Comme on se retrouve (Selina)

Depuis mon retour en Australie ma vie semblait être sans dessus dessous, un peu comme si le fait de revenir à la maison n'avait rien changé au bordel dans lequel je m'étais foutu. J'avais décidé de rompre avec Emma, pour sa protection ainsi que celle de Zoé, et ensuite il y avait Amélia qui semblait vouloir s'accrocher à moi afin de vivre une histoire qui ne pouvait que s'avérer sans la moindre issue. J'avais gâché un pan entier de mon existence je n'avais pas le droit d'en faire autant à l'égard des gens de mon entourage.

Je m'étais permis de faire un balade du côté de la plage et apercevant , du coin de l'oeil, le bar de la plage je me sentis interpellé par l'endroit plus que désert. M'approchant je finis par me tirer un siège afin de m'installer au comptoir bien décider à m'offrir un peu de répit tout en savourant ma boisson préférée.

L'endroit me semblait , pour le moins, inoccupé et il s'agissait là d'une bonne chose – du moins à mon avis – car je n'étais pas trop d'humeur à socialiser avec des inconnus. Quelque peu perdu dans mes pensées j'attendis que la personne de service derrière le bar vienne à ma rencontre afin de pouvoir placer ma commande.

Un Scotch sur glace s'il te plaît. Double dose. Boire le matin n'était pas dans mes habitude, encore moins d'y aller aussi fort, mais là j'avais besoin d'un coup de main afin de voir clair dans ce qui n'allait plus dans ma vie et ce verre ne pouvait que m'aider en ce sens.

Depuis quelques temps, soit depuis mon retour au pays je n'étais plus le même homme , autrefois quelqu'un d'ouvert et sociable je semblais être devenu quelqu'un de distant et qui avait tendance à se refermer sur lui-même. Étant loin d'avoir une hygiène de vie impeccable, d'ailleurs je ne m'en cachais pas, j'aimais faire des excès mais de toute évidence le tout semblait maintenant s'avérer de nature à vouloir me rattraper. Mes problèmes avaient gagné en ampleur et sans trop m'en rendre compte mon attitude se voulait de nature à les amplifier. Je l'admets volontiers m'opposer à ces mafieux n'avait pas été mon idée la plus brillante mais d'un autre côté cela n'aurait pas été mieux si je m'étais permis de jouer leur jeu. Ceci étant dit le fait de boire de l'alcool se voulait plus que contre indiqué compte tenu de mon état de santé, sans compter que ce comportement n'allait en rien contribuer à dissiper mes ennuis, mais c'était plus fort que moi.

Installé au bar de la plage, alors que l'heure de midi n'avait pas encore sonné, j'étais entrain de boire un verre à forte teneur en alcool et c'est alors que j'entendis une personne m'adresser la parole. Bien entendu je n'étais pas trop porté sur les discours à tendance moralisatrice mais néanmoins je me tournai afin de faire face à mon interlocutrice … une simple forme de respect. Bonjour inspecteur Jenkins. Bien entendu mon sourire se voulait plutôt timide vu les circonstances. Ça se voit à ce point? Elle avait raison j'avais tout un tas de problèmes mais je n'aimais pas trop m'étendre sur ce sujet.

S'il y a bien un truc que je pouvais détester c'était bien les discours à tendance moralisatrice, c'est d'ailleurs ce qui m'avait incité à ne rien dire aux gens appartenant à mon entourage, plus que restreint, sur ce qui m'était arrivé ces derniers temps. Je craignais de devoir subir leurs remarques ainsi que d'entendre des conseils plus que mal avisés. De la façon dont je pouvais voir les choses la situation se voulait plus que complexe et il était évident qu'ils ne pourraient pas comprendre … c'est ce qui m'incita à demeurer silencieux.

Installé au bar, verre à la main, je ne fus pas sans remarquer l'identité de mon interlocutrice. Ne sachant pas trop si je devais m'adresser à elle en tant qu'agent de police ou à titre d'individu je la saluai en faisant allusion à ses fonctions professionnelles et c'est alors qu'elle me fit comprendre qu'il serait plus approprié de m'adresser à elle en ayant recours à son prénom. D'accord. Je lui souris. Alors reprenons depuis le début. Je la regardai l'air quelque peu amusé par la situation. Bonjour Selina. Bien que la jolie brune possédait un charme plus que manifeste je n'en demeurais pas moins quelqu'un de discret, je ne me confiais pas aisément aux gens, néanmoins je m'avançai sur cette route qu'elle avait elle-même pavée en initiant la discussion. Je ne vois pas trop ce que cela pourrait changer à la situation. J'étais quelqu'un de fataliste et depuis quelques temps j'avais cette folle impression qu'il valait faire abstraction de ce qui pouvait m'arriver que d'en discuter. Un léger moment de silence s'installa et c'est alors que j'éclatai de rire suite à ce qu'elle ajouta. Promis je vais faire attention je ne voudrais pas ensuite me réveiller dans une baignoire, d'une chambre d'hôtel miteuse, et m'apercevoir qu'il me manque un organe. J'agitai la tête en signe de dépit, niveau connerie je pouvais en sortir des pas mal lorsque je m'y mettais. Je peux pas croire que je viens de dire ce genre de conneries. Ce sourire amusé se dessinant sur mes lèvres ne pouvait que trahir à quel point ce petit moment de bonne humeur m'avait fait du bien.

J'appréciais la gentillesse dont elle faisait part à mon égard mais je craignais de parler et à m'ouvrir, je craignais les conséquences que pourraient engendrer mes propos, pourtant elle était flic j'étais d'avis qu'elle devait avoir tout entendu ou presque mais néanmoins je ne cessais d'entendre cette petite voix qui était de nature à me conseiller la plus élémentaire des prudence. Je suis d'accord mais par moment il devient si difficile de démêler le vrai du faux qu'on en vient à devenir totalement perdu et à se demander à qui l'on peut bien se fier. Je réalisai rapidement la portée de ce que je venais de dire je m'empressai donc d'éviter tout malentendu. Je m'en voudrais si mes propos avaient été de nature à te vexer c'est tout simplement qu'avec cette histoire de fou j'en suis venu à perdre mes repères je ne sais plus trop ce que je dois en penser. Avec ces mafieux qui ont tenté de me tuer, mes soucis de santé, Interpol qui ne parvient plus à me protéger je commençais vraiment à craindre pour ma peau.

La suite de la conversation emprunta un tout autre registre, elle se fit sous le ton de la plaisanterie ce qui ne fut de nature à me plaire. Il y a toujours un risque dans tout ce que nous faisons. Son allusion me fit rigoler un bon coup, je dois bien l'avouer, étant quelqu'un de tordu je m'étais permis d'imaginer la scène. En effet notre monde ne manque pas de taré, je dois bien en voir quelques exemples passer la porte de mon bureau. Elle avait raison on ne savait jamais sur quel genre de cinglé on pouvait tomber. Je te vois très bien dans une version féminine de Dexter mais ne me découpe pas … de toute façon ça serait stupide tu risques d'avoir besoin des services d'un avocat si jamais ça se corse. C'était assez drôle comme conversation. Moi qui était venu ici avec les idées, plutôt , sombres voilà que je riais de bon cœur avec la belle brune … de toute évidence sa compagnie avait sur moi un effet que je n'avais, du moins jusqu'à maintenant, jamais osé imaginé.