Matthew & Hayden

Il y a des soirs comme ça, où tout s’écroule autour de moi ! Pourtant, je crois savoir toujours ce que l’avenir va m’apporter. Et non, on a beau faire des paroles de chanson un texte des plus beaux, la vie n’en reste pas moins mystérieuse et improbable. Si on m’avait dit il y a ne serait-ce qu’un an, que je vivrais en Australie, j’aurais sans doute rit aux éclats. Et pourtant, me voici. Bon, je suis loin d’avoir une vie qui me déplait puisque je vis en collocation avec mon meilleur ami de toujours et que je suis pour ainsi dire le plus heureux du monde à ses côtés, mais il y a quand même des moments où j’ai le blues, ou la nostalgie de ma terre natale si vous préférez. Mes parents me manquent mine de rien parce qu’ils sont loin. Et skype c’est pas mal mais il faut avouer que ça ne vaut pas un bon gros câlin ! Alors quand vraiment ça me prend comme ça, je fonce dans la cuisine où je vois Matthew et je l’entoure de mes bras, sans lui laisser le choix bien sûr ! Et avec mon plus grand sourire je lui dis :

« Fais un gros câlin à tonton Hayden ! »

Je le regarde, totalement amusé. Il commence à avoir l’habitude de mes frasques je pense. Pourtant, je ne compte plus le nombre de fois où j’ai eu l’impression de le mettre mal à l’aise. Et je continue tout de même, parce que j’estime qu’il vaut mieux rire que pleurer. Ca augmente la longévité. Bon, je finis tout de même par le lâcher, mais presque à contre cœur. Et puis je lui pose une question cruciale parce que mine de rien, j’étais venu pour ça à la base.

« T’aurais pas vu mes chaussettes ? Je sais que je suis censé suivre la petite odeur de moisissure et que je les trouverais au bout… mais je n’ai plus d’odorat là ! »

Bon visiblement, il n’a pas vu mes chaussettes. Ca ne va pas m’arranger cela car mine de rien, le sol est froid malgré qu’on soit au mois d’aout et puis, il est sale aussi et donc pas de chaussettes = les pieds sales. Et comme vous le savez, je ne me lave qu’une fois par mois, alors c’est problématique… Ne balisez pas, c’est une blague ! Je le regarde et je soupire, d’une moue à moitié triste.

« Bah oui mais j’ai froid aux pieds moi… »

Je me parle un peu à moi-même et d’ailleurs, je n’ai pas répondu à sa réflexion, mais ce n’est que passager car à peine je relève la tête, un petit sourire se lit sur mes lèvres.

« Mais les tubes UHU ils donnent tellement envie qu’on les mette dans notre nez ! On dirait qu’ils sont faits exprès pour ça ! »

Et voilà, je suis entièrement satisfait de ma réplique. Il m’en faut peu pour être heureux comme vous pouvez le voir. Il continue de ranger et oui, je sais qu’il faudrait que je l’aide mais c’est plus fort que moi, je continue de glander. Sauf qu’il n’a pas l’air d’accord avec ceci puisqu’il me demande de l’aider, et voire même que je pourrais retrouver mes chaussettes comme ça. Sur le fond il n’a pas totalement tort !

« Tu t’en sors si bien tout seul que ça m’embêterait vraiment de te ralentir. »

Je ne suis vraiment pas une flèche quand il s’agit de faire le ménage et d’ailleurs, je pense qu’il en est pleinement conscient.

« Je ne comprends toujours pas pourquoi on n’a pas une colloc qui ferait toutes les corvées à notre place ! Ou une femme de ménage d’ailleurs ! Ce serait tellement plus simple ! »

Et la vie serait tellement plus belle ! Je prends quand même un sac poubelle et j’attrape des papiers qui trainent devant moi, histoire de faire genre d'aider.

Mon meilleur pote me propose un massage et il ne sait pas dans quoi il s’embarque avec une telle proposition. Il n’a donc pas pensé une seule seconde à la réponse évidente que je vais lui apporter ?

« C’est proposé si gentiment que je me verrais mal refuser. »

Dans d’autres circonstances, j’aurais déjà pris place sur une chaise, attendant que ses longs doigts musclés et rugueux viennent me masser, mais bon, comme il est en train de ranger et que par conséquent, il a des mains toute sale, on va attendre un peu.

« Par contre, j’attends que tu te sois lavé les mains parce que sinon, ça va puer ! »

Et on en revient à mes trous de nez. Et alors que cette fois ci, c’est autre chose que des tubes de colle qu’il veut me mettre dans le nez, je n’ai pas le temps de dire ouf ou d’éviter son geste que je me retrouve avec une espèce de curly dans les narines. Et comme par hasard, c’est à ce moment-là que je respire et je manque de m’étouffer car j’avale par le nez des petits bouts du gâteau apéritif.

« Ahhhh BERKKKK ! Ça pique le nez cette connerie ! Moi je pensais que c’était tes gros doigts velus que tu allais me rentrer ! Ça aurait enlevé les crottes de nez au passage ! »

Je me ressaisi puisqu’il est temps d’aider mon ami à ranger un peu. Déranger je sais faire mais ranger, c’est une autre histoire. C’est étrange pourtant car ces deux mots n’ont que deux lettres qui les séparent alors on devrait facilement savoir faire les deux non ? Bref, je vais à la vitesse d’un escargot mais il ne me fait aucune remarque (en tout cas pour l’instant !) J’évoque tout de même la possibilité de prendre une femme de ménage.

« Ouais ouais, c’est ce que tu me dis à chaque fois mais je pense quand même qu’elles ont des gènes qui font que c’est plus facile pour elles que pour nous de faire le ménage. D’ailleurs, pourquoi on dit femmes de ménage et pas hommes de ménage à ton avis ?! C’est que j’ai raison ! En tout cas, j’appellerais une agence dans la semaine ! Et je demanderais une jolie demoiselle tant qu’à faire… »

Il peut toujours rêver pour que je lui fasse un massage. Comme le grand gamin qu'il est, Hayden ne reconnaît pas de l'ironie quand elle se présente à lui. Non mais franchement, depuis le temps qu'on se connaît, il sait bien que jamais je ne lui ai fait de telle proposition. Généralement, les massages, je les réserve aux femmes que je côtoie, et aux dernières nouvelles, Heidi ne fait pas partie de cette catégorie. Une image de mon pote en tenue de soirée m'arrive soudain à l'esprit et je me mets instantanément à rire.

Non, mais je plaisantais ! Maintenant à cause de toi j'ai une vision apocalyptique : toi en robe !

Puis vient ensuite un échange très intéressant sur ce que je pourrais coincer dans le nez de mon pote, comme un curly. Bon, habituellement, je ne gaspille pas la nourriture, mais là c'est clairement un truc qui a traîné là toute la nuit et je ne comptais pas le remettre dans les placards. La réaction de mon ami me fait rire à nouveau, mais j'esquisse une grimace quand il parle de ses crottes de nez.

Cause toujours, j'ai choisi un gâteau qui te va parfaitement !

Je suis ensuite étonné de voir que, même s'il s'y met lentement, Hayden décide de m'aider. Par contre, ses commentaires sur la gente féminine je m'en serais bien passé. Sa tendance à considérer parfois les femmes comme des objets me sidère, mais il n'y a rien que je puisse dire pour changer le macho qu'il est.

On dit femme de ménage justement parce que les hommes considèrent souvent que c'est aux femmes de faire le ménage, mais je te ferais remarquer qu'il existe des hommes qui en font leur métier. Et je te vois venir, c'est pas forcément des homos.

Malheureusement, j'ai eu l'idée de proposer à mon colocataire d'engager une femme de ménage, justement. Et bien sûr, ça l'arrange. Il compte même demander une jolie jeune femme. Bon, bien sûr, je n'ai jamais rechigné à la présence d'avoir une belle demoiselle chez moi, mais faire venir une femme pour faire ce qu'on peut faire nous-même me rend un peu nerveux. Me connaissant, je suis presque sûr que je voudrai l'aider, alors que je paierai pour sa présence. Oui parce que je ne suis pas dupe, même si j'ai dit à Hayden qu'il devrait payer lui-même, je ne suis pas idiot et sais pertinemment qu'il pioche régulièrement dans mon portefeuille. Mais bon, que voulez-vous que je fasse ? C'est mon pote right ? Finalement, avec son aide, bien qu'elle soit légère, on ne met pas longtemps à ranger et je finis par m'affaler sur le canapé pour souffler deux secondes.

Tu veux bien m'apporter une bière oh Heidi chéri ? Dis-je sur le ton de la plaisanterie.

Moi en robe ? D’où lui vient cette idée franchement ? Je tire une tête qui veut tout dire de l’étonnement qui m’envahit, suivi d’une petite grimace parce que clairement, je n’ai aucune envie de m’imaginer en robe ! « Tu peux me dire le rapport entre les deux clairement ? » Franchement, il dit souvent de moi que j’ai des idées saugrenues mais il n’est pas mieux ! Alors certes, me connaissant, je suis bien capable d’enfiler la plus belle robe pour un défi qu’on me lancerait, mais ce n’est pas mon idée du genre et si je peux y échapper encore un peu plus longtemps…

« Tu crois que je n’ai toujours pas d’ami en dehors de toi comme c’est là ?! Je te signale que c’est faux et ce n’est pas parce que je t’ai suivi au bout du monde que tu as raison ! Il y a… Andrea… » Bon c’est un peu de la triche car je la connais par le biais de mon meilleur ami. Je continue à réfléchir… « Bah si, il y a Woody d’abord ! »

A chaque fois que je parle du jeune homme, je me prends une réflexion comme quoi c’est un ami imaginaire alors je le vois venir le Matthew. Il ne pourra pas m’enlever la réalité ! Woody existe bel et bien et un jour, je lui présenterais pour lui faire comprendre que le curly est adapté aux personnes sans amis, ce qui n’est visiblement pas mon cas ! Je trouve que je me justifie beaucoup pour quelqu’un qui n’a rien à se reprocher !

Puis, on aborde les femmes de ménage. Et les hommes de ménage au passage. Je suis sceptique, je n’en ai jamais vu. « Mouais… » Mais le problème reste le même, on appelle bien ces hommes des femmes de ménage.

« Tu ne m’enlèveras pas mon idée de la tête ! Pour se faire appeler femme de ménage alors que ce sont des hommes, c’est qu’ils doivent avoir un sacré grain dans la tête… Moi je n’accepterais pas qu’on me traite de femme… »

Les femmes sont cools bien sûr et je ne serais rien sans elles, ni moi ni les autres hommes… En finissant de parler ménage, je me rends compte que l’appartement est finalement rangé et à discuter, je ne me suis même pas rendu compte des déchets qui se sont accumulés dans mon sac poubelle. Je montre le sac rempli à Matty, tout fier de moi.

« Tu vois que je t’aide ! »

Bon, il faut quand même avouer qu’il en a fait l’équivalent des trois quarts mais bon… Il finit par s’affaler dans le canapé et en rigolant, il me demande une bière. En temps normal, je l’enverrais chier mais je me dirige vers le réfrigérateur et j’en sors deux de ces délicieuses boissons, dont une que je cache derrière mon dos. Je débouche l’autre et en bois une gorgée avant de tendre cette même bière vers mon ami avec un très grand sourire.

« Tiens, elle est délicieuse. »

« Moi en femme ?! Non Matty enlève toi ça de la tête ! » Je n’arrive pas à m’imaginer porter une robe juste pour le plaisir. Je sais que je suis super beau mais là, je perdrais visiblement toute crédibilité. Je vois dans ses yeux qu’il a l’air amusé par l’idée mais moi, ça ne me réjouit pas du tout. Alors je reprends rapidement ! « J’ai dit non Matty ! Enlève-toi ça de la tête ! Vraiment ! Je ne me déguiserais pas en femme pour un massage ! Je préfère encore ne pas avoir de massage ! » Encore une vision d’horreur qui me traverse l’esprit. Je ne veux pas de ça ! Il faut que je change de sujet et vite. Heureusement, je finis avec un curly dans le nez.

« Mais si il existe Woody ! »

Je suis fatigué de devoir m’expliquer sur ce sujet et j’aimerais tellement que les deux hommes se rencontrent pour que mon meilleur ami se rende compte que je dis bien la vérité. Je prends un air faussement outré, à la limite de la tristesse en même temps mais celui-ci s’en va vite alors que le ménage continue.

« Mouais, moi je n’ai jamais entendu ce terme alors permets-moi de rester septique… » répondis-je alors peu convaincu.

Il ne m’enlèvera pas de la tête mes convictions ! Oh que non ! Puis, il me remercie pour mon aide alors je suis tout fier de moi, encore une fois, ce qui ne m’empêche cependant pas de l’embêter avec l’histoire de la bière. Et bien sûr, il ne rentre pas dans mon jeu en marchant mais il court !

« Premièrement, je te signale que si tu choppes un jour de l’herpès, ce ne sera pas de ma faute mais de celle d’une des nombreuses filles que tu ramènes à la maison ! » Bah quoi, il se tape presque autant de monde que moi et il n’y a que moi qui passe pour un pervers dans cette maison ! « Et deuxièmement… » Je lui montre la deuxième bière que j’avais derrière le dos. « Je t’avais amené une vraie bière à toi mais puisque tu es pas mignon, je la remets au frigo ! »

Je ne compte absolument pas faire de massage à Hayden, pari ou pas, mais le voir paniquer à l'idée d'enfiler une robe me fait beaucoup rire. Du coup j'en rajoute un peu, histoire de lui faire croire que je tenterais bien l'expérience.

Tu as tord ! Il paraît que mes messages sont très doux et virils. Je pensais que ça te plaisait moi, les massages virils !

Et me revoilà parti à rire. En même temps s'il me tend des perches hein, je ne peux pas faire autrement que de les saisir ! Je suis sûr qu'il aurait fait de même. Et puis, comme je n'en ai jamais assez de rire, je lui enfonce un curly dans le nez et me moque de son ami que je dis être imaginaire. Pauvre Hayden, je le martyrise. Mais honnêtement, il cherche le bâton pour se faire battre.

Il existe bien sûr, d'ailleurs il est derrière toi pour te faire peur !

Bon, j'aurais pu être plus vulgaire et lui dire qu'il allait prendre soin de ses fesses, mais d'un côté je me dis que si ce Woody est réel, ça reviendra forcément à ces oreilles et ça le fait pas trop comme première impression ! En tous cas, s'il était vraiment derrière Hayden, il verrait qu'il n'y a que moi qui bosse ici. Du coup je fais une remarque à mon colocataire, qui finalement s'y met, non sans râler bien sûr. J'ai beau dire n'importe quoi, pour ce macho fini, les femmes sont faites pour le ménage. Tant pis, je n'y peut pas grand chose, finalement. Il pense ce qu'il veut. Quand nous avons enfin terminé le nettoyage, je demande avec ironie une bière à mon ami qui, bien sûr, s'empresse de me charrier à son tour en léchant ma bière. Dégoûté, je lui répond un truc à propos de l'herpès que je ne compte pas attraper. A sa réponse, je souris, réalisant qu'il n'a pas tout à fait tord.

C'est pas ma faute si je n'ai pas encore trouvé la bonne. Je suis bien obligé de faire des rencontres pour ça...

Mauvais foi, quand tu nous tiens. Ce que je viens de dire est à moitié vrai. Il y a certaines femmes avec qui je couche qui ne sont clairement pas faites pour moi, mais il n'y a pas de mal à se faire plaisir right ? Et puis, soyons clairs. Ces demoiselles sont plus que ravies de passer par chez moi. Je prends vraiment soin d'elles.

Mais enfin, je suis toujours mignon, moi ! Je t'offre des curlys et tout !

Je ris à nouveau, et me lève finalement pour chopper la bière que voulait ranger mon pote au frigo. J'ai trop soif pour continuer à tourner autour du pot.

Doux, viril, ou tout autre qualificatif qui ferait rêver n’importe quelle femme du monde, il est hors de question que je change d’avis sur les mains de mon meilleur ami parcourant mon corps. Je tire une tête d’enterrement, comme si je venais de voir quelqu’un se faire décapiter en face de moi. J’imagine déjà que des éclats de rire se font entendre à l’intérieur même de la tête de Matthew. Malheureusement, il ne laisse rien paraitre alors j’en viens presque à croire qu’il est sérieux ! J’ai presque peur… « Non non ! Vraiment ! Je veux pas !! » Il se met à ce moment-là à rire de nouveau mais je suis à la limite du mal à l’aise. D’habitude, c’est moi qui mets les gens dans des situations plutôt embarrassantes avec mon franc parlé et mon humour tout nul. Et là, l’élève surpasse presque le maitre ! « Je te jure que si tu fais ça, je te touche la bite direct ! Tu sais très bien que ça me générait pas… » A ce moment-là, un nouveau sourire apparait sur mon visage car je suis plutôt fier d’avoir trouvé cette idée en or. S’il y a bien une chose que je sais sur mon ami, c’est qu’il ne supporte pas qu’un homme l’approche de trop près, surtout quand il s’agit de ses parties génitales alors c’est une diversion parfaite ! Je reprends sans trop lui laisser le temps de me répondre. « Alors Deal ? Pas de massages = Pas de touche zizi ? » J’espère très fort qu’il va accepter, je vous l’accorde !

A chaque fois que je parle de Woody c’est la même chose. Il faut vraiment que je trouve un moment pour qu’ils se rencontrent ces deux-là parce que sinon, je vais continuer à passer pour un abruti qui a l’air d’avoir des amis imaginaires. Manquerait plus que Matty ait envie de m’envoyer en asile psychiatrique parce qu’il croirait que je suis vraiment fou après ! « ROOOOHHHH ! Tu feras moins le malin le jour où tu le verras. » Répondis-je alors, faussement déçu.

« Et bientôt, tu vas me dire que les femmes c’est comme les chemises. Il faut en essayer plusieurs avant de trouver la bonne et d’en choisir une ? »

Je souris. Je ne suis pas le mieux placé pour lui faire une quelconque leçon sur ce fait de sa vie, étant moi-même un dragueur né. S’il y a bien un truc qui nous rapproche et qui fait de nous les meilleurs amis du monde, c’est peut-être les femmes d’ailleurs. Nous n’avons pas totalement la même manière de les aborder de de les voir en général mais quand même.

« Si tu veux que je t’offre ta bière de la même manière que tu me donnes les curlys… Je crois qu’il va te falloir des narines plus grandes. » ajoutais-je alors.

Il n’a pas un nez énorme ce gars-là mine de rien ! Il finit par attraper sa bière et je file m’installer sur le canapé à ses côtés. Je choppe la télécommande, zappant alors les chaines pour voir ce qu’il y a au programme.

« Match de foot, ça te va ? »

Comment pourrais-je en avoir marre de toucher la mienne ? Ceci est tout bonnement impossible puisqu’elle est parfaite. Et puis, j’ai beau être ouvert d’esprit, je n’ai aucune tendance gay alors quitte à faire plaisir à un homme, je le fais seul. Je souris néanmoins car je vois que ma remarque a fait mouche et que mon meilleur ami est sur le point d’accepter mon deal. J’en rajoute une dernière couche avant qu’il accepte : « C’est exactement ça. La tienne est plus longue alors c’est plus sympa. » Je lance alors avec un sourire narquois. Et j’entends enfin les mots qui me soulagent : sa capitulation. J’ai un sentiment de vainqueur sur le coup, même si j’avoue qu’il n’y a aucune fierté à cette victoire. « Oui ! » Je sais très bien qu’il a proposé de cracher dans sa main juste pour me faire chier mais comment peut-il croire que je ne vais pas accepter ? Je crache dans la mienne avant de la porter vers lui et de voir quelle va être sa réaction. J’en trépigne d’avance du résultat de mes conneries.

On en revient encore à Woody et ce coup-ci, je n’ai vraiment plus envie d’en rajouter. Je sens que je n’aurais jamais le dernier mot. Je sais également que j’ai raison sur ce coup-là et que Matthew aura beau dire, il fera moins le fier quand je les présenterais. Alors je fais un signe de la tête, allant de gauche à droite, comment si j’étais totalement désespéré par les paroles de mon ami. Là, c’est lui qui a gagné mais pour l’instant car j’aurais le mot final de l’histoire !

« Vu comment elles gémissent, je doute qu’elles se plaignent en effet. »

Les femmes que Matty ramène peuvent s’avérer bruyantes. Je ne peux pas lui en vouloir, même s’il m’arrive d’avoir envie d’acheter un bâillon qu’il mettrait sur la bouche de ses conquêtes pendant l’acte. Je ne suis pas mieux que lui et les murs de l’appartement sont fins. Nous aurions torts de profiter de notre jeunesse, même si beaucoup d’hommes, à notre âge ont déjà femme et enfants. Nous sommes trop bien pour faire comme tout le monde il faut croire, même si intérieurement, je sais que le brun est comme moi, il rêve de trouver sa princesse. Sauf que ça, on est bien trop fier pour l’avouer.

La journée continue et on en vient à l’épisode de la bière. Il finit par attraper son dû et on s’installe dans le canapé, prêt à passer une journée supplémentaire entre colloc. Je propose à mon ami de regarder un match de foot et tout de suite, il accepte. Le contraire m’aurait étonné. « Parce qu’il existe d’autres types de football ? » dis-je alors en me moquant légèrement. Non, je ne me moque pas de lui mais du monde en général parce qu’il me parait évident que le football américain est le seul et unique vrai football. « Il doit bien y en avoir une à Bowen. J’ai vu des affiches l’autre jour. Par contre, je ne sais pas du tout ce que l’équipe vaut… Je ne pensais pas que tu avais envie de t’y remettre. »

Bien que ça soit épuisant, passer du temps avec Hayden est une vraie partie de plaisir. Je m'éclate comme un dingue à chaque fois, que ce soit en le charriant ou en partageant de bonnes blagues et remarques entre potes. D'ailleurs, je me marre lorsqu'il dit qu'il préférerait toucher mon pénis plutôt que le sien, parce qu'il est plus long. Toujours sur le ton de la plaisanterie, je réponds :

Et encore, tu ne l'as pas vue en pleine action...

Pour me moquer, je lui demande s'il veut passer un pacte, pas de massage = pas de touche-pipi, en en rajoutant en parlant de cracher dans nos mains pour l'officialiser. J'aurais dû me douter qu'il me prendrait au mot. Regardant pendant une demi-seconde la main de mon ami ornée de crachats, je me penche rapidement pour attraper une assiette jetable pleine de miettes de gâteaux apéro pour lui coller dans la main. Comme si j'allais lui serrer sa main dégueulasse ! Eh oui, que voulez-vous, entre mecs on parle de cul, et on se fait des blagues à la con. Mais heureusement, on sait aussi parler d'autre choses, et ça tombe bien, car sinon on aurait bien du mal à aborder les femmes. Mais c'est loin d'être notre cas. On est même plutôt doués pour le coup, et Hayden souligne le fait que mes conquêtes sont souvent très expressives. Je souris, et ajoute :

Pas de quoi se plaindre en effet ! Mais moi par contre... J'avoue que quand tu n'es pas seul, je serais presque obligé de mettre de bouchons d'oreille ! Et je me mets à rire, comme un idiot.

Quand nous avons fini de ranger le salon, nous nous installons, bière en main, sur le canapé pour regarder un match de foot américain.

Aucun autre non, je ne vois pas pourquoi je te demande !

Je lui parle alors de mon envie de m'y remettre un peu. Ça me manque un peu je dois l'avouer ! Il faut dire que c'est grâce à ce sport que j'ai pu obtenir une bourse pour continuer mes études. J'étais plutôt doué.

Ben ouais, ça remonte, mais j'en ai marre de faire pour seul sport de la course à pieds. Un bon foot entre mecs, il n'y a rien de mieux ! Tu serais pas intéressé, toi ?

Voir mon ami en pleine action, autant dire que j’ai toujours évité. J’aurais pu pourtant avec les femmes qu’ils ramènent à la maison. Il ne ferme pas toujours la porte de sa chambre à clés et de toute façon, il sait bien qu’il n’a pas besoin de cela. J’ai beau être un chieur de première classe, j’ai du respect pour lui. Et comme je vous disais, je n’ai aucune envie de le voir… Déjà que de l’imaginer me dégoute… Bref, faut vraiment qu’on arrête de parler de tout ça alors je décide qu’il est temps de passer à la suite de la journée. D’ailleurs, alors que j’ai tendu ma main pleine de bave à mon meilleur ami, je me retrouve avec une assiette de gâteau collée à cette dernière. J’aurais dû m’en douter qu’il allait répliquer. D’un geste sec, je secoue le bras et l’assiette se retrouve rapidement à terre alors que nous venons de terminer le ménage. Quelle bonne idée. « Et voilà, tu as plus qu’à tout nettoyer avec tes bêtises. » dis-je fièrement tout en m’adossant au bar, montrant ainsi que je comptais bien continuer à glander dans mon coin, et ainsi que je n’avais aucune intention de ranger. Du Hayden dans toute sa splendeur.

On finit par en venir à nos conquêtes et surtout aux bruits qu’elles font. « Il faut croire que moi aussi je leur fait de l’effet ! » Oui, parce que ce n’est pas moi qui hurle comme une chienne en chaleur, je vous rassure. Nous, les mecs, on est plutôt silencieux lors de nos rapports sexuels. Quand bien même on s’exprime, c’est toujours avec un minimum de pudeur, ou de réserve si vous trouvez que ce mot est plus approprié. « Tu dois toujours avoir la paire de boules Kiess que je t’avais acheté à Noël dernier non ? » ajoutais-je alors de nouveau avec le sourire. J’avais invité à l’époque une demoiselle dans notre appartement de New York pour un weekend et mon colocataire n’avait pas pu fermer l’œil de la nuit. Pauvre de lui.

Dans le canapé, on se retrouve comme de vrais mecs à regarder du foot et à en parler. Il manquerait plus qu’une partie de console et ça ferait vraiment cliché. Mais nous n’avons pas honte ! Nous assumons totalement notre virilité bien placée. « Oh bah moi, tu sais à quel point je suis un grand sportif… » J’ai beau avoir un corps qui fait fantasmer les femmes, il est vrai que je ne fais pas grand-chose pour l’entretenir. Il y a tout de même la séance quotidienne d’abdos et de pompes mais c’est plus pour avoir bonne conscience qu’autre chose car la série de 10 que je fais n’a pas un grand impact sur mon corps. « Mais franchement, pourquoi pas tenter l’expérience. Si tu n’as pas peur que je te fasses honte sur le terrain… »