#13 - maintenant, j'ai ta tête sur mon épaule - milo

19h. La journée, elle avait pas été bonne. J'avais traîné tout au long de l'après-mid une p'tite boule dans mon estomac. Aujourd'hui, cela faisait trois ans, jour pour jour, que mon père était décédé. Et ça me serrait la gorge. Ca me serrait le coeur. Et j'me sentais un peu fébrile. J'me sentais orpheline, loin de ma famille, loin de mon père. J'avais ruminé, ça un peu, toute la journée. J'me sentais seule. Et forcément, j'avais eu envie d'être avec une seule personne. Milo. J'avais hésité, pas mal, toute la journée, à le joindre. J'voulais pas passer pour la ouin-ouin de service. Et j'voulais pas me montrer faible. J'voulais pas montrer cette partie de moi. C'était idiot hein. Alors j'l'avais joué détachée, juste en lui envoyant un message plutôt neutre. "Hey Milo, t'es d'acc si j'débarque avec du coca et des p'tites chips?" J'savais qu'il était en coloc et que s'il y avait du monde, on finirait par aller dans sa chambre, pour être tranquille. J'avais besoin de le voir, de sentir la sécurité qu'il mettait autour de moi. Après sa réponse positive à mon message, je passais à la supérette pour acheter de quoi et j'arrivais devant la porte de son appartement. Je frappais, et il ne tarda pas à ouvrir. "Hé" que j'dis d'une petite voix. J'plongeais mon regard dans le sien, et alors que je pensais pouvoir sourire et faire comme si de rien, j'sentais mes yeux se border de larmes. J'sentais la tristesse m'envahir, Milo, il allait probablement flipper, croire qu'un truc grave était arrivé mais je contrôlais pas. J'fondais en larme, me précipitant dans ses bras, entourant sa nuque de ma main et calant ma tête dans son cou. Je pleurais, sans discontinuer, mais c'était pas des pleurs bruyants, c'était silencieux, tout mon corps sanglotait en silence et je serrais Milo de toute mes forces. Ici, à l'autre bout du monde, il était le seul repère que j'avais. Et je n'aurais pas pensé que ça aurait été si dur, l'absence des autres, de mon père, mais aussi la distance entre ma mère et ma fratrie. Milo, il était le seul qui me raccrochait à ça.

@Milo Putskowski

Aujourd’hui était pas un jour facile et tu le savais. C’était l’anniversaire de la mort du père de Joan. Tu ne voulais pas la brusquer, tu ne voulais pas non plus lui faire penser à ça. Mais tu sais ce que c’est que de perdre quelqu’un. Quand ta maman est décédée, t’avais pu compter sur ton entourage, sur Joan. Mais tu ne voulais pas faire trop de forcing. Tu avais quand même reçu un message qui t’avais fais sourire. Sounds good to me que tu lui avais simplement répondu par message. Il n’y avait personne à l’appartement, tu y étais seul aujourd’hui. Chacun avait son petit emploi du temps et tu travaillais souvent depuis la maison. Tu l’attendais alors, préparant un petite session film dans l’appartement. T’avais poussé la table du salon contre le canapé, t’avais mis un plaid sur le sol et un autre à côté. Puis t’avais mis des p’tites lumières partout dans l’appartement. Qui fait ça pour une simple amie ? Pas grand monde. Etait-elle une simple amie ? Telle est la question. Tu n’as pas pu réfléchir longtemps à cette question puisque tu entendais la sonnette de l’appartement. Alors tu t’empressais d’aller ouvrir. « Hey » dis-tu simplement avec un p’tit sourire. Tu sentais qu’elle se sentait pas bien et tu voyais que les larmes montaient. Alors tu la prenais simplement dans tes bras sans rien dire. Tu lui faisais un énorme câlin, frottant une tes mains contre son dos. Puis, après quelques minutes de pleurs silencieux de la part de la brune, tu prenais son visage et tu lui souris. « J’te promets que ça va aller » dis-tu tout doucement. Puis, tu lui embrassais la joue, gentiment.

J'savais que Milo savait. Parce que lui aussi avait vécu la perte de sa mère, et il savait que ce genre de date, ça ne s'oubliait pas. C'était des journées de perdues, des journées bizarres et même si j'avais traîné un peu ma peine toute la journée, j'avais eu envie d'être avec Milo ce soir. Sa réponse à mon message m'avait soulagée, de savoir qu'il était libre. J'savais trop jamais si j'allais trouvé la coloc de Milo vide ou agitée de vie, mais lorsque je frappais à la porte, c'est Milo qui m'ouvrait. J'étais pas en mesure d'analyser s'il y avait du monde autour. La seule chose que je sentais, c'était ma gorge qui se serrait et les larmes qui roulaient sur mes joues, en silence. J'me blottissais contre Milo, calant ma tête dans le creux de son cou et je pleurais, sans m'arrêter, pendant peut-être une ou deux minutes. J'sentais ses bras qui m'entouraient, c'était réconfortant, c'était doux, c'était exactement ce dont j'avais besoin. Après ça, il prit mon visage entre ses mains, et je plongeais mon regard baigné de larmes dans le sien. Je hochais la tête, en silence, reniflant aussi au passage. "C'est tellement dur. Chaque année, ça m'revient en plein dans la tête." C'était un peu un mensonge, parce que mon père, j'y pensais un peu chaque jour. Mais celui-ci en particulier, était beaucoup plus douloureux que les autres. J'accueillais le baiser de Milo, sur ma joue, en fermant les yeux. Ca m'avait fait du bien de pleurer. C'était pas habituel. Le jour de l'enterrement, j'avais été incapable de verser une larme. Comme si tout était bloqué en dedans. Là, pleurer, aujourd'hui, j'avais pas pu m'empêcher, même si j'trouvais que c'était une marque de faiblesse. Mon père aurait détesté me voir pleurer pour lui. Il était pas de ce genre là. J'inspirais un peu, levant les yeux au ciel pour éviter que d'autres larmes ne s'échappent de mes yeux. "J'te dérange pas au moins? J'me suis un peu imposée à toi.." que j'dis doucement, bien consciente d'arriver chez lui presque à l'improviste.

@Milo Putskowski

Ça n’allait pas être une belle journée pour la française alors tu avais entrepris de faire de ton appartement le lieu le plus cocooning du monde pour qu’elle s’y sente bien. Tu voulais qu’elle se sente bien, entourée et qu’elle ait le moins de peine possible. Quand tu ouvrais la porte, tu tombais sur une femme triste, malheureuse et tu le sentais quand elle se blôtissait entre tes bras. Tu caressais son dos, doucement, sans rien dire parce que tu savais. Tu savais ce que ça faisait, cette perte. C’était la pire chose qu’il soit, qu’on arrache un parent à un enfant, surtout à vos âges. « C’est normal, mais j’te jure qu’avec le temps ça fait moins mal, on y pense toujours mais ça brise moins le coeur, crois-moi » dis-tu en mettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Tu embrassais sa joue et tu l’invitais à entrer. « J’me doutais que tu viendrai, alors tu t’es pas imposé et puis, on est tous seuls, y’a personne qui est là » dis-tu avec un sourire en coin. T’avais tout prévu, un film, une soirée jeu-vidéo, des pizzas enfin de quoi s’amuser et penser à autre chose. Mais vous pourriez aussi passer la soirée à pleurer, à parler de vos parents, c’était ce qu’elle voulait. Ce soir, c’est Joan la chef et c’est elle qui décidait de votre plan de soirée.

Ce câlin, dans les bras de Milo, il était bénéfique, bien plus que je ne l'aurais pensé. Ca me faisait relativiser, ça me faisait me sentir mieux, plus apaisée. Même si la douleur était toujours présente, ça m'enlevait un poids. Et puis, les mots de Milo, sa douceur, sa voix calme, ça terminait de me détendre, totalement. La douceur, elle était toujours là, c'est certain, il avait réussi à calmer mes sanglots. Il partageait la même chose que moi, Milo, on était lié par ce sentiment commun d'avoir perdu un parent. "J'te crois, merci." que j'dis d'une petite voix en terminant enfin de renifler et de chasser les larmes de mes paumes de mains. Milo avait anticipé ma venue faut croire, parce qu'il était seul à la coloc. Ca me rassurait un peu, j'avais pas spécialement envie de mon montrer ainsi, face à ses colocataires que je connaissais à peine. "J'suis très contente d'être là, ce soir, juste tous les deux." que j'dis alors que Milo se décalait de l'entrée, me laissant entrer la première. Je déposais mon sac dans l'entrée avant de porter mon regard vers le salon. Wo. Ca avait changé par ici. L'ambiance était réconfortante, cocooning. Un grand plaid était étendu sur le sol, des p'tits lumières un peu partout, il avait fait les choses bien, Milo. "Ca m'est destiné, tout ça?" que j'demande, le sourire aux lèvres, malgré mes yeux encore un peu rougit par les larmes. J'lui prenais la main et je m'avançais vers le salon, j'sentais mon coeur qui battait un peu plus vite que d'habitude. "T'es adorable, ça m'touche vraiment." J'savais que je pouvais compter sur lui, je savais qu'il était mon élément repère ici, mais faire preuve d'autant d'attention, ça m'allait droit au coeur. C'était pas un hasard que j'avais ce p'tit crush à son encontre, et j'sentais même, si j'écoutais un peu mon coeur, j'avais des sortes de p'tits papillons en dedans.

@Milo Putskowski

Tu savais comment elle se sentait, Joan. Tu savais que c’était dur comme sensation, comme sentiment. Alors ce que tu pouvais faire de mieux, c’est d’être là pour elle. Et puis, c’est ta plus vieille amie, t’as cette obligation d’être là pour elle. Même si au final, c’est pas vraiment une obligation pour toi mais un plaisir. Tu la prenais dans tes bras, lui murmurant des mots rassurants et réconfortants. Tous tes colocataires avaient disparus pour la soirée, alors tu avais organisé un petit truc pour remonter le moral de ton amie. « Tout pour toi ! » dis-tu en écartant les bras, montrant ce que tu avais fais pour la française. Ok, c’était peut-être trop, peut-être que ça dévoilait beaucoup de choses. Mais tu t’en fiches, c’est sincère. Tu t’étais fais taquiner un peu plus tôt dans la journée par Murphy, mais tu l’avais rapidement envoyé balader. « C’est normal, Jo » dis-tu ensuite avec un sourire en coin. Ok, t’en pinces peut-être un peu pour la brune, et t’osera jamais lui dire. Un crush d’enfance, ça disparait pas aussi vite. Mais c’est comme ça, ça reste. Tu allais t ‘assoir sur le plaid que tu avais mis au sol et tu lui faisais signe de te rejoindre. « Ce soir on fait ce que tu veux, on fait de la musique, on joue aux jeux vidéos, on regarde un film, c’est toi qui décide ! » dis-tu avec un grand sourire. Tu veux lui changer les idées, tu veux qu’elle se sente bien et que cette soirée panse un peu ses peines.

Ca m'fait un bien fou d'être dans l'espace de Milo après cette journée un peu lourde. J'avais pensé à mon père, forcément, et j'avais aussi pensé à cette nouvelle expatriation, à mon retour ici, et j'me sentais loin de mes racines, loin de ma famille qui vivait encore en France. Alors Milo, c'était le seul qui me rappelait à ça et j'avais eu besoin de sa présence. Entre nous, c'était simple, j'me sentais moi même. Il y avait forcément ce crush d'adolescence qui nous unissait, il y avait ces petits papillons dans le ventre, ceux qui étaient là depuis notre premier baiser. Mais à bien regarder, de plus près, on s'disait pas trop les choses, comme si on gardait pudiquement les sentiments qu'on pouvait avoir l'un envers l'autre. Mais les gestes eux, ils étaient là. Ce que Milo avait organisé pour moi, cette safe-place à base de plaids et de lumières tamisées, ça m'allait droit dans le coeur. J'le trouvais vraiment adorable à cet instant et il gagnait encore un peu plus de points. Léo, il avait bien vu à la dernière soirée comment j'pouvais le regarder Milo, j'avais un peu nié mais mes joues empourprées elles, n'avaient pas menti. On entrait dans le salon l'un à côté de l'autre et Milo prenait place sur le plaid, m'invitant à le rejoindre. J'me faisais pas prier, m'adossant contre un oreiller, pas trop loin de Milo. J'le regardais, je l'écoutais, avec un p'tit sourire un peu niais accroché sur le visage. Mes larmes finissaient de séchées et j'vivais à présent l'instant T, oubliant peu à peu mon chagrin. J'réfléchissais à toutes ses propositions. "Mmmmh, je dirais que j'aurais bien besoin d'regarder un film, un truc bien feel-good là, un truc un peu con-con tu vois l'genre ?" que j'lui dis en souriant, franchement cette fois ci. J'me penchais vers l'avant pour attraper la télécommande et allumer la télévision. "T'as l'idée d'un film qui correspond à mes attentes hautement précises?!" que j'demande tandis que j'lance Netflix. "Nan parce qu'on connait ça, on va mettre dix ans à trouver un truc qui nous plait et on va p'tete même pas le regarder!" que j'dis sans trop réfléchir. Pourquoi on le regarderait pas, hein ? Probablement parce qu'on sera trop occupé à parler et accessoirement à se regarder aussi.

@Milo Putskowski

Joan n’avait pas eu la vie facile, tu la comprenais bien. C’était toujours une période difficile, que celle-là. Alors, tu avais tout organisé, jusqu’à virer tes colocataires, pour qu’elle passe la meilleure soirée de réconfort ! Et elle semblait charmé par l’idée, donc c’était parfait. « Je vois, et j’adore l’idée ! » dis-tu avec un sourire. Tu te posais avec elle sur le sol, sur l’installation que tu avais faite pour que vous puissiez vous détendre tous les deux. « On peut regarder un dessin-animé, même » soufflas-tu comme idée avec un rire. Mais une bonne comédie feel-good, sans prise de tête, ça pouvait bien vous consoler tous les deux. Enfin, surtout Joan. Tu prenais la télécommande des mains de la jeune femme avant de naviguer sur le catalogue netflix. « Ou sinon une bonne vieille romcom bien à gerber » dis-tu dans un rire en passant devant un film. T’avais pas vraiment d’idée, tu voulais la laisser choisir. C’était sa soirée après tout, t’étais là pour elle, presque à être son serviteur et à répondre à toutes ses envies (ndlr : sans mauvais jeux de mots, hein). Tu te levais pour aller chercher de quoi vous sustenter genre quelque chose à boire et deux trois trucs à grignoter sur un plateau et tu revenais rapidement vers elle. « Alors, qu’est-ce qu’on mate princesse ? » demandas-tu en posant tout devant elle.

Milo, il avait ce p'tit pouvoir de me redonner le sourire. D'me faire me sentir bien, chez moi, à l'aise et très vite, le gros chagrin lié à la perte de mon père devenait surmontable, je l'oubliais pas, jamais, mais il était moins présent. Milo avait fait les choses bien et très vite on se retrouvait au salon, assis voire avachi, sur les plaids étendus par terre. On cherchait un film, j'savais que j'voulais un truc léger, un truc con-con, un truc qui nous fasse rire, et qu'on puisse suivre juste d'un oeil. Parce que Milo et moi, on discuterait, on s'regerderait, on allait pas suivre entièrement le film, c'était certain. Il semblait tout aussi indécis que moi et finalement, alors qu'il était parti à la cuisine pour ramener des trucs à boire et à manger, j'défilais le catalogue. Et j'tombais sur le film catastrophe 2012. Ca m'faisait revenir tout un tas de souvenirs, parce que ce film là, la première fois que je l'avais vu, c'était pendant les vacances d'été, en France, avec Milo. C'est lui qui avait apporté le DVD à l'époque, et on l'avait regardé ensemble. Alors forcément, ça résonnait un peu. Et pis c'était accessoirement l'été durant lequel on s'était embrassé. Milo revint avec le plateau et j'le regardais, amusée et un peu nostalgique aussi. "J'ai trouvé notre petite pépite, 2012. Tu te souviens?" que j'lui demande alors que j'attrape une chips dans le bol qu'il vient de poser sur le plaid. "Tu m'avais vendu ça comme étant le meilleur film de tous les temps. Et moi j't'avais trouvé bien stylé d'arriver avec un DVD." que j'dis en éclatant de rire. Ouais, Milo, je l'avais toujours regardé avec des étoiles dans les yeux. Et ça n'avait pas tellement changé. J'lançais le film, me calant contre les coussins, pas très loin de Milo. Une canette d'eau gazeuse entre les mains. Le film, ça faisait très longtemps que j'l'avais pas vu, et même si c'était pas une romcom, ça m'faisait juste du bien, de rattacher cette soirée à des souvenirs. A ce qu'on avait été, lui et moi, à une époque.

@Milo Putskowski