yeux disent le contraire - ciàn

19h. Ce soir là, j'le passais avec Ciàn, mon père. J'arrivais pas encore à l'appelé papa, c'était pas naturel pour moi même si j'dois bien avouer que j'aimais passer du temps avec lui. On apprenait à renouer, et il devenait au fil des jours comme un vrai repère pour moi. On avait une relation basée sur la confiance, j'lui mentais pas et j'crois que plus le temps passait et plus j'arrivais à trouver un équilibre. J'me sentais bien dans ma vie, surtout depuis que j'entretenais une vraie relation avec Lewis. J'me sentais juste heureuse en fait, et c'était pas arrivé depuis très longtemps. Alors ce soir là, j'avais envoyé un vocal à Ciàn, avec ma p'tite voix tout enjouée de d'habitude. "Saluuut, j'me suis dis, ce soir, c'est moi qui apporte de quoi manger. J'quitte à la superette là, et j'arrive! Bisouuus!" J'remontais sur mon vélo nouvellement acheté et j'prenais la direction du domaine viticole. J'fonçais à toute vitesse, mes écouteurs sur les oreilles. Le soleil déclinait doucement dans le ciel et j'avais hâte d'arriver. J'prenais mes aises de plus en plus dans la maison de Ciàn, j'y avais une chambre et j'passais parfois des nuits là-bas. Mais généralement, là où on passait plus de temps, c'était dans la grande cuisine et la salle à manger. On parlait de tout et de rien, il me racontait souvent ses exploits au tennis, son enfance, sa vie en somme et j'avais tellement de choses à découvrir. J'étais arrivée, entrant dans la maison, sans frapper. J'm'étais annoncée et très vite j'avais commencé à sortir mes achats sur le grand comptoir de la cuisine. J'avais pris de quoi cuisinier des beignets de fleurs de courgette, c'était un p'tit délice et je savais que Ciàn avait un p'tit potager dans lequel j'allais pouvoir récupérer ce qu'il me manquait. Cela faisait déjà une vingtaine de minute que j'étais là et j'm'activais dans la cuisine. A côté, mon père, il semblait un peu ailleurs. Alors moi je parlais, un peu toute seule. "Tu sais, en venant là, j'ai failli me faire renverser à vélo par un gars .. mais il conduisait N'IMPORTE COMMENT!" J'marquais des pauses, tandis que j'préparais la pâte à beignet. "Et en fait, tu vois, il arrivait par la gauche, et il m'avait pas vu je pense, j'ai du faire un sacré écart pour l'éviter." A vrai dire, j'étais à fond dans mon histoire, j'faisais des grands gestes et j'mimais la scène. "Et le type, il a eu le culot de rejeter la faute sur moi.. Tu te rends compte?" Mais j'crois qu'en fait, Ciàn, il m'écoutait pas vraiment. Alors j'relevais la tête vers lui et j'lui adressais un grand sourire, agitant ma spatule devant ses yeux. "Hou-houu, allo la lune, ici Maddie sur terre, est-ce que mon père pourrait au moins faire mine de m'écouter s'il vous plait?" J'riais un peu à ma bêtise attendant de voir si Ciàn allait enfin sortir de ses songes.

@Ciàn Gallagher

Plus les jours passaient et plus Ciàn et Maddie passaient du temps ensemble. Il fallait dire qu'ils avaient des années à rattraper ! Même si c'était toujours difficile de se dire qu'il avait une fille de 21 ans, il appréciait de plus en plus le lien qui se tissait entre eux. Ils avaient encore beaucoup de chose à apprendre l'un de l'autre, ils s'ajustaient encore pour se laisser une place dans leur vie mutuelle, mais ils étaient sur le bon chemin. C'était fou, mais il l'aimait, cette gamine. Il ressentait le besoin de la protéger, de la soutenir, de l'aiguiller parfois quand elle en avait besoin. Il ne pensait pas que son instinct paternel apparaîtrait aussi facilement. Peut-être était-ce parce qu'il était fait pour ça, Ciàn. Il était l'aîné d'une jolie fratrie. Prendre soin des membres de sa famille avait toujours été important pour lui, même quand il était à des kilomètres d'eux. Il était donc naturel d'agir ainsi avec Maddie. Il se rendait surtout compte de la chance qu'il avait d'avoir la possibilité de créer un lien avec elle, et c'était quelque chose qu'il ne voulait pas laisser passer. Alors, quand il avait reçu son vocal qui lui disait qu'elle passerait la soirée avec lui, pour un petit repas - tradition qui prenait peu à peu sa place dans leur vie - Ciàn avait de suite répondu qu'il l'attendait. Sauf que ce soir... Ciàn, il n'était pas vraiment là, à vrai dire. Il avait la tête ailleurs. A cause du boulot, à cause des retards de fournisseurs, à cause de sa santé. A cause de Lee... ouais, surtout à cause de Lee et de ce baiser qu'ils avaient échangé quelques jours auparavant. Alors, quand Maddie était arrivée et qu'elle avait commencé à cuisiner, lui racontant sa journée, l'esprit de Ciàn s'était permis de divaguer loin. Si loin que Maddie le remarqua assez rapidement. La spatule agitée devant lui, le brun revint rapidement sur Terre, posant un regard interrogateur sur sa fille. "Hein ?" demanda-t-il d'abord, comprenant rapidement ce qu'elle lui demandait. Oups, elle avait remarqué qu'il n'avait absolument rien écouté de ce qu'elle racontait. Il se mit à rire, un peu embarrassé."ça fait de moi un père indigne ? " dit-il, un rire ponctuant sa phrase, avant de reprendre plus sérieux : "Pardon, j'ai un peu la tête ailleurs en ce moment." Il se réinstalla sur la chaise haute, plus confortablement et s'accouda sur le plan de travail, le regard posé sur elle. "Captain' Gallagher, de retour de la Lune, prêt à écouter Maddie-sur-Terre." Il lui lança un sourire malicieux et dit : "Tu disais donc ? Tu cherchais la farine, c'est ça ?" Non, Ciàn, la farine, elle la cherchait, il y avait dix minutes au moins !

J'prenais vraiment un réel plaisir à passer du temps avec mon père. On avait connecté, beaucoup plus vite que je le pensais. On avait eu cette grande discussion, un jour, au domaine viticole. On s'était tout dit, j'lui avais expliqué ce que j'avais sur le coeur, j'avais parlé sans concession et j'crois que tout ça, cette communication entre nous, elle avait été le ciment d'un truc vraiment beau. J'me sentais tellement bien ce moment. J'avais l'impression que les planètes avaient décidées de s'aligner et j'profitais de chaque instant. Entre le domaine et mon père, entre la boutique de Manwë, ma mère, Lewis, tout ça, ça tournait vraiment bien. Et j'me sentais généralement toujours d'une très belle humeur. Et encore plus ce soir quand j'rejoignais mon père pour ce qui ressemblait à une tradition maintenant. Un p'tit repas, préparé par l'un ou par l'autre. J'me sentais comme chez moi dans la maison de Ciàn et j'm'affairais à préparer des beignets de fleurs de courgettes. La cuisine, c'était un truc que j'avais découvert récemment, et ça m'plaisait bien. En fait, depuis que j'allais mieux, j'découvrais tout un tas de trucs que j'aimais, j'me prenais de passion pour pas mal de passe-temps. Preuve que mon mental était au beau fixe. Par contre, mon père ce soir, il semble pas tellement connecté à la réalité. J'lui raconte comment j'ai failli me faire renverser par une voiture en arrivant, j'y mets tout mon coeur pour que ça soit passionnant, mais Ciàn, il m'écoute pas, il me répond pas. Alors j'l'interpèle et j'vois que j'le sors de ses pensées. J'le regarde médusé et j'ris avec lui. J'secoue la tête. "Hmmm, disons que ça fera de toi un père indigne si ça reproduit trop de fois." J'suis pas du genre rancunière et je sais que Ciàn, généralement, il m'écoute bien. Là, c'est vraiment différent, et j'décèle qu'il y a un truc. J'fronce un peu des sourcils en l'écoutant mais il se redresse sur son siège et il enchaîne. J'lui souris, content de voir qu'il est prêt et j'éclate de rire à sa question. "Woo, mais t'es parti tellement loin. La farine, c'était genre, il y a une éternité!" J'marque une pause avant de reprendre. "Nan, là j'te parlais de la voiture qui a failli me renversé entre arrivant.. mais qu'importe." J'posais délicatement la spatule sur le plan de travail et j'plongeais mon regard dans celui de mon père. "T'es sûr que ça va? T'es tout bizarre ce soir. Y a un truc qui tourne pas rond?" J'pensais essentiellement à son domaine, peut-être que les affaires n'allaient pas aussi bien que j'le pensais et ça le perturbait peut être. Moi j'étais pas du genre à tourner trois ans autour du pot alors j'trouvais plutôt normal de lui poser la question frontalement. La communication, c'était la clé. Mais j'savais pas tellement si Ciàn serait enclin à partager tout ça avec moi.

Il l'avait vu se relever, Maddie. Il avait vu les cernes noirâtres disparaître de son visage qui, désormais, s'illuminer par de larges sourires. Il l'entendait raconter ses aventures, telles une scène de théâtre. Oui, il aimait la voir comme cela, bien loin de la Maddie, d'il y a quelques mois, qui dépérissait de jour en jour. Et en tant que père, il prenait plaisir à écouter le moindre de ses mots, à en apprendre plus chaque jour, à savoir ce qu'elle faisait de sa journée. Il prêtait toujours une oreille attentive, Ciàn. Toujours ? Sauf ce soir... Manque de chance pour lui, Maddie le remarqua bien rapidement. Une fois qu'elle parvint à le ramener sur Terre, Ciàn assuma de suite sa faute, se qualifiant de père presque indigne. « Je vais faire en sorte que ça ne se reproduise pas trop, alors... » Il n'allait pas mentir en disant que cela ne se reproduirait jamais. Qui, dans ce vaste monde, pouvait se vanter d'être toujours opérationnel, à l'écoute de l'autre ? Mais là, maintenant, c'était bon, il était de retour. Du moins, c'était ce qu'il croyait. Alors qu'il pensait bien faire en tentant de rattraper le coup et faire croire qu'il l'avait un peu écouté, Ciàn se remit à creuser son trou en parlant de cette farine... qu'elle avait, en réalité, cherché, bien des minutes auparavant ! Le trentenaire pouffa aussitôt, en se rendant compte qu'il était irrattrapable pour le coup. D'autant plus qu'elle lui avait parlé de quelque chose bien plus important. Elle aurait pu se faire renverser. Et ça, lui, il ne l'avait absolument pas entendu ! « Oh.... putain... » jura-t-il sans même tenter de se retenir. « Clairement, oui, j'étais loin. » enchaîna-t-il en se frottant la nuque, geste qui trahissait à chaque fois son embarras. Bon, elle était là. Il avait vu son vélo. C'était la preuve que tout allait, non ? Alors qu'il allait demander des détails, il vit le regard de Maddie se poser sur lui et il comprit bien vite que l'histoire-de-la-voiture-qui-avait-failli-la-renverser était désormais du passé. En entendant sa question, il lâcha un soupir, faisant un geste de la main nonchalant. « Rien de grave. » Il aurait pu clore la discussion, là, et retourner à la préparation des beignets de fleurs de courgettes. Mais Maddie s'était confiée à lui, plusieurs fois. C'était peut-être à lui de lui laisser aussi quelques informations. « Y a des petits soucis avec les travaux, mais bon, quand on lance un tel chantier, fallait bien s'y attendre. » Il esquissa un léger sourire se doutant bien que Maddie n'en resterait pas là. Ce n'était pas quelques travaux qui allaient affecter le je-m'en-foutisme de Ciàn. Y avait autre chose, évidemment. « Et puis, il y a une histoire avec une femme, qui me chamboule un peu. » Là, il jouait un peu au funambule, Ciàn. Parce que cette femme, c'était la mère de Maddie. « Comme quoi, à presque 40 balais, on ne trouve toujours pas la recette parfaite pour les histoires d'amour. » Il lui lança un regard complice. Après tout, c'était l'histoire d'amour de Maddie qui avait lancé leurs toutes premières confidences l'un envers l'autre, bien avant qu'ils apprennent leur lien de parenté. Et c'était peut-être pour cela que Ciàn abordait le sujet aussi facilement. Il ne savait pas si un père devait parler de ses histoires de cœur avec son enfant, mais pour le coup, lui, ça ne le gênait pas sur l'instant.

L'arrivée de Ciàn dans ma vie avait sonné comme un espèce de renouveau. Comme si, au fond, j'attendais d'être parfaitement entière, entourée de ma mère et de mon père, pour me sentir bien. Ca featait aussi avec la séparation d'avec Archie, avec le fait que j'avais envie d'aller de l'avant et j'crois que tout ça, c'était un cercle vertueux, le bien amenant le bien. Et avec mon père, on construisait un truc vraiment positif. On faisait une bonne team lui et moi et on apprenait à s'apprivoiser, lui une fille, moi un père. C'était pas rien mais on s'en sortait pas trop mal. Enfin, sauf ce soir, mon père était comme ailleurs, déconnecté et je l'avais bien vu. J'avais pas ma langue de ma poche, tout comme ma mère, alors j'avais pas hésité à lui faire remarquer son absence. "Pas trop .. mmhmmh, je t'ai à l'oeil!" que j'lui répond avec un sourire, faussement menaçante, pointant ma spatule vers lui avant de la déposer sur le comptoir. On pouvait tous parfois être à l'ouest, c'était pas ça le problème. La question maintenant c'était de comprendre pourquoi il était ailleurs, qu'est ce qu'il avait dans la tête. Ciàn tente de se rattraper avec cette histoire de farine mais il se loupe de plusieurs minutes alors à part m'amuser davantage, j'lui pose des questions, parce que j'veux comprendre pourquoi il est aussi absent, j'commence à le connaître mon père, il est quand même assez du genre "j'ai les pieds sur terre". Alors il soupire un peu avant de m'expliquer que ce sont les travaux qui l'embête. J'le toise d'un regard un peu suspicieux, un petit rictus s'étirant sur mes lèvres. J'plisse les yeux, l'air de dire "tu crois vraiment que tu vas m'avoir avec cette histoire de travaux" et j'attends, silencieuse, de voir s'il va cracher le morceau. Et là, alors que j'm'attendais pas du tout à ça, mon père me parle d'une femme. J'me redresse, écarquillant les yeux avec un grand sourire. "Wooooo." J'suis clairement une gamine et j'ricane un peu avant de me reprendre. L'amour, peut importe l'âge, ça peut parfois coûter bien du trouble. Alors je l'écoute se plaindre qu'il n'a toujours pas la recette de l'amour même à presque 40 ans. Alors j'me mets dans le rôle d'une conseillère en amour. (clairement à mille lieu d'envisager que cette femme là, c'est ma mère.) "Bon, ton trouble là, c'est parce que t'es genre dans une p'tite vibe d'amour et que tu penses tout le temps à elle et c'est plutôt cool, ou alors c'est plus du genre "j'sais pas trop comment m'y prendre pour la charmer"?" J'marque une pause et je rajoute. "Ou c'est autre chose?" Bah ouais, moi ça m'dérangeait pas de parler d'amour et d'histoire sentimentale avec mon père, mais il me fallait des détails. "J'suis pas une spécialiste de l'amour hein, mais si j'peux aider.." que j'dis assez légèrement. J'me retourne dans la cuisine et je sors deux verres de vin des placards et une bouteille qui vient tout droit du domaine. J'nous serre deux verres, attendant de voir si Ciàn serait enclin à me raconter des p'tites choses crouistillantes.

Il n'avait pas trop assuré, pour le coup. L'histoire de Maddie et de son vélo lui était passée loin, bien loin au-dessus de la tête. Il comptait clairement sur l'humour et le fait – qu'ordinairement – il était toujours très attentif, pour se rattraper auprès d'elle. Après tout, il n'était qu'un homme bien trop faible face à ses pensées bien trop nombreuses. Et sur ce point-là, Maddie n'était pas dupe. Elle savait que quelque chose le tourmentait. Et si au tout début, il avait donné pleins d'excuses, Ciàn remarquait bien qu'elle ne le croyait pas du tout. Alors, il lâcha sa petite confidence. Eh oui, l'ancien tennisman avait des problèmes de cœur. Au sens littéral comme au sens figuré, cela allait sans dire, mais à cet instant, c'était davantage l'aspect sentimental qui primait. Le ricanement de Maddie lui arracha un sourire. Au fond, elle n'était peut-être pas la meilleure oreille pour entendre les histoires de cœur de son père. Ils allaient sûrement devoir s'ajuster ce qu'ils pouvaient se dire ou non, dans le futur, mais à cet instant, c'était les bonnes vieilles habitudes qui revenaient. Avant de savoir pour leur lien père/fille, ils parlaient de tout, Maddie et Ciàn. Et aujourd'hui, c'était cette habitude qui réapparaissait si naturellement. « Tu pourras te moquer de moi, hein ?! » dit-il, taquin, face à cette confidence à laquelle elle ne s'attendait sûrement pas. Mais très vite, sa fille adopta une posture d'écoute, prête à le conseiller. En plus d'être sa fille, Maddie était une femme. Elle avait le regard féminin qui, clairement, pourrait être de bon conseil pour Ciàn. Les histoires d'amour, depuis Lee, il les avait fui comme la peste. Avoir quelques conseils ne lui feraient sûrement pas de mal. Il réfléchit à sa question, lâchant aussitôt : « Je vais plutôt dire que je suis dans la vibe je pense beaucoup à elle, mais je ne sais pas comment réagir face à cela, parce qu'il y a déjà un passif avec elle, qui aurait clairement dû nous séparer, mais qu'on est encore là à se tourner autour, parce qu'il y a quelque chose de trop fort, qui nous dépasse totalement. » Il avait tout lâché d'un coup, d'une traite, un léger sourire venant ponctuer sa phrase. « Tu vois le genre, quoi ?! » Le genre d'histoire complexe, bien trop forte pour eux. Il regarda Maddie leur servir les deux verres de vin. Il prit le sien, le tendant vers elle pour trinquer avant de boire une gorgée, plutôt pour prendre une pause que par réelle envie de boire. Il demanda, la tête un peu ailleurs : « Tu crois qu'en amour, on a le droit à une deuxième chance ? »

J'sais pas si j'étais la personne la mieux qualifiée pour parler d'amour, mais toujours est-il que mon père, ce soir là, il était totalement à l'ouest et que j'sentais qu'il avait besoin d'en parler. J'aurais pu mettre de la distance, parce que c'est mon père, mais même si on avait pas mal noué une relation père-fille depuis nos retrouvailles, j'arrive toujours pas à le considérer comme vraiment mon père. Ciàn, c'était avant tout un homme a qui j'avais su me confier quand ça allait pas, Ciàn il était surtout un confident. C'était peut-être pas sain de continuer sur ce terrain là et de parler d'amour aussi ouvertement, mais moi ça m'allait. Parce que notre relation à tous les deux, elle était pas conventionnelle. C'était un truc à part. C'était pas descriptible. J'avais pas pu m'empêcher de ricaner un peu, comme une p'tite gamine quand il m'avait expliqué les raisons de son trouble, et je hochais la tête à sa réplique. "Mmmh, j'me moquerais pas plus d'une fois par jour, c'est promis." répondis-je fièrement avant de me mettre vraiment à l'interroger sur cette fameuse histoire. J'voulais savoir dans quel mood il se trouvait et finalement, il se confia assez naturellement, les mots semblaient sortir sans qu'il ait besoin de réfléchir, comme s'il y avait déjà pensé des centaines de fois. Je l'écoutais attentivement, hochant la tête. "Mmmh, ouais je vois le genre." que j'dis alors que clairement, ce genre de mood là, je l'avais jamais ressenti. Mais j'pouvais aisément me mettre à sa place, d'imaginer un amour de passé, un truc fort. A ce stade, j'pensais toujours pas à ma mère, j'imaginais une histoire qu'il avait eu avec une femme, un jour. "Et tu sais si elle a le même mood que toi cette femme là?" Ca me semblait pas mal important de savoir s'il se faisait des idées tout seul dans son coin ou si au contraire, cette nana là aussi, elle ressentait des trucs. On trinqua et je m'enfilais une bonne gorgée de vin délicieux. Mon père c'était p'tete pas un spécialiste de l'amour, mais c'était un putain de génie quand il s'agissait de faire du vin. J'réfléchis à sa question, en plissant un peu les yeux. Moi une seconde chance, j'en avais eu une, c'était pas en amour mais ça m'semblait assez évident. "Ouais, on a tous le droit à une seconde chance, peut importe le domaine." que j'dis avec pas mal d'aplomb. J'me désigne moi même de la main. "J'en suis la preuve vivante." que j'dis avec un p'tit sourire. J'revenais de loin et j'étais plutôt équilibrée dans ma vie à ce jour. J'reprends une gorgée de vin et j'reprends la parole. "J'pense qu'on a qu'une vie et que ça serait dommage de passer à côté d'un truc important. Vraiment." Je l'encourageais dans le bon sens, j'en étais convaincue. Cela dit, pas certaine que mon discours soit tout à fait le même si je savais de qui il s'agissait, cette personne importante.