| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| And nothing's holding back the two of us [Charley] | |
| | Auteur | Message |
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Invité | Sujet: And nothing's holding back the two of us [Charley] Lun 17 Nov 2014 - 23:05 | |
| Depuis la pseudo-thérapie sur la plage avec Charley, la vie de Liam avait pris un tournant décisif. Il était désormais temps d'avancer et de ne pas subir cet handicap qui lui pourrissait l'existence. Malgré quelques remous concernant le retour de Tara à Bowen, Liam avait gardé la tête haute et tenter de faire l'impasse sur ce passé qui lui revenait en pleine face. La colère était présente, bien évidemment, mais il était hors de question qu'il se prenne la tête pour elle. Il l'avait bien trop fait auparavant... Tout cela était terminé. Afin de se prouver qu'il avançait, le jeune homme avait fini par prendre rendez-vous avec le Big Boss du commissariat. Il était temps de rendre son insigne, son arme et de confier l'unité à quelqu'un d'efficace. En gros, il fallait qu'il fasse le deuil de son métier tant adoré.
Quand le taxi le déposa devant l'entrée, la gorge de Liam se serra. Il était à deux doigts de faire demi-tour. Pourtant, il tendit un billet au chauffeur et ouvrit la portière. Le bruit était familier et l'atmosphère qui se dégageait de la structure l'atteignait parfaitement. C'était inexplicable. Il était chez lui. Entrant dans le bâtiment, il fit appel à ses souvenirs pour s'orienter dans l'immense labyrinthe que représentait désormais, pour lui, ce commissariat. Il salua chaleureusement les personnes qui le croisaient, jusqu'à arriver auprès de son équipe avec qui il parla quelques minutes. Les incitant ensuite à se remettre au travail, Liam entra dans son bureau et s'installa à sa chaise. Les souvenirs étaient omniprésents, mais il n'eut pas le temps de s’apitoyer sur son sort que le Big Boss frappa à la porte. Le jeune homme l'invita à entrer et à prendre place. Il était maintenant temps de l'affronter.
Prise de nouvelles, remise d'insigne, de son arme, puis grand discours du Boss sur la perte d'une personne sérieuse telle que lui, tout était passé. Mais ce fut le débat sur le futur chef d'unité qui prit le plus de temps. Liam était clairement pour Charley. Le Boss, quant à lui, préférait la nouvelle recrue qui arriverait la semaine prochaine. Pour le patron, Charley était trop fougueuse pour un tel poste. Sans compter qu'elle avait toujours cette fâcheuse tendance à répliquer quand une décision ne lui plaisait pas. Pour le coup, Liam tenta de bricoler une réponse en faveur de Hawkes, sortant ensuite tout un tas d'arguments qui la mettaient en avant. Elle était l'une des meilleurs élèves de leur promotion. Elle connaissait parfaitement l'équipe et avait su se faire une place au sein de celle-ci alors qu'elle était la seule femme de l'unité. Elle brillait par son intelligence, par ses capacités d'observation et de réflexion. Elle était entreprenante et savait se faire respecter. Oui, Liam parlait d'elle avec une conviction étonnante. Et sa sincérité se ressentit de plus belle quand il confirma qu'il n'avait pas eu meilleur binôme. Ce qui visiblement mit la puce à l'oreille du Big Boss qui ponctua l'entrevue par un "je vais y réfléchir". Rien n'était perdu. Liam le remercia et le salua, se relevant afin de l'accompagner jusqu'à la porte, grand sourire de contenance sur les lèvres. Il attendit qu'il sorte et tendit l'oreille, silencieux, jusqu'à ce qu'il entende la porte du bureau du Boss claquer. Dès que cela fut fait, il se tourna vers l'endroit où son unité se trouvait, sourcils froncés et lança, d'une voix tonitruante :
HAAAAAAAAAAAAWKES !!!!! DANS MON BUREAU......... TOUT DE SUITE ! |
| | | Invité | Sujet: Re: And nothing's holding back the two of us [Charley] Dim 30 Nov 2014 - 17:35 | |
| D'aussi loin qu'elle se souvienne, Charley avait toujours voulu devenir flic. Tandis que les autres gamines de son âge rêvaient de princes, de châteaux, de poneys, de stéthoscopes ou d'une dizaine de mouflets à garder, elle, caracolait à la fenêtre au moindre hurlement de sirène et se cachait derrière les barreaux de la rampe d'escalier, tentant d'apercevoir les images du film policier que sa mère regardait et qui lui était interdit.
Plus tard, ses copines de classe avaient fini par perdre leurs illusions - un château, ça coûte une blinde en femme de ménage, il faut travailler pour devenir docteur et les enfants, ça fait du bruit ... Ce genre de choses - alors que celles de la blonde prenaient vie, perdaient leur aura fantasmatique pour s'inscrire dans la réalité. Aussi avait-elle suivi sa voie de toujours, persuadée d'avoir fait le meilleur choix possible.
Et elle en était toujours persuadée. Chacun l'ayant côtoyé un tant soit peu dans sa sphère professionnelle ou privée pourrait confirmer que la Hawkes adorait son travail. Elle arpentait les couloirs du commissariat avec l'aisance de ceux qui savent qu'ils ont été à la hauteur de leurs aspirations : tête haute, démarche assurée, l'air concentré ... Toute la panoplie du policier accompli.
Enfin ... Le coquard en moins.
" Merde alors ... Elle t'a pas raté. " Morris, son coéquipier du jour, observait l'oeil cerné de brun en grimaçant. " Pertinent, Morris. T'en as d'autres comme ça ? " Assise sur le banc des vestiaires, un pain de glace sur la balafre toute fraiche, Charley retint un regard meurtrier. " T'as besoin d'autre chose ? " Surprise par cette prévenance soudaine, elle leva la tête. Pour découvrir son collègue hilare, incapable de dissimuler l'amusement que lui inspirait cette situation. " Dégage. " Un grand fou-rire lui répondit et elle lui envoya son médicament de fortune à la figure. " Grouille ! "
Le policier disparut, toujours plié en deux. Charley laissa échapper un sourire mi-résigné mi-agacé tandis qu'elle repensait aux événements de la matinée. Ils avaient été appelés pour un cas banal de dispute conjugale, chez un couple qu'ils connaissaient bien. Cela n'aurait tenu qu'à eux, ils n'auraient même pas fait le déplacement, néanmoins, les voisins, insupportés par les cris du couple, ne l'entendaient pas de cette oreille - sans mauvais jeu de mots. Morris s'était rapidement interposé entre les deux conjoints beuglants et la présence des autorités semblait les avoir calmé quand le mari s'était fendu d'un " qu'elle aille crever cette salope " tout à fait charmant à l'intention de sa femme, laquelle n'avait pas du tout apprécié l'intention. Avant qu'on puisse l'en empêcher, celle-ci avait saisi la poêle sur la gazinière, bien décidée à laver l'affront à coups de fonte et de restes de graisse de bacon. La blonde avait tout juste eu le temps de s'interposer. Quant à la suite, elle se devine sans mal ; l'oeil au beurre noir parle pour lui-même.
Les époux continuaient donc de se disputer. Mais par cellule interposée désormais. La raison pour laquelle Morris trouvait ça si drôle était que beaucoup, au poste, auraient rêvé d'assister à cette scène. Charley était appréciée, aucun doute là-dessus, pour autant, peu de ses collègues se vanterait de n'avoir jamais rêvé de lui envoyer un bon coup sur la tête. La jeune femme le savait parfaitement, voilà pourquoi, en sortant des vestiaires, elle se dit que la journée allait être longue. Très longue.
Elle fit un détour par la machine à café avant de revenir à son bureau, lançant des regards menaçants à la ronde. Certains faisaient mine de s'intéresser à leurs paperasses mais d'autres ne cachaient pas leur hilarité. Elle finit par se désintéresser d'eux - l'ignorance est la meilleure forme de mépris, etc. etc. - et porta le gobelet fumant à ses lèvres, anticipant déjà l'extase de la première gorgée de réconfort.
HAAAAAAAAAAAAWKES !!!!! DANS MON BUREAU......... TOUT DE SUITE !
Oh. Pu. Tain.
Charley fit un bond sur sa chaise, les yeux écarquillés et ne dut qu'à un fabuleux réflexe - du genre de ceux qui lui avaient manqué ce matin - que le contenu du gobelet se répande sur le sol et non sur son débardeur propre. Cette fois, personne ne se priva de rire et elle happa Morris du regard, l'air incrédule et les yeux écarquillés de stupeur.
" C'était quoi, ça ?! " Son collègue lui renvoya un sourire toutes dents dehors. " Une vieille impression de déjà-vu. " Regard bovin. Puis, illumination. " Que ... ? NON ?! OUI CHEF, BIEN CHEF ! "
Manquant de s'empêtrer dans les pieds de sa chaise et de se vautrer sur son bureau, la Miss Catastrophe bondit de celle-ci et fila jusqu'au bureau du Boss. Elle avait du rater son arrivée et vue la mine patibulaire qu'elle affichait en revenant, personne ne s'était donné la peine de la prévenir - ce n'était pas parce qu'ils faisaient un métier dangereux que ses collègues étaient suicidaires.
" Matthews ! "
Elle découvrit la silhouette de son ex-Boss préféré dans le bureau quasi-vide. Inutile de le voir pour sentir qu'elle souriait à s'en couper le visage en deux. De toute façon, elle ne se cachait pas vraiment de ce genre d'émotions avec Liam. Au-delà de leurs sempiternelles disputes, ils savaient l'un comme l'autre s'apprécier à leur juste valeur. Le jeune homme devait donc être habitué à ce genre d'accueil jovial.
A ce qui suivit, par contre ...
Charley ne saurait certainement jamais ce qui lui était passé par la tête à ce moment précis. Avait-elle laissé avec ses collègues, à quelques pas de là, la distance respectueuse que Liam et elle conservaient entre eux ? Ou le coup de poêle qui avait fait plus de dégâts qu'elle ne le croyait ? Quoi qu'il en soit, à peine l'avait-elle alpagué qu'elle franchit les quelques pas qui les séparaient encore pour le prendre dans ses bras.
Oui. Le prendre. Dans ses bras. Comme ça, spontanément. Sans réfléchir. Et pas une simple accolade timide. Une vraie étreinte donnée avec la force de la sincérité. Si bien qu'il lui fallut au moins cinq secondes pour se rendre compte de ce qu'elle était en train de faire.
" Merde. Je ... " Elle s'empressa de reculer, empourprée de la gorge jusqu'à la racine des cheveux. " ... Désolée ! J'ai pas ... Enfin, j'ai pas pensé ... Merde. 'Faut que j'arrête le café. "
Elle se gratta l'arrière du crâne. Ridicule : 3, Charley : 0. |
| | | Invité | Sujet: Re: And nothing's holding back the two of us [Charley] Lun 22 Déc 2014 - 23:11 | |
| Quelques rires. Voilà ce que Liam pouvait entendre de la part de ses coéquipiers. Mais alors qu'un supérieur aurait probablement remis ses hommes à leur place, ce fut un sourire qui s'afficha sur les lèvres de Matthews. Cette situation, c'était du déjà-vu : Liam qui interpellait Charley, les rires amusés des collègues, la jeune femme qui arrivait au pas de course. Oui, c'était le quotidien. Pour la première fois depuis des semaines, le policier avait l'impression que rien n'avait changé. Si l'on omettait sa cécité, bien évidemment. Appuyé sur le rebord de son bureau, le jeune homme ferma les yeux un bref instant, se pinçant l'arête du nez en prenant une grande inspiration. Comment être clair sans avoir à hausser le ton ? Liam n'avait pourtant rien à prouver. Cette unité n'était plus la sienne. Mais voilà, le brun était connu pour être un perfectionniste avisé - parfois tyrannique quand les choses n'allaient pas dans son sens - et il était donc hors de question, pour lui, de laisser son équipe dans les mains d'un parfait inconnu. Or, pour parvenir à cette tâche, il allait devoir calmer les ardeurs de Charley Hawkes. Comment vous dire que cela était presque une mission impossible !
Alors qu'il se répétait des tas de phrases qui feraient de Liam un parfait diplomate, l'arrivée de la blonde bouleversa tous ses plans. En quelques secondes à peine, elle avait fait tomber son masque de chef de police qui comptait faire son job jusqu'au bout. Son " Matthews !" enjoué lui démontrait à quel point le sentiment qui le submergeait était réciproque : il était content de la voir ! Oui, Matthews était heureux de voir Hawkes. Comme quoi, leur relation avait drôlement évolué. Mais côtoyer la demoiselle était toujours synonyme de surprises. Et le geste qu'elle venait de faire envers Liam en était l'exemple parfait. Charley venait de le prendre dans ses bras. Surpris, le jeune homme fronça les sourcils, les mains figées en l'air, en se demandant ce qu'il devait faire. Son hésitation se ressentit d'ailleurs à travers cette tape, amicale mais si maladroite, sur l'omoplate de la policière. Mais Liam était aussi un maître dans le revirement de situation. Notamment lorsqu'il passa ses bras autour d'elle pour la serrer fortement contre lui. Il lui rendait clairement cette étreinte sincère et intense, sans réfléchir, sans prêter attention à ce qu'il pouvait se dire. Ce qui faisait beaucoup de bien, soit dit en passant. Quand Charley se recula, il sentit son malaise. Malaise qu'il partageait clairement. Il se passa la main sur la nuque, son regard morne cherchant l'endroit où elle se trouvait. En entendant les explications de la jeune femme, Liam leva les yeux au ciel quand elle évoqua un trop-plein de café.
Ou alors c'est le coup de poêle de ce matin. J'ai toujours su que Madame Smith avait un revers dangereux. Forcément, ça chamboule le cerveau. Mais ne t'en fais, je ne briserais pas ta réputation de dure à cuire.
Un air taquin s'afficha brièvement sur le visage du brun. C'était typique chez lui. Mais en faisant cela, Liam avait un objectif bien précis : il essayait de faire diversion en tentant de ne pas lui rappeler que lui aussi avait rendu cette étreinte. Pas sûr que cela fonctionne. Et par-dessus tout, il cherchait une quelconque explication qui pouvait justifier un tel geste. Oui, ils se voilaient la face. Peut-être parce qu'ils étaient bien trop fiers pour s'avouer qu'ils s'appréciaient plus qu'ils ne le pensaient. Du moins, cela était le cas chez Liam. Posant sa main sur son bureau, il s'orienta en longeant le meuble afin de trouver sa chaise sur laquelle il s'installa. D'un signe de la main, il invita Charley à prendre place face à lui.
Installe-toi s'il te plaît. J'ai à te parler.
Il était temps de redevenir sérieux. Le temps était précieux chez les policiers, ne l'oublions pas. Un long silence prit place dans la pièce. Il ne savait pas par où commencer. Il fallait dire que la situation était plutôt étrange. Voire même difficile pour lui. Il soupira légèrement avant de prendre la parole.
Je pense que tu connais la raison pour laquelle je t'ai appelée dans le bureau, n'est-ce pas ? Comme tu t'en doutes, c'est mon dernier jour ici. Du moins, à ce poste, avec ce statut. C'est pourquoi je dois régler les problèmes de dernière minute. - Il haussa brièvement les épaules, affichant un léger sourire, avant de reprendre - Tu te souviens de l'officier Wilkins du commissariat de Townsville, celui qui croit tout savoir mieux que tout le monde ? Eh bien, il a été muté ici. Il arrivera la semaine prochaine. Et d'après ce que j'ai compris, le Boss compte en faire le chef d'unité. Bien évidemment, je lui ai fait comprendre que je n'approuvais pas son choix. Pour moi, c'est toi qui es la mieux placée pour assumer ce rôle. Tu connais les gars mieux que quiconque et tu sais comment les booster pour que l'équipe soit efficace. Mais il y a juste un petit problème : le Boss trouve que tu es bien trop "fougueuse" à son goût. Alors, Charley, tiens-toi à carreau les prochains jours. Même si le Boss t'enquiquine, ne dis rien et souris simplement. S'il te plaît.
Liam gardait son regard droit devant lui. Sa raideur et son expression montraient bien qu'il était plus que sérieux.
Je ne veux pas que ce gars soit à la tête de l'équipe. Déjà qu'il me prend mon binôme... - Stop ! Stop ! Stop ! Liam venait-il de faire une légère crise de "jalousie" concernant cet homme qui allait prendre sa place auprès de Charley ? Cela y ressemblait bien. Et le jeune homme s'en rendit compte, vu qu'il ajouta rapidement : - Enfin... euh... oublie ce que je viens de dire. Allons à l'essentiel : est-ce que le poste t'intéresse ? Et surtout, est-ce que je peux compter sur toi ? |
| | | Invité | Sujet: Re: And nothing's holding back the two of us [Charley] Dim 18 Jan 2015 - 17:29 | |
| Il lui avait rendu son étreinte. La blonde ne le réalisa pas tout de suite. Empêtrée qu'elle était dans son propre embarras, la réaction de Liam était quelque peu passée à la trappe, le temps qu'elle déglutisse et qu'elle endigue le rouge qui lui montait aux joues. D'accord, son collègue ne pouvait pas le voir, mais ce n'était pas une raison pour se laisser aller. Encore. On pouvait le dire, la situation lui avait échappé. Leur avait échappé à tous les deux, certainement. Même s'ils se côtoyaient de manière plus régulière et plus personnelle, il n'avait jamais été question de davantage que des conversations futiles. Alors ce genre d'effusions était ... Inapproprié ? Charley ne savait plus très bien quoi en penser. Parce qu'une petite voix lui soufflait qu'elle avait apprécié ce contact, comme elle appréciait son mojito après une longue journée de travail, comme elle se délectait des petits plats que son frère préparait spécialement à son intention. Ces brefs instants de lâcher prise lui avait donné une impression de naturel, de paix et de sécurité à l'image de ces moments de détente qu'elle affectionnait.
Troublant, en somme.
Heureusement, Matthews eut la bonté de ne pas l'enfoncer. Les railleries qu'il lui adressa résonnèrent avec bien davantage de douceur que s'il lui avait demandé des explications. Ou pire, s'il l'avait enjoint de ne jamais reproduire ce type de familiarités. Il aurait pu. A noter qu'il ne l'avait pas fait. Comment était-elle sensée l'interpréter ? Le mieux était encore de ne pas s'interroger.
" Sympa de ta part. J'ai déjà eu mon compte pour la journée, tu l'auras compris, hm ... " rétorqua-t-elle avec une fausse mauvaise humeur, le sourire dans sa voix détrompant un quelconque agacement. Le fait qu'il soit au courant pour la folle à la poêle ne l'étonnait guère. Ses collègues avaient dû s'en donner à coeur joie, les enfoirés. " Alors, Boss, qu'est-ce qui t'amène ? "
Oh ! La jeune femme, pour sa part, avait toujours une vue parfaite. Néanmoins, on pouvait être en pleine possession de ces cinq sens et choisir le déni total. Le bureau vidé de tous les effets de Liam lui sautait presque à la gorge. Un noeud inexplicable lui nouait l'estomac tandis qu'elle s'obligeait à garder les yeux fixés sur son interlocuteur. Avec un peu de chance, peut-être qu'elle se trompait. Peut-être qu'elle clignerait des yeux et que ce spectacle de désolation disparaîtrait. Espoir rendu vain dès que Matthews s'en était retourné vers son siège et lui avait intimé de prendre place en face de lui. Elle réprima un soupir et s'exécuta.
" Dis donc, ça a l'air vachement sérieux ! " tenta-t-elle de dédramatiser d'un ton faussement enjoué. Echec retentissant. Les traits graves de Liam la dissuadèrent d'en rajouter. Aussi reprit-elle, sans plus de fioritures : " Je t'écoute. "
Les mains sagement posées sur les genoux, elle ne pouvait cependant pas empêcher la tremblote de parcourir sa jambe. Le silence, l'attente ... Autant de mots antonymes à ce qu'elle était. Surtout lorsque la situation s'avérait aussi pesante. Pourtant, elle parvint à rester muette. Un exploit.
Quand le jeune homme reprit la parole, elle sentit une vague glacée la parcourir. Elle ne pouvait plus ignorer la réalité et le malaise qu'elle avait tenté de mettre de côté. Matthews ne serait désormais plus son Boss. Quelqu'un d'autre prendrait sa place, décorerait cette pièce, l'appellerait pour lui donner ses instructions ... Son coeur se serra étrangement et elle hocha la tête, oubliant l'espace d'un instant qu'il ne pouvait pas voir ce geste. De toute façon, il avait autre chose en tête. A l'évocation de Wilkins, elle oublia le sentiment de perte que ses mots avaient fait naître en elle pour se redresser vivement, faisant crisser le dossier. Comment le chef avait-il pu penser à ce type ? Sérieusement ? S'il était compétent, il avait à peu près autant de pédagogie qu'un gardien de prison. De plus, il ne connaissait pas cette équipe. Pas comme d'autres officiers de la brigade. Pas comme ... Et bien oui, autant le dire franchement : pas comme elle.
Liam en était conscient, lui aussi. Il ne se garda pas de lui donner son point de vue. Pour autant, elle ne s'attendait pas à une telle franchise. Elle pinça sa lèvre inférieure entre ses dents, flattée par les compliments et en même temps, agacée par le constat de leur supérieur. Parce qu'il avait raison et elle était suffisamment intelligente pour en avoir conscience.
" Je ne sais pas, Matthews. " bougonna-t-elle, piquée au vif tandis qu'elle se laissait aller contre le fauteuil, les bras croisés.
Faire tête basse pendant quelques jours suffirait-il à faire revoir le jugement de leur chef ? Elle en doutait franchement. Depuis des années qu'elle bossait dans ce commissariat, son impétuosité n'était un secret pour personne. Et chacun le savait, tentez de chasser le naturel et il revient au galop. A quoi cette mascarade mènerait-elle ? A un poste qu'elle aurait donné cher pour obtenir, certes. Mais à quel prix ? Sa réponse ne dut pas suffire à son interlocuteur puisqu'il s'empressa de marteler ses dires avec conviction. Elle crut déceler une pointe d'amertume alors qu'il évoquait son remplacement en tant que co-équipier, néanmoins, la fin de son discours détourna bien vite son attention.
Pour une fois, Charley se garda de balancer le premier truc qui lui passait par la tête. Une ange passa tandis qu'elle réfléchissait, pesant ses mots et tentant de faire le tri dans ses pensées emmêlées. Elle inspira même un grand coup avant de reprendre la parole.
" Évidemment qu'il m'intéresse. Dire le contraire serait mentir. J'adore cette brigade, je connais chacun de mes collègues comme si je les avais pondu moi-même et imaginer qu'un inconnu se pointe pour nous diriger ... Ça me plaît pas plus qu'à toi. " Un soupir. Elle se pinça l'arrête du nez, sentant la migraine poindre devant tant de dilemme. " Mais on le sait, toi comme moi, comme le grand patron, que je changerai pas. Je suis une emmerdeuse. Tu veux savoir si tu peux compter sur moi ? J'aimerais bien te répondre que oui, que je vais faire un effort et montrer que je suis capable de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler. Et après, quoi ? Encore un avocat qui va se pointer, faire sortir du trou le type qui a envoyé sa femme à l'hôpital et je vais recommencer à mouliner des bras dans tous les sens et crier à l'injustice. Ça passe avec mon statut actuel. Je dirai même qu'on me passe pas mal d'écarts depuis ... "
Elle s'interrompit. Depuis l'accident, oui. Depuis qu'elle avait failli tuer celui qui se tenait en face d'elle. Son binôme. Son double depuis tant d'années. Et soudain, elle réalisa. L'espace d'un instant, elle eut l'impression que tout l'air s'était retiré de ses poumons et la vague glacée fit un retour en fanfare, figeant son sang dans ses veines. La réalité. L'évidence. Tout ce qu'elle fuyait avec tant d'assiduité. Ses épaules ployèrent sous le choc.
" Tout ça, c'est de ma faute. C'est à cause de moi, tout ce bordel. " finit-elle par lâcher d'une voix défaite qu'elle ne se connaissait pas. " Si j'avais ... Merde ! Liam ! Pourquoi c'est toi qui dois partir et moi qui devrais avoir une promotion ? Tu trouves ça normal ? Non, non, ça l'est pas ! Pas du tout ! C'est injuste. Mal foutu. Cruel. T'aurais dû pouvoir rester ici. Avec moi. Sans moi. Peu importe. Je sais que nous deux, ça a toujours été un peu compliqué. On a passé presque dix ans à se soutenir autant qu'à se tirer dans les pattes. Mais on l'avait choisi. On s'en sortait même plutôt bien. Et comment je clôture ça ? En t'envoyant dans un poteau. J'aime pas cette fin. Je la déteste même. Elle me rend malade. "
Hawkes n'était pas femme à faire dans le drame. Elle laissait ça à ses pairs, celles qui aimaient faire les boutiques, attendre près du téléphone que leur rencard de la veille les rappelle ou qui pleuraient devant Love Actually. Elle contenait ses émotions avec une rare habileté, se défoulant grâce aux sports, aux conquêtes d'un soir ou via une bonne biture. Cependant, il arrivait un moment où cela ne suffisait plus. Comme tout le monde, elle était faite de chair, de sang ... Et de sentiments. Lesquels venaient d'exploser au grand jour, face à la dernière personne qu'elle aurait souhaité, à grands renforts de ton haussé et de gestes empreints de colère, son poing s'étant même écrasé sur le bureau à la fin de sa tirade.
Elle se leva d'un bond. La station debout lui fit prendre conscience de ce qu'elle venait d'avouer, à demi-mots ou explicitement. Elle se sentait coupable. Elle ne voulait pas d'un autre Boss, pas plus d'un nouveau binôme. Il ne serait jamais à la hauteur de Liam. Il ne parviendrait jamais à faire le tampon quand elle s'emportait, à l'apaiser comme il avait le faire. Puis, elle pourrait le blesser, lui aussi. Qu'est-ce qu'elle faisait encore là, d'ailleurs ?
" 'Faut que j'y aille. Désolée. Je ... Je peux pas. "
Je ne peux plus aurait été plus approprié. Mais elle n'allait pas s'attarder sur la sémantique. Sur ces mots, elle tourna les talons et s'empressa de quitter la pièce. Des larmes menaçaient de percer la barrière de ses paupières crispées. Et pour la seconde fois de la journée, ses collègues purent voir la furie Hawkes traverser le commissariat, cette fois en direction de la sortie. Bien pénible spectacle. |
| | | Invité | Sujet: Re: And nothing's holding back the two of us [Charley] Mar 3 Fév 2015 - 17:22 | |
| Bon, l'un et l'autre étaient probablement en train de se demander ce qui avait bien pu se passer dans leur tête au moment de cette étreinte. Cela était tout bonnement étonnant lorsque l'on connaissait Hawkes et Matthews. Mais l'un comme l'autre avaient également la même façon d'agir. Et ce fut pour cela qu'ils ne cherchèrent aucune explication. A quoi cela servirait-il, si ce n'était s'embêter pour des futilités ?! Bien sûr, c'était inapproprié. Bien sûr que cela était surprenant, voire même étrange. Mais c'était arrivé, point final. Liam avait opté pour une pointe d'humour afin de dissimuler leur gêne commune. La meilleure solution à ses yeux, visiblement. Quand Charley lui annonça qu'elle avait eu son compte pour la journée, le jeune homme répondit par un sourire, haussant brièvement les épaules.
Désolé, mais pour le coup, l'occasion était trop belle pour me taire.
Un coup de poêle, ce n'était pas tous les jours que cela arrivait. Et Liam se permettait d'en rire uniquement parce que la demoiselle s'en était bien sortie. C'était quelques secondes de répit avant un sujet bien plus sérieux. Sujet qui fut rapidement mis sur le tapis. Alors que Charley s'était installée face à lui, Liam sut que cette dernière avait pris en compte la gravité du sujet de discussion et ce, malgré qu'elle ait tentée de dédramatiser la situation. Ce qui aurait peut-être marché... à un autre moment, dans un autre contexte. Désormais, il n'était plus là pour rire. Le chef venait de refaire surface et toute sa posture le démontrait clairement. Ce fut ainsi que Liam déballa les raisons pour lesquelles il était ici aujourd'hui, face à elle. Il était désormais temps pour lui de tourner définitivement la page du commissariat. L'ex-policier avait préféré anticiper : démissionner, au lieu d'être "mis à la porte", si l'on pouvait appeler cela de cette manière. Cela aurait été beaucoup plus difficile à supporter pour ce jeune homme qui tentait de se reconstruire du mieux qu'il le pouvait. Alors qu'il évoqua la future arrivée de Wilkins et le poste de chef qu'il laissait vacant, Liam apprécia le fait que Charley ne l'interrompait pas. Il lui en était même reconnaissant. La situation n'était pas facile pour lui et il n'avait pas vraiment la tête à subir les contestations de la blonde. Il avait son idée bien en tête et pour le coup, Liam ne se mettait pas vraiment à la place de Charley. Erreur, grosse erreur. Alors qu'il venait de lui faire part de son envie de la voir au poste de chef, son "je ne sais pas" lui fit arquer un sourcil. Elle se fichait de lui, n'est-ce pas ? Durant des années, elle avait rêvé de lui prendre sa place et maintenant qu'elle était à deux doigts d'atteindre son objectif, elle répondait "je ne sais pas" ! Le jeune homme était abasourdi. Une pointe de colère commençait même à naître en lui. Pour lui, cela était certain : elle n'avait aucune raison de refuser ce poste. Oui, Liam préférait s'aveugler, sans mauvais jeu de mot bien évidemment. Par pur égoïsme, il n'avait pas envie de chercher les raisons qui pouvaient expliquer cette hésitation. Au fond, il les connaissait. Il n'était juste pas prêt à les entendre. Mais Charley ne sembla pas du même avis puisque la demoiselle exposa ses arguments. Ce à quoi il tenta de mettre fin en la coupant :
Le poste t'intéresse et tu ne veux pas voir l'unité dirigée par un inconnu, cela devrait te suffire pour te convaincre.
Mais cette petite phrase n'arrêta en rien le discours de Charley. La tornade blonde était lancée et Liam savait pertinemment qu'une fois partie, il était dur de l'arrêter. Elle était comme lui... aussi têtue ! Il écouta avec attention ses paroles, se faisant muet, son regard planté sur elle comme s'il parvenait à la sonder. Charley était en train de lui faire part du seul obstacle qui pouvait lui coûter sa promotion : sa fougue. Une fougue qui fut souvent pardonnée suite au malheur qui leur était arrivé. Liam fronça les sourcils. Ils étaient en train de glisser sur un sujet dangereux. L'accident. Ils n'en avaient jamais parlé. Peut-être parce que cela était trop difficile à partager. Ces non-dits les rongeaient, mais ils avaient préféré en faire l'impasse et faire croire que tout allait bien. Mais aujourd'hui, Liam n'avait pas envie de faire semblant d'aller bien. Quand elle s'interrompit en plein milieu d'une phrase, ce fut le jeune homme qui prit la suite :
Depuis... ? Tu peux le dire. Vas-y... Dis-le !
Ces deux derniers mots furent lâchés avec une froideur que l'on ne connaissait pas chez lui. Elle voulait parler de l'accident. Qu'elle en parle, merde ! Clairement et distinctement, sans se cacher derrière des silences ou des sous-entendus. Il était aveugle, pas sourd, ni même fou. Il savait très bien où elle voulait en venir. Liam croisa les bras, le visage dur, la mâchoire serrée. Alors qu'il devrait se mettre à la place de son binôme en acceptant qu'elle aussi avait souffert durant cette épreuve, seule la colère prenait le pas. Et quand Charley craqua littéralement - ce qui aurait dû adoucir Liam qui ne l'avait jamais vu dans un tel état - ce fut clairement de la rage qui s'empara du policier. Ses paroles se joignirent aux siennes :
Arrête, Hawkes ! S'il te plaît, arrête. Ne t'aventure pas sur ce terrain-là !
Liam se connaissait. Il pouvait être méchant quand il le voulait. Connaissant son état d'esprit actuel, il serait capable de dire des choses qu'il regretterait ensuite. Sous la colère et sous le désespoir, il était prêt à remettre la faute sur Charley. Elle le faisait déjà bien elle-même ! Pourtant, Liam n'avait jamais rendu Charley coupable de ce qu'il lui était arrivé. Ils faisaient un métier dangereux et les accidents de ce type n'étaient pas rares. Cela devait arrivé, voilà ce qu'il s'était toujours dit. Le jeune homme avait déjà bien trop perdu : sa vue, son boulot, sa fiancée, ses repères. Il ne voulait pas perdre sa binôme en plus de cela. Entendant le bruit d'une chaise qui racle le sol, Matthews comprit que Charley s'était relevée. Il resta silencieux, ne voulant rien répliquer, par crainte d'être dur avec elle. Pourtant, au fond de lui-même, les confidences de Charley lui faisaient énormément de mal. Il n'était juste pas prêt de l'assumer. Alors qu'il entendit les dernières paroles de la blonde, Liam se releva à son tour, secouant la tête.
Ne bouge pas, Hawkes. C'est un ordre !
Mouais... bon, croire que cela allait fonctionner était une douce utopie. Au grand dam de Matthews, Charley sortit du bureau. Mais le policier ne se laissa pas démonter : il contourna son bureau et se lança à sa poursuite, se fiant à sa bonne mémoire pour s'orienter. Liam qui courait après une fille, cela était nouveau ! Voilà que le spectacle devait être intrigant pour leurs collègues : Charley sortant comme une furie, suivie de près par Liam qui ordonnait, d'une voix forte, de retourner directement dans le bureau. La situation aurait été cocasse si l'on ne savait pas ce qu'il s'était réellement passé entre eux. Les disputes entre Charley et Liam étaient monnaie courante, mais dans le contexte actuel, leurs éclats de voix avaient eu une saveur différente. Pour une fois, leurs collègues ne riaient pas. Un silence de mort s'était même imposé dans la pièce. Alors que Charley s'engagea vers la sortie, Liam, perdu dans ses repères, se heurta au bureau d'un des employés.
Putain ! Qui a foutu ce bureau en plein milieu du chemin ?!
Bien évidemment, ce bureau s'était toujours trouvé à cette place mais personne n'osa en faire la remarque à Liam. Le visage déconfit qu'il affichait montrait clairement qu'il aurait fini par remballer quiconque s'adressant à lui. Il s'appuya sur le bureau et se pinça l'arête du nez, les yeux fermés. Un mal de tête s'était pointé et un sentiment de culpabilité submergea le jeune homme. Il avait été incapable d'arrêter Charley. Il avait tout fait foiré...
Quand il retourna dans son bureau, les paroles de Charley refirent surface dans l'esprit de Liam. Cela le tourmentait même. Il resta une bonne heure sur son fauteuil à ressasser ce qu'il venait de se passer. Il finissait peu à peu par se rendre compte de l'attitude déplorable qu'il avait eu. Il avait été égoïste. Jamais il n'aurait pensé que cela affecterait autant la policière. Pour lui, Charley était un roc, le genre de femme inatteignable, presque sans coeur. Il avait fini par oublier qu'elle était humaine et qu'elle aussi pouvait avoir des sentiments. Qu'il avait été bête de lui proposer le poste ! Il avait fait une jolie bourde. Mais ce n'était pas cela qui allait l'arrêter. Il se releva, sortit du bureau et ordonna à un des gars de l'unité de l'amener à un endroit précis. Liam donna une adresse, au lieu de dire clairement qu'il allait chez Charley. Cela aurait fait jaser et il voulait éviter à la jeune femme de nouvelles railleries venant de collègues masculins parfois bien lourds. Dans le véhicule, Liam resta silencieux. Mais lorsque son collègue lui fit la remarque comme quoi ils étaient devant chez Charley, le brun se tourna vers lui et répliqua "et alors ?". Il le remercia rapidement et descendit de la voiture, canne blanche en main. Liam n'était jamais allé chez Charley, se contentant juste de la déposer devant son immeuble. Heureusement, le timing fut parfait puisqu'un voisin sortit du bâtiment à l'instant même où il allait entrer. Le policier demanda où vivait mademoiselle Hawkes et prit en compte les instructions du voisin. Il le remercia et pénétra dans l'immeuble, où une vive appréhension s'empara du jeune homme. Peut-être ne voulait-elle pas le voir ? Au moins, il en aurait le coeur net. Arrivé devant la porte de l'appartement, il tapa doucement en ajoutant, après quelques secondes :
Charley... C'est Liam. Ouvre-moi, s'il te plaît. Je crois qu'il faut qu'on parle.
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| | | Invité | Sujet: Re: And nothing's holding back the two of us [Charley] Mar 17 Fév 2015 - 17:17 | |
| Charley avait complètement ignoré les ordres de Liam. A dire vrai, elle avait ignoré à peu près tout ce qui se trouvait sur son chemin vers la sortie du commissariat. Elle ne s'était pas inquiétée que ses collègues puissent la regarder d'un drôle d'air, que leur petite scène puisse remonter jusqu'aux oreilles du patron ou encore de l'état dans lequel elle laissait Matthews.
Non, sur l'instant, tout ce qui lui importait était de quitter les lieux au plus vite. Avant que larmes ne coulent. Avant qu'elle ne puisse prendre la mesure de ce qu'elle venait d'avouer, des démons qu'elle avait réveillé en, enfin, osant poser des mots sur les angoisses qui la taraudaient depuis tant de mois.
On pouvait qualifier de miracle le fait qu'elle soit parvenue à prendre le volant sans provoquer un nouveau drame. Plusieurs fois, elle essuya ses joues humides avec des gestes rageurs, maudissant sa faiblesse et la colère dont elle n'arrivait pas à se défaire. Comment avait-elle pu craquer aussi facilement ? Pourquoi maintenant, alors que ce n'était ni le lieu ni l'endroit ? Qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête - à part le coup de poêle de Mrs Smith ? Le pire dans tout ça, c'était qu'elle s'inquiétait de ce que Liam allait penser d'elle. Une première !
Ou peut-être pas. Peut-être qu'au fond, elle avait toujours été soucieuse de l'image qu'elle renvoyait à son binôme sans en avoir vraiment conscience. Ils s'étaient tant mesurés l'une à l'autre ces dernières années qu'il était possible qu'il soit devenu davantage qu'un simple concurrent. Tel un modèle, un complément dont elle réalisait seulement aujourd'hui l'importance dans sa vie.
Ainsi fut la pensée qui l'assaillit alors qu'elle se garait devant chez elle. L'adrénaline était retombée et elle se sentait vide. Voire carrément déprimée. Une chose assez inhabituelle chez la Hawkes, laquelle avait l'habitude de rebondir en toutes circonstances. Sauf que pour l'heure, elle ne trouvait pas les ressources nécessaires. Elle laissa aller son front contre le volant, ses doigts se crispant sur ce dernier. La rage s'était envolée, la fatigue l'assaillait ... Normalement, plutôt que de rentrer à son appartement, elle aurait plutôt était du genre à filer à la salle de boxe ou à la plage, planche de surf sous le bras, histoire de se défouler. Elle avait toutes sortes de palliatifs à ses malaises, dont elle usait et abusait sans vergogne. Et voilà qu'elle avait choisi la solitude de son appartement. Décidément, bien des choses semblaient avoir évolué ces derniers temps.
Retrouvant enfin un semblant de contenance, elle sortit de la voiture et monta les trois étages d'un pas lourd. Elle referma la porte derrière elle, y restant appuyée un moment tandis qu'elle embrassait les lieux du regard. L'appartement n'était pas très grand, le confort assez spartiate et surtout, bien que les lieux furent propres, il y régnait un vrai capharnaüm. Charley n'avait jamais pris le temps de l'aménager véritablement, de s'approprier cet espace dans lequel elle ne vivait, au final, que très peu. Elle travaillait énormément et le reste de son temps libre, elle le passait dehors à courir d'un ami à l'autre, d'un activité à une autre, de bringues en bars. En gros, elle ne passait ici que pour manger, se laver et dormir. Sauf qu'aujourd'hui, elle en avait besoin. Elle ne se voyait pas ailleurs que dans cet antre du bazar. Au final, il reflétait assez bien son état d'esprit.
Durant l'heure qui suivit, elle resta étalée devant la télévision, un pot de glace à moitié vide reposant sur son ventre tandis qu'elle zappait de chaînes en chaînes, incapable de se concentrer sur une émission quelconque. A elle seule, elle incarnait à la fois le parfait cliché de l'homme désespéré de son jour de RTT et la femme victime d'une rupture amoureuse, bien qu'elle ne soit ni l'un ni l'autre. Dans d'autres circonstances, elle aurait ri de sa propre attitude. Elle avait même retiré son pantalon et son tee-shirt au profit d'un vieux short à franges et d'un débardeur trop grand sous lequel elle n'avait pas cru bon d'enfiler un soutien-gorge. Vraiment, elle faisait peine à voir. Enfin, de toute façon, elle n'avait pas l'intention de recevoir une visite quelconque.
Seulement, entre la théorie et la pratique, elle aurait dû savoir qu'il n'y avait qu'un pas à franchir. On toqua à la porte.
Elle se figea, la cuillère à soupe dans la bouche, cette dernière émettant un petit "pop" peu ragoutant alors qu'elle la retirait lentement. Qui pouvait bien s'être pointé ici en pleine journée ? Elle espérait que ce n'était pas Alex ou pire, sa mère. Si l'un ou l'autre la trouvait dans cet état, elle était partie pour des regards inquiets et un interrogatoire en bonne et due forme.
Il ne lui vint pas à l'esprit que ce pourrait être Matthews, lui qui n'avait jamais mis un pied chez elle, aussi manqua-t-elle de sauter au plafond quand sa voix retentit derrière le battant. Il ne manquait plus que ça ...
Finalement, elle se décida à se lever, s'approchant de la porte, la main sur la poignée sans pour autant faire mine de l'ouvrir.
" On est obligés ? " lâcha-t-elle d'une voix à mi-chemin entre la confusion et l'agacement. Et au vue de la réplique de Liam, sa question fut plutôt mal accueillie. Elle en déduit que non, elle n'avait pas trop le choix, ce coup-ci. " Bien, bien ... " Elle tourna la poignée et découvrit son ex-Boss sur le seuil. " ... Je t'en prie, entre. "
On ne pouvait qu'être gré à la mauvaise fortune qu'il soit aveugle, au moins cela lui épargnait-il la vision de l'appartement et de sa tenue complètement inappropriée. Bien que, franchement, ce fut le cadet de ses soucis en cet instant. Elle l'entraîna dans le petit couloir qui lui servait d'entrée jusqu'au salon où la télévision égosillait une femme pleurant la mort de son sixième mari dans un drama espagnol quelconque. Charley s'empressa d'éteindre la bête avant de passer définitivement pour la nouillasse de service. Surtout qu'ils avaient à discuter, a priori. Autant éviter les interférences.
" Laisse-moi deviner, tu es venu ici pour me faire la morale et me ramener au poste par la peau des fesses ? Me dire à quel point je te déçois et blablabla ... " reprit-elle, bras croisés, dans une posture aussi défensive que l'était le ton de sa voix. Elle était sur ses gardes, préférant frapper le premier coup avant de recevoir celui de trop. " ... Désolée de pas être à ta hauteur, Boss. Eh oui ! On dirait qu'après toutes ces années de lutte acharnée, on puisse enfin le dire : c'est bien toi le meilleur. Alors, heureux ? "
Ses paroles transpiraient la détresse et la mauvaise foi. Incapable de se défaire de ce sentiment de honte qui l'avait assailli à peine ses confidences faites, elle avait choisi l'aigreur, l'attaque plutôt que la sincérité. Quitte à provoquer une nouvelle dispute. Car Matthews n'était pas du genre à se laisser faire. Dommage. |
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