and on your machine I slur a plea for you to come meet me (aisling)

Aisling haussa légèrement les épaules, un fin sourire sur le visage. Les activités physiques n'avaient effectivement jamais été son fort, notamment dû à son problème de poumon qu'elle n'avait jamais vraiment fait contrôler régulièrement.

-J'suis clairement meilleure en levée de coude.

Un sourire taquin se dessina sur ses lèvres.

-Mais je peux rester allongée sur la plage en te contemplant naviguer, y a pas de problèmes.

Elle eut un petit rire. Evidemment, elle pouvait aussi nager un peu, tant que ça n'avait rien de trop demandant. Elle ne ferait pas la course avec Oskár elle savait bien qu'elle perdrait.

Elle eut un rire quand, pour échapper à cette fête d'anniversaire imaginaire, il argumenta être trop ennuyeux. Heureusement que Sio' pouvait animer une fête pour deux. Elle avait parfois le petit côté clown de son père quand elle était entourée de beaucoup de monde. Bref, la blonde avait avancer cette idée pour embêter Oskár, et peut-être aussi pour lui changer un peu les idées, mais elle ne lui imposerait jamais.

Aisling acquiesça d'un signe de tête au commentaire de son ami sur Chase. Il s'était sûrement fait des idées sur leur relation à l'époque. Mais peu importait aujourd'hui, il était sorti de sa vie. Définitivement. Comme beaucoup d'hommes de cette période. Mais elle fit la grimace quand Oskár résuma la situation de façon si directe.

-Ouais, ouais j'imagine qu'on peut voir ça comme ça...

Elle soupira et haussa les épaules.

-On sait tous les deux qu'il n'y a pas que deux scénarios. Ne pas s'attacher, ça évite de nous faire souffrir. Mais ça nous rend aussi moins heureux.

Aisling semblait être devenue une grande philosophe après toutes ces années.

-Je pense que c'est normal de ne pas avoir envie de s'attacher maintenant. Prends le temps qu'il te faut, non ? Et épingle une photo de Sahar chez toi, qu'on joue aux fléchettes un peu.

Fin juillet 2023

tw : consommation d'alcool, mention de drogues

« Ah ça, j’te contredis pas. J’crois que j’y ai aussi beaucoup plus d’aptitudes que dans la plupart des sports. » Tu faisais beaucoup de musculation mais chez toi, avec ce que t’avais dans ton loft ou aux alentours. T’aimais pas trop l’idée d’aller t’enfermer dans une salle de gym avec des machines. Pour le reste, quand on regardait ton endurance cardiovasculaire, on comprenait bien vite pourquoi t’avais choisi la voile comme “sport”. Les guillemets étaient nécessaires ici puisque ce n’était pas considéré comme un sport par tout le monde, naviguer un voilier. Ça prenait quand même de la force, de hisser et de régler les voiles, mais à distance ça n’avait pas l’air bien compliqué. Puis, ça prenait énormément de connaissances et de vocabulaire, les règles à suivre n’existaient pas que dans le football. Surtout pas quand il était question de vents changeants. « Tant que tu parles de la plage de mon voilier et non pas celle de Gray’s Bay, ça va, je pourrai faire avec. » Hormis lorsque tu donnais des cours, tu t’adonnais autrement à la voile de manière assez solitaire. Ces moments étaient précieux pour toi, mais tu ne refusais jamais un peu de compagnie non plus. Enfin … sauf lorsqu’il s’agissait de la compagnie d’enfants, encore pire pour une fête d’enfants. Tu déclinas donc cette fausse offre avec humour, puisque rien n’était sérieux. Le ton devint un peu moins léger alors que vous parliez des histoires d’amour foireuses d’Aisling avant qu’elle ne rencontre Isaiah. Ou avant qu’ils ne soient ensemble, plutôt. « Non, non, j’sais bien que rien ne presse … comme tu dis, peut-être qu’avec le temps … j’aurai envie de réessayer. Peut-être que ça me tombera dessus sans prévenir, aussi. On verra bien. » Tu haussas les épaules à ton tour avant de caler ton verre d’un trait. « Tu sais quoi ? Ton idée de fléchettes me plaît. On y va ? Pis boire chez moi coûtera moins cher qu’ici. » Tu déposas quand même des billets sur la table pour payer vos consommations désormais terminées.  

Aisling eut un rire quand Oskár alla dans son sens concernant la boisson. Il était tout de même plus sportif qu'elle - ce n'était pas difficile, certes. Elle le savait beaucoup aimer la voile, et ça lui paraissait sinon physique au moins très technique, et elle ne s'était jamais senti de s'y risquer. Bien qu'il n'était pas exclu qu'un jour, au détour d'un gage et d'une soirée trop arrosé, son ami la contraigne à une sortie.

-Oh n'importe quelle plage, je veux même bien monter sur le voilier si ce n'est pas moi qui manœuvre !

Mais ces machines ne lui paraissaient pas bien grande, il risquait de l'écraser en se déplaçant sur le bateau, non ?

Aisling hocha la tête de haut en bas quand il prononça ces mots "Peut-être que ça me tombera dessus sans prévenir". La blonde avait l'impression que c'était toujours ainsi que les choses se passaient. Elle, ses parents... On n'était jamais vraiment préparé à l'amour. Il arrivait et bouleversait tout. Parfois dans le mauvais sens, comme avec Sahar, parfois dans le bon.

-Tu rencontreras peut-être l'amour de ta vie dans un bar, mais moi je suis déjà prise.

Elle le regardait avec un sourire taquin. Rien que "amour de sa vie" était une expression à laquelle elle ne croyait pas, tout comme les âmes sœurs. Mais les grands romantiques aimaient en faire des caisses.

-Peut-être que la prochaine fois... Il faudra simplement que tu prennes le temps de la connaître mieux.

C'était là presque un conseil censé de sa part. A sa proposition d'aller faire des fléchettes chez lui, un large sourire apparut sur le visage de la jeune femme et elle se leva d'un bond.

-Ah ! Tu vois que j'en ai, de bonnes idées !

Consommation payé, elle rassembla ses affaires.

-En route !

« Ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd ! Une fois à bord, tu voudras essayer, j’suis sûr. Et pis si non, t’iras faire bronzette un peu plus loin sur le voilier. » Tes pensées t’emmenèrent dans un endroit interdit, te disant que ça te ferait une belle vue, en plus de la mer autour. Évidemment, tu ne dirais jamais cela à Aisling. T’avais trop de respect pour elle. Tu avais toujours trouvé qu’elle était une très belle femme, bien plus sensuelle que ce qu’elle pensait sans doute d’elle. Et puis, vous connectiez énormément d’un point de vue relationnel. C’aurait été mentir de dire que t’avais jamais songé à elle de cette manière-là. Mais plus depuis plusieurs années. Elle était avec Isaiah. Et t’avais eu Sahar. Maintenant t’avais plus personne. Si tes pensées étaient passées vers autre chose, Aisling les ramena sans le savoir, comme si elle avait lu dans ta tête, un peu plus tôt, quand vous parliez de voile. « Oh parce que tu crois que je pourrais avoir un oeil sur toi ? » Plaisantas-tu, pour te défiler, surtout. « Ah oui, c’est sûr, ce qu’on pense appeler un “coup de foudre” la vérité c’est que c’est que de la bullshit. » T’étais tombé pour Sahar en un regard, un sourire, elle avait tout pris de toi, tu l’avais laissée faire, t’avais perdu toute raison. Tu ne savais pas si c’était ça, un coup de foudre, mais en tout cas ça faisait aussi très mal, après. Tu ne souhaitais pas revivre ça. La colère qui t’habitait désormais prenait toute la place et ce n’était pas sain. Peut-être qu’il faudrait que tu l’extériorises … avec un jeu de fléchettes. « Ça t’arrive ! » Consommations terminées et payées, tu guidas Aisling jusqu’à chez toi. Ce n’était pas bien loin, t’habitais en bordure de la mer, tout comme le bar de la plage, alors c’était une ligne droite les pieds dans le sable, sur bien peu de kilomètres. Une fois à la maison, dans ton loft au-dessus de ton école de voile, tu sortis deux verres pour continuer la soirée avec de la téquila - pour toi en tout cas. « En vrai j’ai pas de jeu de fléchettes officiellement mais, on devrait pouvoir se créer un truc similaire par nous-mêmes, non ? » T’avais des planches de bois et des couteaux, au pire du pire. « Téquila ? Sinon tu fouilles, j'dois avoir autre chose que ça. Peut-être. » Lâchas-tu avec un sourire.

Elle eut une moue perplexe alors qu'il lui assurait qu'elle voudrait essayer. Toutes ces codes, cette surface instable, le vent... Non, tout ça lui paraissait bien trop complexe pour qu'elle s'y intéresse vraiment. Mais sans doute que si Isaiah était là il ferait remarquer qu'elle disait toujours non d'abord, et puis que finalement parfois elle se laissait tenter. Il fallait savoir la brosser dans le sens du poil.

-J'ai l'impression que tu sous-estimes un peu ma paresse ! C'est clairement mon pêché capital préféré. Quoi que...

Si avec Aisling on pouvait écarter la gourmandise, la luxure n'était clairement pas en reste.

-Faudrait que j'y réfléchisse.

Prise au jeu, parce qu'à ça elle était très facile à prendre, la blonde adressa à son ami un sourire mutin. Ils se connaissaient assez pour pouvoir plaisanter de ça sans qu'elle ne s'inquiète d'envoyer d'étranges signaux.

-Evidemment, tout le monde a un œil sur moi.

Aisling ne pouvait être plus d'accord, et en même temps elle n'était pas très légitime : elle n'avait jamais ressenti quoi que ce soit qui puisse s'approcher du coup de foudre.

-La prochaine fois contente toi de coucher avec.

Ca pouvait apporter son lot de problèmes, mais tout de même moins de problèmes.

Une fois les consommations payées, Aisling avait retiré ses chaussures pour marcher dans le sable jusqu'à chez Oskár. Elle admirait la mer. Elle se rendait compte parfois, trop rarement sans doute, qu'elle avait de la chance de vivre ici. Iels montèrent ensuite chez lui et elle le regarda sortir la téquila.

-Pour l'instant, ça ira très bien.

Il était rare que les jeunes deviennent raisonnables au fur et à mesure de la soirée... Mais qui sait ?

-T'sais, c'est Isaiah le bricoleur...

Elle regarda autour d'eux, réfléchissant à ce qui pourrait bien faire office de fléchette.

-On peut lancer des couteaux directement mais j'sais pas pourquoi ça sonne comme une idée dangereuse.

Face à Aisling t’avais comme l’impression qu’elle cochait davantage de péchés capitaux qu’elle n’en laissait de cases vides. En même temps, elle avait bien dit que la paresse serait son péché capital préféré, et non pas son seul. Et encore, elle ne semblait pas certaine du choix sur lequel elle s’était arrêté, ce qui te fit sourire. Tu ne creusas pas davantage, tu te doutais assez bien de ses pensées. Tu la connaissais assez pour ça. « Mais non, j’la sous-estime pas, justement, j’t’ouvre la porte à n’avoir absolument rien d’autre à faire sur le voilier que d’en profiter ! J’sors suffisamment seul en mer, j’ai pas besoin de toi pour m’aider à bord. » La rassura-t-il (si on peut parler de rassurer). « T’auras qu’à me faire signe quand tu te décideras. » Tu pris une gorgée de ton cocktail. T’étais généralement toujours partant pour une sortie sur l’eau, alors même si elle te le disait le jour même, tu hisserais les voiles. Tu ris quand elle affirma que tout le monde avait un oeil sur elle. Tu savais qu’elle n’était pas sérieuse, elle avait pas une tête grosse comme ça non plus, Aisling. Tu hochas la tête à propos de te contenter de coucher avec la prochaine fille qui te plairait. « Ouais, c’est ce que je ferai. » Ce serait pas mal plus simple. T’aurais pas à inventer un jeu de fléchettes une autre fois dans ta vie. Juste ce soir. Après avoir marché les pieds dans le sable jusqu’à chez toi, tu proposas à la blonde un verre de téquila, qu’elle accepta. Tu versas le liquide dans les deux verres, avec des glaçons, et tu poussas le sien vers elle. Tu trempas tes lèvres dans ta propre consommation. « Bon ben appelle-le, dis-lui qu’on a une commande spéciale, et urgente ! » Ouais, il avait sans doute mieux à faire de sa soirée. Ou des enfants sur qui veiller. À la place, Aisling analysa les items autour de vous. « Oh mais j’sais ! Pas des couteaux, mais j’ai deux petites haches pour le camping, ça peut le faire, ça ! » Il alla ouvrir plusieurs armoires, avant de tomber sur ce qu’il cherchait. « ¡Ahí está ! » Tu retiras les hachettes de leurs étuis et tu en tendis une à Aisling. « Par contre on s’fait ça dehors, pas question que tu vises mal et que tu tues mes plantes ou mes tableaux. » T’étais autant un danger qu’elle avec ça dans tes mains, mais c’était plus drôle de lui faire tout de suite porter le blâme.

Elle ne doutait pas de l'autonomie d'Oskár et encore moins sur un voilier. Et de toute façon, personne ne comptait jamais sur elle quand il s'agissait de responsabilités, et heureusement ça aurait été une bien mauvaise pioche.

-Bien bien ! Je me délecterais de te regarder faire.

Elle hocha simplement la tête pour lui répondre. Elle y songerait, un jour où il ferait un temps idéal pour bronzer, et où elle pourrait se débarrasser des filles. Contrairement à ce qu'on pouvait parfois penser d'elle, ou même à ce qu'elle laissait croire, il était rare que son programme de la journée soit farniente.

-Tu devrais m'écouter, j'ai toujours raison.

Evidemment ce n'était pas vrai, d'autant plus en ce qui concernait l'amour. Elle était quand même plutôt convaincue que se contenter de coucher avec les gens évitait bien des problèmes.

Arrivés chez lui, l'alcool fut vite dégainé. Aisling se fit pas prier pour y goûter, alors qu'elle réfléchissait en même temps au jeu de fléchette qu'ils pouvaient imaginer. Elle arqua un sourcil quand il lui ordonna - presque - d'appeler Isaiah. Si elle était là, c'est qu'il y en avait un d'eux deux qui surveillait les enfants, et pas elle. Mais rapidement il sembla trouver une solution par lui même.

-Des haches carrément ? Tu lui en veux à ce point que t'es prêt à devenir bucheron ?

Elle regarda l'objet tendu avec une grande perplexité.

-Moi c'est pas pour tes plantes que j'aurais peur, c'est pour ta vie, sérieux. On va être de vrais dangers publics.

Mais elle était bien trop alcoolisée et spontanée pour renoncer à cette idée somme toute assez amusante. Ils retournèrent donc dehors, verre de margarita dans les mains.

-Plus qu'à accrocher une cible.

tw : jeu de lancer de haches avec des photos de gens comme cibles

Elle n’avait pas explicitement dit oui, mais elle avait davantage ouvert la porte que d’habitude, à la possibilité de monter sur ton voilier. Tu ne cherchais pas un ou une partenaire à tout prix, t’étais très bien dans ta solitude et puis tu passais parfois des journées sur l’eau avec des apprentis, alors t’atteignais ton quota rapidement. Mais entre une amie ou des élèves, il y avait une différence, d’où ta proposition à la blonde de se joindre à toi quand elle en aurait envie. T’insistas pas plus pour le moment, vous aviez autre chose en tête, soit d’aller afficher une cible avec la tête de ton ex imprimée dessus, pour y lancer des fléchettes. T’étais encore dans ta phase “colère”, Oskár, alors qui sait, ça te délivrerait peut-être vraiment. Une fois chez toi, tu versas deux verres de téquila. Aisling s’empara rapidement du sien pour y tremper ses lèvres, et tu l’imitas, avant de songer à ce que vous pourriez utiliser pour remplacer les fléchettes que t’avais pas. Le mieux aurait été qu’Isaiah vous aide mais ouais, à voir la tête que te faisait Aisling, t’avais intérêt à te débrouiller par toi-même. Tu mis la main sur deux hachettes pour le camping. Ça n’avait rien de très menaçant. « Mais non, avec ça en camping, tu mets trente coups à couper une brindille. J’crois pas qu’on risque quoi que ce soit. » Toi aussi, t’étais bien trop alcoolisé et spontané pour voir le réel danger dont la blonde te parlait. Et pis, comme elle semblait finalement s’en foutre, tu retournas dehors avec elle et tes petites haches. Elle se planta devant un arbre et visualisa la cible. « J’vais aller imprimer un truc je reviens. » Tu passas par le rez-de-chaussée, où t’avais ton école de voile et donc une imprimante pour la paperasse. Tu connectas ton téléphone et tu imprimas une photo de Sahar et de toi, ensemble. Tu reviens vers Aisling, tu déchiras le papier en deux pour n’avoir que la partie de ton ex, et tu vins l’accrocher à l’arbre avec un tout petit clou que t’avais aussi ramené de l’intérieur. Tu pris le dos de ta hache pour l’enfoncer dans le tronc. « Pas mal, ça, pour un jeu improvisé ! » Tu pris une gorgée de ton verre de téquila que t’avais laissé dans le sable.

Aisling s'inquiétait de cette idée de prendre des hachette, mais à priori Oskár était plutôt confiant : tant mieux ! Il l'aurait été après s'être enfilé quelques verres de téquila, elle lui aurait fait bien moins confiance, mais pour l'instant il n'y avait pas de raison que son jugement soit altéré.

-Hum... D'accord... Mais alors, ça va rentrer dans la cible tu crois ?

Enfin, se planter dedans, pas simplement rebondir et tomber au sol. Parce que si c'était ça, le jeu risquait d'être bien moins drôle - et ils auraient besoin de boire beaucoup plus.

Bref, ils se retrouvaient devant l'arbre, mais sans cible, heureusement il avait l'air d'avoir de quoi en fabriquer une - parce qu'il était hors de question qu'ils se retrouvent à devoir dessiner Sahar ou quelque chose comme ça. Il revint rapidement et Aisling ne put s'empêcher de lui piquer la partie de photo qu'il avait déchiré.

-Oh, vraiment... C'était mignon quand même.

La blonde n'avait naturellement pas de tact, et elle semblait en avoir encore moins que d'habitude après déjà plus d'un verre et l'enthousiasme du jeu. Elle en but d'ailleurs une nouvelle gorgée. Elle le regarda planter le premier sa hache. Au moins, ça semblait bien fonctionner.

-Ce qui est drôle c'est de lancer, non ? Aller, pousse-toi !

Elle attendit qu'il se décale et quand elle jugea qu'il était en sécurité, jeta sa hache à environ 2 mètres de distance. La hache n'atteignit pas la cible mais se planta bel et bien dans l'arbre.

-Oh c'est pas mal pour un premier essai !

tw : alcool + jeu de lancer de haches avec des photos de gens comme cibles

T’aurais été confiant pour pas mal n’importe quelle connerie, à ce stade, Oskár. Quand t’avais une idée en tête, on ne te l’enlevait pas. T’étais peut-être pas encore très alcoolisé - ça ne saurait tarder -, mais le peu que t’avais avalé était suffisant pour que cette idée de hachette te semble sécuritaire. Après tout, c’est vrai que même en camping, quand tu voulais t’en servir selon sa réelle utilité, t’avais du mal à obtenir de bons résultats. Tu ne pensais pas que ça puisse représenter un réel danger pour Aisling ou pour toi. En même temps, ça dépendrait peut-être de la force et de la vigueur de vos lancers … Avec une bonne dose de colère, tout était possible. « Si tu fais travailler un p’tit peu tes bras, ça devrait aller. Tiens, ce sera un bon entraînement, en plus d’une bonne façon de se défouler ! » Tu souris et tu t’absentas vers ton école de voile. Après avoir imprimé la photo de Sahar et de toi, tu revins dehors et tu déchiras au centre le papier, pour n’avoir que sa tête. Ton amie en profita pour t’arracher des mains la moitié sur laquelle tu figurais. « Oh ça va, tais-toi. C’est dans ton dos que je vais planter ma hachette, sinon. » La menaças-tu, ne le pensant évidemment pas. La réelle menace fut bien moins violente : tu repris le papier, que tu écrasas en petite boule dans tes mains, avant de la lancer au visage d’Aisling. Tu allas poser le papier déchiré, avec le visage de ton ex, sur le tronc d’arbre. Votre jeu était prêt ! « Oui, oui, une minute ! » Ce qu’elle pouvait être impatiante ! Tu te décalas, allant la rejoindre à une distance raisonnable de la cible. Tu te positionnas derrière elle, du côté opposé à celui de son bras de lancer. Ton verre de téquila en main, t’en avalas une lampée en la regardant rater la cible. « Aaaah, si près ! Au moins on sait que ça fonctionne. Ok, mon tour. » Tu allas récupérer la hachette, et tu retournas auprès de la blonde. Tu visas, un oeil fermé et l’autre ouvert - tu pensais que ça allait aider mais non. À ton tour, tu ratas la cible, t’atteignis même pas le tronc. La hachette alla se perdre dans le buisson derrière. « J’aurais dû choisir un plus gros arbre. Et imprimer une plus grosse photo. » Lâchas-tu en boudant.

Faire travailler ses bras. Est-ce que Oskár s'était transformé en coach fitness ? Elle poussa un soupire et secoua la tête de droite à gauche.

-Mouais. Je ne sais pas si j'ai besoin d'un entraînement pareil.

Mais elle n'eut pas le temps de maugréer davantage puisqu'il s'éclipsait vers l'école de voile. Quand il revint, il n'eut pas l'air d'apprécier son trait d'esprit, et Aisling ne put s'empêcher de sourire plus largement encore. L'alcool ne l'aidait sans doute pas à être plus empathique ou plus agréable.

-C'est ça, et après tu n'auras plus personne pour t'écouter !

Les menaces fonctionnaient rarement avec la néo-zélandaise. Si elle aurait voulu râler de se prendre ainsi une boulette de papier en pleine figure, elle ne réussit qu'à rire. Elle secoua la tête et lui tira la langue.

L'installation mise en place, Aisling n'hésita pas, tentant le coup avec enthousiasme. Il n'était pas bien grave de se ridiculiser devant Oskár, il en avait vu d'autres.

-Et tu crois qu'on devrait s'inquiéter que ça fonctionne ? Te venge pas surmoi hein !

Elle arqua un sourcil à son essai non transformé et retint un rire qui devint un pouffement devant ses excuses.

-Et une hache plus grosse aussi ?

Tant qu'à y être, non ? Elle soupira en le voyant bouder et s'approcha du buisson pour farfouiller dedans et en sortir la hachette. Elle lui tendit.

-Aller recommence. T'es pas assez bourré pour être aussi mauvais, si ?

Tu secouas la tête avec un sourire pincé, alors qu’Aisling était déjà en train de maugréer. T’essayais juste de voir le bon côté des choses. Avant de partir vers l’école de voile pour ton impression plus qu’importante, tu pestas à ton tour : « Toujours en train de voir le verre à moitié vide. » Sans écouter ce qu’elle répondit (si elle répondit), tu poursuivis ton chemin. Tu revins quelques minutes plus tard, avec la photographie de ton ancien couple imprimée dessus, en couleur. Il fallait le plus possible de réalisme. Te volant la partie déchirée sur laquelle tu figurais, Aisling se moqua de toi, ce qui lui coûta quelques fausses menaces. Ça t’en prenait quand même un peu plus que ça pour réellement te fâcher, mais quand même. « Ah parce que tu penses être la seule à me supporter dans mon entourage ? » Tu ris. « Tu n’as pas tort. » Tes proches te savaient râleur mais ça n’avait rien à voir avec ce que tu te permettais avec Aisling. Elle te le rendait bien. Bon, après, tu pourrais toujours te plaindre à ton chien ou à tes chats, hein. Ils auraient un peu moins de répartie que la blonde, ce serait dommage, mais tu ferais avec. Vous alliez aussi faire avec cette installation approximative, qui rendait difficile la tâche de bien viser la photo sur le tronc, mais un de vous deux finirait bien par réussir. « Mais nooon, aucune inquiétude à y avoir. C’est ce qu’on voulait, non ? » Ce que tu voulais, c’était d’atteindre la putain de photo de ton ex, mais non, tu ratas royalement. Ça t’aurait pris un plus gros tronc, et … « Pourquoi pas, ouais ! » Une plus grosse hache, comme le disait Aisling. Tu ris. Oui pour le plus gros arbre, mais la hache, non, c’était sûrement une bien mauvaise idée, ça. Ton amie était allée récupérer la hache dans le buisson. « Peut-être que le problème, c’est que je ne le suis pas assez. » Répondis-tu alors qu’Aisling te demandait si t’étais trop bourré. T’attrapas donc ton verre, et tu le calas d’un trait. Tu pris ensuite la hache que la blonde te tentait. « Prise deux. » Cette fois tu pris un peu moins de temps à viser, et tu lanças la hache qui rentra dans le tronc, au niveau du front de ton ex. « OUAAAAAAAAIS. AAAAAAAAAAAAAH. » Tu criais, les bras levés dans les airs, fier de ton coup, délivré aussi, un peu.

Evidemment, Aisling s'avançait un peu en sous-entendant qu'elle était la seule personne à l'écouter, mais elle aimait se donner plus d'importance qu'elle n'en avait. Et finalement, Oskár ne la contredit pas vraiment, ce qui déclencha un rire général.

-En tout cas, c'est avec moi que tu es en train de boire et de dégommer une photo.

Evidemment, ils voulaient que les petites haches s'enfoncent dans le bois, sinon ils ne pouvaient pas jouer. Mais bon, avec de l'alcool dans le nez, mieux valait que ça ne s'enfonce pas trop. Et c'était certainement le fait qu'elle soit maman qui lui donnait un sens aussi aiguë de la sécurité. Il y a quelques années, elle s'en serait complètement foutu - et ce serait peut être retrouvé à l'hôpital, mais avec de bons souvenirs !

-Ce qu'on veut, c'est que tu te défoules !

Et elle aussi pouvait en profiter pour se défouler comme ça, comment ça elle profitait de la détresse d'autrui ?

Elle le regarda boire son verre d'une traite pour essayer de mieux viser. La partie de son cerveau restait sobre trouvait que c'était là une bien mauvaise idée et que peut-être elle devrait l'aider à marcher droite pour remonter. Mais étonnamment, cette fois, il toucha sa cible. Elle rit devant cette constatation et cria avec lui pour partager sa joie - et faire chier les voisins ?

-Mais quel superbe tir ! 100 points pour le joueur Ochoa !

Elle attendit que la hache soit retirée pour jeter la sienne qui atterrit cette fois sur le visage de la jeune femme.

-Et bim ! Prends ça !

Heureusement, aucune magie vaudou n'était ici à l'œuvre et Sahar ne ressentirait rien du tout de leur petit jeu - sauf peut-être un éternuement ?

Tu ris, tu pouvais boire avec un tas de personnes, surtout sachant que tu bossais au Wojna’s quatre ou cinq soirs par semaine dépendamment de l’achalandage. Par contre, dégommer une photo de ton ex, ça … « Y’a qu’avec que toi que je pourrais faire ça, c’est pour ça. » Lui lâchas-tu avec un sourire. Tu l’aimais pas mal pour ça, Aisling. Pas pour le fait qu’elle était prête à lancer violemment des haches sur une impression de quelqu’un, pas ça précisément, non … Juste, elle se fichait bien de l’opinion des autres. Elle faisait ce dont elle avait envie. C’était rafraîchissant. « Toi, quand tu lances, tu te défoules de quoi, hein ? C’est pas que pour moi, tout ça ! » Dis-tu en désignant ce petit terrain de jeu improvisé que vous aviez devant vous. Tu savais que la vie d’Aisling paraissait bien plus belle et plus complète que la tienne. Elle était une femme sûrement épanouie, dans pas mal de sphères de sa vie. Mais il devait bien y avoir quelque chose ou quelqu’un qui l’agaçait, non ? Elle n’avait qu’à demander, et tu retournais illico presto à l’école de voile pour imprimer une photo de l’objet de sa colère ! Prétextant ne pas être assez bourré pour bien réussir l’exercice, tu calas ton verre et tentas un deuxième coup. Réussite ! Aisling s’enthousiasma autant que toi, criant les bras en l’air. Heureusement que tes voisins les plus proches, ils étaient plutôt loin. « Je te parie cent dollars que tu ne bats pas ce lancer ! » La beauté là-dedans c’est que t’étais sérieux, et tu respecterais ta parole si Aisling arrivait à tirer en plein dans le nez de ton ex. Tu retiras la hache du tronc et la tendis à la blonde. Elle se prépara, attentivement, avant de jeter la hache en plein dans le visage imprimé de Sahar. « IM-PO-SSIBLE ! » Hurlas-tu en tombant les genoux dans le sable. « Impossible. » Répétas-tu en te laissant tomber sur le côté, avant de te retrouver étendu, sur le dos, une main sur le cœur.

Aisling esquissa un sourire. Elle n'avait pas besoin d'être la personne sur qui on pouvait compter. Être la personne avec qui on pouvait boire et faire de la merde ça lui allait très bien - beaucoup moins de responsabilités sur ses frêles épaules.

-On va bientôt dire que c'est moi qui t'incite à faire ça... Ah peut-être bien que c'est moi qui t'incite à faire ça.

Un sourire taquin s'afficha sur ses lèvres avant qu'elle n'éclate de rire.

Elle avait longtemps été le petit démon sur l'épaule des gens. Elle l'était encore mais elle se plaisait à penser qu'elle l'était pour leur bien, comme ce soir. A la question d'Oskár elle haussa simplement les épaules.

-Bah j'te venge, non ?

Sahar l'avait blessé, ça suffisait à susciter sa haine. Pas qu'elle en profiterait pour lui faire un croche-pied dans la rue, mais enfin, elle ne lui porterait pas assistance non plus. Il fallait bien choisir ses amis, encore plus ses ennemis.

-Et sinon contre... le travail qui stagne, mes démons qui ne partent jamais complètement, le capitalisme, la patriarcat, et un peu tout ça je crois.

On en trouvait des choses contre lesquelles on voulait se défouler. Un collègue incompétent. Ce truc pas concluant. Les injustices. On avait tous la haine contre quelque chose. Certains l'exprimaient juste plus que d'autres.

Et là, ils exprimaient leur joie que ce tir soit réussi. Visiblement un peu trop revigoré par cette réussite, il la défia. La bonde le regarda avec surprise. Voilà qu'il pariait de l'argent ?

-Ca fait beaucoup de verres cent dollars, tu sais ?

Mais il semblait tout à fait sérieux, alors pourquoi lutter ? Elle n'était pas à cent dollars prés non plus - et elle trouverait bien une astuce pour se les faire rembourser en verre ou autres petites compensations. Elle se concentra donc avant de tirer et elle fut otut aussi étonnée qu'Oskár ne voir sa hache toucher le mille. Elle éclata de rire avant de se mettre à courir partout, tournant sur elle-même, aussi enthousiaste que quelqu'un célébrant un but.

-Quel incroyable tir de la Néo-Zélandaise !

Elle le regarda effondré, et elle n'arrivait pas à s'arrêter de rire.

-Je n'ai jamais gagné cent dollars aussi facilement !