#2312 - Clearly i’m not your favorite person right now | Charlie

On m’as demander de tenter de matin pour quelque temps, besoin de moi pour la livraison semble-t-il. Depuis que les applications comme Uber existent, les gens veulent tous se faire livrer, du simple café aux pâtisseries et s’ils peuvent éviter les frais de service exagérés ils sont encore plus heureux. Donc ils veulent tester voir si ça vaut la peine d’engager quelqu’un d’autre comme livreur le matin. C’est donc à peine réveillé, le cœur en miettes, que je rentre travailler. Un grand café en main, on commence à m’envoyer sur la route pour apporter un peu de bonheur aux gens. En espérant ne pas tomber sur des gens désagréables ! Je ne suis clairement pas d’humeur pour ça. J’ai pas fermé l’œil de la nuit, j’ai un poignet brisé et plâtré. Soupirant fortement, j’attrape la commande qu’on me donne ainsi que l’adresse, puis je part avec mon café collé sur moi, le sac tenu par le bras handicapé et les clés dans l’autre main. J’arrive en peu de temps à l’adresse et après une longue gorgée de café, je sors de la voiture et vais toquer à la porte. J'attends pas trop longtemps avant qu’on ouvre pour tomber sur un visage beaucoup trop familier. Je peux pas croire que sur tous les gens de Bowen, il fallait que je tombe sur la meilleure amie d’Emilia…. C’est obligé, elle est au courant de notre « rupture » vu à quelle vitesse Emi est sortit du cabinet l’autre avant-hier. J’aurais dû accepter d’être en arrête plus qu’une journée finalement. Je lui lance un regard et lui tend le sac, je fais semblant de sourire et je demande. « Bonjour, ça va être payé de quelle façon ? »  Je pense pas pouvoir me sauver d’un commentaire, Charlie n’a pas la langue dans sa poche !


@Charlie S. Meers

Après avoir fouillé jusqu’au fin fond des placards et vérifié s’il n’y avait pas une petite sucrerie derrière chaque pot dans le frigo, l’estomac sur pattes avait cédé et avait passé commande pour deux donuts et un chausson à l’abricot. Parce que oui, son café était en train de couler dans le percolateur, et elle n’avait aucune envie de le retrouver froid si elle bougeait ses fesses jusqu’au centre-ville pour aller se chercher le petit-déjeuner. Enfin, ses fesses seraient majoritairement posées confortablement sur le siège de sa voiture, mais soit. Là n’était pas la question. Le café serait froid, et elle mettait un point d’honneur à déguster une pâtisserie avec la boisson chaude, sinon, ça n’avait aucun intérêt. Elle avait donc passé commande, oui, pour deux donuts et un chausson à l’abricot, c’est tout. Et elle attendait impatiemment, sa tasse de café fumante désormais à la main, n’en buvant qu’une ou deux minuscules gorgées, tapotant le récipient en attendant la nourriture qui allait avec. Faisant les cent pas sur la terrasse ensoleillée toute l’année, un sourire jusqu’aux oreilles illumina son visage malicieux quand elle entendit sonner. Elle s’empressa d’aller ouvrir, renversant quelques gouttes du précieux liquide au passage, jura sans détour et tourna enfin la poignée de la porte d’entrée. Son visage se décomposa, son estomac mettant les priorités en pause pour quelques minutes. C’était l’ennemi. Fronçant les sourcils, et prenant un air méprisant au possible, elle posa un regard qui se voulait hautain sur Beckham. « Avec un café brûlant dans la gueule ? » suggéra la jeune Australienne, tentant une approche agressive, mais son visage de bébé toujours heureux avait du mal à renvoyer l’aura de guerrière qu’elle désirait. Elle l’aurait bien étripé, celui qui avait déchiré le cœur de sa personne. Elle devait tout de même faire appel à toutes ses capacités théâtrales, parce que Beck, elle l’aimait bien, de base, ce gars. Peut-être que c’était une raison supplémentaire pour le dénigrer, d’ailleurs, comme si c’était une double trahison. Il avait blessé sa meilleure amie, en sachant que c’était sa meilleure amie, alors que Charlie aussi, était son amie. D’accord, ça ne faisait peut-être pas beaucoup sens d’un point de vue extérieur, mais la jeune fille, elle, voyait totalement le rapport. Et de toute façon, elle n’avait pas besoin d’excuses supplémentaires pour essayer de détester le blondinet face à elle, en ce moment. « J’vois que le karma m’a devancée, ceci dit. » grogna-t-elle en désignant le bras plâtré, prenant du mieux qu’elle pouvait un regard glacial. Charlie était forte pour bouder, pour exacerber chacune de ses émotions, mais être intimidante et mesquine, ça c’était pas trop dans ses cordes. Alors elle faisait de son mieux, ses yeux iceberg observant Beckham de haut en bas. D’ailleurs, qu’est-ce qu’il foutait derrière un volant avec un bras dans le plâtre, lui ? Oh Charlie, concentre-toi. On lui fait sentir qu’on l’aime pas, là, rien à foutre du code de la route.

Je suis déjà pas quelqu’un de bonne humeur le matin, alors me demander d’aller livrer du café ou des pâtisseries à d’autres personnes qui ne sont pas nécessairement bien réveillé ou encore heureux de vivre ou trop heureux de vivre, ce n’est pas tellement une bonne idée. Pourtant je suis là, je ne pouvais pas manquer une autre journée, j’ai besoin d’argent, déjà que j’ai manqué la journée d' hier. Je suis presque devenu responsable ma foi, en tout cas, c’est comme ça que je m’encourage. C’est en découvrant le visage de la meilleure amie d’Emilia qui me confirme que cette journée ne sera pas mieux qu’hier et que je devrais peut-être retourner chez moi. Je pense que mon sourire n’est pas très convainquant, même son expression à elle est incertaine. Je peux voir qu’elle n’est pas heureuse de me trouver sur le pas de sa porte. “J’peux aussi repartir avec ta commande hein, tu me mettra un avis sur google comme quoi je suis le pire livreur de la terre, j’en ai rien à battre ! ” Non, je comprends que j’ai fais de la peine à son amie, mais je ne suis pas le premier qui le fait et probablement pas le dernier. J’dis pas si j’avais pas été honnête avec elle, mais j’ai voulu faire les choses bien et je m’en reçois plein la gueule. Puis je comprends pas pourquoi Charlie s’en mêle, ce n’était pas elle que je fréquentais, vais-je subir les foudres de toute la ville en plus ? Le sac toujours accroché sur mon bras, je la vois le regarder, mêlant le karma à l’histoire. Je lève les yeux au ciel en soupirant fortement. “Comme si le karma avait vraiment quelque chose à voir là-dedans. Tu préférais que je lui mente et que je lui joue dans le dos ? Je ne suis pas assez bien pour elle et elle mérite quelqu’un qui n’aime qu’elle et je suis le méchant ? J’aurais pu être le pire trou de cul de la terre et jouer sur deux tableaux, mais je ne l’ai pas fait. Pourquoi je dois me justifier auprès de toi au juste ? T’es son avocate ou quoi ? ” Je suis fâché de devoir le faire, ça me fait mal de parler d’Emi, de savoir qu’elle est malheureuse à cause de moi, mais je n’aurais pas supporter de lui mentir, de la rendre malheureuse alors qu’elle se serait encore plus attaché à moi. Mon coeur se tord, mais je ne veux pas lui montrer que j’ai mal.

Son interlocuteur ne semblait pas être enchanté de se trouver face à elle, et il avait bien raison. Même si la jolie brune forçait une attitude belliqueuse, sans trop savoir si elle y parvenait. Dans tous les cas, le blond lui offrit une répartie saupoudrée de tout autant de piquant. Bon, elle l’avait cherché. « Hé mais oh, ça va on descend de son poney, c’est pas moi qui ai fait de la merde hein ! » s’offusqua Charlie en se retrouvant confrontée à un Beckham qui ne semblait pas prêt à encaisser ses reproches. Techniquement, il n’avait aucunement tort de ne pas se laisser faire, c’était même pas ses affaires, à Charlie. Sauf que pour elle, ça l’était, à partir du moment où ça concernait quelqu’un qui lui était proche. Et Emilia, elle l’aimait de toutes ses forces, et elle ne supportait pas de la voir, encore une fois, le cœur en miettes et le moral au plus bas. « Non, j’aurais préféré que tu joues pas un double-jeu pendant autant de temps. Si t’as eu le temps de tomber amoureux de quelqu’un d’autre, c’est que t’as quand même daté deux personnes en parallèle pendant un moment, non ? Oh et sort pas les violons comme ça avec le discours du mec qui mérite pas une meuf et que c’est pour ça qu’il la jette comme un crottin de cheval. » Beaucoup trop de références aux poneys ce matin, Charlie. Au fond, elle était consciente que Beck avait fait de son mieux, et puis, elle le connaissait un minimum, elle ne le voyait pas comme quelqu’un de manipulateur et irrespectueux. Mais elle ne s’attendait pas à découvrir cette facette de lui, au détriment du bonheur de sa meilleure amie. Et là tout de suite, elle se fichait bien de s’il avait essayé de faire les choses bien, le résultat était le même, et il avait joué le jeu avec deux cœurs différents. Forcément qu’il avait dû se douter qu’il allait finir par en briser un des deux. Et sortir le discours bien cliché du "elle mérite quelqu’un de mieux que moi", c’était un peu trop gros à avaler pour la jeune chirurgienne. « Non, son chien de garde. C’est pareil sauf que y a l’option mordre en plus. » rétorqua Charlie en plissant les yeux, avant de prendre une gorgée de café. Encore une fois, Beck n’avait pas tort, il n’avait pas tellement à se justifier auprès d’elle. Mais la raison n’était pas ce qui faisait fulminer la brunette, plutôt ses émotions débordantes, l’éponge sentimentale qu’elle était ne parvenant pas à compartimenter la peine de sa sœur de cœur, et la bonne entente qu’elle partageait – avant ce matin – avec le livreur. « Bon, j’te dois combien ? » souffla bruyamment la jeunette. Pas qu’elle voulait apaiser les hostilités, mais elle avait quand même envie de ses pâtisseries. Elle défendrait Emilia corps et âme mais elle n’allait pas risquer de décevoir son estomac. Peut-être que ça la calmerait un peu aussi, tiens.

Clairement, elle n’était pas plus enchantée que moi de me voir, mais elle n’avait même pas rapport dans notre histoire. J’avais vu son regard noir lors de la randonnée, sans comprendre ce que j’avais pu faire de mal, mais là elle devait avoir une raison. La raison s’appelait Emilia et c’était évident qu’elle s’était confiée à sa pote. Oh carrément, de la merde, je ne savais pas qu’eêtre honnête et ne pas mener une personne en bateau pouvait être de la merde. “Tu m’attaque direct et c’est moi qui doit se calmer ?” Dans quel monde on vit ? Normalement, j’avais du plaisir avec Charlie, m’entendant même plutôt bien avec elle, sauf qu’elle venait de prendre le partie, sans même écouter le deuxième côté de la médaille. En vrai, elle faisait un peu comme Emilia avait fait avec Elijah, n’écoutant que la version de Prim, puis accusant Elijah de tous les bobos de la terre. C’est quand elle amène le Karma que ça devient trop pour moi, je ne vois pas en quoi je mérite de me faire punir pour ça. Des histoires de coeur désastreuses tout le monde en a eu et je ne considère pas ce que nous avons eu comme un désastre. “Je n’ai pas daté deux personnes en parallèle, je n’ai pas cherché non plus à jouer avec deux personnes. Je n’avais juste jamais réalisé que j’aimais ma meilleure amie autrement que comme ma meilleure amie. J’ai dû faire un choix et c’est pas de gaîté de coeur parce que je l’aime Emi, tu penses que je me sentais bien de lui dire que ça ne pourrait pas fonctionner et que je me suis mis à rire de joie en lui brisant le coeur, en dansant la danse de je ne sais pas quoi quand j’ai vu les larmes dans ses yeux. Putain Charlie, c’est vrai qu’elle mérite mieux qu’un gars qui aimes deux filles en même temps, je ne joue pas. ” Ça me met hors de moi, je ne vois pas pourquoi je suis en train de me justifier comme si j’avais fait quelque chose de mal. Sérieusement, j’ai autre chose à faire que de rire du malheur des autres et de sa peine à Emi, je la ressens moi aussi. Elle fait sa finfinaude la Charlie mais elle ferait quoi si elle avait à choisir entre son meilleur ami ou un autre mec ? Elle accepterait de perdre son meilleur ami pour une histoire de coeur ? Stacy est ma meilleure amie depuis ma plus tendre enfance, je ne peux pas la perdre, point final. “Tu sais quoi, vas y, crache le ton venin, mets moi à terre comme ça tu seras heureuse et on arrêtera peut-être de me faire chier avec tout ça. Crions sur tout les toits que Beckham Kavinsky c’est un p’tit con.” Elle se sentira peut-être mieux après l’avoir fait, après avoir eu la certitude que je n’allais pas mieux que la blonde. C’était dur de laisser quelqu’un qu’on aime et je pense qu’on peut souffrir autant en laissant quelqu’un que lorsqu’on est là personne qui est laissé ! Personne n’en sort indemne. Je soupire fortement, assez pour montrer mon mécontentement avant de lui donner le montant en lui tendant son sac, la facture étant brochée dessus.