Quand le passé refait surface - Leanne

Assise sur l'un des sièges du camion de déménagement, Leanne regardait le paysage défilé par la fenêtre. Dans quelques minutes, elle sera de retour à Bowen. Une ville qu'elle avait quittée il y a quelques années. Une ville dans laquelle elle avait passé toute son enfance et une partie de son adolescence. Jusqu'à ses seize ans en résumé. La jeune femme tourna la tête à sa gauche et son regard se posa sur Maëlys, sa fille. Cette dernière s'était endormie quelques minutes avant le départ de Melbourne. La petite n'avait pas bien dormi durant la nuit. L'inquiétude due au déménagement et ses problèmes respiratoires y étaient pour quelque chose en grande partie. Délicatement, Leanne caressa la joue de sa fille du bout des doigts. Au départ, les parents de Leanne n'avaient pas vu d'un très bon oeil que leur fille et leur petite-fille aillent s'installer à Bowen. « Il y a tant de petites villes ici et tu choisis de retourner à Bowen... Pourquoi Leanne ? Ca fera plus de mal qu'autre chose! » A cette question, Leanne s'était contentée d' hausser les épaules et de répondre que c'était sa décision, pas la leur. La jeune femme avait déniché un petit appartement dont le loyer était abordable. Bien que ses parents l'avaient assurée qu'elle pouvait compter sur eux financièrement, Leanne ne voulait dépendre de personne. Elle voulait se débrouiller seule, comme elle l'avait fait depuis six ans. Lorsque le camion s'engagea dans les rues de Bowen, Leanne ne put s'empêcher de stresser un peu. Etait-elle vraiment prête à revenir ici ? Elle n'aurait sans doute pas la réponse à cette question de suite. Au bout de quelques nouvelles minutes interminables, le camion finit par s'arrêter devant un immeuble. Leanne sortit les clés de son sac et les donna au chauffeur. « Appartement 154. Vous pouvez commencer à déposer les cartons à l'entrée. » Le chauffeur hocha la tête et descendit du camion. Jetant un dernier regard à sa fille qui dormait toujours, Leanne sortir à son tour du camion. Il était inutile de la réveiller maintenant, elle dormait si bien... Le chauffeur n'était pas prêt de redémarrer avec tous les paquets à décharger. Alors qu'elle rejoignait le chauffeur à l'arrière du camion pour l'aider à décharger, un jeune homme entra dans son champ de vision pour se planter en face d'elle. Elle se stoppa net. « L...Leanne? » Pourquoi fallait-il qu'elle tombe sur lui dès son arrivée ? Fichu destin. « Jusqu'à preuve du contraire, oui, c'est bien moi Julian. » répondit-elle, la voix posée, sans aucune émotion. Leanne croisa les bras tout en continuant à observer Julian. Il n'avait pas changé physiquement parlé. Toujours le même. « Si on m'avait que la première personne que je croiserai à Bowen lors de mon retour ce serait toi, je ne l'aurais pas cru... »

Rencontrer Julian maintenant n'était pas ce que Leanne avait prévu. Bien sur elle avait prévu de le revoir et de mettre les choses à plat mais pas dès son arrivée. Ici, elle se retrouvait comme prise au piège. Prise au piège du fait qu'une confrontation allait avoir lieu dès son installation. Évidemment, elle avait répété dans sa tête, un nombre incalculable de fois, ce qu'elle allait dire à Julian lorsqu'elle le verrait. Elle n'avait prévu personne de son retour à Bowen. Même lorsqu'elle séjournait à Melbourne, elle n'avait donné de nouvelles à personne. Pas même à Eileen sa cousine. La seule exception fut Sam. Ce fut le seul à qui elle se permit de donner des nouvelles. En observant Julian, Leanne remarqua assez vite la béquille sur la béquille sur laquelle il s'appuyait. Elle arqua un sourcil. Une blessure due au sport sans aucun doute. Déjà du temps de leurs seize ans, Julian ne jurait que par le basket. Il avait d'ailleurs l'ambition d'intégrer une grande équipe universitaire de basket. L'avait-il fait ? Avait-il réalisé son rêve ? Des questions pour lesquelles les réponses importaient peu aux yeux de Leanne actuellement. Elle eut un rictus alors qu'il lui avouait qu'il n'aurait pas cru non plus qu'elle revienne un jour. Surprise se retint-elle de lui lancer en pleine figure. En tout cas, l'effet de surprise était loin d'être rater. Julian ne s'y était pas attendu. Le retour de Leanne était une surprise pour lui. Une mauvaise surprise, la jeune femme en était certaine. Elle lui rendait enfin la pareille. Sa mauvaise surprise à elle s'était déroulée il y a six ans lorsque Julian n'avait rien fait pour empêcher son père de sortir son chéquier. La rancoeur qu'elle éprouvait face à ce manque « d'aide » était toujours présente. Après son départ, Leanne n'avait fait que traiter Julian de lâche. De pauvre lâche incapable d'assumer ses responsabilités. Et encore aujourd'hui, ces mêmes mots revenaient sans cesse. Mais tout cela allait changer. Il est grand temps qu'il assume. Il le devait. Il le devait à Leanne. Montrant le camion de la tête, il lui posa la question fatidique. Oh c'est simple, je suis revenue pour que t'assumes ta fille. » Non, trop direct. Bien que cela ne lui ferait pas de mal d'être un peu bousculé... « Disons que l'air de Bowen est plus respirable et moins pollué que celui de Melbourne... » Ce n'était que la vérité après tout. Bowen n'était qu'une bonne solution pour permettre à Maëlys d'aller mieux. Ses problèmes respiratoires lui avaient suffisamment gâché la vie jusque maintenant. Son dossier médical avait déjà été transmis à l'hôpital de Bowen. Au moindre nouveau problème, les médecins sauraient quoi faire. Cela rassurait déjà Leanne. « Et puis, on tenait à revoir la ville dans laquelle j'ai passé mon enfance. » On. Volontairement utilisé. Dans le simple but de voir une quelconque réaction chez Julian.

Pour l’avoir assez côtoyé, Leanne savait qu’avoir un semblant de conversation avec Julian était quasiment mission impossible lorsque la surprise était de la partie. En temps normal, hors grosse surprise, il aurait agi comme un con, en se foutant royalement de tout. Leanne ne savait pas quelle réaction serait la meilleure. Le Julian surprit avec une conversation impossible à avoir ou le Julian je-m’en-foutiste ? Sincèrement, elle n’avait aucune préférence, les deux seraient tout aussi pire à affronter. Elle n’en lâcherait pas l’affaire pour autant. Elle n’eut aucune réaction en voyant le jeune homme prendre des médicaments. Des antidouleurs sans doute. Elle n’allait pas commencer à le plaindre après tout. « Oui mais ça dépend pour qui. Il arrive parfois que l’air de la campagne finisse par taper sur le cerveau de certaines personnes … » Leanne n’en ajouta pas plus. Il n’y avait pas besoin d’en dire plus de toute manière. Comme conversation, on peut repasser. Cela n’avait aucun sens et Leanne n’avait toujours pas craché le morceau. Elle fut quand même ravie de voir que sa petite phrase décontenança Julian. Ce dernier appela son chien. Leanne pinça les lèvres. Il allait partir. Il allait fuir. Pour ne pas changer. Son emploi du mot « personne » l’énerva au plus haut point. « Oh non, non Julian ! Tu ne vas pas fuir si vite ! Je t’interdis de te défiler une nouvelle fois ! » lui cria-t-elle, furibonde. Le chien aboya une fois, mais Leanne l’ignora. « Aux dernières nouvelles, tu es tout aussi responsable que moi dans ce qu’il s’est passé il y a six ans ! Cette personne, comme tu le dis si bien, je ne l’ai pas faite toute seule. C’est aussi ta … » Leanne s’arrêta de parler en entendant la portière du camion s’ouvrir. « Maman ? On est arrivé ? » Elle abandonne toute trace de colère et se tourna vers sa fille, affichant un sourire. La jeune homme hocha la tête et prit la main de Maëlys dans la sienne. « Oui ma puce. Tu vas voir, l’appartement est sublime ! » Alors qu’elle s’attendait à ce que sa fille file voir l’appartement, cette dernière remarqua Julian et demanda à Leanne de qui s’il s’agissait. Leanne jeta rapidement un regard à Julian. Sa tête était …indéchiffrable. « C’est un vieille connaissance Maëlys. Si tu allais visiter l’appartement maintenant ? Le déménageur s’y trouve déjà. Je t’y rejoins dans quelques minutes … » La petite sourit à son tour, fit un signe de la main à Julian et s’engouffra dans l’immeuble. Leanne s’appuya contre le camion. Elle n’avait pas prévu que Maëlys se réveille alors que Julian était encore là. C’était en partie de sa faute dans un sens. Elle avait crié un peu trop fort. Elle n’avait pu avouer à sa fille que Julian était son père. Pas maintenant, c’était trop tôt pour Maëlys. Il fallait d’abord qu’elle s’habitue à Bowen. Mais il n’était pas trop tôt pour le cas de Julian par contre. « Ben voilà Julian. Tu as fini par rencontre cette personne … En coup de vent, mais c’est mieux que rien. »

La colère s’était emparée d’elle. Comment aurait-elle pu réagir autrement face à ce que Julian disait ? Il ne tenait pas à rencontrer Maëlys. Comme si c’était étonnant. Ce qui avait dégouté Leanne, c’était le ton avec lequel il avait prononcé le mot « personne ». Rien qu’au son de sa voix, ça voulait tout dire. Ca signifiait qu’il n’en avait rien à foutre. Elle avait beau l’avoir remis à sa place, Julian arrivait toujours à sortir la phrase qui ne fallait pas. Conclusion, la jeune femme s’était énervée, avait commencé à crier à pleins poumons. Jamais Julian n’a baissé la tête durant ses remontrances. Des remontrances qui furent coupées par Maëlys. Leanne n’avait pas prévu qu’elle se réveille aussitôt et surtout, maintenant. Sa fille lui avait demandé qui était le jeune homme et Leanne n’avait pas eu le courage de dire la vérité à sa fille. Elle voulait que ça se passe autrement. Elle voulait que Maëlys rencontre son père lorsque celui-ci se sera décidé à le reconnaitre, à faire sa connaissance. Une fois la petite partie voir l’appartement, Leanne s’était retournée vers Julian. Toujours appuyée contre le camion, elle le scrutait du regard. Son visage avait viré au blanc. Elle avait une nouvelle fois surpris Julian. Ca allait devenir une habitude … Julian lui répondit alors méchamment comme elle s’y était attendue. « Je sais que tu n’as pas demandé à la voir. Tu ne veux pas la voir, c’est bien ça le problème. » lui répondit-elle tout en gardant un semblant de calme. Un calme qui partit rapidement lorsqu’il sous-entendit qu’elle était revenue pour avoir de l’argent. Du fric … Comme si l’argent pouvait tout réparer, comme si l’argent était une réponse à chaque problème. Là, il ressemblait vraiment à son père. Aussi salaud que lui. Aussi cruel. Aussi prêt à sortir le chéquier au moindre problème. Les hommes sont-ils tous donc pareils ? Il fallait le croire. Du moins pour les hommes de la famille Callaway. Julian continua sur sa lancée, comme insensible au flot de paroles qu’il disait. Qu’est-ce qu’elle attendait de lui ? Comme s’il ne le savait pas. Quel con, mais quel con. Fuillard, dégonflé, c’était exactement ça, elle n’aurait pas trouvé mieux comme qualificatif. « C’est bon ?! T’as fini Julian ? » lui demanda-t-elle tout en se détachant du camion et en s’approchant de lui de sorte qu’elle se retrouva qu’à quelques centimètres de son ex. Leanne leva la main et abattit celle-ci sur la joue du jeune homme sans ménagement. Celle-là, il l’avait mérité. La claque passée, la jeune femme explosa. « Comment oses-tu ? ! Comment oses-tu me proposer de l’argent Julian ? » lui cracha-t-elle au visage tout en le poussant avec ses mains. « Tu me prends pour qui hein ? Tu penses que je vais accepter, comme mes parents l’ont fait, de l’argent pour que je disparaisse ou je me taise ? Mais tu te trompes là ! » Les larmes lui venaient aux yeux. Elle les détestait déjà. Elle allait passer pour une faible alors elle tentait tant bien que mal de les retenir. « Ce n’est pas que tu ne peux pas, c’est que tu ne veux pas, nuance. Mais t’as raison sur un point : t’es un dégonflé. Même pire. T’es qu’un salaud. Un véritable salaud qui préfère vivre dans son petit confort, faire plaisir à papa et qui préfère occulter la moindre petit part d’ombre de sa vie. » Aveuglée par la colère, Leanne lui foutu une deuxième baffe. Ce n’était pas elle ça. Elle n’était pas le genre de femme à mettre des baffes, non ce n’était pas elle. Leanne ne se reconnaissait plus. « Tu ne sais pas ce qu’il y a de mieux pour elle Julian, tu ne la connais pas. Même moi, je ne sais pas vraiment ce qu’il y a de mieux pour elle alors que je l’aie mise au monde et que je l’élève depuis six ans. » Leanne soupira longuement afin de se calmer. Sa main lui faisait légèrement mal, signe qu’elle était loin d’avoir de la force. « Maëlys aura besoin d’un père tôt ou tard. Mais comme t’as l’air bien décidé à l’ignorer, je vais passer une petite annonce sur internet …Jeune femme recherche un père pour sa fille de six ans. Je suis certaine que ça fera un buzz pas possible … » Bien entendu, Leanne ne ferait jamais une chose pareille.

Peut-être n’aurait-elle pas dû revenir à Bowen. C’est vrai ça. Leanne aurait pu choisir d’emménager dans une autre petite ville. A l’opposé de Bowen. Elle n’aurait jamais eu à revoir Julian, elle n’aurait jamais eu à affronter Eileen et toutes les autres personnes qu’elle avait lâchement abandonnées en ne leur donnant plus de nouvelles durant six années. Six longues années. Ce qu’elle avait regrettait le plus durant ces six années, c’était Eileen. La présence d’Eileen à ses côtés. Oui, elle aurait pu lui téléphoner, lui envoyer un email mais Leanne n’avait pu le faire. Elle était restée bloquée. Bloquée, incapable de faire quoi que ce soit. Elle qui était pourtant impulsive sur les bords, elle n’avait pu bouger le moindre petit doigt elle n’avait pas pu composer le numéro de sa cousine. Quant à donner des nouvelles à Julian, ce fut au- dessus de ses forces. Après tout, elle avait su à quoi s’en tenir avec lui lorsque son père avait proposé l’argent. « La décence de te prévenir ? Mais tu n’aurais jamais décroché ton portable si je t’avais appelé ! Ça aurait peut-être été différent ? J’en doute fortement. Ça n’aurait rien changé. » Leanne était totalement sure d’elle en disant ça. Ses propos étaient véridiques pour elle.  Pourquoi l’aurait-elle prévenu de son retour ? Il s’en serait totalement fichu. Tout ce que Julian trouvait à faire pour l’instant, c’était d’envoyer des horreurs à la tête de Leanne. Des horreurs qu’elle s’efforçait d’encaisser tant bien que mal. Au fond d’elle, ça la faisait atrocement souffrir. La proposition d’argent de Julian l’avait ramenée, durant quelques secondes, six ans en arrière.  Le jeune homme s’était comporté comme son père, comme un Callaway. Leanne leva les yeux au ciel à force d’entendre le baratin de son ex. Il ne s’opposait pas à ce qu’elle dise à tout Bowen que Maëlys était sa fille ? Première nouvelle. Une farce oui. Des deux familles, c’était surtout celle de Julian qui avait voulu tenir cette grossesse secrète. Les parents de Leanne, eux, n’avaient eu d’yeux que pour l’argent. Une somme convenable et inespérée dans leur vie si … misérable, si pauvre ? Ils n’avaient pas pensé une seule seconde à Leanne et ça, elle leur reprocherait toute sa vie. Ils n’avaient pas souvent vu leur petite fille à Melbourne. Leanne n’avait pas tenu à ce que sa fille voie ses grands-parents. Par pur rancune ? Par égoïsme ? Un peu des deux. « Je ne vois pas le mal partout Julian, loin de là. Mais je te corrige. Tu dis que ce sont nos deux familles qui ont voulu préserver le secret … Mais t’étais où quand ton père a sorti son chéquier hein ? T’étais où Julian quand mes parents n’ont pas voulu m’écouter et ont accepté ? T’étais où dis-moi ? Tu ne voulais pas tenir ma grossesse secrète ? Pourquoi t’as rien fait alors ? Pourquoi tu t’es effacé face à ton père ? Je peux le dire à tout le monde ? Crier sous tous les toits que t’as une fille ? Mais réfléchis deux minutes ! Si je commence à faire ça, ton père va me tomber dessus en moins de deux. Et tu ne feras rien, encore une fois … » Leanne allait lui donner une nouvelle baffe mais Julian intercepta sa main. Bien défoulée ? Non, pas encore assez à son gout. Elle ne lui répondit rien mais serra le poing, sa main venant d’être libérée, lorsque Julian lui lança une nouvelle pique.  « Je sais ce qu’il y a de mieux pour ma fille. C’est juste que… c’est compliqué. Tu ne peux pas comprendre. Tu ne pourras jamais de toute manière. »  Et au final, comme elle l’avait pressenti, Julian prouva qu’il s’en fichait pas mal. Qu’il se moquait encore et toujours de tout. Comme d’habitude. Comme il y a six ans. Les gens ne changent pas. Jamais. « Un jour, elle voudra savoir. Elle voudra savoir pourquoi tu n’as pas voulu d’elle, pourquoi tu n’as voulu la connaitre. Un jour, tu devras lui donner des réponses Julian. Tu feras quoi hein ? Tu lui briseras le cœur en lui disant ce que tu viens de me dire ? Tu lui diras que tu ne voulais rien savoir d’elle ? Tu briserais le cœur d’un enfant, ton enfant ? »

Oui Leanne n’en sait rien, elle ne sait rien. Comme Julian le disait, elle n’est pas dans sa tête. Elle ne peut savoir à quoi il pense, à ce qu’il pensait. Toutes les questions que la jeune femme s’était posées durant un certain temps, toutes les questions qu’elle venait de formuler à voix haute, Julian leur trouva toujours une réponse, une excuse, une explication, peu importe. « Ben voyons. A croire que seules les filles sont capables d’assumer pareilles choses. » Elle aussi avait eu seize ans. Elle n’avait pas su se défiler, elle avait choisi d’assumer sans vraiment être sure de s’en sentir capable. Peur ? Bien sûr qu’elle avait eu peur. C’était normal, la chose était normale. Devant la promesse de Julian, cette promesse qui disait qu’il s’était opposé à son père, qu’il n’était pas au courant que son père allait offrir de l’argent, Leanne resta surprise. Jamais elle n’aurait pu croire ça. Quand bien même elle aurait répondu à ses appels, elle ne l’aurait pas cru sur le moment. La chose était difficile à imaginer sur le coup. « Evidement que je n’ai jamais répondu à tes appels et tes messages, je pensais que tu n’avais rien fait pour empêcher ça Julian ! Alors oué, t’es peut-être pas le méchant, mais c’est pas pour autant que tu es tout blanc dans cette histoire. » Leanne passa ses mains sur son visage et soupira une nouvelle fois. La jeune femme avait bien du mal à croire les paroles de son ex. Une partie d’elle lui disait qu’il ne mentait pas, que c’était la vérité. Mais l’autre partie, lui disait le contraire. Leanne était rancunière, elle le savait. Elle l’était d’ailleurs trop. « Entre toi et moi alors ? Ok, on verra bien dans ce cas. De toute manière, ton père, je l’attends au tournant. Je suis loin d’être comme mes parents. » Il était hors de question qu’elle accepte la moindre chose venant de monsieur Calloway, même de l’argent. Et si Julian respectait sa parole, Leanne se sera pas embêtée avec ça. La jeune femme ne prit même pas la peine de réagir au sourire hautain que son ex afficha. De toute façon, son stupide sourire disparut très vite pour laisser place à une nouvelle salve de paroles. Elle remarqua sans peine qu’il s’était approché d’elle en parlant, soutenant son regard. Un regard qu’elle ne lâcha pas non plus. « T’as intérêt Julian. Je ne te laisserai jamais lui faire du mal. Jamais. Du temps, tu en auras vu que je m’installe ici. » Il lâcha son poignet et Leanne s’éloigna pour se retrouva à l’entrée de l’immeuble. « Pour te répondre, oui. Oui, j’ai eu ce que je voulais. Maintenant, à toi de respecter ta promesse comme tu viens de me le jurer. Tout est entre tes mains maintenant Julian. » Sans lui adresser le moindre signe, sans lui dire le moindre au revoir, Leanne se retourna et s’enfonça dans l’immeuble pour rejoindre Maëlys. La discussion était close, elle n’avait plus envie de parler à son ex.