je coule.

Sa vie déraillait complètement en ce moment et lui aussi. Perry a toujours eu une vie difficile, mais jusqu’à maintenant il a toujours su garder la tête hors de l’eau et être heureux malgré tout. Il avait une joie de vivre communicative qui le gardait enfermé dans un cocon de protection et d’amour éloigné de tous les problèmes qu’il avait connu autrefois. Mais cette fois, il y a eu la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ou la goutte d’eau qui fait déborder la cruche, comme dirait sûrement Perry. Il n’a jamais su dire une expression sans se planter, c’est comme ça. Il assimile le début mais jamais la fin. Enfin bref. Le fait qu’il se rende compte qu’il était amoureux de Panda, sa meilleure amie et aussi sans doute la troisième personne qui compte le plus dans sa vie derrière sa sœur et sa fille, l’a complètement déstabilisé. Il n’a jamais été amoureux et une seule fois en couple, même si on ne peut pas dire que c’était vraiment un couple. C’était il y a longtemps au Texas, il était au lycée. C’est de l’histoire ancienne. Dépassé par tous ses problèmes n’arrivant plus à rien, il a commencé à aller dans des soirées que d’habitude il évitait, à accepter des choses qu’il s’était toujours promis de refuser. Il tenté des trucs, est allé plus loin qu’il n’aurait dû. Il est dépassé par les évènements ne sait plus quoi faire et sombre dans la drogue, l’alcool et le sexe, un cocktail qui peut se révéler mortel. En apparence, lorsqu’il était dans sa belle chambre d’hôtel avec sa fille, tout allait bien, il était clean, mais dès qu’il sortait, les choses changeait son petit cocon n’était plus là et il était ouvert à tous les vices. Il se rendait dans un hôtel miteux avec d’autres junkies. Cela ne faisait même pas deux semaines qu’il avait commencé à franchir les limites, mais déjà son corps avait du mal à suivre. Alors qu’il était allongé sur un lit complètement pourri, et dans un état déplorable, il envoya presque inconsciemment à message à la première personne à qui il a pensé : Lachlan. Ce n’était pas comme-ci ils se connaissaient énormément mais il avait le sentiment qu’il pouvait confier ça qu’à lui et que seul lui pouvait peut-être l’aider à s’en sortir. Il ne voulait pas paniquer son entourage. Un simple « viens » suivit de l’adresse où il se trouvait avait suffi selon lui.

c’est pas qu’on s’ennuie aujourd'hui avec hendrix, mais un peu, quand même. qui dit journée de repos, dit glandouille, dit journée en caleçon à manger plein d’trucs gras et mauvais pour la santé devant la télé, dit surf en fin de journée. dit surf n’importe quand en fait, même. allez, go. douche. combi. planche. vélo. j’suis paré. j’suis parti. j’ferme la porte de l’appart à clé, j’descends les marches. mon portable me stoppe net dans ma course. il vibre, vibre. oui, oui, j’arrive, arrête de vibrer. un nouveau message, perry. oh, bah. « viens. » suivi d’une adresse. un hôtel ? d’accord. j’comprends pas trop, là. j’ai pas l’habitude de c’genre de messages, ni de c’genre de rendez-vous, mais pourquoi pas. ma curiosité l’emporte, et j’retourne à l’appart déposer ma planche et me changer. j’vais pas y aller en combi, quoi, j’aurais l’air bien con, franchement. short, t-shirt, casquette. j’suis parti. j’visse mes écouteurs dans mes oreilles. pink floyd. j’pédale jusqu’à ladite adresse. j’suis pas l’plus rapide, mais j’suis pas spécialement lent non plus. j’mets pas trop longtemps à arriver, quoi. j’pose mon vélo devant l’hôtel. j’l’attache même pas. j’ai une confiance incroyable, j’sais même pas pourquoi. peut-être parce que j’ai une chance de cocu. sans doute. j’rentre dans l’hôtel. les gens m’regardent bizarrement. quoi, c’est les cheveux longs et la moustache réunis ensemble qui choquent ? oh ça va, j’ai pas eu l’temps d’me raser.. ah, non, c’est pas ça. c’est les pieds nus. ouais ben, c’est écrit nulle part que c’est interdit, hein. j’file jusqu’à la chambre où est censé s’trouver perry. enfin, j’imagine, c’est le numéro qu’il m’a indiqué. j’arrête ma musique. j’toque une fois, deux fois, trois fois. j’attends. encore, et encore. la porte s’ouvre toujours pas. tant pis, j’ouvre. timidement, mais j’ouvre. et c’est sur un perry étalé et.. pas net, que j’tombe. d’aaaaaccord. ça commence bien, tout ça. j’ferme derrière-moi. « perry ? » j’veux juste être sûr qu’il est vivant. on sait jamais. ouais, il respire encore, ça va. ouf. j’ai eu peur un peu, quand même. « qu’est-ce qu’il t’arrive ? » c’pas que j’me demande ce qu’il s’passe, mais un peu, quand même.

La pièce était sale, mal éclairée, les volets fermés ne laissaient entrevoir que peu de lumière, juste de quoi distinguer les différents meubles qui composait le lieu. Ils n’étaient pas nombreux. Un lit complètement pété, une lampe de chevet qui ne devait surement pas fonctionner. Une chaise et une petite table. Même pas de salle de bains ou de toilettes. Vraiment le plus miteux des hôtels de Bowen. Mais au moins ici, il n’avait pas la réputation de coureur de jupons qui saute sur tout ce qui bouge, du dragueur. On ne le connaissait pas et on cherchait pas à le connaitre, on ne cherchait pas à savoir ce qu’il faisait. De toute façon il n’y avait pas de doute sur ce que faisaient les gens qui louaient ses chambres. Il entendit quelqu’un frapper à la porte. Il était dans un état encore plus pitoyable que lorsqu’il lui avait envoyé son message qui était quelque part un appel au secours inconscient. Il ne répondit pas, il ne se levait pas, il n’avait pas la force de le faire. Il salua la prise d’initiative de Lachlan qui entra tout de même dans la chambre. Il l’appela et il répondit par un bruit à peine audible. Il lui demande ensuite ce qu’il lui arrive. Il peine à lever son bras pour pointer un petit paquet contenant toute sorte de substances et tout le matériel qui va avec. Dedans il y a également un petit kit pour les cas d’overdose ou de proche overdose, qui permettent de faire retrouver son état à peu près normal à quelqu’un. Il faut croire que pulp fiction à influencer les dealeur.

j’suis là, devant perry, qui est complètement affalé sur ce pieu dégueulasse de l’hôtel miteux. mon cerveau aussi emmêlé que mes cheveux, j’suis pas sorti de l’auberge si j’veux réussir à comprendre quelque chose, moi. s’il est pas en assez bon état pour m’aider à capter, j’suis pas dans la merde, tiens. oh, pitié, pitié seigneur, pitié jimi, fais qu’il puisse m’aider un minimum. et là, miracle. oh, jimi, je t’aime. perry soulève son bras, et pointe un paquet. c’est quoi, c’paquet ? c’est la réponse à la question ? eh, j’suis pas chaud à faire un chasse au trésor, moi. fin, il aurait pu me prévenir avant quoi, qu’j’aurais droit à des devinettes. j’m’avance vers ledit paquet, j’ouvre, j’regarde dedans. c’est bien c’que j’crois que c’est ? oh, non, hein. pas ça, quoi. bon, bon, j’comprends bien, il est défoncé. et pas qu’un peu, vu le contenu du paquet. allez, j’réfléchis, j’vais bien trouver une solution. j’regarde autour de moi. évidemment, pas d’salle de bain. c’est quoi cette chambre d’hôtel ? une solution, une solution. merde, j’ai pas l’habitude face à ce genre de situations, moi.. je tourne la tête dans tous les sens, encore, et encore. je cherche la solution. et bam, elle me frappe d’un coup en pleine poire. c’est évident, quand même, quand on y pense. là-bas, le seau. plein d’eau. de l’eau de pluie, j’imagine, vu le plafond plein de trous juste au dessus. non mais ça craint vraiment cette chambre, hein. bon allez, faut qu’j’agisse, sinon il va crever j’sens. j’attrape le seau, et j’lui jette complètement sur le visage. l’eau qu’il y a dedans hein, pas le seau avec. c’est un coup à l’assommer, sinon. « c’est bon là, t’es réveillé ? » j’lui balance, un peu méchamment. maintenant que j’vois qu’il va bien, j’commence à m’énerver. ça a beau pas être dans mes habitudes, cette situation-là, non plus.

Perry ne pense plus. Déjà que ça lui arrive pas souvent en temps normal alors quand il est au bord de l’overdose, il voit plus des petits arc-en-ciel et un pingouin habillé avec la robe d’Alice au pays des merveilles. Oui peut-être qu’il mérite de crever, après tout il s’y est mis tout seul dans ce merdier. Et puis d’un coup, Penny lui vient en tête. Il a presque envie de pleurer, pourquoi est-ce qu’il fait ça ? pourquoi est-ce qu’il fout sa vie en l’air ? Il a une fille, des amis, même s’il les a un peu lâché en ce moment. Il a une sœur aussi. Poppy. Il ne lui a rien dit, rien expliqué, il l’a laissé sans réponses et il s’en veut un peu, même beaucoup. Mais disons qu’il s’attendait à un remontage de bretelles dans les règles parce qu’il s’est barré de l’appart’, qu’il est inconscient, etc. Il la connait. Mais il n’a pas pensé qu’elle aurait pu être paniqué de ne pas avoir de nouvelles. Bref. Alors qu’il est dans un état second, Lach’ s’active et tente de trouver une solution. Finalement, Perry se prend un grand sceau d’eau froide sur la tête. Bon ça ne lui permet de reprendre totalement ses esprits, mais disons qu’il va mieux. Il se frotte le crâne comme pour mieux se remettre. « ouais ça va. Merci. » dit-il à son ami en esquissant un sourire. Il se leva en titubant un peu et se dirigea vers le petit paquet posé sur la table. Il attrapa une seringue et se la planta dans le bras. Et avant que le blond n’est pu dire un mot il lâcha « t’inquiète pas, c’est pour stopper les effets et évacuer. » autant dire une sorte de médicament.

oh, ça commence à m'énerver. et ça m'énerve d'autant plus que je n'aime vraiment pas m'énerver, en fait. oh le cercle vicieux tout pourri qui m'attend, là.. non mais, vraiment.. « ouais ça va. merci. » tant mieux, tant mieux. j'vais pouvoir lui poser tout un tas de questions, comme ça. il m'sourit. mouais. bon, j'suis énervé, mais quand même, j'lui souris aussi. mine de rien, j'suis vraiment soulagé qu'il aille bien. eh, j'ai flippé ma vie, quand même. il attrape une seringue et se la pique dans le bras. et moi, j'comprends rien, qu'est-ce qu'il fout, il recommence ? il se fout de moi ? j'suis pas venu pour le voir se défoncer, hein. j'ouvre la bouche pour l'engueuler, mais il me coupe. « t’inquiète pas, c’est pour stopper les effets et évacuer. » hm. ouais. il a intérêt à c'que ça marche.. j'm'appuie contre le mur, et j'croise mes bras sur mon torse. j'ai le regard dur, et j'aime pas ça, j'ai jamais le regard dur, c'est pas une expression normale chez moi. « maintenant tu m'expliques. » même ma façon de parler est sérieuse, c'est bizarre. mais là, en vérité, j'me retiens un peu, j'ai trop d'émotions qui m'traversent l'esprit en même temps.

Perry n’aime pas quand les gens le regardent avec un regard dur, il avait presque espéré que Lach’ ne serait pas fâché, mais comment ne pas l’être ? Enfin, ce doit plus être de l’inquiétude qui se mêle à de l’énervement qu’autre chose. Après tout s’il n’en avait rien à faire de lui, il se serait déjà barré et serait peut-être même pas venu. Perry va s’assoir sur le lit puis il regarde son ami dans les yeux. Il lui demande des explications. Déjà en temps normal, Perry n’en donne pas trop, mais là, il n’en a pas vraiment. Pourquoi il fait ça ? Il n’en a pas franchement idée. Il s’est juste laissé entraîner dans quelque chose qu’il ne connaît pas et qu’il ne voulait pas connaître. « qu’est-ce que t’veux que j’te dise ? » demande-t-il l’air à moitié absent. Comme-ci lui, Perry Peach ou le type qui ne sait jamais pourquoi il fait les choses, pourrait donner une explication rationnelle à ce qu’il fait.