Si tu leur demandes l'heure, ils diront qu'il est trop tard (elijah)

Ari ne se souvenait plus qui avait proposé cette soirée entre collègues. Mais ce n'était pas une mauvaise idée,  se retrouver entre prof après une journée d'école, relâcher un peu de pression, armés de quelques verres. Relâcher de la pression, il en avait bien besoin, Ari. Ce n'était peut-être pas précisément la bonne terminologie. Il avait besoin de se changer les idées. A défaut d'arriver à les éclaircir. Oui, c'était une nouvelle fois le bordel dans la vie sentimentale d'Ari Coleman. Ça pourrait presque devenir une habitude ? Après des années paisibles à être fiancé à la fille qu'il aimait, il semblerait que le revers de médaille soit brutal. Et une nouvelle fois, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui même. Il était perdu, le garçon. Incapable de savoir ce qu'il voulait. Le pire était bien entendu d'avoir blessé quelqu'un qui n'avait rien demandé dans cette histoire. Rori. Il s'en voulait, Ari. Jamais il n'avait voulu lui faire du mal, bien au contraire. Il avait tout foutu en l'air. Peu à peu, il commençait à réaliser qu'il l'avait perdu. Et ce n'était pas un sentiment agréable. Rori et lui n'avaient jamais défini ce qu'ils étaient. Surement pas grand chose à vrai dire, après tout ils n'avaient échangé qu'un unique baiser. Mais il n'avait pas l'impression d'avoir perdu "pas grand chose". Elle lui manquait, Rori. Alors même qu'ils n'avaient pas réussi à se revoir entre leur premier baiser et la fois où il avait du lui avouer pour Avery, elle réussissait à lui manquer. Il fallait dire qu'ils ne s'étaient pas vraiment lâchés, virtuellement parlant, pendant ce laps de temps. C'était le petit rayon de soleil de ses journées, les messages de Rori. Et maintenant il n'y avait plus rien. Il était vraiment trop con. Le pire était probablement qu'il ne savait même pas ce qu'il voulait réellement. Retourner vers Avery ? Retourner vers Rori ? Rester seul ? Ça c'était probablement ce qu'il méritait, en tout cas. Peut-être qu'elles feraient le choix pour lui, en fait.

Le cerveau en surchauffe, rempli de toutes ces pensées et décisions insolubles, Ari s'était rendu avec plaisir à ce petit afterwork. Oui, il désirait plus que tout se changer les idées. Le cadre était idéal pour ça en apparence ce soir, quelques collègues sympathiques réunis autour d'une table face à la plage, chacun payant sa tournée les uns après les autres. Mmh, valait mieux être prudent sur l'alcool quand même. Il ne manquerait plus qu'il envoie un message soûl à Rori. Ou Avery. Ou même qu'il se pointe chez l'une des deux. Laquelle ? C'était surement ça la vraie question, hein ? Il restait donc sage pour l'instant Ari, une unique pinte de bière avalée sur les coups de vingt et une heure trente. Il se leva de la table, annonçant un passage aux toilettes et en prit la direction. Presque comme un automatisme, il vérifia son téléphone. Rien. Aucun message. Il ne s'attendait pas vraiment à l'inverse mais bon. Putain. Quel débile vraiment. Le nez fourré dans son téléphone, il manqua de percuter quelqu'un qui sortait des toilettes. "Mince, pardon !" dit-il, se maudissant intérieurement d'être ce mec agaçant qui marche en regardant son portable. Son regard se posa alors sur peut-être l'une des dernières personnes qu'il était prêt à croiser, les deux filles mises à part. Elijah. Le hasard et Ari, une grande histoire d'amour, vous savez. L'angoisse envahit instantanément le jeune homme qui se passa une main dans la nuque. "Oh, salut mec." dit-il presque timidement, l'air un peu hésitant. Elijah était-il au courant ? Il estimait la probabilité à une chance sur deux, s'il était chanceux. Mais on sait bien qu'il ne l'est pas, chanceux, Ari. "Ça va ?" demanda-t-il, embarrassé, espérant que cette question n'allait pas mettre le feu aux poudres.

@Elijah Bishop

Les soirées au bar, j'm'en lassais pas. J'pense que si on regardait de plus près mon emploi du temps, j'divisais presque à part égal le temps passé à mon travail, celui à mon appartement et celui dans les bars. P'tete même que j'passais moins de temps à la station service qu'avec une pinte de bière. Et ce soir, j'dérogeais pas à la règle. J'avais retrouvé quelques potes pour s'envoyer une p'tite bière. J'me sentais bien en ce moment dans ma vie. Depuis que Rori était revenu à Bowen, qu'Alexis avait remonté la pente, et que j'avais rencontré Leyla, c'est comme si les planètes avaient décidé de s'aligner pour moi. J'étais dans une bonne dynamique. Vraiment. Si on ne comptait pas le fait que le gdpc partait un peu la dérive depuis que Elmo et Beck s'étaient embrouillés et que les peines de coeur de Rori me prenait pas mal la tête, ça allait. Le dernier point là, c'était l'aspect de ma vie qui me rendait un peu furax en ce moment. Rori, elle m'avait parlé d'une relation avec Ari, un début de quelque chose, ça la rendait heureuse, c'est du moins ce qu'elle m'avait dit quand on avait été dans un festival à Brisbane. C'est là qu'elle m'avait parlé de lui, du fait qu'il s'était embrassé, tout ça. Au début, ça m'avait fait un peu tiquer, parce que Ari, j'l'avais à l'oeil, surtout avec son histoire passée d'avec Avery. Et puis, le simple fait de savoir qu'un de mes potes fréquentaient ma petite soeur, ça m'avait fait un peu drôle. Mais j'avais décidé de pas me prendre la tête, de considérer que Rori était assez grande pour se gérer et gérer ses histoires d'amour. Mais, dernièrement, ça avait un peu pris une mauvaise tournure. Rori m'avait envoyé des messages dans lesquels elle me disait que ça n'allait pas. La raison ? Elle était ultra simple : Ari avait renoué avec Avery. Quand j'avais appris ça, il y a deux jours, j'avais un peu senti d'la colère s'immiscer dans mon être. Ari, il abusait en vrai et j'me promettais d'aller lui remonter les bretelles assez rapidement. Il faisait ce qu'il voulait certes, mais il avait pas le droit d'faire du mal à ma petite soeur. Ca m'agaçait tout ça, vraiment. Mais là, avec une p'tite pinte de bière dans le nez, j'y pensais plus tellement. J'passais du bon temps avec des potes et j'verrais ça plus tard. Alors que j'sortais des toilettes pour retourner à ma place, un homme me percuta de plein fouet alors qu'il avait les yeux rivés sur son téléphone. J'étais pas du genre à râler pour ça, ça pouvait m'arriver à moi aussi. J'me munissais d'un grand sourire. "Paas de soucis mec, c'est rien!" que j'dis avant de tourner le regard vers le jeune homme et de reconnaître Ari. On s'échange un eye contact qui dure une faction de seconde et mon sourire s'évanouie. Ari. Putain, c'était quoi la probabilité pour qu'on se croise maintenant? Mon regard s'assombrit un peu et lui, me salut, comme si de rien, même si j'vois bien d'la gêne dans ses agissements. J'reste silencieux tandis qu'il me demande si j'vais bien. J'ai pas envie d'faire dans la dentelle, la colère elle est revenue, en moins d'une seconde. "Bah ouais ça va." que j'réponds froidement avant de rajouter quelques mots qui risquent de ne pas faire redescendre la gêne d'Ari. "Et toi? J'te dérange p'tete en plein date avec Avery .." Mon regard est assez lourd de sens. Ma mâchoire est un peu serrée, j'vais pas le louper.

hj : excuse moii pour le retard

Ce petit afterwork entre collègues, il tombait à pic. Dernièrement la vie d'Ari était de nouveau partie en sucette, de son propre fait bien sûr. Il se sentait triste. Perdu. Bête. Beaucoup d'adjectifs et pas un seul positif. Au vu de la gestion de ses choix sentimentaux sur les quatre dernières années, une sérieuse remise en question s'imposait. Il avait cru avoir appris de ses erreurs, avec Avery. Avoir appris à être plus mature, moins lâche, plus responsable. Mais voilà qu'il se retrouvait de nouveau à faire souffrir les gens qu'il aimait, et lui même au passage, par sa propre faute. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il se flagellait, Ari. D'autres le flagellaient également, avec raison bien sûr ! Rori, pour commencer. Sa propre sœur, aussi. Mais il était probablement son juge le plus sévère. Quoi que Rori n'avait pas été mal dans son genre, aussi. Ce soir, il était donc heureux de réussir à oublier temporairement l'ébullition qui prenait place dans son cerveau depuis des jours. De ne pas penser à chaque instant à sa culpabilité. A sa peine. Mais l'accalmie allait se révéler de courte durée. Ari ne connaissait pas le nombre exacts d'habitants à Bowen. Mais on aurait pu penser qu'il était suffisamment grand pour que la personne qu'il percute par hasard dans ce bar soit autre que... Elijah. Son grand ami mais également... grand frère de Rori, celle dont il venait de briser le coeur. Vraiment parfait. Alors que l'air de son ami était très détendu en réponse à ses excuses, son visage s'assombrit aussitôt lorsqu'il reconnu Ari. Mauvais signe. Manifestement embarrassé, il salua Elijah. Sans réponse. Il enchaina alors, Ari, tenta un petit "ça va ?" pas franchement tranquille. Le ton de son ami était froid lorsqu'il lui répondit une brève affirmation avant d'enchainer sur une phrase qui ne laissait que très peu de doute quant à la question intérieure que se posait Ari. Manifestement, oui, Elijah était au courant pour Rori et lui. Pour Avery et lui donc, par lien logique. Ari se passa de nouveau une main dans la nuque, sentant son visage s'empourprer un peu. "Non... Je suis avec des collègues." dit-il, simplement. "Je... Rori t'a parlé, je suppose." Enonciation de l'évidence. "Je ne fais pas de date avec Avery..." ajouta-t-il. Pas sur que c'était vraiment judicieux de le préciser mais il ne voulait pas qu'il y ait de malentendu. Qu'Elijah pense qu'il s'était remis avec elle et qu'il en parle à Rori, par exemple. "Comment... elle va ?" demanda-t-il. Il pensait surement connaitre la réponse. Il revoyait encore dans son esprit la réaction de la jeune femme, lorsqu'il lui avait annoncé son dérapage avec Avery. Il s'attendait à se faire clairement envoyer chier pour avoir osé cette question. Mais c'était plus fort que lui. Il aurait tellement aimé que son ami lui réponde qu'elle allait bien, Rori.  

hj: pas de soucis, désolée à mon tour  

Techniquement, ce soir, ça aurait du se passer smooth. Tous les élements étaient réunis pour que ça s'déroule de la manière la plus tranquille possible. Des potes, un bar et une pinte. A ce stade, j'voyais pas où ça pouvait merder. Mais en fait, il avait fallu d'un regard posé sur lui, Ari Coleman, et j'sentais que toute ma bonne humeur habituelle s'évanouissait en une fraction de seconde. J'avais pas du tout envie d'le voir. Il m'avait déçu. Genre, vraiment. Et pourtant, j'suis pas le genre rancunier. La preuve en est que j'lui avais donné une seconde chance, j'avais passé outre le fait qu'il débarque comme ça, à Bowen, comme une p'tite fleur. J'lui avais octroyé le bénéfice du doute, j'lui avais offert une chance d'se racheter de sa lâcheté d'avec Avery. Et là, il venait juste de me prouver que c'était pas un gars sûr. Il était bancal Ari Coleman, et j'étais juste déçu et en colère aussi. J'étais pas tellement habitué à dealer avec ce genre de sentiments, alors ça donnait un truc assez spontané, un truc un peu froid. J'vois bien qu'il est gêné de me voir là, j'vois bien que ça le met dans l'inconfort, mais pas autant que moi et j'ai pas envie d'le plaindre là. Alors j'croise les bras et j'me cale contre l'encadrement d'la porte, bien décidé à pas le laisser s'échapper. J'l'écoute, en hochant la tête, souriant ironiquement. Lui il me répond premier degré, il essaye de se dépatouiller avec son histoire de collègues. Et il enchaîne tout de suite sur Rori. J'acquiesce. "Ouais, elle m'a parlé ouais." Pas besoin d'en dire plus. Ari Coleman a fait du mal à ma petite soeur. (Ouais je l'appelle Ari Coleman depuis tout à l'heure, ça rajoute un p'tit côté dramatique.) Depuis son retour à Bowen, Rori, elle est fragile, elle a besoin de soutient, d'un truc tout doux et elle a pas besoin de lui. Définitivement pas. Il rajoute par la suite qu'il n'est pas avec Avery. J'soupire de colère. "Tu sais que j'me retiens fort d't'en foutre une là?" J'sais pas trop si je saurais faire, de foutre une beigne à quelqu'un, mais là, tout de suite, j'ai bien envie d'essayer. Ari, il a le culot de me demander comme va Rori. J'le regarde, secouant la tête. "Bah j'sais pas, elle va comme quelqu'un à qui on l'aurait fait à l'envers, tu vois le genre?" J'regarde mon pote, enfin, mon ancien pote, ou j'en sais rien de comment le nommer. "A quoi tu joue Ari Coleman? J'te suis pas là. C'est quoi ton excuse à la con pour cette fois?" J'pensais avoir été assez clair la dernière fois, j'pensais qu'on avait un deal. Qu'il tentait pas de se remettre avec Avery, qu'il la laissait tranquille, mais ça incluait pas, tacitement, qu'il puisse jouer avec ma petite soeur. N'importe qui d'autre, mais pas elle. "On dirait que tu te fous dans la merde, genre exprès. C'est assez dingue." J'oscillais entre de l'ironie et d'la vraie colère, c'était pas lisible mais clairement là, c'était pas mon problème.

C'était déjà la deuxième fois en quelques mois que Ari se retrouvait face à Elijah en se demandant s'il ne risquait pas sérieusement de s'en prendre une. Et la deuxième fois que ça aurait été parfaitement mérité. Le comportement d'Elijah, et notamment sa mention d'Avery, ne laissait que peu de doutes. Il était au courant. Il confirma cette conclusion, d'un phrase brève. Elle lui avait parlé. Bien sûr. Tout de même, il voulu clarifier un peu les choses, Ari. Pas revenir sur ce qu'il avait fait à Rori, il ne doutait pas que la jeune femme avait su rapporter les faits avec une exactitude absolue à son grand frère. Mais il rebondit sur la remarque initiale d'Elijah. Non, il n'était pas avec Avery. Il n'avait pas lâché Rori pour Avery. D'ailleurs, il n'avait pas lâché Rori du tout, officiellement. Elle s'en était chargée elle même et il ne pouvait pas la blâmer. Il était paumé, il n'y avait rien de bon à continuer la petite histoire qu'ils avaient à peine débuté. Tuée dans l'œuf, avant même son réel commencement. Lorsque les mots franchirent ses lèvres, il se dit que c'était peut-être un peu maladroit quand même, comme précision. La question de son ami était sans le moindre doute rhétorique. Ironique. Et ça ne manqua pas, puisque qu'Elijah lâcha un soupir de colère. Ari baissa la tête devant sa réponse, le coeur battant un peu plus fort. Il secoua la tête sans répondre, mieux valait garder le silence plutôt que de dire une nouvelle connerie qui risquerait de réellement mettre le feu aux poudres. Cependant, il ne pu s'empêcher de poser sa question. De demander comment est-ce que Rori allait. S'il prenait un poing pour cette question, so be it. Le jeu en valait la chandelle. Effectivement, l'humeur d'Elijah ne sembla pas s'arranger et la réponse n'était pas vraiment satisfaisante, au final. Elle allait mal. En même temps, il s'attendait à quoi, Ari ? Il resta silencieux une nouvelle fois avant d'hausser les épaules à la question de son ami. "J'en ai pas. Je suis un con, j'aurais pas mieux dit." Il pinça les lèvres, releva le regard pour affronter celui d'Elijah. Ouais, là aussi il n'aurait pas mieux dit. On aurait dit qu'il faisait exprès de soigneusement ruiner sa vie sentimentale et tous ceux qui s'aventuraient dedans, de manière régulière. "Ouais. Encore une fois, j'aurais pas mieux dit. J'ai fait n'importe quoi." Il se mordit la lèvre inférieure. "T'as tous les droits de vouloir m'en foutre une ou même de le faire, honnêtement j'aurais le même sentiment que toi si c'était Annabeth à la place de Rori." Peut-être qu'au fond, il avait même un peu envie d'Elijah le frappe. Il méritait toute punition qui lui tomberait dessus. "Je sais que ça change rien et que ça vous fait une belle jambe mais je suis sincèrement désolé. Pour tout le mal que j'ai fait, à elle, à Avery et même à toi, indirectement." Il secoua la tête, l'air amer. "Je mérite de me retrouver tout seul et je dis pas ça pour que t'aies pitié ou quoi, c'est juste la vérité." ajouta-t-il.

Ari, j’le suis plus là. J’pensais qu’on avait un deal, j’pensais que c’était clair entre nous. J’suis pas du genre intimidateur, j’suis pas du genre à donner des ordre, j’suis pas du genre à être dans le contrôle des autres. Généralement, j’pars du principe que chacun fait ce qu’il veut, mais avec Ari, c’était différent. Il avait déjà grillé ces cartouches, il avait déjà eu une seconde chance, j’lui avais déjà donner ma confiance alors qu’il avait merdé. Et là, c’est comme si j’me prenais un coup de couteau dans le dos. Comme si j’avais octroyé ma confiance à la mauvaise personne. J’étais en colère parce qu’il faisait souffrir Rori, et qu’Avery était encore dans la boucle. J’avais juste l’impression qu’il prenait tous les ingrédients nécessaires pour se foutre dans la merde et qu’il laissait juste venir à lui les problèmes. Déjà, ça m’avait un peu mis la puce à l’oreille quand Rori elle m’avait parlé d’Ari, j’avais été assez suspicieux, et pis j’leur avais donné le bénéfice du doute, après tout, pourquoi pas. Ari, c’était un chouette gars. Enfin jusqu’à aujourd’hui. Là, j’avais beaucoup plus de mal à le trouver chouette. J’le trouvais vraiment con. Et j’lui faisais pas tellement de cadeaux, j’étais un peu piquant parce qu’il avait touché à Aurora, et ça, ça passait pas. Et en fait, j’crois que ce qui m’énervait le plus, c’était qu’Ari, il semblait comme abattu, comme s’il souffrait de cette situation. Il était silencieux, il était tout penaud et j’crois que j’aurais préféré que ça clash, une bonne fois pour toute, que j’lui mette une droite – pour la première fois de ma vie - et que ça s’bastonne un bon coup. Parce que là, c’était latent, et ça m’irritait encore plus. Il fit le parallèle avec Annabeth et j’croisais les bras. « Jamais j’t’aurais fais ce coup là putain. Jamais j’aurais touché à Annabeth. » J’étais froid et mon ton était vraiment ferme. « Putain, j’te comprends pas, genre t’as cru que t’étais comme intouchable, hors sol ? Qu’tu pouvais faire d’la merde comme ça, sans répercussions ? » En fait j’crois surtout que j’lui suivais plus. J’étais déçu, trahi et en colère. Et là, Ari, il joua la carte du pauvre petit chaton perdu, s’apitoyant sur son sort. Avec moi, ça aurait pu marcher, en temps normal, j’étais un p’tit bisounours pas rancunier habituellement, mais là, c’était trop en fait. Alors j’lève les yeux au ciel, toujours bien en colère, j’tente de l’imiter, geignant avec une p’tite voix. « haaaan gngngngngn, j’m’appelle Ari Coleman et j’suis teeeeellement malheureux..»  J’le regarde en secouant la tête. « C’est tellement trop facile d’faire d’la merde et d’dire pardon après. » J’fais un pas dans sa direction, j’empoigne le tissu de sa chemise et j’plante mes yeux bleus dans les siens. « Jamais j’te pardonnerais ça. » J’intensifie mon emprise, une fraction de seconde, avant d’le relâcher en le faisant reculer de quelques pas. « Et plus jamais tu t’approches de ma sœur. » L’ambiance, elle est électrique, et j’suis pas du tout dans une dynamique pour calmer les choses, au contraire.

L’ambiance de cette rencontre n’était pas bonne. C’était sûrement un euphémisme, en vérité, « pas bonne ». Elle était électrique. Tellement tendue qu’on dirait dit que tout pouvait voler en éclats, à tout instant. C’était bien pire que leurs dernières retrouvailles. Lorsqu’Elijah était venu tambouriner à la porte d’Ari, déjà plusieurs mois en arrière, il était énervé. Les premières minutes de leur discussion avaient été un peu houleuses, sur le pas de sa porte. Mais ce n’était rien, absolument rien en comparaison de l’échange qu’ils étaient en train d’avoir actuellement. L’autre fois, son ami s’était au final rapidement apaisé, convaincu par les excuses d’Ari et écoutant ses explications. Ce soir, il semblerait qu’aucune explication ne trouverait grâce aux yeux d’Elijah. Et il ne pouvait pas lui en vouloir. Alors il n’en chercha pas vraiment, d’excuse. Il avait merdé. Il assumait. Il était loin d’en être fier, bien au contraire. Mais il ne pouvait pas éviter la réalité. Malgré tout, il tenta d’expliquer à son ami qu’il le comprenait parfaitement, faisant le parallèle avec sa propre sœur qu’il aurait bien sûr détesté voir se faire traiter de la sorte par quelqu’un qu’il considérait comme son ami. La réponse d’Eli était dure. Ce n’était peut-être pas la meilleure carte à jouer, ce parallèle. Mais il ne savait pas quoi dire, Ari. En fait, il avait juste envie de cesser d’exister, là. Envie de disparaître six pieds sous terre, si tant est que ce soit suffisant pour échapper au courroux d’Elijah et à sa propre culpabilité. Il secoua la tête devant la question manifestement rhétorique de son ami. Non, il ne se pensait pas intouchable. Il estimait mériter tout ce qui lui tombait dessus et tout ce qui s'apprêtait surement à lui tomber encore dessus. Il ne se cherchait pas d'excuses, Ari, mais il tenait tout de même à s'excuser, il n'avait en vérité que ça à dire, à quel point il était désolé pour tout ce qui s'était passé. Pour tout le mal qu'il avait fait. Ses paroles n'avaient pas pour but de le faire passer pour la victime, il énonçait des faits. Ni plus, ni moins. Et des regrets. Mais Elijah, il ne semblait pas l'entendre de cette oreille. Ari vit les yeux de son ami se lever au ciel. Il se fit moqueur et le jeune homme regretta aussitôt ses excuses. Non pas qu'il ne les pensait pas. Mais clairement, elles n'arrangeaient rien. En fait, surement qu'ils feraient mieux de stopper cet échange tout de suite. Rien de bon n'allait sortir de là. Comme pour approuver cette pensée, Elijah s'avança soudainement vers Ari, saisissant le tissu de sa chemise et plantant son regard dans le sien. Il ne baissa pas les yeux, le coeur battant. Allait-il le frapper ? Tout allait-il déraper ? Il ne cilla pas, Ari, malgré tout. Il n'avait même pas vraiment peur. Il méritait. Il resta silencieux alors qu'Elijah le relâchait, le poussant légèrement en arrière, un ultime ordre aboyé. Rester loin de sa soeur. Il sentit sa gorge se serrer, Ari, sa poitrine se comprimer. En cet instant, il sut qu'il avait perdu son ami. Pour de bon. Il hocha la tête, le regard toujours dans celui d'Elijah. Il acceptait son sort. Pinçant les lèvres, il fit de nouveau quelques pas en arrière. Il n'y avait plus rien à dire. Un simple au revoir était capable de tout faire exploser, surement. Alors, après un dernier regard pour son ami, il prit la direction opposée aux toilettes. Il n'avait désormais plus qu'une seule envie, quitter les lieux et tenter d'oublier à quel point il était doué pour saboter sa vie.

hj : the end ?