River Flows in You feat Leewana

Le soir arrivait, cela faisait maintenant deux jours que la pauvre Ariane n'était pas sortie. Elle avait l'impression d'étouffer dans son placard qui lui servait d'appartement. Comme une sensation d'insupportable qui lui hurlait de partir, de quitter tout et de fuir encore. Mais, elle en avait assez de fuir, la blonde. Alors, elle s'était habillée d'un grand t-shirt et de son short en jean, elle avait enfilée ses sandales malgré ses pieds légèrement gonflés.

Elle avait marché un moment avant de tomber sur le bar de la plage. Les sandales à la main, Ariane s'était baladée un peu avant d'échouer ici. Elle avait prit une table non loin de là et s'était installée en priant pour avoir un peu de nourritures. Ariane avait envie de dévorer du salé ce soir. Elle commanda un assortiment de tapas ainsi qu'un cocktail sans alcool. La demoiselle observait les lieux, admirait les couples et soupirait comme une adolescente triste. Il fallait dire qu'elle avait une mine affreuse tout de même.

Alors, lorsqu'un homme vint la voir pour sympathiser, elle leva les yeux au ciel avant de lui faire comprendre que la jeune femme n'était pas du tout intéressée. Elle n'avait d'yeux que pour une seule personne et son coeur était bien trop blessé pour autoriser quiconque à y rentrer. Surtout pas un idiot rencontré au bar de la plage. Ariane n'arrivait cependant pas à se dépatouiller de l'homme et elle croisa le regard d'une magnifique femme un peu plus loin. Elle la supplia des yeux de venir la sortir de ce mauvais pas, espérant très fort que la belle comprenne.

@Leewana M. Reynolds

J’ai besoin de sortir, de faire autre chose que de rester à la maison. J’ai passé tant de temps lors de la fuite de Maddie entre mes quatre murs que maintenant je peux prendre le temps de respirer, de faire autre chose que de bosser ou encore de rester enfermée chez moi. J’aurais pu appeler Theo, mais ce soir j’ai décidé d’aller passer la soirée à la plage, d’aller manger un morceau seule et de juste profiter de l’ambiance. Il fallait que j’apprenne à être seule, à sortir un peu de ma bulle. Déjà deux ans et demi que je suis à Bowen, j’ai trente-six ans, je suis encore jeune et j’ai très peu d’amies. Que vais-je faire quand ma fille partira pour de bon de la maison ? Je me suis commander un petit cocktail et une entrée, je sirote mon drink en attendant ma nourriture.

Mon attention fut cependant attiré par une jeune femme seule un peu plus loin. Il y avait un homme qui ne semblait pas comprendre qu’elle ne voulait pas de son attention, fronçant les sourcils devant l’insistance de l’homme, je me lève prenant soin de prendre mon verre en main et et je m’approche de la table. “Hey ! Je t’attendais à l’autre table là-bas ! ” Je pose mon verre sur la table et je lui fais la bise avant de me redresser et me tourner vers l’homme. Je lui fais un beau sourire et lui dit. “Désolé, ce soir c’est une soirée entre copines, on a laissé nos mecs à la maison pour ne pas se faire embêter, donc je crois que tu vas devoir partir ! ” Le serveur qui revenait à ma table avec l’assiette d’entrée lève les yeux et je lui fais un discret signe de tête pour qu’il vienne le porter ici et je prends place à la table. “Finalement il s’est passé quoi avec doudou ? La dernière fois tu m’as laissé en plan quand il avait décidé d’acheter une nouvelle playstation sans t’en parler… ” Je jette un regard en coin à l’autre homme qui venait l’embêter et je pousse l’assiette de mon entrée au milieu de la table. Il semble avoir compris qu’il n’était pas le bienvenue.

Mon dieu, que ce type était lourd. Elle n'arrivait pas à s'en dépatouiller tellement il était agaçant et collant. Ariane lançait des regards désespérés à la jeune femme presque en face d'elle. Ce serait sans doute le seul moyen pour que l'autre finisse par partir. Et heureusement, la demoiselle comprit le sentiment qui habitait la pauvre blonde. Elle cligna plusieurs fois des yeux en entendant les paroles de celle-ci avant d'arborer un grand sourire et de se lever pour l'inviter à la rejoindre comme deux vieilles amies. « Oh, je suis désolée ! Je ne t'avais pas vu ! Viens, assis-toi ! »

Du coin de l'oeil, elle observait l'homme qui se renfrognait, pas content de voir son plan drague se terminer de la sorte. Il semblait également hésiter. Au pire, il y avait deux femmes, maintenant. Mais les phrases de la jolie inconnue le moufta totalement et le fit partir tout penaud. « Oh, ne m'en parles pas. J'ai cru que j'allais l'enterrer avec la pelle que j'ai dans mon coffre. Tu sais, celle qui me sert pour retirer le sable. Oui, au revoir, on voudrait rester entre nous. Merci. » Ariane attendit que l'homme soit loin pour soupirer de soulagement.

Elle attrapa son verre et but une gorgée pour se redonner contenance, maudissant les types qui ne comprenait pas la signification du mot non. À croire que c'était trop compliqué pour eux. « Olala, merci ! Franchement, je n'arrivais pas à m'en sortir. Je vous paye un verre ? » Elle lui sourit amicalement avant de piquer un petit tapas pour que son ventre ne grogne pas trop, ce serait la honte, franchement. « Je m'appelle Ariane ! Et vous ? »

Il y a des hommes qui ne comprennent rien, ce type fait carrément partie de cette catégorie. Je n’ai pas pu m’empêcher de réagir en voyant l’expression que la jeune femme me lançait et j’ai couru à sa rescousse du mieux que je pouvais, me faisant même passer pour une amie qui l’attendais. Je laisse un petit rire s’échapper en prenant place à sa table. “Tu ne changeras pas toi hein ! Toujours tête en l’air ! ” Je lui fais un sourire et un clin d’oeil avant de m’adresser à l’homme qui la dérange. En espérant qu’il dégage et puis faisant comme s’il n’était pas là j’entame une conversation, j’ignore si elle est en couple ou quoi que ce soit, mais ça ne fait pas grand chose de le faire croire non ? “Ah oui, tu m’étonnes, le mien m’aurait fait ça je lui aurait arraché la tête carrément quoi ! ” Parfait, le plan à fonctionner et le serveur vient nous porter ce que j’avais commandé. Je prends une des bouchées et la porte à ma bouche.

Je lui souris quand elle soupire, voilà, il suffisait qu’une inconnue vienne s’en mêler pour qu’il comprenne qu’il n’avait pas sa place comme ça. “Ne me vouvoie pas, j’accepte avec plaisir même si tu n’es pas obligé.” Je suis certaine qu’elle aurait probablement fait la même chose si j’avais été dans une situation similaire. La solidarité féminine existe encore. “Tout le monde m’appelle Lee, je suis enchanté de faire ta connaissance. Alors tu étais vraiment seule ou tu attendais quelqu’un ? Sinon je peux me joindre à toi pour le repas ? Je suis venue seule, ma fille ayant décidé d’aller traîner avec ses copains. ” Maddie rentrait toujours et me prévenant maintenant si elle ne pensait pas rentrer, peu à peu on reprenait un rythme plus normal et ça faisait grandement de bien.

Heureusement, depuis son arrivée à Bowen, il était littéralement la première personne chiante qu'Ariane avait rencontré. Lorsqu'elle vivait dans sa ville natale, ce n'était clairement pas la même chanson. Alors, bien qu'agacée, elle n'en tenait pas rigueur à l'homme qui avait sans doute un peu trop bu. Tant qu'il finissait par filer loin. « Ça me fait plaisir de vo... t'inviter ! » Elle sourit et attendit l'arrivée du serveur pour commander une autre boisson. Puis, la jeune femme grignota le tapas en souriant, vraiment soulagée.

« J'avais vraiment besoin de prendre l'air donc, je suis venue seule sur un coup de tête. Oh, ta fille t'a abandonnée ? Profitons-en pour s'éclater de notre côté alors ! C'est moi qui invite ! » Elle rit un peu avant de prendre une gorgée de son verre et de regarder un instant le paysage. Pourquoi, malgré la situation, se sentait-elle si bien ici ? Presque mieux que chez elle ? Ariane chassa bien vite ses pensées et les reporta vers Lee qui, soyons honnêtes, était une femme magnifique.

« Quel âge a ta fille ? » Elle était curieuse, Ariane, mais elle tentait de respecter les limites des autres. Après tout, elle était journaliste dans la vie ! Elle fit une pause, reprenant un tapas à grignoter, visiblement, les bébés avaient faims.« Tu vis ici depuis longtemps ? Je viens de débarquer, depuis mi-juin.  Et je dois avouer que je suis très surprise des gens ici. »

Les hommes peuvent parfois être très lourds, trop lourds bien souvent. C’est quand même une des raisons pour lesquelles j’ai si souvent déménagé dans ma vie. Traînant Maddie d’une ville à l’autre parce que certains de mes clients devenaient trop insistant et que je ne voulais pas exposer ma fille à ce genre de personnes. J’étais pas fière de vendre ma personne, je le faisais pour qu’elle ne manque de rien, mais plus jamais je ne recommencerais. Plus jamais je ne ferais ce que j’ai pu faire quand j’étais plus jeune, maintenant je me contente de mon métier de serveuse. J’étais désespéré à l’époque, je ne savais pas quoi faire. Voir l’autre jeune femme se faire limite agresser avait fait remonter trop de souvenir à mon esprit et j’étais contente que mon intervention fonctionne. Je souris à la demoiselle, c’est gentil de sa part de m’inviter, je ne dirais pas non alors. Je lui réponds par un sourire, s'installant plus confortablement, pigeant dans l’assiette de Tapas devant nous.

“Pourquoi pas, j’ai besoin de me faire des amies de filles. C’est peut-être le destin qui nous a guidées toutes les deux ici ce soir. Ah ce fameux destin, il décide de tout pour nous ! ” Je lève mon verre avant d’en prendre une gorgée, je suis d’humeur légère, j’ai envie de m’amuser et de ne pas me casser la tête. Je revis un peu depuis le retour de Maddie et c’est maintenant que je sors et que je profite de la vie. Je reprends le temps qu’on m’a volé, bien que je n’échangerais pour rien au monde ceux que j’ai vécu avec ma fille. Je détaille la jeune femme, elle est jolie, jeune encore et elle a ce petit quelque chose qui doit bien plaire à la gente masculine.

“Ma fille à 21 ans. ” Je ne sais pas si je dois ajouter plus, si elle va me juger ou faire un calcul rapide dans sa tête. J’étais si jeune, trop jeune quand je l’ai eu. Dire qu’à l’âge de ma fille, j’avais ma petite poulette qui était déjà à l’école, c’est fou quand même quand on y pense vite comme ça. “Nous sommes à Bowen depuis deux ans et demi maintenant, je pense qu’on a trouvé notre place. J’aime tellement cette ville, mais dis-moi, qu’est-ce qui te surprends des gens d’ici ?” Je sirote une gorgée de plus à mon verre, mon regard planté dans le regard de la jeune femme.