#22 CARRY ME HOME TONIGHT + Hadès & Alexzander

07h00 du matin, le rituel commence. Levé, café, jogging d'une heure, douche, café, la journée commence enfin. C'est certes dimanche mais pour Alex, le rituel reste le même, une sorte de tradition qu'il ne peut rompre, un moyen pour lui de garder le contrôle probablement, un besoin crucial d'avoir un schéma tracé, un fil conducteur en quelque sorte. Cette habitude fait partie de sa nouvelle vie ici à Bowen, nouvelle vie qu'il doit à son meilleur ami, Hadès, celui qui l'a aidé à son réveil, qui lui a tendu la main, sans raison apparente, faut croire que l'homme peut être dénué de tout intérêt parfois, en tout cas son colocataire l'est, et le suédois peut aisément affirmer qu'aujourd'hui, il fait partie des personnes auxquelles il tient énormément, pour ne pas dire l'unique, il connait pas mal de monde maintenant, mais rares sont celles qui lui sont aussi proches. 08h30, son rituel terminé, il se sert à nouveau un café, attrape le journal posé sur le bar de la cuisine et se met à le lire en attendant qu'Hadès émerge des bras de Morphée. Il n'avait encore aucune idée de ce qu'il allait faire de sa journée.

Les jours se suivaient et se ressemblaient pour Hadès. Bien que, depuis qu'il avait décidé d'être charitable envers un étranger pur et simple, son train de vie avait été quelque peu envahi par ce dernier. Ca n'était pas pour déplaire au professeur de sciences naturelles, qui finissait par s'ennuyer si profondément que sa dépression reprenait le dessus et qu'il aurait été capable de se rendre aux autorités américaines pour y être jugé. Mais l'apparition d'Alexzander lui en avait coupé l'envie. Seul comme un chêne centenaire qui aurait traversé les âges et à côté duquel aucune autre plante n'aurait survécu aux chaleurs et aux tempêtes, Hadès s'était vu affublé d'un ami, un vrai. Qui l'eut cru. L'ancien militaire avait des connaissances, ça oui, des tas même, des professeurs, des alcooliques, n'importe qui, Monsieur tout le Monde. Il avait le don d'attirer les gens, d'ouvrir à la parole. Mais personne ne s'était intéressé plus que ça à lui, il était un checkpoint, un passage, quelqu'un qu'on salue dans la rue, mais pas quelqu'un qu'on connait. Peut-être était-ce pour cela, totalement au fond du trou social, qu'il avait eu un geste totalement désintéressé envers un inconnu. Au pire, il avait aidé quelqu'un de paumé à se sortir de l'impasse, au mieux, il se faisait un ami. Et contre toute attente, il avait trouvé en Alexzander un ami.

Cet ami qui vivait avec lui, désormais, et l'avait poussé à quitter sa chambre d'hôtel. Souvent, il était réveillé par le rituel matinal d'Alexzander, mais il se rendormait assez rapidement lorsqu'il n'avait pas lui même à se lever, comme pour aller au lycée. Et cette matinée ne faisait pas exception à la règle. A sept heures du matin, lorsque son colocataire se leva, il réveilla Hadès, toujours sur le quivive des mouvements dans son appartement. Mais lorsque le réveil afficha sept heures, il comprit que ce n'était personne d'inconnu et finit par se rendormir en cinq minutes à peu près. Pour se réveiller définitivement à peu près à la même heure que d'habitude lorsque rien ne l'y forçait, huit heures et demi. Il était du genre à sauter du lit lorsqu'il se décidait, et il ne manqua pas à son habitude. A peine levé, Hadès tira les draps du lit jusqu'au pied de ce dernier pour pouvoir le faire correctement après. Il passa une seconde devant son miroir, remit ses cheveux ébouriffés en place d'un geste de la main et arriva dans la cuisine. Il vit Alexzander, avec son éternel café. Trop peu pour lui. Hormis son côté alcoolique lorsqu'il sortait dans les bars et voulait oublier toute sa vie, Hadès supportait rarement autre chose que l'eau. Ainsi, une bouteille en verre remplie d'eau du robinet trônait toujours dans porte du réfrigérateur, et c'est ce qu'il faisait en général tout de suite après s'être levé : la boire presque d'un trait malgré la température. Le professeur de lycée ouvrit donc le frigo pour en sortir la bouteille et la posa sur le bar de la cuisine devant lui. « Bien dormi ? » Oui, il avait beau être habitué à la présence de quelqu'un d'autre chez lui et à connaître cette personne, Hadès n'était jamais très à l'aise pour la conversation.

Se lever tôt un dimanche présentait certains avantages, comme pouvoir profiter de sa journée par exemple mais encore fallait-il savoir quoi faire de celle-ci! et ça Alex n'en sait absolument rien, il se contente de boire son café, ses cafés plus exactement, car lorsque son ami Hadès débarque dans la cuisine une heure et demi plus tard, le suédois en est déjà à son 4ème et il connait par coeur les infos du jour. "Bien dormi" lui demande son colocataire. "Euh Joker ! Je ne sais pas vraiment ce que ça signifie en faite bien dormir, foutu accident !" C'était vrai, Alex très mal, il fait toujours les mêmes rêves, avec les visages qui ne signifient rien pour lui, il se réveille toujours stressé, agacé, ce qui explique aussi pourquoi il est déjà levé un jour de congé. "Et toi la marmotte ? "