comme un virage en mer quand tu finis la tête la première dans la vague - abigail

18h50. J'avais échangé un peu par messages avec Abigail ses deux derniers jours. Ca faisait un bout de temps qu'on ne s'était pas vu. Elle habitait toujours à côté de chez ma mère mais je n'avais pas tellement eu l'occasion d'y aller. Et puis, on avait toujours cette habitude avec Abi, de se voir, d'une manière assez espacée, mais on savait qu'on pouvait compter l'un sur l'autre, quoi qu'il arrive. Et là, j'avais bien senti à ses messages qu'elle était un peu fébrile. J'la connaissais, j'avais su lire entre les lignes. J'suis p'tete un idiot mais j'la connais suffisamment pour ressentir ce genre de chose. Alors j'lui avais dit que je passerais au goyangi ba, un peu avant la fermeture, pour l'aider à la faire et j'la raccompagnerais jusqu'à chez elle. J'avais quitté le boulot à 17h30, j'avais un petit quart d'heure de skate pour arriver jusqu'en ville. Il faisait déjà bien frais, le soleil était déjà en train de décliner dans le ciel hivernal. J'étais toujours fringué pareil, un hoodie et un pantalon en toile noire, mais cette fois, j'avais vissé un bonnet sur ma tête. J'ai froid aux oreilles quand je skate sinon. Comment ça j'suis une p'tite nature? Finalement, j'arrivais devant la devanture de la boutique. Elle était quasiment vide, elle fermait dans un p'tit quart d'heure. A travers la vitre du magasin, j'faisais un p'tit signe de la main à Abi, avec un grand sourire. J'poussais la porte du bar et j'avançais vers le comptoir, à la rencontre d'Abigail. J'étais super content de la voir. Comme à chaque fois, avec Abigail, je mettais mon énergie débordante en mode off. Et pis, de toute façon, avec la présence de tous les chats, il n'était pas question que j'fasse le guignol. "Héé, salut toi." que j'lui disais simplement. Un chat sauta sur le comptoir, à la recherche de caresses. J'tendais la main, doucement, pour aller gratouiller le haut de sa tête. "Comment ça va Abi? Pas trop fatiguée de la journée?" J'savais à quel point ça pouvait être épuisant de servir toute la journée, rester debout, à piétiner. Clairement, moi, dans ma p'tite station service, j'étais vraiment bien loti. J'souris tendrement à Abi.

@Abigail Meers

De quoi nettoyer des tables, je commençais à m’occuper que la salle alors que les derniers clients prenaient leur temps pour le café. Pas de nouvelles de Bastian.. Ni de l’éditrice à qui j’avais envoyé mon roman. La peur nouait mon estomac. Le service avait été chaotique passant plus de temps à nettoyer mes erreurs d’étourderies qu’à réellement être présente pour mes clients. Est ce qu’Elijah verrait sur moi que j’avais changer? Que je n’étais plus la même.
Quelques semaines qu’on n’avait pas pris le temps de se voir, même si nous parlions un peu par messages, c’était comme ça avec mon ami, pas besoin de trop parler pour savoir que quoi qu’il arrive on serait là, l’un pour l’autre, quoi qu’il arrive… Et c’est ça qui me perturbait, il le verrait, le sentir , que mon trouble grandissait…

Mes clients partaient les uns après les autres,… Bientôt, il ne restait qu’un couple dans le fond du café, quand j’entendis la porte entrer. Un sourire s’élargit sur mon visage. « Hey ! Enfin ! Ça annonce la fin! » Je savais qu’il serait là juste avant la fermeture. Donc il me resterait qu’une petite demi-heure et nous allons être libre.
Un gobelet, je prépare la boisson préféré d’Elijah, je prends un cookie et un muffin dans l’armoire à friandise et les dépose sur une serviette. « J’ai hâte de terminer… J’ai pas dormi hier soir… » Et mes yeux rougis et cernés ne pouvaient que le prouver. « Et toi ? Ça a été? » lui demandais-je en poussant sa boisson et les gourmandises devant lui. Sachant que je lui offrais évidemment c'était un client bien particulier. Le couple parti et j'allais tourner la serrure. Nous étions fermés enfin !

Une fois arrivé à la hauteur de mon amie, j'discernais assez facilement son air fatigué. Elle avait un peu les traits tirés, elle qui d'habitude avait un p'tit visage d'ange, j'la trouvais un peu changée. J'm'étais ça sur le compte de la fatigue de la journée et puis aussi du stress qu'elle pouvait ressentir par rapport à son roman qu'elle avait déposé chez un éditeur. Elle m'en avait parlé rapidement par message et j'comptais bien tenter d'apporter un peu de soleil dans sa vie. A peine étais-je entré que je voyais un sourire sur le visage d'Abi. J'ouvrais les bras, me désignant moi même. "J'suis toujours porteur de bonnes nouvelles, tu le sais bien!" que j'répondais à ses mots, ouais j'annonçais la fin de la journée et ça c'était cool. Abi me prépara ma boisson favorite et sans rien lui demander, elle déposait des p'tites viennoiseries devant moi. Elle me connaissait par coeur. A manger ça à cette heure, j'aurais certainement pas faim pour le soir mais peut importe, gourmand comme j'étais, j'refusais jamais ce genre d'attention et encore moins quand ça venait d'Abi. "Merci Abi, c'est fortement apprécié." que j'lui dis, le sourire aux lèvres. Puis prenant de ses nouvelles, j'remarquais une fois de plus qu'elle avait l'air épuisée, elle ne tarda pas à m'expliquer qu'elle n'avait pas dormi de la nuit. Je fronçais un peu les sourcils, tout en restant doux dans mon air. "C'est cette histoire d'édition qui t'a empêcher de dormir?" Je voulais comprendre, parce que j'sais pas, là, j'la retrouvais pas Abi, pas entièrement. J'savais qu'elle avait une tendance assez anxieuse de base, mais là, j'trouvais que c'était assez exacerbé. Alors qu'elle allait fermer la boutique, une fois les derniers clients partis, elle prit de mes nouvelles. J'm'étais assis sur un tabouret devant le comptoir. Et j'me tournais vers Abi. "Oh ouaiis ça va, la journée était loooongue, il n'y a personne à v'nir à la station en ce moment, je m'ennuie." que j'lui disais, faussement boudeur. Après avoir marqué une pause, j'rajoutais  "et pis j'avais hâte d'te retrouver, aussi, ça aide pas à faire défiler les heures plus vite." J'encerclais la boisson entre mes mains, et j'regardais Abi, l'invitant à venir à côté de moi, avec un signe de la tête. "Tu vas prendre un p'tit truc aussi d'acc ? T'as besoin de manger j'crois bien." C'était une façon d'lui montrer que je m'inquiétais pas mal pour elle là. J'lui souris tendrement, prêt à l'écouter et à sonder son esprit pour comprendre ce qui n'allait pas. J'étais pas le gars le plus balèse quand il s'agissait d'analyser les émotions des autres, mais je connaissais suffisamment Abi pour savoir que quelque chose la perturbait, plus que d'habitude.

Un petit rire m’échappe, je suis totalement d’accord avec ça, je le confirme d’ailleurs d’un sourire. Elijah était une pause, un petit intermède, qui faisait du bien au moral, au mon âme, c’était .. Une douceur entre deux phases bien plus sombre, et il m’aidait toujours à avancer. Si j’avais l’impression de le canaliser, lui me soulageait, c’était étrange, mais il était comme une soupape. Et ça faisait drôlement comme bien. Même si ce soir, j’avais peur qu’il découvre une autre Abi, celle qui me hantait et qui me faisait peur. Celle que j’étais depuis que j’avais rencontré Bastian… Une femme plus libre et indépendante découvrant des plaisirs encore inconnus… Je ne voulais pas être différente, je ne voulais pas changer…

« Comme toujours, je sais que tu les adores et si jamais tu préfères les manger ce soir, je peux te les emballer. » Je continuais le rangement, de laver un peu par ci par là, bientôt j’irais mettre à manger aux chats pour la nuit, de l’eau et les mettre dans une pièce qui leur était dédiée, pour éviter qu’ils traînent dans la salle la nuit, que ce soit plus sécurisé pour eux.

Hochement de tête pour confirmer. L’édition, mais aussi … Baz, penser à lui.. « J’ai voulu terminer, je voulais à tout pris l’envoyer au plus vite. Pour ne pas avoir des doutes et m’arrêter avant… » J’étais comme ça. Quand je doutais je réfléchissais et souvent je faisais machine arrière. Mauvais choix. « Tu devrais venir faire quelques heures ici on ne s’ennuierait pas à deux. » Un petit clin d’oeil.

Je m’installait à ses côtés, tirant avant de sous le comptoir un mug avec du thé dedans. Que je buvais entre deux clients, et je pris un petit encas avant de m’asseoir près de lui. « Peut-être bien que ça fait un moment que j’ai pas manger oui… » J’avais sauté un ou deux repas, souvent en écrivant… Le sourire d’Eli me rendit nerveuse d’un coup.. Je regardais ma tasse, nerveuse. « Dis.. Est ce que tu.. tu changes? Quand tu es … avec Leyla? »

Abi et moi, on fonctionne toujours de la même façon, elle me canalise et j'lui apporte un peu de peps, c'est comme si on était vraiment complémentaire là dessus et ce depuis de longues années. J'suis à l'écoute de ses besoins, et lorsqu'elle m'avait envoyé des petits sms, j'avais bien senti qu'elle avait vraiment besoin de parler. J'l'avais sentie assez bizarre par message, et j'crois que j'avais eu rapidement ma réponse en la voyant ce soir. Elle semblait épuisée. Mais vraiment. J'l'avais jamais vu comme ça Abi et j'crois qu'elle mettait beaucoup d'énergie dans l'écriture de son roman. C'est du moins ce qu'elle m'avait dit par message. J'crois qu'elle avait vraiment besoin de souffler et j'me faisais une p'tite promesse intérieure, celle d'être là pour elle et d'lui apporter un petit vent de fraîcheur et de dynamisme. Je secouais la tête à sa proposition, alors que j'avais déjà le cookie entre les mains, prêt à le croquer. "Naan, naan, un cookie et un muffin, ça se mange tout de suite! J'suis incapable de résister." que j'disais avant de fourrer un morceau de cookie dans la bouche. Alors qu'Abi était en train de faire la fermeture du bar, je lui demandais des nouvelles de son roman et j'faisais le rapprochement avec son air fatigué. "T'as bien fait Abi, j'suis sûr que c'est une très bonne version que t'as envoyé, moi j'y crois!" J'admirais Abi pour ça, pour son acharnement concernant l'écriture de son roman, elle se mettait beaucoup de pression aussi mais maintenant qu'elle l'avait enfin envoyé, elle allait pouvoir souffler un peu. J'riais à sa proposition de venir ici, pour travailler. "Impossible! Je passerais ma vie à manger et j'deviendrais énorme! Personne n'a envie de voir ça!" J'étais ultra gourmand et heureusement que j'me déplaçais uniquement en skate, ça me permettait de me maintenir en forme.

Finalement, Abi vint s'installer à côté de moi et j'lui suggérais de manger un p'tit truc. Elle était pâle Abi, elle avait le visage marqué de cernes et ça m'inquiétait un peu. Je fronçais un peu des sourcils quand elle m'avouait ne pas avoir manger depuis longtemps, je voyais bien qu'elle était nerveuse et sa question d'après continua de m'inquiéter encore un peu plus. "Abi, t'es sûre que ça va? Tu m'inquiètes là, t'as l'air épuisée, j'sais pas si c'est l'écriture du roman ou s'il y a autre chose, mais il faut que tu prennes du temps pour toi là." Je marquais une pause et je prenais le temps de réfléchir à sa question. Pourquoi elle me demandait ça? Dans quel sens elle formulait cette interrogation, c'était pas clair mais j'tentais de donner quelques éléments de réponses, un peu dans le désordre. "Baah, non, j'crois pas que je change. Enfin j'veux dire, j'suis moi-même quand je suis avec elle. J'suis p'tete moins débile que quand j'suis avec Beck ou Elmo tu vois, parce que il y a d'la tendresse entre elle et moi, mais Leyla elle m'aime pour qui je suis. Et inversement." Je marquais une nouvelle pose, posant mon cookie devant moi et portant toute mon attention vers Abigail. "Pourquoi tu me demandes ça?" J'avais pas mal de mystère à éclaircir et j'espérais de tout coeur qu'Abi se livre à moi.

Un petit rire à sa phrase, je savais qu’Eli était incapable de résister à une gourmandise, et c’était sa manière d’être si direct et naturel qui me plaisait. J’adorais cette manière d’être chez mon ami… Et ce soir ça me faisait du bien de l’avoir près de moi. Tout en nettoyant on parla un peu de mon roman, c’était un truc un peu fantastique, mais avec un air de réel, un peu de moi, beaucoup de moi dedans…Et c’était ça qui me faisait peur.. Et le côté psychologique, les images,.. J’avais tellement peur que la maison d’éditions ne les comprennent pas… Nous aurions un rendez vous je pourrais en parler, mais c’était … Différent d’écrire pour soi et d’un coup devoir imaginer des tas de gens le lire… « Je.. j’espère.. » Je murmure.. On parle de son job à la station service et de son ennui. « Arrête toi grossir? Impossible ! Et puis tu fais du sport. » J’annonce un sourire aux lèvres. Sa planche à roulette, et tout le reste le montre, il est du genre à toujours bouger et ne pas prendre un gramme. Alors pas de risque pour lui. « Alors on pourrait s’ennuyer en sms.. Toi là bas et moi ici. » Ça ferait un peu de répit parfois dans la journée et pour lui un petit moment occupé.

Je finis par prendre ma tasse de thé, et un muffin, assise en face d’Eli, je picore dans le gâteau sans réelle conviction.. Hochement de tête, oui oui ça allait, enfin je crois, mais en fait j’étais plus trop sûre de rien… « T’en fais pas.. Ça va.. » Mais j’évite le regard de mon ami, cherchant à poser cette question… Grignotant un petit morceau.. une miette du muffin… Et je demande… J’attends sa réponse, je reste fixé sur le muffin, comme s’il était une des merveilles du monde à explorer. Evidemment on avait parfois pas le même caractère avec certaines personnes mais on restait nous, c’était juste des parties de notre personnalités qu’on mettait plus ou moins en avant selon les gens… Quand il me demande pourquoi je demande.. Je soupire. « Je.. j’ai rencontré quelqu’un… Et.. Je… J’ai pas l’impression.. d’être… » Je soupire encore une fois. « La même. Je crois.. Je sais pas… J’ai peur un peu.. »


@Elijah Bishop

A peine étais-je entré dans le magasin, je me retrouvais déjà assis au comptoir en train de dévorer un p'tit cookie délicieux. Elle me connaissait bien Abi, je n'avais même pas eu à lui demander, elle m'avait servi mes préférés. Elle me connaissait bien et j'la connaissais bien aussi et je vouais bien que quelque chose clochait un peu aujourd'hui. Très certainement la faute à l'angoisse que lui donnait le fait d'avoir envoyé son roman à un éditeur. J'voyais bien qu'elle n'était pas très sûre d'elle mais moi je croyais en elle. On en venait à parler de nos boulots et je souriais en haussant les épaules. "Ouais mais les trente ans me guette, j'suis pas à l'abris de l'apparition d'une petite bedaine!" que j'disais en riant et en posant ma main sur le bas de mon ventre, toujours bien sculpté. J'me dépensais beaucoup, tout le temps, pour l'instant je maintenais ma forme physique, jusqu'au jour où j'arrêterais de skater. Très certainement.

Abigail se retrouvait alors assise à mes côtés et son état de fatigue m'inquiétait un peu. J'lui faisais savoir, parce qu'entre elle et moi, il n'y avait aucun secret. Elle m'assura cependant que ça allait, presque en murmurant. Elle était pas très convaincante mais j'laissais passer. D'autant plus que la question qui suivait était pour le moins assez surprenante. J'lui réponds avec la plus grande des franchises et j'essaye de comprendre pourquoi cette question. Elle soupire et finalement me dit qu'elle a rencontré quelqu'un. Et qu'elle a peur, parce qu'elle n'est plus vraiment la même. Wo, ça m'inquiète ce qu'elle me dit là. J'fronce un peu les sourcils, pas pour la juger, juste parce que j'me sens un peu dubitatif. J'essaye de chercher son regard, mais elle reste bien fixée sur le muffin qu'elle mange à peine. "Tu as peur de quoi exactement?" J'suis un peu perdu. J'marque une pause avant de reprendre. "Abi, tu sais, être avec quelqu'un, ça doit être que du positif. En quoi tu change avec cette personne ?" Clairement, là, il va me falloir plus de détails, plus d'explications. Abigail n'est pas une habituée des relations amoureuses, moi j'suis pas un grand spécialiste non plus, mais de ce qu'elle me dit là, ça me dit rien qui vaille. J'espère juste qu'Abigail sera capable de m'en parler, assez sincèrement, pour que je puisse au mieux la rassurer et dans le pire des cas, l'aider à se sortir d'une relation toxique.

Eli était un ami qui vous fait du bien… Et ma phrase est dans un sens purement amical. Il était celui qui soulage les peines en un regard, celui qui d’un sourire fait s’illuminer le soleil.. Une boule d’énergie qui fait du bien au moral et surtout qui vous permets d’être d’un coup plus … Vous.. Cette personne qu’on est réellement à l’intérieur. Moi plus calme, lui plus posé malgré son énergie débordante.

Là assis, il grignotait ses gourmandises préférés , et moi je secouais la tête. N’importe quoi, il serait jamais bedonnant. « Tu exagères, tu pourras jamais te débarrasser de ce corps.. » Bien trop athlétique, et surtout trop actif pour avoir un petit bidon, et même si ça arrivait, ça ne retirerait rien au fait qu’il avait du charme et que les nanas étaient toutes après lui… Enfin surtout une en ce moment. Leyla.

Je prenais pas de temps pour moi, il avait raison, je me tracassais beaucoup, je pensais vraiment trop, et ce petit vélo dans ma tête devait ralentir ou alors tout allait vriller. Je tentais de rassurer mon ami, sachant que mon état était visible et surtout qu’il n’était pas dupe , et loin d’être idiot… Ma curiosité me joue des tours, et je finis par lui avouer que je .. .Vois quelqu’un. Et surtout que j’ai peur… Je n’ose pas relever mon regard vers lui… « De ne plus savoir qui je suis… » J’ai changé depuis Baz, déjà rien que niveau physique, il peut m’approcher sans que je tremble, je .. ok j’ai couché avec ! Et surtout j’ai encore envie de me rapprocher de lui. Je ne fuis pas… Mes yeux remontent vers lui. Positif… Il y avait des bons côtés.. C’est sur, même si l’idée que la noirceur traîne autour de lui me faisait trembler… « J’ai.. j’ai pas peur de lui, j'aime bien quand il est là, je lui parle ... beaucoup et… Je.. Je.. » Je vire au rouge.  « Je.. Enfin tu .. tu vois quoi.. ».

On avait toujours été très différent, Abi et moi. Mais là, aujourd'hui, j'voyais bien que Abigail n'était plus tout à fait elle même. Elle semblait épuisée, les traits tirées et elle semblait inquiète. J'le ressentais. J'la connaissais bien Abi, j'savais qu'elle était du genre à angoisser, à avoir tout un tas de pensées qui trottent dans sa tête, mais j'ressentais bien que là, c'était différent. Après avoir discuter un peu plus légèrement, la conversation tournait un peu, déviant vers ce qui la tracassait vraiment. C'était pas vraiment une histoire de maison d'édition qui valait tout ces soucis à Abigail, elle avait rencontré quelqu'un, et ça semblait assez compliqué. J'étais assez trivial dans mes pensées, j'étais du genre à me dire : ou c'est bien tant mieux, ou ça va pas et ciao. Mais c'était certainement beaucoup plus compliqué que ça. J'sais pas si Abi était tombée sur le meilleure personne pour discuter de tout ça, mais j'allais tenter de faire mon maximum pour lui apporter des réponses. La première chose, c'est qu'Abi avait peur de ne plus être qui elle voulait. Je fronçais les sourcils. Vraiment de plus en plus inquiet. "Est-ce qu'il te force à faire des trucs que t'as pas envie de faire?" J'y allais peut-être un peu fort avec mes questions, mais si Abi était en danger, alors c'était plus du tout la même chose. J'essaye de comprendre davantage ce qu'elle essaye de me dire. J'lui demande surtout si elle retire du positif de cette histoire. Parce que les relations amoureuses, pour le coup, j'suis assez convaincu qu'il faut qu'elles soient vraiment positives pour rendre heureux. J'suis pas tellement du genre à rester en couple si ça devient trop compliqué, trop douloureux ou trop ennuyeux. Abigail tente de m'expliquer un peu, elle vire au rouge quand j'comprends de quoi elle parle. Ca m'arrache un p'tit sourire et je hoche la tête. "Ouais ouais, j'ai bien compris. Tu comprends mieux ce que je disais, par rapport à ce que ça fais ressentir un baiser et tout ça, c'est ça?" J'faisais écho à notre conversation en dessous de l'arbre de son jardin, celle qu'on avait eu il y a quelques mois déjà. Alors que je venais juste de rencontrer Leyla et qu'Abi, à ce moment de sa vie, n'avait encore jamais embrassé un seul garçon. C'était apparement, un moment bien révolu. J'repose mon attention sur Abi, plantant mes yeux bleus dans les siens. "Bon, alors, c'est quoi ce problème alors, réellement?" que j'lui demande, très sérieusement. J'voulais vraiment comprendre pourquoi Abi était aussi perturbée par cette histoire.

Me confier à mon ami … C’était une bonne idée, je le savais, il serait de bon conseil, mais je ne savais pas si c’était le bon moment. Avec Baz tout était étrange, intense, puissant, trop rapide, trop fort… C’était une chose qui me bousculait, qui me faisait virevolter et qui au final faisait trembler ses fondations que j’avais mis des années à construire, des années à me cacher derrière ses murs, de peur ? De crainte? D’envie? J’en savais plus rien. Il heurtait mes pensées, les faisaient vriller vers de nouveaux horizons, je devenais une autre à son contact, … Et j’avais peur de ne pas être.. Moi… Celle que j’avais créer. Ou alors de me réveiller, de grandir…

Les mots  et les confidences viennent lentement mais surement sur le tapis et Eli me demande si il me force. Je secoue la tête. « Non. Non... Je suis toujours … consentante. Enfin... » Je pique un fard, ce mot est plus utilisé de nos jours pour l’acte sexuel que pour sa réelle utilisation. Et je rougis encore plus à la suite de notre conversation. Un petit sourire timide les joues totalement rouges. « Oui... Plus aussi... » Oui plus.. Car nous avions sauté le pas… Pas de la manière prince charmant que j’aurais pu imaginer avant de le rencontrer mais… C’était nous non?

Je soupire. Mon regard dans le sien. « On... On est pas en couple... Enfin il ne veut pas de ça. Il m’a dit qu’il pouvait plus aimer. Il… Il n’est pas… L’étudiant bien sur lui.. Enfin c’est… Plus un gars en noir, qui sort le soir… Sombre… » Et même si j’ai pas peur avec lui, je sais que nos mondes s’opposent… "Et quand on est ensemble... J'ai l'impression de perdre mes repères, ... De ne plus savoir si ... j'ai peur quand je fais un truc, si c'est bien ce que je fais... Tout est si ... différent." De mon quotidien, de mes habitudes... Une nouvelle aventure mais... bonne? Je ne savais pas. Tellement pas l'habitude d'être bouleversée dans mon train train quotidien.

J'étais pas le gars le mieux placé de l'univers pour donner des conseils en amour. J'dois même dire que ça tenait presque du miracle que j'sois en couple avec Leyla aujourd'hui. Les choses s'étaient faites naturellement sans que j'ai besoin d'user d'une quelconque technique de drague. Forte heureusement pour Leyla d'ailleurs, puisque le flirt, c'était clairement pas mon point fort. Mais là, avec ce qu'elle me racontait Abi, on était pas sur une histoire simple. Ca coulait pas ultra smooth entre eux, j'le voyais bien parce qu'Abi, elle semblait super confuse dans ce qu'elle me disait. Déjà, elle me rassurait, concernant le consentement tout ça. J'voulais juste m'assurer qu'elle soit pas avec un mec ultra toxic. Je hochais la tête, simplement. "C'est vraiment important ça Abi." J'étais assez sérieux, mais j'voyais bien à ses yeux qu'il y avait pas mal de positif dans son histoire avec ce mystérieux gars. Elle semblait juste bien troublée. J'lui demandais en quoi c'était compliqué et j'écoutais sa réponse. Je grimaçais un peu, ouais ça avait l'air d'être bien bien le bazar cette relation. Le gars, apparement, c'était pas un p'tit gars propret la tête dans les livres, comme pouvait l'être Abi. Elle s'était éprise d'un gars bien différent d'elle et j'pouvais comprendre du coup, leur monde s'opposant, que ça soit déroutant. "Toi? tu voudrais être en couple avec lui? Que les choses soient plus simples? Ou ça te va, cette situation?" Après tout, peut-être pouvait-elle y trouver une certaine forme de liberté. J'avançais un peu à l'aveugle dans cette histoire. Elle me décrivait un gars dans le genre sombre. Automatiquement je pensais à Archie Harding. Le gars que j'avais vu traîner un soir avec Leyla. Ca nous avait causé une p'tite dispute, et du coup, ce genre de type, j'les portais pas dans mon coeur. "J'vois un peu quel genre de gars il peut être. Le genre qui casse des gueules et qui prend des drogues dures, c'est ça?" J'avais l'impression d'être un p'tit chaton inoffensif à côté de ce genre de mec, bien plus viril que moi. "Effectivement, on est loin de ta douceur." que j'dis, un peu pensif. J'voyais bien qu'elle se perdait un peu, qu'elle avait l'impression de plus être tout à fait la même. "Mais, quand tu te sens différente, tu ressens quoi? Est-ce que t'es genre bien? Comme si tu découvrais une autre part de toi?" Je soupirais finalement un peu, terminant le cookie avant de me frotter les mains pour en débarrasser les miettes. "Moi, j'dis, Abi, fais attention à toi. Tout ce que tu es, tout ce qui fait toi, c'est ça qui te rend si géniale, si spéciale. Tu comprends? Changer pour quelqu'un, c'est jamais bon signe." Ouais, j'étais vraiment moyen-chaud à la savoir dans une relation avec un sale gars. Oui oui, je jugeais ce mec sans le connaître, mais il m'inspirait pas confiance. Pas du tout.

« Je sais.. Et il ne fera jamais… Rien si je suis pas d’accord, il n’ira pas … Trop loin, ne t’en fais pas… » Il avait des allures brutes, parfois ses gestes étaient… durs, mais je sais que si je lui disais de partir, d’arrêter, il le ferait… Il n’était pas le monstre qu’il décrivait pour parler de lui. C’était pas un démon, j’en étais certaine. Mais parler de tout ça avec Eli me permettait aussi de voir plus clair, de savoir que le négatif dans notre relation était surtout ma peur… Et cette crainte d’’amour à sens unique. Petit hochement de tête. Oui j’aimerais plus… « Sauf que .. J’ai l’impression que lui aussi parfois… Enfin c’est compliqué, j’ai … Il avait une copine avant, et je crois que cette histoire l’a brisée… C’est pour ça qu’il refuse tout. » Et je ne pouvais pas être celle qui le guérirait, c’était un travail à faire lui seul,…

« Oui… Ce genre là… » Je murmure en évitant son regard. « Mais … Il y a autre chose en lui. Je.. Je sais pas comment l’expliquer. Mais il aime les chats enfin.. Surtout le noir là.. » Un chat hyper solitaire, qui n’approchait pas vraiment grand monde, mais avec Baz il y allait directement. « C’est… ce qui me perturbe, j’ai peur… de me perdre. Je suis pas … Forcément bien car j’ai peur de ne pas faire ce qu’il faut, d’être trop… différente, mais … D’un autre côté, il me fait découvrir des limites, des choses que j’ai jamais eu et ça… » Je rougis et un petit sourire étire mes lèvres. « J’adore ça.  Mais si … Si je suis trop … différente, plus pareil, les gens… » Le regard des autres encore… J’étais tellement terrifiée à etre encore un ovni pour tout le monde. « Et si .. je découvre juste? Que je grandis… Tu sais.. Enfin je sais pas trop…. »

Je termine et enlève enfin mon tablier. « Tu m’as pas parler de toi et Leyla.. Alors dis moi tout. » Changeons de sujet, depuis que j’ai parler du côté sombre j’ai l’impression qu’il est encore plus tendu, je le connais protecteur mais je ne veux pas lui causer d’ennuis… Ni d’inquiétudes, mais il a raison, je ne dois pas changer, je dois garder ce qui fait que je suis moi... Même si avec Bastian, j'ai l'impression de déployer mes ailes..

J'savais plus tellement quoi penser de tout ça. J'me surprenais à agir en protecteur avec Abigail. Généralement, c'était pas le genre de rôle que j'me donnais, j'pouvais donner des conseils mais vraiment craindre pour les autres, c'était assez nouveau pour moi. Et là, j'avais assez peur pour Abigail, parce qu'elle était peut-être pas tomber sur le bon. J'tentais de comprendre, de faire le clair dans mon esprit. Abigail ne tarda pas à ma rassurer concernant ce qu'il pourrait éventuellement lui faire. J'me contentais de hocher la tête. Abigail n'était pas idiote, loin de là, et elle semblait juste un peu perdue. J'écoutais attentivement Abi me parler de leur relation qui n'avait rien de simple et douce. J'fronçais un peu du nez lorsqu'elle évoqua une ancienne relation qui l'empêchait lui, d'avancer. "Ouais j'vois, peut-être qu'il faut lui laisser du temps, de l'espace. Et se rendra compte par lui même de ce qu'il a vraiment envie." C'était jamais évident de voir clair dans une relation, surtout quand l'un des protagonistes avaient un mauvais passif avec les relations amoureuses. Mais j'pouvais pas m'empêcher de rajouter quelques mots. "En tout cas, toi, si t'es clair, c'est le principal. Et tu ne pourras pas l'attendre éternellement. Faut lui faire comprendre ça aussi." L'idée, c'était pas qu'elle se fasse mener par le bout du nez par ce type. D'autant plus qu'il semblait être dans le genre bad guy. A ce stade, je ne savais pas encore de qui il s'agissait, mais Abi semblait déceler un lui comme une part de tendresse. Elle me désigna un chat noir d'un signe de la tête, qui semblait avoir trouvé compagnie auprès de ce gars. J'souris un peu. "C'est l'genre qui assume pas d'avoir un côté doux c'est ça?" Moi ça me dérangeait pas d'être un p'tit bisounours, j'assumais ce côté en moi et j'en jouais aussi pas mal. J'étais toujours celui qui voyait le positif partout, dans les situations et chez les gens. De toute façon, je n'avais pas les épaules pour être un mauvais gars. Abigail était toujours bien confuse quand elle me parlait de cette histoire mais j'commençais à y comprendre quelques tenants et quelques aboutissants. Elle semblait pas tellement indifférente à ce qu'il lui faisait vivre. Je haussais un peu les épaules, toujours très terre à terre. "Si t'adore ça, ce que tu ressens avec lui, alors ne pense pas à ce qu'on pourront penser les autres. Les autres, on s'en fout." Je marquais une pause avant de rajouter: "le plus important c'est toi. Peut-être que tu testes tes limites avec lui, c'est nouveau pour toi et c'est normal d'avoir un peu peur." J'changeais un peu mon discours parce que mine de rien, avec tout ce qu'elle m'avait dit, Abigail, elle me rassurait un peu. Finalement, Abigail se débarrasse de son tablier et change de sujet. Je souris comme un p'tit beta à l'évocation de Leyla. Je m'étire un peu sur ma chaise avant de ramasser la serviette qui contenait les viennoiseries que je viens d'avaler. "Et baaah, ça se passe super bien. On s'voit assez régulièrement, c'est super simple en fait. On va s'retrouver un peu plus prochainement. Mon appart sera libre, ma coloc part en vacances, donc on va bien profiter je pense." J'marque une pause. "Histoire d'être tout à fait certain qu'on feat bien ensemble. Genre, à temps plein." J'souris un peu, j'sais que j'suis assez fatiguant au quotidien, Alexis devrait avoir une médaille pour me supporter H24. J'espère que ça serait la même chose pour Leyla. Ca m'angoisse pas tellement, mais j'y pense, un peu.

Parler à Eli de Baz était inédit, c’était la première fois d’ailleurs que je parlais d’un homme, un garçon, à Elijah. Je n’avais jamais eu de relation, intime, proche, autre qu’une amitié, et encore qu’avec lui, donc je n’avais pas réellement à en parler. Il était un des acteurs de cette relation. Mais là, c’était différent. Le passé de Baz était encore en lui, le hantant, alors oui, Elijah avait raison, je devrais lui laisser du temps, j’hochais doucement la tête, prenant son conseil, le notant, et me jurant de ne pas oublier de l’appliquer. Mais peut-être qu’attendre… Je pourrais le faire, pas tout le temps.. Si? Je n’avais jamais eu personne avant Baz alors j’étais pas si pressée c’était sûre. « Oui… Je ferais attention à ça… »

La suite de la discussion me fait sourire, je voyais mal Baz en public dorloter ce chat avec des petits bruits comme certains faisaient mais j’hochais la tête. « Je pense oui. Avec moi… Il sait l’être. »
Dis-je en rougissant légèrement. Pas toujours, pas tout de le temps mais… Il a su me montrer cette part de lui, à l’ombre de cette noirceur, qui m’a mise en confiance, qui m’a apaisé et qui a su me ravir.
Elijah n’était pas mon ami pour rien, mon confident, ce lien unique qu’on avait, le premier à m’avoir approcher, moi la bête peureuse de la maison d’à côté. Il me rassura. Son pouvoir, la confiance que j’avais en lui. Je devais le croire, les autres n’étaient rien par rapport à ce que je pouvais ressentir, vivre… Et surtout je ne serais pas différente, juste plus moi… Si je ne dépassais pas les limites.

Leyla, sujet bien différent mais qui me permit un peu de respirer, cette femme qui avait fait chavirer le coeur de mon ami. J’ouvris la bouche dans un o de surprise mais avec un sourire. « Oh donc … Emménager ensemble est dans les projets à court terme? Top. Elle doit vraiment être géniale. Tu n’as pas l’air difficile à vivre alors … Elle va craquer et ne plus quitter ton appart. »

J'sais pas si j'étais le mec le mieux placer de Bowen pour donner des conseils en amour mais ce dont j'étais sûr, c'est que j'ferais tout pour Abi. C'était une personne que j'affectionnais énormément, j'avais beaucoup de confiance en elle, j'crois que j'pourrais tout lui dire, tout lui raconter sans avoir l'ombre d'une peur. Au contraire, avec elle, c'était toujours la sincérité qui primait. Elle m'avait raconté l'histoire qu'elle traversais avec un mec. Au début, j'avais comme eu pas mal d'inquiétudes avec son discours, mais à force de creuser, j'commençais à y voir plus clair. Pour être honnête, j'étais pas persuadé que ce type était fait pour Abi, elle avait besoin d'sécurité affective Abi, elle avait besoin de douceur et j'savais pas tellement si ce gars pouvait lui apporter tout ça, alors j'la mettais un peu en garde, surtout, de faire attention à elle, avant tout. Je hochais la tête à sa réponse, bien satisfait de voir qu'elle prenait tout ce que je disais pour argent comptant. Abi, elle rougissait à chaque fois qu'elle parlait de ce gars, j'crois qu'elle était bien éprise de lui et c'était assez nouveau pour elle. J'comprenais ses questions, ses doutes mais aussi sa p'tite tendance à vouloir s'accrocher à tout ça. J'me promettais intérieurement de rester bien prudent, de continuer à parler et à avoir Abi dans mon cercle, juste par attachement à elle. J'étais totalement contre l'idée que quelqu'un puisse lui faire du mal. Elle était beaucoup trop précieuse à mes yeux.

On changea de sujet et j'lui donnais quelques nouvelles de Leyla et moi. Nous deux, ça roulait et j'voyais bien à son air qu'elle était assez surprise de tout ce que je lui racontais. Je riais en l'écoutant, secouant la tête. "Emménager, c'est un bien grand mot!" J'marquais une pause avant de reprendre un peu mon sérieux. "Très sincèrement, j'suis pas tout à fait sûr d'être si facile à vivre. Enfin, j'veux dire, j'suis marrant tout ça, mais j'peux parfois être un peu .. épuisant?" J'laissais mes mots en suspens cherchant l'approbation dans les yeux d'Abi. Elle le savait plus que personne que j'avais une bonne dose d'énergie à revendre. J'repensais à ce que venait de dire Abi et ouais, j'me surprenais à me dire que ça m'plairait bien que Leyla ne veuille plus quitter le #23 après nos quelques semaines ensemble. "J'suis pas sûr qu'Alexis sera très partante d'se faire mettre à la porte par contre." J'marquais une pause et regardais Abi plus sérieusement. "Toi, t'y a pensé à quitter la maison?" Abi avait toujours vécu dans cette maison familiale. Depuis aussi longtemps que j'la connaisse.