dangerous attraction + (pandore)

Il fait d'elle une gamine, une adolescente sans expérience, quatorze ans, qui croise le premier regard masculin de son existence. Pitoyable. Elle déteste se sentir ainsi et pourtant là, ça lui laisse également un goût envoûtant. Comme s'il y avait quelque chose qui la poussait à ne pas s'en aller, qui la retenait ici. Quelque chose d'imprudent mais de bien réel. « Journaliste ? J'ai toujours eu beaucoup d'estime pour ce travail. » Leurs yeux se croisent une fois de plus et c'est à se demander s'ils ne sont pas aimantés. Mais Pandore ne se lasse pas de ces prunelles chocolat. Elle aimerait même les voir d'un peu plus près. Elle prend ses paroles avec beaucoup de dextérité et de modestie, elle hoche simplement la tête. Certes, ça n'est pas un métier facile, il faut savoir se faire sa place, mais dans le ciel de ce monde-là, Pandore a toujours agi comme un corbeau. Elle considère qu'il y a d'autres métiers encore plus admirables. Ils marchent toujours côte à côte, l'air est frais et le ciel étoile. « Non, vous avez raison. Je joue uniquement pour le plaisir. Je suis infirmier à l'hôpital de Bowen. » Un infirmier. Elle a toujours été fascinée par le monde médical. Elle trouve ça si noble, et à côté, être journaliste peut paraître bien ingrat. Pour le coup, un infirmier joueur de piano clandestin, ça renforce encore plus cette fascination qui l'attire irrésistiblement vers lui. Elle ne se reconnait plus. « Oh, je vois. Et... ça fait longtemps ? » demande-t-elle, toujours avide d'en savoir un peu plus sur lui. Comme si rien ne pouvait la décevoir. Comme si chaque information complétait parfaitement un tableau idéal, assemblant chaque pièce d'un puzzle qui lui semblait parfait. Elle se demande alors ce qu'il penserait d'elle, s'il savait tout. Pauvre petite orpheline ayant laissé ses rêves d'enfant à Paris. Elle chasse tout ça à son tour, se concentrant seulement sur la présence du brun, quand bien même a-t-elle détourné son regard pour observer la rue déserte s'étendant à leurs pieds. Soudain, maladroite, elle trébuche. Et se raccroche un peu à lui. Son contact l'électrise, elle frissonne et le relâche d'un seul coup, se redressant d'un bond. « J-Je.. désolée, j'ai trébuché, c'était pas voulu.. Vous n'avez rien ? » Quelle question stupide. Elle s'est juste accrochée à son bras. Pourtant, c'est tout ce qu'elle trouve à demander. Là si près de lui, elle sent ses sens se brouiller pour ne devenir qu'un nuage confus de signaux contradictoires.

« Depuis mon arrivée à Bowen, ça fait donc deux ans. » Deux ans. Coïncidence ? Dans cette rencontre, Pandore pourtant croyant en absolument rien du tout, décide de s'en remettre au karma. À ce destin, cette roue qui leur joue parfois bien des tours. « Je suis là depuis deux mois, moi aussi. » Et il s'en fout sûrement, tu ne penses pas ? ... Elle se maudit intérieurement, ne sachant pas trop d'où lui vient cette idée de se dévoiler peu à peu, elle toujours si secrète d'habitude. Absorbée par son regard, elle le dévore lentement des yeux, sans s'en rendre clairement compte. « Je vivais en Ecosse avant. » L'Ecosse. Un sourire rêveur vient fleurir sur ses lèvres, et elle s'exclame spontanément directement après : « Huxley ça fait très écossais en effet. J'ai toujours rêvé d'aller là-bas. » avoue-t-elle d'un ton enfantin, se demandant si elle aurait un jour l'occasion d'y aller. Elle se noie dans ses prunelles, si absorbée qu'elle ne s'occupe même plus d'où elle met les pieds. Et ce qui devait arriver arrive alors; elle trébuche et son seul moyen de rester debout est d'attraper le bras du brun. En même temps, il a le réflexe d'attraper sa main et elle a l'impression de se recevoir un électrochoc. Elle ne réagit pas tout de suite, hébétée. « Ça ne fait rien. Je vais bien, mais vous, ça va ? Enfin, vous n'avez pas mal à la cheville ? » Elle avale ses paroles, elle aimerait lui dire de continuer de parler encore, de continuer à s'inquiéter pour elle, que ça lui va bien, et qu'à elle, ça lui fait du bien. À la place, elle bredouille comme une enfant : « N-Non, je... je ne regarde simplement pas où je marche. Merci en tout cas. » Elle a lâché son bras mais pas sa main, à laquelle elle s'agrippe comme une rescapée en plein océan. Bien sûr qu'elle n'a pas regardé où elle marchait, hein ! Elle est en train de se noyer dans ses yeux, comment pourrait-elle se rendre compte que si sa tête est loin dans les nuages, ses pieds eux, sont bien au sol. Elle l'observe. Il fait froid mais elle a chaud. C'est un inconnu et elle a l'impression de le connaître par coeur. Elle perd tout contrôle et elle adore ça. Elle a le loisir soudain de détailler ses yeux de plus près. Son visage. Ses cheveux. Ses lèvres.. Si Emrys te voyait... Cette pensée, avec la brutalité d'un coup de fouet, la ramène brusquement à la raison. Soudain gênée, elle se met à rougir très fort, lâchant la main de Pâris pour faire mine de réajuster son gilet. Ne sachant plus où se mettre, son coeur battant encore une hymne incontrôlée et incontrôlable, elle cherche un sujet quelconque à aborder pour ne pas se laisser gagner par son trouble. Un trouble qu'il ne fait qu'amplifier, à chaque seconde passée, à chaque millimètre gagné. « E-Et vous, pourquoi avez-vous quitté votre pays pour venir ici ? » demande-t-elle alors soudain, accompagné d'un fin sourire, tentant tant bien que mal de décrocher de son regard hypnotique. Elle n'y parvient que de rares secondes éparpillées dans un laps de temps beaucoup plus long où elle s'y perd. Elle ne sait même pas depuis combien de temps marchent-ils. Mais elle s'en fiche. Honnêtement à ce moment-là, elle s'en contrefiche.

Il est vrai qu'une partie du charme s'estompe. Qu'il n'était plus le pianiste inconnu mais Pâris Huxley, infirmier. Et que quelque part, ça change un peu leur relation, si on peut parler de ça comme d'une relation. Et pourtant, Pandore n'en demeure que plus charmée. Que plus intriguée d'en apprendre, encore et encore, comme si le pouvoir qu'il exerce sur elle va définitivement plus loin qu'une simple aura de « l'inconnu ». « Oui, on me le dit souvent. C'est magnifique ; il faut y passer au moins une fois dans sa vie. » Elle sourit. Et avec spontanéité, sort alors que : « Peut-être que si quelqu'un m'y emmène ... » tente-t-elle avec un sourire mutin et naïf, l'observant d'un air presque tendre. Elle ne sait pas bien ce qu'elle insinue-la, elle a l'impression de se redécouvrir elle-même. De la manière que lorsqu'elle est avec Emrys, il la change. Et elle ne sait vraiment pas quoi en penser ; de toute façon, elle ne parvient pas réellement à penser. « Tant mieux alors.. » Elle peut presque sentir son souffle sur son visage. Ses yeux passent d'un oeil à un autre, comme si elle attendait quelque chose. Sa main chaude la rassure, mais leur proximité dangereuse l'effraie. Elle se dérobe soudain, comme une biche effarouchée, laissant un vent qui lui semble glacé s'infiltrer entre eux par la distance qu'elle y installe. Elle prend au sujet au hasard. Mauvaise pioche. « C'est .. compliqué. J'étais avec une fille, avant. On a décidé de partir d’Édimbourg pour venir ici. » Elle le sent. Elle l'entend dans sa voix qu'il est ému. Qu'elle l'a forcé à affronter des choses dont elle aurait dû s'abstenir. Elle se mord la lèvre, laissant tomber le silence après sa phrase. Elle prend elle aussi l'excuse du groupe de jeunes plus loin pour ne pas le regarder, figeant son regard sur ces gens ivres à qui elle avait déjà tant ressemblé. Finalement, elle se stoppe et se tourne vers lui, le visage sérieux et coupable. « Je suis désolée. J'aurais pas dû te demander ça, je suis bien trop curieuse sûrement... Je ne voulais pas te faire.. de la peine. » Tiens. Elle l'a tutoyé ou je rêve ? Elle n'a même pas fait attention à ça de toute façon. Elle était juste prise de remords si brutaux qu'il lui fallait les sortir, les exprimer, lui dire qu'elle regrettait, que c'était de sa faute. Comme si elle s'accusait par la même occasion d'autre chose. Elle le regarde, et tente un petit sourire, comme pour savoir s'il lui en veut. Elle n'espère pas. Oh non, elle n'espère pas ; elle a trop besoin de continuer sur cette lancée, de le voir, de s'en rapprocher. Elle espère toujours au fond trouver un détail qui la fera reculer, quelque chose qui lui dira qu'il n'est pas parfait, qui le fera descendre de ce piédestal où elle l'a hissé. Mais pour l'instant, chaque nouveau mot ne fait que renforcer tout ça.

L'attraction devient dangereuse. Elle a l'impression de s'être prise au piège dans les filets d'un dangereux chasseur. Et, qu'on se le dise, Pandore a toujours tenu le rôle du prédateur. Pas de la proie. Voilà qu'ils parlent de voyage. Si Pandore s'autorisait le rêve et l'espoir, peut-être croirait-elle qu'ils parlent même de prévoir quelque chose. « Je pourrais m'improviser guide. » Elle sourit. Elle ne pensait pas qu'il répondrait ainsi à son sous-entendu, et ça l'amuse. Ça la fascine même encore plus. Enhardie par son retour positif, elle fait mine de réfléchir, puis d'une fois toute innocente, demande alors : « Vous croyez qu'il vaut mieux y aller en période estivale ? Ou bien hivernale ? » Pour de vrai, elle aimerait vraiment visiter ce bel endroit. Et qui sait.. peut-être qu'en échange, ils pourraient ensuite aller en France. Même si cela lui rappellerait de bien sombres souvenirs... ça reste la ville de son enfance. La belle et envoûtant Paris. Ah, tous les « Pâris » sont décidément bien fascinants. Elle ne sait même plus comment ils en sont venus à se rapprocher ainsi. Elle voit ses grands yeux la scruter ainsi, elle  a l'impression qu'il va la dévorer. Elle doit se faire violence pour ne pas briser la distance qui les sépare, et seul son attachement pour son copain lui permet de garder un semblant de raison. Pandore n'a pas vraiment l'habitude de se poser des limites, des règles. C'est bien la première fois. Mais voilà, premier faux pas. « Ça ne fait rien. » Elle le dévisage toujours, peu convaincue. Non, ce n'est pas de la pitié, pas même de la compassion. Elle ne sait pas – encore – ce que c'est que de perdre un amour. C'est plutôt de la culpabilité, d'avoir saboté l'ambiance avec une question pareille. Mais son regard est dénué de tout sentiment méprisable pour lui. « Je t'assure, ça va. » Pourtant sa voix... son comportement, son regard.. tout démontre des failles encore là, présentes. Des blessures jamais vraiment recousues qu'elle aurait envie d'effleurer pour les refermer. Il a quelque chose de finement torturé au fond de lui et si cela aurait pu en effrayer plus d'un, elle retrouve la même impression que d'être brisé de l'intérieur. Peut-être est-ce aussi son cas. En tout cas, cela renforce encore cette espèce de fascination inexpliquée pour lui. « Je vais devoir y aller. » Le sol s'effondre. Elle ouvre la bouche, puis la referme, visiblement surprise. Le moment brisé en mille morceaux de verre qu'elle peut presque entendre crisser au sol, elle détourne le regard, soudain révoltée. Non contre lui. Mais contre elle. Que s'imaginait-elle ? Qu'il n'avait que ça à faire d'errer là dans les rues comme un pantin désarticulé, à tenir compagnie à la poupée de chiffon cachée dans ce corps sain ? Peut-être, oui. Peut-être qu'avec le peu de naïveté qui lui reste encore au fond de ses entrailles, elle l'espérait. Mais il vient de la ramener à la réalité et l'atterrissage s'est plutôt mal passé. « Oh. » Triste réaction dénuée d'intérêt mais elle ne parvient pas à masquer sa déception. Alors il va s'en aller. Fini. Le moment aura déjà duré plus longtemps, certes. Il va falloir se contenter de ça, c'est plus qu'un regard ou une parole comme avant. Mais elle veut plus. Toujours plus. « J-Je peux vous raccompagner jusque chez vous. » Nul besoin qu'il fuie son regard, elle ne le regarde plus. Elle a peur qu'il lise dans son regard la détermination avec laquelle elle aimerait le retenir. Le garder un peu plus longtemps là dans la teneur secrète de la nuit, sous la pluie d'étoile, dans cette ambiance unique qui ne se retrouve pas le jour. Qu'ils ne retrouveront peut-être jamais. Elle hoche la tête. « D'accord, merci. C'est.. par là. » C'est faux. Elle habite à l'opposé de la direction qu'elle vient d'indiquer et lui fait pourtant un discret signe de tête, accompagné d'un petit sourire, pour l'attirer à sa suite. Eh oui, encore une fois, si quelqu'un d'autre se serait rendu, Pandore a décidé de prendre les choses à l'envers. Et de réinventer ses repères.
Elle pose son regard bleu sur lui et l'observe, comme une amante observant le mari en secret. Devine-t-il le pouvoir qu'il a sur elle ?

« A vrai dire, les deux sont possibles. Simplement, pendant la période hivernale, vous devrez prévoir un bon équipement contre le froid. » Elle sourit, hochant simplement la tête comme si elle en prenait note. Et alors, qui sait ? Pandore a appris, à ses dépends, qu'elle ne peut pas prévoir de quoi seront faits ses jours prochains. Et puis elle ne sait même pas vraiment comment, tout s'est brisé d'un seul coup. Elle n'a rien vu venir. Elle a posé la question de trop, celle qui a fait valser en éclats leur ambiance si agréable quelques secondes auparavant. À présent, elle se sent étouffée et écrasée par la gêne, la distance trop grande, leurs silences qui n'ont plus rien d'attirants. Elle se maudit, silencieuse, s'acharnant mentalement sur son propre sort. Vous me direz, c'est peut-être mieux pour lui, de ne pas s'approcher trop près d'une catastrophe pareille. Ils gardent le silence tandis qu'elle lui donne une fausse adresse, enfin, direction. Elle ne sait même pas pourquoi. Elle sent sa tête se tourner vers elle mais elle se borne à regarder droit devant. « Je suis désolé.. pour tout à l'heure. » Etonnée, elle tourne son visage vers lui, ne pouvant pas cacher sa surprise. Elle fronce les sourcils, comme si elle ne comprenait pas. « C'est juste que .. j'essaie d'oublier, mais c'est pas facile. » Elle sent pas mal d'émotions dans les paroles du jeune homme. De la sincérité, aussi. Elle ne saurait pas trop dire pourquoi mais elle se sent touchée. Flattée qu'il se soit, au moins un tout petit peu, ouvert à elle. Qu'il lui fasse confiance alors que c'est une inconnue. Elle secoue la tête avec l'ombre d'un sourire sur les lèvres. « Non, non, c'est moi. Ça m'apprendra à garder ma langue dans ma poche avant de trop vouloir en savoir. Ne t'excuse pas. » lui assure-t-elle avec un hochement de tête. Distraite, elle s'entend murmurer : « On essaie tous d'oublier quelque chose... » Décidant de se taire avant d'en dire trop, elle se replonge légèrement dans son silence. Mais il lui semble déjà que, passé les "excuses" de Pâris, celui-ci est moins dérangeant et plus léger. Finalement, en plein milieu d'une rue qu'elle traverse, elle s'arrête et honteuse, de tourne vers lui. Hésitante, elle triture ses mains entre elle comme une enfant. Finalement, Pandore se mordille la lèvre, puis avoue avec un petit rire nerveux. « On va dans la mauvaise direction. Ne me demande pas pourquoi je t'ai dis que c'était par là. Mais j'habite vers là-bas plutôt... » Elle désigne la direction opposée, presque craintive d'avoir sa réaction.

« Non, ce n'est pas de ta faute, tu ne pouvais pas savoir après tout. » Elle hausse les épaules, pas franchement convaincue. Après-tout, certes elle ne pouvait pas savoir ... mais avait-elle besoin d'insister pour autant ? Son sourire rassurant l'apaise néanmoins et elle ne cherche pas à surenchérir de nouveau, se contentant d'un hochement de tête presque poli. Au bout de quelques minutes à marcher dans la mauvaise direction, ce qui rattrape Pandore... c'est sa raison ! Pas question pour elle de continuer à marcher jusqu'au bout du monde comme ça en étant consciente d'aller dans la mauvaise direction. Elle aurait bien trop l'impression de se jouer de lui, et si ça ne la gêne pas de se jouer de 98% de la population, il fait visiblement partir des 2% pour qui oui, ça la dérange. Elle ne se permet pas. Elle s'attend à être un peu prise pour une gamine ridicule, et attend sa réaction avec une appréhension évidente. « Je te fais perdre tes moyens au point que tu ne saches même plus où tu habites ? » Elle entrouvre la bouche, choquée, et ne sachant pas du tout comment réagir. Sait-il vraiment à quel point il a raison ? Elle sent son coeur s'emballer à cette idée, à l'idée qu'il l'ait percée à jour, qu'il ait remarqué comme il la fascine. Pour une fois, elle décide de la jouer plus ou moins franc jeu. « Qui sait.. c'est peut-être ça. » Elle lui fait à son tour un clin d'oeil plein de malice, rentrant dans un jeu qui s'annonce toujours aussi dangereux. Mais la parisienne a toujours été attirée par le danger, alors ça tombe plutôt bien, non ? Il ignore sûrement à quel point est-ce qu'il lui fait tourner la tête, perdre les pédales, ses repères,... Soumise à son regard qui se plonge intégralement dans le sien, elle ne parvient absolument pas à le détourner, fascinée. « On y va ? » Heureusement qu'il est là pour reprendre les choses en main. Elle hoche la tête, souriant légèrement, avant d'enfoncer ses mains dans les poches de sa veste, reprenant le chemin en sens inverse. Désireuse de retrouver un peu la proximité à laquelle ils s'étaient brûlés peu avant, elle marche tout près de lui, son bras frôlant le sien de temps à autre. Ça l'électrise, mais elle ne laisse rien paraître, se délectant de toutes ces émotions. Soudain, elle tourne la tête vers lui, brisant le silence pourtant bien moins lourd que précédemment. « Tu vis seul ? » demande-t-elle alors, impulsivement, peut-être trop indiscrète. Elle ne veut pas savoir s'il a quelqu'un, en fait, elle voulait juste savoir s'il vivait en colocation comme elle... ou pas. Mais elle se rend compte que sa question peut être perçue autrement.

Étrangement, elle ne semble pas tant gênée que ça de lui avoir avoué qu'il lui fait tourner la tête, et qu'il le clame haut et fort ne la dérange pas plus que ça. En fait, ça rend même un côté plus excitant encore. « Eh bien, je compte continuer à te faire perdre les pédales. Qui sait, dans quelques heures, on se retrouvera peut-être à l'autre bout du pays. » Elle lui lance un sourire effronté. La froideur de l'ambiance semble s'être clairement réchauffé, et peut-être leur rapprochement y est pour quelque chose. Elle hausse les épaules, avec une mine infantile, désinvolte. « Oh, ça ne me dérangerait pas. » fait-elle avec un nouveau clin d'oeil taquin. Elle se mordille discrètement la lèvre, ne sachant pas trop à quoi est-ce qu'elle joue exactement. Ils marchent toujours. Elle marche d'un pas lent, comme si elle voulait retarder au maximum le moment où elle devra le quitter, lui dire au revoir. Au fond, elle prie pour qu'ils se revoient. Vite. Et même en marchant, son regard reste ancré dans le sien, attiré comme un aimant, détaillant plus encore ces prunelles qu'elle commence à connaître par coeur. Incapable de s'en détourner trop longtemps, elle sent leurs bras se frôler et ça la fait frémir. Si elle s'écoutait, elle aurait déjà franchi la ligne blanche. « Oui, je suis seul dans mon appartement, et ça me va très bien comme ça. » Elle l'aurait deviné. Elle le voit bien mieux seul dans un joli petit appartement qu'au milieux de gens bruyants ou chahuteurs. Il respire un calme impérial, qui l'intimide encore plus. Elle hoche la tête, se retenant de demander où est-ce que cela est. « Et toi, tu vis seule ? » Déjà préparée à ce qu'il lui retourne la question, elle secoue la tête, faisant la moue. « Non, j'ai trois colocataire, dont un qui a une petite fille de cinq ans. Autant dire que c'est pas toujours très calme, on est cinq là-dedans. » D'où la raison pour laquelle elle sort souvent se rafraichir les idées, inspirant un peu de cette quiétude dont elle a besoin. Elle reste un instant silencieuse. Elle aimerait tout savoir sur lui, elle a toujours une nouvelle question qui se bouscule devant les autres, mais elle n'en pose pas d'autre. Elle désigne un petit pâtés d'immeubles plus loin. « Notre appartement est dans l'un d'eux, là-bas. Heureusement qu'il est grand. » fait-elle avec un sourire. Sourire qui se fane un peu avec la prochaine prévision de devoir le quitter. Cela fait peut-être une heure, ou peut-être deux, qu'ils sont tous les deux et il lui semble qu'elle vient à peine de l'aborder à son piano. Elle tourne un regard interrogateur vers lui. Peut-être ne ressent-il pas la même exaltation entre eux, peut-être est-elle la seule à sentir tout ça, mais elle se risque pourtant à lui demander : « Est-ce que j'aurais l'honneur de te revoir prochainement ? » Pandore a toujours été comme ça. Très directe. Ça lui évite un stress supplémentaire, même si sa franchise légendaire ne plait pas à tout le monde.

Spoiler:

Elle a l'impression qu'elle ne s'en lassera pas. De son sourire, de son regard, elle a l'impression de tout redécouvrir à chaque fois. Et l'impression de déjà s'attacher alors que c'est contraire à ses principes, que c'est contraire à son mode de vie, et contraire à sa loyauté. Surtout en ce moment. C'est pas le moment, Panda... D'un côté, peut-être que c'est une bonne chose que la soirée se finisse déjà. Pourtant, elle ne peut pas s'empêcher d'être déçue, d'avoir envie de plus, d'avoir déjà envie de le revoir. « Au moins, tu ne dois pas t'ennuyer. » Elle sourit à son tour, hochant la tête. Ah ça, c'est certain hein ! Nul ennui de possible avec Poppy, Perry, Penny et Dasha. Tous des "P", d'ailleurs. Enfin, sauf Dasha, mais quand on l'appelle "Patate", ça marche. Bref. « Le mien a l'air beaucoup moins spacieux. Et tu es en colocation depuis deux ans ? » Elle réfléchit brièvement. « Hum... oui, un peu moins je crois, juste le temps de trouver en fait, mais sinon ça fait un peu près ça. » Elle croise de nouveau son regard et elle ne peut pas s'empêcher de lui sourire. Arrivés devant la porte de l'entrée, elle s'arrête, tournée vers lui, réticente à lui faire des au revoirs sans même savoir s'ils auront l'occasion de se revoir bientôt. « Je ne suis jamais loin du bar, alors si l'envie te prend de me retrouver, n'hésite pas. » Elle croise les bras, soutenant son regard. Elle remarque seulement maintenant alors qu'elle est obligée de la lever. Il est plus grand qu'elle, et ça participe au sentiment étrange de sécurité qu'elle ressent avec lui. « De toute façon, n'oublie pas que je suis journaliste. Je connais ton prénom et ton nom, je te retrouverai quoiqu'il arrive. » Ça pourrait être une menace, elle le dit presque sur le ton d'une promesse. « En tout cas, ce fut un réel plaisir de passer cette soirée avec toi. » Elle sourit de plus belle, presque.. touchée ? C'est peut-être le mot. Elle a envie de lui dire que c'était trop court à son goût, mais elle ne sait pas vraiment si elle en a le droit. Alors, elle ne dit rien. Elle hésite un instant, puis s'avance pour déposer une bise sur chacune de ses joues. Elle ne le montrera pas, mais elle tressaille de l'intérieur. Elle a brisé la barrière de la proximité, l'espace d'un instant, et ça la laisse pantelante. C'est dire de quelle manière il l'a crochetée. Elle se recule alors. « C'est réciproque. Alors... à bientôt, Pâris. » fait-elle en lui faisant un geste de la main, comme une adolescente, avant de grimper les quelques marches, de sortir ses clés et d'ouvrir la porte. C'est plus fort qu'elle. Elle se retourne une dernière fois pour lui lancer un sourire furtif ... puis disparait à l'intérieur.

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