des tonnes de personnes défilent sous mes yeux pourtant j’me sens si seul (murphy)

tw : dépression, burn out.

Dans cet avion qui relie Los Angeles à Sydney, tu te sens mal. Tu ressasses encore toutes tes mauvaises pensées, tout ce que tu ressens depuis quelques temps. C’est peut-être la célébrité arrivée trop jeune, la consommation d’alcool et de drogue ou bien juste le blues de chez toi. Mais tu te sens horriblement mal. La seule personne à qui tu as confié tout ça, c’est Murphy. Ton grand-frère. Le second. Lane était pas mal occupé, et Murphy c’est bien la tête posée de la famille. C’est celui qui a toujours les bons conseils et une bonne épaule sur laquelle pleurer. Dans le train reliant Sydney à Bowen, tu avais essayer de chasser ses idées. T’allais revoir ta famille, tu comptais rester chez toi pendant un petit moment. T’avais pas envie d’en parler, t’avais pas envie de les voir dans cet état là. Malheureusement, tu devais bien contacter quelqu’un de ton retour et c’était tombé sur ton deuxième frère. Il était si aimant, si doux. Alors t’avais pas non plus confié toute ta vie mais tu lui avais un peu parler du fait que tu n’étais pas dans ton assiette. Le regard visé sur la vitre qui faisait défiler le paysage, la chose qui te faisait sortir de tes pensées c’était le bruit de la dame du train. Gare de Bowen, 5 minutes d’arrêt. Tu secouais la tête et t’attrapais ton sac de voyage en vitesse avant de sortir du train. Sur le quai de la gare, tu cherchais une tête blonde, celle qui t’attendait. Il était là, il était pas en retard. Alors quand tu le voyais, tu ravalais ta fierté, tu sentais les larmes qui montaient. Mais tu voulais pas, t’étais pas encore prêt à pleurer. Tu t’avançais vers lui, le sourire aux lèvres. Puis, tu te réfugiais dans les bras de ton grand frère. « Merci de pas être venu avec les parents » soufflas-tu alors qu’il te serrait dans ses bras. Mais dans ces quelques mots, ta voix se brisait et tu sentais que t’étais au bout. Et là, les larmes coulèrent toutes seules le long de tes joues. Tu laissais tomber ton sac sur le sol, et tu serrais un peu plus l’étreinte de ton frère.

@Murphy O'Malley

Tu avais reçu un appel. Et pas n’importe lequel, celui de ton frère. De ton seul petit frère. Tu ferais tout pour lui, pour son bonheur, pour son bien-être. Tu n’es pas du genre à demander des justifications, non. Tu laisses parler les gens, tu es une épaule qui écoute, qui entend, qui calme. Tu es celui avec qui les silences peuvent prendre tout leur sens, avec qui les silences peuvent apaiser, peuvent être agréables, doux, et réconfortants. Tu n’as pas besoin de mots. Et de toute façon, tu n’as jamais vraiment été doué avec ça pour réconforter avec des paroles. Tout ce que tu sais faire, c’est être là, respecter l’autre, et conseiller avec ta raison et ton cœur. Tu ne seras pas le genre de personne à dire oh ce n’est pas grave, ne t’inquiète pas, tu seras plutôt qui cherchera quelques solutions, posera les bonnes questions. Si c’est seulement le souhait de la personne. Tu peux très bien être silencieux, juste ça. Et c’est exactement ce que ton frère t’a demandé. Le silence. Et tu le respectes, vraiment. Alors, en cachant à tout le monde, tu as pris la route de la gare. Pour le récupérer. Pour le serrer dans les bras. Tu n’es pas idiot non plus, Murphy. Tu as vite compris que dans sa voix fébrile quelque chose n’allait pas, qu’il avait besoin des personnes qui l’aiment inconditionnellement. Et tu es prêt à endosser ce rôle, tu es prêt à l’accueillir sans limite, sans question, sans jugement. Tu es parti seul, Murphy. Seul à sa recherche. Tu sais qu’il en a parlé à personne d’autre, son nom aurait déjà fuité dans les raps de famille. Par Willa, par vos parents. Alors tu as gardé tout ça secret. Tu n’as parlé de rien, et tu es parti discrètement, sans l’évoquer à sa recherche. Tu l’attends dorénavant sur le quai. Tu es là. Pas en retard. Même plutôt en avance. Il t’avait inquiété, Eliot. C’était pas dans son genre, pas dans son style de t’appeler comme ça. Tu te poses pleins de questions, mais tu ne veux pas le bombarder. Tu veux juste qu’il se sente bien, ici, à la maison. Et puis, tu le vois. Il est là, son train est arrivé. Il vient vers toi, et automatiquement, tu le prends dans tes bras. Ce câlin, sa présence dans tes bras, ça te fait du bien. Tant d’émotions te parcourent. Tu ne pouvais pas laisser ton frère comme ça, non, surtout pas. Tu souris à sa réflexion. « C’est normal » lui réponds-tu. Et puis tu entends, tu le sens, tu les vois aussi ces petites larmes sur son visage. Tu caresses alors son dos, des caresses pour le réconforter. « Je suis là maintenant. » murmures-tu. « Tout ira bien, tout ira mieux. » le rassures-tu. Tu n’es pas certain de ça, mais tu sais, que toi, en tant que frère, tu feras tout pour.

Dans le train qui t’emmenait de Sydney à Bowen, t’avais ruminé pendant des heures. Tu savais pas ce que tu allais dire à ton frère mais il fallait bien qu’tu lui parles. Il savait que les choses n’allaient pas bien depuis quelques temps, que tu n’étais plus heureux à Hollywood. Et il n’y avait que lui pour pas en faire des caisses et comprendre totalement ton ressenti. Murphy c’est la force tranquille de la famille. Il est doux, à l’écoute et tu sais que quoi qu’il arrive, tu pourra toujours compter sur ton frère. Alors tu réfléchissais au discours que t’allais lui tenir, à comment faire face à ton mal-être. Mais ça ne se passerait pas comme prévu, bien entendu. Tu descendais du train, cherchant. cette tête blonde que tu affectionnes tant. Et tu le voyais, rapidement, te faire un signe de la main. Alors tu te dirigeais vers lui, tu le prenais dans tes bras. Ton sac tombant près de ton grand frère, ta voix se brisait en l’espace de quelques secondes. Il caressait ton dos pour te réconforter, c’était agréable. Il te rassurait, et sa voix t’apaisait malgré que les larmes coulaient le long de tes joues sans crier gare. « Merci » soufflas-tu simplement dans un murmure. Vous restiez là, pendant quelques minutes, sans rien vous dire, pendant que tu versais encore quelques larmes. Puis tu te reprenais en main, tu sortais de l’étreinte de ton frère pour essuyer tes larmes d’un coup de manche. Tu souris, timidement, à ton grand frère. « J’suis content de te voir » dis-tu avec ce sourire, reniflant légèrement. Tu ne l’avais pas vu depuis longtemps, et en visio sur le téléphone ça compte pas. Tu attrapais ton sac pour le mettre sur ton épaule, reprenant tes esprits comme si rien ne s’était passé il y a quelques instants et que tu étais entrain de pleurer dans les bras de ton frère.

Tu essayes de paraître fort. D’être le grand frère idéal. Celui sur lequel on peut se reposer. Celui qui tient la route. Celui qui est la valeur sûre, la deuxième figure paternelle. Il en a besoin, Eliot, là. Tu le sens. Normalement, Lane remplit bien ce rôle, mais il est absent. Ton père pourrait être aussi celui vers lequel Eliot se serait tourné. Mais non, il ne voulait pas en parler aux parents, et tu peux le comprendre. Il ne veut pas les inquiéter, non. Alors tu es là, devant lui, le voyant fatigué, fragile, fébrile. Comme au téléphone. Il ne t’avait rien dit, et tu n’avais pas posé de questions. Tu n’es pas ce genre, à bombarder des multiples questions. Tu peux juste être là, à écouter, ou à être présent dans le silence. Pourtant, tu as mal au cœur. Pourtant, c’est difficile. Pourtant, tu voudrais l’aider, le sauver. Ou plutôt, du moins, faire quelque chose pour qu’il aille mieux. En effet, tu ne supportes pas ton frère dans cet état. C’est difficile. Tu le prends alors dans tes bras. Et c’est ce câlin qui te rassure, qui te fait du bien. Et tu espères qui lui fait du bien. Un geste simple, et tellement significatif. « Je suis content de te voir aussi, Eliot. » réponds-tu avec un sourire. Tu es content et brisé. C’est un drôle de sentiment. Content et soulagé qu’il soit là. Tu ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé, mais tu sais qu’il sera en sécurité auprès de toi, à Bowen, auprès de sa famille. Mais tu es brisé, triste, de savoir que tu n’as pas su être là avant qu’il devienne comme ça, avant qu’il soit aussi malheureux. « Tu.. tu veux peut-être un mouchoir ? Ca sera plus agréable que ta manche. » demandes-tu en riant légèrement et en tendant le paquet de ta poche, au lieu de le voir s’essuyer son nez avec sa manche. « Je suis garé pas très loin. Tu veux peut-être de l’aide ? » continues-tu à parler comme si de rien était. Comme si cette scène où il a pleuré dans tes bras n’avait jamais existé, ou avait été un lointain souvenir. Tu ne veux pas le forcer à parler, tu n’en as pas envie. Il ira à son rythme, s’il le souhaite. Tu es aussi plutôt discret sur tes soucis, et tu comprends qu’Eliot voudrait que ce soit pareil. Alors vous prenez tous les deux la route en direction de ta voiture, dans le silence. Enfin, pas un silence très long. Tu le brises rapidement. « Tu as fait un bon voyage, quand même ? » demandes-tu, légèrement maladroit.

Le paysage qui défilait le long du train te rappelait énormément de souvenirs. Des bons, des mauvais mais surtout les images de ton départ pour les Etats-Unis. Une fois repérés, t’avais jamais vraiment décider de retourner en Australie. Enfin, pas pour t’y installer à durée indéterminée. Là, c’était différent. Y’a plus rien qui allait dans ta tête, dans ton coeur, dans ta peau. Tu te sentais à part, perdu, sans but. C’est bien pour ça que te retrouver avec ta famille ça allait te faire du bien. Mais une fois que tu voyais Murphy t’attendre devant le train, tes larmes montèrent rapidement. T’avais fondu en larmes dans ses bras, comme si tu n’attendais que ça pour tout lâcher. Il était content de te voir qu’il disait. Toi aussi t’étais très heureux de voir ton grand frère. Tu essuyais rapidement les larmes sur tes joues avant de lui répondre lâchant un léger rire. « Je dirai pas non » dis-tu avec ton petit rire quand il te proposait un mouchoir. C’est vrai que tu en foutait partout et surtout c’était pas super élégant. Tu prenais le paquet pour récupérer un mouchoir et te moucher bien comme il faut dedans. Ce qui est bien avec Murph’ c’est qu’il est capable de faire comme si de rien était et que tu n’avais pas pleuré dans ses bras quelques secondes plus tôt. « Je veux bien, s’il te plait » dis-tu en hochant la tête. Tu avais ton énorme sac et puis un sac à dos où tu avais fourré tout ce que tu pouvais au plus vite. Tu lui tendais le sac à dos, le truc le moins lourd et vous vous dirigiez vers sa voiture. « Oui, c’était juste… long » dis-tu en haussant les épaules.

Ré-entendre le rire d’Eliot te rassure. Certes, il avait besoin de pleurer, et tu es là pour ça, pour être l’épaule sur laquelle il dépose ses larmes, les bras qui le réconfortent, l’oreille qui écoute sans juger, et bien plus encore s’il le faut, et le temps qu’il le voudra. Mais, pour toi, ça n’a pas de prix d’entendre résonner le rire de ton petit frère. Et tu ferais tout pour ça. T’es même un peu fier d’avoir réussi à décrocher ces quelques sonorités avec ta blague un peu nulle. Tu te sens vraiment grand frère, là. Et tu aimes ce rôle, énormément. «Allez hop, let’s go, rebienvenue à la maison. » Tu récupères par la suite son sac à dos et tu lui montres le chemin jusqu’à la voiture que tu ouvres avant que vous montiez tous les deux à l’intérieur. « Pas besoin de rallonger le trajet en te refaisant visiter ta ville ? J’évite le tour touristique habituel, droit au chemin ? » propose-t-il. Des fois, lors des retours à Noël de Lane et Eliot, tu profites pour leur montrer ce qui a changé, ce qui a évolué, leur faire les petits updates de la ville, les petites actualités. Pas tant que ça t'intéresse énormément les commérages ou les nouveautés de Bowen, mais plutôt pour qu’ils se sentent vraiment comme à la maison, comme s’ils n’avaient jamais quitté ce lieu, comme si tout leur reste très familier, rien de très surprenant. Mais peut-être qu’Eliot a besoin d’autres choses, du calme, du repos dans sa chambre. « Enfin, droit aux chemins, je t’ai pas demandé, mais tu veux dormir où ? » demande-t-il. « T’as toujours ta chambre chez papa et maman, mais si tu préfères j’ai un bout de canapé dispo dans ma coloc. » Tu lui laisses le choix, il n’a prévenu personne que toi, peut-être après le trajet, il voudrait juste se poser une dernière fois au calme, chez toi, et demain sera un autre jour.

Serrer Murphy dans tes bras, ça te faisait un bien fou. Tu savais qu’avec lui, tu pouvais être sans filtre, déverser tes larmes sans qu’il ne te juge. Et sans qu’il ne le répète non plus. Heureusement qu’il étais là, lui. Il avait toujours le bon mot, toujours le truc pour te faire sourire et il avait réussi, là. « Merci » dis-tu en essuyant tes larmes avec son mouchoir. Il récupérait ton sac à dos pour t’emmener à sa voiture. Mais à vrai dire, tu savais pas trop où il allait t’emmener parce que tu n’avais prévenu personne mis à part lui. « On verra plus tard pour tout ce que j’ai raté monsieur Bowen » soufflas-tu avec un léger rire. Tu aimais bien les tours de Bowen avec Murphy quand tu revenais pour les fêtes ou pour des petites vacances. Il trouvait toujours quelque chose à te montrer quoi avait changé dans la ville et tu avais l’impression que ton frère, c’était l’incarnation de cette ville tellement il la connaissait par coeur. Il te demandait alors où il devait t’emmener et c’est là où tu tiquais. Vos parents n’étaient pas au courant que tu étais là, mais t’avais pas non plus envie d’être seul dans une chambre d’hôtel. Alors tu claquais ta jambe contre le sol, un peu nerveusement en regardant le vide. Le début de l’angoisse va commencer… Mais Murphy te proposait gentiment de venir chez lui. « Je… je dis pas non à ton canapé » dis-tu en fixant la route. « Enfin si tes colocs sont d’accord, hein » ajoutas-tu simplement en croisant tes bras contre ta poitrine.