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↳ personnages attendus

Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 Emily et Casey, le retour.

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MessageSujet: Emily et Casey, le retour.   Emily et Casey, le retour. EmptyLun 26 Aoû 2013 - 23:14





Du hasard et du destin.
Vraiment, il y a des instants où l'enchaînement logique omniprésent des causes et des effets craque, pris au dépourvu par la vie même, et descend dans le parterre, se mêlant au public, laissant sur scène, sous les projecteurs d'une liberté vertigineuse et soudaine, une main invisible pêcher dans le giron illimité du possible, et, entre des millions de choses, n'en laisser advenir qu'une seule. – Baricco.


Il eut un sourire, tissé de légèreté et d’émotion. Il était de retour chez lui, il était vraiment de retour. Ce n’était pas une chimère, c’était sans conteste la réalité vraie, douce, paisible, surprenante. Un goût un peu mélancolique dans la bouche également, saveur métal sur ses lèvres quand il les humectait. Tant d’évènements passés en peu de mois, une activité constante, instabilité nécessaire pour bousculer l’esprit une bonne fois pour toutes, y mettre un grand bazar, lui faire humer des mondes nouveaux, le déséquilibrer, le perturber, pour faire tout s’effondrer et repartir de zéro. Ça avait fonctionné. Il avait fait le ménage de printemps dans son esprit, désormais tout était plus propre, plus clair, plus sain. – Plus sain.

À peine rentré de ses premières courses, encore un peu embêté par quelques cartons qui traînaient çà et là, l’appartement étant plutôt vide au reste, il observait, content, son nouvel habitat. Chanceux, et surtout fort de bons contacts, il avait dégoté ce petit appart’ : premier étage d’un immeuble tranquille, jardin en prime. Un jardin tout petit, mitoyen aux autres jardins du premier étage, mais un jardin quand même. Un jardin qui ravissait, plus que Casey, Sharma. Sharma, son chien. Un Shiba Inu encore jeune, qui possédait déjà l’indépendance caractéristique de sa race mais qui, à cause d’un Casey un peu trop tactile, en devenait presque câlin. Pourtant, leurs débuts ne furent pas paradisiaques : habitué aux grands chiens, l’Australien était plutôt réticent à l’idée d’avoir un chien de cette taille. Mais il était hors de question qu’il vive tout seul dans son appartement et il ne se voyait pas un chat… Il n’aurait jamais supporté leur regard insidieux au réveil. La colocation, il y avait pensé mais pour son retour, il préférait être tout seul les premiers temps afin de reprendre ses marques, de repartir du bon pied par lui-même. Plus tard, peut-être. Les poissons rouges n’étant pas assez communicatifs et les perroquets trop envahissants, il ne lui restait plus qu’à en venir à son premier amour (avant Emily, et oui) : les chiens. Sauf qu’un chien en appartement, s’il était grand, c’était cruel. Il avait donc dû se résigner à ne pas adopter de berger allemand, tant pis pour faire impression, il se retrouvait avec ce petit Shiba. Un Shiba Inu qui, finalement, se révélait adorable et… Hilarant. Casey piquait des fous rires tout seul avec Sharma et lui parlait exactement comme s’il eût parlé à un humain. C’était sûrement pathétique et comique à voir, mais on ne pouvait nier que leur relation débutante s’annonçait sous de bons auspices.

Après avoir rangé les courses, le soleil haut dans le ciel encore en cette fin d’après-midi, l’été embrassant l’Australie sans restriction, l’heure de la promenade sonna. L’étudiant agita la laisse, fit un clin d’œil au chien et quelques instants plus tard, les deux compagnons se promenaient dans les rues de Bowen. Sharma, nom en hommage au petit garçon d’Inde qui avait montré le monde autrement à Casey et lui avait fait comprendre certains choses, était certes un chiot plutôt calme dans le sens où il n’aboyait pas trop et ignorait les autres chiens… Mais il avait une sacrée tendance à vouloir jouer avec tout et n’importe quoi (surtout les feuilles).

C’est pour cela, ou peut-être parce qu’un quelconque destin le désirait, ou parce que le hasard les avait réunis, ou parce qu’il le fallait, peu importe, c’est pour cela que Sharma tira sur sa laisse et se mit à courir, entraînant avec lui Casey malgré son poids plume, se mit à courir ainsi vers un sac un peu trop balancé certainement, mouvement attirant et amusant qui amena le chien auprès de sa propriétaire, mais trop petit il ne put attraper le sac et se cogna à la cheville de la jeune fille.
Ç’aurait pu être un incident banal et drôle, une anecdote de passage.
Pourtant quand la femme tourna sa tête, le cœur de Casey Kennington se comprima puis battit bien trop fort.

« Emily… » lâcha-t-il, stupéfait.

Elle. De tout Bowen. De tout Bowen, c’était vers elle que son chien était allé. Était-ce réellement à cause du sac comme il l’avait supposé et bien Sharma avait-il senti l’odeur d’Emily quelque part dans l’appartement et, la retrouvant ici à l’extérieur, avait été attiré par ce parfum familier ? Était-ce le hasard ou une rencontre prédestinée ?

Emily, son… Son ex-femme. À vingt-trois ans. Divorcé. Il avait une « ex-femme ». C’était si étrange, pensé de cette façon. Emily… Emily était sa première petite-amie, la première personne qu’il avait vraiment aimée et surtout la première à l’avoir aimé. Elle était celle avec qui il avait voulu vivre, celle avec qui il avait malheureusement tout raté. Mais elle n’était pas son « ex-femme », pas comme tous ces types divorcés, trois enfants, machos, retournant en coloc’ avec leur pote de maternelle qui avait toujours prévenu que le mariage, c’était naze. Non, Emily, elle n’était pas cette ex-femme là.

Il se sentait prêt à trembler, le ventre serré, comme le gamin amoureux qu’il avait été et qui soudainement refaisait surface.

Il l’avait bien vue cette jeune fille, bien sûr. Mais elle était blonde. Emily Kennington ne l’était pas. Emily Finch avait décidé qu’il en était autrement. Blonde, sa Lee. Ça lui allait vraiment bien, vous savez ?

Interrompant le fil de ses pensées, la laisse se raidit. Sharma voulait jouer, réellement cette fois, avec le sac pendant de la serveuse.

« Non ! » tonna Casey à l’attention du chien, s’accroupissant. « Tu ne joues pas avec les sacs des gens, d’accord ? Tu laisses le sac d’Emily tranquille, je t’interdis de l’embêter. Arrête Sharma maintenant ! Elle a besoin de son sac Lee. Si tu continues à embêter Emily, je vais me mettre très très en colère alors cesse tout de suite. » gronda-t-il, comme s’il s’agissait d’un enfant.

Il se releva en passant la main dans ses cheveux, gêné. Il avait honte. Honte de lui-même, honte d’être lui face à Emily. S’il avait pu, il se serait volontiers caché. Mais il n’était plus l’heure d’être lâche, et il n’avait pas tant à s’inquiéter, n’est-ce pas ? Six mois déjà.

« Je… Je suis désolée, pour Sharma. Il est joueur… Il est tout petit encore. » s’excusa-t-il à la place du chien se mordillant la lèvre, la poitrine compressée par son stress.

Que pouvait-il ou devait-il lui dire ? Et puis, il était troublé à cause de sa teinture. Tout s’emmêlait dans son esprit. La belle contenance qu’il avait réussi à acquérir jusque là s’évaporait mystérieusement auprès d’Emily Finch.

« Tu… Tu es blonde. » déclara t-il, bêtement, sans même savoir qu’il l’avait dit. Et puis, se rendant compte : « Ça te va bien. »

C’était plus que cela. – Il la trouva belle. Mais belle, non pas comme quelqu’un est joli ou plaisant. Belle, comme ce qui déclenche dans le corps des frissons d’émoi, le cœur hors des marges. Mais il ne voulait pas faiblir à lui-même et pour ne pas perdre toute assurance, il étira ses lèvres en un sourire, y puisant de la force et de la malice.

« Comment tu vas ? » lui demanda-t-il, après s’être battu mentalement pour savoir si cette petite phrase devait ou non sortir de sa bouche. Il avait peur de sa réponse, en vérité. Mais, pour la première fois depuis bien longtemps, Casey Kennington s’inquiétait réellement et sincèrement du bien-être d’Emily Finch et enfin, après des mois sûrement, il venait de lui demander comment elle allait. Leur divorce, et les mois passés, avaient vraiment bouleversé sa façon d’être. Ou bien, l’avait révélé.

Un peu anxieux, mais moins gauche qu’avant cependant, il observait à travers ses lunettes noires – maintenant, les lunettes, il assumait – le visage de la blonde, en quête d’un signe annonçant le ton de sa réponse…



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MessageSujet: Re: Emily et Casey, le retour.   Emily et Casey, le retour. EmptyMar 27 Aoû 2013 - 17:32





Du hasard et du destin.


Personne ne pouvait dire pourquoi, ce jour-là, Emily avait décidé de faire un tour au parc avant de rentrer à son appartement. Ce n'était pas dans ses habitudes et elle n'aimait pas particulièrement cet endroit parce qu'il lui rappelait trop de souvenirs (souvenirs qu'elle s'efforçait d'oublier plus ou moins habilement). Le parc n'était même pas sur son chemin ; il lui fallait faire un assez long détour pour y arriver et généralement, la paresse l'en empêchait. Non pas qu'elle n'aimait pas marcher, mais elle préférait d'autres endroits au parc municipal. Mais ce jour-là, sous le coup du destin ou d'un hasard étonnant, elle avait décidé d'y aller pour prendre l'air et profiter des derniers rayons de soleil. Et elle n'était pas la seule, apparemment. Bon nombre de personnes avaient eu la même idée qu'elle et les allées étaient peuplées de gens d'horizons différents. Des couples qui se tenaient la main (et la replongeait dans cette solitude qu'elle n'était pas vraiment sûre d'apprécier, malgré ce qu'elle prétendait), des personnes âgées qui discutaient tranquillement des derniers potins, des enfants qui jouaient en riant aux éclats... Et un chien, qui avait visiblement des vues sur son sac. Il termina sa course effrénée contre son pied et elle sursauta malgré elle. Les chiens, elle n'aimait pas trop ça. L'un d'eux l'avait mordue lorsqu'elle était enfant et elle gardait une certaine rancune, mélangée à la peur que l'histoire recommence. Elle n'avait pas confiance en eux et généralement, elle s'en tenait le plus possible éloignée. Aussi adorable soit-il, ce chien n'était sûrement pas aussi innocent qu'il avait l'air de l'être !

Elle releva la tête dans l'espoir de voir le maître (ou la maîtresse) du Shiba Inu et tomba nez-à-nez avec... Casey. Casey Kennington. Son ex-mari. Sur les sept mille habitants de Bowen, il fallait qu’il tombe sur lui. Ou plutôt que son chien fonce sur elle. Comme si le destin l’avait voulu. Sous le choc de cette rencontre fortuite, elle resta là, parfaitement immobile, le regard fixé sur le doux visage de celui qui avait partagé sa vie pendant plusieurs années. Elle espérait de tout cœur que ce n’était qu’un rêve et qu’elle allait se réveiller au plus vite. Elle n’avait pas prévu de revoir Casey aujourd’hui. En fait, elle n’avait pas prévu de le revoir tout court… Et elle n’y était absolument pas préparée.

« Salut », répondit-elle à voix basse lorsqu’il souffla son nom.

Elle ne savait pas s’il fallait rire ou pleurer. Elle ignorait pourquoi le destin la torturait autant mais il prenait visiblement un malin plaisir à lui rappeler que sa vie n’était qu’une succession d’échecs. Et c’était douloureux. Son cœur se compressait tellement qu’elle avait l’impression qu’il allait s’arrêter de battre d’une seconde à l’autre. Le jeune homme – qui avait beaucoup changé physiquement – gronda son chien et Emily ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire. Sourire qui s’effaça dès l’instant où son ex-mari reporta son attention sur elle. Elle était terriblement mal à l’aise, tétanisée par cette apparition soudaine.

« C’est rien, y a pas de mal. »

Sa voix était tellement faible qu’elle se demandait si Casey comprenait ce qu’elle disait. Gênée, surprise, tourmentée, tiraillée entre l'envie de le serrer dans ses bras et celle de tourner les talons sans lui laisser le temps de parler. Mais elle ne ferait rien. Elle était bien trop sonnée pour faire quoi que ce soit. Après un court silence, il prit enfin la parole et elle mit quelques secondes à comprendre qu'il la complimentait sur sa nouvelle coupe de cheveux. Elle baissa les yeux, se pinçant délicatement les lèvres avant de lui répondre. Elle était surprise qu'il remarque ce changement. D'ordinaire, il ne faisait pas vraiment attention à elle... Elle aurait pu se raser le crâne ou se teindre la crinière en rose bonbon qu'il ne l'aurait pas remarqué.

« Ouais, j’avais besoin d’un peu de changement… Merci. »

Ce n’était pas de la nonchalance. Elle était juste surprise de se retrouver là, en face de son ex-mari, alors qu’elle était simplement sortie prendre l’air. Le hasard faisait parfois de drôles de choses… Et elle ignorait ce qu'elle devait en penser.

« Toi aussi, tu as changé de coiffure », fit-elle remarquer en posant ses yeux sur les cheveux beaucoup plus longs de Casey. « Ça te va bien, à toi aussi. »

Étaient-ils réellement en train de parler de leurs coupes de cheveux respectives ? Six mois qu’ils ne s’étaient pas vus et voilà qu’ils parlaient coiffure… C’était tellement ridicule. Mais que pouvaient-ils faire d’autre ? Il y a bien longtemps qu’ils n’avaient pas eu de réelle conversation et Emily avait l’impression d’être en face d’un étranger. Étranger qu’elle avait aimé de tout son cœur, mais étranger quand même. Puis il lui posa la question fatidique et elle hésita entre mentir ou répondre sincèrement. Elle ignorait comme elle allait. Elle ne s’était jamais posé la question, elle se contentait de vivre au jour le jour et de prendre ce qu’il y avait à prendre sans se pencher sur son triste sort. Elle allait, en somme. Ni bien, ni mal. Elle allait simplement.

« Je vais… Pas trop mal, je suppose », dit-elle alors.  « J’évite de me poser la question, en fait. »

Elle avait toujours été franche avec lui, elle n’allait pas changer ses habitudes sous prétexte qu’ils étaient divorcés. De toute façon, elle était persuadée qu’il se fichait de la réponse. Il avait sûrement demandé cela pour être poli, rien de plus. Même lorsqu'ils étaient encore mariés, Casey n'avait jamais pris le temps de lui demander comment elle allait. Le bien-être de sa femme ne faisait sûrement pas partie de ses priorités et maintenant qu'elle ne faisait plus partie de sa vie, elle doutait que cela l'intéresse davantage.

« Et toi ? », demanda-t-elle en le regardant dans les yeux, cherchant à savoir si elle parvenait encore à lire en lui comme dans un livre ouvert. « Tu es venu voir tes parents ? »

Aux dernières nouvelles, elle avait entendu dire que Casey n’était plus à Bowen et qu’il ne reviendrait pas avant un long moment, voire même jamais. Elle était contente pour lui. Il avait toujours voulu quitter sa ville natale et voir du pays, son souhait était maintenant exaucé. Elle n’était pas le genre de bonne femme aigrie qui gardait une haine profonde envers ses exs. Elle n’avait aucune rancœur, d’ailleurs. Ils avaient essayé de vivre ensemble, ça n’avait pas marché. Fin de l’histoire. Elle n’était pas faite pour Casey et il méritait mieux qu’elle, voilà la vérité. Elle n’avait pas à le blâmer pour ne pas avoir été à la hauteur. Elle voulait sincèrement le voir heureux, même si c'était sans elle.

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MessageSujet: Re: Emily et Casey, le retour.   Emily et Casey, le retour. EmptyMar 27 Aoû 2013 - 19:33





Du hasard et du destin.


Elle avait la voix faible, comme mal à l’aise, comme surprise. En somme tous deux ressentaient la même gêne face à la situation, cela le rassura. Mais il ne s’en satisfaisait pas pour autant. Parce qu’ils avaient divorcé, certes. Mais c’était il y a six mois. Emily devait se sentir mieux sans lui et lui, avait changé. Il ne voulait pas retomber dans son comportement idiot, et bafouiller, c’était retourner au temps où il n’était qu’un pauvre type incapable de vivre par lui-même, qui copiait tout ce que faisait les autres afin de ne pas avoir à décider. Maintenant, les choses étaient différentes. Il n’était plus ce garçon-là. Il était Casey Kennington
Et il n’avait plus peur d’être acteur de sa vie, ni de lui-même.

Elle l’attendrissait, à trahir sa gêne derrière sa voix faible et ses réponses monocordes, qui étaient le reflet de la surprise, tout comme lui n’avait rien trouvé de mieux à faire que de parler coiffure. Cela dit, le changement était un peu brutal. Il n’aurait jamais imaginé qu’Emily se teinte les cheveux, surtout en blond, radicalement opposé à sa couleur naturelle, et cela lui avait fait un choc quand il avait compris que la blonde au sac, c’était Lee.

Il sourit, ses yeux s’animèrent un peu. Oui, lui aussi avait eu besoin de changement. Pour ses cheveux, ce n’avait pas été réellement volontaire : en Inde, il n’était pas question d’aller courir les rues à la recherche d’un coiffeur. Il avait bien autre chose à faire, et même s’il fût certainement possible de trouver quelqu’un pour lui raser le crâne à l’heure du midi, les encouragements de ses collègues pour qu’il laisse ses cheveux pousser avaient fait s’évaporer en lui toute quête de coiffeur.

« Merci, Lee. Il me fallait du changement également. » déclara-t-il, un sourire simple aux lèvres pour tenter, doucement, de mettre un peu de chaleur dans cette rencontre si inédite.

Emily, cette fois-ci, se trompait. Elle ne serait pas trompée six mois auparavant. Casey ne pensait pas à comment allait madame Kennington. Il s’inquiétait plutôt de savoir si sa côte de popularité était constante ou si on le dénigrait par derrière. Mais ce jour, alors qu’ils ne s’étaient pas vus depuis si longtemps, alors qu’il avait divorcé d’Emily, Emily qui n’avait aucune famille à Bowen, Casey se préoccupait de la santé de la jeune femme. Sa réponse l’étonna. Puis il se souvint des premiers temps avec Lee, quand il lui accordait encore de l’attention : elle passait toujours plus de temps à s’inquiéter des autres que d’elle-même. Bien sûr que non, elle ne devait pas vouloir se demander comment elle allait. Elle jugeait peut-être cela mineur par rapport au reste. Ou bien avait-elle peur en vérité de la réponse ?

« Et… Puisque je te pose la question, tu ne veux pas en profiter pour y réfléchir ? » la questionna-t-il avec un petit sourire presque malicieux, mais tissé uniquement de douceur et de souci, exempt à tout prix de moquerie ou d’animosité.

Ce n’était peut-être pas la meilleure idée de lui demander cela alors qu’ils venaient juste de se revoir après tant de temps, et après ce qui avait mené leur séparation. Il n’était sûrement pas la bonne personne pour poser pareille question. Du moins, il ne l’était plus. Mais il fallait que quelqu’un s’inquiète pour la jolie Emily Finch qui se préoccupait toujours trop de la vie des autres et jamais assez d’elle-même. Pourquoi pas lui, puisqu’il était là ? Il ne serait certainement pas capable de la consoler au besoin, car il avait été un idiot, car le temps avait instauré une distance. Mais au moins, elle saurait peut-être dans quel état d’esprit elle se trouvait, et elle pourrait aller plus tard vers une personne de confiance en parler. Et si elle allait bien, quoi de mieux que de s’en rendre compte ?

La jeune serveuse lui retourna aussitôt la question, planta son regard dans les yeux de Casey. Comment avait-il pu négliger de la sorte Lee ? Il se laissa troubler quelques instants par ses yeux noisette puis un sursaut intérieur le rappela au moment présent. Répondre, il devait répondre.

« Ça va moi, merci Lee. » dit-il rapidement pour passer la question. Ce n’était pas qu’il avait quelque chose à cacher, il allait réellement bien, il allait mieux qu’il n’avait jamais été de toute sa vie. Mais il considérait que son petit bonheur n’était pas très important comme discussion : il avait suffisamment gâché la vie d’Emily avec ses petits malheurs. « Oui, un peu… Enfin, j’ai beaucoup navigué ces derniers temps et j’avais juste besoin de… Retrouver un endroit stable. Un endroit qui soit chez moi. Et puis, ma mère commençait à dépenser son crédit pour m’appeler tous les quatre matins et m’engueuler parce que ça faisait des mois que je n’avais pas mis les pieds à la maison et qu’elle avait besoin de l’huile offerte par les cousins et si je ne rentrais pas, elle irait me chercher toute seule… J’ai préféré revenir, les menaces de ma mère ont toujours été terribles et je n’ose pas l’imaginer complètement paumée dans les aéroports, enfin, tu imagines le tableau... » finit-il en plaisantant, imitant sa mère. C’était vraiment ce qu’elle lui avait dit, sous le ton d’une fausse-colère : toute cette mascarade et cette histoire d’huile, c’était juste parce que son fils lui manquait mais qu’elle ne voulait pas éclater en sanglots au téléphone.  « Alors, me revoilà. Mais j’ai pris un appartement, je ne vis pas chez mes parents. Je préférais être tout seul… Avec Sharma. C’est plus facile de cohabiter avec lui qu’avec ma mère ! » ajouta-t-il. – Notons que contre toute attente, il adorait sa mère. (Même si elle l'avait engueulé pendant des semaines après son divorce. Elle était du côté d'Emily, précisons.)

L’anxiété du début s’envolait peu à peu. Il était plus naturel. Casey avait entendu qu’il fallait vingt jours pour perdre une habitude, trois semaines pour en prendre. Celle d’être morose et apeuré semblait s’être évaporée au profit de l’habitude, nouvelle, d’être plus amical et plus gai. Ou bien était-ce la joie des enfants qui l’avait contaminé ?
Mais ce qui le poussait également à se montrer jovial, c’était qu’il ne voulait pas marcher sur des œufs à chaque fois qu’il reverrait Emily. Ça arriverait, il le savait. Bowen n’était pas un village mais ce n’était pas non plus la plu grande des villes. Ils avaient vécu ensemble, ils avaient la même tranche d’âge… Ils avaient forcément des lieux en commun. Et il était hors de question qu’il soit pris d’angoisse dès que Lee et lui se recroiseraient. Il voulait pouvoir lui parler, pouvoir ne plus la peiner. Instaurer un climat de gêne à chaque rencontre n’était pas la meilleure solution pour qu’Emily se sente bien après leurs échanges. L’Australien refusait que l’atmosphère entre eux se fasse tendue et désagréable, comme de tous ces couples divorcés qui se regardent en chien de faïence ensuite. Il n’espérait pas que Lee se jette dans ses bras, tout d’abord parce que lui-même ignorait ce qu’il ressentait désormais pour la blonde (mais il s’en rendrait mieux compte ce soir, une fois seul chez lui à ressasser cet incident…), ensuite parce qu’il avait certainement un taux de réussite avoisinant les -1,999999999(…)9%. Il l'avait blessée, ignorée, rendue triste. Il lui avait volé sa joie de vivre. Il l'avait délaissée. Alors il n'espérait pas qu'elle veuille de lui, et elle méritait certainement quelqu'un de bien plus gentil, de bien plus amusant et respectueux que lui. Non, tout ce qu’il voulait, c’est qu’ils s’entendent. Pas forcément bien, au moins qu’ils s’entendent. Qu’ils se quittent cordialement, sans haine, sans reproches. Qu’ils se rencontrent paisiblement, neutres, calmes. Et si la joie et le plaisir voulaient également s’en mêler, ce n’était pas de refus. Mais pour l’instant, il n’espérait que le possible. C’était plus prudent et l’imprudence lui avait trop coûté.

Derrière toute cette volonté, se cachait sûrement celle de lui montrer le nouveau Casey, le vrai Casey, le Casey qui n'était plus égoïste et qui avait grandi, un Casey... Plus agréable à vivre. Oui, peut-être y avait-il, dissimulée, l'envie de montrer à Emily combien il avait progressé, qui il était désormais, pour qu'elle revienne vers lui. Mais il était trop tôt pour se l'avouer, et l'étudiant laissait ce soupçon au fond de son inconscient.

«  Et toi Emily, tu vis où ? Tu es restée à Bowen ?  » s’enquit-il. Elle n’avait pas de famille… Et si elle était restée à Bowen, elle n’avait donc pas pu trouver de logement chez son père, envolé dès qu’il avait eu son argent. Un profiteur de première, dingue. Même Casey n’aurait pas fait un coup aussi vache à Emily.

Il voulait la mettre à l’aise mais était conscient que les questions qu’il lui avait posées n’étaient peut-être pas les plus appropriées pour cela, car les réponses pouvaient s’avérer plus résignées que gaies, s’il en jugeait sa réplique sur son état. Mais il voulait savoir si elle avait réussi à trouver un bon endroit pour vivre, si elle se sentait mieux, et il préférait le lui demander directement, maintenant, au lieu d’aller quémander des infos aux commères du village ou d’attendre des mois. C’était d’Emily dont il était question, il avait déjà trop tardé à s’inquiéter d’elle. Repousser l’échéance alors que leur vie avait changé n’était pas dans ses projets.



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MessageSujet: Re: Emily et Casey, le retour.   Emily et Casey, le retour. EmptyMar 27 Aoû 2013 - 21:43





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Il était là, à sourire comme s'ils étaient bons amis. Comme s'ils n'étaient pas divorcés, mais simplement des copains de lycée qui se retrouvaient après s'être perdus de vue. Cette situation était tellement irréaliste... Il venait de lui parler beaucoup qu'au cours des derniers mois de leur mariage. Peut-être qu'elle avait fait le bon choix, finalement. Peut-être que mettre un terme à leur union chaotique était la meilleure chose à faire... Pour lui, en tout cas. Il lui proposa de réfléchir à ce qu'elle ressentait vraiment mais elle refusa de le faire. Sans le lui dire, bien entendu. En réalité, elle connaissait déjà la réponse : elle n'allait pas si bien qu'elle le laissait entendre. Et si elle y pensait encore davantage, elle finirait probablement par se rendre compte qu'elle était encore amoureuse de Casey. Et ça, c'était inenvisageable. Ils n'étaient plus ensemble, elle devait tourner la page et éviter de ressasser tout cela.

« Ça va. Vraiment. », mentit-elle alors, sans grande conviction.

Elle n'avait pas envie de passer trois heures à parler d'elle. Elle avait toujours détesté cela et ça ne changerait sûrement jamais. Elle se portait tellement peu d'intérêt qu'elle faisait toujours passer les autres avant elle... Surtout lorsqu'il s'agissait de Casey. Il avait toujours été la personne la plus importante de sa vie et le fait qu'elle ne porte plus son nom ne le rayait pas de sa vie pour autant. Elle tenait toujours à lui, c'était un fait. Après tout, elle n'avait pas divorcé par gaité de cœur mais parce qu'elle estimait que c'était mieux pour lui. Et elle ne s'était pas trompée, puisqu'il venait de lui assurer qu'il allait  bien. Et ce n'était pas un mensonge, elle pouvait le lire dans ses yeux. Raison de plus pour ne plus penser à cette histoire... Il allait bien, il avait tourné la page et mieux encore, il avait l'air beaucoup plus heureux que lorsqu'ils étaient encore mariés. C'était douloureux de s'en rendre compte mais c'était vrai. Elle l'écouta ensuite raconter ses périples et les menaces faussement sérieuses de sa mère, n'ayant pas vraiment le cœur à rire même s'il essayait de tout faire pour instaurer une bonne entente entre eux. Qui était-il et qu'avait-il fait du Casey Kennington qu'elle avait connu ? C'était comme si le divorce l'avait transformé en quelqu'un d'autre. Comme si leur séparation lui avait été bénéfique alors qu'elle n'en tirait rien, si ce n'est une ligne de plus sur sa liste de choses lamentablement ratées.

« Oui j'ai croisé ta mère, l'autre jour. Elle m'a dit que tu avais beaucoup voyagé depuis... Enfin, tu vois. », dit-elle d'une voix mal assurée. Le mot "divorce" avait beaucoup de mal à traverser ses lèvres, même après tout ce temps. Elle n'arrivait pas à s'y faire. « C'est bien, je suis contente pour toi. Depuis le temps que tu voulais quitter Bowen... »

Sa voix s'était brisée à la fin de sa phrase sans qu'elle ne puisse l'empêcher. Les sanglots envahissaient sa gorge, même si elle faisait son possible pour les contrôler. Il ne manquerait pas qu'elle se mette à pleurer devant lui... Elle était déjà bien assez pathétique comme cela, avec son existence médiocre et sa personnalité dénuée d'intérêt. Il avait voyagé pendant qu'elle était restée là, à essayer de sortir la tête de l'eau. Elle était tellement navrante... Et le fait qu'il soit de retour à Bowen n'était pas du tout une bonne nouvelle. Comment pourrait-elle terminer le deuil de leur mariage s'il était dans les parages ? Elle allait sûrement le recroiser. Pas intentionnellement mais au détour d'une rue, dans un magasin, chez des connaissances communes... Et elle n'était pas prête. Elle ne pouvait pas devenir amie avec lui. Elle ne pourrait sans doute jamais, d'ailleurs.

« Bon retour chez toi », dit-elle finalement avec un sourire, sincère cette fois-ci.

Il lui demanda alors si elle était restée à Bowen et sa solitude la frappa de plein fouet. Bien sûr, qu'elle était restée ici ! Elle n'avait nulle part d'autre où aller. Aucune famille, rien. Les seules personnes dont elle était proche étaient les amis qu'elle avait ici, à Bowen. Ils n'étaient pas nombreux mais ils représentaient tout pour elle.

« Oui, je... », commença-t-elle avant de s'éclaircir un peu la voix pour ne pas sembler misérable. « Je suis en colocation, comme je n'ai pas encore trouvé de boulot fixe je n'ai pas pu prendre d'appartement toute seule alors... Je fais avec ce que j'ai. »

Elle enchaînait les petits boulots médiocres pour gagner quatre sous et payer la partie de son loyer. Elle aurait volontiers repris son job au café du centre-ville mais sa place avait été donnée à quelqu'un d'autre et elle ne se voyait pas tout faire pour la faire renvoyer. Ce n'était pas dans ses habitudes.

« Et... Tu as quelqu'un ? », s'enquit-elle sans crier gare.

Oui, l'idée qu'il puisse avoir une nouvelle petite-amie lui avait traversé l'esprit. Et quoi de plus normal, après tout ? Il était jeune, séduisant, drôle, sympathique... Des tas de filles devaient avoir des vues sur lui. Et il ne passerait pas le restant de sa vie seul, à pleurer leur union. Il n'avait pas l'air de la pleurer du tout, d'ailleurs... Il était transformé et visiblement heureux d'être là où il était aujourd'hui.



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MessageSujet: Re: Emily et Casey, le retour.   Emily et Casey, le retour. EmptyDim 1 Sep 2013 - 21:33





Du hasard et du destin.


Son entrain se radoucit quand la voix désenchantée et amère de Lee parvint à ses oreilles. Il aurait presque pu être convaincu qu’elle allait bien, mais son visage trahissait son manque d’assurance. Elle n’avait tout simplement pas envie d’en parler. Et plus elle parlait, plus sa voix semblait vouloir se briser. Casey sentit sa mâchoire se serrer sur ses dents et il ne put empêcher ses yeux de se baisser, contrits. Il mordilla sa lèvre, mal à l’aise. Ce n’allait pas être facile de pouvoir se parler. Et quoi de plus normal ? Ces années de mariage, principalement les dernières, il avait été si distant qu’il était devenu étrange qu’ils échangent ne serait-ce que trois mots dans la même journée. Comment aujourd’hui pouvait-il espérer qu’ils puissent discuter ?

Elle avait vu sa mère… Oh par tous les dieux de la Terre et de l’Univers et des autres choses existantes possibles… Emily avait vu sa mère. Qu’est-ce que sa mère avait pu lui raconter ? Bon sang. Elle qui le sermonnait tant d’avoir divorcé et délaissé Lee, madame Kennington n’avait pas dû manquer cette occasion de parler à la jolie Finch et de lui sortir toutes sortes d’excuses sur son fils et ô combien il avait été idiot et elle était désolée. Pour un peu elle lui avait refilé un pot de sauce bolognaise maison ou sa fameuse tarte à la confiture pour se faire pardonner de Casey.

« Oh, non… » ne put-il s’empêcher de soupirer, passant sa main dans ses cheveux. « C’est… C’est elle qui est venue te parler je suppose ? » l’interrogea-t-il, les lèvres pincées. « Je… Désolé… Si elle a été un peu longue ou chiante. Elle… Elle n’arrêtait pas de m’engueuler en fait. » se sentit-il obligé d’ajouter, étouffant un rire gêné. « À cause de… Enfin, tu sais. À cause de ça. Et elle a dû être tellement heureuse de te voir et de te dire à toi tout ce qu’elle m’a… Reproché pendant des semaines que… » continua-t-il, passant sa main sur ses lèvres, mal à l’aise. « Je suis désolé si elle t’a embêtée. Elle t’aimait beaucoup, c’est pour ça. » finit-il, lui aussi la voix brisée sur ces dernières paroles. Cet imparfait était insupportable à entendre. Comme si Lee était morte et qu’on ne la reverrait jamais plus.

Lui non plus ne se sentait pas vaillant à l’idée de dire « divorce ». En parler à des extérieurs, il s’y était habitué. Mais l’évoquer devant la concernée… La dimension était tout autre.

Tandis qu’Emily paraissait gagnée par une tristesse de plus en plus physique, elle parvint à esquisser un sourire en lui souhaitant un bon retour. Il en eut d’autant plus le cœur brisé. Emily… Emily, toujours aussi gentille. Toujours aussi merveilleusement gentille. Alors qu’elle tentait de maîtriser son émotion, elle parvenait à lui offrir son doux sourire et à être bienveillante avec lui. Lui, qui l’avait fait tant souffrir. Si bien qu’elle avait voulu divorcer. Lui, qui avait été odieux avec elle, qui n’avait pas un seul instant mérité d’être son mari, lui si faible alors face à lui-même, lui qui n’avait pas su se prendre en main et se concentrer sur son bonheur, lui qui avait cru que la « popularité » lui apporterait des affections alors que ça ne menait qu’aux soucis. Lui qui avait été tellement, ô tellement, égoïste. Et Emily, toujours, encore, à s’inquiéter de lui. Où trouvait-elle la force d’être heureuse pour l’égoïste qu’il avait été ?

« Merci, Lee… » lui dit-il presque dans un murmure, se sentant gêné et surtout indigne de l’attention que lui portait son ex-femme.

Il se sentit désolé pour Emily ensuite. Non pas parce qu’elle n’avait pas quitté Bowen ni fait quelque chose dont elle ait rêvé ou quoique ce soit dans le genre. Non, il fut désolé car par sa faute, Emily avait perdu son travail et son appartement. Elle avait perdu un foyer, une vie. S’il avait été prévenant envers elle, s’il avait été le mari qu’Emily voulait quand ils se sont mariés, la blonde et lui n’auraient pas eu à partir de Bowen un peu, ils n’auraient pas eu à découvrir que malgré ça rien n’était arrangé, ils n’auraient pas eu à divorcer, changer leurs habitudes pour tenter de se trouver en autre chose. Emily n’aurait pas perdu son boulot, elle aurait son appartement à elle. Et dans l’idéal, elle s’y serait sentie bien.
Il le disait rarement. Mais là, vraiment. Quel con. Quel con avait-il été.

À la voir là, toute chétive au fond, mais toujours se battant, il se sentit bien idiot et affligé de la tristesse de Lee. Si la prendre dans ses bras n’eût pas été un geste totalement étrange voire déplacé, il l’aurait fait. Mais il était trop tard à présent. Ils étaient divorcés, et distants depuis bien des années déjà. Pour les câlins, il aurait dû réagir avant. Tant pis pour toi petit Casey.

« Si… Si tu as besoin d’aide un jour… »

“N’hésite pas.” – Il ne termina pas sa phrase. Trop débile pour la poursuivre. Mais bien sûr, Emily allait frapper à la porte de son ex-mari pour avoir de l’aide. Le type à cause de qui elle était triste. Évidemment.

Alors qu’il jetait un œil à Sharma, la dernière réplique d’Emily le décontenança. Il leva les yeux vers elle, le visage frappé de surprise. Quelqu’un ? Lui, quelqu’un ? Lui, une petite-amie ? Non. Oh lala. Non ! Où allait-elle chercher pareille idée ? Lui, quelqu’un ? De tous ces mois, ça ne lui avait pas traversé l’esprit. Bien sûr en Amérique quelques amis l’avaient tanné pour qu’il rencontre quelque jolie Harvardienne. Mais Casey était resté sourd à tout ça. Cela le faisait presque fuir. Quelqu’un… Oh mais quelle idée ! La seule personne vers qui il aurait accouru, la seule personne qui aurait pu lui faire abandonner ce qu’il était en train de faire, qu’importe en quel endroit du monde il était en ce moment, ç’eût été Emily Finch. Mais c’était bien évidemment impossible. Quelqu’un. Oh bon dieu non, Lee, non.

« Non… Non. » répéta-t-il, incrédule. Comment pouvait-elle penser à ça ? Lui avoir quelqu’un… « Bien sûr que non. Comment… » dit-il, les sourcils froncés et le regard hagard de stupeur. Son souffle s’entrecoupait de rires nerveux, murmurés. Comment pouvait-il avoir quelqu’un ? Comment pouvait-elle penser cela quand il n’aimait qu’Emily Finch ?
Puis, l’incrédulité passée, il se pétrifia. Lui, non. Elle, oui. … Elle était en colocation. En colocation avec qui ? (Le visage d’Emrys s’imposa malgré lui à son esprit.) « Et toi ? » demanda-t-il vivement, soudain inquiet.

Curieuse situation dans laquelle ils étaient fourrés.



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MessageSujet: Re: Emily et Casey, le retour.   Emily et Casey, le retour. EmptyLun 2 Sep 2013 - 0:37





Du hasard et du destin.


Plus les secondes passaient, plus l'atmosphère devenait insoutenable et plus Emily avait envie de partir sans demander son reste. Ils étaient là, à essayer de discuter comme s'ils étaient de bons copains alors qu'ils avaient rarement échangé plus de deux mots lorsqu'ils étaient encore mariés... C'était ridicule. Au nom de quoi devaient-ils jouer la carte de la bonne entente alors que c'était justement pour cela qu'ils n'étaient plus ensemble ? Ils ne s'entendaient plus. Ne se comprenaient plus. Ne se parlaient plus. Ne se regardaient plus. Pourquoi devaient-ils prétendre le contraire maintenant qu'ils étaient officiellement divorcés ? Cela n'avait aucun sens. Pourtant, Emily restait là. Plantée devant lui, sans oser faire le moindre mouvement. Le revoir lui faisait plaisir et lui parler encore plus. C'était comme une revanche, comme un moyen d'oublier qu'ils n'étaient plus ensemble parce qu'elle n'avait pas réussi à le captiver suffisamment longtemps.

Il se lança dans un monologue maladroit sur sa mère - et sa prise de position en faveur d'Emily, et les lèvres de la jeune divorcée s'étirèrent en un fin sourire. Casey avait vu juste ; sa mère avait effectivement tenu à s'excuser pour le comportement "irresponsable et franchement navrant" de son fils, avant d'ajouter qu'elle avait toujours adoré Emily et qu'elle était la belle-fille rêvée. Et bizarrement, ces mots l'avaient plus déprimée que réconfortée. Elle laissa son ex-mari terminer sans l'interrompre, baissant les yeux malgré elle lorsqu'il employa l'imparfait pour parler d'elle. Comme si elle était morte. Quoi que dans un sens, c'était vrai... Emily Kennington n'était plus.

« Elle m'a dit qu'elle était plutôt en colère contre toi et qu'elle était sincèrement désolée, oui », dit-elle en se forçant à sourire un peu. « Mais t'en fais pas, ça m'a fait plaisir de la voir. » Et c'était sincère. Emily n'avait plus vraiment de parents, ceux de Casey avaient plus ou moins remplacés les siens. Même si elle les respectait bien trop pour les tutoyer ou se montrer particulièrement familière avec eux.

Puis il lui proposa de l'aide et elle préféra ne rien répondre. Elle appréciait l'intention - même si elle ignorait jusqu'à quel point il était sincère - mais non, ce ne serait pas vers lui qu'elle se tournerait si elle avait besoin de quelque chose. D'ailleurs, elle ne se tournerait vers personne. Elle était bien trop fière pour quémander quoi que ce soit et généralement, elle se débrouillait toute seule. Cela ne lui réussissait pas toujours mais au moins, elle ne devait rien à personne.

Emily regretta de lui avoir demandé s'il avait quelqu'un à la seconde où les mots sortirent de sa bouche. Elle redoutait sa réponse et au fond, elle n'avait pas envie de le savoir. S'il avait quelqu'un, tant mieux pour lui. Après tout, il n'allait pas passer le restant de ses jours à pleurer leur histoire. Surtout qu'il avait l'air bien plus heureux sans elle à ses côtés... Une demi-seconde s'écoula entre sa question et la réponse de Casey et pourtant, elle se torturait l'esprit. Elle n'était pas sûre de pouvoir le supporter s'il lui apprenait qu'il avait quelqu'un et... Non. La réponse venait de tomber et elle se sentait incroyablement soulagée. C'était égoïste et puéril, certes, mais Casey était son premier amour. Elle n'avait pas envie de le partager. Pas encore.

Il lui retourna la question, une pointe d'inquiétude dans la voix. C'est peut-être pour cela qu'une idée étrange prit place dans l'esprit de la jolie blonde. Une sorte de vengeance mesquine - et totalement débile, elle en était consciente - destinée à lui faire croire qu'elle aussi, elle était heureuse sans lui (et à savoir s'il serait jaloux de la savoir avec un autre que lui mais ça, elle ne l'avouerait jamais). Il semblait anxieux à l'idée de la savoir en couple alors qu'il n'avait jamais vraiment fait attention à elle pendant leur mariage... Quelle ironie du sort.

« Oh euh... Oui. J'ai quelqu'un. »

Elle marqua une pause, luttant intérieurement contre l'envie de lui crier qu'elle avait menti, qu'elle n'avait personne et qu'au fond, elle n'avait pas envie de le remplacer. Mais elle voulait voir s'il tenait encore à elle, ne serait-ce qu'un peu. Elle se mordit les lèvres et remit ses cheveux en place, incapable de le regarder dans les yeux. Elle était terriblement gênée... Et plus encore, elle s'en voulait de lui mentir. Mais elle n'avait pas envie de lui avouer qu'elle était plus seule que jamais.

« Je suis sûre que tu trouveras quelqu'un de bien », fit-elle en relevant les yeux vers lui, plantant son regard dans le sien.

Elle se détestait d'avoir menti. Elle se détestait de lui faire croire qu'elle l'avait remplacé alors que ce n'était pas le cas. Elle s'en voulait de lui faire mal (enfin, si l'on partait du principe que la savoir avec un autre lui ferait mal, ce qui n'était pas forcément vrai). Elle ignorait d'où venait ce besoin de vengeance... Sans doute de toute cette rancœur accumulée pendant ces mois de mariage chaotique ? Ou de toutes les larmes versées pour Casey, sans qu'il s'en préoccupe ? Ou bien de ce désir de prouver au monde qu'elle était quelqu'un et qu'elle était capable de réussir malgré les échecs à répétition ? Au fond, c'était sans doute un mélange de tout cela. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, disait-on... Cela rendait surtout beaucoup moins naïf et beaucoup plus aigri, Emily s'en rendait compte en ce moment même.


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MessageSujet: Re: Emily et Casey, le retour.   Emily et Casey, le retour. EmptyLun 2 Sep 2013 - 1:39





Du hasard et du destin.


Casey rit malgré lui. Ah, sa mère ! Irrécupérable… Évidemment, elle s’était excusée auprès d’Emily.
Au moins, il le sentait à la voix de la blonde, madame Kennington n’avait pas l’air de l’avoir embêtée, c’était déjà ça.

«  Bon, tant mieux alors, elle peut être assez envahissante parfois… » lui dit-il, fort de son expérience, un grand sourire aux lèvres. Comme quoi… Rien de mieux que les mamans pour redonner le sourire !

Emily ne répondant pas, Casey eut confirmation que sa proposition d’aide était d’une idiotie de première qualité. Comme quoi, certaines choses ne se perdent jamais, mais après vu quelques bouts du monde.

Il attendait, anxieux, la réponse d’Emily.
Et elle le fit. Elle répondit.

Plus tard, il jurerait qu’à cet instant précis, son cœur s’est arrêté ne serait-ce qu’une seconde.

Oui.

Il se sentit paralysé, avait la gorge nouée subitement et déglutissait pour alléger ce poids. Mais rien à faire, sa bouche se faisait sèche, humecta légèrement ses lèvres. Son cœur lui, ne cessait de battre désormais. Battre et rebattre, à frapper une cadence inconnue, un rythme mystère, la mélodie des perdants, le chant des Pleurs peut-être. Ou la musique des égoïstes, qui sait. Il l’ignorait, mais il le méritait. Cependant Casey ne savait rien du mensonge de Lee, et son cœur tambourinait contre sa poitrine, il avait mal, étouffait, bouffées de chaleur qui montaient en son corps jusqu’à son cerveau. Cerveau vide, brouillé, déboussolé. Désaxé. Il lui semblait que la tête lui tournait, était-ce seulement vraiment ?

Elle avait quelqu’un.

Oh ! Elle avait quelqu’un. Mais qui ? QUI ? Hurlait son âme. Cependant sa bouche refusa que cette question ne franchisse ses lèvres, et elle ricocha dans son corps, voix fantôme, criant à tous vents, clamant au désespoir. Qui donc, cet usurpateur ?

Il fit ce qu’il n’aurait pas dû faire, il imagina Emily, embrassée par un autre. Prise dans ses bras par un autre. Collée contre lui sur le canapé le soir – oh ce colocataire ! Tu parles d’un coloc’ ! – à regarder la télévision.
Tout ce qu’il n’avait pas fait, ni été.

Il se sentit minable. Il voulut pleurer. Les larmes lui vinrent, mais pour les masquer il fit semblant de jeter un œil à son chien. Ce dernier s’agitait, mécontent de cette pause. Sharma préférait gambader plutôt que rester entre quatre pieds. Son propriétaire cependant lui intima vaguement de rester tranquille, moins pour contenir le chien que pour s’empêcher de pleurer.

Il releva la tête, la crise maîtrisée. Cependant il ne savait que lui dire, et toute sa maladresse d’antan lui retomba dessus, d’un coup.

«  Ah… Super… » bredouilla-t-il. Puis, ne voulant pas paraître affligé (ils étaient divorcés, après tout, et il avait été si nul), décida d’ajouter histoire de prendre contenance : «  Tant mieux. » proféra-t-il avec un sourire qui s’efforçait d’être sincère, avant de continuer : « C’est bien. Vraiment. Tu vas enfin… Pouvoir t’épanouir et te sentir bien, découvrir plein de nouvelles choses aussi sûrement… » termina-t-il avec un sourire, prenant sur lui.

Il n’était pas hypocrite en lui disant cela. Elle méritait quelqu’un d’autre que lui, elle méritait quelqu’un de bien, avec qui être heureuse, avec qui s’ouvrir à la vie et non se refermer comme il l’avait contrainte. Non, il n’avait pas été hypocrite. Il avait dit ce qu’il lui était envisageable de lui dire. Il s’était senti incapable, par exemple, de lui souhaiter d’être heureuse avec lui – cet autre – ou d’espérer qu’elle ait « plein de bonheur avec lui ». Non, cela, il ne pouvait pas. Emily aurait pu, elle, peut-être, souhaiter ce genre de choses. Mais c’était au-dessus des forces de Casey. Il acceptait qu’elle aille bien, soit avec quelqu’un avec qui elle se sente bien (enfin, il acceptait… disons qu’il était content que Lee aille bien… mais il ne remercierait pas beaucoup le responsable), mais il ne pouvait pas digérer que ce fût lié à un… Nouveau petit-ami.
C’était lui le petit-ami d’Emily, zut. Depuis ses vingt et un ans, c’était lui. Pourquoi avait-il fallu qu’il gâche tout ?

Il pensait ne pas pouvoir se sentir plus mal qu’en cet instant – jaloux, triste, honteux, regrettant. Mais l’affirmation d’Emily, son regard fiché dans ses yeux… Non, vraiment, non. Il ne sut trop pourquoi, mais plus que le rassurer, cela lui brisa le cœur doublement. Des éléphants sur sa poitrine, voilà tout. Un énorme troupeau d’éléphants. Avec des éléphantes enceintes, même.

«  Ouais… » murmura-t-il rapidement, dans un souffle pratiquement inaudible.

Trouver quelqu’un de bien ? La seule fille bien, la seule fille toujours adorable, honnête, sincère, attentive, amusante, attachante, et cela sans interruption, qu’il connaisse, était Emily. C’était bien cela, la définition de quelqu’un de bien, non ? Malheureusement, à cause de ses erreurs passées et ce même s’il avait changé… Il ne méritait pas Emily Finch.

Trop mal pour rester plus longtemps en face de Lee, ne pouvant désormais chasser des images d’elle littéralement dans les bras d’un autre, il se résigna à partir. Une question le taraudait toujours : qui était cet autre ? Mais aussi désireux de savoir qui était ce chanceux, il craignait de le savoir. S’il le savait, il en serait obsédé. Mais il était fort à parier qu’il chercherait, consciemment ou inconsciemment, à l’apprendre d’une manière ou d’une autre. Et plutôt pas de la bouche de Lee, de préférence.

«  Je… J’dois y aller. … Salut. »

C’était ça, ou il allait se mettre à pleurer devant elle. Et il n’avait absolument pas envie de vivre un tel moment.

Finalement, il aurait mieux fait de rester en Inde. Et… Il ne savait pas s’il pourrait tenir la promesse faite au petit garçon, mais il était sûr d’une chose à présent. Même s’il présentait ses excuses à Emily (et rien que pour honorer sa parole envers Sharma, parce qu’il adorait cet enfant), cela n’arrangerait rien. Malheureusement, une histoire d’amour et plus encore de divorce, ça ne s’arrangeait pas comme une histoire de contrôle déchiré.
Peut-être, après tout, devrait-il repartir plutôt que rester à Bowen ? À par sa famille, qu’il pouvait revoir en vacances, que lui restait-il dans cette ville si Emily l’ignorait ? C’était finalement pour ça qu’il était revenu en Australie, et il s’en rendait réellement compte maintenant qu’il avait tout perdu. Oui, partir, encore. Aller vivre en Italie avec ses cousins. Tout plutôt que supporter la vue d’Emily avec un autre. Oh mais qui ! Qui, cet autre ?!



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Dernière édition par Casey Kennington le Lun 2 Sep 2013 - 11:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Emily et Casey, le retour.   Emily et Casey, le retour. EmptyLun 2 Sep 2013 - 11:09





Du hasard et du destin.


La jeune femme se mordit légèrement la lèvre inférieure, ayant de plus en plus de mal à gérer la culpabilité qui lui brûlait la gorge. Elle avait été idiote, sur ce coup-là... Que croyait-elle ? Que lui balancer en pleine figure qu'elle avait trouvé quelqu'un l'aiderait à se sentir mieux ? Ce n'était pas le cas. C'était même encore pire. En plus de la tristesse et de la solitude, elle se sentait honteuse. Elle remarqua bien évidemment que Casey avait du mal à encaisser la nouvelle, même s'il tentait de faire bonne figure. Elle le connaissait par cœur, elle savait qu'il avait envie de pleurer - et savoir que c'était à cause d'elle était tout bonnement insoutenable. Elle avait réussi son coup, elle lui avait fait mal. Mais cela ne changeait rien. Elle ne se sentait pas mieux pour autant.

Quand il annonça qu'il "devait y aller" (excuse minable que l'on servait quand on voulait fuir une situation inconfortable), Emily fut prise de panique. Elle avait remarqué ses yeux étonnamment brillants, sa mine décomposée, sa voix qui n'était pas aussi assurée qu'une minute auparavant... Elle ne pouvait pas le laisser comme ça. Elle ne pouvait pas continuer à lui faire croire qu'elle avait quelqu'un d'autre si cela le mettait sans un état pareil. Même si c'était plutôt flatteur... S'il était aussi affecté, c'était probablement qu'il tenait encore à elle. Au moins un peu. Suffisamment pour ne pas vouloir qu'elle le remplace.

« Attends », déclara-t-elle alors qu'il s'en allait, lui attrapant le bras pour le retenir. Elle ignora tant bien que mal les frissons qui traversèrent son corps tout entier lorsqu'elle entra en contact avec Casey. Elle n'avait plus l'habitude et c'était perturbant. « Je... » Elle soupira fortement avant de baisser les yeux, tenant toujours le bras de Casey pour ne pas qu'il s'en aille. « Je t'ai menti. » La culpabilité était toujours présente à présent, l'embarras s'y ajoutait. Elle n'était pas sûre de pouvoir survivre à cette journée décidément riche en surprises. Elle se pinça les lèvres, mal à l'aise, avant de lever ses grands yeux désolés vers lui. « J'ai personne. Et j'ai eu personne depuis... Le divorce. » Le mot interdit venait de franchir ses lèvres et elle avait l'impression que ses jambes n'allaient plus la porter bien longtemps. À présent, c'était elle qui voulait fuir. Mais elle était bien trop droite pour le faire. Ses problèmes, elle les affrontait à bras le corps plutôt que de les contourner. Elle avait toujours été comme cela et ça ne changerait sûrement jamais. « Je suis désolée. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça... Je crois que je voulais te faire croire que j'étais aussi heureuse que toi mais ce n'est pas vraiment le cas. »

Elle lui adressa un sourire empli de tristesse, les yeux humides à son tour. Mais non, elle ne pleurerait pas. Emily pleurait rarement. Elle gardait toujours tout pour elle et se faisait encore plus mal pour épargner sa souffrance aux autres. Elle se décida enfin à lâcher le bras de celui qui avait partagé sa vie pendant plusieurs années, lui rendant sa liberté. S'il voulait partir après tout, libre à lui. Elle n'allait pas le forcer à continuer cette conversation décousue et on ne peut plus maladroite...


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MessageSujet: Re: Emily et Casey, le retour.   Emily et Casey, le retour. EmptyLun 2 Sep 2013 - 23:52





Du hasard et du destin.

Il sentait déjà que ses yeux ne contenaient presque plus ses larmes quand, ses pas s’éloignant, son bras fut retenu par une poigne suffisamment ferme pour l’arrêter. Son corps tomba légèrement vers l’arrière sous la pression (selon les grandes lois de la physique certainement), fraction de seconde suffisante pour qu’il retienne ses pleurs avant de se tourner vers Emily. Qu’avait-elle à lui dire ? Qu’est-ce qu’elle voulait donc faire ? Lui dire de ne pas s’en attrister, qu’il ne devrait pas en être affligé alors qu’il l’avait tant ignorée, le railler de son comportement totalement incohérent eu égard à son attitude de mari ? Il n’avait pas le cœur d’entendre ça. Rentrer chez lui, en finir avec ces larmes, et puis jouer avec Sharma en grignotant des pistaches, voilà tout.

Mais alors qu’il s’attendait plus à des reproches ou une sorte de compassion, Emily avait une posture indiquant plutôt une espèce de gêne. Quoi donc, qu’y avait-il ? Il fronça les sourcils, attendant… Et les défronçant tout à fait, écarquillant ses yeux de stupeur cette fois, à l’annonce de Lee. Elle avait menti ? Elle lui avait menti ? Elle avait inventé subitement qu’elle était en couple ? Mais pourquoi ? Quel goût avait-elle eu de faire ça ? Bien sûr, bien sûr il avait été le pire des maris, oui, oui, on commençait à le savoir, ça. Il savait, il regrettait, il aurait changé les choses si on lui avait présenté une machine à voyager dans le temps. Mais il ne pouvait pas, les faits étaient là et si le passé était figé, il avait fait en sorte de s’améliorer. Le futur de leur passé était donc bien meilleur qu’on n’aurait pu le présager. Casey avait fait de nombreux efforts, avait réalisé beaucoup de changé, avait tendu à une évolution, en bien. C’était le mieux qu’il ait pu faire. Changer son futur afin de gagner un meilleur présent. Pourquoi, encore et toujours, devrait-il affronter des accusations sur ses faits antérieurs ? Est-ce que tout un chacun était blanc ? Est-ce qu’il n’était arrivé à personne de se tromper ? Il n’était pas le dernier des blâmables, enfin ! D’autres avaient fait pire. D’autres, bien avant lui, en différents âges, s’étaient trompés. Est-ce qu’il fallait ensuite reprocher toute une vie de telles erreurs ? Est-ce qu’on ne pouvait pas plutôt féliciter les efforts accomplis ? Admirer le changement, la force d’évolution ? Certains ne prenaient jamais la peine de revenir sur leur attitude, de prendre conscience de leurs erreurs, de corriger leurs faux pas. Lui l’avait fait. Oui, il avait raté toute une partie de sa vie en délaissant sa femme et en se perdant dans des fêtes insensées. Il n’avait rien gagné à cela. Il avait perdu la personne qu’il aimait, il avait gâché des heures en faisant semblant de s’amuser. S’il n’avait pas été aussi peureux, s’il avait eu le courage d’être lui-même et non une mauvaise copie des autres, il aurait pu passer de belles années auprès d’Emily et aurait pu s’épanouir rien qu’à Bowen. Mais il n’avait pas à cette époque une conscience telle des choses. Il n’était qu’un pauvre type de vingt et quelques années qui cherchait un chemin à prendre pour vivre. Exactement comme tout le monde cherchait. Malheureusement pour lui, il n’avait pas pris le bon immédiatement. Il avait un peu écorché ses genoux et ans à des broutilles avant de trouver la bonne voie. Mais qui ne s’était pas heurté à des murs avant de trouver la juste route ? Qui n’avait jamais changé d’orientation scolaire, de métier, de goût vestimentaire, musical, littéraire, avant de trouver le type qui lui correspondait ? Oui, Casey avait été nul de prendre part au cercle vicieux de la « débauche estudiantine », mais à présent il en était guéri et au moins, il était sûr de ne plus jamais y retourner. Pourquoi continuer à lui reprocher ses torts ? Il les admettait, il s’était corrigé. Il ne pouvait pas panser les maux du passé, mais quoi de mieux qu’évoluer aurait-il pu faire ? À présent c’était aussi à Emily d’aller de l’avant et de s’affranchir de toute cette histoire, toute innocente qu’elle soit évidemment. Pourquoi s’acharner ? Il souffrait autant de la situation. Il n’avait pas besoin d’un tel mensonge pour avoir mal à son tour, pour regretter, pour se repentir ! C’était déjà fait depuis des mois. Quel besoin de le piétiner encore plus, lui déjà pointé du doigt par tout Bowen pour ses torts infligés à la pauvre petite Emily ? Il regrettait, fallait-il qu’il se tue pour que l’Australie comprenne cela ?!
Presque plus choqué par le mensonge d’Emily que ce qu’il disait, il ne parvint presque pas à se réjouir de la bonne nouvelle. La dernière phrase de la blonde l’acheva, une fois encore. Cette fois, si son cœur se sentit brisé face à une telle façon, ce fut de désolation pour Lee, non pour lui-même.

« Emily… » souffla-t-il, saisi de compassion.

Elle était là, les yeux embués à son tour, mais comme toujours ne cédant pas à la pression de ses larmes. Résistante éternelle de ses faiblesses, elle ne voudrait pas laisser cours à ses pleurs, il le savait. Cette vision le touchait alors d’autant plus qu’il connaissait sa détermination, son habitude à ignorer sa tristesse. Elle devait arrêter de se faire du mal comme ça. À force de prendre tant sur elle, elle allait se liquéfier intérieurement. Affecté par ses paroles, ému par son visage éploré, il ne pouvait pas se résigner à la regarder simplement. Il la prit dans ses bras quelques instants, tremblant de ce contact et de ses émotions. Oh, parfois, Lee ! Parfois… Elle exagérait beaucoup trop en se dénigrant. Où avait-elle été chercher pareil sentiment ? Finalement, il aurait peut-être mieux valu qu’elle soit en couple afin que quelqu’un lui prouve enfin qu’elle était une personne merveilleuse.

Il la relâcha, et planta son regard dans le sien.

« Emily, je vais bien. Mais ça ne veut pas dire que je suis heureux. »

Il était de retour à Bowen, vivifié. Il se portait bien, évidemment. Il était content. Ou satisfait. Ignorait un peu dans lequel des deux piocher. Mais heureux ? Non. En Inde il l’avait été, en Italie aussi. À Cambridge, pas vraiment. Content mais pas heureux. De retour en Australie, il ne pouvait se dire heureux. Il était satisfait de ce qu’il avait fait et content d’avoir trouvé son appartement, de la compagnie de Sharma. Mais il avait l’impression de revenir en une terre où il n’avait plus aucun lien. Il ne désirait pas reprendre véritablement contact avec ses anciens amis de la fac, parce qu’il ne partageait plus leurs loisirs. Il voulait même changer de filière, ce qui impliquait se créer des liens nouveaux… Avec des gens qui se connaissent déjà, certainement. Il devrait donc s’immiscer dans des liens déjà établis. Lui qui n’avait pas suivi ses années de lycée à Bowen n’y connaissait pas grand monde, n’ayant pas eu vraiment d’amis les années précédentes. Alors, bien qu’ayant toute sa famille ici, il se sentait plutôt seul malgré tout. Il ne savait plus comment s’occuper, où aller pour se divertir, passer du temps… Mener une vie. Ses anciennes habitudes ne lui convenaient plus. Dans cette ville qu’il pensait connaître par cœur, il devait tout reprendre à zéro, et c’était plus difficile qu’il ne l’avait imaginé. Oui, il allait bien. Mais il n’était pas heureux. Qu’Emily et lui soient séparés y faisait, avouons-le, pour beaucoup.

Oh toutes les émotions qui avaient dû traverser Lee pour qu’elle en vienne à un mensonge tel ! Elle devait se sentir tellement vide pour vouloir inventer cela…
Casey en aurait pleuré s’il avait été seul, de la savoir si vulnérable. Cela lui faisait mal au cœur. Plus encore parce qu'elle avait comparé à sa vie à la sienne, et dévalorisé sa propre existence sur le simple entrain actuel de Casey. Elle ne devait pas penser comme ça. Elle ne devait pas se rabaisser autant. Il fallait qu'elle se rende compte d'elle-même, rien qu'un peu. Un peu, c'était suffisant, pour générer l'envie de s'envoler. Casey le savait, c'était grâce à cela qu'il était là à présent. Il n'était pas question qu'Emily reste à grater le sol, alors qu'elle était capable de tant de légèreté.

« Je… Je te présente mes excuses, Lee. Pour mon comportement envers toi, pour t’avoir délaissée. Tu es la personne la plus attentive et la plus douce que je connaisse. Tu es gentille et souriante quelque soit l’occasion et tu ne laisses personne de côté. Plutôt toi que de laisser choir un autre, n’est-ce pas ? Tu es quelqu’un de formidable et tu dois y croire, Lee. Tu dois cesser de te dévaloriser et de ne pas prendre en compte ta propre personne. Pense à toi, s’il te plaît, pense à toi. Je ne peux rien faire pour guérir le passé que je nous ai causé, mais à l’avenir, Emily… Sois moins altruiste, tu peux te le permettre, je t’assure. Sois moins altruiste et pense à toi. Tu es magnifique, Lee.
Et sincèrement, je te présente mes excuses pour avoir tant gâché ta joie de vivre et t’avoir abandonnée. Je sais bien que ça ne résout rien et que c’est bien maigre, mais je tenais à le faire. Je suis désolé, Lily. »


Il n’avait pas dit tout ce qu’il avait dit pour lui faire de jolis compliments et la faire tomber sous son charme. D’une part, parce qu’il savait que ça ne marchait pas comme ça. D’autre part, il ne s’y serait pas pris de cette façon, lui-même trouvait cela totalement déplacé et idiot. Non, il avait fait l’éloge d’Emily pour essayer de lui faire prendre conscience qu’elle était quelqu’un de génial et qu’il était temps qu’elle cesse de voir sa vie comme un immense échec. Elle n’avait pas fait d’études, n’avait pas un métier incroyable, n’avait pas de famille, oh, peut-être. Mais elle était intelligente, elle avait plein de goût, elle était toujours pétillante, elle tendait la main à tout un chacun, elle savait régler sa vie, être raisonnable mais s’amuser. Tout le monde n’avait pas ces qualités-là, tout le monde ne parvenait pas à un train de vie sain comme le sien à son âge – jeune. Quand il disait qu'elle était magnifique, c'était à tout cela qu'il pensait, bien au-delà de simples considérations physiques. Elle était magnifique, et il était temps qu'elle le sache.

En outre, s’il lui avait parlé ainsi, c’était bien sûr pour lui présenter ses excuses. C’était l’une des raisons qui avait motivé Casey à rentrer. Naïf peut-être de s’attacher à la promesse qu’il avait faite à un enfant, ou bien superstitieux, il tenait de tout son cœur à s’excuser auprès de Lee. Il savait que c’était inutile, mais il se sentait mieux malgré tout de l’avoir fait. Il avait l’impression de faire enfin preuve de respect à l’égard d’Emily, et ce n’était pas trop tôt pour quelqu’un d’aussi méritant qu’elle.



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MessageSujet: Re: Emily et Casey, le retour.   Emily et Casey, le retour. EmptyMar 3 Sep 2013 - 13:53





Du hasard et du destin.


Lorsqu'il la prit dans ses bras, la jeune femme n'eut pas le courage de le repousser. Au contraire, elle se laissa faire et se blottit davantage contre lui. Elle se demandait pourquoi il n'avait pas agi de cette façon lorsqu'ils étaient encore mariés... Pourquoi, du jour au lendemain, il avait cessé de la prendre dans ses bras quand elle en avait besoin. Pourquoi il ne lui prenait plus la main quand il sortait. Pourquoi il ne voulait plus sortir avec elle, d'ailleurs... Pourquoi il l'avait mise à l'écart alors qu'ils étaient censés tout partager. C'était injuste. Elle soupira doucement avant de se détacher de lui et de lui adresser un sourire. Un sourire faible et faux, mais elle ne pouvait mieux faire à ce moment-là.

Sans qu'elle ne comprenne pourquoi, il se lança dans une monologue rempli d'excuses et de flatteries. Elle l'écouta sans l'interrompre, même si des tas de questions traversaient son esprit. Ces excuses étaient attendues depuis tellement longtemps qu'Emily avait fini par se dire qu'elles n'arriveraient jamais... Que Casey n'était pas désolé de son comportement et qu'il ne regrettait rien. Visiblement, elle s'était trompée. Même si c'était un peu tard, il avait enfin dit les mots qu'elle espérait tant. Et elle lui était reconnaissante, parce qu'elle savait mieux que personne que mettre sa fierté de côté pour présenter ses excuses n'était pas chose facile. Tout en continuant à l'écouter, passa une main dans ses cheveux blonds et regarda ailleurs pendant quelques secondes, cherchant à masquer sa gêne. Elle ignorait pourquoi il tenait tant à lui dire qu'elle était géniale et merveilleuse... Si elle l'était tant que ça, pourquoi ne s'en était-il pas rendu compte pendant leurs trois ans passés de relation ? Comme le disait une chanson populaire, you only know you love her when you let her go. Était-ce cela, le secret de ces excuses soudaines ? S'était-il rendu compte de ce qu'il avait perdu lorsqu'elle avait enfin eu le courage de mettre ses menaces de divorce à exécution ?

Il termina son discours et elle reporta son attention sur lui, observant son visage avec la plus grande des attentions. Il avait l'air sincère. Et elle avait l'impression d'être en face quelqu'un qu'elle ne connaissait pas... Comme si le Casey Kennington qui se tenait devant elle n'était pas celui qu'elle avait épousé. Comme s'il avait changé au cours de ses derniers mois et qu'il était devenu quelqu'un d'autre.

« C'est gentil », fit-elle. Pitoyable, oui. Mais elle ne savait pas vraiment comment réagir après un tel discours... « Et... Je ne t'en veux pas. » C'était vrai. Elle ne lui en voulait pas. Ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre, ce n'était ni de la faute de Casey, ni de la sienne. Ils avaient essayé de vivre ensemble, ils avaient échoué et... Et voilà. Il n'y avait personne à blâmer, si ce n'est la fatalité.

Maintenant qu'il s'était excusé, elle avait l'impression qu'elle allait pouvoir tourner la page pour de bon. La boule qui s'était formée dans sa gorge lorsqu'elle avait aperçu Casey s'était envolée et à présent, elle s'imaginait presque devenir amie avec lui. Quoi qu'amie était peut-être un peu fort... Ce n'était pas impossible, mais elle comprenait difficilement comment on pouvait rester proche de son ex-mari. Disons qu'ils pourraient sûrement parvenir à s'entendre et à échanger quelques banalités lorsqu'ils se croiseraient dans la rue. Après tout, ce n'était pas si mal.

« Bon, ben... Je vais te laisser. Tu dois sûrement avoir des trucs à faire et puis ton chien a l'air de s'impatienter, alors... »

Sa voix était toujours mal assurée et elle enfonça ses mains dans les poches de son jean pour se donner contenance.

« Ça m'a fait plaisir de te voir », assura-t-elle.

Peut-être qu'ils se reverraient plus tard, qui sait ? Après tout, Bowen était une petite ville. S'ils s'étaient croisés par hasard une fois, il n'était pas impossible que cela arrive à nouveau. Et cette fois-ci, elle espérait qu'ils pourraient échanger quelques mots sans être affreusement gênés. Il fallait qu'ils allaient de l'avant et qu'ils tirent un trait sur leur passé, même si ce n'était pas facile.


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