far from home ~ malou.

Il était 21 heures passées et Malou se préparait rapidement dans son petit appartement pour partir au boulot. Elle commençait à 22 heures précises et il fallait compter le temps de trajet ainsi que, surtout, le temps de préparation, qui consistait principalement à se maquiller, se coiffer et s'habiller en tenue légère et incroyablement excitante pour la gente masculine. Elle enfila ses chaussures à talons - ceux de ville, classiques et pas trop hauts, pas ceux qu'elle pouvait porter sur scène bien évidemment - ainsi que son long manteau couleur rouge désir. En-dessous, un simple débardeur et un jean noir. De toute façon, elle devrait quand même se changer une fois sur place, et ne comptait pas faire un défilé de mode au retour chez elle à cinq heures du matin. La jeune femme à la chevelure de feu saisit son sac, y balança son téléphone et ses clés une fois la porte de l'appartement fermée et descendit les escaliers jusqu'au rez-de-chaussée.

Les mains enfoncées dans les poches, un bonnet blanc sur la tête avec un petit pompon au milieu pour couronner le tout, la jeune femme marchait d'un pas déterminé dans les rues, priant pour ne pas se perdre dans ce dédale. Elle était à Bowen depuis très peu de temps et ne connaissait pas encore bien la ville, d'autant plus qu'il fallait emprunter plusieurs petites rues et ruelles qui s'enfonçaient dans la ville pour rejoindre le quartier chaud, qui était son endroit de travail. Ses talons claquaient sur le sol, alertant tous les mecs à une cinquantaine de mètres à la ronde qu'une représentante de la gente masculine était présente. Les chasseurs de rues et éventuels autres lourds dragueurs ne l'impressionnaient pas. Elle avait l'habitude de par son activité professionnelle, en premier lieu, et également parce qu'elle savait se défendre. Ou en tout cas, elle se persuadait qu'elle pouvait faire le poids face à quiconque, elle n'admettrait jamais qu'elle avait besoin d'aide pour se tirer d'une situation délicate.

Juste avant d'entrer dans la partie la moins fréquentable de Bowen, un aboiement tira la rouquine de son parcours. Elle s'arrêta, son regard bleu clair sondant les environs teintés par la pénombre, juste avant de voir un pelage gris et blanc faire son apparition, sortant de derrière une voiture garée. C'était un jeune husky absolument craquant, qui rejoignit Malou en sautillant et en remuant la queue avec enthousiasme.

« Salut toi. »

Fit la jeune femme avec un sourire attendri. Elle s'accroupit pour se mettre à la hauteur du jeune chien, qui vint quémander caresses et grattouilles. La jolie rousse avait toujours adoré les animaux, quels qu'ils soient, et avait d'ailleurs toujours été plus douée dans ses relations avec eux qu'avec les humains. Fallait croire qu'elle s'ouvrait plus facilement à eux, et qu'au moins ils ne cherchaient pas à lui faire la morale ni à lui lancer un regard de dégoût ou de mépris, ou pire, de pitié. Malou ne se priva pas de passer ses mains dans la douce fourrure du husky, restant d'abord à des endroits moins vulnérables pour ne pas inquiéter le chien qui ne la connaissait absolument pas, avant de se permettre des grattouilles derrière les oreilles et sur le visage puis sur le ventre une fois qu'elle en eut reçu l'autorisation. N'empêche, qu'est-ce qu'il faisait ici tout seul ? Il était tard et les rues étaient vides, à part quelques badauds pressés ou totalement amorphes. La jeune femme remarqua le collier du husky et y jeta un coup d’œil. Elle y déchiffra un numéro de téléphone. Bon... Elle n'avait pas tellement le temps de s'occuper de ça. D'un autre côté... Jamais elle n'aurait eu le cœur à laisser cette petite créature dans la rue, sans son propriétaire. Après un bref soupir, la rouquine sortit son téléphone et composa le numéro, jusqu'à ce qu'un "Allô ?" retentisse à l'autre bout du fil.

« Oui bonsoir, j'crois que j'ai trouvé votre chien, à supposer que vous l'avez perdu. Ce serait cool que vous veniez le récupérer, déjà que vous avez pas su le garder... On est au croisement de Livingstone et Mitchell Street. »

Le ton employé par la jeune femme était contrôlé, elle faisait de son mieux pour ne pas paraître agressive ou hargneuse, mais on pouvait déceler une légère acidité dans sa voix, qui allait de pair avec ses paroles. Parler ainsi à un total inconnu n'effrayait guère la jeune fille, il pouvait toujours la trouver impolie, en attendant elle avait son chien, à qui il aurait pu arriver n'importe quoi à cause d'un maître trop négligent. Et puis dès qu'il s'agissait d'un animal, le tempérament de Malou se faisait encore moins plaisant que d'habitude. Pourtant elle n'était pas comme ça au fond. Fallait juste savoir briser la glace. Et vraiment bien s'y prendre.

Malou avait raccroché une fois que le maître, visiblement inquiet et heureux qu'on l'appelle, lui indiqua qu'il arrivait de suite. Pendant ce temps, elle se consacra aux jeux et papouilles réclamées par le chiot. Il était adorable et la jeune femme ne pouvait s'empêcher de sourire. C'était bien la première véritable rencontre agréable qu'elle faisait depuis qu'elle était ici. Il y avait intérêt à ce que son maître le soi aussi. Malou n'était déjà pas d'un caractère facile à la base, mais tomber sur un connard qui ne savait pas assumer la responsabilité de s'occuper d'un animal... Ça, ça la foutrait vraiment en rogne.

Le maître en question se manifesta effectivement assez rapidement, la jolie rousse le devina au souffle un peu court qui s'arrêta derrière elle. Elle se releva pour faire face au jeune homme, ses prunelles incendiaires se posant sur le propriétaire du husky. C'était peut-être le destin qui désirait réellement s'en prendre à elle, mais le fait est que cet homme, elle le connaissait, pour lui avoir prodigué des services relevant de sa profession. Un lourd, très lourd silence embarrassé plana quelques instants. Soit dit en passant, l'embarras provenait surtout de cet ancien client qui avait partagé un moment avec elle quelques nuits plus tôt. Malou, elle, restait de marbre, le visage impassible. Ce genre de situation lui était déjà arrivée, ça arrivait d'ailleurs à toute prostituée au moins une fois dans sa "carrière". Croiser un client n'était pas inévitable, dans la rue, au supermarché, à la salle de sport... Dans ces cas-là, il y avait une règle très simple. Soit la personne venait d'elle-même vers elle. Dans le cas contraire, Malou faisait semblant de ne pas le connaître : c'était une simple question de respect pour son client, surtout s'il était accompagné.

« J'allais pas le laisser tout seul. »

Répondit simplement la jeune femme rousse sans broncher ni esquisser un sourire. Elle baissa les yeux vers le chien qui revint un instant danser autour d'elle, et là, un sourire ne put s'empêcher de venir prendre place sur ses lèvres.

Malou laissa un grand sourire découvrir ses dents blanches quand le husky lui sauta à moitié dessus, tendant son museau vers elle tandis qu'elle lui grattait affectueusement les oreilles. Effectivement, il l'avait adoptée. C'était marrant de se faire adopter par un chien, non ?

« C'est réciproque. »

Commenta la jeune femme rousse sans se lasser de jouer avec le chien. Enfin bon, elle ne voulait pas le monopoliser non plus, après tout c'était pas le sien. Elle releva le regard vers le jeune homme. C'était quoi encore son prénom déjà ? Ah oui, Levi. Pas que la jeune fille mette un point d'honneur à retenir le prénom de tous ses clients, mais tout de même.

Malou se mordit la lèvre, mal à l'aise, lorsque son interlocuteur lui demanda s'il pouvait la remercier d'une quelconque manière. À vrai dire, elle était censée être au boulot depuis plusieurs minutes déjà et être en train de se préparer. Lui demander de l'accompagner serait tout sauf délicat. Elle ne voyait absolument pas ce qu'elle aurait pu lui demander. Et puis après tout, elle n'avait rien fait d'exceptionnel. Elle sourit néanmoins lorsqu'il évoqua une porte mal fermée, cause sans nul doute du fait que le chien avait pris la poudre d'escampette.

« Je ne sais pas. Sans doute que non. Je... j'devrais y aller, je suis censée être au travail. »

Bon bah tant pis, de toute façon il connaissait sa profession. Et même si Malou n'allait pas non plus le crier sur tous les toits, elle assumait son métier. Elle n'irait pas au point de dire qu'elle aimait ce qu'elle faisait, mais bon. Vivre dans un profond dégoût et rejet d'elle-même était une chose qu'elle refusait catégoriquement. Elle n'avait pas à rougir ou se sentir coupable, dégueulasse et infréquentable. Surtout que ce n'était pas elle qui devait combler sa solitude par un tour chez les filles de joie. Elle, elle n'était jamais seule. Enfin, pas au sens pratique du terme. Puis elle n'avait pas eu le choix. Et elle ne retournerait pas à la rue, jamais.

« Au fait, il s'appelle comment ? »

Relança Malou après s'être apprêtée à tourner les talons. Elle ne comptait pas vraiment fuir Levi, mais cette situation était inconfortable pour tous les deux. Par ailleurs, il serait vraiment mal placé de demander quoi que ce soit comme dédommagement pour avoir juste passé un coup de téléphone. La seule chose dont elle avait réellement besoin d'un point de vue pratique, c'était de l'argent, parce que si elle exerçait cette profession, c'était certainement pas pour la gloire. Et peut-être de compagnie aussi. Genre, de compagnie animale, sûrement pas humaine.

Un sourire illumina le visage de la rouquine lorsque le jeune homme lui apprit le nom du chiot. Cet adorable husky un peu baveux répondait donc au nom de Lennon. C'était mignon et Malou ne pouvait s'empêcher de fondre devant les animaux. Sans doute avait-elle plus de facilités à établir un contact avec eux qu'avec les humains.

La proposition de Levi la figea sur place tellement c'était inattendu. Était-il réellement en train de lui proposer de la payer une telle somme pour qu'elle reste ? Et puis, qu'entendait-il par là exactement ? Pour la jeune femme, la payer signifiait toujours s'offrir ses services. Était-ce ça qu'il demandait ? Malou ouvrit la bouche pour répondre quelque chose, mais elle était trop ébahie pour savoir quoi dire. La situation devenait de plus en plus gênante. D'autant plus que, même si elle en avait en effet grandement besoin, Malou ne se sentait pas à l'aise avec le fait que Levi lui donne l'argent qu'elle était censée récolter ce soir. Il n'avait pas à faire ça. Mais c'était tentant... Seulement Malou se sentirait encore plus mal de lui faire payer une somme qu'elle ne connaissait pas avec exactitude, elle ne pouvait qu'évaluer, la paie qu'elle récoltait chaque soir dépendait du nombre de clients qu'il y avait et qui la demandaient. La bienséance voulait que Malou refuse et tourne les talons. Mais c'était une chose que la jeune fille n'avait plus le luxe de se permettre depuis bien longtemps. Et même si elle se sentait incroyablement mal de profiter de la gentillesse de Levi... Tant pis, fallait pas y penser.

« Je me fais environ 500 euros par soir. »

Répondit la jeune femme sans sourciller. Voilà, elle avait laissé son côté froid et insensible prendre le dessus. Demander une telle somme, c'était osé et carrément impoli. Pour ne pas avoir à soutenir le regard de Levi, la jolie rouquine baissa les yeux vers Lennon qui la regardait, tête penchée sur le côté, attendant sûrement qu'elle joue avec lui. Elle lui sourit et lui accorda de nouveau toute son attention. Histoire de se sentir mieux et de ne laisser aucune culpabilité l'envahir. Au pire, Levi pouvait toujours refuser. Elle n'était pas une mauvaise personne. Non. Fallait qu'elle parvienne à s'en convaincre.

S'il n'y avait pas eu le chien pour la distraire de l'horrible personne qu'elle était, Malou serait sans doute partie en courant. Elle se concentrait autant que possible pour ne pas penser à comment elle était entrain de tirer profit de la situation. Tandis que le chiot léchait les doigts de la jeune femme, celle-ci retenait son souffle en attendant la réponse de son interlocuteur. Il allait refuser. Mon dieu ce qu'elle avait été conne. Bien sûr qu'elle avait demandé beaucoup trop, elle connaissait bien les hommes, aucun d'eux n'était prêt à payer autant pour si peu.

Une liasse de billet lui fut tendue. Le choc la frappa de plein fouet et elle resta pétrifiée un instant. Était-il sérieux ? Voyait-elle vraiment ce qu'elle était en train de voir, en ce moment même ? Lentement, Malou releva ses iris bleu couleur mer des Caraïbes vers Levi. On pouvait lire l'hésitation qui s'y trouvait. Ne pas rougir. Non, ce n'était vraiment pas le moment de se démonter. Pas quand une chance pareille se présentait à elle. Malou, arrête d'hésiter comme une conne, tu vas te faire griller. Reste peace. Prends ces putains de billets et fait semblant de rien.

« Merci. »

La rouquine s'était reprise de justesse, pour s'exprimer d'une voix calme et sereine, tout en prenant l'argent que lui donnait le beau jeune homme. Elle avait planté un regard déterminé dans le sien, comme si ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Intérieurement, elle avait pourtant l'impression qu'elle allait s'évanouir. Elle prit les billets et les glissa dans son soutien-gorge, geste qui pouvait paraître étonnant, mais c'était un réflexe chez elle.

« D'accord, je te suis. Je dois juste appeler mon patron avant pour prévenir. »

Malou s'était contrôlée pour ne pas prendre un ton hautain, mécanisme d'autodéfense qui la prenait sans qu'elle ne puisse rien y faire dès qu'elle devait se donner une contenance. Sourire Malou, faut sourire putain. Par chance, elle avait le coup de téléphone pour faire diversion. Elle sortit son portable de son sac et s'éloigna de quelques pas, tournant le dos à Levi le temps de son appel.

« Salut, c'est Malou. Oui je sais j'suis en retard, en fait je pourrai pas venir. Non, vraiment pas. Oui ben écoute, à moins que tu tiennes à ce que je rende mes tripes sur scène, je viens pas. Ok merci. Quoi ? Mais demain c'est ma soirée de libre... Pour rattraper celle d'aujourd'hui ? Tu te fous de ma... Ok. Oui, j'ai compris. Je serai là. Bye. »

Cette conversation quelque peu houleuse avait fini d'achever les remords de la jolie rousse, qui se tourna tout sourire vers Levi, sourire un peu forcé vu le connard de patron qu'elle se tapait. Enfin bon, elle n'avait rien à dire, c'était ça où elle avait plus de job. Toujours se plier à la volonté du boss. Quand on avait de la chance, il était plutôt sympa. Elle n'avait pas à se plaindre, ça pouvait être pire.

« Voilà, je suis à toi maintenant. »

Malou suivit le jeune homme châtain dans le dédale de rues, pour sortir du quartier chaud. Lennon semblait ravi de la situation et c'était bien le seul à détendre cet atmosphère un peu gênante. Ils pénétrèrent tous les trois dans un bar à l'ambiance détendue et cosy, ce qui changeait Malou du bar où elle travaillait. Elle se rendit compte que cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas mis les pieds dans un endroit tranquille et sympathique de la sorte. Pas qu'elle ne sortait jamais, mais c'était rare. Elle n'avait pas vraiment le luxe de sortir boire un verre avec des amis dans un bar tout ce qu'il y a de plus normal. Sa nouvelle vie à Bowen se résumait à se rendre au travail, dans cette atmosphère lourde et chaude qui caractérisait les bars de strip-tease, remplis de pauvres gars un peu seuls, ou de gros fêtards décidés à bien fêter leur majorité, ou des choses de ce genre. Et elle était entourée d'autres filles comme elle pour la plupart, mais ça ne lui donnait pas plus envie de sympathiser. Alors cette sortie imprévue et surprenante n'était pas si mauvaise, au final.

« Un verre de vin blanc. S'il te plaît. »

Répondit Malou avec un petit sourire. D'un côté, elle profitait de la chance qu'on lui offre quelque chose. D'un autre, elle était sur la réserve, n'ayant pas l'habitude de ce genre de cadeau, ni même de se laisser offrir quelque chose en fait. Elle n'était pas une petite chose fragile dont il fallait s'occuper et entretenir. Elle savait se débrouiller avec sa merde. Pourtant, quelque chose lui soufflait qu'elle devait juste en profiter et faire taire son esprit qui parlait beaucoup trop. Elle ne voulait pas gâcher cette opportunité de souffler un peu.

« Parce que ce n'est pas bizarre, peut-être ? »

Fit remarquer la rouquine en haussant un sourcil, assise bien droite et jambes croisées. D'accord, il fallait qu'elle se calme un peu dans sa manière de répondre. Le pauvre, il faisait ce qu'il pouvait pour briser la glace. Et dieu savait à quel point la glace était épaisse avec Malou. Elle était méfiante et sur la défensive, et honnêtement elle n'avait aucune idée de ce que cet ancien client lui voulait. Ce n'était pas vraiment une situation habituelle. Mais vu la somme qu'il venait de lui verser contre une soirée en sa compagnie, elle pouvait bien faire l'effort d'être d'agréable compagnie. Par chance, son verre de vin arriva à cet instant précis et la jeune femme but deux ou trois gorgées, se réfugiant dans son verre. Elle avait vraiment perdu l'habitude des relations sociales.

Malou n'avait pas toujours été comme ça, loin de là. Et si on prenait la peine de gratter un peu sous la surface, on pouvait avoir la chance de découvrir comment elle était réellement, dans sa nature profonde. La distance, le regard de glace, les paroles sèches, ce n'était qu'une carapace qu'elle s'était forgée toute seule au fil des années et des merdes qui lui étaient tombées dessus. Personne n'avait été là pour l'aider, pour la tirer de l'enfer. Alors elle avait fait avec les moyens du bord. Et quand maintenant des gens se ramenaient avec leurs petites papattes en lui faisant les yeux doux, elle les rembarrait, parce que c'était trop tard. C'était avant qu'elle avait eu besoin de leur aide.

Pourtant si elle s'y forçait, elle pouvait être de bonne compagnie, réellement. Être la fille joyeuse, un peu fofolle et souriante d'autrefois. Si on parvenait à gagner sa confiance, à lui prouver qu'on tenait réellement à elle, alors sans doute qu'il était encore possible qu'elle se laisse aller et qu'elle mette son caractère explosif de côté.

La jeune femme aux cheveux flamboyants se contenta d'un haussement d'épaules en guise de réponse. Il avait raison, elle était libre de se tirer, il lui avait déjà donné l'argent et ce serait tant pis pour sa gueule, elle rangerait les remords quelque part dans un coin de son esprit. Ou se trouverait des excuses. Mais elle savait qu'elle ne partirait pas. Et puis, même si elle l'avait voulu, elle était certaine que les yeux doux de Lennon l'auraient retenue. À cette pensée, elle esquissa un sourire adressé au chiot qu'elle gratifia d'une caresse affectueuse entre les deux oreilles, avant de reposer son attention sur Levi.

« Malou. Je m'appelle Malou. »

Finit par dire la rouquine avec un petit sourire en coin, d'une voix plus joviale qu'avant. Maintenant qu'elle était là, qu'ils étaient assis dans ce bar à l'ambiance détendue, autant qu'elle arrête de faire sa sale tête. Il y avait mis le prix, elle lui devait bien ça.

« Toi c'est Levi, c'est ça ? »

Fit la jeune femme après avoir bu une gorgée de vin. Oui, quand elle le voulait, elle pouvait parfaitement entretenir une conversation normale et chaleureuse. Même si son sourire était encore un peu crispé, au moins elle faisait un effort pour en esquisser un. Il fallait juste renvoyer ses attitudes d'asociale revêche dans un coin.