Les Jeux D'adultes [PV]

Être réveillée en sursaut n'est jamais très plaisant. Mais être réveillée en sursaut par un inconnu au physique plus qu'impressionnant qui vous hurle dessus est encore pire. J'eus à peine le temps de le voir, en réalité, parce qu'à peine sa tirade prononcée, il décampait. Me laissant seule dans... J'ouvris grands les yeux en me rendant compte que j'ignorais où j'étais. De mieux en mieux. C'était quoi, ce plan foireux ? Me redressant vivement, je fus prise d'un épouvantable mal de crâne. Et quelques flashs de la nuit passée se rappelèrent à moi. Un bar. Quelques verres. Un grand barbu qui se détachait du lot avec son look de gros dur. Et... Pitié. Tout mais pas ça. Je baissais la tête vers mon corps entièrement nu. Non. Impossible. Je n'avais pas pu faire ça. Coucher avec un mec rencontré quelques heures plus tôt dans un bar ? Ce n'était pas mon genre. Pourtant, tout portait à croire que j'avais mis mes principes de côté le temps d'une nuit.

- Merde. Merde, merde, merde.

Soupirant doucement, je me laissais tomber sur le lit avant de recouvrir ma tête à l'aide du drap. Bordel, je n'arrivais pas à y croire. Je devais avoir consommé vraiment beaucoup d'alcool pour en arriver là... C'était pitoyable. Et ce type allait sûrement penser que j'étais une fille facile, du genre qui couche avec le premier venu sans poser de question. Bien joué, Emily. Vraiment bien joué. Je me souvins soudain du ton de sa voix, qui m'avait flanqué une sacrée frousse. Il avait indiqué m'attendre en bas et... Et je n'avais pas envie de l'énerver davantage en le faisant poireauter trois heures. Loin de moi l'idée de juger sur les apparences mais on ne peut pas vraiment dire qu'il inspirait la sympathie... Soupirant à nouveau, je me levais avec précaution pour éviter que mon mal de tête n'empire, puis je récupérais mes fringues éparpillées un peu partout dans la chambre. La nuit avait dû être torride... Cette pensée me fila la nausée. Passant une main dans mes cheveux pour les ordonner un peu, je restais debout comme une idiote à essayer de me souvenir comment j'avais atterri ici. Je me souvenais parfaitement de cette soirée prévue dans un bar du coin avec une copine de fac. Mais j'étais incapable de dire quand ce grand barbu dont j'ignorais le nom était entré dans l'histoire...

- Bon allez. Courage.

S'encourager toute seule pour avoir la force de rejoindre cet individu en bas était débile, mais j'avais espoir que ça marche. Je n'allais pas rester cloîtrée dans cette chambre éternellement de toute façon... À un moment ou à un autre, il faudrait bien que je sorte. J'avais cours à la fac, aujourd'hui. Et je devais aller voir Emmanuelle au vidéoclub. Vérifiant à la va-vite si je n'avais oublié aucune affaire, j'inspirais profondément avant de quitter la chambre. Si j'avais envie de me retrouver nez-à-nez avec ce type que je connaissais à peine ? Non. Mais à priori, je n'avais pas le choix. Marchant avec appréhension jusqu'à la cuisine, j'esquissais un semblant de sourire en me retrouvant nez-à-nez avec l'homme dont j'avais partagé le lit. Vu de près, il était encore plus flippant. Je m'attendais à ce qu'il me jette dehors sans prendre le temps de parler. Ou qu'il me découpe en morceaux, au choix. Bon, d'accord... J'exagérais un peu. J'étais sûre qu'au fond, il n'était pas si méchant que cela. Me forçant à briser le silence plutôt étrange qui berçait la pièce, je m'éclaircissais doucement la voix.

Euh... Salut ?

C'était peut-être idiot mais c'était la première fois que je me retrouvais dans cette situation. C'était la première fois que j'avais une aventure d'un soir. Pour ma défense, j'avais été mariée très jeune et il m'était tout bonnement impossible de penser à tromper mon mari.... Et même maintenant que Casey et moi n'étions plus liés par des liens sacrés, j'avais du mal à regarder d'autres hommes que lui. On n'effaçait pas ses sentiments du jour au lendemain (sauf avec beaucoup d'alcool dans le sang, visiblement). Restant debout, à une distance raisonnable du propriétaire des lieux, je me pinçais délicatement les lèvres. Que devais-je faire, à présent ? M'asseoir à la table et prendre un café comme si de rien n'était ? Engager la conversation ? Parler de la soirée que nous avions visiblement passé tous les deux ? Ou bien partir sans attendre et espérer ne plus jamais le recroiser ? Je décidais d'attendre sa réponse avant de me décider.

   

Je m'installais finalement en face de lui en voyant qu'il semblait m'y inviter. Je m'en voulais de l'avoir jugé trop vite. Finalement, il n'avait pas l'air si flippant que ça... Il me proposait de prendre un café au lieu de me foutre dehors sans attendre, c'était plutôt sympa. Alors que j'avalais l'aspirine sans attendre pour stopper ce mal de crâne qui me rendait dingue, mon amant d'un soir décida de briser le silence. Je l'écoutais sans rien dire, regard fixé dans le sien, avant d'esquisser un sourire quand il me qualifia de "petit bébé". Je ne savais pas vraiment si c'était un compliment, mais c'était mignon. En quelques mots, il avait réussi à me détendre totalement. Je n'avais plus peur de lui. Il restait impressionnant de par son apparence physique plutôt atypique, bien sûr, mais maintenant que nous avions engagé la conversation, je ne le voyais plus comme un serial killer potentiel.

- Emily, ouais, répondis-je avant de constater que j'ignorais son prénom. Cherchant au fond de ma mémoire, j'essayais vainement de m'en rappeler. Marty ? Non. Max ? Non plus. Mais c'était quelque chose qui s'en rapprochait. Enfin, je crois. - Et toi, c'est comment ?

J'avoue, je me sentais un peu honteuse d'avoir à lui demander son prénom. Comment faisaient ces filles qui se tapaient un garçon différent par soir pour ne pas se sentir coupable ? Je n'aimais pas me dire que j'avais couché avec un mec dont j'ignorais le nom. Je décidais finalement de répondre à ses questions, notamment celle concernant mon âge. On m'avait toujours dit que je faisais un peu plus jeune que mon âge mais avec mon nouveau look, j'avais espéré gagner quelques années de plus. C'était loupé apparemment. Je devais toujours avoir l'air d'une adolescente fragile et innocente.

- Relax, je suis majeure. J'ai vingt-et-un an. Tu n'as rien à craindre.

Je lui offris un sourire. Il n'avait pas à s'inquiéter d'une quelconque accusation de détournement de mineure ou je ne sais pas quoi. De toute façon, même si cela ne me ressemblait pas du tout, j'étais consentante. Il ne m'avait pas traînée de force dans son lit. Et je n'avais pas pour habitude de ne pas assumer mes actes. La suite de son discours me fit sourire encore plus - et ce bien malgré moi. Il me trouvait surprenante. Et ça, ça me plaisait. On m'avait assez répété que j'étais prévisible et chiante comme la pluie, j'étais heureuse d'avoir pu changer la donne. En plus de ça, il avait ajouté que je valais mieux que ça. Au final, je retirais tout ce que j'avais pu penser de lui à mon réveil. Il était cool, ce mec.

- Pour être honnête, c'était la première fois que ça m'arrive. C'est pas vraiment mon genre d'habitude... Je suis plutôt relation sérieuse, fidélité, tout ça. Je crois que l'alcool ne me réussit pas vraiment.

Je grimaçais un peu avant de relativiser. Après tout, il n'y avait pas mort d'homme. J'avais couché avec un mec rencontré dans un bar. Et après ? Nous avions tous les deux passés un bon moment (du moins je l'espérais) et c'était le principal.

- Je ne me souviens pas de grand chose, c'est assez perturbant, fis-je en passant une main dans mes longs cheveux blonds.

Et pourtant, ce n'était pas faute de faire marcher son cerveau ! Je ne faisais qu'essayer de me souvenir mais pour l'instant, les résultats n'étaient pas très probants... La mémoire me revenait par bribes et je n'étais pas sûre de pouvoir assembler toutes les pièces du puzzle un jour. L'alcool faisait vraiment des merveilles, en matière d'oubli et d'abandon de soi. J'espérais que je ne m'étais pas trop mal comportée. "Bien sûr que tu t'es mal comportée, tu as couché avec lui !" me hurlait ma conscience... J’espérais au moins avoir été à la hauteur. Cela faisait une éternité que je n'avais pas été aussi... proche d'un garçon. Toutefois, je ne pouvais pas lui poser la question. J'étais déjà bien assez embarrassée comme cela, mieux valait changer de sujet.

- T'es nouveau par ici, non ?

J'étais sûre de ne jamais l'avoir croisé dans les rues de Bowen auparavant. Il n'était pas vraiment le stéréotype du beau surfer Australien que l'on croisait à longueur de journée et son apparence marquait les esprits. Je pouvais donc affirmer qu'il ne devait pas être ici depuis longtemps. Ou alors, il avait vécu comme un ermite, sans mettre un pied dehors. Mais ce n'avait pas vraiment l'air d'être son genre.

   

Je le regardais rire un peu et attacher ses cheveux sans rien dire avant de me concentrer sur l'assiette qu'il avait posé devant moi. Jamais je ne l'aurais avoué à voix haute mais je l'avais trouvé... sexy. Et cela m'échappait totalement. Depuis quand les bikers géants m'intéressaient ? Je ne devais pas encore avoir décuvé. Voilà, c'était ça. J'avais encore de l'alcool dans le sang et je n'avais pas totalement récupéré mes esprits. Évitant de le regarder pour ne pas avoir l'air d'une sombre idiote, je commençais à manger après l'avoir remercier de m'avoir servie. Puis je relevais la tête lorsqu'il lança que j'avais répété son prénom à plusieurs reprises durant la nuit.

- Ah oui ? C'est que tu n'as pas été si inoubliable que ça alors, lançai-je avec un sourire amusé avant continuer à manger comme si de rien n'était.

Je plaisantais, évidemment. Il semblait totalement décomplexé et je n'avais plus aucune raison d'être gênée. Manquant de m'étouffer en l'entendant dire que j'avais été géniale - et m'appeler "petite princesse" dans la foulée !-, je concentrais une fois de plus mon regard sur le sien. Ce bonhomme était vraiment surprenant. J'avais envie de lui répondre qu'on aurait tout à fait pu le refaire en étant sobre mais je n'étais pas sûre que ma plaisanterie serait bien passée... Hors de question qu'il me prenne pour une allumeuse. Puis il évoqua les cours et je m'empressais de regarder l'heure sur mon téléphone. Avec tout ça, j'avais complètement perdu la notion du temps.

- Ouais... Et je dois passer au vidéoclub où je bosse avant pour récupérer quelques affaires.

Et je devais absolument passer voir ma patronne pour lui demander ma soirée. Après la nuit que je venais de passer, je n'aspirais qu'à une chose : dormir. Passer la nuit à attendre les clients au vidéoclub serait un véritable supplice. Terminant mon (délicieux) petit-déjeuner, je me mis à sourire quand il aborda sa récente arrivée à Bowen et la question de mon hypothétique petit-ami.

- Petite écolière ? Oh, pitié... Tu parles de moi comme d'une petite fille modèle. Faut pas se fier aux apparences, je suis bien moins sage qu'il n'y parait !

Je lui fis un petit clin d’œil avant de me mettre à rire. Il avait dû le remarquer quelques heures plus tôt. Les petites filles modèles n'enchainaient pas les verres dans un bar en plein milieu de la semaine. Et elles ne finissaient pas dans les bras d'un inconnu non plus. Pour être honnête, je regrettais un peu de ne pas avoir énormément de souvenirs de la nuit que  nous avions passé tous les deux. Mais c'était le matin, peut-être qu'au fur et à mesure de la journée, des flashs reviendraient.

- Eh bien dans ce cas, considère cette nuit comme un cadeau de bienvenue ! J'espère que tu te plairas ici.

Je le gratifiais d'un sourire amical. J'étais sincère, j'espérais vraiment qu'il allait se plaire dans notre petite ville. Je savais mieux que personne que les gens pouvaient se montrer peu amicaux lorsqu'on débarquait de nulle part mais j'avais bon espoir qu'il parvienne à s'intégrer. Déjà, il ne faisait aucun doute qu'il allait attirer toutes les femmes du coin. Son look n'avait rien à voir avec celui des Australiens et j'étais persuadée que cela plairait. Un peu de nouveauté ne fait jamais de mal.

- Non, je n'ai personne.

Hormis un ex-mari avec qui les choses étaient très compliquées mais ça, je n'avais pas à le lui dire. On ne se connaissait pas et je n'avais pas envie de lui déballer ma vie.

- Et toi ? , demandais-je gentiment.

J'étais sûre qu'il était célibataire. Je ne sais pas pourquoi mais dans mon esprit, les gens comme Maddox était de vraies énigmes. J'avais l'impression qu'ils se cachaient derrière leur apparence pour faire fuir les gens parce qu'au fond, ils avaient peur de s'attacher. J'ignorais si j'étais dans le vrai mais c'était l'idée que j'avais. Il me paraissait être un vieux loup solitaire, du genre à tout faire en solo et à ne vouloir s'encombrer de personne. Il m'intriguait beaucoup. J'avais envie d'en savoir plus. De savoir d'où il venait, ce qui l'avait poussait à venir à Bowen... Mais je ne voulais pas le presser de question. Je n'avais pas envie de devenir la petite blonde insupportable qui parle trop.

   

Américain, avait-il dit. Alors c'était ça. Il venait des États-Unis. Bizarrement, je n'étais pas plus étonnée que cela. C'était comme si "MADE IN USA" était inscrit sur son front, quand on y regardait bien. Il avait ce petit quelque chose en plus que la plupart des Australiens n'ont pas. Il détonnait avec le paysage et attirait le regard. J'aurais voulu lui demander ce qu'il faisait ici mais je n'osais pas. Je n'avais pas envie de me montrer trop intrusive. Après tout, s'il voulait me le dire, il me le dirait lui-même.

- Je m'en souviens vaguement, oui, répondis-je en souriant toujours alors que des bribes de souvenirs de mon escapade en Harley me revenaient en mémoire. C'est gentil de bien vouloir me déposer, merci.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire que de prime abord, Maddox était un véritable gentleman. Attentionné, prévenant et tout à fait charmant. Il y a bien longtemps qu'un homme ne m'avait pas parlée de cette façon-là et je n'y étais pas insensible, je devais l'avouer. Cette rencontre fortuite était une bonne surprise et j'espérais qu'on se reverrait. Pas forcément pour faire ce que nous avions fait la veille, mais simplement pour discuter. Il était sympa. Et allez savoir pourquoi, j'étais plutôt attirée par son allure de bad boy. En fait, c'était un gros nounours dans un corps de géant. Il ne fallait pas se laisser tromper par son apparence.

Puis mes joues s'empourprèrent malgré moi quand il parla de profiter de moi un peu plus longtemps avant de me laisser partir. Mais je finis par lui sourire, lui lançant un regard plein de défi.

- Tu peux toujours essayer, tu verras bien.

Je soutins son regard le plus longtemps possible avant de répondre à sa question. Depuis combien de temps étais-je à Bowen ? Cinq ans. Quand j'y pensais, des tas de choses s'étaient passées en si peu de temps... Ma vie avait vraiment changé depuis mon arrivée ici.

- Je suis arrivée ici quand j'avais seize ans. Mais je suis Australienne. Je viens dans une petite ville à quelques centaines de bornes d'ici.

Je passais sous silence que cette "petite ville" était plus un bidonville qu'autre chose et que mon enfance s'était avérée pitoyable. J'étais persuadée qu'il me prenait pour une fille à papa, le genre de fille qui a eu une vie heureuse et qui n'a jamais vraiment eu de problèmes. Pas mal de gens à la fac pensaient cela. Je les laissais croire ce qu'ils voulaient, cela ne changeait pas grand chose dans le fond. Je me levais alors pour l'aider à débarrasser la table quand je sentis ses lèvres se poser délicatement au creux de mon cou. Sourcils haussés, je me tournais vers lui et l'écoutais me demander de sécher les cours pour rester avec lui.

- Voyez-vous ça... J'étais sûre que tu étais accro à moi et que tu ne pourrais pas me laisser partir, plaisantais-je avant de faire mine de réfléchir à sa proposition.

Je voulais le faire tourner en bourrique, rien qu'un peu. Essayer de voir si je pouvais jouer un peu avec lui et le faire languir. C'était idiot mais j'adorais l'attention qu'il me portait. Depuis mon mariage chaotique avec Casey, je n'étais sortie avec personne et voir qu'un homme tel que lui pouvait s'intéresser un tant soit peu à moi me faisait plaisir. M'approchant doucement de lui, j'arrêtais mon visage à quelques centimètres du sien et me mordis la lèvre, prenant un air faussement embêté.

- Malheureusement oui, je suis obligée d'aller à la fac, murmurais-je doucement avant de planter mes yeux dans les siens. C'est dommage, j'aurais adoré passer un peu plus de temps avec toi.

Je m'approchais davantage, comme pour l'embrasser, mais me stoppais au dernier moment. Mes lèvres frôlaient presque les siennes et ce petit jeu m'amusait de plus en plus.

- Une autre fois peut-être, concluais-je en me reculant pour de bon, attrapant mon téléphone sur la table comme si j'étais prête à partir.

Je n'avais aucune idée de ce que je faisais. Jouer les séductrices n'était pas vraiment mon genre... Mais prendre une cuite et coucher avec un inconnu non plus. Il faut croire que les gens ont raison quand ils disent qu'il y a un début à tout. Je me découvrais sous un tout nouveau jour.

   

Je me contentais de hausser les épaules quand il affirma qu'il devait être bien différent de mes exs. En réalité, je n'avais eu qu'un seul et unique ex. Casey. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils étaient diamétralement opposés. Mais ils me plaisaient tous les deux, pour des raisons totalement différentes.

- Peut-être. Mais le changement, ça a du bon parfois.

J'esquissais un petit sourire avant de me laisser emporter dans notre petit jeu de séduction. Je m'amusais plus qu'autre chose, je n'avais aucunement l'attention de remettre ça avec lui. Pas tout de suite en tout cas. Je n'étais pas une fille facile et j'apprenais de mes erreurs. Alors que je faisais mine de partir, il m'attrapa brusquement et je me retrouvai assise sur l'un des meubles de la cuisine sans même m'en rendre compte. Il n'avait pas l'air de vouloir me laisser m'échapper.

- Prétentieux, lui dis-je quand il parla de me réquisitionner pour la journée entière et une bonne partie de la nuit.

Puis je le poussais doucement pour qu'il se détache de moi avant de lui sourire un peu. À force de jouer avec le feu, on finissait par se brûler. J'étais prise à mon propre piège. J'espérais qu'il voudrait bien me laisser partir et qu'il ne me séquestrerait pas pour de vrai. Je ne ferais pas le poids contre lui...

- Je ne plaisante pas, Mad. Faut que j'aille en cours. Je ne peux pas rester. Même si l'idée de passer la journée avec toi ne me déplairait pas... Je suis désolée.

Je déposais finalement un bisou sur sa joue - sans trop savoir pourquoi - avant de descendre du meuble sur lequel il m'avait posée. J'étais sérieuse, je devais aller à la fac. J'aurais volontiers passer la journée avec lui si je n'avais pas eu de cours importants. Mais je ne pouvais pas. Et puis, comme ça, il verrait que je n'étais pas le genre de fille à se laisser embobiner. Se faire désirer n'était pas un crime. En vérité, je redoutais qu'il soit en colère. Qu'il me prenne pour une sale petite allumeuse et qu'il me foute à la porte. Le voir en colère devait faire plutôt peur. Voire même traumatiser à vie. Je n'avais pas envie de le voir de mes propres yeux.

- Je te laisse mon numéro si tu veux. Si jamais tu veux qu'on se revoit.

J'attrapais un stylo qui traînait par là avant de noter mon numéro dans le creux de la main de Maddox. Il en fera ce qu'il voudra, c'était à lui de décider s'il voulait qu'on se revoit plus tard ou non. Cette situation était clairement bizarre. D'abord je me réveillais dans le lit d'un inconnu aux allures de  puis je me surprenais à le trouver sympa. Et séduisant, d'une certaine manière. Je ne m'étais pas du tout attendu à cela en sortant dans ce bar la veille au soir... Et j'ignorais où tout cela allait nous mener.

- Tu es toujours d'accord pour me déposer à la fac ou tu es trop fâché pour vouloir encore me parler ?, demandais-je avec un sourire adorable, dans l'espoir de l'amadouer un peu pour qu'il ne m'en veuille pas trop.

   

Bizarrement, je me sentais mal. Coupable, même. Je n'étais définitivement pas faite pour jouer les allumeuses de service. J'avais commencé un jeu dont je ne maîtrisais pas les règles et j'avais fini par quitter la partie alors qu'elle n'était pas terminée. Il était normal que Maddox m'en veuille. Je m'en voulais aussi, parce que faire ce genre de trucs ne me ressemblait pas. J'avais l'impression de ne plus être moi-même.

Il eut la courtoisie de bien vouloir me ramener malgré ce que j'avais et je lui en étais reconnaissante. Mais je voyais bien qu'il était nettement moins joyeux que tout à l'heure. C'était normal. Je le suivais sans rien dire jusqu'à sa moto avant d'enfiler le casque qu'il avait préparé sans attendre. Je montais derrière lui, passant mes bras autour de sa taille pour ne pas risquer de tomber. Je lui indiquais alors le chemin du vidéoclub et restais silencieuse jusqu'à ce que nous arrivions à destination. Je repris mes affaires en vitesse avant de grimper à nouveau sur la Harley de Maddox pour me rendre à la fac sans rien oser dire. Je ne voulais pas risquer de le mettre en colère. Là, je descendis de la moto et enlevai mon casque, regardant le grand barbu avec attention. L'heure était venue de nous quitter mais je voulais m'excuser pour mon attitude pitoyable, histoire qu'on ne soit pas fâchés.

- Je suis désolée. Je me sens complètement idiote. Et je comprends que tu m'en veuilles... Je m'en veux aussi. J'ai pas vraiment l'habitude de faire ça, tu sais. De passer du temps avec des mecs et... Tout ça. Je sais pas vraiment comment m'y prendre. Je voulais pas me foutre de toi ni quoi que ce soit.

Je baissais les yeux et me pinçais les lèvres. Puis je lui fis un petit sourire. J'ignorais s'il allait accepter mes excuses ou continuer à bouder mais au moins, je me sentais mieux de m'être excusée. Je ne voulais pas qu'il ait une mauvaise opinion de moi.

- Je t'aime bien. Vraiment. Et j'ai pas envie qu'on se quitte fâchés. Je lui adressais un nouveau sourire, avant de lui rendre son casque. T'as mon numéro. Si tu veux, tu m'appelles. Sinon... Prends soin de toi. J'ai été ravie de te connaître, Mad.

Je lui offris un dernier sourire avant de me diriger vers la fac où de nombreux étudiants regardaient la moto qui m'avait déposée d'un air surpris. Je m'en fichais pas mal, pour être honnête. J'espérais juste que Casey n'était pas dans les parages. Je ne voulais pas lui faire de peine.