This weight's too much alone, I got you + Sam

Une exposition temporaire sur les impressionnistes, il n’en fallait pas plus pour traîner Léo au musée. Il fallait dire que faire venir Monet, Pissarro ou Van Gogh jusqu’à Bowen, c’était un fait exceptionnel et aussi un sacré tour de force de la part de Sam. Léo en avait vu des dizaines, des expositions de ce genre, il avait passé des heures à l’Orangerie de Paris, à Orsay évidemment, ou encore au MET et j’en passe. Il fallait avouer qu’Emerson avait une passion pour les musées, pour l’art en général, ce n’était pas pour rien qu’il était devenu photographe. Et en peinture, son courant préféré restait l’impressionnisme, la lumière, la technique, il restait toujours admiratif devant de telles œuvre. Wellington était un excellent directeur de musée et visiblement un fin négociateur, il arrivait toujours à faire venir des tableaux exceptionnels, un jour il ferait déplacer la Joconde,  c'était presque une certitude ! Bref, Léo traînait donc là, à admirer des Nymphéas pour terminer sa visite et s’apprêtait à aller dire bonjour à son ami, quitte à passer au musée, autant faire un coucou, surtout que si Sam l’apprenait et qu'il ne le voyait pas, le photographe aurait droit de se faire engueuler. Les deux hommes s'étaient rencontrés sur les bancs de l'école d'art et ne s'étaient jamais quittés depuis. Enfin presque jamais, chacun d'eux avait connu des coups durs, des moments particuliers, ils s'étaient parfois éloignés par la force des choses. Cependant c'était le genre d'amitié qui savait pardonner les absences ou le manque, à toute épreuve. Le bâtiment était assez grand, heureusement Léo connaissait les portes dérobées et les vigiles qui le laissaient passer, ainsi il pouvait rapidement accéder au bureau de Monsieur le directeur. Il passa dans la salle dans antiquités, actuellement fermée, quand il entendit une conversation, ou plutôt une dispute, il reconnu rapidement la voix de Sam qui tempêtait, alors il s’arrêta, non pas pour faire le curieux, mais parce que c'était lui qu'il venait voir. Ainsi, sans trop s’approcher pour ne pas s’en mêler, il pu voir le blond avec une brune, ça se prenait la tête au sujet d’un vase mal présenté, ou quelque chose comme ça. Wellington pouvait être pointilleux et exigeant, Léo le savait. Rapidement la jeune femme, plutôt jolie soit dit en passant, tourna les talons, Léo allait donc s'approcher quand il vit son ami changer totalement d’attitude, lui qui était agressif, incisif face à elle, la regardait à présent s’éloigner avec un regard empli de douceur, il ne la lâchait pas, il la mangeait des yeux. Léo connaissait bien ce genre de regard et de changement de comportement, il avait fait exactement la même chose avec Alba à une époque. Il se décida finalement à sortir de l’ombre et fit comme s'il arrivait juste, fermant la porte derrière lui avec un peu plus de bruit que nécessaire, puis claquer des chaussures que le parquet. Sam ! J’te cherchais ! Merveilleuse cette expo, j’en reviens pas que tu aies eu Monet, bien joué mon pote ! Il était évident qu'il allait lui parler de ce qu'il venait de voir, il allait poser des questions, il devait comprendre, bien qu’il ait déjà une petite idée sur le sujet. Mais il ne comptait pas attaquer son pote en préambule, il était quand même civilisé ! Il s’approcha du grand gaillard, tout sourire, prêt à lui donner une accolade amicale.

@Sam Wellington

Léo était exigeant et pointilleux, c'était l’une des raisons pour lesquelles il travaillait seul. Si ça merdait, s’il y avait le moindre problème, il ne pouvait s’en prendre qu'à lui-même. Il fallait avouer que son job se prêtait parfaitement à son tempérament, il aurait bien été incapable de bosser dans un bureau toute sa vie. La dernière fois qu'il avait travaillé avec une autre personne c’était un an plus tôt, quand il avait entraîné Alba avec lui en reportage au Laos et les débuts avaient été compliqués, il était directif, un peu trop bossy pour la blonde qui connaissait parfaitement le job. Mais il avait sa vision de ce qu'il voulait et il était difficile pour lui de ne pas faire autrement. De toute manière, leur séjour avait été complètement bouleversé. Cependant il avait bien réalisé qu'il ne savait pas diriger les autres, il était trop investi, il voulait tout contrôler. Alors quand Sam lui avait parlé de sa collègue contre laquelle il pestait constamment, parce qu’évidemment il lui en avait parlé ! Léo avait cru comprendre pourquoi. Monsieur le directeur était lui aussi passionné et exigeant après tout. Seulement en le découvrant avec la brune, en remarquant le regard que le blond posait sur elle tandis qu'elle tournait les talons, Emerson décela autre chose, quelque chose qu'il n’aurait pas pu imaginer sans en être témoin. Et il comptait bien creuser la question. Il remarqua le regard noir que son ami posa sur lui, avant de changer totalement d’attitude et d'afficher un sourire sincère comme si rien n'était arrivé avant. Visiblement, Wellington était le roi pour cacher ses émotions et Léo avait encore à apprendre sur son ami de toujours. Je graisse la patte aux vigiles, chut. Qu’il répondit, doigt sur la bouche, avec un sourire en coin. C'était faux, il n'avait pas besoin de ça et Sam le savait, c'était grâce à lui que le photographe pouvait se balader librement dans chaque recoin de ce musée après tout ! Il avait dû se séparer de ses précieuses œuvres avec regrets, Léo n'en doutait pas une seconde, mais pour lui c'était un sacrifice qui valait le coup. T’en fais pas, je suis sûr que tes bébés sont chouchoutés, il faut savoir les laisser partir tu sais, voyager, vivre leur vie ! Ça l'amusait de comparer les peintures à des enfants, clairement Sam les maternait beaucoup trop, ceci dit il pouvait le comprendre. Ils vont te revenir de toute manière et puis ça vaut le coup. Monet, Van Gogh, Sam ! C'est pas n'importe qui que accueilles à Bowen. Léo était réellement impressionné, il fallait bien l’admettre. Il suivait le blond jusque dans son bureau qu'il connaissait bien, remarqua tout de suite la nouvelle toile installée au dessus de l'imposant bureau, elle était magnifique. Il était perdu dans son observation lorsque Sam le sortit de sa rêverie. Un coca ce sera parfait ! Léo faisait attention à sa consommation d’alcool depuis qu'il avait failli perdre la garde de Jonah à cause de ses excès. Il avait bien compris qu'il avait un problème, qu'il était allé trop loin. Et puis Milo, son cousin souffrait d’alcoolisme, il soupçonnait son paternel de lever un peu trop le coude aussi. Si ça devait être dans les gènes familiaux, alors il devait être d’autant plus vigilant. Samson, darling, tu m’as manqué mon poulet. Qu’il répondit, ce petit running gag entre eux, ça durait depuis quelques années déjà, bien que Léo-pold- détestait son prénom, il n'en tenait plus rigueur à Sam, il était officiellement, avec sa mère et Blanche, à l’époque, l’une des seules personnes autorisées à l’appeler ainsi. Oh tu sais, j’ai la tête dans le dossier d’adoption pour Kai, je n'en finis pas, ça me bouffe tout mon temps. Voilà des mois qu’ils étaient dessus avec Alba, qu'ils enchainaient les rendez-vous, qu'ils étaient scrutés de toute part, que même leur intimité n'avait plus de secrets pour les services sociaux. Il n’était pas préparé à cette intrusion dans sa vie, ça le bouffait. Heureusement qu'il savait pourquoi il le faisait. Et toi ? Des choses intéressantes à me raconter ? Par exemple, cette jolie brune toute en jambes, tiens… il fixa son ami avec curiosité.

@Sam Wellington

Léo en avait passé des heures dans ce musée depuis qu'il était gamin. Dans ses souvenirs d'enfance, ses parents voulaient qu'il ait de la culture et un œil aiguisé. Ils voulaient l'éveiller à l'art sous toutes ses formes, sa mère, surtout, artiste dans sa jeunesse, qui avait laissé son époux l’étouffer assez pour faire taire cette partie d’elle, mais son père également. Peter était de ces hommes d’action et de chiffres, mais il aimait la peinture, les seules fois où Léo l'avait vu s’émouvoir c'était face à des tableaux. Il aimait Rembrandt ou Le Caravage. Friand de l’art baroque et mythologique, il avait emmené son fils à Florence, où ils avaient passé des heures à la galerie des Offices, notamment devant La Naissance de Vénus. Léo se rappelait que Vénus était blonde et belle, mais le tableau ne l'avait pas tellement ému, à seulement dix ans. Le plus fou dans cette histoire, c’était que son père n’avait jamais accepté qu'il devienne photographe. Être artiste c'était pour les autres, les Emerson devenaient hommes d’affaires, ils avaient un métier sérieux. La photo, c'était bien pour les vacances. Heureusement Léo s'était battu pour ce qu’il voulait faire et il était reconnu par ses pairs aujourd'hui, n’en déplaise à son paternel. Tout ça pour dire qu'il avait passé beaucoup de temps entre ces murs, c'était parmi les seuls souvenirs heureux qu'il avait avec son père, puis seul, adolescent, puis durant ses études d’art. Aujourd'hui s’il revenait c'était principalement parce qu'il connaissait Samson. Mais tous les vigiles le connaissaient lui aussi et il s’était même lié avec quelques-uns, pour qui le photographe avait toujours un mot sympa. Ça va pas, après j’pourrais plus me balader tranquille ! C'était évidemment une blague entre les deux amis, mais le fait est que s’il n'avait pas connu les petits passages secrets, il n'aurait pas surpris le blond et sa salarié un peu plus tôt. Mais on verrait ça un peu plus tard. Dans le bureau, Léo félicitait son ami pour l'exposition, bien que celui-ci soit toujours frileux à l’idée de lâcher ses trésors. Le brun les compara à des bébés et le blond rebondit sur la métaphore, jusqu'à ce qu'un léger malaise se fasse sentir. Alors Léo se sentit con d'être parti dans cette voie.  Il enchaîna donc rapidement pour ne pas laisser la tristesse envahir son pote. Il savait bien qu’il ne pouvait pas éviter tous les red flags, surtout qu’il était du genre à mettre les pieds dans le plat, mais il pouvait faire que ce soit le moins pénible possible. Tu peux être fier. Conclut-il avec un sourire. Sam préparait les boissons et Léo le remercia quand il lui tendit son coca. Avant de parler de l’adoption de Kai, ce qui lui prenait le plus clair de son temps actuellement. On attend encore et encore. Alba veut qu'on se marie. Elle pense que ça aiderait notre dossier. Paf, allez, il lança la petite bombe comme ça mine de rien. Ce ne serait peut-être rien pour le concervateur, qui avait déjà été marié, mais pour Léo c'était l'une des choses les plus effrayantes qui soient, le mariage, l'engagement, même pour des raisons aussi valables. Sa question sembla le laisser pantois, mais la réponse de Sam fit baisser les yeux au brun. Que répondre à ça ? Il hocha la tête, bien conscient que le blond passait par des moments difficiles. L’anniversaire de leur départ approchait. Il releva néanmoins la tête, une lueur espiègle dansant dans son regard. Heureusement tu as de quoi te changer les idées. Il tourna la tête vers le tableau qu'il admirait un peu plus tôt. Je croyais qu'Aphrodite était blonde… En effet, sur le tableau elle l’était. Mais la tienne est plutôt brune si je ne me trompe pas. Il était persuadé que quelque chose se passait entre lui et la belle brune de tout à l’heure.

@Sam Wellington