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Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 With a taste of a poison paradise + Edouard

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MessageSujet: With a taste of a poison paradise + Edouard   With a taste of a poison paradise + Edouard EmptyLun 24 Fév 2014 - 3:37

Nous sommes de ceux qui ont la peau terne, les traits tirés, et le regard éteint, des visages pales, des teints gris. Nous sommes de ceux qui s'délavent de jour en jour. Nous sommes de ceux qui ont du mal à s'entendre penser...
You're toxic.
Il devait être aux alentours de deux heures du matin. Le service de Calliôpe s'était achevé il y avait quelques minutes. La routine. Des tenues affriolantes aux couleurs chatoyantes, des hommes en rut survoltés tels des fauves déchaînés lâchés dans une arène avec de la viande fraîche à leur portée, des billets comme s'il en pleuvait, des cris et des hurlements, une ambiance torride, des ersatz de démonstration d'intérêt pour des quadragénaires mariés, dont la femme attendait gentiment à la maison que papa rentre et ramène de quoi nourrir les petits pendant que ce dernier dilapidait le quart de son salaire pour se faire plaisir en compagnie de ce qui semblait être son idéal féminin. Il consommait de l'alcool pour se mettre dans l'ambiance, jetait des billets pour faire comme les autres et pour encourager la danseuse à en montrer plus, et finissait par donner deux cent dollars pour ce moment d'intimité avec une jeune femme qui ne lui portait d'intérêt que pour la somme qu'il lui apportait. Qu'à cela ne tienne, il arrivait à nouveau à sentir sa libido monter et ça lui plaisait. Il repartait la tête pleine d'images et de souvenirs, si on pouvait appeler ça ainsi.

Calliôpe dérivait ainsi dans ses pensées se rappelant les soirées qu'elle avait passées ainsi, mais surtout les échappatoires qu'elle avait réussi à se trouver pour éviter de retrouver la solitude de son appartement, pensant à sa dignité perdue qu'elle ne retrouverait certainement jamais et à cette lassitude face à son environnement qui risquait de la tuer. Et pour éviter d'y penser, elle buvait, comme un trou, ou se droguait, ce qui n'était guère mieux comme méthode, et pourtant très efficace. Et depuis quelques temps, elle avait trouvé ce vieux piano-bar abandonné près de la plage dans lequel avait survécu un grand piano à queue noir, majestueux, qui lui tenait compagnie les soirs de grande solitude, avec entre autres Edouard, le virtuose, qui laissaient courir ses doigts sur cette merveille, jusqu'au jour où leurs petits rendez-vous prirent fin. (…) Promenant sa main sur les touches poussiéreuses, elle se laissa entraîner comme avant, jouant vaguement une musique apprise quelques années plutôt. Le sol craquant sous des pas, la belle arrêta son manège, se cachant derrière le piano.

made by pandora.
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MessageSujet: Re: With a taste of a poison paradise + Edouard   With a taste of a poison paradise + Edouard EmptyDim 2 Mar 2014 - 17:14

Édouard était un fléau, il savait de lui même que depuis toujours il n'était que l'ombre d'un regret, une foutue vermine, qui ne cessait de se lamenter et de s'enfoncer un peu plus dans son désespoir. Bien sûr il lui arrivait parfois d'aller bien, du moins d'apparence car son coeur n'était que poussière, c'était de la pierre tellement dure qu'il lui était impossible de ressentir quoique se soit pour quiconque. Aucune nuance d'amitié, mais il faisait au moins preuve de sincérité, surtout envers ce chien. Depuis qu'il l'avait recueilli, il l'emmenait partout, c'était son acolyte et bizarrement se molosse lui rappelait que fut un temps Rosalie l'avait caressée, l'avait serrée dans ses bras et s'était montrée tout à fait attachante pour une bête, un chien, le meilleur ami de l'homme. Alors oui, peut-être que ce Lefebvre s'était pris d'affection pour le canidé, qu'il avait enfin trouver un ami qui serait toujours là pour lui, peu importe qu'il voit son nouveau maitre gisait sur le sol dans un bain de vomi, qu'il voit ses pupilles dilatées éveillant parfois sa colère, qu'il l'ait vu se battre pour des broutilles. Peu importe tout cela car le jeune Saint-Bernard avait su voir derrière cette piètre carapace, qui nous donnait plus de la pitié qu'autre chose. Alors que les deux compagnons marchaient le long de la plage, un souvenir attrapa les pensées du jeune homme lorsqu'il passa devant ce vieux piano-bar abandonné. Cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait plus mis les pieds, par manque de temps mais par crainte aussi, crainte de la revoir. Cette jeune femme qu'il n'avait jamais vraiment connu mais qui avait été là pour lui et lui là pour elle. En gros, ils avaient fumé à deux autour d'une mélodie envoutante jouée pour le virtuose, de chauds baisers, des caresses rien de plus. Car un jour plus rien, la jeune femme voulut mettre fin à tout cela, ou bien était-ce peut-être lui ? Au final ils étaient sans doute aussi bien fautifs dans l'histoire, mais à vouloir jouer les grands seigneurs à se pavaner et à profiter du bon temps, on finissait tout simplement par refaire surface et enfin voir cette vulgaire réalité. Jeremiah-Berlioz avait l'habitude de ce genre de choses, d'espérer sans rien voir au fond du tunnel. Il posa son regard sur le chien, qui comme s'il comprenait son regard, détourna les yeux et les posa sur le lieu abandonné. Le pianiste fit confiance à l'animal et s'aventura, voulant voir ce piano survivant. Mais à peine eut-il pénétré dans le bâtiment qu'il entendit une mélodie, il n'était pas seul, quelqu'un était aussi là bas. Il ne fit pas demi-tour, de toute manière Requiem était déjà rentré. Le jeune homme l'attrapa au niveau de son collier, mais la porte s'ouvrit dans la foulée, surtout poussée par le gros toutou. Alors que Édouard pensait à cette fille, voilà qu'il était face à elle, elle le regardait aussi surprise que lui. « Tu ressasse les souvenirs du passé pour être assise derrière cet instrument ? » lui lança t-il avec sa méchanceté habituelle. Le Lefebvre s'avança alors vers elle et le piano, le chien sur ses talons. Il désigna le piano de la tête pour faire signe à Calliôpe, de le laisser jouer, et se posa derrière le majestueux piano. Il joua à la perfection le troisième mouvement de Sonate au clair de lune de Beethoven. Et là, il devenait ce virtuose tant admiré, mais tant inaccessible qui qu'on le veuille ou non nous envoute et fait de nous des esclaves de l'écoute.
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