Allison & Hayden

Ce soir, il y a un évènement important en ville : l’inauguration d’un bateau apparemment super connu au port. Je ne connais ni le bateau, ni le propriétaire de celui-ci mais vu que je n’ai rien de mieux à faire, j’ai décidé que j’allais y faire un tour. J’arrive sur place, habillé d’une tenue qui me permet de me faufiler incognito au milieu de cette population mondaine. On dirait presque que je fais partie du beau monde, que je suis un de ces aristocrates super riches qui s’y croit. A part ça, est-ce qu’il faut que je leur précise que le costume que je porte appartient en réalité à mon colocataire ? On va peut-être éviter le sujet… Ouais, ça me parait plus simple !

J’écoute les gens qui parlent. Il y a un mec en train de faire un discours mais de là où je suis, je n’entends pas clairement ce qu’il dit. Du coup, je regarde partout autour de moi, jusqu’à ce que je remarque une jeune femme d’une beauté éblouissante, avec un appareil à la main. Et forcément, je ne peux pas m’en empêcher. Il faut que je fasse le zouave ! Du coup, je m’approche d’elle et me met devant l’objectif, prenant la pose, comme si j’étais une superstar.

Ce soir a lieu l'inauguration d'un superbe bateau, le Leonardo. Je ne connais absolument pas son histoire ni même à qui il appartient. Je ne suis même pas intéressée par les bateaux il faut dire. Alors pourquoi je mentionne cette soirée ? Simplement parce que c'est un événement et que je souhaite devenir organisatrice d'événement. Dès qu'il y en a un à Bowen, je n'hésite pas et je m'y rend, armée d'un calepin, d'un stylo et de mon appareil photo. C'est justement ce que j'ai fait ce soir.

Vêtue d'une robe noire moulante au niveau du buste et fluide en dessous de la taille, j'ai décidé de porter des escarpins de la même couleur. Une fois mes cheveux lissés, j'ai pris ma voiture et me suis dirigée vers le port, où je m'occupe maintenant à prendre des photos des installations qui ont été prévues, sans daigner écouter ce que dit l'homme derrière son micro.

Je suis finalement étonnée de voir dans le champ de vision de mon appareil un homme faire le clown devant moi. Sans hésiter, je prends une photo et abaisse mon appareil en riant. Je lui montre la photo grâce à l'écran arrière et lui dit en plaisantant :

Ça, c'est vous quand vous faites le clown !

La demoiselle finit par faire une photo de moi et bientôt, elle me la montre. Je m’avance alors vers elle pour mieux voir l’écran et je me trouve absolument resplendissant. Ma simplicité naturelle me rend absolument photogénique. « Avouez que même en faisant le clown, je donne de belles photos. » dis-je alors pour la taquiner. Bien sûr, même si je me trouve plutôt pas mal, je suis loin de penser tout ceci. « Et surtout que je suis beaucoup plus intéressant que ce bateau à 2 milliards tout pourri… » Le bateau est loin d’être moche mais avouons qu’il ne sert absolument à rien puisque nous ne pourrons jamais voyager dessus avec nos salaires de misères. Il faut être au moins millionnaire pour pouvoir profiter de ce genre de voilier. La jeune femme va me prendre pour un arrogant mais je suis simplement d’humeur taquineuse. « Je vous donne même le droit de la poster dans un de vos prochains articles si vous le souhaitez. Du moment que vous ne me critiquez pas trop quand même parce que j’ai une réputation à tenir… » ou pas, manquais-je d’ajouter avec un charmant sourire.

Les bateaux ne sont pas trop mon truc. Enfin, je ne dis pas, si on me proposait une virée en mer à bord d'un bijou de l'océan, je ne dirai pas non, c'est clair, mais de là à vouloir passer toute une soirée à fêter l'inauguration de l'un d'eux, il y a une marge. Si je suis là, c'est surtout pour me documenter sur les installations qui ont été prévues pour accueillir tout ce monde au port, car je sais qu'un jour, je serai amenée à organiser ce type d'événement, que le thème me plaise ou non. Du coup je prends des photos, non pas du bateau, mais des objets, comme l'estrade ou les lumières qui mettent en valeur le bâtiment. Enfin, ça c'était jusqu'à ce qu'un beau brun vienne se planter devant mon objectif en faisant le clown. Je ris, le prend en photo et lui montre le résultat. Il me sort quelque chose d'assez mégalo mais il a le mérite de me faire sourire.

C'est vrai que vous êtes plutôt pas mal. Dis-je avec le sourire. Je ne sais pas trop ce qui m'a pris, mais maintenant, c'est dit. C'est clair qu'il est charmant, mais d'habitude, je ne suis pas du genre à complimenter les hommes à tout va. Je ne suis pas une allumeuse. Quand finalement il se compare au bateau, je ris à nouveau.

C'est sûr, vous êtes bien plus intéressant. Mais plus intéressant que les éclairages, l'estrade et les tours, ça reste à démontrer... Je le taquine, mais en voyant son air de total incompréhension, je précise : Je suis là pour étudier l'organisation de l'événement. C'est mon futur métier. Je lui fais un clin d'oeil et lui demande : Et vous ? Vous êtes venu célébrer ce « bateau tout pourri » ?

A peine je commence mon petit numéro que j’ai le droit à un compliment sur mon physique. Je souris, très satisfait de ce que je viens d’entendre et pour autant assez surpris car je ne pensais pas que la demoiselle se lancerait en flatterie aussi facilement. Il faut d’ordinaire, y aller avec beaucoup de vigueur avant d’obtenir quelque chose d’une femme, notamment quand on s’appelle Hayden et qu’on s’y prend très mal en matière de drague, même si par la présente, je ne suis pas sûr que ce soit mon but initial. Néanmoins, il serait bête de manquer une occasion, aussi belle soit-elle qui plus est. Je me mets à lui faire une révérence digne d’un grand prince, voir même d’un roi, avant de lui retourner le compliment. « Je vous remercie pour ces compliments, gente demoiselle et dois avouer que votre apparence est toute aussi plaisante à mes yeux. » Et en plus, je me la joue gentleman. J’ai définitivement des techniques de dragues étranges !

Mais bientôt, elle commence à me parler de l’éclairage et du décor et là, je me perds complétement dans les mots qu’elle utilise. Bien sûr, je comprends ses paroles mais c’est plutôt dans le sens où je ne comprends pas vraiment qu’on puisse s’intéresser à ces détails, bien que je ne juge pas du tout. Pas du tout mon genre… (Mon œil !!) Puis, elle m’en dit un peu plus sur les raisons qui la poussent à prendre de telles photos et ma surprise se transforme petit à petit en une sorte d’admiration, mêlée à de la curiosité. « Je me promenais et j’ai vu de la lumière… Ou plutôt, je m’ennuyais chez moi et j’ai eu vent de la soirée alors je me suis dit que j’allais faire un tour et voir si je connaitrais quelqu’un. » Manque de bol, je ne connais pas grand monde dans la ville alors j’avais embêté cette inconnue qui n’avait rien demandé et qui pourtant, n’avait pas l’air d’être dérangée par ma compagnie. « Et vous faites quoi actuellement à défaut de déjà travailler dans l’événementiel ? »

Je me mets à rire lorsque le jeune homme qui me fait face m'offre une révérence légèrement surjouée, surtout qu'il en rajoute en essayant de jouer les hommes distingués, alors que la photo que je viens de prendre de lui, bien que flatteuse pour son physique, n'est pas ce que je pourrais qualifier d'élégante Mais qu'importe. J'adore plaisanter, alors forcément je suis ravie de cette rencontre, surtout que je commençais à m'ennuyer ferme.

Merci gentilhomme... Je réponds à l'aide d'une révérence à la Marie-Antoinette.

Je ris de nouveau et lui fait un clin d’œil, avant de lui dire que je souhaite devenir organisatrice d'événements. J'adore l'organisation, et j'aime les soirées. Alors j'ai voulu combiner mes deux plaisirs ! Enfin, deux de mes plaisirs, car ça n'est bien évidemment pas les seuls que j'ai ! Encore heureux... Bref, je lui demande alors pourquoi il est venu, et sa réponse me fait sourire. Je demande.

Et alors, vous avez croisé des visages connus ? En tous cas vous avez bien fait. Sinon je ne serais pas restée bien longtemps. Les installations ne sont pas exceptionnelles... Mais du coup vous me donnez une raison pour ne pas m'enfuir !

Il me demande ce que je fais en attendant d'accéder à mon rêve d'organisatrice. Je souris et répond :

J'étudie le métier, je suis à la fac.
Et vous ? Que faites-vous dans la vie ?

La révérence qui suit aurait presque de quoi éveiller les foules et les regards si nous n’étions pas aussi isolés du troupeau. Retour dans les anciens temps, il ne manquait plus qu’une belle robe de princesse aux volumes affriolants et au corset qui aurait révélé des formes pulpeuses. Bref, je m’y croirais presque et pour le montrer, j’agis comme un véritable gentleman. Au final, c’est plutôt un gros éclat de rire qui cassa tout le mythe et on enchaine en parlant de la vie de la jeune femme, et de ma venue sur les lieux aussi à l’occasion.

« Euh… Si on considère le fait que je suis arrivé en ville il y a peu et que par conséquent, je ne connais absolument personne à Bowen… Oui je pense qu’on peut dire que j’ai croisé des visages connus. » Ou pas… Je dis ça sur un ton le plus sérieux possible, faisant mine de réfléchir en levant les yeux en l’air et en apportant mon index au niveau de mon menton. C’est la position parfaite pour le type qui réfléchit ça je trouve ! Ça marche à tous les coups dans les films d’ailleurs. Et bientôt, j’apprends que ma venue fait plaisir à cette demoiselle que je viens de rencontrer et je ne peux m’empêcher de faire le fier, juste pour l’humour. « Oh oui, on me dit souvent que je suis une compagnie très agréable alors je comprends que ça te donne envie de rester ! » Et j’affiche un sourire qui va – sans mentir – jusqu’à mes oreilles. « En tout cas, c’est un réel plaisir de faire ta connaissance ! Jolie et intelligente, je crois que j’ai pioché le gros lot ce soir. » Et je ne parle que du fait d’avoir la chance de lui parler bien sûr…

A la fac… Quand je disais qu’elle est intelligente, je ne me trompais donc définitivement pas. Je lui adresse à nouveau mon plus beau sourire car quand il s’agit de parler de mon métier, autant dire que c’est assez compliqué puisque je n’en ai pas (de fixe tout du moins…) « Euh moi… Je fais le cirque pour les jolies demoiselles dans ton genre. » dis-je avant de lui faire un clin d’œil. « Ou disons que je cherche encore ma voie et que j’alterne les petits boulots… quand je ne suis pas trop fainéant pour aller travailler… »

Je ris en voyant l'air faussement réfléchi de mon compagnon de soirée. Il vient d'arriver donc... Ça pourrait expliquer pourquoi je ne l'ai encore jamais croisé. Je lui explique alors que je suis ravie qu'il soit là, parce que je commençais à m'ennuyer. Sa réponse me fait sourire et je décide de le taquiner :

Oui enfin, si vous continuez à me faire croire que vous êtes prétentieux, je vais finir par le penser et à aller chercher quelqu'un d'autre à qui parler ! Je souris et ne soulève pas le tutoiement lorsqu'il l'utilise pour me faire tout plein de compliments que j'accueille avec plaisir. C'est agréable de voir qu'on peut se sentir à l'aise avec un inconnu ! J'adore ça, que tout se fasse simplement. C'est ce qu'il y a de meilleur dans les relations humaines : la spontanéité et la simplicité.

Le gros lot je ne sais pas, mais en tous cas, tu as gagné ma présence ! Je dis en riant doucement. Je lui explique ensuite ce que je fais de ma vie, et lui retourne la question. Sa première phrase me fait sourire, même si je perçois là-dessous le charmeur invétéré qu'il semble être. « les jolies demoiselles dans mon genre ». Ça sent le mec qui met toutes les femmes dans le même panier. Enfin bref, je ne réponds pas et préfère écouter la suite de sa réponse. Quand il dit avoir souvent la flemme d'aller travailler, je ris de bon cœur.

Ah oui, en effet, comme ça, ça peut être compliqué de trouver sa voie ! Mais tu n'as vraiment aucun rêve ? Aucun projet ?

J'ai du mal à comprendre ça, car je suis plutôt du genre hyperactive rêveuse, je fais tout pour atteindre mes objectifs, et la fainéantise, je ne sais pas vraiment ce que c'est. Enfin, je conçois que les gens soient différents, car j'estime que c'est là tout l'intérêt de faire des connaissances ! Les échanges n'en sont que plus riches.

Alors comme ça, elle me prend pour un prétentieux. J’avoue que c’est tout à fait l’impression que je peux donner avec les paroles que je dis depuis tout à l’heure alors comment lui en vouloir ? Je suis amusé, avouons-le et sa compagnie est si agréable que j’en deviens naturellement moi-même, sans concession. Il est vrai que j’ai rarement du mal à être moi-même car ma spontanéité qui peut parfois agacé, reprend vite le dessus même quand j’essaye de paraitre bien mieux que je le suis en réalité.

« Ah non non ! Maintenant que tu es là, il faut que tu restes. » Ajoutais-je avec un large sourire. « On ne fait que commencer à discuter, ce serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. »

Je ne veux pas avoir l’air désespéré et ce n’est pas ce que je dégage, ou en tout cas je l’espère. Après mon petit lot de compliments, je remarque qu’au contraire de ma personne, elle est du genre réellement modeste. Rien que pour la plaisanterie, elle aurait pu rebondir sur mes paroles mais elle a préféré répondre en toute simplicité. Peut-être que vous allez trouver cela étrange venant de moi, mais j’aime ce trait de caractère chez une femme.

« C’est déjà beaucoup. » répondis-je alors simplement à mon tour.

J’ai presque peur de la faire fuir avec mes grands airs et mes grands sabots et ces femmes dont le caractère peut parfois m’intimider, me poussent à me montrer moins… « moi » si je peux dire. Finalement, elle me parle de son travail. Ça fait rêver de tels projets et moi, je me sens presque bête de ne pas savoir ce que je veux faire de ma vie lorsqu’elle me pose toutes ces questions. C’est alors penaud, ayant envie de me cacher dans un trou de souris et ayant ainsi presque honte que je lui avoue :

« J’avais commencé des études de médecine il y a une dizaine d’années car je voulais sauver des vies mais évidemment, je n’étais pas assez intelligent pour réussir dans cette voie. » Ou peut-être était-ce le fait que je n’ai jamais été doué pour les études, trop occupé à arpenter les soirées étudiantes pour vraiment me poser plus de deux heures devant des livres. « J’ai rapidement abandonné les études et j’ai commencé à travailler. »

C’est triste de se dire qu’on n’a aucun objectif dans la vie et pourtant, je suis très heureux comme ça. Lorsqu’on me demande où j’en serais dans dix ans, je suis tout bonnement incapable de répondre ou de l’imaginer. Je me contente de hausser les épaules et de changer de sujet. Certaines personnes ne comprennent pas mon mode de vie car ils ne vivent pas de la même manière mais est-ce que ça veut vraiment dire que ma vie est moins bien que la leur ?

« Quand j’étais petit, je rêvais de voler, mais on m’a fait comprendre que c’était impossible. Après, j’ai rêvé de devenir riche, mais là, c’est moi qui ait vite compris que je n’y parviendrais sans doute jamais… » Je souris car ces paroles pourraient être prises pour une plainte mais ce n’est pas du tout le cas. « Je vis au jour le jour depuis des années et j’avoue être très heureux de la sorte mais si je peux te révéler un petit secret : je travaille sur la création d’une application pour smartphone depuis quelques mois. Mais garde ça pour toi, personne n’est au courant ! »

Je ne connais pas cet homme mais je me sens déjà à l'aise avec lui. J'ai toujours aimé ce genre de rencontre qui n'est pas réfléchie. La spontanéité, il n'y a que ça de bon. Je me permets même de le taquiner sur sa prétendue prétention. Ca me fait beaucoup rire parce que vois clairement qu'il joue un petit rôle histoire de se montrer intéressant. Je ne juge pas hein, au contraire, je trouve ça marrant, surtout que c'est à peine caché.

Bon d'accord, je reste. Mais c'est bien parce que c'est toi !

Nous continuons notre conversation en passant à un sujet bien plus sérieux : l'avenir professionnel. En ce qui me concerne, l'avenir m'est déjà tout tracé. Je sais déjà où je veux travailler, comment, et les moyens d'y arriver je me les donne en travaillant à fond. Du coup c'est assez étonnant pour moi de rencontrer un homme qui s'en fiche, tout simplement. Ou peut-être pas réellement ? Il vient de m'avouer qu'il n'était pas assez intelligent pour les études de médecines qu'il avait commencées quelques années plus tôt. Je fronce les sourcils, étonnée du manque de confiance en lui qu'il semble exprimer.

Je pense plutôt que ça ne t'intéressait pas. Je ne vois pas pourquoi tu serais plus bête qu'un autre.

Je lui souris et écoute ce qu'il me dit ensuite. Il rêvait de voler. Je reconnais bien là un rêve d'enfant. Mais en même temps, il aurait pu voler en avion ou en hélicoptère ? Mais je comprends exactement ce qu'il veut dire : il aurait aimé être Peter Pan ! Ne jamais grandir et vouloir voler ! Du coup je ris, et répond :

Ah ben je sais comment je vais t'appeler ! Peter Pan ! L'homme-enfant qui rêvait de voler !

Je lui fait un petit clin d’œil amusé. Lorsqu'il m'explique être très heureux en vivant au jour le jour, je m'apprête à répondre que c'est l'important mais il continue en me parlant d'une application de smartphone sur laquelle il est en train de travailler. Du coup, je m'exclame :

Ben tu vois que tu as des projets ! Je baisse d'un ton, m'approchant pour qu'il m'entende, et demande : Et c'est quoi cette application secrète ?

Je souris bêtement, comme un enfant à qui on aurait enfin avoué que pour Noël, il aura bien le jouet qu’il convoite depuis plusieurs mois déjà. Puis, nous continuons la conversation, comme si de rien n’était. Elle me fait un petit compliment, ou en tout cas, je l’interprète comme tel. Ça me fait plaisir mais je pense tout de même qu’elle se trompe. Même si je ne suis pas totalement con, je ne suis largement pas assez intelligent pour les écoles de médecine et donc pas destiné à devenir un grand chirurgien.

« Il faut un sacré niveau quand même pour réussir à tenir huit ans sans redoubler et sans lâcher. J’étais loin derrière les autres même en première année alors je n’aurais jamais réussi à aller jusqu’au bout… »

Avec un 8 de moyenne dès le premier semestre, je n’allais pas aller très loin en même temps… Finalement, elle me compare à Peter Pan et je dois reconnaitre que ça ne me va pas si mal, même si le surnom semble surfait.

« Hum… Je suis sûr que tu peux trouver mieux ! » dis-je alors sur un air pensif. « Même si c’est quand même bien trouvé. »

A plus de 30 ans, je suis encore un éternel gamin. Je suis bien sûr capable d’être sérieux dans bon nombre de situation, ou peut-être que le terme ‘mature’ serait mieux dans cette phrase… mais la plupart du temps, ma connerie légendaire refait surface et je suis un véritable enfant en bas âge. Et moi, quel surnom est-ce que je pourrais lui donner ? Cette question risque de rester sans réponse pour l’instant car je ne suis pas très imaginatif en général (sauf pour les conneries, ça, ça vient tout seul !)

« Si je te le dis, ce ne sera plus un secret… Tu te rends compte que même mon meilleur ami & colocataire n’est même pas au courant ?! » Je m’offusque presque alors qu’elle m’en demande plus sur ce que je viens de lui révéler. A mon tour, je m’approche d’elle et lui murmure dans l’oreille : « C’est une application pour que tous les rêves se réalisent. Quelqu’un poste son rêve et tout le monde peut ensuite lui donner des conseils pour qu’il réussisse à le réaliser. »

Je trouve la compagnie d'Hayden très agréable, mais je me rends compte au fur et à mesure de notre conversation qu'il n'a pas une grande estime de lui-même, et je trouve ça très dommage. Mais en ce qui concerne les études de médecine, je peux comprendre, le niveau est vraiment très élevé, il faut, je pense, ne faire qu'étudier et avoir une sacrée mémoire. Personnellement, la médecine ne m'a jamais tenté. Certes, c'est vraiment glorifiant de sauver des vies, et de permettre à de nombreuses personnes de se sentir mieux, mais je n'ai jamais vraiment aimé les sciences. Enfin, sauf l'astronomie, qui me fascine beaucoup. Bref, je réponds à Hayden en ce qui concerne les études de médecine.

C'est vrai qu'il paraît que c'est très dur, il ne doit pas falloir faire autre chose que travailler. Et avoir des facilités de mémorisation.

J'appelle ensuite mon nouveau pote "Peter Pan", je trouve que ça lui va comme un gant mais il ne semble pas convaincu. Je ris doucement et dis :

Je peux t'appeler Pete si tu veux !

Finalement, Hayden m'avoue avoir un projet d'application secrète. Il a vraiment piqué ma curiosité alors je me penche vers lui pour lui demander de quoi il s'agit en chuchotant, et le jeune homme semble s'offusquer. Je souris quand il me dit que même son meilleur ami n'est pas au courant.

Oui mais je suis sûre que je suis bien plus jolie que lui.

Je lui fais les yeux doux pour l'amadouer, et il faut croire que ça marche puisqu'il me dit de quel type d'application il s'agit. J'affiche un grand sourire et m'exclame :

Mais c'est une super idée ! Il y a tellement de monde qui ne sait pas par où commencer pour arriver à leur fin... Franchement, je pense que ça peut marcher.

Ne rien faire d’autre que travailler, cela me semble être la pire chose qui puisse exister sur Terre. C’est sans doute bien pour cela que je serais incapable de le faire. Je fais un sourire en coin, pour lui montrer que je suis complètement d’accord avec elle, avant de le confirmer oralement. « C’est sans doute tout ceci qui m’a fait défaut. » Un peu d’humour, un nouveau sourire et on enchaine sur la suite de la conversation. On ne va pas se rendre triste pour quelque chose qui est du passé, surtout que je suis bien heureux comme je suis aujourd’hui, avec une vie qui n’a pourtant rien à voir.

Finalement, elle en vient à me donner un énième surnom et de nouveau je grimace. « Et pourquoi pas Deden… Ou Dydy ? Comme me surnomment mes amis tout simplement. » Il est vrai que nous n’avons pas échangé nos prénoms mais avec ces indices, peut-être parviendra-t-elle à résoudre le mystère. Sinon, elle pourra siffler et je répondrais sans doute quand même après tout.

« Ah bah c’est indéniable. » Je lui souris alors. Puis, je lui explique le but de l’application sur laquelle je travaille et elle m’en dit bientôt des nouvelles. C’est toujours bon d’avoir l’opinion des autres mais j’avoue que c’est bien la première qui va pouvoir me donner son avis pour le coup. J’ai tellement peur de faire quelque chose dans le vide, ou que ce soit tellement idiot que tout le monde en rigolerait… « T’es mignonne. Moi le premier j’avais du mal à trouver ma voie dans divers domaines et avec des conseils des uns et des autres, ça m’a aidé alors je me suis dit, pourquoi pas leur rendre l’appareil. »

Le discours du présentateur semble être terminé depuis longtemps désormais car il y a beaucoup moins de monde qu’avant. Je peux enfin apercevoir le bateau de là où je me tiens. Il est pas si mal que ça en fait, une fois que j’en ai une vue générale. « Ça te dirait pas qu’on monte dessus, en cachette bien sûr ? »

Mon interlocuteur ne semble pas apprécier les surnoms que je lui trouve, alors il m'en propose deux : "Deden" ou "Didi". J'arque un sourcil, en me disans que ça doit être un diminutif de son prénom. Je réfléchis un instant à ce qu'il pourrait être, et je souris.

Diminutif d'Hayden ?

Bien sûr, je ne connais pas l'orthographe qu'il utilise pour son nom, mais ça n'est pas bien grave. Le jeune homme acquiesce en entendant son prénom et me sourit en me parlant de son projet d'application pour les réalisations de rêves. Je trouve que c'est une très bonne idée alors je m'empresse de le lui dire, aussi pour l'aider à prendre un peu confiance en lui en ce qui concerne sa voie professionnelle.

Bien sûr que je suis mignonne ! Dis-je dans un sourire malicieux. Et c'est vraiment adorable de ta part de faire ça. Surtout qu'au final tu pourras en profiter toi aussi ! Je souris à nouveau et l'écoute me faire une proposition qui me fait quand même un peu hésiter. Monter en cachette sur le bateau tout juste inauguré ? Quelle idée ! Mais l'air malicieux et enjoué de mon nouvel ami me convainc.

Comme des pirates ? Je demande, amusée. Quand il acquiesce, j'affiche un grand sourire, range mon appareil photo dans la sacoche pendue à mon épaule, et je dis en chuchotant pour que personne ne nous entende :

A l'abordage !