Panda & Robin + Even the sun sets in paradise

the sun sets in paradise
robin with pandore

Encore une soirée. Comme les autres, comme toutes celles connues il y a de ça des années. Si l'on croit à son jeu de comédie qui nous démontrerait qu'elle en prend du plaisir, c'est bien différent à l'intérieur. La française ne voit aucun attrait à ses endroits où grouillent ces gens tout aussi perdus qu'elle. Mais c'est pour ça qu'elle vient là, qu'ils viennent là. Pour se perdre, encore plus. Au milieu de la foule, se perdre au fond d'eux-même. Et c'est exactement ce dont elle a besoin : s'égarer, quelque part sur un chemin hors des sentiers battus. Dans un hors piste entre ses rêves déchus et ses espoirs piétinés. Quelque part où elle retrouvera peut-être la dignité qu'elle a laissé s'échapper en tombant si bas, à genoux. Au bout de quelques heures où l'alcool a coulé, où les danses se sont échauffées, où les corps frôlés ont demandé plus encore, elle s'est esquivée vers la sortie. Prendre l'air. Aérer son cerveau engourdi, dérouiller ses fonctions cérébrales pour réaliser, peut-être, qu'elle n'est qu'une idiote à parer les coups ainsi. Elle soupire profondément. Elle sort une clope, l'allume, et la fume. Comme on l'a fumée elle, comme on a aspiré toute la sève vitale qui s'écoulait pourtant, fut un temps, si joyeusement en la française. C'est là qu'elle le voit. D'abord de loin, elle doute que c'est lui. Peut-être qu'un fantôme, une chimère, une illusion de son subconscient, qui se souvient des rencontres malsaines qu'elle avait pu faire pendant de mauvaises périodes. Et puis de plus près. Elle n'a toujours pas bougé. Figée, elle contemple sa chimère comme si elle n'existait pas. Cet homme, qu'elle a connu autrefois, et qu'elle a perdu au fil du temps lorsque l'amour lui est tombé dessus comme un coup de matraque. Puis, il la bouscule, très légèrement. Sauf qu'un fantôme ne vous bouscule pas. Pandore tressaille. Son esprit, légèrement embrumé, peine à différencier le vrai du faux. Elle se retourne, mais il s'en va. Non, il revient sur ses pas, pour planter son regard ténébreux dans le sien, si clair, si bleu, si éteint pourtant. « Pandore ? » Donc c'est bien lui. Elle le dévisage, semblant à la fois perdue et froide. Pourtant, l'instant d'après, c'est un prémisse de sourire qui s'affiche sur ses lèvres rosées. Elle fait un pas vers lui, s'arrête, et croise les bras sur sa poitrine. Elle penche un peu la tête sur le côté. « Oui, c'est bien moi, Robin. » fait-elle d'une voix légèrement mutine, comme si ses anciens réflexes comportementaux avec lui refaisaient surface directement. Comme un instinct. En fait, ce n'est pas si compliqué que ça. Elle fronce les sourcils. Et rajoute alors, comme une pensée intérieure à voix haute : « Je ne pensais pas te revoir un jour. » Au fond, ça doit bien faire plus d'un an. Avant l'histoire d'Emrys. Avant le bébé. L'avortement. La rupture. Avec le retour à l'ombre.