Les souvenirs sont parfois trompeurs... (Blake/Eanna)

"Mademoiselle Gallagher.. Attendez !" "Oui.." Je me retourne et une petite femme, courant derrière moi l'air totalement essoufflé me rattrape. "Mademoiselle, j'ai un message pour vous.." Je regarde la femme, inconnue , qui porte un paquet et une enveloppe. J'avais bien eu des appels en absence, mais pas de coursiers. "Merci.."
Je prends l'enveloppe et rapidement prend connaissance de l'expéditeur. La soirée de charité de ce soir était une récolte de fonds pour pouvoir financer de nouveaux appareils, remplacer les plus ancien, de l'hôpital de Bowen, je pus voir le cachet de la bienfaitrice qui organisait cela au dos de l'enveloppe. C'était étrange, mais j'ouvris rapidement. En quelques lignes l'information importante me scotcha.
Moi? Porter une robe qui serait mise aux enchères? Vraiment? Je pris le paquet que la femme me tendis et ouvris le noeud.. La robe était sublime, et visiblement elle valait une petite fortune. "Vous êtes sûre?" Je demande à la femme qui sourit devant moi, elle n'était là que pour passer le message. Mais elle hocha la tête. "Le mannequin qui devait la porter est malade, et sur vous elle fera sensation parmi les invités... Ne soyez pas en retard."

Ça non j'étais pas en retard, entre les femmes qui regardaient la robe sachant qu'elles pourraient bientôt en être la propriétaire et les hommes qui visiblement eux étaient près à payer cher pour ce bijou, j'étais un peu trop sous les feux des projecteurs... Je ne pouvais pas dire que c'était désagréable, mais ce soir j'aurais préféré rester discrète, encore plus quand il m'a semblé reconnaitre une silhouette au loin... Blake Morgan?...


@Blake Morgan  

Appuyé contre le comptoir, j’attends que la cafetière finisse de cracher ses dernières gouttes de café en fumant une cigarette. Les yeux encore emplis de sommeil, cette journée était passée beaucoup trop vite et le sommeil avait tardé à venir s’emparer de moi. J’avais fini tard encore une fois à la boîte et j’avais fait les derniers préparatifs pour la soirée de ce soir, le gala de charité. Une des nombreuses obligations des gens qui ont de l’argent. Une des obligations que j’ai depuis que j’ai rencontré M. Gallagher, mes parents sans être pauvres, n’avaient pas assez d’importance pour avoir besoin d’aller dans ce genre de soirée. c’était réservé à l’élite. L’élite, j’en faisait partie maintenant, j’avais réussi à me faire un nom grâce à mon succès, c’est ce que ça fait quand on fréquente les bonnes personnes, ou les moins bonnes aussi à l’occasion. Étirant légèrement mon corps, je me redresse pour attraper une tasse et la remplir de liquide brûlant et corsé. Il me reste encore tant à faire avant ce soir, il faut d’ailleurs que j’aille chez le nettoyeur pour récupérer mon habit pour la soirée. J’écrase ma cigarette dans le cendrier avant de partir en direction de ma chambre avec ma tasse fumante, pour m'habiller et aller chercher mon habit. Le temps continue de tourner.

À la soirée, je franchis à peine les portes qu’on me tend une flûte de champagne et je commence à avancer, parlant avec monsieur untel et complimentant madame une telle sur sa tenue. C’est tellement chiant, ça ne me ressemble pas du tout, mais je mets mon masque d’homme d'affaires respectable alors que mon regard penché dans chaque décolleté qui passe près de moi. Charmant la gente féminine pour le simple plaisir de les voir se retourner sur mon passage. En parlant avec un couple mon regard dévie vers une jeune femme au loin, une robe noir avec des diamants dessus. Son regard capte le mien un instant, il me rappelle vaguement la fille de Gallagher, mais je ne pourrais le jurer. Il y a bien longtemps que je ne l’ai pas croisé dans cette ville. C’était encore une gamine à l’époque. Je m’excuse auprès de mes interlocuteurs et quitte la conversation, marchant en direction du bar. Cherchant de nouveau la gamine du regard, mais ne la voyant plus là où elle était plus tôt.

C'était lui? Impossible, il était plus dans le coin non? Mon père ne m'avait pas parler de lui depuis un moment et je n'avais pas eu le temps de revenir à Bowen depuis un moment, je venais oui, mais passait les fêtes, rapidement, un oeil à mon frère, à mes parents, et je retournais en Angleterre ou dans un autre pays du monde qui abritait un hôtel de la famille. Rénovation des suites, changements de décoration, nouvelle pièce, ...
J'avais eu très peu de temps pour me poser, et enfin le graal, cet hôtel. Mais ce souvenir, sous forme réel de cet homme qui n'était qu'un collègue à mon père, très bel homme qui me faisait un peu rêver petite, adolescente surtout, je dois l'avouer et était agréable à revoir...

"Mademoiselle, les enchères vont commencer...Venez." J'étais pas le lot, évidemment, mais la robe si... Enfin un des lots... Le maître de cérémonie avance sur scène , réclamant le silence. Expliquant qu'en levant la pancarte on attire son attention et on enchérit. Les gens ici, étaient habitués de ce genre d'évènement. J'étais habituellement loin de cette salle, laissant à mon père ce plaisir, mais ce soir, je serais encore sur un autre tableau, un autre point de vue... Un week end à la montagne dans un chalet de luxe, une caisse d'une cuvée d'un grand vin, une location d'un yacht pour une semaine, ... Un tas de chose... Et enfin la robe, elle n'était pas le plus gros lot, une parure de diamant attendait, mais cette fois... "C'est votre tour.."

"La prochaine enchère est sublime, délicate et époustouflante, et je ne parle pas de cette jeune femme, Mademoiselle Eanna Gallagher, qui nous fait l'honneur de sublimer cette création d'un grand styliste italien, avec des diamants véritables, d'une rareté, ce petit bijoux qui sera peut-être à vous..." J'avance alors sur scène, un sourire, je tente de ne pas tomber, c'est ma hantise, je ne pense qu'à ça... J'avance, le long , je défile, peu à l'aise d'avoir les projecteurs sur moi, même si cette robe est un vrai bijou. Et je me surprends à me demander s'il est encore là... Blake... "Qui dit mieux ?" Les enchères montaient vite... Tant mieux je serais vite redescendu.


@Blake Morgan

Depuis que j’étais propriétaire de ma boîte, j’étais un peu moins proche de Gallagher senior, mais nous avions toujours une bonne relation entre nous. Il était quand même celui qui m’avait propulsée dans le monde des affaires et je ne serais pas là où je suis si cet homme ne m’avait pas fait confiance. Il y a aussi les autres trucs dans lesquels je trempais, le club me servait aussi bien à faire de l’argent qu’à la blanchir par moment. Je vivais pas dans une grande villa, ni dans un quartier hyper riche, simplement parce que je tentais de passer pour une personne normale, même si j’avais pas mal d’argent. Mes enfants n’ont jamais manqué de rien, c'est une chose certaine. Je ne voulais pas non plus qu’ils prennent goût au luxe et qu’il ne comprenne pas la valeur de l’argent comme trop de gamin de riche. J’ai toujours voulu leur montrer qu’il faut travailler à la sueur de son front pour gagner ce que l’on veut.

Je ne les ai jamais traînés non plus dans ce genre de soirée, je ne les imagine pas ici et je n’espère pas nécessairement faire partie de ce monde de gens trop guindés. Le paraître est ce qui compte le plus ici et ce n’est pas les valeurs que je leur ai transmises. Je quitte le couple avec qui je parlais pour aller au bar, n’ayant pas recroiser le regard de la jeune femme à la robe noire ornée de diamants. Quand ils annoncent les enchères, je vais vers la scène, n’ayant pas véritablement l’envie d’enchérir, je lève la main à quelques reprises pour montrer que j’ai quand même un minimum d’intérêt dans cette levée de fond. Quand le lot suivant, une robe, sur une jeune demoiselle que je connais. C’était bien la fille Gallagher. Plissant les yeux, elle a beaucoup grandi, bien loin de l’adolescente qui me suivait partout à un certain moment. Je lève la pancarte, mon nom et mon offre sont dits alors que d’autres continuent d’enchérir. Je le fais une fois de plus, ne sachant pas trop ce que je ferais de cette robe si je gagne la mise, divorcé depuis bientôt six ans, je n’ai aucune femme à gâté. Laura ne m’accompagne plus dans ce genre de gala depuis mon divorce.

Étonnamment, je suis le vainqueur du lot, je fais un petit sourire quand les projecteurs se tournent vers moi. Mon regard se porte vers la jeune femme et je vais rejoindre la personne ressource pour donner un chèque pour la fondation de l’hôpital. C’est là que je la vois qui descend de scène. Je m’approche d’elle et lui fais la bise. “Alors la gamine est-elle de retour à Bowen ?” Je lui tend le bras pour aller en direction du bar.
@Eanna Gallagher

Parader, je devrais savoir faire, la danse m’avait permis de monter souvent sur scène mais c’était pas pareil, la robe que je portais valait un paquet d’argent et c’était… Bien trop prestigieux pour loupé un pas et m’étaler devant tout ses invités en costume. Je laisse des sourires à la foule, et j’aperçois surtout les personnes qui lèvent leur pancarte… Et lui. Monsieur Morgan…

Mon sourire est amusé de le voir prendre parti pour ce genre d’évènement, je m’approche et tourne doucement, elle met mes atouts en valeur, à ne pas nier. Le mannequin l’aurait magnifiquement bien porter, mais son regard sur moi me permet d’avoir une assurance, comme si un membre de ma famille était là, un amusement, un côté plus divertissant, même si c’était un homme charmant qui me regardait.. Et qui remportait la mise, j’applaudis comme le reste de la foule et me dirigeais vers les marches pour descendre de la scène et le rejoindre.

Sa voix n’a pas changé, il a pris de l’âge, mais c’est encore un très bel homme, encore plus charismatique, je redeviens la gamine que j’étais , encore plus quand ce surnom lui échappe, me souvenant de ses fois ou je voulais aussi moi tout apprendre et que je le suivais, lui et mon père… Une bise, naturelle, ma main se posant sur son bras. « Je l’espère, ça ne dépend pas de moi, Monsieur Morgan.. Et vous que faîtes vous ici ? Pas d’affaires en cours ce soir? » Je le suis, au bar je commande un old fashioned, en me tournant vers Blake, pour savoir ce qu’il désire.. « La robe est magnifique excellent choix. Vous savez que je ne suis pas comprise dans le lot ? » Je lâche en riant légèrement. J’avais pu l’entendre quand j’étais arrivé ce soir, certain en plaisantait, c’était assez étrange de se sentir sur l’étale d’un supermarché…


@Blake Morgan

Je ne comprends pas l’attrait des gens à vouloir dépenser des fortunes sur des lots dont la plupart ont les moyens de se les offrir. Payer un prix exorbitant pour quelque chose que l’on pourrait avoir à un prix dérisoire à côté. Pourquoi ne pas simplement amasser des dons ? Simplement parce que les gens qui ont de l’argent aiment bien le montrer, user de leur pouvoir pour acheter un lot. Je me laisse pourtant prendre au jeu en misant sur cette robe, robe dont je n’ai rien à faire, n’ayant même plus de femme pour lui offrir. Je trouverais bien un moyen de l’offrir à quelqu’un un jour. Je vais acquitter ma dette en attendant par la même occasion la demoiselle qui porte le lot que j’ai choisi d’acheter.

Quand elle vient me rejoindre on se salue rapidement par une bise et elle prend mon bras immédiatement, sans poser de question. C’est que mon ancien associé lui a montré les bonnes manières à la gamine, qui n’a plus l’air d’une gamine si je veux être honnête. Elle a bien vieilli, elle est à peine plus âgée que mon fils. “Alors ce n’est pas encore certain, il n’était pas sur un projet d’hôtel à Bowen ? Moi et bien, je fais mon devoir en me présentant à une autre soirée ennuyante. La boîte peut bien se passer de moi pour une soirée.” Sourire en coin je l’entraîne en direction du bar où elle commande un old fashioned et je commande un whisky. Il est possible que je fasse une apparition dans ma boîte après cette soirée, mais je n’ai aucune obligation ce soir, autre que celle-ci. Je laisse échapper un petit rire avant de tremper mes lèvres dans mon verre de whisky. Je lèche ma lèvre avant de tourner le regard vers elle. “J’avais bien sûr compris gamine, si j’avais voulu promettre ta main à celle de mon fils je n’aurais pas dépenser une telle fortune. J’en aurais parler avec ton père, ils ont bien expliqué que c’était la robe.” Je crois que c’est quelque chose de connu dans la ville que j’aime les femmes, les jeunes femmes aussi. Celle-ci par contre, c’est la fille de l’homme qui m’a permis de me faire un nom dans cette ville.

Appuyant mon coude sur le bar, je penche la tête un peu sur le côté, lançant un discret coup d’oeil sur les courbes de la jeune femme qui sont mis de l’avant dans cette superbe tenue. “Laura aurait rêvé d’une robe comme celle-ci, pourtant elle ne l’aura jamais ! ” Nous avons divorcé depuis près de six ans, une nuit, elle avait décidé de tout laisser mes affaires devant la maison, me mettant à la porte de ma propre maison. C’est le genre de robe que Laura aurait adoré que je lui offre. “Je n’ai pas vu ton père ce soir, il venait à la soirée ?” Buvant une autre gorgée avant de faire tourner le liquide ambré dans mon verre.

L’estrade à peine descendu, l’homme qui a payé cette robe , magnifique, m’attend en bas, et il s’agit de Blake Morgan, comme mon regard me l’avait indiqué, il était ici. Accolade rapide avec une bise et je le suis mon bras sur le sien. La discussion commence , mon père était-il au courant que son ancien poulain était ici? Un homme qui avait fait parti de ses affaires, mais qui était aussi un proche de la famille. Combien de repas nous avions partagé, lui riant, sa femme et ses enfants avec. Son fils était un peu plus jeune que moi et je me souviens avoir gardé plusieurs fois sa fille. « Si c’est pour ça que je suis ici. La conception de l’hôtel, et si jamais j’arrive à le convaincre j’aimerais en avoir la gestion. » Un petit rire m’échappe, soirée ennuyante. « Votre présence apporte un plus à cette soirée, c’est certain. » Et si mes souvenirs étaient bons, sa boîte de nuit pourrait effectivement tenir sans lui, il était un patron qui savait se faire obéir tout en étant un des plus agréables… Ok je lisais un peu, parfois, ce que les clients et les employés pouvaient laisser comme avis sur le net. C’était mon métier de me renseigner sur les lieux, et son établissement était pas si loin de l’hôtel il serait dans les propositions pour certains clients à n’en pas douter.

Verres commandés, au bar, on profite de ses retrouvailles, même si je ne suis plus la gamin qu’il pense, et lui d’un coup me semble encore plus impressionnant. Ses petits gestes ne m’échappent pas, ses lèvres attirent mon regard un instant alors que le old fashioned brûle légèrement ma gorge. Gamine... Voilà je vous le disais, je n’ai pas grandi pour lui. Un petit sourire en coin se glisse sur mes lèvres, j’aime bien ce surnom, même si je rougis légèrement. Son fils? « Désolé, je suis pas du genre à aimer les hommes plus jeunes. Mais j’ai quelques copines qui pourraient être très intéressées, je pourrais les lui présenter. Et puis le mariage… Trop peu pour moi. » Je rêvais comme toutes les femmes, ou presque, de l’homme avec qui je pourrais finir mes jours, j’avais eu ce carnet , avec un moodboard pour mon futur mariage étant plus jeune et … j’aurais pu avec cet imbécile d’ex que je me traînais, mais… Non, plus maintenant, le mariage c’était pas pour moi.

Son regard glisse sur moi, je le sens, admirer la robe. Même si au fond de moi ce coup d’oeil me plaît. « Mon père m’a appris ce qui c’était passé. Elle ne sait pas ce qu’elle rate. » Avouais-je avec sincérité. Je parle de la robe… Ou peut-être pas. Je pose mon verre sur le bar avec mes mains qui l’entoure. « Non, il est à Sidney, je ne devais même pas venir, mon don était déjà envoyé bien avant la soirée, comme tout les ans… Mais j’ai reçu un petit message de l’organisatrice.. Et me voilà.. » Je montre la robe d’un geste de la main. « Alors autant voir le bon côté des choses et profiter … Vous êtes venu seul Monsieur Morgan ? » Lui qui a plusieurs reprises avait pu me demander de l'appeler Blake, je m'amusais encore à dire son nom.. Et ce monsieur juste devant, contrastant au gamine qu'il m'envoie.

@Blake Morgan

Ce n’était donc pas simplement un mythe, la jeune Gallagher avait choisi de suivre la voie de son père et elle était maintenant responsable de la conception de l’hôtel, ça me parraissait à peine croyable qu’elle soit déjà rendu une jeune femme d’affaire comme ça. Sentir que les plus jeunes veulent prendre plus de place dans la gestion, nous poussant un peu vers la porte de sortie. Heureusement que je ne travaille plus pour lui, il aurait bien fini par me remplacer par sa fille. Lui lançant un regard, un petit sourire moqueur sur le coin des lèvres. “Ma présence ? C’est bien gentil, mais ce n’est pas vers moi que tous les regards convergent. Tu attires beaucoup plus le regard que moi, il fut un temps où je me sentais plus à ma place que maintenant.” Même si à cet époque je n’avais pas le même compte de banque, dans le temps c’était le genre de soirée parfaite pour aller finir en douce avec une femme dans un coin discret. Je savais me faire discret, même si j’avais une certaine réputation qui me précédait, même à l’époque.

Passant commande, je dépose des billets sur le comptoir pour régler la note, sans même jeter un oeil vers le barman, me concentrant sur mon interlocutrice. Nous sommes tous les deux dans une bulle, nous concentrant l’un sur l’autre, ignorant le reste des gens, personne ne vient vers nous puisque l’enchère est encore en cours, ce qui nous permet de discuter sans devoir crier pour nous entendre. Oh vraiment, mademoiselle aime les hommes plus vieux qu’elle. Je ris en déposant mon verre sur le comptoir. “Je pense qu’il se débrouille très bien, il n’a pas besoin de son père pour lui trouver des conquêtes. Il a de qui tenir, si nous pouvons le dire ainsi. Mais pourquoi les hommes plus vieux ?” En réalité, il y a plus vieux et plus vieux. Si on parle de cinq ans de différence, ça ne change pas grand chose. “Le mariage ce n’est pas la mort non plus. Il y en a pour qui c’est le bonheur suprême ! ” Je me suis marié trop jeune pour être honnête, avec une femme que je n’aimais pas vraiment et avant qu’on puisse faire quoi que ce soit, elle est tombé enceinte de mon fils… Résultat, nous avons passé vingt longues années ensemble.

Reprenant mon verre en main, je hausse un sourcil, ne sachant pas ce qu’elle veut dire par là, si ça phrase parle de moi ou de la robe. “C’était mieux pour nous deux, au final c’est elle qui a eu raison, mais je n’irais certainement pas le lui dire. ” Je lui fait un clin d’oeil, humm, j’aurais dû me douter qu’il ne serait pas là. Je pense que je devrais penser à envoyer un don en avance, mais je n’ai pris connaissance de cette soirée qu'il y a quelques jours seulement, d’où la raison de ma présence ici. “Cette robe aurait pas eu autant de succès sur une autre femme. ” Compliment ? Peut-être, c’est vrai qu’elle a le don de mettre en valeur tout ce qu’il y a à voir. “Seul et je pensais me sauver le plus tôt possible de cette soirée pour être honnête. ” Je lui jette un regard. “Mademoiselle Gallagher ne doit certainement pas être venue sans cavalier, ce serait une honte sinon. Quelle image tu jettes sur ta famille. ” Je lui fais un clin d’oeil terminant mon verre, je fais signe au barman de m’en resservir un autre. Jetant un oeil à son cocktail. “Un autre ? ”

@Eanna Gallagher

Parler boulot, c’était chose courante pour moi, compliqué de me séparer de ce genre de sujet de discussion quand j’étais dans des évènements qui n’était là que pour le paraitre et pouvoir m’offrir de futurs clients et un réseau. Mais ce soir, je n’avais pas besoin de ça, je ne devrais même pas être là, alors profiter de Blake , discuter avec, c’était bien plus agréable. Je lève les yeux au ciel, en souriant. « Ce n’est pas moi, mais la robe, elle est tellement belle… Mais dîtes moi, il s’est passé quoi depuis ce fameux temps? » Pourquoi était-il bien moins à l’aise ? Moi j’arrivais à jouer la comédie, à mettre un masque professionnel, ne pas décevoir, ni mon père, ni les gens qui avaient confiance en moi… Mais pourquoi lui s’était-il donc forcé ?

Au bar, commande passé, il règle sans que je ne puisse intervenir, le prochain est pour moi. J’étais du genre à aimer l’égalité. Même si pour le coup je n’avais pas de monnaie, juste mon nom et une note, car clairement je ne sais pas où j’aurais pu mettre l’argent mon sac était resté dans les loges. Où il y avait aussi mes affaires pour me changer, car je ne repartirais pas avec la robe, elle irait au pressing (un service de luxe évidemment) et ensuite retrouverait les mains de Blake. Son acquéreur.

Me marier à son fils, cette blague était plus grosse que nous deux réuni, jamais je n’aurais accepter ce genre de chose et mon père était pas de l’ancienne école, un mariage arrangé ne serait pas au programme. Mais s’il avait autant de charme que son père, il n’aurait pas besoin de moi, je voulais bien croire Blake sur ce point. « Je ne peux que confirmer qu’il n’aura pas de mal à conquérir le coeur d’une femme. Plus vieux? La maturité.. Surement. » À vrai dire mon ex était de mon âge, à deux ans près, donc c’était pas en rapport avec ça. Car il avait été un gros con de partir comme ça. Ma réponse était donc un peu évasive. « Mes parents.. » Je soupire, couple parfait, malgré le travail ils étaient toujours ensemble, et se comprenaient en un regard. « Mais je crois que l’adultère en résulte souvent… Et j’ai donné. Et je suis trop .. Instable niveau localisation pour qu’un homme ait envie de ne rester qu’avec moi. » Vu que la secrétaire était bien plus attirante qu’un vol de quelques heures pour me rejoindre…

Sa femme, son divorce, elle rate quelques choses, la robe déjà mais aussi Blake, il avait tout , en tout cas à l’époque d’un homme charmant, avec qui j’aurais pu parler longuement, en tout cas j’aimais bien les écouter parler affaires avec mon père, caché dans un coin du bureau. Un petit rire m’échappe de nouveau. « On a toujours raison face à son adversaire, sinon on perd en crédibilité. » Je le regarde avec interrogation. « Merci, en tant que propriétaire, je comprends que vous vantiez la beauté de cette robe. Pourtant le mannequin qui devait la porter était sublime… » J’ai même bien cru ne pas rentrer dans cette robe, tailler pour une femme qui défile sur les podiums, pas pour moi.. Quoi qu’elle était parfaite. Pour quelques heures, se sentir exceptionnelle…

Je regarde autour de moi, et m’approche de lui pour chuchoter à son oreille. « Je n’ai pas pensé rester longtemps non plus, ni parler à quelqu’un, sauver moi de ce déshonneur que je leur fais, soyez mon cavalier, Monsieur Morgan.. » Je recule. « Vous êtes obligé d’accepter, une gamine en détresse à toujours besoin d’un sauveur? » Petit haussement de sourcils et je finis mon verre, je le pose sur le bar et accepte. « Avec plaisir. »


@Blake Morgan

”Je me suis mal exprimé, dans cette robe, tu attires tous les regards. ” Un petit sourire et je me gratte le menton recouvert d’une repousse de quelques jours. Elle est bien curieuse la demoiselle, ce n’est pas tant que je ne suis pas à l’aise, je n’ai jamais aimé ce genre de soirée. Je me donne un air important et je porte un masque comme la plupart des gens ici. “Il y a un temps où c’est moi qui attirait le regard, c’est tout ce que je veux dire, maintenant il y a les nouveaux, l’autre génération qui prendra la relève.” Je ne me suis jamais senti vieux, je n’ai pas l’impression non plus d’être vieux. Sauf quand je vois les gamins qui sont devenus grands comme Eanna, dire que j’ai commencé à travailler pour son père elle n’était même pas encore au monde.

Au bar, nous parlions de mon fils, je voulais voir sa réaction si je parlais de la mariée à mon fils. Je n’ai aucune idée de son statut après tout, elle est probablement en couple. Elle est un bon parti pour n’importe quel mec avec un minimum d’ambition. Mon fils aurait facilement pu avoir de l’intérêt pour elle, mais il semblerait qu’elle préfère les mecs plus âgés qu’elle. “La maturité ne va pas de pair avec l’âge, il faut pas que tu l’oublie, tu pourrais te faire jouer des tours. ” Elle me fait rire à me vouvoyer encore, pourtant je la laisse faire, j’ai essayé d’innombrable fois de me faire tutoyer par elle, n’aimant pas me faire vouvoyer. Le mariage ne réussit pas à tout le monde, mais elle a un parfait exemple de mariage heureux. Par contre, elle a raison aussi pour la seconde partie. Je fais parti des hommes qui n’ont jamais réussi à être fidèle à leur femme. Combien de fois j’ai pu tromper Laura, à la fin je ne m’en cachais même plus, les traces de rouge à lèvres et les griffes plantées dans le dos. Il n’y avait plus d’amour entre elle et moi depuis un bon moment déjà. “C’est que tu n’as pas trouvé le bon. Il n’a qu’à te suivre plutôt que de rester derrière. ” Elle doit être capable de trouver un partenaire d’affaire, un mec capable de la suivre.

Nous divergeons vers mon ex-femme, je donne raison à Laura d’être partie, mais c’était mieux comme ça pour nous deux. J’aurais fini par la détruire complètement, sans aucun remord. “Tu as tout compris ! ” Je lui adresse un sourire en coin, regardant de nouveau la robe de haut en bas. “Les mannequins souvent n’ont pas ce qu’il faut pour avantager une robe telle que celle ci. Les diamants n’auraient pas aussi bien ressorti.” Façon de dire que les mannequins n’ont pas de formes. Je la regarde comme je regarderais n’importe quelle femme, mais je n’arrive pas à m’enlever de la tête que c’est la fille d’un de mes amis. Qu’elle a joué avec mes propres enfants et je ne suis pas certain que j’aimerais qu’un de mes partenaire d’affaire regarde ma fille de cette manière.

Elle s’approche dangereusement de moi et son souffle dans mon cou me donne une chair de poule, mais je tente de rester de marbre à ses paroles. “Un sauveur rien de moins ? C’est assez tentant de sauver une jeune femme en détresse. Je peux bien me sacrifier et te servir de cavalier. Ce sera un honneur d’avoir une si jolie compagne à mon bras. ” Je fais signe au barman de lui refaire la même chose aussi. Il nous redonne nos verres et je fais signe à la jeune femme que je m’arrange pour le paiement. Je ne laisserais jamais ma compagne de soirée débourser, bien qu’elle en ait les moyens. “Allons voir ce qu’il reste à voir à cette soirée ! ” Je prends mon verre et lui tend de nouveau mon bras pour que l’on s’éloigne du bar. Les enchères ont encore lieu, il y a beaucoup beaucoup de monde.

@Eanna Gallagher

J’attire tout les regards… Évidemment, elle brille de mille feu et peu importe qui était dedans au final.. Sauf que ce soir, c’était moi, et que si il parlait de tout les regards… Le sien était bien compris dedans. Mes joues se teintent un peu en rouge. Ses mots me font sourire, je me souviens de certaines soirées, où j’accompagnais mon père et où j’avais pu le voir au bras de sa femme, attirant les femmes qui venaient vers eux pour trinquer, mais surtout pour le voir… Même quand il était seule, je savais que ma définition du prince plus petite était souvent à son image. En grandissant, je pouvais constater qu’il en avait tout le charme, c’était certain. « Cette génération ne pourra effacer ceux qui attiraient les regards… Le charme opère toujours. J’en suis certaine. » Dis-je avec un sourire. En le pensant.

Pourquoi plus vieux… Pour avoir une réponse à donner, pour ne pas avoir à faire à une personne novice dans les relations, qui ne sait pas ce qu’elle veut et finira par foutre le camp avec la première secrétaire qui sera à son bras, pour ne pas avoir mal… Encore. Même si visiblement j’aurais dû réfléchir à ma réponse plus longuement. « Auriez vous une âme d’enfant qui ne demande qu'à être libérée ? » Même si les enfants eux étaient surement bien plus francs et sincères que les adultes…

Mes parents eux n’avaient pas perdu cette complicité entre eux, malgré les regards des autres femmes sur mon père pour son argent, malgré les hauts et les bas, les voyages, le travail, ils étaient encore unis… Oui .. Un couple comme ça, qui n’avait pas perdu la flamme , le désir, le bonheur après tant d’année avec les nuages possibles et le soleil dans leur relation, je pouvais en rêver… Mais il n’existait pas. « Pas simple de nos jours encore d’accepter qu’une femme puisse diriger les aléas de la vie, et il lui faudrait un job adapté… Mais je serais pas contre un peu de calme etne plus trop bouger, et le bon… Effectivement, je ne pense pas qu’il existe.. » Un peu radical, je n’avais que 27 bientôt 28 ans, donc j’avais encore le temps, mais… Je ne voulais pas avoir des exigences trop hautes… Pour ne pas tomber si bas.

Son ex femme loupe une chose, Blake, de ce que je me souviens et vois ce soir de lui, à tout de l’homme agréable avec qui on aimerait passer du temps, mais je ne m’en plaindrais pas, ce soir , j’avais trouver une personne avec qui discuter, qui m’était agréable. J’aime bien sentir son regard sur moi, même s’il admire la robe.. Et peut etre plus… Je pose mon verre et tourne un peu sur moi pour qu’il puisse regarder. « Merci de ce compliment, il y a quelques années… Je n’aurais pas pu la porter… » Gamine, adolescente, j’avais quitter Bowen à quatorze ans, j’avais à peine eu le temps de le voir entre deux, alors cette nana en pleine puberté avait pas vraiment les même formes que maintenant je pouvais me permettre de montrer dans cette tenue.

M’approchant de lui, murmurant à son oreille avec un sourire amusé combien j’avais besoin de son aide, pour me sauver lors de cette soirée. Il accepte de se sacrifier. Je fais une petite moue boudeuse, évidemment elle est très mal exécuté et m’arrache un rire. « Un sacrifice agréable, c’est promis, je serais une cavalière exemplaire… » Mon verre à la main je secoue un peu la tête. « Je vous offre le prochain, pour vous remercier de veiller sur mon honneur. » Ce n’était pas une question. Juste que j’aimais aussi avoir de l’indépendance et qu’un homme, même lui, sache que je pouvais subvenir à mes besoins , que j’étais pas avec lui, à ces côtés pour l’argent. « Avez vous repérez d’autres lots? » Alors qu’un repas dans un restaurant était en jeu. Nous étions un duo étonnant, mon bras autour du sien, mon corps si près de sa carrure… Et les regards des autres, posés sur nous, comme si les projecteurs étaient braqués en notre direction.. "J'ai l'impression que tout le monde nous regarde.." J'annonce à son oreille un peu gênée. "Vous êtes sur de vouloir rester dans cette foule?"


@"Blake Morgan

Cette phrase, sa manière de le dire et de me regarder. J’ai l’impression qu’elle le dit de façon à flatter mon égo, mais aussi de manière intéressée ? Je n’en suis pas certain et je ne relève pas, son sourire est magnifique et je sens son regard sur moi. Elle aurait été n’importe qui d’autre que j’aurais profité de l’occasion pour en avoir plus, mais je pense qu’elle dit surtout ça pour être gentille avec moi. Je dois imaginer le reste, après tout, je suis un ami de son père et beaucoup trop vieux. Au bar on a une bonne discussion également et l’on reparle de l’âge et aussi des relations de couple, je ne sais pas pourquoi on met ça sur le tapis en vrai. Probablement parce que c’est la meilleure façon de prendre des nouvelles après autant de temps ? “Je me suis toujours considéré comme quelqu'un de coeur, mais avec des véritables responsabilités d’adultes. Je n’ai pas l’impression de vieillir, sauf quand je te vois toi, ou mes enfants qui sont maintenant en âge de faire leur propre choix et de mener à bien des projets.” Elle est maintenant importante dans la compagnie de son père, architecte et il lui donne de plus en plus de projets.

Parler de mariage, je ne suis pas un bon exemple de mariage réussi. Aux yeux des autres, Laura et moi avions tout, de l’argent, nous étions beaux et jeunes. Nous avions l’avenir devant nous, des enfants magnifiques. Je ne l’aimais pas, je ne pouvais pas rendre cette femme heureuse. Pourtant, j’ai des exemples de mariage heureux autour de moi et je ne pense pas que ce soit simple question d'apparat. “Il y a des hommes qui n’attendent que ça, mais c’est vrai que la plupart sont réfractaire et n’aime pas savoir que sa femme gagne plus d’argent que lui. Je te trouve bien pessimiste, c’est sûr qu’il existe quelque part ton prince charmant, tu n’as juste pas eu la chance de mettre la main dessus encore. ” Nous avons tous une personne qui nous est due, on ne sais juste jamais quand le destin décide de les réunir. Cette personne aurait pu être Laura, mais j’en doute, sinon je n’aurais pas eu ce besoin constant d’aller chercher le frisson ailleurs, de caresser d’autre peau que la sienne.

Cette robe, bien qu’elle aurait pu faire à Laura, n'aurait pas été mise autant à son avantage que sur ce corps jeune et ferme. C’est bien vrai que la dernière fois que je l’ai vu, elle n’aurait pu porter cette robe et lui donner cette vie. Elle n’aurait pas bien rempli… Putain, il faut que je cesse de la regarder comme ça, de penser à elle de cette manière et de la sexualiser de la sorte. “C’est tout naturel, il n’y a pas de quoi.” J’accepte aussi de passer la soirée avec elle, pour sauver cette jeune femme en détresse, bien qu’elle aurait eu beaucoup de prétendant pour l’accompagner si elle l’avait vraiment voulu. Je laisse échapper un petit rire. “Je n’ai aucun doute là-dessus et il est hors de question que je me laisse payer un verre, c’est mon honneur qui serait en jeu. Je suis un galant après tout ! ” Je lui fais un clin d’oeil en prenant le verre que le barman nous tend. “Je n’avais déjà aucun lot en tête, c’est une dépense disons le imprévue pour le coup. ” Je ne m’attendais pas à remporter la mise, une robe… Je ne sais toujours pas ce que je vais en faire. Son bras accroché au mien, nous nous mêlons dans cette foule, bien que je constate que plusieurs regards convergent en notre direction. Je me penche vers elle, laissant son bras, ma main se posant contre sa taille pour la rapprocher de moi. “Non, je pense que si ce n’est pas trop tôt, nous pourrions tirer la révérence. Je ne tiens pas particulièrement à être le centre de l’attention.” Murmurais-je à son oreille. Je ne tiens pas à rester plus longtemps à cet endroit.

Il a acheté la robe, c’est un ami de mon père, il est digne de confiance, même si dans ce genre de lieu, souvent rien d’important n’arrive, mais je me sens un peu rassurée de ne pas me retrouver seule. Beaucoup même en compagnie de Blake. Rapidement au bar, on discute de nouveau. Pas un enfant mais un homme qui agit avec son coeur, avec ses tripes… Une personne qui aime la vie, qui profite… Et il n’est pas vieux, même en face de moi. L’âge évoluait sur moi, me faisant grandir, lui mûrissait un peu plus mais de mon point de vu, il était toujours cet homme fougueux près a négocier un hôtel ou gagner un dossier… C’était ça qui m’avait impressionner, et même si la danse était normalement mon chemin, il est certain que mon père et Blake ont été des modèles pour mon rôle dans l’entreprise. « Ils doivent être bien grand maintenant... Ils sont toujours à Bowen? » Parler de ses enfants reste naturel, nous avions partagé pas mal de repas et j’avais pu jouer avec eux, même si c’est du passé.

« Il n’y a pas que l’argent.. Car personnellement une vie simple me va totalement et je ne veux pas d’un homme qui se vante de son porte feuille.. » Je jète un regard autour de moi, tous à se pavaner, à presque étaler ses billets devant les autres pour savoir qui aura le plus gros, porte-feuille évidemment ! « Mais juste de voyage, je suis toujours parti, s’il devait me suivre… Il serait vite nostalgique de son pays. Et.. .Je suis pas pessimiste, ma rupture est encore récente, je ne suis pas prête à penser à ça. » Quelques semaines après le début de la rénovation de l’hôtel… Quelques mois seulement, janvier n’était pas si loin au final…

Mes mots ne sont pas innocents.. Non non, ne sont pas visés, je ne cherche pas à ce que son regard tombe sur moi de la sorte, voyant que mes formes ont poussés, que mon corps à évoluer, pire qu’un pokémon, j’ai mes défauts et même avec ça, j’arrive à me plaire, j’ai confiance en moi, enfin … Souvent. Et c’est ok, d’avoir des complexe, de douter, mais ce regard , celui de Blake, qui parcourt mon corps… J’aime tellement ça… Non. Ça me rassure,.. Qu’est ce que je dis…

Plaisanterie, je me penche vers son oreille, enfin je tente de l’atteindre pour y chuchoter quelques mots, il est plus grand. Mais il finit par accepter d’être mon cavalier. « Galant.. Alors je ne devrais même pas être ici sans chaperon, mon dieu, c’est fichu, je suis pas faite pour le monde. » Je prends un air de dame d’époque, je ris après ma tirade. « Ça marche, mais je ne peux pas boire plus, sinon je risque de finir par danser sur ses tables.. » Juste ce verre que le barman nous tends. « Oh.. Une raison particulière pour avoir craquer? » Mon questionnement sur le regard des gens se fait vérité, ils nous regarde nous fixe, certains murmurent quand Blake passe sa main sur ma taille. Mon regard remonte vers lui, en tournant la tête. « La robe est vendue. Je dois juste récupérer mes affaires en loge pour que le pressing la récupère avant de vous la faire parvenir… Vous m’accompagnez Monsieur Morgan ? » Au moins nous serons loin de tous ça. Et un peu plus ... Seuls.


@Blake Morgan

J’ai beaucoup de défauts, j’en suis parfaitement conscient. Sauf qu’il est vrai que j’ai gardé un cœur jeune, je trime dur pour gagner de quoi vivre. Bien que je ne sois pas sur la paille, on arrête pas de travailler simplement parce qu’on est confortable, sans mon boulot je ne serais pas grand chose. J’ai toujours bossé vraiment dur pour en être où je suis, pour moi, pour mes enfants. C’est l’exemple que je leur ai donné, mes enfants sont toute ma vie aussi, je les aime plus que tout et quand on en parle, j’ai une petite fierté, bien qu’elle soit du même âge qu’eux ou presque. “Ils sont grands tu dis… Un peu comme toi, tu ne t’en rends probablement pas compte, mais ça donne un sacré coup de vous voir comme ça entrer dans la vie d’adulte. Ma plus jeune a 23 ans maintenant.” Hier encore, ils étaient tout petits, hier encore ils avaient besoin de moi.

Je penche ma tête sur le côté, un fin sourire sur les lèvres, c’est bien qu’elle pense comme ça, c’est ce que j’ai comme mentalité aussi personnellement. “Une vie simple et bien rangée hein, c’est toujours comme ça que j’ai vu les choses. Ceux qui montrent leurs billets comme ça, c’est souvent ceux qui en ont le moins. ” Il y en a qui se servent de ça pour bien paraître, pour qu’on les accepte. Sauf que quand on rentre chez eux, la maison est vide, les meubles de seconde main quand ils en ont. Ils vivent au-dessus de leurs moyens pour qu’on les regarde. Ma maison est payée, on ne manque de rien et je colle, colle et colle encore plus d’argent de côté. J’investis et c’est comme ça que je fais de l’argent en plus de ma boîte. “C’est pour ça, tu ne vois que ça. Laisse le temps faire son œuvre. Tu vas bien t’en sortir et puis si personne ne peut comprendre ta vie, ce n’est tout simplement pas la bonne personne pour toi.” Elle continue de me vouvoyer et moi je la tutoie comme si de rien était.

Nous avons bien parlé de sa robe et de la manière délicieuse…. dont elle la remplie et mon regard s’est posé un instant sur ses courbes voluptueuses. Elle n’est pas la première femme de son âge que je regarde, j’ai toujours eu une faiblesse pour les belles et jeunes demoiselle. Mais celle-ci ne peut pas faire partie de ce lot. Pourtant, je pourrais jurer que ça ne lui déplait pas. Nous prenons nos verres pour nous éloigner du bar, l’un avec l’autre. “En effet, je crois que ce n’est pas la place ici pour danser sur les tables.” Dis-je en riant. “Je fais pas office de chaperon ? Je sauve déjà ton honneur.” Il n’y avait aucun lot qui m’intéressait à proprement parler, mais j’avais quand même acheté cette robe. Je lui jette un regard en coin. « C’est qu’on est curieuse mademoiselle Gallagher ! » Je ne lui dirais pas la raison, la faiblesse d’un homme. Une jolie femme dans une jolie robe… je sais qu’elle ne faisait pas partie du lot, mais cette robe lui allait à ravir. Je vois de plus en plus de regards, ça fait jaser, certains m’ont déjà vu au bras de Laura dans ce genre d’événement. Je suis assez âgé pour être son père. « Avec plaisir, je te suis ! » Je la laisse me guider à sa loge, là suivant dans cette foule qu’on traverse, les regards des gens nous suivent.

Boulot, enfant, prendre des nouvelles d’un ami de la famille que je n’ai pas vu depuis longtemps… Mais découvrir aussi l’homme qu’il était devenu, avec ce regard différent, plus celui d’une petite fille, mais d’une femme maintenant… Et c’était drôlement différent avec ces lunettes là. « On prend tous de l’âge, mais... Ça fait un moment que je suis une adulte vous savez. Elle ne se souvient surement pas de moi. » Je me laisse penser, nous avions cinq ans d’écart et je me souviens l’avoir traîné à la fête foraine ou des trucs comme ça en était ado, juste avant mon départ en Irlande.

Un point de vue qu’on partage sur la vie. J’avais beau loger dans des hôtels de luxe , manger, conduire, porter des choses qui coutait parfois cher, très cher, je n’étais pas moins une amatrice de balade bien plus simple à vélo, ou d’un bon resto de quartier avec ses spécialités locales qui sont souvent bien plus gouteuses que les plats les plus onéreux. Une soirée chill devant la télé ou à lire, les petites choses de la vie étaient souvent les plus importantes. « Je suis totalement d’accord. » Je confirme en regardant autour de nous. Des tas de gens faisant exprès d’exhiber leurs tenues , leurs montres aux poignets, les rires trop forcés, et surjoués… Ce monde était bien plus beau fait de simplicité. « Surement, et .. j’ai le temps, je veux profiter pour le moment, mais n’en parlez pas à mon père, sinon je n'aurais plus la permission de minuit. » Un petit clin d’oeil, évidemment quel père voudrait voir sa fille batifoler? Personne ! Mais quelque chose me disait que Blake saurait tenir sa langue.

Je ris à ses côtés, danser sur les tables, j’éviterais ici, surtout pour ne pas faire la une des journaux.. « La fille Gallagher en top less sur une table à un gala de charité… Non. On évitera. « C’est vrai, mais un galant n’est pas là pour courtiser? » Enfin je devrais peut-être revoir mes cours, ou alors regarder encore les Bridgerton. « Je l’ai toujours été monsieur Morgan et vous êtes très informé sur ce défaut. » Il avait dû me voir fouiner parfois pour trouver mon père, l’écouter en réunion, regarder leur technique.. Enfin sinon je venais de me grillée.

Dans la foule, je ne suis pas à l’aise, les gens nous regardent un peu trop... Pourquoi? Nous étions deux connaissances qui discutaient, mais la main de Blake sur ma taille fit s’élever encore plus les murmures. Je traverse la salle et regagne la loge rapidement, nous aurons même pas besoin de repasser par la grande salle.. Je retire mes talons et tombe de dix bons centimètres. Bien plus petite que lui maintenant. « Est-ce que vous pourriez m’aider ? » Je m’approche de lui, mon dos, face à lui. La fermeture de la robe que je n’arrivais pas à atteindre.. Bien sur après j’irais derrière le paravent, mais là j’avais besoin d’un petit coup de pouce..


@Blake Morgan