| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| nul vainqueur ne croit au hasard (panda) | |
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Invité | Sujet: nul vainqueur ne croit au hasard (panda) Sam 22 Juin 2013 - 23:03 | |
| Tu étirais doucement ton corps chétif dans ton petit lit à ressorts. Ce dernier te détruisait le dos, mais l'argent pour le remplacer manquait. Tu avais d'autres préoccupations. D'un pas léger, tu avançais vers la fenêtre, avant de tirer avec une grande force sur la rideau, comme si tu désirais l'arracher. Et la lumière fut. Elle inonda ta chambre de sa bienveillance et éclaboussa ton visage de sa fraîcheur. Tu inspiras longuement. Pendant ce petit laps de temps, quelques unes de tes côtes furent visibles, bien qu'elles furent recouvertes de cicatrices. Tu mangeais peu. To regard examina la pièce. Dénuée de tout. Tu ouvris un petit tiroir en comptant les pièces qu'il te restait. Assez pour manger dehors. Ta conscience te hurlait que ce n'était pas raisonnable et que tu n'aurais plus rien pour finir le mois. Mais tu la fis rapidement taire. Ton corps s'était habitué au jeûne. Tant et si bien que tu pouvais rester plusieurs jours sans manger, en ressentant seulement une légère faiblesse et un tressaillement intempestif de tes membres. Aujourd'hui, tes muscles te faisaient mal. Tu avais besoin d'un bon repas. D'un vrai repas. Et non de quelques grains de raisin mangés à la sauvette. Tes pupilles se posèrent vers le soleil. Si seulement tu ne pouvais vivre que de lumière. Puissance énergie vitale, sans avoir à financer ce système ingrat. Ton premier désir fut de donner un coup de poing dans la fenêtre. Mais, lâchement, tu ne fis que poser ta paume sur la poignée, afin de l'ouvrir. Tu ne voulais pas de nouvelles cicatrices. Ton corps en comportait déjà beaucoup trop. Comme autant de mauvais souvenirs qui dévorent l'âme. Certaines personnes âgées disent que leurs histoires sont dans leurs rides. Tu aurais préféré n'avoir aucune histoire. Une peau complètement vierge, comme un papier si blanc, si pur que l'on ose érafler. Tu abandonnais la vision de Bowen que t'offrait la vitre. Tu attrapas quelques vêtements très simples avant de glisser les petites pièces, si précieuses, dans l'une des seules poches que tu n'avais pas encore troué. Tu te mis alors à déambuler dans la rue comme une pauvre âme à la recherche d'un corps à posséder. Tu étais livide et malgré tout, tu attirais le regard. Celui du désir. Tu baissais la tête. Parfois, il te semblait être humilié au milieu de tous ces regards. Tu allumais machinalement une cigarette, afin de te concentrer sur autre chose que les gloussements aux alentours. Tu tremblais. Tu te sentais oppressé dans cette foule. Tu bifurquas pour trouver une allée plus calme. Tu t'appuyas contre le mur avant de te laisser tomber au sol, vidé de toutes forces, oubliant la raison même de ta sortie. Tu voulais sortir de ce monde terrifiant. Te renfermer sur ton cocon. Et rêver, peut-être. |
| | | Invité | Sujet: Re: nul vainqueur ne croit au hasard (panda) Dim 23 Juin 2013 - 21:55 | |
| Elle regarde la photo jaunie par le temps, par le sang, par les larmes salées qui ont dévoré son papier. Elle grimace et l'enfouit de nouveau au fond du tiroir. L'appartement est vide. Désert silencieux comme il l'est rarement. Eh bien oui, si la petite française apprécie vivre si bien entourée, cela prive notamment de quelque chose de sain : le calme. Et dieu sait que Pandore en a besoin, de ce calme si tourmenté dont elle s'englobe comme d'une armure. Caressant le bois de l'armoire comme pour s'en empreindre de sa sagesse, elle finit par lâcher un soupir, attrape un petit gilet dont elle se sert pour se couvrir les épaules, et claque doucement la porte de l'appartement. Toujours ce besoin de partir, quand bien même n'y a-t-il personne à l'intérieur, c'est un calme troublé qu'elle y trouve. Elle, elle a besoin de la quiétude du grand air. De la clameur des brouhahas formés par les conversations qui s'entremêlent, qui se chevauchent, qui se ressemblent et s'assemblent à l'infini. Elle gagne directement les ruelles. Elle se plonge dans la foule, dans les gens, qui la croisent, la frôlent, l'isolent, la gagnent. Elle inspire à fond. Elle se perd dans ce labyrinthe et c'est pourtant là qu'elle a l'impression d'exister. Ses deux yeux bleutés effeuillent les visages comme les pages d'un magazines. Mais elle s'en fiche, Pandore, de dévisager les gens. Elle s'en fiche si ça les gêne, elle s'en fiche s'ils n'aiment pas. S'ils ne l'aiment pas. Qu'importe ? Elle non plus, elle ne s'aime pas, au moins elle sera de leur avis. Elle a toujours eu ce besoin de trouver quoi dire et quoi faire pour se faire détester des autres. Peut-être autant qu'elle se déteste elle. Elle tourne dans une rue plus calme ; il n'y a presque personne. Enfin, si. Là-bas, au sol, elle distingue une silhouette. Peut-être un sdf. Pandore, elle n'a aucun préjugé. Non, absolument aucun. Elle a beau être bien fringuée, elle s'estime digne de cette argent, loin des fils à papa qui profitent d'un héritage. Elle sait que c'est dur. Elle sait qu'il y en a qui triment moins, qui y arrivent moins. Elle s'approche, intriguée néanmoins, surtout parce que la silhouette ne lui semble pas inconnue. Du moins pas totalement. Elle n'a pas peur de le fixer, Pandore, elle n'a pas peur qu'on la frappe, elle vit de sa provocation pour défense. L'attaque, la meilleure arme. Toujours un coup d'avance sur les autres si on veut survivre, n'est-ce pas ? Elle fronce les sourcils. Elle s'est arrêtée, un pas suspendu en l'air, qui la fait chanceler lorsqu'elle reprend contact avec la terre ferme. Non, ça ne peut pas être... Et pourtant ? Elle esquisse un rictus entre le sourire et la grimace. Le sourire, parce qu'elle est drôlement contente de le voir, parce qu'elle l'appréciait beaucoup, parce qu'elle se souvient de cette semaine aux nuits endiablées où il était son complice des nuits étrangères. La grimace, parce qu'il l'a laissée. Du jour au lendemain, il est parti. Pas de nom, pas de numéro de téléphone, un foutu papier gribouillé au crayon gris. Et c'était tout. Alors oui, elle lui en veut un minimum. Et elle le sait : elle montre bien mieux la rancoeur que tout sentiment positif. Elle se poste devant lui, attendant qu'il la remarque. Nul doute qu'il s'agit bien de son petit orphelin abandonné à la rue. Son corps frêle qu'elle a serré contre le sien, ses côtés saillantes qu'elle peut deviner sous son haut pour les avoir déjà effleuré. Sa gueule d'ange, à la fois enfantine et brimée, victime de la torture de l'âme. Tout comme le sien. « Tiens donc ... Faust. C'est vraiment toi ? Non parce qu'après avoir disparu d'un coup de ma vie, je m'attendais pas à te revoir errant dans ces rues. » Et encore. Elle aurait voulu y aller terriblement plus fort, mais c'est au-dessus de ses forces : elle est contente de le voir, et ça peut se lire dans son regard, là où les mots s'y heurtent sur le tranchants des rasoirs. |
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