MAYBELLE •• I need your help

Maybelle & Kaliska

"I need your help"

« C’est quoi ces conneries de test de paternité !? T’as intérêt à m’expliquer au plus vite ! »
« Comment tu oses t’incruster dans ma vie privée ainsi !? Nous sommes divorcés, je te rappelle, et il n’est pas question que je t’en parle quand je suis à l’école ! »
« N’utilise pas ton boulot de merde comme excuse ! »
« Boulot ou pas, ça ne se discute pas au téléphone ! »
« Parfait, alors ce soir, je viens chez nous, que tu le veuilles ou non, et on en parle ! Je ne partirai pas tant que ce ne sera pas réglé ! »
« C’est plus « chez nous », je te signale. »
« M’en fiche ! 19 heures, ce soir. »

Énervée, je ne pris même pas la peine de lui répondre et je raccrochai le téléphone, le déposant brusquement sur mon bureau avant de me prendre la tête entre les mains, et serrer mes cheveux entre mes doigts, comme si ce simple geste allait me retenir de commencer à pleurer. Puis, j’inspirai plus profondément, espérant éventuellement reprendre une certaine contenance avant que les cours de l’après-midi commencent. Au fond, ce n’était qu’un détail, j’avais le temps, la pause venait tout juste de commencer. Le problème, c’était que même si je savais que ce moment serait inévitable, j’aurais préféré, surtout avec Jared, être en contrôle de la situation, sauf que je ne l’étais pas. J’étais acculée au pied du mur, et ça me mettait dans un état pas possible. Son ton était si agressif au téléphone que j’avais même peur pour ma sécurité, et pour celle d’Analeigh par le même fait, surtout qu’il n’avait pas laissé place à la négociation sur le lieu de rencontre, et que je n’avais surtout pas envie de le rappeler pour faire changer l’endroit.

Face à cette situation, je commençai à réfléchir brusquement, et au final, j’en arrivai à une probable solution, non seulement pour la sécurité d’Analeigh, mais pour la mienne également. Pour moi, j’avais Alexis. Inutile qu’il soit en face de Jared quand celui-ci viendrait, mais qu’il soit au moins dans les parages en cas de besoin, c’était déjà un bon début, et surtout exactement ce dont j’avais besoin. Sa présence avait toujours été source de réconfort de toute façon. Et puis, je savais que je pourrais compter sur lui, il n’était même pas nécessaire que je l’appelle, je n’aurais qu’à le prévenir une fois à la maison, puisque je rentrais bien avant l’heure de la dite rencontre. Ensuite, pour Analeigh, c’était un peu plus délicat, mais c’était la seule solution que j’avais trouvée. Prenant le risque de me faire dire non, je pris mon sac à main, et je sortis de la salle, et de l’école, prenant la voiture pour me rendre jusque dans un café pas très loin, soit celui-ci où Maybelle, la baby-sitter d’Analeigh, travaillait. Espérant qu’elle ne soit pas trop occupée, je m’avançai vers le comptoir, et sitôt que je l’eus dans mon champ de vision, je tentai de ne pas me faire inquiétante tout de suite, et je demandai, pour commencer, avec un petit sourire : « Hey, tu as encore du café frais ? »

Maybelle & Kaliska

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Maybelle aimait son boulot de serveuse mais malheureusement, son salaire n'était pas faramineux. Désireuse de mettre assez d'argent de côté pour quitter la maison familiale et prendre définitivement son envol loin de l'autorité parentale, il lui arrivait de temps en temps de faire du baby-sitting pour gagner plus d'argent. Quand Kaliska lui avait proposé de garder sa fille, Analeigh, la jeune femme avait tout de suite accepté. Premièrement parce qu'elle aimait rendre service, deuxièmement parce qu'elle adorait la compagnie d'enfants et troisièmement parce que cela lui permettait de mettre plus d'argent de côté - et ce n'était pas de refus. Les deux blondes se connaissaient depuis quelques années maintenant et le courant était toujours bien passé entre elles. Elle nota dans un coin de sa tête de l'appeler bientôt. Elles ne s'étaient pas vues depuis quelques temps et Maybelle prenait régulièrement de leurs nouvelles. Alors qu'elle nettoyait le comptoir, la petite clochette qui annonçait l'arrivée d'un nouveau client la tira de ses pensées. Elle leva la tête, tombant nez-à-nez avec Kaliska qui venait de s'installer près d'elle. Quand on parle du loup, pensa-t-elle. « Hey, tu as encore du café frais ? » Maybelle devinait sans mal qu'elle était tourmentée. Elle hocha la tête et lui offrit un sourire réconfortant avant de saisir la cafetière pleine de café chaud. Elle l'avait fait quelques minutes auparavant, il avait dû garder toute sa saveur. « Dure journée ? », demanda-t-elle tout en remplissant la tasse de Kaliska avec minutie pour ne pas en mettre partout. Si Kaliska était venue jusqu'ici, c'était sûrement parce qu'elle avait quelque chose à lui dire. Elle n'était pas sa confidente attitrée mais elle avait toujours prêté une oreille attentive quand Kaliska en avait eu besoin. Et elle était encore disposée à l'écouter maintenant. Quoi que ce soit, elle pouvait lui parler. Maybelle était toujours à l'écoute et c'était quelqu'un de confiance : elle ne s'amuserait pas à répéter ses confidences au premier venu. Elle essayait de se convaincre qu'il n'y avait rien de grave, qu'elle était simplement passée pour lui demander de garder Analeigh samedi soir parce qu'elle avait une sortie prévue avec quelques amis. Mais l'air contrarié de Kaliska était visible, même si elle faisait tout pour paraître absolument normale.

Maybelle & Kaliska

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Même si j’essayais malgré tout de me montrer souriante afin de ne pas faire celle qui venait juste pour demander un service, je ne pouvais pas faire grand-chose face à Maybelle, toujours aussi perspicace, qui me demanda directement si j’avais une dure journée. Cette simple question pouvait semblait bien banal, mais moi, au fond, je trouvais ça mignon. Après tout, elle aurait très bien pu me servir mon café sans dire quoi que ce soit, mais ce n’est pas ce qu’elle avait fait, et à vrai dire, cela m’arracha un sourire. Un sourire un peu triste, certes, mais un sourire que je lui servis quand elle eut servi mon café avec un petit « Merci. » avant de lui répondre, un peu plus honnêtement, tandis que je mettais du lait et un peu de sucre dans ma tasse : « En fait, pour tout te dire, ça allait, jusqu’à il y a dix minutes environ. » Toutefois, je m’arrêtai à ce moment là. Je connaissais Maybelle depuis maintenant plusieurs années, depuis que j’étais enceinte d’Analeigh, pour tout dire, et de ce fait, si j’avais assez confiance en elle pour lui confier ma fille, alors je devrais avoir assez confiance pour lui parler un peu de mes problèmes personnels. J’avais confiance en elle, ce n’était pas là le problème, mais je venais tout juste d’arriver, et cela n’avait jamais été mon genre de me plaindre comme ça.

De ce fait, même si mon temps était limité parce que je devais retourner à l’école avant la fin de la récréation pour accueillir ma classe pour les cours de l’après-midi, je me permis quand même de finalement prendre place sur un tabouret disponible au comptoir et déposer mon sac par terre, histoire de montrer que je n’avais pas l’intention de simplement boire mon café cul sec, payer et repartir aussitôt. Une fois que je fus bien installée, je pris finalement une première gorgée de mon café. Celui-ci eut aussitôt un effet réconfortant, surtout qu’il était frais, et encore chaud, infusé juste à mon goût. En fait, ce n’était pas surprenant, puisqu’à chaque fois que je venais prendre un café, j’étais loin d’être déçue, et cette fois-ci ne faisait pas exception à la règle. Par la suite, je reposai ma tasse sur le comptoir, et je regardai Maybelle, profitant d’un moment où elle n’avait pas de client pour lui demander, avec un sourire renouvelé par le réconfort que la gorgée de café m’avait apporté : « Et toi, comment ça va, pas trop occupée ? »

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« En fait, pour tout te dire, ça allait, jusqu’à il y a dix minutes environ. » La jeune serveuse n'était pas vraiment surprise par cette confession. Kaliska affichait une mine préoccupée et le fait qu'elle vienne jusqu'au café pour lui parler ne laissait rien présager de bon. Elle espérait que cela n'avait aucun rapport avec Analeigh. « Et toi, comment ça va, pas trop occupée ? » Maybelle lui offrit un sourire amical, touchée qu'elle prenne de ses nouvelles alors qu'elle était visiblement préoccupée. Elle aurait très bien pu débarquer comme ça, à l'improviste, et lui raconter ses problèmes sans prendre la peine de savoir si elle allait bien ou non. Le fait qu'elle lui pose cette question était adorable. Et même si la petite blonde n'était au meilleur de sa forme ces temps-ci, elle se refusait à en parler maintenant. Elle préférait largement écouter Kaliska plutôt que de passer son temps à se plaindre de tout et n'importe quoi. Maybelle n'aimait pas parler d'elle, de toute façon. La vie des autres avaient bien plus d'importance que la sienne. « Non, ça va. Il n'y a pas foule aujourd'hui, alors... » Sous-entendu "alors je suis là si tu as besoin de moi", mais c'était tellement évident qu'elle n'avait pas besoin de le dire clairement. La jeune maman savait certainement qu'elle pouvait compter sur elle quoi qu'il arrive. Elle lui adressa un sourire réconfortant avant de poursuivre. « Tu veux en parler ? » Kaliska n'avait vraiment pas l'air bien et elle voulait qu'elle sache qu'elle serait là pour l'écouter si elle ressentait le besoin de se confier. Elle espérait que ce serait le cas, d'ailleurs. Maintenant qu'elle savait que quelque chose ne tournait pas rond, Maybelle ne pourrait s'empêcher de s'inquiéter. Elle passait toujours son temps à s'en faire pour les gens auxquels elle tenait.

Maybelle & Kaliska

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Je rendis à Maybelle son sourire lorsqu’elle m’avoua qu’il n’y avait pas grand-monde aujourd’hui. Bien sûr, je faisais cela par politesse, mais aussi, je voyais également au travers de cette réponse à ma question une petite lueur d’espoir par rapport à la demande que je souhaitais lui faire. Évidemment, celle-ci n’était pas bien complexe, surtout que la jeune femme avait gardé ma fille avant aujourd’hui, mais malgré tout, je ne voulais pas déranger Maybelle dans son quotidien, surtout avec cette requête exceptionnelle, bien que je ne savais pas comment je pourrais faire autrement pour épargner Analeigh de la potentielle dispute qu’il pourrait y avoir entre Jared et moi au cours de cette rencontre que je n’avais certainement pas demandée.  Bien sûr, avant de me faire des idées sur sa possible réponse face à ma demande, il fallait que je l’effectue, cette fameuse demande. C’est ce que j’eus l’intention de faire sitôt qu’elle me demanda si je voulais parler de ce qui me rongeait. Je lui souris de plus belle avant tout, considérant que le fait qu’elle se soucie de ce qui me tracassait était plutôt adorable de sa part. Vu son intention, je ne pouvais certainement pas lui balancer le service qu’elle devait me rendre, ce serait malpoli. Je choisis alors de tourner mes mots autrement, et j’y réfléchis tandis que je considérais toujours mon amie avec un petit sourire. Je n’avais pas envie de l’embêter avec mes histoires qui pouvaient sembler barbantes par instants, donc au final, je préférai faire dans le vague, et je lui répondis : « Tu es gentille. En fait, c’est juste que j’ai eu un appel de Jared, et il veut qu’on se voit ce soir, chez moi. » Je m’arrêtai après ces propos, puisque je trouvais que c’était là une bonne façon d’introduire ma demande, même si je ne voulais pas la balancer sans crier gare. Lorsque je jugeai que la pause que j’avais prise était suffisamment longue pour bien diviser les deux sujets, j’ajoutai, d’un air plus sérieux : « Et puis… Je me demandais si ça te dérangerait, pendant que je vois Jared, si tu pouvais garder Analeigh, hors de la maison, bien sûr. Vous pouvez aller au cinéma si vous voulez, je paierai votre entrée et tout ce qui vient avec. Je ne veux pas qu’elle soit là pendant que je lui parle, tu vois ? »  Puis, je me mordillai la lèvre inférieure, et je me rappelai mon premier mot d’ordre lorsque j’avais songé à cette solution, concluant en disant : « Bien sûr, je ne veux pas te déranger si tu avais d’autres plans pour la soirée. Je m’arrangerai autrement si tu n’es pas disponible ou si tu n’as pas envie. »

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« Tu es gentille. En fait, c’est juste que j’ai eu un appel de Jared, et il veut qu’on se voit ce soir, chez moi. » La jeune serveuse stoppa net ce qu'elle était en train de faire, offrant un regard plutôt étonné à son amie. Elle fixa Kaliska sans rien dire, attendant la suite avec impatience et appréhension. Elle savait que les choses étaient compliquées entre eux et elle ne pouvait s'empêcher de s'en faire un peu à l'idée que Kaliska et Jared se voient. La jolie blonde continua en lui demandant le plus poliment possible si elle était disponible pour garder Analeigh, ce à quoi Maybelle répondit par un sourire amical. Évidemment qu'elle était disponible et qu'elle en avait envie ! « Hey ! N'oublies pas que je suis sa baby-sitter attitrée ! Ça m'ennuierait beaucoup qu'elle passe la soirée avec quelqu'un d'autre que moi ! », plaisanta-t-elle avant de reprendre son sérieux. « Tu sais bien que je suis toujours ravie de te rendre service. Et puis, j'adore passer du temps avec Analeigh. Alors oui, ça me ferait super plaisir de la garder ce soir et non, ça ne me dérange absolument pas. Tu peux compter sur moi. » Elle lui offrit un sourire réconfortant. Elle espérait qu'elle était soulagée d'un poids en sachant qu'Analeigh n'assisterait pas à leur conversation. « Qu'est-ce qu'il te veut, Jared ? » La curiosité était probablement l'un des pires défauts de Maybelle et elle ne pouvait s'empêcher de poser des questions. Surtout lorsqu'elle était inquiète et/ou contrariée. Et c'était le cas.

Maybelle & Kaliska

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J’offris un sourire profondément soulagé à Maybelle lorsque celle-ci me garantit qu’elle allait garder Analeigh pendant la soirée. Non seulement, cela semblait lui faire plaisir de s’occuper de ma fille, même si ce n’était pas nécessairement prévu d’avance, mais en plus, elle ne devait certainement pas s’imaginer le genre de poids qu’elle pouvait m’enlever en acceptant de me rendre ce service. Je ne me fis certainement pas prier pour lui faire savoir en affirmant, l’air déjà beaucoup plus détendu qu’auparavant : « Tu me sauves la vie, merci beaucoup Maybelle ! Si tu veux, je ne crois pas qu’elle ait beaucoup de devoirs, donc si tu veux la sortir, ne te gêne surtout pas, et c’est moi qui paie le tout ! Pour toi comme pour elle ! » Je savais bien que je l’avais déjà mentionné, mais je tenais à le répéter de nouveau et surtout, je tenais à lui faire savoir que j’insistais pour payer si jamais elle décidait d’emmener Analeigh au cinéma, au restaurant, un autre endroit au gré de son imagination, tant que cela restait dans le raisonnable pour une enfant de six ans. Mais pour ça, je n’avais pas peur, j’avais fait confiance à Maybelle plus d’une fois, ce ne serait pas différent pour ce soir, ne serait-ce que la raison pour laquelle elle devait s’en occuper était une première, et c’était une première relativement délicate. Pour cette raison, cela ne m’étonna pas que Maybelle me demande pourquoi Jared souhaitait me voir, et je ne vis pas d’inconvénient à lui répondre, compte tenu qu’elle devait certainement savoir comment Analeigh se sentait par rapport à tout cela. Cependant, je ne me voyais pas lui dire d’office ce qui s’était passé avec Alexis, donc je me contentai de lui dire : « Il veut qu’on parle. Je crois, et j’en ai même peur, qu’il veut s’incruster dans ma vie privée alors que nous sommes divorcés. Ou sinon, c’est sûrement à propos de la garde d’Analeigh, ce n’est pas encore réglé, ça. » Je regardai alors mon amie, et je me mordillai discrètement la lèvre inférieure, espérant que ce que je disais – et qui était véridique – tenait quand même la route même si j’omettais un détail relativement important, après tout.

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Rendre service était tout à fait normal pour moi. Mes parents m'avaient appris à être généreuse et à toujours aider mon prochain si cela était dans mes cordes. De plus, j'appréciais beaucoup Kaliska et si mon aide pouvait la soulager, cela me faisait plaisir. Je savais que sa vie ne devait pas être facile tous les jours et je me mettais à sa place : j'aurais aimé avoir quelqu'un pour me rendre service. Quand la jeune maman affirma vouloir tout payer pour la soirée, je lui adressai un sourire attendri. Elle était tellement adorable ! « Non, non, je refuse que tu paies quoi que ce soit ! Déjà que tu me paies quand je garde ta fille, je ne vais pas en plus te faire payer ma place de ciné... Ne t'inquiètes pas pour ça. » Je ne roulais pas sur l'or depuis que mon père m'avait mise à la porte et que j'avais un loyer à payer mais je m'en sortais suffisamment bien pour pouvoir me payer un menu au fast-food du coin et une place de cinéma. Je ne voulais pas profiter de la gentillesse de Kaliska. Elle était déjà bien gentille de penser à moi pour garder sa fille, je ne voulais pas abuser sa gentillesse et de jouer les piques-assiettes... La conversation porta ensuite sur les raisons de son "rendez-vous"" avec Jared et je l'écoutais avec attention. Les histoires d'amour pouvaient tellement mal se terminer que ça me faisait peur... Heureusement, avec Nicholas, j'étais persuadée que tout irait bien dans le meilleur des mondes jusqu'à la fin de nos vies. Nous n'aurions jamais à connaître de divorce houleux et dévastateur. Je ne voulais pas lui poser plus de questions, ce devait être un sujet déjà bien assez difficile comme ça... « Oh... Je vois », dis-je d'un air sincèrement compatissant. J'espérais qu'elle parviendrait à lui faire comprendre qu'ils étaient divorcés et que, par conséquent, il n'avait plus aucun droit de regard sur sa vie. Et j'espérais aussi que tout se passerait bien pour Analeigh. C'était une situation difficile à gérer pour une enfant aussi jeune... « J'espère que tout se passera bien... Fais-lui comprendre qu'il n'a plus aucun droit sur toi et que tu n'es plus sa femme. Les hommes ont parfois la mémoire courte. » J'avais espoir que cette petite plaisanterie détende un peu Kaliska mais au final, ce n'était peut-être pas très malin. « Tu me raconteras tout, hein ? » De toute façon, je la presserais sûrement de questions puisque j'allais m'inquiéter pendant toute la soirée, me demandant comment les choses se passaient pour mon amie. « En tout cas, si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas ! » Que ce soit pour garder Analeigh un autre soir ou pour tout autre chose, je répondrai présente.

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« C’est la moindre des choses que je paie le cinéma ! J’insiste, il n’est pas question que tu paies quoi que ce soit ! » Je n’avais pas dit cela méchamment, mais j’avais fait usage d’un ton assez ferme, mais gentil, pour faire savoir à Maybelle qu’il n’était pas question que je ne paie rien de leur soirée. Si ce n’était pas le restaurant et le cinéma pour les deux, alors ce serait au moins les dépenses de ma fille, puisque déjà que Maybelle me faisait déjà l’immense faveur de s’occuper d’Analeigh alors que ce n’était pas prévu, que je n’avais rien pu faire pour gérer la situation, outre débarquer en trombe dans son café pour lui demander cette faveur, alors qu’elle n’était en rien obligée de me dire oui, surtout à la dernière minute comme ça. De plus, le fait qu’elle accepte voulait dire pour moi beaucoup plus que le simple fait que je ne voulais pas qu’Analeigh soit présente à la maison lorsque son père – ou celui qu’elle croyait être son paternel – serait présent. En effet, par cette décision, je voulais non seulement épargner ma fille d’une autre potentielle dispute, sachant qu’elle en avait assez enduré concernant Jared, mais de plus, si, comme il l’avait soulevé au téléphone, Jared en venait à discuter du test de paternité – même si je ne savais pas du tout comment il avait pu avoir entendu parler de ces démarches – je ne voulais pas qu’Analeigh l’apprenne ainsi. Déjà, Alexis et moi attendions encore le résultat des tests, ce qui ne confirmait rien pour le moment, mais de plus, s’il était vrai qu’Alexis était le père biologique d’Analeigh, je voulais lui annoncer en bonne et due forme, et le savoir par un Jared furieux ne serait certainement pas la bonne façon, mais plutôt la plus horrible. Pour cela, Maybelle me rendait un encore plus service qu’elle n’aurait pu l’imaginer et ce, même si je n’osais pas le lui avouer, comme je n’avais jamais avoué à qui que ce soit ce qui s’était passé avec Alexis il y a bientôt sept ans de cela. Toutefois, avec le retour d’Alexis, et le divorce, tout devenait plus compliqué, si bien que je devenais malaisée de ne rien dire, surtout à Maybelle qui me demandait de tout lui raconter, affirmant que si j’avais besoin d’elle, je n’avais pas à hésiter. Devant sa bonté, à laquelle je souris en guise de réponse, je me sentais mal, comme si j’étais une traitresse devant sa gentillesse, alors qu’elle ne m’avait jamais trahie, jamais jugée sur quoi que ce soit, alors que je lui avais raconté plus d’une fois les disputes que j’avais pu avoir avec Jared certaines fois. Peut-être pourrait-elle être la première à qui je parlais de tout cela. Je lâchai un petit soupir, et je dis : « Dis-moi… Tu crois que si je te racontais quelque chose… Quelque chose que je regrette encore aujourd’hui, ça changerait notre amitié ? »

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Kaliska insista bien évidemment et je finis par capituler. De toute façon, vu le ton qu'elle avait employé, je savais qu'il était tout bonnement impossible d'espérer la faire changer d'avis... Et puis au fond, ce n'était pas si grave. Si payer nos sorties pour la soirée lui faisait plaisir, je n'allais pas l'en empêcher. « Okay, okay... Tu as gagné », dis-je d'un air faussement las avant de lui sourire. Je commençais déjà à réfléchir à ce qu'Analeigh et moi pourrions faire, à passer mentalement en revue le programme du cinéma, à calculer le temps qu'il nous faudrait pour aller du parc au fast-food puis du fast-food au cinéma... Je n'aimais pas l'imprévu. J'aimais généralement que tout soit carré, ordonné et prévu à l'avance. Peut-être est-ce à cause de ce que j'avais vécu. La seule soirée non planifiée de ma vie avait été un véritable désastre dont je payais le prix tous les jours... Alors je préférais ne plus laisser place à l'aventure. Je prévoyais tout à l'avance et surtout, je ne me laissais pas entraîner dans ses fêtes douteuses où l'alcool coulait à flot. C'était un moyen comme un autre de me protéger et d'éviter que tout cela recommence. Alors que j'étais en pleine réflexion, la voix de la jeune maman me tira de mes pensées. Elle avait l'air contrariée et ses mots étaient loin de me rassurer... Troublée par cette question quelque peu déroutante, je posais mes yeux sur elle sans rien dire. Je n'avais pas besoin de réfléchir à la réponse que j'allais lui donner, elle était toute claire dans ma tête. Non, cela ne changerait rien à notre amitié. Quoi qu'elle me dise, je ne changerai jamais d'opinion sur elle. J'étais bien placée pour savoir que l'on faisait tous ses erreurs que l'on regrettait et je n'avais aucun droit de la juger. « Je ne crois pas, non », répondis-je très honnêtement sans la quitter des yeux. « On fait tous des erreurs, tu sais... Moi la première. Alors non, ça ne changerait rien à notre amitié. » Je marquai une courte pause avant de lui sourire gentiment. « Par contre, ça pourrait peut-être te faire du bien de parler... Ça libère, parfois. » Une fois de plus, je parlais en connaissance de cause. Je savais que garder quelque chose pour soi n'était pas bon. Cela nous rongeait de l'intérieur jusqu'à nous empêcher de vivre correctement et le poids des regrets se faisait chaque jour de plus en plus pénible à porter. Alors si Kaliska voulait parler, je l'écouterai avec la plus grande attention possible. C'était à ça que servaient les amis, non ? « Tu peux tout me dire. » J'avais dit cela avec assurance, pour qu'elle comprenne que je ne dirai rien. J'avais toujours été loyale envers les gens que j'aimais et Kaliska faisait partie de mes amies. Je n'avais aucunement l'intention de la trahir.  

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Entendre Maybelle me dit qu’elle ne pensait pas que ce que je pourrais lui raconter puisse changer quelque chose à notre amitié m’arracha un sourire et me permit de me détendre quelque peu, bien qu’au fond, je n’étais pas encore totalement à l’aise à l’idée de me confier à quelqu’un, ou du moins, pas pour le moment. Ce n’était absolument pas contre mon amie, à qui je pouvais faire confiance, je le savais, mais c’était surtout parce que ce serait la toute première fois que je faisais un geste pour en parler à quelqu’un. Outre Alexis, personne n’était au courant de ce qui avait pu se passer il y a sept ans maintenant. Enfin, Jared commençait à avoir la puce à l’oreille, à mon plus grand désarroi, mais après ça, je doutais fort qu’il soit capable de déduire tous les évènements de lui-même, vu comment il pouvait être borné par moments, comme j’avais pu le voir dans toutes ces années où nous avions été ensemble, surtout les dernières où la seule chose qu’il semblait montrer, c’était tous ses mauvais côtés, me faisant toujours demander comment j’avais pu faire pour l’épouser. En bref, Maybelle serait la première à réellement le savoir, mais encore fallait-il que je sois capable de lui dire, ce que je ne sus faire dans un premier temps. Je commençais à me sentir moins craintive lorsqu’elle ajouta que tout le monde faisait des erreurs, confirmant ainsi qu’elle n’avait pas l’intention de me juger sur mes actes passés. Puis, je dus finalement m’incliner à son dernier propos, répondant : « Oui, tu as raison. » avec un nouveau sourire. Il est vrai que j’avais gardé ça pour moi peut-être un peu trop longtemps, et peut-être que c’est ce qui faisait en sorte que je voyais cette histoire encore plus grosse qu’un meurtre, bien que je demeurais consciente de toutes les répercussions que cette simple nuit avait pu avoir sur le reste de ma vie, et les répercussions que tout cela pouvait avoir encore aujourd’hui. Enfin, si je ne tentais pas de dire quoi que ce soit, je ne pourrais jamais le savoir. C’est pourquoi, après avoir baissé la tête une nouvelle fois pour chercher mes mots, je regardai de nouveau Maybelle, et je lâchai, dans un souffle : « Je ne sais pas si Jared est bel et bien le père d’Analeigh. » Sachant que cela laissait place à certaines interprétations différentes, je marquai une pause, mais je ne tardai pas trop à ajouter : « J’ai… J’ai eu une aventure il y a sept ans, peu de temps avant de tomber enceinte, et je ne l’ai jamais dit à personne, je n’ai jamais osé demander un test… » Réalisant que c’était fort difficile, au bout du compte, je baissai de nouveau la tête, guettant une réaction de la part de Maybelle avant d’ajouter quoi que ce soit.

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Je dois avouer que je ne m'attendais pas à de telles révélations... Apprendre que Kaliska ignorait qui était réellement le père de la petite Analeigh était assez surprenant mais malgré tout, je refusais de la juger ou de changer mon point de vue sur elle. J'étais sincère lorsque je lui avais assuré que l'on faisait tous des erreurs et à en juger par sa mine contrariée, elle le regrettait amèrement. Elle n'avait pas besoin d'être jugée, ni même que je lui fasse la morale ou que je la presse de questions pour en savoir plus. Elle avait besoin d'une oreille attentive. Et d'une amie qui la soutienne, certainement. J'étais touchée qu'elle décide de se confier à moi. Cela prouvait qu'elle me faisait confiance et je comptais bien garder ses confidences pour moi. « Oh... » C'était sûrement la réaction la plus nulle qui soit mais il me fallait quand même quelques secondes pour évaluer la situation et trouver quoi dire. J'étais réellement désolée. Ce ne devait pas être une situation facile à vivre et j'étais sûre qu'elle devait y penser tous les jours. J'avais envie de lui dire que cela importait peut parce qu'au final, donner la vie ne suffit pas à être père mais cela me rapporterait trop à ma propre histoire. J'avais un fils de trois ans qui évoluait sans moi et je n'étais pas sa mère puisque je n'avais été là pour lui. Tenir ce genre de discours à voix haute me reverrait une bien piètre image de moi-même et je n'avais pas envie de craquer devant elle. Elle avait besoin de moi, ce n'était pas le moment de me laisser submerger par mon passé. Je lui adressai finalement un sourire réconfortant, je ne voulais surtout pas qu'elle croit que cette révélation avait changé quoi que ce soit entre nous. « Tu crois que faire le test changerait quelque chose ? Enfin je veux dire, si tu apprenais que Jared n'est pas vraiment son père... » Je laissais ma phrase en suspend, me rendant compte à mon grand regret que je n'étais sûrement pas en train de l'aider en lui posant cette question. Mieux valait ne pas l'obliger à penser à ce qu'elle ferait si elle faisait ce test et qu'elle apprenait que Jared n'était pas le père de sa fille. Me sentant impuissante, je soupirai doucement avant de poser ma main sur celle de la jeune maman pour lui montrer que j'étais là pour elle. « Tu sais, tu n'as pas à culpabiliser. Le principal, c'est qu'Analeigh soit heureuse et que tu sois là pour elle. Le reste, ça ne compte pas vraiment. On fait tous des trucs qu'on regrette à un moment ou à un autre... » J'étais bien placée pour le savoir. J'avais eu une aventure avec un inconnu après une soirée bien trop arrosée et je m'étais retrouvée enceinte. Je savais de quoi je parlais quand je parlais d'erreur et de regrets. Je savais qu'une simple petite soirée pouvant bousiller une existence toute entière. « C'est pour ça que tu dois voir Jared ce soir ? Tu veux lui en parler ? », demandais-je en hésitant un peu. Je ne voulais pas me montrer trop intrusive, je ne voulais pas la forcer à parler si elle n'en avait pas envie. J'espérais qu'elle comprenait que ce n'était pas de la curiosité étrange, je m'inquiétais pour elle et je voulais faire mon possible pour l'aider même si, je devais l'avouer, la situation m'échappait un peu. 

Maybelle & Kaliska

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Bien que Maybelle m’avait dit qu’elle ne me jugerait pas quoi que je lui dise, et que je savais au fond de moi que ce ne serait pas son genre de faire une telle chose, il n’en restait pas moins que j’appréhendais sa réaction avec anxiété. Je n’en avais jamais vraiment parlé à qui que ce soit de cette histoire, mais malgré tout, je savais bien que tout cela cassait avec l’image que je pouvais potentiellement projeter. Je ne prétendais pas que je me montrais parfaite, et je ne voulais pas me montrer parfaite non plus, parce que je ne l’étais pas du tout, mais malgré tout, j’étais persuadée que parce que je tentais de faire mon possible avec ma fille, avec ma classe, je n’étais pas du genre à faire de l’adultère, ne serait-ce qu’une fois et par accident, dans des circonstances spéciales. D’ailleurs, j’en eus une nouvelle preuve lorsque je vis que Maybelle semblait quelque peu choquée de ce que je venais de lui dire. Je ne lui en voulais pas, c’était beaucoup à prendre d’un coup, même pour moi-même, mais je ne pus m’empêcher de ressentir mon cœur se serrer, et mes lèvres se pincer tandis que j’attendais un peu plus, histoire de voir si la jeune femme allait ajouter quelque chose, ou bien si je ferais mieux de conclure la discussion ainsi, bien que ce ne soit pas nécessairement simple de faire une telle chose. Au bout du compte, je n’eus pas à le faire, puisque Maybelle enchaîna en me posant une question, chose que je ne pouvais pas lui empêcher de faire. Toutefois, sa question me prit un peu par surprise, à savoir que oui, je connaissais la réponse, mais cette réponse, je la trouvais horrible, et finalement, ce fut trop dur de dire la vérité pour moi sur ce coup, et de ce fait, je haussai les épaules, et je dis : « Je ne sais pas… Peut-être que légalement, Analeigh n’aurait pas à le voir… Il n’aurait pas de pouvoir sur la garde partagée de la petite… » Enfin, pour ce point, et aussi parce que ma fille aimait beaucoup plus son parrain – et père potentiel – que celui qu’elle croyait être son paternel pour le moment, je souhaitais au plus profond de moi-même que le test révèle qu’Alexis était le père de ma fille. Tout serait plus simple, c’est certain, bien qu’en ce moment, rien n’était simple. Comme si j’étais honteuse de cette pensée, je baissai la tête à nouveau, puis je la relevai lorsque Maybelle me dit que je n’avais pas à culpabiliser, l’essentiel dans tout cela étant le bonheur d’Analeigh. Je lui souris timidement, et lorsqu’elle eut complété son propos, je lâchai un timide : « Merci. » Puis, je perdis un peu mon sourire lorsque Maybelle enchaina avec une nouvelle question. Celle-ci avait une réponse un peu plus simple, mais malgré tout, je préférai marquer une pause, prendre une gorgée de mon café, et finalement répondre : « Non, si ce n’était que de moi, je ne lui en parlerais pas tant que je n’ai pas le résultat. Je ne sais pas comment il a fait, mais il en a entendu parler, et il m’a appelé en tempêtant pour que je lui fournisse des explications et finalement… Il s’est « invité » ce soir. » Je regardai ensuite la demoiselle, et je fis un nouveau sourire timide, limite embarrassé.

Maybelle & Kaliska

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Je me sentais coupable de voir le sourire de Kaliska disparaître au fur et à mesure que je lui posais des questions. Je devais avouer que j'ignorais comment gérer la situation mais j'espérais bien faire. J'espérais qu'elle n'avait pas l'impression que je la jugeais ou que cette révélation avait changé quoi que ce soit entre nous. Parce que ce n'était clairement pas le cas. Je m'en voulais d'avoir demandé ce qu'il se serait passé si elle avait appris que Jared n'était pas le père biologique d'Analeigh. Évidemment que cela aurait changé beaucoup de choses. Je savais que tout n'était pas rose entre eux et j'avais sans doute ravivé de mauvais souvenirs. Pleine de remords, j'adressais un petit sourire désolé à la jeune maman. « Je suis désolée si mes questions te mettent mal à l'aise... Tu n'es pas obligée d'y répondre, hein. Je n'ai pas envie de remuer le couteau dans la plaie... » Ce n'était pas de la curiosité mal placée. Je voulais juste comprendre au mieux la situation afin d'essayer de me mettre à la place de Kaliska - et pourquoi pas de la conseiller. J'étais plus jeune qu'elle et sûrement bien mal placée pour lui donner des conseils mais après tout, nous étions amies et c'était à cela que les amis servaient. Je grimaçais malgré moi lorsqu'elle évoqua les raisons pour lesquelles Jared s'était invité chez elle ce soir. J'ignorais ce que leur face à face allait donner mais cela m'inquiétait.  « Fais attention à toi. Je veux dire, vraiment. Je sais que ça ne me regarde pas et que je ne devrais pas m'en mêler mais le fait je ne peux pas m'empêcher de m'en faire à l'idée de savoir que tu vas voir Jared en tête-à-tête ce soir. » Surtout maintenant que je savais la vérité. Aucun doute sur le fait qu'il n'allait pas être très aimable avec elle et je ne voulais pas que les choses dégénèrent. « S'il y a le moindre problème, tu m'appelles. » Oui, bon... Je ne pourrai certainement pas faire grand chose contre Jared mais je voulais vraiment qu'elle sache que je serai là pour elle si elle en avait besoin. Retrouvant le sourire, j'essayais de la rassurer : « Je suis sûre que tout se passera bien. » Mon temps était aussi convaincu que convainquant et j'espérais lui redonner le sourire. C'est alors qu'une autre question piqua ma curiosité. « Et... Le mec avec qui tu as eu une aventure... Tu es toujours en contact avec lui ? », demandais-je avec hésitation.  

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« Ça va, ne t’en fais pas. » fut ce que je répondis à Maybelle lorsqu’elle s’excusa de poser autant de question, accompagnant mon propos d’un petit sourire pour lui montrer qu’en effet, cela ne me gênait pas, ou plutôt, cela ne me gênait plus autant qu’il y a quelques minutes. En fait, quand j’avais finalement décidé de m’ouvrir à mon amie, j’avais pris pour acquis qu’elle aurait certainement des questions à me poser, et c’était parfaitement normal. J’avais aussi pris pour acquis que cela pourrait me gêner de les entendre, et aussi d’y répondre, mais en même temps, je réalisais que cela me faisait du bien, d’une certaine façon, de finalement me confier à quelqu’un, surtout en sachant que cette personne ne me jugerait pas sur mes erreurs passées, même si au fond, je n’avais jamais vraiment regretté d’avoir passé cette fameuse nuit avec Alexis, puisque c’est ainsi que nous nous étions retrouvés il y a quelque temps de cela, que j’avais pu développer des sentiments pour lui, finalement croire qu’un véritable bel amour existait quelque part. Toutefois, cela avait aussi entraîné de nombreuses conséquences que je devais maintenant affronter, à commencer par la colère de Jared qui allait se pointer chez moi ce soir. Dit comme cela, ça pouvait sembler horrible, et Maybelle l’amplifia davantage en me demandant de faire attention à moi, affirmant s’inquiéter que je sois seule avec Jared. Bien rapidement, je lui dis : « Ne t’en fais pas, je ne serai pas toute seule. Et puis… J’ai l’habitude, d’une certaine façon. » Sur cette phrase un peu plus triste, mais malheureusement bien réaliste, je haussai les épaules. En effet, ce n’était pas la première fois que Jared s’énervait sur moi, et sur Analeigh. Pour ma part, je pouvais en prendre, d’autant plus qu’à ce que je savais, il n’avait jamais levé la main sur moi – encore heureux, parce que sinon, je n’aurais jamais autant attendu pour me séparer de lui – mais c’était surtout à ma fille que je voulais épargner sa colère. Pour cette raison, lorsque Maybelle me dit de faire appel à elle en cas de besoin, je lui répondis : « Merci. Mais tant que tu gardes Analeigh et que tu lui changes les idées, tu en fais énormément, je te jure, tu n’as pas idée. » J’eus alors un nouveau sourire, sourire qui s’élargir lorsque Maybelle se montra positive, puis affirma que tout allait bien se passer. C’était réellement gentil de sa part, bien que vu le ton de voix que Jared avait au téléphone ne me laissait présager rien de bon. Je ne voulais pas l’inquiéter ou bien me plaindre, et donc, je passai sous silence cette mauvaise impression, et je pris une gorgée de mon café avec laquelle je faillis m’étouffer lorsque mon amie enchaîna avec une nouvelle question. Je reposai aussitôt ma tasse, puis je toussotai légèrement avant de laisser échapper malgré moi un petit rire gêné, puis je dis : « Oui… En fait… » J’inspirai un bon coup pour laisser passer l’envie de m’étouffer, et j’ajoutai : « C’est le frère de Jared… Le parrain d’Analeigh.. » Puis, une bonne fois pour toute, je sentis mes joues devenir rouge vif, puis je baissai la tête, cachant mon visage dans mes cheveux comme une gamine prise en faute, à croire que je voyais trop d’enfants faire ce genre de chose à chaque jour, j’avais commencé à prendre cette habitude moi aussi.