(sahan) you are so beautiful

ootd - Ce fut lui qui ouvra au livreur, le remercia et récupéra la commande. Il la disposa sur la table basse face au canapé et comprit que cela ne serait pas aisé de manger. Il n’avait pas faim, ça lui donnait la nausée. Il savait bien que Sahan ne le forcerait pas mais lui avait besoin de s’y obliger. Pour commencer parce qu’il ne pouvait pas avaler ses médicaments seuls, bien qu’il s’agisse essentiellement de compléments alimentaires. Justement. Avant de réaliser qu’il ne les avait pas. Il était parti sans les prendre, il les voyait trainer sur sa commode à l’entrée de son studio. Bêtement. Il allait devoir manger simplement comme tout le monde et ne pas avoir peur. Peur de quoi ? De tout recracher, de ne pas assumer.
Il déglutit, ses doigts tremblèrent rien qu’en attrapant le thé qu’il s’était commandé pour lui. Pour Sahan un café glacé. Comme il les aimait. Les aimait-il toujours ? Peut-être que ses goûts avaient changé. Car Sahan ne prenait plus son café préféré le matin avant qu’il parte s’enrôler. La drogue l’avait remplacée, plus amère mais dont les effets étaient plus agréables sur le long terme. N’est-ce pas ? Plus efficaces pour endurer la journée à venir. Il espéra ne pas s’être trompé en lui prenant cette boisson.
Il lui prit les mains, apprécia ce contact entre eux. Sahan possédait aujourd’hui ce courage qu’il n’avait plus et il avait besoin d’y puiser dedans. Juste un peu. Il n’irait pas l’en délaisser, effrayé qu’il était que le même schéma ne se reproduise. C’était normal d’y penser, cela les avait dépossédés de ce qu’ils avaient construit ensemble. Et il les observa, ces mains. Ces mains d’artiste, artiste puisse-t-il être. On dit d’un artiste beaucoup de choses et il aurait aimé qu’on ne dise de son aimé qu’il n’en était qu’un comme les autres au lieu de le hisser au bord d’un sommet duquel il avait chuté.

« Pourquoi est-ce que tu es parti faire ton service militaire ? »

Il lui parlait en coréen, il voulait que cela soit facile pour lui parce que la langue anglaise était plus compliquée pour lui que la langue coréenne ne l’était pour lui. Il replaça l’une de ses mèches derrière son oreille, naturellement, et sentit son coeur se réchauffer à ce geste qu’il se permettait. Enfin. Ça revenait, ce n’était pas parti.
Il n’avait pas compris pourquoi Sahan avait décidé que partir faire son service militaire l'aiderait et il en avait déduit que son ancien petit-ami avait dû penser que c’était ce qui était le mieux pour lui. Lui n’avait pas eu les moyens pour l’aider et il avait fallu qu’il se fasse une raison. C’était la meilleure qu’il s’était trouvée, douloureuse.

« Pourquoi…, commença-t-il avant d’hésiter, Ah, tu dois avoir des questions toi aussi. », sourit-il, gêné.

Pourquoi est-ce que tu as pris cette drogue et l’as-tu laissé te bouffer ? Il attrapa des baguettes, piocha dans le riz et en avala une bouchée. Ça passait. C’était bon. Il en saisit une autre bouchée, la plaça devant la bouche de Sahan.
Essayer. Essayons, Sahan, s’il-te-plait.

@sahan kwon

ootd - Il y avait pensé de nombreuses fois. La première pensée avait été de se demander qui lui avait fourni de la drogue, la deuxième pensée avait été de savoir s’il y avait été de son plein gré ou si quelqu’un avait remarqué sa décadence et en avait tiré profit. Rejeter la faute sur les autres avant de la rejeter sur Sahan avait été plus facile jusqu’à ce qu’il ne puisse plus parce que le jour où il avait découvert que Sahan était en train de sombrer était un jour de plus où il était trop tard. Il avait raté le coche, il ne l’avait pas vu en prendre la première fois et il n’avait pas été capable de l’arrêter à temps. Il l’avait supplié pourtant, d’arrêter, encore et encore, et il l’avait vu en reprendre, encore et encore. Il en était devenu fou comme s’il avait fini lui-même par en prendre alors que ce n’était pas ça. Il en avait voulu au monde entier et il lui en avait voulu.
Il lui en avait voulu à Sahan. Il lui en avait voulu de s’être tu et de ne lui avoir rien dit. Il n’avait pas non-plus été aveugle, il avait même essayé de l’aider en lui parlant et en lui communiquant le fait qu’il était là au besoin avant que ça ne dégénère. Et Sahan avait plongé tête la première. En soi, il l’avait souhaité car la pression qu’exerçait sa famille sur son être princier était aussi étouffante que le reste et quand les doux sourires d’un être aimé ne suffise plus, on cherchait la délivrance autre part. S’en était-il réellement senti mieux ? Il avait tant de questions à lui poser, reposer puisqu’il les lui avait balancées à la figure plusieurs fois. Durant leurs disputes qui ne cessaient, où il commençait à lui-même s’en vouloir de n’être rien d’autre que la mauvaise étoile tombée du ciel.
Et malgré tout, il continuait de l’aimer du fin fond de son coeur parce que si Sahan était parti c’était en grande partie pour qu’il puisse retrouver de l’oxygène. Mais ne l’étais-je pas moi aussi ? N’étais-je pas ton oxygène ? Comment as-tu fait sans moi ? Et si lui-même avait du mal à avaler aujourd’hui ce qui permettait à un être humain de vivre et de se constituer, il ne sut comment réagir en voyant son interlocuteur refuser cette bouchée qu’il lui présentait.

« Je… »

Mais il n’acheva pas sa phrase. Ses yeux fixèrent le riz entre ses baguettes et il eut envie de tout envoyer valser. Cette maladie, cette addiction. Le fait qu’ils n’aient demandé qu’à s’aimer. Il releva le visage, prêt à être honnête, et se laissa submerger par l’émotion à ces mains qui vinrent le trouver. Avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, Sahan l’embrassa. Sa main lâcha les baguettes qui tombèrent au sol et il se sentit revivre. Et il se lova ensuite dans le creux de ses mains, retint les larmes qui menaçaient de s’écouler et ferma les yeux.

« La vérité est que je t’attendais chaque jour, Sahan, dit-il la voix tremblante, même si tu m’as laissé dans le hall de cet aéroport et que j’ai cru que tu ne me reviendrais jamais. Je m’en suis toujours voulu de ne pas avoir su t’aider, rouvrit-il les yeux pour les ancrer aux siens, Sahan, why? Why was I not enough? Am I now? »

Il avait posé ses mains sur son torse et ses doigts s’accrochaient au tissu comme s’il craignait qu’il ne s’évapore sous ses yeux. Jusqu’à ce que l’une de ses mains ne remonte dans son cou, à sa joue et ne la caresse. Sahan était là devant lui et ce n’était pas un rêve. Il n’allait plus le laisser lui échapper, il allait le garder près de lui, même s’il y avait bien des choses dont ils avaient encore à parler. Probablement d’autres disputes mais, aujourd’hui, cela sera différent. N’est-ce pas ?

@sahan kwon

ootd - Planté dans le hall de l'aéroport, il était resté figer dans le temps à le regarder s'en aller. Sahan ne s'était pas retourné, n'avait pas jeté un regard en arrière. Ce jour-là avait mis un point final à leur histoire. il avait baissé les yeux, au bout de plusieurs heures, ignorant les voyageurs ou les accompagnateurs, avait fixé ses chaussures sans y croire. Sans admettre qu'il n'avait pas suffi. Il n'avait pas été assez bon pour l'aider. Il ne lui avait pas insufflé l'amour qu'il lui fallait ou peut-être avait-il agi à contrario. Il avait glissé les mains dans ses poches, pris ou épris de froid, et avait à son tour pris une porte.
Celle de la sortie. D'une fin.
C'est toi qui lui a murmuré cette pensée.
Sahan n'était pas revenu, il ne l'avait pas rejoint. Il avait perdu la tête. De cet amour enchaîné jusqu'aux constellations destructrices.
Et il ne l'avait aimé malgré tout que plus fort. Que penserait sa famille de ces retrouvailles ? Ils s'étaient faits du mal. Ça n'avait pas marché la première fois, pourquoi est-ce que ça fonctionnerait la deuxième fois ? Sauf qu'eux ils ne savaient pas. La vérité. La vérité qu'au premier regard il était tombé pour lui. Il se laissa bercer, se mit à pleurer entre ses bras. Au fond, ce n'était pas grave qu'il soit parti puisqu'il lui était revenu. Il aurait aimé seulement savoir lire l'avenir pour le savoir. Il allait plutôt s'assurer désormais de le garder contre lui et qu'ils ne refassent pas les mêmes erreurs.

« I just continue to love you more and more. »

Puis ce fut à son tour de venir cueillir ses lèvres. S'en abreuver, retrouver des couleurs. Il n'était plus certain d'avoir mais il se devait de manger. il n'avait plus à avoir peur des lendemains alors il récupéra ses baguettes et avala une nouvelle bouchée.

« Merci d'être revenu, Sahan, lui dit-il en attrapant sa main, je, commença-t-il, hésitant, je me doutes que tu n'avais pas vraiment envie de venir ici mais, tu vas voir, c'est joli. »

Et il lui sourit. Il se mit timidement à sourire quand quelques larmes dévalaient de nouveau de ses yeux. Sahan était là auprès de lui et il s'essuya du bout de sa manche ses joues inondées. Inondées de cette joie douloureuse mais elle avait beau l'être, elle était étrangement calme. Il se sentit soudainement épuisé et il colla son front contre le torse de ce prince déchu dont il n'essaierait plus de le faire briller autant qu'avant. La lumière n'était pas réellement source de bonheur à y penser, il ne l'était pas de ce fait et il avait compris au fil des jours passées que les constellations éparpillées pouvaient être aussi belles et apportaient autant de réconfort dans l'obscurité.
Il ferma les yeux, se laissa doucement blottir contre lui. Il ne s'en irait pas comme la dernière fois, il resterait près de lui. Sa présence, sa chaleur, était pour lui tout ce qu'il avait de plus apaisant face à son âme abîmée.

« Please, let's drawing this world together this time. », souffla-t-il avant de s'endormir.

@sahan kwon