When I am with you, there is nowhere else I'd rather be.

When I am with you, there is nowhere else I'd rather be.

you're in my skin.

J’avais beau aimer mon travail grâce au peu de contrainte qu’il offrait, je ne pouvais m'empêcher d’attendre l’heure de la relève avec impatience. Je termine à 11h30 et reprend vers trois heures ce qui me laisse largement le temps d’aller chercher à manger pour mon frère et moi, et de partager notre repas. Il y a quelques temps monsieur a décidé de partir de la maison pour avoir son chez soi, alors je comble le vide de testostérone dans ma vie en passant le plus de temps possible même si je ne peux pas être avec lui tout le temps. C’est l’avantage d’avoir son ex comme patron même si ça a été un peu tendu au début, maintenant je peux lui demander un peu près ce que je veux, dont un emploie à mi-temps et trois heures et demie de pause. Et quand ma collègue arrive indiquant ainsi la fin de mon après-midi, je précipite au vestiaire pour récupérer mon sac à main et je sors de la boutique presque en courant. « Bonjour Jess, au revoir Charlie ! »  Je me dirige sans hésitation vers le petit supermarché du coin où je choisis mon repas sans grande hésitation, je sais exactement ce que je veux et je sais aussi ce qu’Arthur mange et ne mange pas. Je me retrouve avec deux bouteilles d’eau, deux plats préparés, une pomme et un muffin. L’avantage de vivre dans une petite ville, c’est la distance. Je met à peine dix minutes à pieds du supermarché à la librairie. « Devine qui est lààààà » J’ai poussé la porte d’entrée la cloche à fait son bruit qui me déchire les tympans. J’ai déposé le sac sur le comptoir, je suis passée derrière pour sauter -juste un petit peu- dans les bras, et j’ai embrassé sa tempe. « T’as fini ? » J’ai pas de quoi regarder l’heure et j’ai peur d’être trop en avance et de devoir l’attendre. J’aime l’endroit, qui n’aime pas les livres ? Je me permet de regarder les livres réserver pour des clients sur l’étagère du comptoir, histoire de trouver un petit truc intéressant. « Oooh tu m’en mets un de côté ? » Je lui montre le livre à la couverture bleu, je sais pas l’histoire mais l’image est belle, tout noir et avec des reliefs dorés pour le titre et le dessins d’une tortue. « J’aime les tortues. » Je préfère préciser s’il a oublié après vingt ans passé à le supplier lui ou maman de m’acheter un truc à l'effigie des tortues.

When I am with you, there is nowhere else I'd rather be.

you're in my skin.

Y a des matins comme ça où tout passe trop lentement. Le genre de matin où on se lève trop tôt, qu'on arrive trop tôt partout et que malgré tout, les horaires restent les mêmes. Alors ça rallonge tout, le temps ne défile plus à la même allure que d'habitude et clairement, j'en peux plus. C'est aussi ce genre de matinée là où les clients les plus chiants sont de sortie. Voilà. Et quand j'entends la clochette de la porte d'entrée tinter, j'ai d'abord envie de me cacher et puis... « Devine qui est lààààà » YES. Putain oui, je n'en pouvais plus et je crevais la dalle ! J'ai relevé la tête en direction de cette voix que je connaissais si bien et j'ai adressé un large sourire à ma soeur. « J'ai cru que t'arriverais pas, y avait des embouteillages sur les trottoirs ou quoi ? » J'ai passé un bras autour de ses épaules quand elle m'a rejoint derrière le comptoir. « T'es un peu en avance mais... bon. J'ai tellement faim qu'on va y aller. Je suis arrivé plus tôt ce matin alors... » Je lui ai fait un clin d'oeil avant avant de me détacher d'elle pour pouvoir finir ce que j'étais entrain de faire - pendant qu'elle fouille comme si elle était chez elle. « Oooh tu m’en mets un de côté ? » Je jette un oeil à ce qu'elle me montre et puis je lève les yeux au ciel. « J’aime les tortues. » Je me suis mis à rire. « Sans blague... Je te le ramènerai samedi. Quand je viendrais manger à la maison. Et d'ailleurs, j'ai un truc pour toi. » J'ai fouillé dans la poche arrière de mon jean et j'en ai sorti un porte-clé avec une petite tortue. « Cadeau. » Je lui ai fait un clin d'oeil. « On y va ? C'est pas moi qui ferme. » Pas la peine de lui dire que c'est un mec que je connais à peine qui a oublié ses clés chez moi et que j'ai gardé un souvenir. « JE VAIS MANGER ! » J'entends un vague "okay" et je me tourne vers ma soeur en souriant. « On mange à la plage ? J'ai des trucs à te dire. Et j'ai besoin de ton avis. »

When I am with you, there is nowhere else I'd rather be.

you're in my skin.

« J’ai cru que t’arriverais pas, y avait des embouteillages sur les trottoirs ou quoi ? » A d’accord, c’est comme ça qu’il m'accueille lui ? Cela dit je ne relève pas, je me contente de faire ma mine boudeuse, je sais qu’en matière de vitesse de marche la mienne est à peine plus rapide que celle d’un escargot, mais il me dit en suite que je suis un peu avance. Bah .. pourquoi il râle alors ? J’ai remis le livre à sa place et je l’ai remercié avec un grand sourire. « Un truc ? Pour moi ? » J’ai tous de suite reporter mon attention sur lui. J’adore les cadeaux, comme tout le monde je suppose, mais encore plus quand c’est offert par Arthur. Depuis qu’il est parti j’ai une étagère rempli de truc qui le concerne, ma mère appelle ça son autel et ma grand-mère trouve que c’est une bonne initiative car je cite ‘s’il meurt ça fera ça en moins à faire’. Je crois que je suis peut-être un peu trop sentimental, mais je me soigne. Sauf que son truc c’est un porte clé tortue, et j’ai pas osé réagir ou dire quoi que ce soit ou ma phrase aurait approximativement : ksiucofpbnzevfezpvo. Alors j’ai souris et j’ai gardé mon excitation pour moi-même. Il profite dans ma petite absence pour prévenir son collègue qu’il part manger, et j’avoue je ne sais pas vraiment ce qui c’est passé dans ma tête à ce moment là mais. « MOI AUSSI JE VAIS MANGER. » Bon. Passons. J’approuve l’idée de la plage parce que y a rien de mieux que de manger à la plage quand y a du soleil comme ça. Et que c’est un endroit super pour les ragots. Et surtout ceux de mon frère. Parce que c’est toujours des histoires tordus et que j’aime les histoires tordus. Le tajet et très court donc on se dit rien de bien spéciale, je lui raconte que y a encore un client qui m’a fait du rentre dedans pendant que j’essaye d’accrocher mes clés à mon nouveau cadeau, et je dis bien essayer parce que je galère. On se pose sur le sable parce que je l’ai décidé et j’ai commencé à sortir nos plats. « Je t’ai pris un truc avec du poulet et des pâtes, je crois que y a des petits pois aussi, et un muffin en dessert si t’es sage. » Je lui ai donné sa petite boite et j’ai ouvert la mienne, la même mais avec des crevettes et des morceaux de pommes. J’ai raclé ma gorge et j’ai piqué dans mes pates. « Alooors, dis tout à tata Ava ! »

When I am with you, there is nowhere else I'd rather be.

you're in my skin.

« Awww merci ma Nana ! » Elle est tellement adorable que parfois je me demande à quoi ressemblerait ma vie si je ne l'avais pas. Elle a toujours été là pour moi, toujours dans mon camp. J'ai grandi avec en sachant qu'elle serait toujours à mes côtés alors ouais, c'est une partie de moi. Je n'ai pas peur de le dire. Ma soeur est le pilier de ma vie. « Alooors, dis tout à tata Ava ! » J'ai un peu perdu mon sourire avant de trifouiller dans mes pâtes et d'en manger quelques unes. « On peut être sérieux deux minutes ? » Je lève les yeux vers elle avant de prendre une légère inspiration. « Tu sais... Maybelle ? Je l'ai recroisé au café et tout ça... Y a du nouveau. » J'aurais pu appelé Ava hier soir mais j'avais envie de voir personne - enfin, j'avais envie de voir quelqu'un mais pas de parler et avec Ava, c'est impossible. « Elle a débarqué à la librairie sans savoir que j'y travaillais. Puis comme il pleuvait de ouf... je lui ai proposé de la ramener. On a parlé un peu, normal. » Et finalement, je tourne tellement autour du pot que je me saoule moi-même. « Elle se souvenait pas de moi parce qu'on avait trop bu mais elle m'a recherché pendant des mois parce qu'elle est tombé enceinte. » Rien que d'en parler, j'ai un haut-le-coeur. « Elle est tombée enceinte, elle a eu un bébé et elle l'a fait adopter. Et elle me balance ça pour soulager sa conscience et avoir un poids en moins sur les épaules. » Je crois qu'en y réfléchissant bien, j'ai même plus faim. Je suis pas souvent contrarié parce que je suis du genre à me foutre un peu de tout et de vivre au jour le jour mais ça... j'arrive pas à l'encaisser. Je suis papa d'un petit garçon que j'aurais jamais la chance de connaître et ça me fou tellement les boules que j'ai encore envie de chialer. « Je t'ai pas appelé hier soir parce que j'étais avec Alex. J'avais pas trop envie de parler et lui... il parle pas. » Pas besoin de m'étendre sur ce qu'on a fait, aujourd'hui, c'est pas le propos.