en ce moment de toute façon. Alors j'me contentai d'hausser les épaules avec un petit sourire, signifiant que seul le temps nous le dira. Sauf que tout ça, comment je me sentais, comment je voyais les choses pour l'avenir, ça n'empêcherait certainement pas Kay de faire le con. C'était comme sa signature de laisser certains comportements prendre le dessus. Et ça avait tendance à venir me chercher, mais j'arrivais parfois à reprendre contrôle de mes émotions. Comme aujourd'hui. Il avait de la chance d'être lui, parce qu'avec n'importe qui d'autre j'en aurais eu marre et je l'aurais foutu dehors bien rapidement. Mais le voir dans cet état, ça venait provoquer de l'inquiétude, de la compassion, de la compréhension. Ou du moins, j'essayais d'être compréhensive parce que sans savoir toute l'histoire, c'était pas possible de le comprendre à 100%. Alors à coup de petites blagues, de petits commentaires légers, j'essayais de l'avoir en entier cette histoire. J'pouvais au moins barrer le fait que ce soit ma faute. Je m'en doutais évidemment, mais là c'était certain. J'voulais pas forcer Kay à parler d'un truc dont il n'était pas prêt non plus. La tristesse dans son visage, cette baisse d'énergie soudaine, c'est certainement l'inquiétude qui primait chez moi dorénavant. « Comment tu te sens? » lui demandai-je en gardant mes yeux sur lui. Définitivement le genre de moment où j'aurais aimé pouvoir lire dans les pensées, ça aurait été tellement plus simple que de marcher sur des oeufs. Kay trouva finalement refuge dans mon cou et ce contact m'apaisa légèrement, pas suffisamment par contre. Mes doigts jouaient avec quelques mèches de ses cheveux qui retombaient sur sa nuque tandis que mes yeux se fermaient, me concentrant sur son souffle chaud sur ma peau. « Moi aussi tu m'fais du bien. » lui répondis-je doucement avec un sourire dans la voix. Et si on se faisait autant de bien, p'tête qu'en restant ensemble tout irait mieux. C'était une théorie que j'avais envie de tester en tout cas. Kay se laissa tomber près de moi et mes yeux se posèrent à nouveau sur lui, alors que sa tête se cala près de la mienne. « Tu peux rester tu sais. » proposai-je d'abord. Ça sonnait comme s'il pouvait rester et que ça ne me dérangerait pas, mais en fait je me rendis compte que je voulais qu'il reste. Le renvoyer chez lui dans cet état, après un aussi court moment avec lui, ça me semblait impensable. « Reste. » murmurai-je ensuite avec un petit sourire. Ça me rassurerait de ne pas le savoir seul, mais aussi de pouvoir être présente pour lui à son réveil. « J'vais te laisser dormir, promis. » lui assurai-je en prenant sa main dans la mienne, caressant ses doigts des miens. J'lui demandais pour lui, mais aussi pour moi. Sa simple présence me faisait me sentir bien, moins déprimée, plus entière. Ça avait un petit côté égoïste ma demande parce que Kay, il dormirait probablement mieux chez lui. « Mais j'vais comprendre si tu préfères partir. C'est juste... » commençai-je un peu hésitante. « J'aime bien quand t'es là. » dis-je finalement, ne me mouillant quand même pas trop.

Alexis & Kay

Après plusieurs heures sans sommeil, ce n’était pas si étonnant de voir son corps défaillir. Même en reprenant un rail, il aurait très certainement du mal à tenir éveillé bien longtemps. Il avait suffisamment poussé pour savoir lui-même sa limite. Peut-être que s’il était resté dans l’agitation des minutes précédentes, son cerveau aurait été capable de le tenir éveillé encore quelques heures le temps de redescendre. Là, avec la douceur d’Alexis, c’est comme s’il ne contrôlait plus rien. Il se détendait naturellement rien qu’en voyant le sourire de la jolie Brésilienne. Elle avait ce don de l’apaiser autant qu’elle pourrait le faire vriller. Heureusement pour eux, depuis quelque temps, c’est plus la douceur qui finissait par gagner dans leurs échanges. Alors qu’Alexis en venait à lui demander comment il allait, l’anglais n’avait même pas la force de faire semblant. “Épuisé… j’aurais bien envie de reprendre une trace-là” Avoua-t-il en fermant les yeux un court instant. Il essayait tant bien que mal de contenir son état de manque. La honte gagnait peu à peu son esprit alors qu’il aurait voulu qu’elle ne le voie pas dans cet état. Il n’y a pas de raison pourtant, il l’avait déjà vu dans des états compliqués elle aussi. Alexis n’allait pas le juger, et même si au fond de lui, il le savait, ça n'enlève rien à sa propre vision de lui-même. Pour lui qui passe son temps à jouer avec l’image qu’il renvoie aux autres, l’idée qu’on puisse le voir à son plus bas restait compliquée à concevoir. C’était d’autant plus compliqué avec Alexis, parce qu’il ressentait au fond de lui cette peur qu’elle n’aime pas ce qu’elle voit, qu’elle décide de ne pas s’embêter plus longtemps avec lui. Une peur qui grandissait autant que ses sentiments pour elle, parce que la simple idée de ne plus l’avoir près de lui le déchirait déjà. Alexis, elle devenait de plus en plus nécessaire dans sa vie et pour une fois, il n’hésitait pas vraiment à le dire. Les mots sortaient plus facilement une fois sous l’influence des diverses substances consommées. L’entendre prononcer les mêmes mots, ça le rassurait un peu. Suffisamment pour qu’il esquisse un petit sourire en se laissant tomber près d’elle. Même s’il n’en ressentait absolument pas l’envie, il finissait par évoquer un départ. La fatigue le faisait sombrer peu à peu, il n’allait pas devenir un poids supplémentaire pour Alexis. Déjà qu’il l’avait rejoint en retard, qu’il avait fait tout un cinéma pour son sachet de coke, il n’allait pas en plus s’endormir comme une merde chez elle sans qu’elle ne puisse rien y faire. Ça lui paraissait inconcevable, pourtant, rapidement, Alexis lui proposais de rester. “J’veux pas qu’on se reprenne la tête au réveil” Avoua-t-il en affichant une petite moue désolée. Il faisait référence à leur réveil l’autre fois où il était arrivé chez elle défoncé. Kay, en manque, avait cette tendance à s’irriter assez vite et à le regretter plus tard. S’il y a bien une personne sur laquelle il ne voulait pas que ça tombe, c’est bien Alexis. Partir lui semblait être la meilleure solution, celle qui l’empêcherait de faire ou de dire n’importe quoi. Une façon de se protéger tous les deux. Mais en lui intimant de rester, Alexis, elle arrivait à faire évaporer le peu de raison qu’il avait encore en lui. Sa main, venant caresser les doigts du Britannique, n’aidait pas non plus. Au contraire, il fermait les yeux presque instantanément, ne désirant aucunement que ce contact s’arrête. “Je suis désolé…”Murmura-t-il avec le peu de force qu’il avait encore pour articuler ses pensées. “Je débarque comme ça, pour finalement m’endormir à moitié… Pas terrible comme date” Dit-il en esquissant un petit sourire. Son esprit était déjà en train de se demander comment il allait bien pouvoir se rattraper de tout ça. L’esprit plus clair, une idée lui viendrait sûrement, pour l’instant, il semblait avoir simplement la capacité de se dire qu’il avait merdé. Pour lui, c’était déjà un grand pas. Les mots suivants d’Alexis eurent le don de le faire sourire complètement. Une douce mélodie à ses oreilles qui pourrait bien l’achever complètement. S’il en venait à arrêter de se poser mille questions sur son comportement au réveil, il pourrait bien sombrer plus vite que prévu. “Tu pourrais bien regretter tes mots si je commence à m’agiter dans mon sommeil. Donc mets-moi dehors si besoin.”Dit-il finalement. Sa manière à lui de capituler. De toute façon, il n’avait clairement plus la force d’ouvrir les yeux, alors arrivés là, repartir chez lui semblait être une épreuve. “Merci d’être là” Murmura-t-il en laissant tomber toute once de résistance.

Alexis & Kay

C'était dur quand même de voir Kay dans cet état. Mis à part cette soirée/nuit chez moi où il était arrivé défoncé, je l'avais toujours vu pleinement en contrôle. Je l'avais toujours vu solide. C'était plutôt moi qui avait tendance à m'laisser prendre par les émotions, par les trucs négatifs, moi qui perdait un peu la carte. Il m'avait vu dans presque tous les états Kay. Presque. Jamais dans l'extrême non plus, mais il avait été témoins de moments moins faciles et pourtant, il était encore là. Alors comment est-ce que je pourrais à mon tour le voir dans ce type d'état et juste... Walk away? Impossible. Et pas juste parce que lui était resté, mais surtout parce que le simple fait de penser à être sans lui me faisait mal. J'étais rendu à ce point, après m'être dit un bon nombre de fois qu'il était con, que j'me fichais de lui, qu'on faisait que s'amuser. J'me retrouvais aujourd'hui à ne plus être capable de m'imaginer sans lui. Et ça, ça venait avec ses bons côtés tout comme ses mauvais. J'étais prête à dealer avec tout ça maintenant. J'pense aussi que je ne pourrais jamais dire que je connaissais vraiment Kay si j'voyais pas ce côté de lui, celui qu'il essayait de cacher, de tasser dans un coin. Si on voulait pouvoir aller quelque part ensemble, ça prenait de l'honnêteté, de la transparence. Et aujourd'hui, même si c'était pas facile, surtout pour Kay, ben c'était un pas vers ça aujourd'hui en avouant comment il se sentait. J'me contentai de le regarder, de maintenir un contact physique affectueux. J'voulais rien dire pour pas empirer, mais j'voulais lui montrer que j'bougeais pas, j'étais là. Et je voulais qu'il reste là lui aussi, pas besoin de rentrer dans cet état afin que j'le vois pas au réveil ou pour éviter qu'il me dorme en plein visage, ça m'importait peu. J'voulais juste qu'il reste. Son inquiétude du risque de se prendre la tête était légitime, mais je pensais avoir fait preuve d'une patience exemplaire jusque là et comme je connaissais un peu mieux comment il pouvait être, je savais à quoi m'attendre et je pouvais mieux jauger mes réactions. « T'inquiètes pas, ça va être ok. » lui dis-je avec un petit sourire. Meaning, j'allais faire attention à mes mots et j'allais tenter de ne rien prendre personnel s'il me sortait des conneries. Dans un monde idéal, tout ça se passerait bien, mais c'était compliqué à prévoir dans la réalité. Je le regardais fermer les yeux doucement alors que je lui caressais les doigts du bout des miens. C'était paisible, différent de tout à l'heure, mais pas inhabituel pour nous. Par contre, que Kay dise être désolé, ça ce l'était. Je déposai un baiser sur son bras qui était le plus près de moi avant de rire doucement à son commentaire suivant. « Pas terrible c'est vrai. Mais tu m'as déjà dit qu'on avait pas besoin de date nous. » soulignai-je pour blaguer. Of course que j'appréciais qu'on se donne rendez-vous, je nous voyais pas à long terme juste continuer à se rencontrer par hasard. J'amenai sa main à mon visage pour y déposer un délicat baiser. « Tu te rattraperas. » dis-je simplement. Et j'avais pas besoin de grand chose venant de lui. Sa simple présence et son attention me suffisaient tout le temps. Well, sa présence pas défoncée à la coke. Après tout, je venais de lui dire, j'aimais bien quand il était là. J'aimais ça plus que bien, il était devenu la présence que j'préférais. Un petit sourire se dessina sur mon visage à ses mots, sachant très bien que j'le mettrais jamais dehors parce qu'il était agité en dormant. Je tournai mon visage contre le sien, calant mon front contre sa tempe et mes lèvres contre sa joue alors que j'y déposai un baiser. « Toujours. » murmurai-je simplement. Je fermai doucement les yeux, laissant sa respiration guider la mienne. Je profitai du calme, de sa chaleur, de son odeur pendant un moment. J'étais bien, juste là avec lui. Sauf que mine de rien, c'était l'après-midi et même si j'étais très bien, j'avais pas spécialement envie de dormir moi. Elijah devait pas revenir ici sous peu, il avait des trucs de prévu alors l'appart serait plutôt calme pour un moment. Je me dégageai doucement de ma position, posai une couverture sur Kay et allai à la cuisine pour me faire un petit thé, un truc à manger et prendre un autre comprimé pendant que j'étais seule. J'voudrais pas causer de l'émoi chez Kay et qu'il veule essayer ça. Le but était juste d'me garder bien. J'me remis devant ma série, gardant le volume au minimum pour ne pas troubler le sommeil du Britannique, restant quand même attentive vu la porte ouverte s'il avait besoin de quelque chose ou si justement, il avait le sommeil trop agité.

Alexis & Kay

Conscient de son état, Kay avait du mal à se laisser complètement aller. Il redoutait à la fois son état au réveil, mais aussi de la faire fuir avec ses états d’âme. Comme quoi, c’est toujours plus facile d’avoir un certain discours que de se l’appliquer à soi-même. Comme quoi, c’est toujours plus facile d’avoir un certain discours que de se l’appliquer à soi-même. Pourtant, il avait encore du mal à accepter la situation inverse. Il avait déjà foiré des relations à cause de ses addictions. Son comportement étant totalement random parfois, chaotique au possible, le risque était de dire et de faire n’importe quoi jusqu’à l’amener au point de non-retour. Alexis avait beau essayer de le rassurer là-dessus, ses expériences passées l'obligeaient à garder une certaine retenue avec elle. Le Britannique dévoilait une certaine pudeur vis à vis de ses humeurs et de ses sentiments, mais ça, ça ne datait pas de la veille. Alors même s’il faudra du temps pour qu’il soit totalement à l’aise avec elle, le jeune Anglais faisait des efforts pour verbaliser un peu les choses. Alexis, elle lui donnait envie de faire différemment, d’aller contre ses mauvaises habitudes. Elle avait un peu bousculé son monde et ce qu’il se pensait capable de ressentir pour quelqu’un. Alors bien que ça l’effraie par moment, tout semblait aller dans le bon sens. Il était maintenant capable de se laisser aller au simple contact de sa peau contre la sienne. Elle avait ce don de l’apaiser par sa simple présence près de lui et c’est tout naturellement qu’il tombait peu à peu dans les bras de morphée, bercé par les caresses de la Brésilienne. Simplement, à moitié conscient, il en arrivait même à s’excuser avant qu’elle ne lui tire un nouveau sourire par sa réponse et son baiser déposé délicatement sur sa main. “Au moins, la barre n'est pas trop haute pour la prochaine fois.” Ajouta-t-il en riant légèrement. Pas qu’il prenne leurs rendez-vous à la légère, mais pour se rattraper, il n’aurait pas grand-chose à faire vu le niveau dont il avait fait preuve cette après-midi. Le simple fait de ne pas être défoncé devrait suffire à rattraper un peu le niveau. Dans tous les cas, ce serait un problème pour le Kay du futur, puisqu’après avoir prévenu Alexis qu’elle pouvait le mettre dehors à tout moment, il se laissait un peu plus tomber dans le sommeil. Il sentit une dernière fois les lèvres d’Alexis contre les siennes. Comme la touche finale pour l’aider à sombrer totalement.

Impossible pour lui de savoir combien de temps exactement, il était resté endormi. Surement quelques heures vu l’état de fatigue dans lequel il était. S’il était bien trop mort pour être capable de comprendre ses cauchemars au début, ils ne tardèrent pas à faire leur arrivée, déclenchant une certaine agitation chez le jeune Anglais. De légers mouvements au début avant de finir par le réveiller en sursaut. Pris d’une soudaine sensation de panique, il lui fallut quelques secondes avant de comprendre où il était. D’une main hasardeuse, il tâtonnait pour chercher la présence d’Alexis près de lui, mais en vain. Il se redressa donc, difficilement et à bout de souffle, cherchant tant bien que mal à retrouver une respiration normale. Coutumier des paniques nocturnes depuis l’année dernière, ça ne rendait pas le moment moins difficile. Son premier réflexe fut de s’asseoir sur le bord du lit, la tête entre les mains pour essayer de calmer ses palpitations. Pris dans son truc, le brun n’avait pas réellement pensé au bruit qu’il était en train de faire, mais il releva finalement les yeux pour apercevoir Alexis au coin de la porte. Malgré sa respiration qui redevenait de plus en plus normale, il était soudainement pris d’une honte à la pensée qu’elle puisse le voir ainsi. Il était encore frissonnant, vulnérable comme jamais et ce n’est clairement pas l’image qu’il avait envie de donner. Incapable de prononcer un seul mot, il se contentait alors de baisser le regard, essayant d’autant plus de se forcer à retrouver une respiration normale.

Alexis & Kay

Si ça n'avait pas été le beau milieu de l'après-midi, j'serais restée au lit avec Kay à somnoler et à juste profiter de cette accalmie après le moment plus agité qu'on avait passé. Sauf que j'étais pas fatiguée et vu comment il avait sombré, j'me doutais qu'il ne remarquerait pas nécessairement mon absence. Alors j'en profitai pour faire mes petites choses, regarder ma série, ramasser un peu l'appart. J'essayais de ne pas faire de bruit afin de ne pas le déranger même si j'me doutais que son sommeil était assez profond. J'sais pas exactement combien de temps sa sieste dura. Assez longtemps pour que je termine la saison en cours et plein de petites tâches. J'étais pas trop du type femme au foyer alors je n'avais pas profiter de sa sieste pour lui cuire des biscuits et tout, mais on pourrait certainement commander un truc s'il avait faim. Parce que fidèle à notre habitude à Elijah et moi, le réfrigérateur ne débordait pas de trucs prêts à manger. Même qu'il était plutôt vide. Ce serait un problème pour tout à l'heure. J'avais jamais vu Kay un ''lendemain'' de ce genre d'état. Enfin, si brièvement et on s'était engueulé alors je préférais ne pas utiliser ce moment comme référence. Avant de sombrer, il avait mentionné ne pas vouloir qu'on s'engueule à son réveil et j'comptais bien tout faire pour ne pas aller dans ce sens. Malheureusement, souvent ce n'était pas de mon ressort. Si Kay décidait d'être dans un mauvais mood et qu'il avait envie de s'engueuler, c'était ce qui allait se produire. Disons que j'allais juste pas faire exprès. Bref, après un bon moment j'entendis du bruit venir de ma chambre, pas mal de bruit même. Le soleil était couché alors la chambre était plongée dans le noir, mais j'voulais pas ouvrir la lumière et aveugler Kay alors j'me contentai de m'appuyer dans le cadre de la porte, plissant un peu les yeux pour mieux voir. Il semblait assez secoué et j'savais pas si ça devait m'inquiéter, mais ça le fit quand même. '' Hey... Ça va? '' demandai-je doucement en m'approchant de lui. Je pris place sur le lit à côté de lui. J'aurais aimé m'agenouiller devant lui, pouvoir voir son visage, son regard comme il le faut, mais avec mon genou et tout c'était pas possible. Je tournai donc la tête vers lui et passai ma main dans son dos pour le caresser doucement, juste lui montrer que j'étais là, à l'écoute. '' Est-ce que t'as besoin d'un truc? Un verre d'eau? '' lui demandai-je doucement à nouveau. J'avais l'impression que de parler à un niveau de voix régulier viendrait troubler la tranquilité de la pièce. Je déposai un baiser sur son épaule, le laissant reprendre son rythme normal de respiration. Son sommeil semblait avoir été bien agité, son réveil aussi. '' Tu peux m'en parler si tu veux. '' lui proposai-je. J'voulais pas le forcer à parler, je savais que c'était pas sa force, mais je voulais qu'il sache qu'il pouvait le faire. On se mettait beaucoup de barrières lui et moi depuis notre rencontre, comme si on pouvait pas être réellement nous mêmes ensemble, mais j'avais envie d'être la personne vers qui il allait quand ça allait moins bien. Quelqu'un qui saurait le faire sentir bien et en sécurité. Juste comme il le faisait avec moi.