But.. Where is Charlie ?

Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Est-ce que je suis vraiment en train de faire ça ? Kidnapper un enfant ? » . Imaginez ces quelques mots répétés en boucle et vous aurez une bonne idée du chaos qui régnait actuellement dans l'esprit de Shioban. Elle avait beau s'exhorter au calme, elle était sur le point de céder à la panique. Elle jeta un coup d'œil dans le rétroviseur, adressant un sourire totalement flippé à sa victime. « ça va bonhomme ? » . Il hoche la tête avec un petit sourire angélique. Oh gosh ! Il était tellement sage depuis la veille. Vraiment très sage. Adorable de surcroit. Shioban était terrifiée à l'idée de s'attacher à lui . Au fond, c'était elle la victime. Un espèce de syndrome de Stockholm car elle fondait devant celui qui était la veille encore, son bourreau. Non ! Elle ne devait pas penser à combien ils s'étaient amusés le matin même en se gavant de céréales ou même admette que finalement, ça ne la dérangeait pas d'emmener Charlie avec elle à la plage. Ou encore oublier les réflexes très maternels qu'elles avaient eu en pensant à des trucs de base comme la crème solaire ou les flotteurs pour lui... Oui, elle le faisait parce qu'elle n'avait pas le choix rien d'autre. Encore une fois, tout était de la faute d'Austin. Cet abruti comatait encore alors qu'il était bientôt midi. Elle l'avait prévenue qu'elle avait des projets mais sa gueule de bois et lui semblaient décidés à l'en empêcher. Il lui laissait son fils sur les bras sans le moindre scrupule. Et bien tant pis, elle suivait ses projets à elle. Austin n'avait qu'à mourir d'inquiétude si un jour il se réveillait. Elle eut un nouveau sourire, carnassier cette fois, en l'imaginant débarquer dans l'appartement vide et silencieux. La seule chose sur laquelle il pourrait s'appuyer serait cette note... des plus particulières.

Citation :

Texas,

J'espère que ta gueule de bois et ton attitude déplorable te donneront envie de te jeter sous un bus. Si ce n'est pas le cas, sache que je tâcherai sûrement de t'assassiner moi même. Je déteste qu'on abuse de ma bonté. Sur ce, je te souhaite de passer la pire des journées.

Shiv'

PS : Au cas où tu demanderai où peut bien être ta progéniture, sache que je l'ai emmenée avec moi.

.

Elle aurait très bien pu être repartie en Irlande avec Charlie qu'il n'aurait rien remarqué. Surtout que le passeport du gamin traînait dans l'appartement, elle l'avait vu. Tiens, elle espérait sincèrement qu'il penserait ça l'espace de quelques instants... Ils enfin arrivaient près de l'océan. Elle était à la fois excitée et effrayée. Elle baissa la vitre, pour respirer l'air iodé. Cette odeur lui avait manquée. En revanche, elle n'était pas certaine d'apprécier les plages australiennes. Ne serait-ce qu'à cause de sa peau pâle et du fait qu'elle ne s'était jamais baigné dans quelque chose d'autre qu'une piscine... Par chance, les débuts furent corrects, elle trouva une place de stationnement immédiatement. Sans faire exprès, elle sourit encore à Charlie. « Alors, on va le faire ce château de sable ? ».

Maux de crane, bouche pâteuse, envie de vomir, souvenirs flous de la veille… symptômes normaux d'une gueule de bois. Oh, le réveil était tellement dur. Après un bon quart d'heure de glandage intensif dans mon lit, je décidais de me lever. Ne serait-ce que pour voir qu'elle heure il était. 12h. C'était raisonnable. C'était même plutôt honorable venant de moi. J'avais tellement l'habitude de faire le tour du cadran que j'étais vraiment impressionné ce matin. Enfin, cet après midi plutôt. Je sortis une bouteille d'eau du frigo et me jeta le contenu sur le visage. C'était le seul moyen efficace pour me réveiller après une cuite. J'allais me faire du café quand je me souvins de quelques détails de la veille. La route pour Townsville - Le match - La picole - La blonde - Le retour - Charlie et Shioban - CHARLIE ?? Merde ! J'avais oublié que je l'avais confier à l'irlandaise et que cette dernière était de mauvais poil. Après cinq minutes d'affolement à la recherche de mon fils, je trouvais une note qui m'était destiné. Je dus la relire plusieurs fois pour déchiffrer ces pattes de mouches. Ca y est, j'avais compris le message. Je compris cette fois pourquoi elle m'appelais Texas. Tout ça à cause de la ville de l'état qui portait le même nom que moi. C'était plutôt l'inverse, mais qu'importe. Cependant, elle avait beau me dire que Charlie était avec elle, elle ne me disait pas ou elle était ELLE ! J'étais censé le deviner ? Heureusement que Bowen était une petite ville. Avec un peu de chance, la recherche ne sera pas très longue.
Je me changeais rapidement et sans attendre, et me précipitait à la recherche de mon fils et de ma voisine.
Je me rendis vite compte que ma voiture n'était pas à sa place. Pourquoi ?! La blonde avait conduit pour le retour et nous étions montés. Quelques instants plus tard, elle repartit. Oh non ! Elle n'avait quand même pas filé en prenant ma voiture ? Ca en avait tout l'air pour le moment. Je partis alors à leur recherche en courant. Après tout, c'était un bon exercice de cardio. On le vit certes beaucoup plus mal après une cuite et sous une chaleur insupportable. Je passais dans un premier temps par le centre ville. C'était presque désert. Les gens ne devaient pas avoir envie de faire du shopping par ce temps. L'option logique qu'il restait était la plage. J'avais un peu de mal à m'imaginer Shioban à la plage. Je l'imaginais similaire à Edward Cullen, incapable d'approcher le soleil.
A 13h, quelques coups de soleil plus tard et un t-shirt dégoulinant de transpiration, je trouvais mes cibles. IL ETAIT TEMPS !
Le chemin m'avait paru tellement long. La plage était envahie par les habitants de Bowen et tous me dévisageaient. Ok, je venais de courir quelques kilomètres, c'était normal de transpirer. Pourtant, certains se mirent même à rigoler en croisant mon regard. Ca ne me plaisait vraiment pas. Ils avaient de la chance que je n'avais pas le temps pour me prendre le bac avec eux. Essoufflé, je m'approchais de l'irlandaise et de l'enfant qui venaient de construire un château de sable.
« Coucou mon grand » lâchais-je en m'agenouillant dans le sable pour prendre mon fils dans mes bras. « ça va, tu t'amuses bien ? » Oui il en avait tout l'air, mais je voulais quand même faire le père responsable pour ne serait-ce que quelques secondes. Puis mon regard se tourna vers Shioban « Blanche-neige. » En regardant les gens qui nous entourais, je remarquais qu'il y en avait encore certains qui rigolaient en me regardant. WTF ? Si seulement j'avais vu l'encre noire que j'avais sur la joue, j'aurais compris. « Tu aurais quand même pu mettre ou tu allais dans ton mot ! Je suis pas devin... Et par hasard, tu n'aurais pas pris ma voiture pour venir ici ? » demandais-je soudainement plutôt gêné.

Il faisait chaud, vraiment chaud. La chaleur était écrasante, oppressante sur la plage. Shioban transpirait à grosses gouttes alors qu'elle ne faisait rien d'autre que regarder Charlie faire d'énormes pâtés de sable qu'il appelait pompeusement tours et donjons. Elle avait de moins en moins envie de se jeter à l'eau. Dissimulée derrière ses lunettes noires, son bikini recouvert par une robe à fine bretelles, elle jetait des regards craintifs, tantôt aux vagues qui déferlait sur le bord de la plage, tantôt sur les corps superbement bronzés de ses voisines. Elle n'aimait pas donner raison aux raclures qui lui avaient déjà fait remarquer mais elle ressemblait à un vampire. Parfois, elle avait même envie d'éventrer et de dévorer certaines personnes alors... Soudain le regard de Charlie s'illumina et il se mit à agiter les bras. Cela ne pouvait signifier qu'une chose. Son cher père se joignait à eux. Cela ne manqua pas, et bientôt le père et le fils s'étreignaient. Shiv' regarda sa montre. Austin avait mis pas mal de temps pour les trouver mais il ne semblait guère inquiet. Abruti de branleur. Elle lui en voulait, elle s'en rendait compte, il avait dû se douter qu'elle prendrait soin de son fils. Il allait sûrement prendre ça comme une autorisation de la cantonner dans le rôle de la baby sitter tandis qu'il se tapait tous les sosies de Scarlett Johansson... En plus, il n'arrangea pas son cas en la saluant par le sobriquet ridicule qu'il lui avait déniché. A son tour, elle hocha la tête de manière sobre. « Texas. » . Elle ne put s'empêcher de lui adresser un magnifique sourire narquois quand elle vit qu'il n'était pas débarrassé du souvenir qu'elle lui avait laissé la veille. Sans surprise, il entama directement les reproches en cascade. Elle roula des yeux. Ce mec ne faisait que des reproches alors qu'il était une déception ambulante à lui tout seul. L'hôpital se foutait de la charité encore et toujours. Et pour une fois, aussi étonnant que ça puisse être, elle était la charité. « Et toi, tu aurais pu venir récupérer ton fils à une heure décente, hein. Surtout que hier soir, j'ai essayé de te dire où j'allais mais tu étais ''fatigué ''. » . Bon d'accord, elle n'avait peut être pas mis autant de bonne foi que ça. Peut être même qu'elle avait fait exprès de plus ou moins kidnapper Charlie mais personne ne pouvait le prouver tant qu'elle jouait les vierges effarouchées. Quand à la suite, ça ne fit que lui provoquer un petit rire sarcastique et tout sauf compatissant. « Et non, je n'ai pas pris ta voiture. Qu'est-ce qui se passe ? Tu l'as perdue ? C'est grave pour un objet de cette taille quand même. J'espère que tu as pris le numéro de Barbie, elle doit savoir où tu l'as laissée..  En tout cas, Charlie et toi, vous allez devoir rentrer à pieds, je crois. » . Ce disant, elle s'allongea sur sa serviette, tentant de lui faire comprendre que leurs routes se séparaient ici. Elle ne voulait vraiment pas passer l'après-midi avec Austin.

Ben oui bien sûr… comme si l'idée d'aller chercher Charlie plus tôt avait effleuré mon esprit. Pis quoi encore ? Cette fille était décidément bien naïve. Comme si mon état me l'aurait permis. Elle avait bien vu l'état dans lequel j'étais rentré, elle aurait facilement pu se douter que je n'allais pas être opérationnel avant le lendemain après midi. « Tu aurais quand même pu laisser ton numéro de téléphone pour que je puisse te contacter ! A moins que tu fasses partis de ces gens qui ne connaissent même pas leur numéro. » Charlie quant à lui était un peu plus loin devant nous en train de continuer à jouer dans le sable. Il est vrai que ce gosse adorait aller à la plage. Moi, pas vraiment. Je ne m'y rendais que pour courir ou surfer. Toutefois, Shioban me fit comprendre qu'elle ne voulait plus de Charlie avec elle ici, elle me fit comprendre aussi que c'était bien con de ne pas savoir où se trouvait ma voiture. Parce qu'elle pensait réellement qu'après tout ce chemin j'allais juste récupérer mon fils et repartir? Après tout, je n'avais strictement rien à faire et je n'étais pas contre un petit plongeons dans l'eau salée. Ca serait même plus qu'appréciable. J'avais beau être habitué à la chaleur australienne, cet après midi, les circonstances faisaient que j'étais au bord de l'insolation. Surtout que je ne comptais pas partir avant de comprendre pourquoi les gens qui nous entouraient se moquaient de moi. C'était surréaliste. Je ne m'étais vraiment pas attendu à ce genre de réaction.
Je m'assis à côté de ma voisine qui pensait qu'elle allait se débarrasser de moi. « Parce que tu crois réellement que j'ai fais tout ce chemin en courant pour repartir aussitôt ? Tu rêves ma belle. Aller à la plage était une bonne idée et en plus Charlie a l'air de s'amuser comme un petit fou. » Tout en parlant, je me mis pieds nus et torse nu ; ne gardant que mon short qui n'était pas vraiment fait pour aller se baigner mais qu'importe. Je n'avais pas prévu d'aller me baigner à la base. « En plus, le gosse a déjà marqué son territoire avec ses châteaux de sables et il n'y a quasiment plus de place ailleurs sur la plage. Alors, désolé Shiv, mais on va rester avec toi. » Je me remis debout. « J'vais un petit coup dans l'eau… » Et sans même le temps qu'elle eut le temps de protester, je la laissais avec mon fils et je me dirigeais en direction de l'eau brillante.

Pour ne pas changer, la tension montait entre Austin et Shiv'. Il fallait dire que cet énervant plouc d'Australien ne voulait vraiment pas arranger son cas. Au contraire, il continuait à creuser avec entêtement bien qu'il avait touché le fond depuis longtemps. Mais Shiv' ne se laissait pas marcher sur les pieds. « A moins que je fasse plutôt partie de la catégorie de gens qui ne donnent pas leurs numéros aux gros parasites. » . Elle espérait que Charlie, qui donnait joyeusement des coups de pelle partout ne comprenait pas leurs propos. Sinon tant pis, son père n'avait qu'à a arrêter les reproches ridicules. En effet, Shiv' perdait son calme un peu plus à chacun d'eux et regardait leur auteur avec une certaine stupéfaction . C'était tellement inattendu comme quand une jeune fille se mettait à jurer comme un charretier à longueur de journée. Et bien, là c'était pareil. Les reproches de Texas étaient aussi absurdes que la vulgarité dans la bouche d'une charmante demoiselle. « Et maintenant, Basta ! Je ne veux plus entendre aucun reproche. Je t'ai rendu un service, et je mérite ta reconnaissance, pas de me faire réprimander comme une gamine. Médites ça, parce que si la prochaine phrase qui sort de ta bouche commence par ''tu aurais dû '', je peux te promettre que les conséquences seront néfastes pour toi et ta petite personne. » . Elle ne plaisantait pas. L'autre soir, elle avait fait un rêve particulièrement édifiant où elle le poursuivait longuement avec une arme à feu et elle commençait à envisager de le mettre en pratique. Malheureusement comme pour toute personne particulièrement stupide, ces menaces eurent exactement l'effet contraire à celui désiré. Texas, au lieu de s'enfuir, s'installa tranquillement sur le sable à ses côtés pour lui expliquer non sans délectation, qu'il allait passer l'après-midi avec elle contre son gré. Elle se planqua derrière un silence boudeur particulièrement dégoûtée par le fait qu'il tente de gâcher sa première journée à la plage. Finalement le mot parasite lui semblait être un euphémisme pour son voisin. Il sembla s'en ficher et commença à se déshabiller pour aller piquer une tête. Elle ne put s'empêcher de répliquer, malgré sa résolution à l'ignorer. Toujours allongée, sur le dos, elle murmura d'une voix paresseuse. « C'est Charlie ou toi qui s'amuse comme un petit fou ? » . Ce fut seulement quand il partit en direction de l'eau que la compréhension la frappa. « Non mais qu'est-ce que tu fais ?! Tu ne crois pas que je vais continuer à jouer les baby sitters !! » . Il semblait déjà trop loin pour l'entendre. Non mais quel connard irresponsable ! Franchement ! De mauvaise grâce l'irlandaise se releva pour jeter un œil sur Charlie. Elle détestait être responsable mais Texas ne lui laissait pas de choix. Elle refusait de tomber pour négligence et infanticide et surtout de prendre le risque de partager une cellule avec cette abruti. Car là, on pourrait aussi ajouter homicide à son casier. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle allait subir son sort sans broncher, surtout qu'il ne lui ferait pas le plaisir de se noyer.. Elle attrapa le tas de nippes de Texas avant de les agiter en l'air. « Hey Charlie ! Si on faisait une blague à papa ? Tu veux m'aider à enterrer ses chaussures ? » . Inutile de préciser qu'il acquiesça joyeusement. Les enfants étaient des créatures particulièrement ingrates. Ils se mirent au travail, l'adulte jubilant certainement plus que le gamin. Elle avait hâte de voir ce crétin rentrer à pieds ET à moitié nu. ! Au moins, il ne se plaindrait plus de la chaleur...

Comme si j'en avais quelque chose à faire de ce qu'elle pouvait bien me dire. Comme si de toute façon elle pouvait m'empêcher de faire ce que je voulais. La plage était bondée mais j'y étais habitué et finalement, je trouvais que le temps était vraiment magnifique. Une fois posé et surtout une fois que la gueule de bois se soit un peu estompée, c'était vraiment agréable. Je me préparais pour me jeter à l'eau sans vraiment prêter attention à ce que Shioban me disait. J'étais encore un peu fatigué et surtout, je n'avais pas envie de me forcer à essayer de comprendre son accent Irlandais bien trop prononcé. Certes, le mien aussi était prononcé, mais je jouais à domicile alors tout le monde pouvait me comprendre sans effort. Je m'en allais en direction de la plage sans attendre une minute de plus. Je laissais les gens me dévisager sans vraiment comprendre pourquoi, je n'avais pas envie de me battre. Pas tout de suite du moins. C'est en marchant en direction de l'eau que je me souvint pourquoi j'aimais la plage ! Les bombasses ! J'avais l'impression d'avoir été aveugle pendant toute la matinée et enfin il était possible de retrouver la vue. Sans pouvoir m'en empêcher j'oublis de regarder devant moi et je les reluque sans avoir honte. J'écrase d'ailleurs un château de sable au passage et j'entends un enfant pleurer. N'ayant pas envie de me prendre la tête avec des parents énervés je file vite dans l'eau. La température de la mer était vraiment bonne. C'était très appréciable et relaxant. Au bout de quelques minutes, j'étais bien, alors je décidais de tenter ma chance auprès d'une demoiselle qui semblait n'attendre que ça. Elle ne tarda à rire et à me faire comprendre que j'avais un mot « fleuri » écrit sur la joue. Ne supportant ma de me taper la honte comme ça, je repartis dans l'eau. Cette fois en plongeant la tête dedans et en me frottant la joue vigoureusement. Qu'elle garce ! Il n'y avait qu'une personne qui aurait pu faire ça sans que je ne m'en rende compte ! C'était donc pour cela que tout le monde rigolait.
Je sortis enfin de l'eau et alla rejoindre mon fils et la voisine. Elle ne sembla pas remarquer mon arrivée, alors j'en profitais pour me secouer à côté d'elle dans le but de la mouillé le plus possible !
Mission accomplie. « m'écrire asshole sur la joue? Sérieusement ? Tu n'avais que ça à faire ? Non mais franchement ! Et après tu veux me donner des leçons de comportement » Je m'emportais sans vraiment m'en rendre compte. C'est lorsque Charlie se mit à me tirer le short que je compris qu'il fallait que je baisse d'un ton. Je m'agenouillais pour me mettre à sa taille « désolé mon grand, blanche neige n'a pas été très gentille, c'est tout » Je lançais un regard noir à Shiv puis me retournais de nouveau vers mon fils, cette fois c'est lui qui pris la parole « Papa, faut que tu retrouves tes chaussures  » lança-t-il avec un regard coquin et un sourire plein de malice. Je regardais autour de nous. Ah oui… en effet, mes pompes avaient disparus. « Oh… ben ça alors ! Je me demande bien ou elles sont passées… » Je souriais, un peu crispé. Je creusais un peu le sable sous le regard ébloui de Charlie qui avait du prendre un malin plaisir à les cacher. D'ailleurs, est-ce que ça avait été son idée ? Après quelques minutes et surtout quelques mimiques exagérées, je trouvais l'objet convoité. Tout ça venait de me donner une petite idée, je me rapprochais de mon gamin et lui chuchotais quelque chose « Buddy, ça ne te dirait pas de recouvrir Blanche neige de sable ? »
Il hocha la tête et sans attendre lança du sable sur les jambes bien blanches de l'Irlandaise; avant de m'y mettre moi aussi, je préférais voir sa réaction, j'avais l'espoir qu'elle se comporte calmement. Après tout, elle avait affaire à un gamin de 5 ans.

La baignade du crétin fut malheureusement aussi brève que la carrière de Nabilla. A un moment, il était parti, et l'instant d'après, il se matérialisait comme par miracle près de Shiv'. A la différence marquante, qu'il n'avait bien entendu rien d'un miracle. Il se secoua puérilement auprès d'elle, entretenant une ressemblance frappante avec un bobtail. La fraîcheur des petites gouttelettes fut plutôt agréable mais l'irlandaise leva les yeux au ciel pour la forme. Sans surprise, son cher voisin avait encore et toujours de revendications. « m'écrire asshole sur la joue? Sérieusement ? Tu n'avais que ça à faire ? Non mais franchement ! Et après tu veux me donner des leçons de comportement » Elle répondit avec un calme qui contrastait avec le ton qu'il employait. C'était troublant quand on pensait qu'au fond, ils étaient presque des inconnus l'un pour l'autre. « Quoi maintenant tu vas me dire que ce n'était pas mérité ? Tu récoltes ce que tu sèmes par ton comportement justement. C'est un cercle vicieux. » . Il devait y avoir autant de froideur dans sa voix que de colère dans celle de Texas, car Charlie commençait à prendre peur. Il les fixait avec un regard mièvre, qui n'était pas sans rappeler celui de son père. Pour une fois, son père se montra responsable et ravala ses reproches pour essayer de se racheter auprès de son fils. Heureusement Charlie était moins obtus que son géniteur et bientôt la bonne humeur revint vite. Enfin, pas pour tout le monde. La facilité avec laquelle Austin retrouva ses chaussures fit naître un sentiment de déception en Shioban, un sentiment similaire à celui qu'on pouvait ressentir quand on découvrait que son acteur préféré s'abaissait à tourner des pub pour voiture. Elle commença à bouder comme une gamine. Mauvaise humeur qui ne s'arrangea nullement quand le père et le fils entreprirent dans une coalition déplaisante de la recouvrir de sable. Inutile de deviner de qui était l'idée. Mais elle devait reconnaître que c'était de bonne guerre après les évènements récents. Elle se força donc à adopter un sourire digne de Christopher Waltz. Il n'y avait pas de raisons de traumatiser plus le gamin que d'habitude. Il fallait se rappeler qui était son père. « C'est une super idée ça Charlie ! Mais tu n'as pas plutôt envie d'aller te baigner, maintenant que ton papa est là ? J'ai entendu dire qu'il faisait super bien le dauphin ! En plus, il fait super chaud ! » .

Elle n'avait pas vraiment les réactions que j'avais espéré. Non, elle n'était vraiment pas très coopérative. Tant pis. J'allais fais avec. Après tout, depuis son arrivée à Bowen, c'était comme si elle faisait tout pour m'énerver. Il fallait que je me calme. Que m'était-il donc arriver ? J'avais passé une hyper bonne soirée la veille, enfin la fin avait été limite, et là, je passais l'après midi avec mon fils à la plage. Dans le fond, ce n'était pas si mal que ça. J'avais encore un peu la gueule de bois mais c'était très largement supportable. J'avais déjà vécu pire, vraiment pire. Alors ça n'allait pas m'empêcher de passer une bonne journée. Même Shioban n'allait pas m'empêcher de passer une bonne journée. Sa première tentative en cachant mes affaires avait été un échec lamentable ; alors espérons que la suite soit de même.
Je regardais mon fils qui s'empressa de jeter du sable sur l'irlandaise. J'avais ce petit rire diabolique à l'intérieur de moi qui ne voulait pas s'arrêter. En revanche, le sourire qu'elle fit après coup fut légèrement déstabilisant. En fait, il fut complètement déstabilisant. J'avais envie qu'elle me supplie d'arrêter, qu'elle me demande mon aide comme l'avait fait Mustafa avec Scar. Mais non. Au contraire.
Ensuite, Shioban implanta une idée dans le crâne de Charlie : aller se baigner. Forcément, il n'avait qu'à moitié recouvert le corps de l'irlandaise d'un demi centimètre de sable qu'il voulait déjà s'arrêter pour aller dans l'eau; J'avais échoué. Dommage.
« Ouais, tu as raison Shiv, c'est une super idée. » répondis-je, assez enjoué à cette idée. En fait, oui, je n'avais pas eu le temps moi même de profiter de l'eau tout à l'heure alors j'étais bien content de pouvoir y retourner. Je m'étonnais à remarquer que Shioban avait pensé à emmener les brassards de mon fils. Même moi je les aurait oublié. J'avais encore beaucoup de boulot à faire avant d'être un père digne et surtout responsable. Je m'assis et gonflais les flotteurs de mon fils. Dommage qu'elle n'avait pas pensé à prendre l'énorme crocodile géant gonflable, Charlie l'adorait. Tant pis. Je n'allais pas non plus l'engueuler pour cela. Les brassards en place, nous étions prêts à aller dans la mer. Je fis un peu d'ombre à Shiv qui était toujours caché derrière ces lunettes. « Tu sais, tu devrais venir aussi… ça te ferais prendre un peu de couleurs. Je veux pas dire mais les gens doivent avoir peur de toi tellement t'es blanche. On a pas vraiment l'habitude de ça ici… Enfin c'est toi qui voit hein »
Pourquoi, au juste j'essayais de pousser Shioban à venir avec nous dans l'eau ? Pourquoi ? Inconsciemment j'avais peur de ne pas réussir à m'occuper de mon gosse dans les vagues ou quoi ? No Idea. « Non mais sérieusement, si tu veux te joindre à nous... Tu peux. » Faut croire que je n'étais vraiment pas rancunier en tout cas. Surtout que déjà c'était moi qui m'étais totalement invité à rester avec elle. Enfin bref, on va dire que c'est à cause du reste d'alcool.

A peines les paroles veloutées étaient sorties de la bouche de Shiv' que les pelletés de sable cessèrent de pleuvoir. L'irlandaise se retint à grande peine d'exécuter une puérile danse de la victoire. Ce serait anéantir les bénéfices de sa subtile manœuvre. N'empêche, elle était la reine de l'inception, le gourou de la manipulation. Elle avait retourné la situation à son avantage en moins de temps qu'il n'en fallait pour qu'une cigarette se consomme. Car maintenant, Charlie voulait aller se baigner. Bénie soit les facultés de concentrations altérées des enfants ! « Ouais, tu as raison Shiv, c'est une super idée. » Austin accepta sa défaite avec une grâce surprenante aux yeux de Shioban. Elle l'avait toujours imaginé très mauvais joueur. Elle eut un petit mouvement de main prétentieux. Comme si elle pouvait avoir autre chose que des bonnes idées... Et elle venait de faire d'une pierre deux coups. Elle se débarrassait du père et du fils simultanément. Elle ne se départit donc pas de son sourire satisfait durant le temps où Texas équipait son fils contre la noyade. Puis, elle arriva. L'illumination. Cela faisait des jours qu'elle cherchait à qui lui faisait penser Austin et elle venait de trouver... Nathan Scott. Il n'y avait pas de différence entre les deux protagonistes. Vraiment aucune. Tout collait. De l'air niais d'Austin à sa manie déconcertante d'appeler son fils « buddy » … Elle eut un rire homérique à cette idée. Elle était tombé dans un putain de Tree Hill. Une ombre passa au dessus de son corps. Texas lui parlait. Elle se força donc à se calmer pour écouter ce qu'il disait. C'était une proposition. Une gentille proposition. Formulée d'une voix aimable qui plus est. Heureusement qu'elle avait le cul dans le sable et qu'elle ne pouvait pas tomber plus bas. Quoi que en réfléchissant... Il y avait quand même moyen de faire une réponse agressive.
« Peut être que je ne veux pas prendre de couleurs, hein ! Je suis très bien avec ma carnation. Merci pour elle ! Ça n'a pas traversé ton esprit que je ne voulais pas ressembler à une Barbie trop bronzée comme vous autres ? » . Il la regardait avec l'air hébété de quelqu'un qui somnambulait. Elle soupira. Bon après tout les remarques sur sa peau n'avaient rien de péjoratifs, c'était juste.... maladroit. Elle se radoucit un peu. « Enfin, je ne pense pas me joindre à vous mais c'est gentil de proposer. » . Elle toussota sur les derniers mots. Elle n'avait guère l'habitude d'entretenir des rapports civilisés avec son voisin. Il haussa les épaules et partit à la suite de son fils. Elle poussa un soupire de soulagement, ravie de pouvoir continuer la farniente en solitaire. Mais au bout d'un moment, elle fut forcée de constater que ce n'était plus aussi agréable qu'avant l'arrivée d'Austin. Elle s'ennuyait. Elle avait chaud. L'eau bleue l'appelait, l'obsédait. Cet enfoiré d'Austin s'était vengé en lui implantant à son tour l'idée de baignade dans la tête... Elle se leva et se débarrassa de sa robe, laissant apparaître une bikini violet flambant neuf. (aucune chance qu'elle l'ait utilisé en Irlande). Puis elle se dirigea vers l'eau à petits pas craintifs. Elle n'aimait pas l'océan. Trop de vagues. Néanmoins, elle avança, jusqu'au temps qu'elle ait de l'eau jusqu'aux chevilles. Elle n'irait pas plus loin, ça allait de soit. Enfin, s'insultant intérieurement, elle fit un signe de main à Charlie qui gambadait dans les vagues avec son père. Elle avait désormais l'air d'une gourde qui aimait les enfants. Et pire, elle avait cédé à Austin.

L'irlandaise refusa ma proposition de venir se baigner. Rien d'étonnant finalement. Je ne savais pas pourquoi mais je ne me l'imaginais pas comme quelqu'un de très passionnée par la nage. Plutôt du genre tranquille, à ne pas bouger, à ne pas faire de bruit, et surtout, à rester seule. Elle ne vivait pas depuis longtemps à Bowen mais j'avais pu un peu me rendre compte de sa personnalité. Beaucoup plus sérieuse que moi déjà ; Ce qui n'était pas plus mal.
Avec Charlie nous partions vers la plage. C'était bon de ne plus entendre de rires venir d'inconnus. C'était bon aussi de ne plus se faire dévisager. A présent, c'était Charlie qui était l'objet de tous les regards. Oui, mon fils était mignon, le portrait craché de son père. Il courrait sans même m'attendre et se jeta à plat ventre dans l'eau salée. Je partis le rejoindre à mon tour. Il n'avait déjà plus pied alors que l'eau m'arrivait seulement aux cuisses. Ca n'allait pas être en la compagnie de mon fils que j'allais pouvoir aller nager jusqu'à la bouée de sécurité. Tant pis. Il ne fallait pas que j'oublie pourquoi j'étais là, il ne fallait pas que j’oublie que Charlie n'était qu'un enfant et qu'il avait besoin de moi. Il ne fallait pas non plus que j’oublie qu'hier il avait assisté à quelque chose d'assez traumatisant pour son âge, bien que je ne connaissais rien au développement cognitif d'un enfant. Qui sait s'il s'en souvenait encore. Tout ça pour en venir au fait qu'il fallait que j'agisse pour mon fils et non plus pour moi. J'avais trop eu tendance à oublier cela, un peu comme un e passionnée de l'Irlande pouvait oublier la Saint Patrick. Au bout de quelques minutes à gigoter à genoux dans l'eau, je remarquais Charlie faire des signes de la mains à quelqu'un avec un sourire béat. Je me retournais et remarquais que Shiv était là. Je m'étonnais de la voir debout et surtout en maillot de bain. C'était quelque chose qui jusque ici ne m'étais pas venu à l'esprit. Mais, ouah. Le soleil se reflétait sur sa peau tellement la demoiselle était blanche. Je n'allais toutefois pas faire de remarque. J'avais eu l'impression qu'elle n'avait pas vraiment apprécié mon allusion de tout à l'heure.
Nous nous en approchions, remarquant qu'elle semblait bloquée par un espèce de portail invisible l'empêchant d'aller plus loin dans l'eau. Oh et pis fxck, j'avais quand même envie de faire une réflexion. « Tu brilles encore plus que le soleil ! » (cf… mate moi ça xD ici) Je rigolais tout seul puis sursautais quand Charlie se mit à nous éclabousser de l'eau.
Je rigolais de plus belle. Le contact de l'eau était plutôt agréable. J'avais été tellement obnubilé par sa carnation que j'avais manqué quelque chose. Shioban était canon ! Mis à part ses épaules carrées, elle était vraiment pas mal. Un genre différent de ce que l'on avait l'habitude de voir dans le coin, ce qui la rendait vraiment unique.
Dans un élan de folie, je l'a pris par la taille et la poussait avec moi dans l'eau sous les yeux choqués de Charlie qui ne tarda d'ailleurs pas à nous éclabousser encore un peu plus.

Si au début Shioban avait ressenti un certain attendrissement devant le spectacle du père et du fils jouant joyeusement dans l'eau, c'était différent maintenant. Plus elle regardait, moins elle voyait ce qu'elle avait cru percevoir. Elle n'assistait pas à un moment de qualité, mais plutôt à une technique de drague rodée. Texas avait beau sembler s'amuser comme un fou avec son fils (à croire qu'ils avaient le même âge), il ne cessait pas pour autant de jeter des regards latéraux, comme s'il s'assurait que les baigneuses aux alentours avaient vues quel bon père il faisait, et combien son fils était mignon... Elle sursauta quand une petite vaguelette vint s'écraser sur ses pieds. L'eau semblait fraîche tant la température extérieure était élevée. La brune inspira, sentant qu'elle avait l'air sûrement ridicule. Mais pour le moment, elle ne se résolvait pas à avancer. Elle se contenta donc d'un petit signe de main de l'irlandaise mais malheureusement, ce fut suffisant pour qu'elle soit rejointe par le joyeux petit duo. Il ne fallait pas se méprendre. Austin ne recherchait nullement sa compagnie, il voulait juste continuer à agir comme le casse pieds qu'il était. Ce qui passait par la dispense de petites remarques ironiques. « Tu brilles encore plus que le soleil ! » . Le stress illégitime de la jeune femme à l'idée d'être aussi proche de l'eau ne lui avait cependant pas ôté son sens de la répartie. « Si tu avais une once de poésie en toi, je prendrais ça comme une déclaration d'amour mais nous savons tous les deux ce qu'il en est... donc je suppose que c'est juste une nouvelle allusion lourde à ma carnation naturelle. » . (sérieux, j'ai eu du mal à la trouver l'irlandaise :o). Il n'eut pas le temps de confirmer ou de démentir tant les évènements s'enchainèrent à une vitesse affolante. Charlie, sans doute vexé de s'être soudainement fait délaissé par son géniteur, vint les arroser joyeusement. Le geste fit naître de joyeux éclats de la part d'Austin. Ce fut le contraire parfait pour Shiv'. Elle poussa des petits cris absolument hystériques t tandis que les gouttelettes salées entraient en contact avec sa peau brûlante. Habituée, à râler, elle s'en prit à Austin. « Dis à ton f... » . Elle ne finirait jamais sa phrase. Son cher voisin, lui avait en effet sauté dessus, la prenant totalement au dépourvue. C'était un sportif entraîné, il la fit donc basculer sans peine dans l'eau. Ce fut tout simplement horrible. Elle avait la bouche ouverte, elle avala une bonne gorgée d'eau salée. Il était inutile de s'étendre plus sur le choc thermique. Il y eut un moment de flottement, une poignée de seconde, où elle se retrouva dans un monde de silence et d'obscurité, bloquée sous le corps d'Austin. Elle paniqua et se débattit. Cependant, il n'y avait pas de profondeur, et elle émergea rapidement. Surtout qu'il avait dû la lâcher. Tout revient en flèche, le soleil, le bruit, la chaleur. Toussotante, crachotante, elle essaya de rassembler ses esprits. Puis, finalement, elle décida qu'elle n'avait pas à le faire. Elle se retourna vers Austin, assis à côté d'elle, le cul dans l'eau, heureux comme un pape, fier de son coup sans doute. Elle poussa littéralement un grognement de fureur et se jeta sur lui, telle une harpie. Elle allait lui faire passer son goût des blagues stupides. Son fils était à côté ? Il n'avait qu'a cacher ses yeux. « AUSTIN JONATHAN TAYLOR !! TU N'ES QU'UN ENFOIRE DE FILS DE... JE VAIS TE TUER !! » Elle martelait chaque syllabe par des coups sur chaque partie de son corps qu'elle pouvait atteindre. Dire qu'elle avait craint de se donner en spectacle auparavant.... Les gens les regardaient, pensant sans doute assister à une chamaillerie particulièrement virulente. Mais Shiv ne plaisantait pas il fallait garder cela à l'esprit. Elle prenait cela comme une agression. Et l'invitation faussement gentille d'Austin comme une basse manœuvre... « J'exige des excuses, tout de suite ! » . Elle avait laissé tomber les hurlements, sa gorge encore douloureuse après l'ingestion de l'eau salée. Elle cessa aussi de la frapper... temporairement. Elle venait de se rendre compte qu'elle était en fait entièrement immergée dans l'océan. Certes la fin ne justifiait pas les moyens... mais quand même. C'était une grande première. Elle ressentait un certain émerveillement qui balayait sa colère malgré elle.

J'aurais dû imaginer la réaction de Shioban avant de faire quoi que ce soit vu l'ampleur de la folie de la brunette. Me donner en spectacle n'était pas le problème, en fait, pour moi, il n'y avait aucun problème si l'on omettait le fait que j'étais en train de me faire frapper. Je remarquais que Shioban était en colère ; toute la plage l'avait remarqué. Ceci dit, je ne m'écartais pas. J'essayais tout de même d'éviter les coups car, même si elle n'était pas une bucheronne, la colère peut donner une force que l'on n'avait jamais imaginé avoir en soi. J'avais envie de répliquer, de rigoler même, mais ce n'était sûrement pas approprié. Aussi, j'avais failli répondre violemment quand l'irlandaise voulu insulter ma mère de pxte. Cependant, elle n'alla pas au bout de sa phrase. C'était tant mieux. Je ne frappais jamais les femmes, mais je ne supportais pas que l'on s'en prenne à ma mère, ou à ma soeur d'ailleurs. Très old-fashioned oui...
La jeune femme se calma au bout de quelques minutes. Assis à ses côtés dans l'eau, je me décidais à enfin répondre. Ayant un peu peur que la furie se réveille de nouveau. « C'est bon, tu as fini ? » demandais-je sans vraiment attendre une réponse. « Je ne vois pas pourquoi je devrais m'excuser... Je t'ai poussé dans l'eau, rien de plus, c'est pas un crime national non ? A moins que dans ton pays vous avez interdiction d'aller vous baigner ? » Je jetais un coup d'oeil autour de nous pour remarquer que nous n'étions plus au coeur de l'attention ; vraiment, pourquoi j'allais m'excuser ? C'était la deuxième fois en moins de 24h qu'elle faisait capoter tous mes plans pour pécho. Je repris. « D'ailleurs, tu as l'air d'aimer beaucoup les dramas. J'veux pas dire mais c'est le deuxième fois qu'on se croise en public et c'est la deuxième fois que tu nous fais passer pour des animaux de foire. » Je repensais au shopping de Noël où Shioban avait fini par m'embrasser pour me déstabiliser. Jamais je n'allais me remettre en question concernant mes actes. Ainsi, je n'allais en aucun cas m'excuser pour ce que j'avais fait. En plus, l'eau était à très bonne température. Flanqué à Shiv, je regardais encore autour de nous pour vérifier si mon fils était toujours là. Pendant quelques minutes, je l'avais totalement oublié. C'est bon, il n'avait pas disparu. Simplement un peu plus loin, lassé de voir son père se faire frapper par la gent féminine.
« N'empêche, on aurait dit ma mère qui m'engueulais, même avec mon propre fils je n'arrive pas à être aussi convainquant. » Rigolais-je. « D'ailleurs... Comment tu connais mon deuxième prénom ? » Me rendant compte que même moi j'avais tendance à l'oublier tellement je ne m'en servais pas.

Les plages étaient censées être des endroits paradisiaques qui faisaient rêver les gens. Shioban O'brien n'était pourtant pas loin de les détester. Il fallait prendre en compte, qu'à la base, elle ne partageait pas le fantasme commun des vagues et des serveurs. Elle ne ressentait pas non plus les fantasmes moins communs comme celui de se balader en combinaison X-men moulante sur le sable, pour ensuite repousser des missiles nucléaires et faire un brin de causette avec une fluette pop star anglaise. Toutefois, il y avait une autre certitude : elle ne pouvait pas détester la plage autant qu'elle détestait. Enfoiré de traître d'australien qui avait transformé son premier bain de mer en quelque chose de détestable. Enfoiré de traître qui comme d'habitude avait des réactions aussi peu appropriée qu'une licorne dans un magasin de porcelaine. « C'est bon, tu as fini ? » . Elle avait voulu répondre que non, ce n'était que le début, mais une affreuse quinte de toux la saisit. « CONNZSDR » . Ce fut la seule onomatopée qu'elle réussit à produite. Mais elle était motivée à dégager ses bronches pour râler. Ainsi, quand il posa la question suivante, elle avait retrouvée sa fougue habituelle. « Tu ne vois pas pourquoi tu dois t'excuser... évidemment. Tu as juste transformé ma première baignade australienne en catastrophe. Tout ce dont je pourrai me rappeler dans quelques années, c'est l'énorme tasse que j'ai bu. Mais je ne m'attends pas qu'un individu doté d'un tel potentiel de crétinisme comprenne... Et puis tu es gros ! J'ai l'impression qu'un bulldozer m'est passé dessus. » . Sa dernière réplique avait peu d'utilité mais elle avait envie de le provoquer comme il la provoquait. Et surtout d'oublier la déplaisante pensée qu'elle venait d'avoir. Il y avait du vrai dans les réprimandes de l'Etat des pécords.... Notamment sa remarque sur le fait qu'elle était une drama queen. Cependant, la mauvaise foi serait encore et toujours de mise. « J'aimerai bien ne pas recevoir des leçons de comportement en public de ta part parce que je te rappelle que hier encore, tu étais en état d'ivresse sur la voie publique, hein. » . Il l'épuisait. Elle ne cessait de rouler des yeux en sa présence, à tel point qu'elle craignait qu'ils sortent de ses orbites. Il y eut une courte de trêve, le temps qu'il constate que ses allocations ne s'étaient pas noyé puis les hostilités continuèrent. « Si j'avais été ta mère, je peux te promettre que j'aurai commis un infanticide pratiquement après ta naissance. Quant à ta deuxième question, et bien, c'est simple, j'ai fouillé chez toi... » . Elle avait dit ça d'une voix paisible, détachée, restant volontairement évasive pour lui faire imaginer le pire. Elle se releva, drapée dans sa dignité offensée. Elle toisa les quelques spectateurs de l'altercation et les commanda de retourner vaquer à leurs occupation d'une voix hargneuse. Puis, elle avança en direction du large, plongeant souplement dans l'eau pour montrer à Austin à quel point elle était bonne nageuse. Malheureusement elle fut rapide à remarquer son arrogance. Et ouais, contrairement aux piscines municipales, il y avait du courant dans l'océan. Cependant, elle persista à lutter contre les vagues pour nager vers la bouée. Elle ne voulait pas perdre la face et surtout s'éloigner d'Austin, qui pour une raison totalement inconnue, la rendait totalement hystérique...

« Pfff, comme si c'était important une première fois. J'veux dire, c'est bon, tu vas pouvoir te rebaigner autant que tu veux ici alors bon… c'est pas si grave que ça… » rigolais-je suite à sa diarrhée verbale. Vraiment, pourquoi se prendre la tête pour une première fois. C'est pas comme si plein d'autres allaient suivre.
Cependant, elle n'avait pas tord concernant les leçons de comportement. Je n'étais pas le mieux placé pour dire ce qui n'allait pas chez Shioban, même si je le faisais quand même.
Suite à sa remarque d'infanticide, je ne fis pas de remarque puisque j'avais eu des pensées similaires à la naissance de mon fils. « Tu as fouillé chez moi ? T'aurais pu faire le ménage en même temps alors ! » rétorquais-je sans vraiment le penser. Je me demandais bien ce qui avait poussé l'irlandaise à fouiller chez moi ; ce n'est pas comme si j'avais des objets de valeurs ou des trucs intéressants à dénicher. Aussi, jamais je n'aurais pensé à fouiller chez elle. En l'aidant à déménager, j'avais pu remarquer des choses très peu intéressantes comme un livre sur la phobie des cygnes ou encore La phonétique pour les nuls. Qu'importe.
Shioban décida de s'en aller sans rien dire. Je ne savais pas quoi dire ou quoi faire pour tenter de la clamer vu qu'elle avait l'air encore plus énervée. Pourquoi ? Le mieux était probablement de la laisser faire. Elle avait surement passé trop de temps avec Charlie sachant que ce petit peut facilement devenir un vrai monstre. J'avais secrètement espéré qu'il le soit. La voyant s'éloigner j'en profitais pour retourner vers mon fils qui n'attendit pas pour me projecter de l'eau. Nous jouions dans l'eau pendant quelques temps dans l'eau. Je jetais un nouveau coup d'oeil autour de nous pour voir si j'avais à nouveau des chances avec quelqu'un après l'incident avec Shiv. En parlant d'elle, Charlie ne tarda pas à me faire signe en direction des bouées ou des bras semblaient crier à l'aide. Etait-elle sérieusement en train de se noyer ? J'emmenais Charlie hors de l'eau pour lui prendre un de ses brassards. Je demandais à une bombe de garder Charlie pendant quelques secondes. Elle avait l'air stupide, mais baisable. Alors autant lui filer le gosse, sauver l'autre, passer pour un héros, récupérer le gosse et repartir avec le numéro de la bombasse.
Aussitôt dit aussitôt fait; Je courais dans l'eau et partit à la rescousse de Shioban. Après ce que je lui avais dit, ça serait plutôt ironique que ça première baignade australienne soit sa dernière. J'avais l'habitude de nager dans mon métier alors la trajet ne fut pas long. Arrivé au niveau de celle qui se noyait, je lui attrapais le bras « Accroche toi à ça ! » déclarais-je en lui donnant la brassard de Charlie. L'eau était assez profonde et le brassard n'allait surement pas lui suffire pour nager jusqu'à ce qu'elle ait pied. Shioban paniquait. Réaction typique quand on se sentait emporter en arrière par les vagues. « Shioban, calme toi… » dis-je doucement. « Tiens toi à moi ! » lui ordonnais-je afin de pouvoir la ramener sur la terre ferme.

Shioban nage rageusement en direction de la foutue bouée orange qui semble la narguer, tant elle a l'air de s'éloigner à chaque brasse. L'irlandaise est en colère, très en colère. Les dernières paroles d'Austin flottent dans son esprit. Il n'avait bien sûr pas daigné comprendre qu'il avait gâché un moment important à ses yeux... Même la satisfaction qu'elle avait ressenti face à la tête d'abruti qu'il avait faite quand elle lui avait dit qu'elle avait fouillé chez lui n'avait pas suffit à apaiser la colère de la jeune femme. Tel Poséidon, sa rage était sans limite... Tout comme les vagues qui arrivaient sans cesse sur elle. L'une d'elle lui fit avaler un peu d'eau qu'elle recracha nerveusement. Elle avait déjà eu du mal à retrouver ses esprits quand Austin l'avait immergée, elle ne voulait pas revivre cette expérience. Cependant, elle ne voyait plus d'issue. La fatigue la submergeait. Chaque geste lui semblait insurmontable, l'épuisait un peu plus. Elle se savait mauvaise nageuse mais elle n'avait imaginé perdre pied si vite. Elle décida de faire demi tour. Trop tard visiblement, car un courant plus fort qu'elle l'emportait vers le large sans qu'elle ne puisse rien y faire. Alors elle décida de dire adieu à toute fierté. Elle leva un bras et appela à l'aide. La sensation qu'elle ressentit fut tout à fait indescriptible. C'était comme avouer qu'on venait de rater son risotto a ses invités ou avouer à ses grands-parents qu'on avait pris un PV avec leur voiture : difficile mais nécessaire. Elle ne vit pas si quelqu'un venait la secourir ou pas, surtout quand elle disparut sous l'eau pendant quelques secondes. Elle eut tout les peines du monde à remonter à la surface. Ainsi, un soulagement indescriptible l'envahit quand elle sentit qu'on lui empoignait le bras. Et même quand elle découvrit que le propriétaire du bras en question était Austin. « Accroche toi à ça ! » . Il lui tendit un brassard qu'elle ne prit pas. Elle était trop occupée à tousser. Elle distinguait d'ailleurs très mal Austin, les yeux brouillés par l'eau salée. Il l'enjoignit au calme et elle essaya de toute ses forces. Après tout, elle n'avait pas d'autre choix. La voix de Texas était d'ailleurs assurée, il savait ce qu'il faisait. Il avait une force qu'elle n'aurait jamais soupçonné dans les bras, une autorité insoupçonné mais rassurante. Alors pour la première fois de sa vie, elle fit ce qu'il dit. Elle se propulsa avec force vers lui, à tel point que sa pince à cheveux se cassa dans le processus. Elle raffermit la prise sur son bras jusqu'à ce qu'elle trouve son bras et son cou. Pour faire bonne mesure, elle attrapa également le brassard. Puis elle agrippa de toutes ses forces à chacun de ses éléments. La panique ne la quitterait pas, tant qu'elle ne serait pas sur la plage. Pourtant Austin la ramenait près du bord, elle le sentait. Elle entendait son souffle, tandis qu'il nageait pour eux deux. Car c'était regrettable à dire mais Shiv ne faisait aucun effort. Les yeux clos, elle ne faisait que s'accrocher à lui. Elle l'avait tant méprisé ! Et maintenant, il lui sauvait la vie... Elle ne savait pas comment elle allait pouvoir vivre cet affront. Soudain, la prise de Austin se fit plus sûre. Il avait à nouveau reprit pied probablement car il était à présent sur le sable. Il dit d'ailleurs quelque chose, sans doute qu'elle pouvait le lâcher mais elle entendit à peine. Elle gardait obstinément les bras autour de son cou, en pur état de choc.