getting the moves like jagger -r.

Si on remonte à il y a de cela six jours, j’étais allé à l’enterrement de vie de garçon d’un de mes bons amis de Proserpine, ville voisine de notre fabuleuse ville côtière de Bowen. Évidemment, comme tout bon enterrement de vie de garçon qui se respecte, il y avait eu de l’alcool – beaucoup d’alcool – et des filles – beaucoup de filles -. Sauf que lorsqu’on est arrivés chez son best man, après la tournée des bars, on a eu la surprise de se retrouver devant quatre belles stripteaseuses invitées pour l’occasion. Imaginez-vous, ma timidité et moi, comment on a rougis. Si je vous raconte tout ça, c’est que j’y ai fait la rencontre de Vanilla, la belle blondinette qui a voulu danser pour moi. Devant mes airs malaisés et gênés, elle s’est bien rendue compte que c’était pas pour moi, et on a plutôt parlé vers la fin de la soirée. J’avais trop bu, elle avait pris quelques shooters en notre compagnie aussi, alors tous les deux on s’est laissés divaguer. Et je lui ai demandé qu’elle me donne des cours de striptease, parce que j’avais eu mon premier rendez-vous avec Tara et que je m’étais dit pourquoi pas. Si ça allait plus loin avec la pâtissière, au moins je saurais bouger un peu.

Aujourd’hui, je regrettais d’avoir demandé cela à Vanilla. Parce que sur un bout de papier je lui avais écrit l’adresse d’aujourd’hui, l’heure d’en ce moment, et l’adresse de mon logement dans lequel je me trouve présentement. Si elle était aussi sérieuse que moi à ce moment-là, elle allait se pointer bientôt. À moins que, comme moi à ce moment-ci, elle regrette cette conversation. Je serais soulagé, à quelque part. Parce que là, j’avais les mains moites, l’impression d’avoir l’estomac vide alors que non, et le cœur qui se débattait pour rien en moi.

On cogna à la porte. Je figeai, tout comme mon sang qui se glaça. Je regardai en direction de la porte, constatai qu’il y avait bien une ombre en regardant le filament de lumière sous la porte, et j’inspirai profondément. Si ça se trouve, c’était ma colocataire qui avait oublié ses clés. Je me levai donc et me dirigeai vers la porte, que j’ouvris avec un sourire, sourire qui devint vite une sorte de grimace de timidité. « Vanilla. Tu es venue ! » M’exclamais-je, comme un idiot.

Même si moi j’avais l’air d’un Bernard l’ermite qui se cache dans sa carapace, elle, en revanche, avait l’air très à l’aise avec notre rencontre. Je ne savais pas si c’était un soulagement ou bien si c’était encore pire ainsi. D’un côté, le fait qu’elle soit si ouverte à l’idée de m’apprendre à faire un strip-tease était quand même légèrement intimidant, mais d’un autre côté, si elle avait été aussi coincée que moi, nous n’étions pas sortis du bois. Bon, j’imagine que fallait voir le côté positif de la chose alors !

Pour couronner le tout, Vanilla déposa un baiser furtif sur ma joue, me volant alors le reste d’assurance qu’il me restait. La blondinette s’introduisit dans mon appartement presque en me passant sous le bras – sauf que je l’avais enlevé du cadre de la porte juste à temps. Je me retournai sur moi-même pour la regarder filer jusqu’à mon salon, l’air perplexe. Elle en avait dedans, la jeune femme ! Se retournant à son tour vers moi, la danseuse me demanda si j’étais toujours d’attaque pour apprendre à danser. Je refermai la porte derrière moi, plantant mes mains dans mes poches et avançant tranquillement jusqu’à elle. « Je n’en suis plus certain ! » Avouais-je avec un petit sourire gêné, coupable. Puis je rigolai. « Non, oui, oui oui, je suis d’attaque. Je … j’étais juste pas certain que tu viendrais alors j’me suis pas préparé mentalement à ça ! » Lui confiais-je finalement. Je pris finalement le temps de regarder un peu mieux la demoiselle. Ça lui changeait du petit déshabillé de chez Victoria’s Secret, ces vêtements simples, normaux. J’aimais beaucoup sa chemise turquoise, légèrement trop grande pour elle mais sans plus. Ça lui donnait un style un peu garçonne que j’aimais bien. Et on aurait dit qu’elle avait couru pour se rendre jusqu’ici parce que malgré ses efforts à les tenir en place, ses longs cheveux blonds se rebellaient contre elle. « Par où on commence ? Je te jure, y’a du chemin à faire. » Soupirais-je.

La jeune femme se laissa tomber sur le sol, assise les jambes croisées comme un indien. Je lui lançai un regard amusé. « Tu peux t’asseoir sur un fauteuil, tu sais. » Elle haussa les épaules et pour elle cela ne semblait pas très important, alors pour suivre son allure, je m’assis à mon tour au sol, mais étant bien moins souple que la danseuse, j’eus de la difficulté à prendre la même pose qu’elle. Je me contentai donc de laisser mes jambes allongées vers l’avant, un peu en angle pour ne pas avoir les pieds à deux centimètres d’elle. Ce ne serait pas très convenable, d’autant plus qu’on ne se connaissait pas vraiment, tout compte fait. Une fois tous les deux bien confortables, Vanilla me demanda pour quelle jolie femme je voulais apprendre la danse lascive. Je rougis. Je rougis encore plus quand la blondinette ajouta que sans vouloir m’offenser, elle avait deviné au moment où, presque nue assise sur mes jambes, j’avais cherché à faire la conversation. Évidemment, je n’étais pas surpris qu’elle l’ait deviné ; il est vrai que c’était évident. « Je … euh … enfin c’est une femme sur qui j’ai … enfin, on n’est pas en couple. C’est juste que … on, on a commencé à se fréquenter et j’me suis dit que si ça en venait à … à être plus sérieux bah, je … je saurais bouger un peu … au moins. » Putain ce que j’avais l’air d’un idiot, à bégayer ainsi, le visage rouge comme une tomate ! « Et je suis désolé, pour … pour l’autre fois. J’suis juste pas très à l’aise avec … » Les danseuses nues ? Les stripteaseuses ? Je ne pouvais pas lui dire ça, c’était son job et c’était respectable. Juste que pour moi, c’était gênant. « Avec la sexualité hors-relation amoureuse. » J’espérais avoir bien rattrapé le coup.

Je ne savais pas pour les confidences mais en tout cas je commençais déjà à pratiquer ma flexibilité, dans cette position. Ce n’était pas du tout dans mes habitudes de m’asseoir par terre ; la dernière fois remontait à mon adolescence, quand je m’asseyais toujours au pied du divan chez mes parents pour jouer à mes jeux vidéo. J’y étais plus confortable que sur le fauteuil. Peut-être que Vanilla était comme ça elle aussi, et c’est simplement moi qui avais changé. J’avais découvert l’effet de jouer assis sur quelque chose de mou. Bref, cela n’est vraiment pas important.

J’avouai finalement que je faisais toutes ces démarches pour impressionner et séduire une femme, et un sourire triomphal se dessina sur les lèvres de la jeune blondinette. Elle avait vu juste et c’était une victoire pour elle, visiblement. Pourtant, je n’avais pas l’impression que c’était un secret pour qui que ce soit, mais je ne lui enlèverais pas son mérite ! Je souris à sa réponse. « J’espère qu’elle aura la même réaction, parce que je crois pas que ce sera le résultat final qui va la convaincre … » Dis-je en rigolant. Après tout, l’effort serait là, alors si Tara s’en tenait à cela, je pouvais marquer des points. Si elle désirait une vraie performance, elle pouvait toujours sortir avec des amis dans un bar de danseur, car je doutais fortement être à la hauteur.

Je me sentais un peu plus à l’aise avec l’humour qui détendait l’atmosphère, mais la tension remonta quand le sujet des danseuses nues fit surface. Surtout quand Vanilla mit réellement le mot sur le concept. Elle n’avait aucune gêne et c’était beau à voir. Pour moi, c’était encore un univers tabou, malheureusement. J’aurais aimé être à l’aise car j’étais ouvert à ce métier, mais j’étais intimidé par cela. « Tant mieux, tu n’as pas à avoir honte. C’est moi qui suis coincé. » Lui assurais-je. Je ne voulais quand même pas qu’elle pense que je la jugeais. Ce n’était absolument pas le cas. Elle m’expliqua aussi que Vanilla n’était qu’un personnage. J’hochai la tête. « Tu ne révèles jamais ton vrai prénom aux gens que tu rencontres via ton métier ? » Demandais-je, une sorte de curiosité pour savoir en même temps si je pourrais connaître sa réelle identité.