cinq heures du mat' sur le port, un dernier shot (emilia)

tw : cigarettes, alcool
Les soirs de week-end, ce n’est jamais la grosse fête avec Murphy. Il n’a jamais été un  fêtard. Loin de là. Il préfère les moments tranquilles, à boire des bières avec des copains dans un appartement, à raconter des conneries et à fumer des clopes. Il n’ira jamais danser dans des boîtes de nuit. Ce n’est pas son style. Dans les soirées étudiantes où il avait été trainé, il se transformait en cliché du weird mec assis au fond sur le canapé, à parler de tout et n’importe quoi et surtout de sujets insolites. Ce mec-là que tout le monde trouve étrange, mais à la fois drôle, parce qu’il est sympa et fait rire. Ce mec qui est invité en espérant qu’il dépasse ses limites et se mette à danser à poil, et qui, finalement, vient porter secours aux premières personnes dans le mal. Et ouais, c’est un vieux cliché ambulant ce Murphy, et surtout avec un grand humour cynique envers lui-même. Ce soir, il avait proposé à quelques copains de venir le rejoindre pour une bière à l’appartement avec Milo et Kay. Mais aucun n’était malheureusement disponible ce soir-là. Ses seules compagnies ? Des livres. Un crayon. Un carnet de dessin pour biologistes. Il est définitivement devenu l’image qu’il renvoyait aux autres. Pourtant, ça lui plaît. Et toujours appréciant les choses un peu glauques, un peu hors du commun, il décide de sortir. D’aller dans un bar. Oui, oui. Il ne veut pas rester enfermer seul dans cet appartement. Qui sait : son ex, qui est dorénavant sa colocataire, pourrait revenir à tout moment ? Il n’est pas prêt à l’affronter encore seul, sans Kay, sans Milo. Alors un bon petit bar fera bien l’affaire. Mais pas n’importe lequel. Non, surtout pas un de ces bars ultra connus et ultra peuplés de Bowen par de multiples étudiants. Où ça crie, ça danse, ça chante. On va encore vouloir lui faire boire plus que de raisons, espérant encore une fois de lui un mouvement inattendu. Alors il choisit celui un peu isolé, où seul les habitués sont là. La moyenne d’âge ? Cinquante cinq ans dirait-il à vue d’œil. Parfait pour lire se pense-t-il. Il aura peut-être quelques réflexions par-ci et par-là. Mais il est dans son monde, Murphy. Ca sera tant pis pour ça et tant mieux si les autres s’amusent ainsi. C’est donc dans cette énergie qu’il commande un bière, allume sa clope, sort un livre et son stylo, prêt à dessiner un insecte attiré par la lueur blanchâtre du lampadaire juste au-dessus de lui. Et c’est en se concentrant sur ces détails qu’il la voit, cette jeune femme, titubant de loin.

Tu vas mal Emi, tu fais genre que ça va mais non. T'avais craqué Emi, t'avais craqué et tu repassais tes soirées à boire, un peu trop. Tu te détestais au fond de toi parce que tu perdais tout petit à petit, ton logement, ton mec, ta vie t'échappe petit à petit. Bien sûr que t'es soutenue, t'es pas seule mais pourtant t'as l'impression de l'être au fond de toi. Tu n'arrives plus à rien gérer une fois de plus mais tu le caches bien pour une fois, personne n'a l'air de trop s'inquiéter pour toi. Ou alors tu ne vois pas les gens qui sont là pour toi trop dans ta bulle, trop dans ton mal. Ce soir t'avais encore envie de prendre l'air, tu sais pas ce que tu vas faire réellement mais une chose est sûre le sommeil tu ne le trouveras pas de sitôt. Déambulant dans les rues tu finis par trouver un bar, tu le connaissais pas, tu penses jamais l'avoir vu même. Tu entres et tu te demandes bien quel est le type du bar, bien trop âgé en terme de moyenne d'âge. Pourtant tu t'assois au bar tu enchaine les verres, seule, personne vient te parler, tu penses clairement que ton visage parlait pour toi, tu ne voulais parler à personne. Tu ne sais pas depuis combien de temps tu es là mais tu finis par en avoir marre, tu veux changer d'air, tu te lèves alors après avoir payé ta note, combien tu as dépensé, t'en sais rien, tu verras demain. Tu sors en titubant, du bar, tu prends une bouffée d'air frais et ça te donne aussitôt le tournis. Mal de ventre, yeux qui se trouble un peu, tu avances, tu prends appuie sur une table et pris d'une nausée tu laisse sortir ce que tu avais dans l'estomac, t'avais juste pas vu que assis à cette table il y avait quelqu'un qui vient de se prendre le ramassis de vomi à moitié sur son pantalon et ses chaussures.

Murphy l’avait vu venir. Titubant comme ça, se tenant au moindre appui possible : chaises, tables, parasols, c’était certain. Il l’avait vu. Tout devenait un repère pour elle qui cherche désespérément à ne pas s’effondrer. Et pourtant, il ne s’est pas méfié. Il ne s’est pas douté une seconde de ce qui pouvait lui arriver. Des fois, il est juste trop bon. On dirait pas comme ça derrière son aire parfois cynique envers lui-même, son style soigné et ses appétences pour la culture et la connaissance. Il est trop bon, il croit en l’autre, et veut les sauver. C’est peut-être ça ce qui s’est passé avec cette femme. C’est peut-être pour ça qu’il ne s’est pas reculé, qu’l n’a pas eu un mouvement de peur ou autre. Si elle lui avait laissé quelques secondes de plus, il est certain qu’il aurait dit un ça va madame ? besoin d’aide ?, c’est certain, c’est obligé. Mais le sort en a décidé autrement. Oh non, pas du fait qu’il ne viendra pas en son aide -au contraire, ça sonne clairement comme un appel à l’aide urgent. Mais ses pensées ont été plutôt interrompues par un liquide à l’odeur peu alléchante sortant de la bouche de la jeune femme venant se déverser sur son pantalon, ses chaussures et sûrement sur son livre. Décidemment, l’envie de fuir les soirées étudiantes trop arrosées où il finit toujours par sauver les plus mal en point ne s’est pas réalisée. Comme quoi, son rôle de weird guy trop gentil le suit de partout. Même loin de tout. Même des années après. Murphy se recule, et attrape une serviette sur la table pour s’essuyer. « On peut dire que vous n’êtes pas nyctalope pour ne pas vous apercevoir qu’il y a d’autres chaises sur lesquelles vomir sans porter atteinte à une personne. » Il a bon fond Murphy, jamais il râlera méchamment, jamais il élèvera vraiment la voix. Pourtant, il manifeste quand même de sa personne. Hors de question de se faire marcher sur les pieds. Et puis, même s’il sait déjà qu’il fera de son mieux pour s’assurer que la jeune femme soit en sécurité, il est important, selon lui, de lui remonter les bretelles. Et en utilisant des mots savants, c’est encore mieux. Il regarde la jeune femme qui doit sûrement être mal à l’aise. Il ne veut pas enfoncer son cas, ce n’est pas l’exercice, ce n’est pas le but. Il doit bien comprendre qu’elle est suffisamment malade comme ça pour en rajouter plus. « Bon, allez, ne vous en faites pas je ne vais pas vous insulter de gourgandine » dit-il de manière rassurante. « On dirait que vous êtes tombés sur le bon gars pour vomir dessus. » hoche-t-il les épaules. « Et si ça vous rassure mon météorisme se porte au mieux, je me suis posé ici loin de tout le monde pour libérer un peu tout ça, voyez-vous. » Ouais non, Murphy, il faut arrêter d’être trop weird à ce point-là. Son plus grand défaut ? Ne jamais savoir s’arrêter, ne jamais trop savoir quelle est la frontière du gênant. « Allons bon, prenez place sur la chaise à côté si vous voulez en parler. » propose-t-il en finissant d’essuyer son pantalon et ses chaussures. « Bon, je ne suis pas sûr que la serviette que j’ai suffise, mais c’est déjà mieux que rien. » hoche-t-il à nouveau les épaules. « Tout va bien, réellement ? » demande-t-il, rassurant, et donnant sa voix la plus douce possible.

T'es mal, tu titubes et tu finis par vomir, non pas sur le trottoir ou la route non.. Sur quelqu'un, t'as jamais fait ça, tu le regrettes aussitôt. Tu t'en rends compte qu'une fois avoir entendu la voix qui s'adresse à toi. "Désolée!" Ton esprit est complètement embrouillé, tu t'écartes et continues un peu à vider tes tripes. T'écoutes pas ce qu'il te dit, tout ce que tu comprends c'est qu'il s'agit de la voix d'un homme, c'est tout ce que tu retiens. Tu finis par arrêter de vomis et tu arrives peu à peu à reprendre un peu tes esprits. Gourgandine? qu'est ce qu'il raconte celui là? Tu te redresses en essuyant un peu ta bouche et tes yeux. Cet homme parle beaucoup trop et tu comprends absolument pas ce qu'il raconte mais tu finis par t'assoir sur la chaise qu'il te tend presque et tu essayes de reprendre tes esprits. La tête penchée en arrière tu ris doucement quand il parle de la serviette avec laquelle il s'essuie. "Vous parlez toujours autant?" Tu relèves la tête et le regarde en penchant un peu la tête, tes yeux reprenant un peu plus la vision et donc tu vois bien plus ton interlocuteur, et surtout la victime de ton vomi. "Est-ce que j'ai une tête à aller bien vous penser?" Tu affiches un faux sourire, surtout dessiné grâce à l'alcool. "Je suis au bout du rouleau, au bout de ma vie même et là je vais à peu près bien parce que l'alcool m'aide à bien aller"

tw : cigarette, vomi
Il pensait passer une soirée tranquille dans ce petit bar peu fréquenté, peu fréquentable sûrement, Murphy. Mais visiblement le destin en a décidé autrement. Enfin, surtout les reflux gastriques de la jeune femme devant lui. Se faire vomir dessus, case à nouveau coché par le O’Malley. Oh non, loin de l’idée que ça lui arrive souvent, mais Murphy a toujours été le bon pote de soirée qui veille sur les autres. Alors oui, le vomi, il connaît, malheureusement. Par contre, celui d’une inconnue, non. Originale au moins comme approche. Il a connu des meilleures techniques de drague. Bon, il n’est pas là pour juger, il est nul dans ce domaine, mais de ces expériences, ça ne fonctionne pas trop de rejeter son dernier repas -ou verre, ou les deux- sur l’autre. Il sourit à l’excuse de la jeune femme tout de même. « Il parle autant.. il parle autant… » lève-t-il les yeux au ciel. « Quand on vient lui vomir dessus, alors oui, normal qu’il s’interroge. » répond-il. Un peu sec, mais bon, la question est idiote aussi. Bon après, c’est vrai qu’il a un talent à déblatérer pleins de choses Murphy, dans tous les sens, surtout les plus inattendus. « Vous avez raison, votre tête ne respires pas le bien être. » ironise-t-il. « Surtout quand il vous reste un bout de votre repas sur votre repas sur votre joue. » lui montre-t-il en pointant sur son propre visage la position du reste de vomi -oui sur son propre visage, pas celui de la jeune femme, on reste hygiénique après tout ici. Il pose une main sur son épaule, lui tend un mouchoir, et l’écoute. « Monsieur-qui-parle-trop peut aussi devenir monsieur-qui-écoute, si vous avez besoin, vous savez. » propose-t-il. « Ou il peut redevenir monsieur-qui-parle-trop si besoin, et changer de sujet, pour continuer à vous faire rie. » il l’avait vu sourire à sa blague sur la serviette, alors il tente, on ne sait jamais.

Tu ne l'avais jamais fait celle là, vomir sur quelqu'un et pourtant te voilà à même discuter avec ta victime. Tu l'écoute et qu'est-ce qu'il était bavard, tu te demande comment c'est possible en réalité de pouvoir parler autant, enfin, tu ne devrais pas juger t'es plutôt bavarde aussi quand tu t'y mets, mais tu sais pas, c'est certainement parce que tu es bourrée que tu te retrouves à penser ainsi. Tu le regardes et vient alors t'essuyer la joue comme il te l'indique. "Ah ouais ... Beurk! Je suis dégueulasse!" Tu ris doucement en secouant la tête, tu te dégoute vraiment mais vu l'état actuellement dans lequel tu es ça te fait plutôt rire. T'es complètement à la ramasse et t'as seulement bu, pas pris un seul cachet ou autre drogue, non juste de l'alcool et tu es complètement déchirée. "Je peux vous parler mais vous me faites rire quand même un peu?" Ouais parce qu'il avait l'air d'être un sacré personnage, il n'y a qu'à voir la manière dont il s'exprime, toi ça t'amuse. Tu regardes alors le ciel et les étoiles, elles bougent beaucoup quand même t'es pas sur que ça soit normal. "Je peux te dire tu? c'est mieux, t'as pas l'air vieux en plus!" Tu lui lances un petit regard en souriant et hoche la tête. "Tu t'es déjà fait briser le coeur? Genre moi je l'ai eu à plusieurs reprises! Je peux te raconter?"

Un bon rire sort de la bouche de Murphy. Elle est originale la fille devant lui, ça lui fait bien marrer. Pourtant une partie de lui est emmerdée par sa présence. Il désirait, à l’origine, se poser tranquillement avec une bière, ses cigarettes et ses carnets. Rien de plus. Et rien ne devait indiquer qu’il se recevrait du vomi dessus, vraiment rien. Il aurait pu partir dans une grande colère, Murphy. Ca aurait été légitime. Cependant, il a senti la détresse de la jeune femme, et Murphy, il ne peut pas la laisser comme ça. Impossible, inimaginable pour lui, lui qui a toujours pris soin des autres. Alors il a légèrement manifesté son mécontentement avec des mots maladroits, un vocabulaire un peu à lui, un peu à son style, à son monde. « Voilà qui est déjà bien mieux ! » acquiesce-t-il avec un hochement de la tête et un petit sourire. Un nouveau rire sort. Elle est drôle, elle aussi. « Toujours là pour faire des blagues s’il faut, mais je préviens, je n’ai pas fait l’école du rire. » Il s’arrête quelques temps et hoche les épaules. « Quoiqu’on dit souvent que je suis un clown malgré moi. » Il espère que cette dernière phrase lui fera rire. Mais bon, il sent et entend qu’elle a besoin d’autres choses aussi, Emilia. Alors il tire la chaise à côté de lui, qui fort heureusement n’a pas été touché par le vomi -Murphy a su faire un parfait bouclier- et l’invite à s’assoir avec u geste lui montrant qu’elle est la bienvenue ici. « Ok ça me va, mais je te dis tu aussi. » répond-il avec un clin d’œil, et heureux de savoir qu’il n’est pas si vieux. Toujours dans la course le Murphy, finalement. Et puis la question. La grande question. Mince. A-t-il vraiment eu le cœur brisé ou s’est-il brisé le cœur ? S’est-il auto-saboter ? Oui, il le pense, mais c’était pour le bien, pour le mieux de tous et toutes. Il tire donc une moue assez mitigé. « J’ai pu connaître des histoires, oui. » Mais il ne s’étendra pas plus, il se contente juste de répondre par cette vague phrase. Parce qu’il sent la détresse de la jeune femme. Il l’entend, il ressent son cœur crier, pleurer, se déchirer. Et il se dit que c’est pas le moment de parler de lui, mais plutôt de lui laisser la parole. « Si ça peut te faire du bien, si ça peut te libérer, je suis tout ouïe. J’arrête même mes gribouillis pour ça, regarde. » prononce-t-il en fermant ses carnets et en les rangeant dans son sac. « Tu veux de l’eau peut-être avant ? » propose-t-il en sortant sa gourde de son sac au passage.