Le coeur a de ses raisons que même la raison ignore (Victoria)

Depuis quelques temps déjà je ressentais cette folle impression que le contrôle de ma vie était en voie de m'échapper, totalement, que ce soit sur le plan professionnel ou personnel tout semblait vouloir s'écrouler et le plus dingue était que je ne savais pas quoi faire pour stopper le tout. Pour la toute première fois je ne savais quoi faire, j'étais sans solution, et cela n'était pas sans m'effrayer.


Désireux d'y voir plus clair , et de tenter de régler le tout, je décidai de prendre du recul … c'est ce qui m'incita donc à prendre un long congé du bureau et à prendre mes distances de mes proches. Bien sur ma décision n'était pas sans avoir généré son lot de mécontents mais j'étais d'avis qu'il s'agissait là de la seule chose à faire et j'étais prêt à en assumer les diverses conséquences. Ayant donc quitté l'Australie pendant quelques jours, histoire d'aller me ressourcer sous des cieux plus cléments, j'avais donc fini par rentrer au bercail sans informer qui que ce soit de mon retour … d'une certaine façon je ne me sentais pas prêt à ce genre de confrontation que je n'étais pas sans appréhender.


Bien sur j'aurais pu rentrer directement chez moi mais la crainte de renouer avec mon quotidien m'en empêchait, je décidai donc de me rendre à la plage histoire de m'y détendre avant de rentrer chez moi et de me retrouver confronter devant ce que je fuyais depuis déjà trop longtemps. Arrivé sur place je me stationnai et faisant quelques pas je finis par m'installer en bordure de la plage retirant mes chaussures et laissant mes pieds s'engouffrer dans le sable chaud.

Il était vrai que j'avais quitté le pays sans avertir qui que ce soit même mes parents n'en avaient rien su, du moins sur le coup. Pourquoi un tel départ subit? Tout simplement parce que j'avais besoin de tenter d'obtenir certaines réponses aux questions qui me tourmentaient et que j'étais persuadé que jamais elles ne pourraient me venir si je restais une seconde de plus à Bowen. Bien entendu je ne m'attendais pas à ce que les gens de mon entourage comprenne ce désir qui m'animait mais il y a belle lurette que j'avais cessé de vivre ma vie en fonction des attentes de mon entourage. Cet exil temporaire m'avait aidé à y voir plus clair et j'en étais venu à un constat, d'ailleurs j'étais d'avis que les décisions qui allaient en découler risquaient fort de déplaire mais je comptais néanmoins aller de l'avant avec mes décisions … c'était ma vie après tout et je comptais bien la mener comme bon il me semblait.

Installé sur la berge, les pieds enfouis dans le sable, j'étais là impassible alors que je ne pensais plus à rien et c'est alors que j'entendis une voix plus que familière m'interpeller. Tournant légèrement la tête je ne pus qu'apercevoir Victoria s'approchant de moi et la voir ne pouvait que m'arracher un sourire. Évidemment je m'en voulais de l'avoir abandonné alors qu'elle était enceinte mais la vie ici était devenue intenable il m'avait donc fallu aller me faire voir ailleurs.

Victoria. M'écriais-je à son égard et puis, sans que je ne puisse même me déplacer, la belle se trouvait tout près de moi alors qu'elle avait fini par prendre place à mes côtés. Évidemment elle ne tarda pas à me harceler de questions mais c'était de bonne guerre.

Je vais bien , très bien même , et toi? Bien sur c'était loin d'être la vérité mais je ne voulais pas ajouter au stress qui était le sien en ce moment.  Je suis rentré que depuis quelques heures, j'arrive d'Espagne. Je ne pouvais que lui sourire lorsqu'elle me dit que je lui avais manqué … je ne voulais pas qu'elle se fasse le moindre reproche, il était normal qu'elle me questionne après tout. T'en fais pas c'est pas grave. Tu m'as terriblement manqué.

D'une certaine façon je m'en voulais d'être parti sans rien lui dire mais d'un autre côté j'étais persuadé que j'avais agit pour le mieux même que si c'était à refaire je ne changerais rien à ce que j'avais fait.

J'avais quitté l'Australie pour un tas de raisons, certaines pouvaient être expliquées alors que d'autres non, et le fait d'entendre Victoria m'avouer qu'elle se faisait du soucis à mon égard ne pouvait qu'ajouter à mes tourments. J'avais l'impression d'être devenu un poids, une source de soucis, pour mon entourage et c'est exactement pour cette raison que j'en étais venu à décider de m'éloigner … du moins pour un temps. Demeurer avec eux ne pouvait que les exposer au danger, j'avais décidé de faire certaines choses et c'était mon droit mais leur imposer les conséquences de mes actes ça non.


Comme tu peux le voir je me porte bien, ne t'en fais pas pour moi. Bien sur il s'agissait là uniquement d'une tentative de ma part histoire de me montrer rassurant. Ta sollicitude me touche mais crois moi tu n'avais pas à craindre quoi que ce soit pour moi.


Que pouvais-je bien lui dire? Que cette histoire avec mes parents biologiques désireux de revenir dans ma vie foutait une pagaille monstre? Que le stress me rongeait et que mon état de santé en souffrait? Que j'avais la mafia au cul et qu'Interpol veillait sur moi? Non il était hors de question que je me permette une telle chose, je la connaissais trop bien et je savais qu'elle n'en dormirait plus … il ne m'appartenait pas de pourrir sa vie, je l'avais suffisamment fait avec la mienne.


Je sais que tu n'aimes pas le mensonge, tout comme moi d'ailleurs. Je lui caressai la joue d'un geste doux et amical. Je ne t'ai jamais menti et ce n'est pas maintenant que je vais m'y mettre, c'est tout simplement qu'il y a certains trucs que je ne peux pas raconter il en va de ta sécurité.


Je me doutais bien que de savoir que j'avais séjourné un moment en Espagne allait éveiller en elle certains soupçons d'ailleurs elle n'hésita pas à me questionner à cet effet.


J'y suis aller pour mon bronzage. J'éclatai de rire sur le coup, il fallait bien que je trouve un moyen de la dérider. Non, plus sérieusement, j'y suis aller pour rencontrer un spécialiste pour mes soucis cardiaques. Valait mieux que je lui dise ça que de lui avouer que je m'y étais planqué sous la protection d'Interpol et puis d'une certaine façon c'était vrai j'y avais rencontré un imminent cardiologue.


La savoir aussi inquiète me concernant ne pouvait que me troubler mais je me refusais de tout lui dire, du moins pas maintenant.


Tu sais à quel point je t'adore ma chérie, si pour le moment je ne t'en dis pas plus c'est pour ton bien … ta sécurité. Lorsque le moment sera venu tu seras la première personne à qui j'en parlerai. Je la serrai contre moi. Tu as toujours confiance en mon jugement?

J'étais d'avis que Victoria en faisait un peu trop et je n'aimais pas la voir se mettre dans de tels états alors que j'étais d'avis qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter … il était vrai que j'étais de nature téméraire mais bon tout ça est une tout autre histoire.

Je sais tout ça, d'ailleurs tu comptes énormément à mes yeux également, mais crois moi tu t'en fais pour rien. Bien entendu je savais pertinemment qu'elle ne risquait pas de laisser tomber aussi facilement. Oui t'en fais pas je me tournerai vers toi si jamais le besoin s'en fait sentir. Je ne pus que lui lancer un sourire un brin narquois lorsqu'elle évoqua la menace, à peine voilée , de me tomber dessus. Tu veux dire … un peu comme maintenant? Lui dis-je tout en rigolant légèrement.

Je pouvais ressentir sa peur et d'une certaine façon cela n'était pas de nature à me plaire … j'aurais tant préféré qu'il en soit autrement mais avoir une vie calme et rangée ne faisait pas partie de mes projets. Sois sans crainte tout est sous contrôle. C'est la nature de mon travail de m'exposer à certains risques … certaines personnes n'acceptent pas de se faire dire non et moi de mon côté je me refuse à marchander mes principes et mon intégrité. T'en fais pas les risques que je prends sont calculés.

Il était impératif que je parvienne à la calmer et à l'apaiser, il le fallait. Bien entendu pressé par tant de questions, et étant un bien piètre menteur, je finis par lui dévoiler un des motifs de mon départ … un léger détail qui ne fut pas sans sembler la troubler plus que je ne l'aurais souhaité. Je ne suis pas médecin mais si je m'en fie au verdict du spécialiste s'étant occupé de moi tout est sous contrôle. Je lui souris, laissant un bras autour de sa taille.

Je sais que c'est ton rôle et que tu es craintive de nature mais crois il n'y a pas de soucis à se faire.

Je vivais dans le déni total en fait je courais un risque fou puisque le criminel à qui j'avais servi une fin de non recevoir avait juré d'avoir ma tête mais je ne me voyais pas avouer une telle chose à Victoria et puis de toute façon elle en avait déjà trop sur les bras avec le stress qui l'accablait je serais bien malvenu d'en ajouter.

Tout va bien aller, j'en suis persuadé. Lui dis-je tout en lui souriant, laissant une de mes mains caresser son ventre rond. Je comprends ta peur, d'ailleurs je donnerais tout pour pouvoir dissiper tes doutes et apaiser tes craintes mais malheureusement je n'ai pas ce pouvoir … tout ce que je peux faire est d'être là pour toi.