And I'll be in denial for at least a little while Ft Beck

Les jours passent et je n'ai pas foutu un pied dehors depuis mes dernières courses. Je vis les stores pratiquement fermés pour ne surtout pas voir la vie qui continue sans moi. La vie dans laquelle je me sens incapable de m'intégrer. Je me sens vide, comme un puit de tristesse infinie. Je me sens comme en train de mourir d'un trou béant dans ma poitrine en permanence. Je reste parfois des heures à juste regarder le vide, parfois je regarde Survivor, juste pour voir d'autres gens souffrir. Sinon, j'écoute inlassablement la même chanson. Parfois j'écris dans mon carnet des bribes de paroles, mais je n'arrive pas à les assembler pour qu'une chanson en sorte. Des fois, je scroll les réseaux sociaux pour constater à quel point le monde se porte bien sans moi. A quel point Ari se porte bien. Je ne lui donne plus signe de vie, je n'en ai pas envie, je n'en ai pas la force. Je lui en veux, je lui en veux d'avoir jouer avec moi après que je lui ai avoué ce que je ressentais il y a cinq ans, après m'avoir embrasser. Je lui en veux de n'avoir été que son plan B si Avery ne voulait plus de lui, parce que c'est comme ça que je me sens. Comme une vulgaire roue de secours, qui ne sera autorisé à rouler que lorsque l'une des quatre roues de la bagnole aura crevé. Franchement, qui peut bien vouloir d'une roue de secours, elle n'a même pas le droit d'avoir un enjoliveur. Alors si... une personne veut de moi : Darrel. Dommage qu'il soit complètement dérangé, me stalk et harcèle depuis Londres et qu'il soit un brin abusif.

Aujourd'hui, ne déroge pas à la règle, je ne compte pas sortir de chez moi. Je n'en ai ni l'envie, ni la force. Juste l'idée de voir le soleil me rend anxieuse. C'est alors que j'entend sonner à ma porte. Je me stoppe dans mon mouvement et arrête presque de respirer pour faire croire que l'appartement est vide. Je ne veux voir personne. Sauf que j'ai la bonne idée de vouloir partir me cacher dans ma chambre mais au passage je me cogne dans le tibia dans la table du salon et manque de tomber, dans un bruit sourd qui trahis ma présence. Je soupire pour moi-même en marmonnant un "merde" inaudible et fini par dire. - J'arrive... J'approche donc de la porte et regarde par le judas qui me rend visite. Quand je vois Beck, je lui ouvre doucement. Je dois faire pitié à voir avec mes cheveux pas coiffés et mes yeux rouges, sans parler du chaos qui règne dans mon appartement car je ne trouve pas la force de ranger. - Hey... Comment tu vas ? Je m'attendais pas à te voir ici. Pas aujourd'hui, pas maintenant et sans y être préparer.

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Il y a un moment que je n’ai pas vu Rori, la dernière fois nous avions tourné un clip dans le centre commercial et ça avait donné un truc vraiment génial. La vie par la suite s’était mise à défiler à toute allure, je n’avais pas eu le temps de prendre de ses nouvelles comme il se devait. Puis maintenant que tout semble revenir un peu à la normale, j’ai tenté de lui écrire à quelques reprises, mais quand elle répond c’est toujours vague, ça prend du temps et ça… ça ne ressemble pas à ma Ro ! Au début, je n’insiste pas, il faut dire que je passe pas mal de temps avec Emi et que je bosse, même si je recommence peu à peu à reprendre des habitudes un peu moins saines. Le boulot commence à me faire chier et c’est quand même un boulot que j’ai pu garder pendant longtemps, un record pour moi. À chaque fois que je passe devant l’immeuble de Rori et Elijah, je jette un regard pour essayer de voir si je peux apercevoir la jeune femme, mais toujours rien, silence radio, on ne l’a pas vu sur les radar depuis un temps.

Donc aujourd’hui, j’me suis dit : Rien se sert de courir ... il faut partir à go, encaisser 200$ et acheter l'avenue Connecticut. (citation dans une galaxie près de chez vous) J’ai pas couru, je suis venu en voiture, puis j’me suis dit qu’avec ma carte sortez de prison j’allais m’arranger pour faire sortir la chanteuse de chez elle. Je toque donc à la porte avec vigueur. Rien, pas de réponse. Jusqu’à ce qu’un bruit se fasse entendre dans l’appartement. Bon, au moins je ne me suis pas déplacé pour rien, elle est là et sa voix se fait enfin entendre. Sa tête fait peur, elle ouvre à peine la porte et moi je prends tout de suite ma bonne humeur et pousse la porte pour entrer et je la ferme derrière moi, c’est là que je prends conscience que ça ne va vraiment pas pour mon amie. “Rori, tu semble pimpante et pleine de vie ! Il faut que tu me racontes ce qui se passe avec toi ! Je ne m’attendais pas non plus à passer, mais comme tu joues à la morte c’est assez compliqué de t’aviser ! ” Ma façon de lui dire que je m’inquiète pour mon amie !

Mon plus gros problème dans la vie ? C'est que je m'excuse pratiquement d'exister. Je ne veux embêter personne, ne surtout pas me faire remarquer et ne pas prendre trop de place. Alors quand je vais mal, j'ai tendance à minimiser ou faire comme si j'étais tout à fait heureuse. Si l'illusion fonctionne avec certains, mes proches remarquent bien vite que quelque chose cloche. Bon, physiquement en me voyant, il est difficile je pense de me croire mais quand il s'agit que de SMS c'est déjà bien plus facile. Mais visiblement, l'illusion textuelle n'a eu aucun effet sur Beck, il a compris. C'est probablement comme ça que je me retrouve avec mon ami devant la porte. Malheureusement pour moi, ma maladresse légendaire trahis ma présence et me voilà contrainte de lui ouvrir la porte.

Je n'ai pas besoin d'ouvrir bien grand la porte pour qu'il trouve le moyen de se glisser dans mon appartement. Il est tellement plein d'énergie que je peine à le suivre. J'ai l'impression qu'on tambourine dans mon crâne et pourtant, je n'ai rien bu hier. Il utilise parfaitement l'ironie en me qualifiant de pimpante. - Je ne t'en veux pas d'être passé, ça me fait plaisir... Parce que même si je me sens honteuse de mon état, ce n'est pas désagréable de voir quelqu'un, même si Eli passe me voir souvent pour vérifier que je suis pas en train de dépérir. Je crois qu'il s'inquiète beaucoup. Et visiblement, Beck aussi. Je culpabilise soudainement de causer tant de soucis à mes proches et je sens mes yeux me brûler et mon regard se remplir de larmes. - Je voulais pas t'inquiéter... je suis désolée, excuse-moi... J'essuie mes larmes avec mes manches de sweat et je viens alors me blottir contre lui, cherchant un contact réconfortant. - Tu sais... je t'avais raconté pour Ari ? Il m'a avoué s'être envoyé en l'air avec son ex... je sais bien qu'on était pas ensemble mais... Je tente de ravaler mes larmes mais elles se mettent à tremper mes joues à grandes eaux. - J'ai super mal... J'ai l'impression d'être en train de crever de douleur... je n'ai plus envie de rien, tout ce que j'écris est merdique et j'ai l'impression d'être juste un boulet pour tout le monde... Je m'agrippe alors à lui, tressautant secouée par mes sanglots.

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La vie est un putain de jeu dangereux, on sait jamais quand on va crever ou pire encore se faire arracher le coeur ou se faire renvoyer… désolé fallait que je la sorte et que je cite un peu Harry Potter et ça n’a pas fonctionné comme je le voulais ! Bref on ne sait jamais sur quel tata on va tomber et nous faire blesser. Blesser ça, j’ai l’impression que Rori l’est parce qu’elle n’est pas aussi pimpante qu’elle d’habitude dans ses messages, elle ne répond pas aussi vite et elle m’inquiète ! Quand les gens m'inquiètent, j’ai tendance à finir devant chez eux et à tout faire pour les faire parler. J’aime pas les gens déprimés parce que ça me déprime ! PAS LE TEMPS DE NIAISER OKAY ? Genre comme elle essayait probablement de faire là avant de se trahir par un bruit sourd venant de son appartement. Quand elle ouvre la porte je ne lui donne même pas l’occasion de la fermer et de m’envoyer promener que j’entre comme si j’étais chez moi en faisant de la grosse ironie pour qu’elle comprenne qu’elle peut pas faire semblant ! Je peux le voir et presque sentir qu'elle ne va pas bien au vu de sa tronche. Heureusement, elle ne semble pas mécontente de me voir, en même temps qui peut être malheureux quand je suis dans le coin ? J’avais juste pas prévu que cette gentillesse de ma part ferait monter les larmes à ses yeux et que je la ferais pleurer. Merde, merde, merde…. j’suis pas doué avec les larmes. Heureusement quand même qu’elle se blottit dans mes bras et qu’elle n’a pas eu le temps de lire la panique dans mes yeux. “Je t’ai pas fait la morale non plus, tu as le droit d’avoir des passes ou ça va moins bien, mais un ami ça s’inquiète c’est normal.” Dis-je en refermant mon étreinte autour de la jeune femme. Je hoche la tête quand elle mentionne le nom de Ari, mais je bloque quand elle ajoute qu’il a couché avec son ex…. Mais quel imbécile, il est aussi con que j’ai pu l’être aussi. Non… STOP ON REMET LES DIGUES STEPLAÎT ! “Ok, Rori, c’est bon t’a pleurer un coup ? ” que je demande quand je pense qu’elle s’est un peu calmé, parce que bon je crois pas qu’elle aurait été en mesure de m’écouter sinon. “Déjà, t’es pas un boulet, ce que tu fais n’est pas merdique et tu n’as pas le droit de crever. Si tu meurs je te tue déjà ! ” Je recule un peu en la tenant par les épaules et je cherche son regard. “De deux, depuis quand la Rori que je connais se laisse abattre comme ça ? Tu es mieux que ça voyons, regarde le clip qu’on a fait ensemble il était génial. Puis faut arrêter de penser que tu ne mérite que de la merde. Une chance que je suis venu pour te changer les idées hein. Il faut que tu te bouges un peu et que tu me dises ce dont tu as envie là maintenant ! ” Je pense déjà qu’une bonne douche ne lui fera pas de tort (en gros elle pue si elle s’est pas lavée depuis un moment quoi), peut-être qu'une balade en voiture ou un karaoké pourrait lui faire du bien ?

Je sais que Beck est un véritable ami quand je remarque qu'il a compris que ça n'allais pas alors même que je ne lui rien dit. Il a su lire entre les lignes et le voilà devant ma porte alors même que je n'ai rien demander. Cependant, en le voyant là, je m'effondre dans ses bras. Il faut juste que les choses sortes. Il m'explique qu'il s'inquiétait et ça me touche, je suis reconnaissante de voir mes proches se faire du soucis à ce point à mon sujet. Eli, Beck et même Annabeth finalement... Je suis heureuse de les avoir autour de moi. Il me laisse alors pleurer et lorsque finalement mes sanglots se calme, il démonte toutes les affirmations négatives que j'ai pu dire, puis me demande depuis quand je me laisse abattre ainsi. Depuis quand ? Depuis que je suis épuisée, parce que je n'en peux plus d'être toujours celle qui souffre dans l'histoire. Je hoche la tête doucement. - J'ai de la chance de t'avoir, merci d'être là Becky... Quand il me demande ce que j'ai envie de faire, en réalité je ne sais pas, je n'ai envie de rien, juste de rester enfermer ici. Je ne veux pas avoir de contact avec le monde extérieur, mon monde intérieur me suffit, je n'ai pas la force. Je sens cependant, qu'il ne va pas vraiment me laisser le choix alors je réfléchis au lieu dans lequel je me sens le plus apaiser. - J'aimerais aller au refuge voir les chiens. Je pourrais rester des heures, le contact des animaux m'apaise. Je suis presque prête à me décider à sortir, mais je vois à son regard qu'il ne veut pas me laisser sortir comme ça et il part faire couler de l'eau dans la salle de bain. Ok... j'ai compris, il est temps de prendre une douche. Je le regarde avec reconnaissance quand il revient, le regard encore rougie et brillant. - Merci... Parce que juste faire chauffer de l'eau pour me laver me semble insurmontable en ce moment, mon corps entier refuse de bouger, même pour se trainer à la salle de bain. - Fais comme chez toi, tu peux regarder la télé ou allumer l'ordi, le code pour ouvrir ma session c'est Eli1812. Le surnom que je donne à mon frère et ma date de naissance, facile non ? Peut-être même un peu prévisible. Je pars à la douche, prenant le temps de me laver de la tête au pied, de me brosser les dents et de sécher mes cheveux. Je jette tout mes vêtements dans la machine à laver pour en prendre des propres et rejoindre ensuite Beck en enfilant un sweat oversize par dessus mon t-shirt. - Je suis prête, on ferais mieux de partir maintenant avant que je perde mon élan de motivation...

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Il y a des personnes avec qui on accroche plus facilement, ce genre de personne avec qui on arrive à se comprendre sans avoir à dire beaucoup. Rori et moi c’est ça, on a toujours eu cette facilité à se comprendre même si parfois on est deux opposés complètement ! Son silence et son absence de réponse facile avait été un bon indice, le fait qu’elle se soit effondrée dans mes bras alors que j’avais à peine mis les pieds chez elle prouvait que je n’avais pas eu tord et que j’avais bien fait de venir la voir. « Tu ferais la même chose pour moi ! C’est normal Ro ! » Mais, il faut se bouger un peu, lui redonner une allure humaine et faire disparaître son aspect spectral ! La faire sortir un peu pour qu’elle puisse voir la lumière du jour avant qu’elle ne devienne cendre pour le moindre rayon de soleil reçu sur sa tronche. « Le refuge ! Pourquoi pas ! » Sans lui demander la permission, je file vers la salle de bain pour faire couler sa douche. Elle n’a pas le choix, elle doit passer par là avant de sortir dehors. « T'inquiète je vais m’en sortir, je vais probablement aller me fumer un pétard en attendant ! Au pire je passerais saluer  ton frère au passage ! » Je reste dehors sur le balcon le temps de fumer non joint seulement, je reviens à l’intérieur et me laisse tomber sur le canapé pendant qu’elle prend sa douche. Je niaise sur mon téléphone, envoyant quelques textos à Emi et quand Rori revient sous apparence humaine, un sourire éclaire mon visage. « Parfait allez vien on file avant que tu ne change d’idée et que tu retourne faire comme snorlax! » Je passe un bras autour de son épaule, la laisse verrouiller sa porte et on va dans ma voiture en direction du refuge. En arrivant, on entend déjà les chiens japper dans les enclos. « Des plans pour qu’on se ramène un chien chacun ça tu le sais ? » Mais je ne pense pas que je puisse vraiment m’occuper d’un chien, j’ai du mal à m’occuper de ma propre personne par moment.