| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| Le théâtre est l’accomplissement qui vient dans l’inaccompli. (ronald) | |
| | Auteur | Message |
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Invité | Sujet: Le théâtre est l’accomplissement qui vient dans l’inaccompli. (ronald) Mer 29 Jan 2014 - 21:17 | |
| Je regardais ma montre et ouvre de grands yeux. J'étais en retard, encore une fois. J'ignorais comment je m'y prenais mais ces derniers temps, je parvenais difficilement à gérer mon emploi du temps. La durée des minutes devait s'être raccourcie et sans que personne n'aie pris la peine de me prévenir, il n'y avait pas d'autre explication. Avalant ma dernière gorgée de café en vitesse, je jetai mon gobelet à la poubelle avant de mettre mon sac sur mon épaule. Commença alors un sprint sans précédent au travers les couloirs bondés de la fac. Éviter de percuter les étudiants sans trébucher sur mes talons hauts était digne d'une épreuve des Jeux Olympiques. Je venais de faire son sport hebdomadaire et j'étais hors de question que mes copines me traînent de force à la salle de gym du coin. M'arrêtant quelques secondes pour reprendre mon souffle et éviter de m'arrêter entre chaque mot quand je m'adresserais à mon professeur, je remis mes boucles blondes en place avant de rejoindre l'endroit où Ronald m'attendait déjà. « Monsieur le professeur», le saluai-je, un sourire amusé au coin des lèvres. « Désolée pour le retard... J'ai un sérieux problème avec l'heure en ce moment. J'espère que tu n'attends pas depuis trop longtemps, au moins. » Je grimaçai un peu avant de lui sourire à nouveau. Ronald était en grande partie responsable de ma spectaculaire métamorphose au cours des derniers mois. C'était grâce à ses cours de théâtre que j'avais laissé de côté ma timidité pour devenir une jeune femme beaucoup plus ouverte sur le monde qui l'entoure et surtout beaucoup plus sociable. Grâce à lui, j'avais également découvert que j'étais beaucoup plus forte que je le pensais et je lui en étais reconnaissante. À vrai dire, je le considérais plus comme un pote que comme mon prof de théâtre. C'était peut-être à cause de notre faible différence d'âge... Ou peut-être parce qu'il était sympathique, séduisant et suffisamment mystérieux pour attiser l'intérêt. Je devais avouer qu'il m'intriguait un peu. Je ne savais pas grand chose sur lui mais le peu que je savais me donner envie d'apprendre à mieux le connaître. Après tout, il avait réussi à m'aider alors que je pensais être dans une impasse... Sans lui, je serais encore dans mon lit à pleurer la fin tragique de mon mariage avec Casey. « Ça va ? » Oui, je sais. Ce n'était généralement pas comme cela que l'on commençait un cours mais je pouvais bien prendre ses nouvelles avant d'entrer dans le vif du sujet, non ? |
| | | Invité | Sujet: Re: Le théâtre est l’accomplissement qui vient dans l’inaccompli. (ronald) Jeu 30 Jan 2014 - 18:17 | |
| emily et ronald au fond, nous sommes tous la marionnette de quelque chose. J'arrive au bout du couloir, un peu essoufflé. J'avoue, moi aussi j'avais un peu de retard. Mais faut dire que sans montre, c'est pas facile d'être à l'heure. La mienne s'est arrêtée de fonctionner il y a... au moins deux ans. À chaque fois que je passe devant l'horloger pourtant, j'me dis qu'il faudrait que je m'arrête, mais j'ai jamais le temps. C'est paradoxal. N'pas avoir le temps de faire réparer ce qui me permet de suivre le temps. Enfin bref, tout ça pour dire que depuis deux ans, j'ai une montre au poignet qui indique midi onze. Ou minuit onze, j'aime bien cette heure parce qu'on sait jamais trop en fait. Mais là, j'ai rendez-vous à treize heures, et heureusement, malgré qu'il soit sûrement presque cinq, elle n'est toujours pas là. Qui est-ce que j'attends ? Elle s'appelle Emily. J'l'aime bien, j'ai tout de suite vu qu'elle et moi, on allait bien s'entendre. J'devrais pas penser comme ça, mais faut avouer qu'un tiers de mes élèves sont plus âgés que moi, une autre tiers a en-dessous de dix-huit ans, et l'autre tiers a mon âge. Du coup, forcément, sympathiser avec une femme de 46 ans, ça fait prétentieux et avec une gamine de douze ans, ça fait pédophile. Me reste les gens de mon âge. Vous m'suivez ? Ah, la voilà qui arrive. J'la regarde comme un débile, comme un type qui voit une étoile filante en plein jour. Bah quoi ? C'est vrai qu'elle est jolie, quand même. Que j'me perds parfois un peu trop dans ses yeux océans, et que j'aimerais bien savoir à quel point sa chevelure dorée est soyeuse. Bref, bref, bref. « Monsieur le professeur. » Voilà un truc auquel je m'habituerai jamais. Voyez-vous, être prof de théâtre, c'est pas comme être prof de maths. J'ai pas dû passer une thèse et aller faire un bac plus je-sais-pas-combien pour devenir chercheur affilié à une faculté qui donnera en supplément des X cours par moi. Moi, j'fais ça surtout par passion. Ben ouais, la comédie, c'est aussi une passion. « Désolée pour le retard... J'ai un sérieux problème avec l'heure en ce moment. J'espère que tu n'attends pas depuis trop longtemps, au moins. » Y a un contraste entre son « monsieur » et le « tu », mais ça ne me gêne pas. C'est toujours comme ça. On commence par « monsieur le professeur » et ça finit en « mon cher Ron ». L'habitude. Et puis, j'suis pas là pour frapper sur les doigts de mes élèves avec une règle en fer. Je regarde mon heure, et hilare, la lui montre. « Ne t'en fais pas, de toute façon pour moi, il est midi onze, donc on est tous les deux en avance ! » Toujours tout prendre du bon côté, n'jamais faillir, ne jamais lâcher, toujours voir le soleil derrière l'orage. C'est comme ça que j'ai appris à vivre. Souvent, les gens ne soupçonnent même pas ma maladie. D'un signe de tête, je lui fais signe de me suivre, un peu maladroit, comme toujours quand je suis avec elle. C'est plus fort que moi, dès qu'une fille me plait, je deviens aussi habile qu'un manche à balais. « Ça va ? » Elle a le don d'avoir une voix sorti d'un roman de Guillaume Musso. Je tourne la tête vers elle sans cesser de marcher. « Toujours ! Et toi ? » J'ouvre une porte et lui fais signe d'entrer, en bon gentleman que je suis. Parait qu'on entend toujours mon accent english quand je parle. Moi je l'ai jamais remarqué, cet accent britannique, mais il parait. Nous voilà dans la salle où je donne mes cours. Quand y a vraiment trop de monde, on passe dans le gymnase, c'est plus pratique. Mais Emily, je la vois seule. C'est pas une fille qui veut devenir actrice en herbe, elle a juste besoin d'un coup de pouce pour vaincre sa timidité. Pour être plus forte que son soi intérieur – ouais, on m'a toujours dit que j'aurais pu devenir prof de philo aussi, mais il me manquait le regard flou et la barbe blanche. Je passe une main dans la tignasse qui me sert de cheveux, et me tourne vers elle, avec un sourire enjoué agrafé aux lèvres. « Bon alors, t'es en forme ? J'espère, parce que je t'ai prévu un truc spécial aujourd'hui ! Et va falloir improviser. » J'lui fais un clin d'oeil discret, avant d'observer les alentours. Sans trop réfléchir, j'regarde ma montre, comme un réflexe. Mais avec elle, le temps rame un peu, j'dirais même qu'il s'arrête presque si je n'voulais pas qu'on me dise que j'raconte des idioties de poète. Bah non, c'est la vérité. Il est toujours midi onze. Code by Silver Lungs - Spoiler:
désolée j'étais inspirée.
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| | | Invité | Sujet: Re: Le théâtre est l’accomplissement qui vient dans l’inaccompli. (ronald) Ven 31 Jan 2014 - 14:34 | |
| emily et ronald au fond, nous sommes tous la marionnette de quelque chose. Je fronçais les sourcils en l'entendant dire qu'il était midi onze. La dernière fois que j'avais regardé l'heure - soit trois ou quatre minutes plus tôt, il était treize heures passées. Puis je remarquais bien vite que sa montre était arrêtée et qu'elle indiquait effectivement midi onze. C'était une bonne heure, une heure qui tombait pile au milieu de la journée. Et j'aimais bien le chiffre onze. « Pratique.» Je lui offris un sourire amusé, mon regard rencontrant le sien. De tous mes profs, c'était de loin le plus sexy. Faut dire la moyenne d'âges du corps enseignant de la fac de psychologie tournait autour des cinquante ans... Ce n'était pas si vieux, certes, mais à choisir, je préférais tout de même les beaux et séduisants jeunes hommes comme Ronald aux vieux psychologues grisonnants et binoclards. « Comment tu fais pour être à l'heure à tes rendez-vous ? C'est pas un peu perturbant, de ne pas savoir l'heure qu'il est ?» Salut, moi c'est Emily et je suis aussi curieuse qu'une gamine de huit ans. Je posais toujours des questions. Souvent idiotes et dénuées de sens. Mais je n'y pouvais rien, c'était plus fort que moi. Je dois avouer que j'étais le genre de fille stressée pour tout. Je regardais l'heure en permanence, d'une façon totalement machinale. J'aurais été incapable de vivre sans montre. Enfin, en l’occurrence, il avait une montre... qui ne donnait pas l'heure. Ce qui n'avait pas grand intérêt mais venant de Ronald, je trouvais cela mignon. Il était atypique, vous voyez ? Le genre de garçon qu'on ne croise pas tous les jours mais qu'on est content d'avoir rencontré. Bowen manquait vraiment de personne comme lui. Tout en le suivant jusqu'à la salle où nous avions l'habitude de nous voir, je répondis à sa question. Oui, j'allais bien. J'étais de bonne humeur et prête à me surpasser une fois de plus en donnant le meilleur de moi-même pendant ses exercices. Je n'avais eu la prétention - ni même l'envie d'ailleurs - d'être actrice mais ces cours m'aidaient considérablement à m'accepter, à apprendre qui j'étais vraiment et à m'ouvrir aux autres. Je n'aurais jamais pensé que le théâtre ait autant de pouvoirs, mais c'était le cas. À moins que ce ne soit Ronald le vrai magicien dans l'histoire ? « Toujours quand je te vois ! », m’exclamais-je en levant les yeux vers lui, une pointe de malice dans le regard. Ce n'était pas du fayotage, juste une réalité. J'étais toujours contente à l'idée d'avoir un cours avec Ron. Il était beaucoup moins barbant que les vieux schnocks qui passaient trois heures à nous expliquer d'une voix monocorde le fonctionnement du cerveau humain. Enfin bref. Je me mis à rire en le voyant à nouveau regarder sa montre. Il devait avoir l'impression que le temps s'éternisait étant donné que les aiguilles ne bougeaient pas d'un pouce... « Si tu comptes sur ta montre pour savoir quand le cours se termine, j'ai bien peur qu'on reste ensemble un bon moment... » Voire même pour toujours, puisqu'il serait midi onze jusqu'à ce qu'il se décide à remettre une pile neuve. Cela dit, la perspective de passer du temps avec lui ne me dérangeait pas vraiment. Il était gentil, je l'aimais bien et puis il m'aidait à devenir une toute nouvelle version de moi-même alors... Mon visage se décomposa littéralement lorsqu'il me demanda, sourire aux lèvres, si j'étais en forme avant d'enchaîner avec un mot que je détestais par-dessus tout : improviser. Oui, j'avais évolué depuis quelques temps et j'étais nettement moins timide. Mais ce n'est pas pour autant que je m'étais débarrassée de tous mes problèmes et j'espérais que l'exercice ne me demanderait pas un trop gros effort. « Je déteste quand tu dis ce genre de trucs... C'est flippant. » Malgré tout, mon sourire revint en vitesse et je me contentais d'un haussement d'épaule, comme si cela ne me dérangeait pas. Je ne voulais pas qu'il pense que j'étais une chochotte. Je n'allais pas me dégonfler, quoi qu'il me demande. J'étais là pour tirer un trait sur les interdits. « J'ai pas le choix de toute façon hein ? Tant que tu ne me demandes pas de me dénuder, ça devrait aller ! » Oui, j'étais aussi comique à mes heures perdues. Je cherchais à détendre l'atmosphère. Non, en fait, je cherchais à me détendre moi parce que le simple fait de penser qu'il avait prévu un "truc spécial" me paniquait. Passant une main dans mes cheveux pour essayer de garder le contrôle, je lui adressais finalement un sourire. « Alors, dis-moi tout. Qu'est-ce que je dois faire ? » Code by Silver Lungs - Spoiler:
Mais t'excuses pas pour ça, voyons ! C'est plutôt bon signe
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| | | Invité | Sujet: Re: Le théâtre est l’accomplissement qui vient dans l’inaccompli. (ronald) Ven 31 Jan 2014 - 16:39 | |
| emily et ronald au fond, nous sommes tous la marionnette de quelque chose. « Comment tu fais pour être à l'heure à tes rendez-vous ? C'est pas un peu perturbant, de ne pas savoir l'heure qu'il est ? » Je me penche vers elle, sans l'avoir quittée des yeux. Histoire de renforcer la prochaine phrase pseudo-phylosophique stupide que je vais balancer dans environ trois secondes. « C'est excitant de ne pas savoir l'heure qu'il est. Ça me rend plus libre. » En réalité, c'est mon portable dans ma poche qui me donne l'heure exacte quand j'ai besoin de la savoir, sinon je serai mal en point. Je l'invite donc à me suivre. Faut dire qu'avec Emily, tout est simple, elle aurait pu être ma meilleure pote. Elle n'a qu'un an de moins que moi, donc le rapprochement est encore plus facile. Et les limites, plus floues. « Toujours quand je te vois ! » C'est mignon. Bah c'est vrai, quoi ! J'dis pas ça ironiquement, moi ce genre de confidences, ça me touche. Bah ouais, j'suis un mec sensible, au fond. Derrière cette carapace de type nonchalant qui passe ses journées à rire et à manger des m&m's. En guise de réponse et de remerciement, je lui offre un grand sourire, quand nous arrivons à la salle. « Si tu comptes sur ta montre pour savoir quand le cours se termine, j'ai bien peur qu'on reste ensemble un bon moment... » Je me tourne vers elle et l'observe quelques secondes avec un air pensif et concentré. Puis, je m'approche d'elle lentement, comme un prédateur s'avançant vers sa proie. « Tu ne me supporterai pas, si on passait des heures et des heures ensemble. » lancé-je comme un défi. Elle semble un peu angoissée à mon idée, mais je fais mine de ne pas y prêter attention, pour ne pas accentuer le truc. J'veux pas la voir stresser, j'veux juste la mettre un peu sur la sellette, la pousser un peu dans des retranchements qu'elle ne soupçonne peut-être pas. « J'ai pas le choix de toute façon hein ? Tant que tu ne me demandes pas de me dénuder, ça devrait aller ! » Je secoue la tête. En effet, elle n'a pas les choix. Je ne contrôle pas vraiment le moment qui suit où je m'entends lui répliquer que « Ça n'serait pas pour me déplaire, mais promis, ça n'est pas ça. » Tu viens d'dire quoi là, Ron ? Bordel, mais t'es vraiment un idiot quand tu t'y mets. Elle va croire quoi de toi, maintenant, hein ? Que t'es qu'un sale pervers, qui se tape ses élèves en cours particulier ! Mais c'est pas vrai ! Moi, j'ai juste dit la vérité, au fond. J'lui ai juste dit en sous-entendu masculin que j'la trouvais jolie, qu'elle me plaisait. Bon ok, j'sais pas vraiment si c'était une bonne idée. Vite, vite, on passe. Justement, elle me demande ce qu'elle doit faire, hallelujah, je la bénis. Je croise les bras et fais quelques pas en arrière. « Ça va être très simple, je vais te demander de mettre en scène plusieurs sentiments. Mais ça sera improvisé, parce que je les préciserai au fur et à mesure, et à toi d'être convaincante. Fais ça en dialogue, comme si tu me parlais, et dans tes mots, je veux ressentir l'émotion que je viendrai de te dire, d'accord ? Mais fais attention, ça changera très vite. Parfois, je rentrerai un peu dans ton jeu pour que tu ailles plus loin dans l'approfondissement, et parfois je te demanderai directement de passer à un autre état d'âme. Tu as le droit de me parler, de me toucher, de me pousser, 'fin c'que tu veux tant que ça t'aide à être encore plus convaincante. Prête ? » J'attends quelques secondes à peine, histoire de voir si elle a compris, en gros, mon idée. Je joue avec mes doigts, avant de me reculer encore pour lui laisser une marge de manoeuvre entre nous, vu que je vais aussi faire partie de sa comédie. J'vais moi aussi improviser mes réponses, et les épreuves suivantes. J'échange un dernier sourire avec elle, avant que mon regard ne se plonge au fond du sien, et que ma voix tonne, d'une seule note : « Colère. » On va commencer avec les principaux, et on verra les nuances après. J'espère juste qu'elle ne va pas me coller une baffe pour illustrer ses mots. Code by Silver Lungs |
| | | Invité | Sujet: Re: Le théâtre est l’accomplissement qui vient dans l’inaccompli. (ronald) Ven 31 Jan 2014 - 19:58 | |
| emily et ronald au fond, nous sommes tous la marionnette de quelque chose. Lorsqu'il s'approcha lentement de moi pour m'assurer que je ne le supporterais pas si nous passions des heures ensemble, je fis un pas en arrière sans pour autant le quitter du regard. Ce n'était pas qu'il me faisait peur, c'était plutôt que je n'étais pas habituée à ce qu'un garçon s'approche si près de moi. Hormis Casey (et encore, étant donné que nous avions fait chambre à part et renoncé à tout contact pendant de longs mois). Mais cela n'était pas pour me déplaire. Gardant mon regard planté dans le sien, je me mis à sourire. « Je suis sûre que c'est toi qui ne me supporterais pas.» Honnêtement, je ne pensais pas vraiment lui plaire. Il était prof de théâtre, après tout. Il passait son temps à jouer la comédie, à camoufler ses sentiments, à s'inventer des personnages... Il y avait fort à parier qu'il s'amusait avec moi, juste pour me taquiner un peu - et me pousser dans ses retranchements. Entrer dans son jeu était comme un exercice de plus. Pourtant, la remarque qu’il fit sur le fait de me voir dénudée me désarçonna un peu et je ne répondis rien, me contentant de le fixer pour chercher à savoir s'il était sérieux ou non. Je savais bien que depuis que j'avais changé de look - merci les copines qui m'avaient appris à m'habiller comme une vraie fille et à mettre mes fringues de garçon manqué de côté, les garçons me regardaient un peu plus qu'avant. Mais de là à me faire craquer mon prof de théâtre... Il m'expliqua finalement en quoi consistait l'exercice et je pris des airs de gamine boudeuse malgré moi. « Finalement, je crois que j'aurais encore préféré me mettre nue !» Je lui souris pour montrer que je n'étais pas sérieuse avant de prendre une profonde inspiration pour me concentrer. Cette exercice était d'une telle complexité quand on était comme moi... J'avais toujours enfoui mes sentiments sans jamais les montrer. Et là, il me demandait de me mettre à nue (enfin, c'était une image) et de me livrer sans aucune gêne ni aucune honte. J'ignorais si je pourrais y arriver. Mais j'allais essayer, faire de mon mieux pour y parvenir. Je n'étais pas du genre à abandonner au premier obstacle. « Ok, c'est bon. Je suis prête. » Son sourire me donna du courage. Je savais qu'il n'allait pas se foutre de moi ou me juger. Je savais que j'avais le droit d'être ridicule devant lui et que tout ce qu'il cherchait à faire, c'était m'aider. Je n'avais pas à avoir peur. Je devais me lâcher, donner tout ce que je pouvais et suivre ses indications. Colère. Je n'eus pas à chercher très loin pour m'énerver réellement. L'image de mon alcoolique de mère s'imposa à moi presque malgré moi et mes traits se durcirent presque instantanément. Son souvenir me foutait en rogne. Non, pour être exacte, tout ce qui se rapprochait de près ou de loin aux quinze premières années de ma vie me mettait en colère. Poings et mâchoire serrés, je me remémorais tous ces mots que ma mère répétait à longueur de journée. Elle était persuadée que j'étais incapable de devenir quelqu'un. Que ma vie serait aussi pathétique que la sienne, que je n'avais aucun avenir. Je comptais bien lui prouver le contraire. Réellement hors de moi mais incapable de parler tant l'émotion me submergeait, je m'approchais de mon professeur de théâtre avec détermination et le poussa le plus fort possible - fort heureusement, il ne bougea presque pas. Je m'en serais voulu de lui faire perdre l'équilibre. J'étais presque sûre que mon visage transpirait la rage et que mon regard s'était assombri. J'ignorais si je faisais bien. J'ignorais si penser à des choses qui m'inspiraient les émotions qu'il voulait que je joue me mettait sur la bonne voie ou non. Mais pour le moment, je n'avais pas envie de parler. J'étais encore un peu trop timide, j'avais encore un peu trop peur du ridicule. Cela viendrait sans doute au fur et à mesure de l'exercice. J'espérais que cela lui conviendrait et qu'il changerait vite d'émotion. Code by Silver Lungs |
| | | Invité | Sujet: Re: Le théâtre est l’accomplissement qui vient dans l’inaccompli. (ronald) Mer 5 Fév 2014 - 19:40 | |
| emily et ronald au fond, nous sommes tous la marionnette de quelque chose. « Je suis sûre que c'est toi qui ne me supporterais pas. » Je hausse un sourcil, vraiment peu convaincu. Pour moi, y a pas photo quoi. Je croise les bras, têtu comme un mulet. « On peut prendre les paris, si tu veux. » Ah bah oui, pour le coup, je suis vraiment sûr de mon coup ! Je peux vite devenir insupportable. Y a déjà tellement de gens qui ne supportent pas mon côté d'idiot souriant et blagueur... Mais j'suis comme ça, j'y peux rien, moi. « Ok, c'est bon. Je suis prête. » Alors on commence. Faut bien faire ce qu'on est venu faire ici : du théâtre. De la comédie. Se mettre de côté et devenir un autre. Jeter notre veste au sol et en poser une autre sur nos épaules. Mais moi, Ronnie, c'est une autre que je veux observer, mais moi je reste moi. Enfin, le suis-je vraiment à un moment, au final ? Bon, mettons de côté les questions. La colère. Premier sentiment. Un des plus simples à ressentir et des plus difficiles à contenir pourtant. Celui, contradictoire, qu'on peut transformer en force sublimatrice ou destructrice. Celle qui peut vous sortir la tête de l'eau, ou vous noyer. Et ça fonctionne. Elle se métamorphose, j'en aurai presque peur, parce que la fille en face de moi, je ne sais plus qui c'est. Mais en tout cas, ce n'est plus l'Emily que je connais. Elle n'ouvre pas la bouche, alors que je l'aurai cru. Mais non, elle s'avance vers moi, et me pousse violemment. Je m'efforce de ne pas bouger, même si j'avoue chanceler au moins un peu. Je mordille ma lèvre, ne sachant pas vraiment comment réagir tant ça me déstabilise. J'aurais dû rentrer dans son jeu, la pousser encore plus dans ses retranchements, pour accentuer encore le tout. Mais j'en suis incapable. À la place, je recule d'un pas, et lui murmure alors : « Peur. » Oui, je préfère changer. La voir si en colère – et en plus, ça a tellement l'être d'être contre moi, sur le coup ! – me fait tout drôle. Puis... elle est bonne comédienne, mais je sais qu'elle pensait à quelque chose, même si j'ignore quoi. Donc ce n'est pas vraiment de la comédie. Je fronce les sourcils, reprends mon rôle de professeur pour ne pas rester seulement spectateur. « Ne te sers pas d'un souvenir. Ça affaiblit, les souvenirs. Il faut que tu cherches ailleurs, dans d'autres ressources. » Coup d'oeil sur ma montre. Réflexe. L'image de la belle en colère hante encore mon esprit, et il est toujours midi onze. Code by Silver Lungs |
| | | Invité | Sujet: Re: Le théâtre est l’accomplissement qui vient dans l’inaccompli. (ronald) Jeu 6 Fév 2014 - 21:15 | |
| emily et ronald au fond, nous sommes tous la marionnette de quelque chose. « Pari tenu. » Puis j'esquissais un sourire satisfait, sûre de moi. J'étais assez têtue et je comptais bien lui prouver que j'étais beaucoup plus insupportable que j'en avais l'air. Il allait finir par me détester s'il passait trop de temps avec moi. Comme Casey avant lui. Et comme mes parents avant Casey. Je n'étais pas le genre de personne avec qui on aimait passer du temps, généralement. Puis je me jetai dans l'exercice à cœur perdu, donnant tout ce que j'avais pour me mettre en colère. Ce n'était pas une émotion compliquée à retranscrire. Tout le monde savait que c'était. Ronald sembla surprit par mon interprétation et lorsqu'il recula d'un pas, je repris mes esprits. Je ne lui avais quand même pas fait peur à ce point, si ? Alors que je m'apprêtais à m'excuser, il fût plus rapide et me demanda de jouer une nouvelle émotion. La peur, justement. Avant que j'aie le temps de faire le moindre mouvement, la voix de Ronald brisa une nouvelle fois le silence. Il avait visiblement remarqué que j'avais utilisé mon propre vécu pour me mettre en colère - et apparemment, ce n'était pas la bonne marche à suivre. Écoutant ses conseils avec beaucoup d’attention, je me contentais d’un petit hochement de tête pour lui montrer que j’avais saisi et que j’allais essayer de faire abstraction de mes souvenirs pour jouer les émotions données. La peur. Comment pouvais-je jouer cela ? L’ironie du sort, c’était que j’étais morte de trouille. J’avais peur d’être ridicule en parlant, en jouant la comédie, en m’abandonnant totalement à ses instructions. Mais c’était exactement ce que je recherchais en venant à ses cours. Repousser mes limites, aller toujours plus loin, faire tomber toutes les barrières que j’avais. Une fois de plus, Ronald jeta un coup d’œil à sa montre et je ne pus m'empêcher de me demander s'il s'ennuyait. Ou si j'étais tellement nulle qu'il avait hâte que le cours se termine. Je devais lui prouver que j'étais bonne comédienne. Allez, Lee. Quand faut y aller, faut y aller. Acte I, scène deux : la peur. Faisant comme si de rien n'était, j'engageais une conversation tout à fait banale histoire de mettre mon idée en place : « Tu sais, ça ne sert à rien de regarder ta montre toutes les trois secondes... Il était, est et sera toujours midi on- » Puis je m'arrêtais en plein milieu de ma phrase, à fond dans mon rôle. Fronçant doucement les sourcils, je fis mine de tendre l'oreille pour écouter le silence qui régnait dans la petite salle où nous étions installés. Comme si quelque chose avait monopolisé mon attention. « Qu'est-ce que c'était ? » Je sais. C'était très cliché. Du genre la petite blonde naïve - pour ne pas dire complètement débile - que l'on voit dans les films d'horreur et qui se fait tuer en premier en bonne nunuche qui se respecte. Mais c'était la seule chose à laquelle j'avais pensé. Il m'avait dit de ne pas réfléchir, de ne pas puiser dans ma propre vie pour y retrouver ces émotions, alors j'improvisais vraiment. Toujours aux aguets, je tournais lentement la tête vers Ronald, prenant une mine apeurée des plus convaincantes. « T’as rien entendu ? » Yeux écarquillés, air inquiet, voix qui tremblait légèrement... Je faisais mon possible pour avoir l'air d'avoir peur. J'ignorais si cela marchait mais j'aurais au moins le mérite de faire de mon mieux. « J'ai entendu un bruit flippant... T'es sûre qu'il y a personne d'autre ici ? », demandai-je à voix basse, peu rassurée. Je m'approchais finalement de lui, comme pour me rassurer, tout en me baffant intérieurement. Je trouvais mon idée tellement pathétique que j'aurais aimé couper court à ce grand moment de solitude. Si Ronald voulait se foutre de moi, je ne le prendrais pas mal. Ma performance devait être épouvantable. Toutefois, je ne voulais pas arrêter. J'allais aller jusqu'au bout de l'exercice, même s'il fallait que je sois ridicule ou gênée une fois de plus. J'espérais seulement qu'il serait indulgent et que le prochain sentiment m'éviterait d'être ridicule. Code by Silver Lungs |
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