lost in the supermarket. (panda)

Avant, c'était la vie facile à la colocation. Mais ça, c'était avant. Maintenant, la française est obligée de se débrouiller. Perry disparu, Dasha partie, Poppy qui lui tire un peu la tête à cause de sa grossesse... Non, c'est pas vraiment facile. Mais bon, elle s'en remet. Enfin non, elle se contente de survivre, c'est déjà bien assez dur comme ça. Cherchant dans le rayon du pain frais une baguette qui ne sera ni trop cuite ni pas assez, elle désespère, pestant contre à peu près tout le monde. Finalement, elle s'empare de celle que tient un adolescent d'une quinzaine d'années, qui râle, mais qui semble bien trop intimidé pour faire quoi que ce soit. Ben ouais, autant reprendre les bonnes vieilles habitudes pour Pandore. Maintenant, ceux qui survivent, ce sont les plus forts. N'est-ce pas ? Bon, prochain article, la sauce tomate. Ben ouais, rien de plus simple qu'un plat de spaghettis bolognaise à la française pour ce soir ! Bien sûr, il faut qu'ils foutent ça tout en bas. Ils pensent pas qu'à vingt-cinq ans, on a déjà le dos bousillé par les journées assis sur des bancs de fac durs comme du ciment, qu'on a servi de bon à tout faire lors des premiers stages, et qu'on est déjà usés comme des vieilles crevettes ? Elle soupire, se baisse et finit par attraper son but. « Je me disais bien que je connaissais ce petit cul. » Elle se redresse doucement, dévisageant.. Tiens, Hogan. Ses lèvres s'étirent tout de suite en un petit sourire malicieux. La dernière fois qu'ils se sont vraiment parlés, elle était dans un canapé avec un pot de glace en train de se goinfrer. Ça avait été assez marrant. Elle croise les bras... et fait tomber la conserve de sauce tomate qui lui atterrit, bien évidemment, sur le pied. Elle pousse un hurlement similaire au cri d'une chouette en pleine forêt. « Aaaah, Thad, voilà, t'es content ? » Bien sûr, il faut que ça soit de sa faute. Mais il a l'habitude avec elle, non ? Elle se baisse et le ramasse, se dandinant sur son pied blessé. « Ce « petit cul » comme tu dis, oui, tu le connais pour l'avoir souvent peloté, je savais que tu ne me reconnais qu'à ça ! Un peu comme un chien avec le cul des autres chiens, quoi. » Taquine, elle lui fait pourtant un clin d'oeil, et s'adoucit avec un sourire usé. « Ça va ? » demande-t-elle, naturelle, sans croire un instant le moins du monde qu'il puisse lui en vouloir pour quoi que ce soit.

« Toujours de ma faute avec toi. » Elle ne relève même pas, tant ça lui semble logique. À la place d'une réponse ou d'une excuse, elle lui lance un sourire assez insupportable. Mais bon, Thad a l'habitude, non ? « Ouais, et toi ? Les nausées matinales ça se passe ? » Stop, temps mort. Pause. Elle le dévisage lentement, tentant de se souvenir si, ce soir-là, elle lui a dit ça. Non, la réponse est non, bien sûr. Elle l'avait provoqué, voire ouvertement dragué – on pourrait même dire qu'elle lui a fait du rentre-dedans – ce soir-là, alors non, elle n'allait pas lui sortir ensuite qu'en réalité, elle était enceinte. Enceinte de Perry. Enceinte du demi-frère de sa copine à lui. Putain, quel bordel. Mais alors comment le sait-il ? Poppy. De toute façon, y a pas vraiment d'autres hypothèses. Le silence dure bien trop longtemps pour que Pandore puisse prétexter être à l'aise. Non, elle ne l'est pas, elle se sent soudainement désarmée. Elle baisse même les yeux, un instant. « J'suis pas vraiment atteinte par ça, en fait. » répond-elle pourtant, d'une voix absente. Elle aurait envie d'attaquer par un truc sur le même ton que lui, mais ne trouve pas quoi dire. En fait, elle ne s'y attendait tellement pas qu'elle reste interdite. « En tout cas, je suis bien content d'avoir pu profiter de ton petit cul tant qu'il était encore petit et ferme. » Alors ça, c'est vache ! Elle fronce les sourcils, ses yeux bleus lui lançant des couteaux. Qu'il ne dise pas qu'elle est sexy quand elle est en colère, parce que sinon, elle lui arrachera le visage. « Eh oui, t'as eu de la chance, Hogan ! C'est bien bête, maintenant, tu pourras plus en profiter, donc. » Elle soupire bruyamment, sans cacher son agacement. Finalement, voyant bien que les piques cachées sous les paroles de son ex, différent d'habitude, camouflent autre chose de plus important, elle va droit au but : « Bon, c'est quoi le problème, au juste ? » demande-t-elle sans comprendre, essayant tant bien que mal de croiser ses bras devant elle avec ses articles encombrants.