FRANCISCO † come break me down.

bury me, bury me. (francisco+pandore)

Sa bouteille de Sprite à la main, elle erre dans les rues comme une Australienne pure souche alors qu'il n'en est rien. Eh bien oui, il suffirait qu'elle ouvre la bouche pour que vous entendiez clairement son accent très très frenchy. Mais ça ne l'a jamais dérangé, elle. Elle est chez elle comme étrangère partout, de toute façon. Parcourant des yeux un articles d'un journaliste rival du continent, elle se demande déjà de quelle façon elle va pouvoir le surpasser. Toujours ce besoin de se dépasser, de franchir les limites, de se prouver qu'elle peut faire mieux. À ses risques et périls. Panda n'est pas du genre à apprendre de ses erreurs, apparemment. Elle soupire brusquement, agacée par ce style illusionniste selon elle, qui trompe l'oeil et séduirait n'importe qui. D'un regard glacial, elle dévisage tous ceux qu'elle croise, indifférente à l'idée qu'ils ne lui ont pourtant rien fait. Ça fait longtemps que la petite de Balzac en veut à la Terre entière. (...) Elle croise ce regard dans la foule. Elle sent soudain son estomac se nouer. Les souvenirs affluent, elle les repousse, elle se dit qu'elle a rêvé. C'est parce qu'elle pense au journalisme, n'est-ce pas ? Mais le jeune homme qu'elle a vu – ou cru voir – s'est figé lui aussi. Il réagit d'ailleurs au quart de tour, lui tournant le dos avec un regard drôlement fuyant, avant de... ouais, de prendre littéralement prendre la fuite. Elle reste là encore une seconde. Pas deux. Elle se lance à sa poursuite, bousculant un peu tout le monde sur son passage. « Hé ! » crie-t-elle dans la foule mais ça ne fait pas ralentir le jeune homme, qu'elle finit pourtant par rattraper un peu hors de la foule. Il est de dos, et sans doute est-ce la peur qui la fait réagir si impulsivement. En fait, elle a juste besoin de se dire qu'elle vient de rêver. Elle attrape son poignet pour le forcer à s'arrêter et à se retourner. Dès qu'elle croise de nouveau son regard, les mots restent bloqués dans sa gorge. Elle n'a pas rêvé. C'est lui. Elle ne connait pas son nom, ne l'a vu qu'une seule fois, et ça remonte à... longtemps. Hum, trois ans, en fait. Pourtant, son visage s'est gravé dans sa mémoire comme à l'encre de chine. Elle le lâche soudain, comme brûlée, reculant légèrement, ses prunelles bleues s'emplissant d'un bref éclat de terreur avant de disparaître. « Non.. » C'est impossible, voilà ce qu'elle aimerait dire ! Mais elle est incapable de parler. Des trois hommes qui ont participé au meurtre de ses parents, elle en a (malheureusement ?) laissé partir un. Lui.

Elle lui court après. Elle ne sait pas bien pourquoi, pas bien comment, mais elle lui court après. Quand elle s'aperçoit finalement que le type en face d'elle est bien celui qu'elle craignait, elle perd soudain toute son assurance qu'elle revendique pourtant fièrement. C'est lui. Le bandit de son histoire. Le seul survivant. Elle ferme les yeux, luttant contre les images qui l'assaillent. Contre ces coups de feu qu'elle entend encore résonner. C'est impossible. Ça ne peut pas être lui, ici, devant elle. La coïncidence est trop belle... Je.. je suis désolé. Ça part tout seul, mais la gifle qu'elle lui refile du tac au tac résonne et sa main s'imprime plutôt bien sur la joue du jeune homme. Jeune oui, il ne doit guère être plus âgé qu'elle. Elle serre les dents, la colère la submergeant alors. Tu te fous de moi ? J'en veux pas de ta pitié ! lui crie-t-elle dessus avec son accent français, ses yeux bleus lançant des éclairs. Fébrile pourtant, ses jambes légèrement tremblante, elle s'écarte pour s'appuyer à un muret en pierres, comme si elle craignait de s'effondrer devant lui. Elle a presque envie de vomir. Elle qui croyait mettre tout ça derrière-elle en s'enfuyant de Paris. Elle a entendu de la sincérité dans ses mots, et ça la révolte encore plus. Elle détourne son regard de lui, respirant fortement comme une hyperactive sur le point de faire une crise. Bon ok, c'est un peu le cas. En plus, elle n'a même pas ses cachets sur elle. Elle finit par relever la tête vers l'inconnu dont elle ignore le nom réel. Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu... enfin vous faîtes ici ? Ouais elle se reprend en plein milieu même si elle vient de le tutoyer un peu avant. Sa main lui brûle encore mais elle tente d'ignorer ça, se concentrant sur les réactions du complice du meurtre de ses parents.

Il n'a pas tué ses parents, elle le sait parfaitement. Mais il était là ce jour-là. Il faisait parti d'eux. Il était l'un des leurs. Il avait été là quand ils avaient décimé ses parents, l'un après l'autre sous ses yeux. Et ça suffisait selon le point de vue de Pandore pour le tenir pour responsable. Elle a du mal à lui faire face, parce que ça signifie faire face à ce qu'il s'est passé il y a trois ans déjà. Et dont elle ne s'est jamais vraiment remise. C'est tout sauf de la pitié. Encore heureux. Elle déteste ça, la pitié. C'est bien pour ça qu'elle ne parle jamais de sa vie en France, de ses parents, du fait qu'elle soit orpheline depuis ses vingt-et-uns ans et surtout de comment cela est arrivé. Ou alors elle invente. Un accident de voiture, ça passe bien mieux qu'un coup monté par une bande de bandits, non ? Je.. J'ai eu un poste d'éditeur ici, alors j'ai sauté sur l'occasion. Et.. je savais que vous étiez ici alors je suis venu. Elle le fusille du regard. Puis se met à rire. Oui, oui, à rire. Bien que son rire soit des plus faux. Bien sûr que vous saviez, vu que vous m'avez envoyé une carte sur cet endroit, avance-t-elle, sûre d'elle, parce que bien que cette carte postale ne contenait aucune signature, aucun nom, elle a toujours su qu'elle venait de lui. Elle croise les bras, le défiant du regard. Bien sûr, je vous ai laissé la vie sauve mais ça ne vous a pas suffit on dirait, il fallait venir ruiner un peu plus ma vie, c'est ça ? le provoque-t-elle, ne montrant ainsi pas combien elle a peur. Oh oui. Elle, Pandore de Balzac, est réellement morte de trouille à cet instant-là. Peut-être a-t-il décidé que la laisser en vie est bien trop risqué. Peut-être est-il venu ici se venger de ses complices.

Elle ne sait pas si elle est plus envahie par la curiosité, la colère, ou la terreur. Peut-être un savant mélange des trois et croyez-moi, ça ne fait pas bon ménage ensemble. Pas du tout, même. Il a l'air réellement interloqué mais elle n'en tient pas compte. Elle a pris l'habitude de se méfier d'absolument tout le monde. Même si quelque chose d'étrange voudrait la pousser à lui faire confiance, à lui. Elle compte bien lutter contre ça. Pas question d'accorder un millième de sa confiance au type qui a – presque – tué ses parents. Qu'est-ce qui vous fait croire que cette carte vient de moi ? Elle serre les poings et le foudroie du regard. Agacée, elle le tutoie même d'un seul coup. Bon écoute, me retrouver face à toi c'est une chose assez désagréable déjà. Alors j'apprécierai que tu ne te foutes pas de ma gueule de manière aussi flagrante, ok ? Elle détourne le regard avec un soupir. Puis alors, il se met à parler. Il lui demande pourquoi. Pourquoi, oui. Pourquoi n'a-t-elle pas tiré alors qu'elle le pouvait. Elle se mord la lèvre inférieure. Très fort. Elle détourne elle aussi le regard. Elle ne sait pas quoi lui répondre. Elle cherche à répondre à cette question depuis maintenant trois longues années, et il ne s'écoule pas un seul jour sans qu'elle se demande ce qui lui traversait l'esprit à cet instant-là. Quand elle le fixe de nouveau – quand bien même lui ne la regarde pas – elle sent qu'elle a les yeux humides et brillants. L'émotion ? Peut-être. En tout cas, c'est de la faiblesse pour elle, c'est tout. Parce que... j'ai vu dans tes yeux que t'avais aussi peur de moi, j'ai vu qu'on aurait pu s'entendre, se ressembler, que dans une autre vie peut-être, on aurait pu être amis. Pourquoi dit-elle ça ? Elle soupire, détournant le regard pour regarder la foule, tentant de contrôler ses émotions pour faire cesser tout de suite ce gros coup de faiblesse.

Plus fort que lui ? Il se fout de sa gueule, ou bien ? Oui, Pandore est contente d'être ici, d'avoir pu trouver ce lieu paisible en guise de havre de paix, en guise d'échappatoire. Elle ne répond rien mais grimace, détournant le regard pour éviter de ne trop s'énerver. Elle essaie de garder le contrôle d'elle-même, mais il faut croire que plus ça va, plus elle peine à se maîtriser. Elle fouille ses poches. Non, ses comprimés sont restés chez elle, bien évidemment. Bon. Alors, il lui faut vraiment se calmer. Ça serait con qu'elle fasse une crise d'hyperactivité ici et maintenant. Puis soudain, il déballe tout. Qu'il ne voulait pas que ça se passe ainsi, qu'il est désolé, qu'il a besoin de la remercier. Elle serre les dents. J'aurais dû te tuer... Elle inspire à fond, rivant sur lui son regard brûlant de colère, avançant d'un pas, à deux doigts de lui en coller une de nouveau. Elle serre ses poings à tel point que ses phalanges blanchissent. Je me fiche de tes regrets, ok ? Je me fiche que tu te sentes forcé de me remercier, que t'aies besoin de me raconter tes regrets. T'as p't'être plus de mère à qui aller raconter tout ça, c'est bête, hein. Moi non plus. À cause de vous, à cause de toi. Si tu voulais pas... alors t'aurais dû trouver un moyen pour empêcher ça. J'avais vingt-et-un ans bordel ! rage-t-elle, essuyant une larme de colère – ou de peine ? – ayant roulé malencontreusement sur sa joue. Elle détourne le regard, respirant très fort pour se calmer, luttant contre les images qui l'assaillent de nouveau. Pourquoi est-ce que c'est toujours à elle que ça arrive, hein ? D'abord Balthasar, son coup régulier qui se révèle être un tueur à gages. Sa méfiance reprend le dessus. Il ne manquerait plus qu'Emrys lui avoue avoir fait de la prison pour meurtre, ça serait le gros lot. Elle tourne de nouveau la tête vers lui. Elle aimerait lui dire de s'en aller, de partir, de la laisser en paix. Mais de toute façon, elle sait bien que ça ne changerait rien. À présent, elle a déjà entendu ça et curieusement dans sa tête, elle avait toujours imaginé ça comme ça. Qu'il s'excuse. Qu'il soit désolé. Qu'il s'en veuille. Et après ? Elle s'imaginait que lui pardonner serait facile. Mais tout comme elle pensait la vie maîtrisable et docile, elle se trompait, une fois de plus. Et maintenant ? demande-t-elle alors, en écho à ses propres pensées. Comme s'il allait pouvoir lui donner la solution miracle, la suite des évènements, ce qu'ils allaient devenir. Ces deux inconnus pourtant inextricablement liés par un lien bien plus fort que s'ils se connaissaient vraiment.

J'étais persuadée d'avoir répondu.

Tout se complique. Comment expliquer toute la scène qui se déroule à l'instant. La rencontre de deux inconnus pourtant inextricablement liés par un évènement, un moment, un instant dans une vie. Dans leur vie. Je sais.. J'aurais pas dû te rejoindre, j'ai juste cru que.. que rien. C'était une mauvaise idée. Elle fronce les sourcils. Elle ne comprend pas. Elle ne veut pas comprendre. Têtue comme une mule, elle veut se borner à croire qu'il était là pour les mauvaises raisons. La retrouver, l'éliminer à son tour.. Mais tout lui prouve le contraire. Elle n'a pas (plus) peur. Il ne la tuera pas. Elle le sait, à présent. Même si elle peine vraiment à savoir ce qu'il fait alors là, devant elle. T'as juste cru que quoi ? le relance-t-elle, ses yeux bleus cherchant ceux de... de.. ? Tiens, d'ailleurs, elle fronce les sourcils, et demande : Je ne sais même pas ton prénom. Elle affiche un sourire un peu gêné, passant une main dans ses cheveux blonds. Elle lui demande ensuite ce qu'ils sont censés faire à présent. Maintenant. Demain. Et les autres jours. J'en sais rien. Je devais m'excuser, je voulais que tu le sache, maintenant, il ne me reste plus qu'à sortir de ta vie.. Elle reste silencieuse. Elle ignore s'il faut qu'elle le retienne ou qu'elle le laisse disparaître à tout jamais. Elle le craint, elle lui en veut, elle le déteste sûrement... et elle a toujours été attirée par le danger. Elle a beau lui en vouloir à mort, à vie sûrement... elle se rend compte aussi qu'elle aimerait le connaître. Le connaître vraiment. Non, attends.. On peut... euh, enfin j'en sais rien mais... P't'être que si t'es revenu, c'est pas pour rien. On dit que les personnes importantes dans notre vie, on les croise deux fois. Elle relève ses yeux bleus. Panda, superstitieuse ? Pas le moins du monde ! D'habitude, du moins. Peut-être cherche-t-elle soudain à le retenir, elle l'ignore un peu. Comme toujours, avec elle, c'est de l'improvisation à l'état pur.